Elegy for Janet

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Elegy for Janet

Painter to the King

Pierre de Ronsard

1524 - 1585

Gonnella
©2024 Joe
JoeGonnella.com

Elegy for Janet

Painter to the King

Pierre de Ronsard

1524 - 1585

Peins-moi, Janet, peins-moi, je te supplie

Dans ce tableau les beautés de m'amie

De la façon que je te les dirai.

Comme importun je ne te supplierai

D'un art menteur quelque faveur lui faire :

Il suffit bien si tu la sais portraire

Ainsi qu'elle est, sans vouloir déguiser

Son naturel pour la favoriser,

Car la faveur n'est bonne que pour celles

Qui se font peindre, et qui ne sont pas belles.

Fais-lui premier les cheveux ondelés, Noués, retors, recrêpés, annelés,

Qui de couleur le cèdre représentent ;

Ou les démêle, et que libres ils sentent

Dans le tableau, si par art tu le peux,

La même odeur de ses propres cheveux,

Car ses cheveux comme fleurettes sentent,

Quand les Zéphyrs au printemps les éventent.

Que son beau front ne soit entrefendu

De nul sillon en profond étendu,

Mais qu'il soit tel qu'est la pleine marine,

Quand tant soit peu le vent ne la mutine,

Et que gisante en son lit elle dort,

Calmant ses flots sillés d'un somme mort.

Tout au milieu par la grève descende

Un beau rubis, de qui l'éclat s'épande

Par le tableau, ainsi qu'on voit de nuit

Briller les rais de la Lune qui luit

Dessus la neige au fond d'un val coulée, De trace d'homme encore non foulée.

Après fais-lui son beau sourcil voûtis

D'ébène noir, et que son pli tortis

Semble un croissant qui montre par la nue

Au premier mois sa voûture cornue.

Ou si jamais tu as vu l'arc d'Amour,

Prends le portrait dessus le demi-tour

De sa courbure à demi-cercle dose,

Car l'arc d'Amour et lui n'est qu'une chose.

Paint her, Janet, paint her for me, I beg you.

Capture, on this canvas, my friend’s beauty.

Paint her as I’ve described her to you.

Unlike others, I won’t pester you

To fashion made-up glamour.

Paint her portrait just as she is.

Deceit is required only for those who aren’t beautiful.

Paint the waves of her hair first: labyrinth, Lace, combed, curled, the color of cedar.

Untangle each lock; feel them fall free.

In this painting, by your art, get beneath her skin,

Recreate the smell of her hair like the scent

Of new blossoms on fresh, spring breezes.

Let her forehead be un-furrowed, No crease traverse her brow.

Let her face be like a seascape when wind is still.

Asleep on her bed, her calm will unfurl death’s burden from each wave.

From picture’s center, where shore

Meets water, let a ruby blaze, just as the rays

Of the moon blaze, above snow,

At the bottom of a deep valley

Where no man’s left a trace.

Let her arched eyebrows be ebony black.

Let the curve of the fold above her lids

Cut through January clouds like Capricorn’s horn, Or, if you’ve seen Cupid’s bow turn the image

A quarter turn to a closed half-circle. His bow & her eyes are one.

Mais las ! mon Dieu, mon Dieu je ne sais pas

Par quel moyen, ni comment, tu peindras (Voire eusses-tu l'artifice d'Apelle)

De ses beaux yeux la grâce naturelle,

Qui font vergogne aux étoiles des Cieux.

Que l'un soit doux, l'autre soit furieux,

Que l'un de Mars, l'autre de Vénus tienne ;

Que du bénin toute espérance vienne,

Et du cruel vienne tout désespoir ;

L'un soit piteux et larmoyant à voir,

Comme celui d'Ariane laissée

Aux bords de Die, alors que l'insensée, Près de la mer, de pleurs se consommait,

Et son Thésée en vain elle nommait ;

L'autre soit gai, comme il est bien croyable

Que l'eut jadis Pénélope louable

Quand elle vit son mari retourné,

Ayant vingt ans loin d'elle séjourné.

Après fais-lui sa rondelette oreille, Petite, unie, entre blanche et vermeille,

Qui sous le voile apparaisse à l'égal

Que fait un lis enclos dans un cristal,

Ou tout ainsi qu'apparaît une rose

Tout fraîchement dedans un verre enclose.

Mais pour néant tu aurais fait si beau

Tout l'ornement de ton riche tableau,

Si tu n'avais de la linéature

De son beau nez bien portrait la peinture.

Peins-le-moi donc grêle, long, aquilin, Poli, traitis, où l'envieux malin,

Quand il voudrait, n'y saurait que reprendre, Tant proprement tu le feras descendre

Parmi la face, ainsi comme descend

Dans une plaine un petit mont qui pend.

Damn! My God! My God! Beats me

By what means, or how, you’ll paint

(Even if you equal Appelles art)

Her graceful, shining eyes

That shame the stars of heaven.

Let one be honey; the other, fire.

Let one be Mars; the other, Venus.

Her benevolent eye breeds hope.

Her cruel one births despair.

One eye weeps, pitifully, as Ariadne’s eyes

Wept when her abandoned tears fell

On the beach of Die to be consumed by the sea

As she called, in vain, to her absent Theseus.

The other eye is joyful, as, one can believe,

Penelope’s eyes were when she welcomed

Her husband home from his twenty-year journey.

Then draw the round of her ear:

Delicate, balanced, rosy-white, Veiled as if a lily enclosed in crystal

Or a blooming rose below a dome of glass.

All your craft is for naught

If your brushwork can’t capture

The lines of her nose in this portrait.

Paint them for me, then, fiendishly complex,

In full, fully curved, sleek, sweet,

As temptingly mischievous as you like.

Continue painting, follow these lines

Amidst the contours of her face

As gently rolling plains greet a breathtaking cliff.

Après au vif peins-moi sa belle joue

Pareille au teint de la rose qui noue

Dessus du lait, ou au teint blanchissant

Du lis qui baise un oeillet rougissant.

Dans le milieu portrais une fossette,

Fossette, non, mais d'Amour la cachette,

D'où ce garçon de sa petite main

Lâche cent traits, et jamais un en vain,

Que par les yeux droit au coeur il ne touche.

Hélas ! Janet, pour bien peindre sa bouche, A peine Homère en ses vers te dirait

Quel vermillon égaler la pourrait, Car pour la peindre ainsi qu'elle mérite, Peindre il faudrait celle d'une Charite.

Peins-la-moi donc, qu'elle semble parler, Ores sourire, ores embaumer l'air

De ne sais quelle ambrosienne haleine.

Mais par sur tout fais qu'elle semble pleine

De la douceur de persuasion.

Tout à l'entour attache un million

De ris, d'attraits, de jeux, de courtoisies, Et que deux rangs de perlettes choisies

D'un ordre égal en la place des dents

Bien poliment soient arrangés dedans.

Peins tout autour une lèvre bessonne,

Qui d'elle-même, en s'élevant, semonne,

D'être baisée, ayant le teint pareil

Ou de la rose, ou du corail vermeil, Elle flambante au Printemps sur l'épine, Lui rougissant au fond de la marine.

Peins son menton au milieu fosselu, Et que le bout en rondeur pommelu

Soit tout ainsi que l'on voit apparaître

Le bout d'un coin qui jà commence à croître.

Plus blanc que lait caillé dessus le jonc

After this, paint her exquisite cheek

With the complexion of a rose floating on milk

Or of a pale lily kissed by a blushing carnation. In the middle of her cheek paint a dimple,

Wait, not a dimple, rather Cupid’s nest, Where the cherub’s small hands fire

Hundreds of arrows, never one in vain, Unaimed, they never miss the targeted heart.

Damn, Janet, paint her mouth as well as you can.

Not even Homer’s rosy-fingered dawn

Can match the shade of her lips.

To catch their color, as they deserve, would require

The skill of Hephaestus’ wife & all her sisters.

Paint her for me, as if she were speaking, Smiling, scenting the air with her ambrosial breath.

But capture her completely, her charm, her allure, The million jests, seductive giggles, courteous come-ons, Every whisper that passes those two rows of chosen pearls, So better ordered than mere teeth, Set, politely, within her cheeks.

Paint the curves of her two lips

As she herself purses them to offer a kiss. Both lips rose-red, coral’s vermilion

Aflame with spring’s thorns

Blushing deep in the sea.

Paint her cleft chin. Let the rounded tip

Be as smooth as a ripening quince. White as curdled milk above cream,

Peins-lui le col, mais peins-le un petit long, Grêle et charnu, et sa gorge douillette

Comme le col soit un petit longuette.

Après fais-lui, par un juste compas,

Et de Junon les coudes et les bras,

Et les beaux doigts de Minerve, et encore

La main pareille à celle de l'Aurore.

Je ne sais plus, mon Janet, où j'en suis,

Je suis confus et muet : je ne puis,

Comme j'ai fait, te déclarer le reste

De ses beautés, qui ne m'est manifeste.

Las ! car jamais tant de faveurs je n'eus

Que d'avoir vu ses beaux tétins à nu.

Mais si l'on peut juger par conjecture,

Persuadé de raisons, je m'assure

Que la beauté qui ne s'apparaît, doit

Du tout répondre à celle que l'on voit.

Doncque peins-la, et qu'elle me soit faite

Parfaite autant comme l'autre est parfaite.

Ainsi qu'en bosse élève-moi son sein, Net, blanc, poli, large, profond et plein,

Dedans lequel mille rameuses veines

De rouge sang tressaillent toutes pleines.

Puis, quand au vif tu auras découvert

Dessous la peau les muscles et les nerfs,

Enfle au-dessus deux pommes nouvelettes,

Comme l'on voit deux pommes verdelettes

D'un oranger, qui encore du tout

Ne font qu'à l'heure à se rougir au bout.

Tout au plus haut des épaules marbrines,

Peins le séjour des Charites divines,

Et que l'Amour sans cesse voletant

Toujours les couve, et les aille éventant,

Paint her low collar to reveal a choker

Binding her devilishly slender neck.

After this, as accurately as you can, Add Juno’s elbows & arms, Minerva’s beautiful fingers, & each hand, equal to Dawn’s.

I don’t know, my Janet, where I am. I’m confused, silent. I’m not able, as before, To describe those beauties that haven’t Been made manifest to me. Sadly, I have never been favored with the sight Of her bare nipples. But we can surmise, With justification, that her hidden beauty Is confirmed by the beauty we see. Therefore, paint her for me so her concealed Perfections are as perfect as those revealed.

Likewise, show me the curves of her rising breasts, Pure, pearly-white, aglow, deeply complete, Where-in a thousand branched veins

Pulse, blood-red, in unison, until,

At her center you uncover, beneath her skin, Beneath muscles & nerves, her heart

Beating behind two brand-new, yet-to-ripen, Apples, round as oranges, which, Never-the-less, are beginning to blush.

Above her sculpted shoulders

Let the nymphs of Joy, Light & Spring dance. Let Cupid vault above them, Always leering, always hoping

Pensant voler avec le Jeu son frère

De branche en branche ès vergers de Cythère.

Un peu plus bas, en miroir arrondi,

Tout poupellé, grasselet, rebondi, Comme celui de Vénus, peins son ventre ;

Peins son nombril ainsi qu'un petit centre, Le fond duquel paraisse plus vermeil

Qu'un bel oeillet entrouvert au Soleil.

Qu'attends-tu plus ? portrais-moi l'autre chose

Qui est si belle, et que dire je n'ose, Et dont l'espoir impatient me point ; Mais je te prie, ne me l'ombrage point, Si ce n'était d'un voile fait de soie, Clair et subtil, à fin qu'on l'entrevoie.

Ses cuisses soient comme faites au tour

A pleine chair, rondes tout à l'entour,

Ainsi qu'un Terme arrondi d'artifice

Qui soutient ferme un royal édifice.

Comme deux monts enlève ses genoux, Douillets, charnus, ronds, délicats et mous,

Dessous lesquels fais-lui la grève pleine, Telle que l'ont les vierges de Lacène,

Allant lutter au rivage connu

Du fleuve Eurote, ayant le corps tout nu, Ou bien chassant à meutes découplées

Quelque grand cerf ès forêts Amyclées.

For what wind reveals,

Flying with his gamester brother

From branch to branch

Amidst the orchards of Cythera.

Then below that, as round as a mirror, A smooth, shapely mound,

Exactly like Venus’, paint her belly.

Paint its button, like a little valley, Which, in its depth, is as rosy

As a graceful carnation leaning toward the sun.

What are you waiting for?

Portray the other thing.

So beautiful I can’t name it,

As impatient for dawn as I am.

I beg you, don’t be modest,

Unless with a thin veil of silk, Diaphanous, transparent.

Her thighs should be like towers,

Solid flesh, rounded,

As columns are rounded

To bear the weight of a palace.

Like gently rolling hills her knees rise.

Softly, daintily, ripe, round, shapely.

Below them are full calves,

Just like those of the virgins of Laconia

Who wrestled by Eurotas & fought & tumbled with one another

Or hunted, with unleashed hounds,

Some old stag in the forests of Amykles.

Puis, pour la fin, portrais-lui de Thétis

Les pieds étroits, et les talons petits.

Ha, je la vois ! elle est presque portraite, Encore un trait, encore un, elle est faite !

Lève tes mains, ha mon Dieu ! je la vois !

Bien peu s'en faut qu'elle ne parle à moi.

Finally, paint her feet

As narrow & petite as Thetis’.

Ah! You’ve almost got her!

One more line, one more! She’s there! Raise your hands, my God, I see her, Just as if she were about to whisper to me.

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