Les bulles de filtrage, d’abord, qui cloisonnent un individu dans une réalité virtuelle qui lui plait grâce aux algorithmes des fameux GAFA 1 . Cela engendre un amas de constellations de pensées qui ne se côtoient que très peu, chacune étant convaincue qu’elle représente l’ensemble de la société.
Un système de division qui répond à la stratégie populiste. Elle qui aime catégoriser les populations en les enfermant dans des cases. Elle qui joue l’éternelle carte du peuple contre les élites. De plus, le populisme s’est toujours accompagné d’un sentiment d’appartenance à un groupe. Un groupe souvent intimement voire émotionnellement lié à un leader. Nos réseaux sociaux permettent cette forme de proximité, bien qu’artificielle, avec les politiques, et donc avec un leader. Ensuite, la prédominance de l’émotion. L’émotion a toujours joué un rôle non négligeable en politique, mais les réseaux sociaux ont tendance à l’exacerber. Cette remarque ne se limite pas à la communication politique sur les réseaux sociaux. La plupart des contenus pour fonctionner aujourd’hui doivent être empreints d’émotion. Ce contexte a permis l’émergence des fameuses fake news et de la dangereuse post-vérité, définie par le très sérieux et le très british Oxford Dictionnary comme « des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion pu-
56 | Les réseaux sociaux au service du populisme ?
blique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles ». Le populisme a toujours joué avec l’émotion et se complait dans ce système. Il partage cette croyance avec le conservatisme et le communautarisme, la société ne peut reposer sur des fondations rationnelles ni sur le contrat social. Le lien doit être plus émotionnel et transcender ces notions 2 . Malgré ces constats déjà peu réjouissants, il reste sans doute la problématique la plus importante à l’heure actuelle, celle du traitement de nos données personnelles magnifiquement exposée dans le documentaire produit par Netflix, The Great Hack . UN EXEMPLE POUR ILLUSTRER CE PHÉNOMÈNE DANS LA VIE TOUS LES JOURS. Qui n’a jamais eu l’impression que son téléphone était sur écoute en découvrant une publicité sur internet qui correspondait à sa dernière conversation ? La réalité est sans doute plus dérangeante encore. Nos données personnelles que nous mettons à disposition des géants du NET sont à ce point précises et variées qu’il est aujourd’hui possible pour les GAFA de prédire en partie notre comportement de consommateur sans même avoir besoin d’écouter nos conversations. Pas étonnant que les données personnelles soient devenues une des denrées les plus chères du monde.