Pline le jeune_lettres 1 -- -- ebook Clan9 -- livre électronique

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Pline que par son Panégyrique de Trajan. Car ce discours que nous possédons n’est autre chose qu’un remercîment officiel auquel l’obligea son élévation au consulat, mais qu’il remit ensuite sur le métier, corrigea, remania et amplifia de façon à en faire un monument littéraire, sinon historique, digne du prince son ami. C’est ainsi que Pline prenait au sérieux toutes les charges qui lui incombaient, ne voulant pas se contenter d’un « titre vide d’honneur ». Aussi bien les fonctions publiques qu’il occupait n’étaient pas toutes des sinécures : sans parler de l’augurat, la préfecture du Trésor, et la curatelle du Tibre et des eaux de Rome réclamaient des soins assidus et absorbants. Appelé loin de Rome, au gouvernement de Bithynie et de Pont, il se montra d’une activité infatigable, parcourant sa province dans toutes les directions, pour se rendre compte par lui-même des ressources et des besoins, des intérêts généraux ou privés de chaque cité, consultant l’empereur sur tous les litiges qui se présentaient et sur les dispositions à prendre. Une vie publique si active n’empêchait pas Pline de cultiver la poésie qu’il avait toujours aimée depuis son jeune âge, où il avait, dit-il, composé une tragédie grecque, et de rechercher les applaudissements dans les Lectures Publiques. Mais le nom de poésie convient-il aux jeux d’esprit à la mode dans une société qui ne connaissait plus les hautes et nobles inspirations ? Tout le monde composait de ces vers légers, où l’on prétendait imiter Catulle, hendécasyllabes ou autres, voués au plus complet oubli, mais où quelques traits piquants, quelques trouvailles précieuses charmaient un auditoire indulgent. Pline fit comme les autres, couvrant ses tablettes, en voyage, à la campagne comme à la ville, de petites pièces dont il entretenait ses amis, et qu’il débitait ensuite en les faisant briller de son mieux dans les réunions mondaines. Il en fit même, paraît-il, un recueil qui ne laissa pas d’avoir un succès des plus flatteurs pour son amourpropre. Quelle était la valeur de ces poèmes ? On ne saurait l’apprécier d’après quelques fragments cités, mais il est permis de douter du goût de Pline en la matière, si l’on s’en rapporte

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