Rassinier, Paul - Les Responsables de la seconde guerre mondiale - clan9

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Bien sûr, il n’était pas dans les intentions de Gabriel Péri d’envoyer une adresse de sympathie aux minorités russes opprimées par le pouvoir central de Moscou, ni dans celles de l’Internationale communiste de leur appliquer le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qu’elle revendiquait pour les minorités de Tchécoslovaquie mais... C’était toujours ça ! Le 17 mars 1938, Maxime Litvinov, ministre des Affaires étrangères de l’U.R.S.S., déclarait devant les correspondants de la presse étrangère accrédités à Moscou : « Voilà quatre ans que l’Union Soviétique travaille au maintien de la paix dans le cadre de la sécurité collective, quatre ans durant lesquels elle n’a cessé de dénoncer les dangers d’une attitude passive devant les agresseurs. Le cas de l’Autriche démontre que nos avertissements, pour justifiés qu’ils aient été, n’ont pas été écoutés. Quand donc se décidera-t-on à faire échec aux dictatures ? Hier, c’était l’Autriche, demain ce sera la Tchécoslovaquie. Ces agressions répétées finiront par déclencher un nouveau conflit mondial. L’Union soviétique est disposée, pour sa part, à examiner avec les autres puissances, soit dans le cadre de la S.D.N., soit en dehors d’elle, toutes les mesures susceptibles d’assurer la sauvegarde de la paix. »1

À quoi bon commenter ? Il est trop clair qu’il s’agit là, non de principes, non d’une doctrine, mais seulement d’une politique en contradiction avec les principes et la doctrine, qui vise seulement à empêcher, entre le Reich et les démocraties occidentales, toute entente qui permettrait au Reich de se retourner contre la Russie et, le Japon la menaçant sur sa frontière orientale, la condamnerait, au jour du règlement des comptes, à se battre sur deux fronts. [193] L’esprit le moins averti sait bien que, dans le débat en cours, ce n’est pas « de lutte contre les dictatures » qu’il s’agit, mais de droit des peuples à disposer d’euxmêmes, de paix ou de guerre, ce qui est une autre histoire. Mieux : en l’occurrence, la dictature, c’était par la S.D.N. qu’elle était exercée, dans le cas de l’Autriche, et par les Tchèques, dans celui des Sudètes. On terminera en rapprochant trois citations de Churchill qui donneraient une allure clownesque à ce débat s’il ne s’était terminé de façon si tragique : « 1. Le président Roosevelt me dit un jour qu’il allait demander publiquement que lui fut suggéré le nom qu’il convenait de donner à la guerre. Je lui fournis aussitôt cette réponse : la guerre qui n’était pas obligatoire. Car il n’exista jamais de guerre plus facile à éviter que celle qui vient de ravager ce qui subsistait du monde après le conflit précédent2. 2. La seconde tragédie capitale de cette époque fut le complet démembrement de l’empire austro-hongrois par les traités de Saint-Germain et de Trianon. Pendant des siècles, cette vivante réincarnation du Saint-Empire romain germanique avait apporté, dans le cadre d’une vie commune, des avantages, tant au point de vue de l’économie que de la sécurité, à de nombreux peuples dont aucun n’avait, en notre temps, la puissance ou la vitalité pour résister par lui-même, à la pression d’une Allemagne ou d’une Russie ressuscitées. Il n’est pas une des nations, pas une des provinces ayant constitué l’empire 1

Documents on British Foreign Policy, t. 1, p. 90. Le même jour, Léon Blum, Président du Conseil, déclare à la Chambre : « En cas de conflit européen, l’U.R.S.S. se trouvera certainement aux côtés de la France. » (J.O. Débats parlementaires, 18 mars 1938), ce qui prouve qu’il était aussi fin politique que socialiste sincère. 2 Churchill, Mémoires, t. 1. p. 7.

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