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et voyez ce qui s’accumule dans les armoires, dans la cave et au grenier au bout de quelques années seulement ! Connaissez-vous beaucoup d’adultes qui ont préparé à suffisance leur fin de vie en se libérant peu à peu de l’inutile, de l’excès ; qui ont consciemment organisé la donation des biens qui pourraient servir à autrui ? Rares sont ces êtres. Imaginez un peu que chaque objet relie l’âme d’un fil, comme le ballon à la nacelle d’une montgolfière. Pensez-vous que l’âme (le ballon de la montgolfière) saura s’élever légèrement avec un ou plusieurs containers d’objets en tous genres dans la nacelle ? Inutile de vous rappeler que, selon certaines traditions, lorsque l’âme quitte le corps physique, elle voyage, comme nous l’enseigne les hiéroglyphes égyptiens, avec comme seul bagage un de ses corps subtils, un de ses corps de lumière qui n’est que légèreté.

Attachement et détachement émotionnel Revenons à notre analogie. Si, dès à présent, nous pouvons acter une certaine difficulté de l’homos sapiens economicus au détachement avec le concret de la matière, qu’en est-il de sa capacité d’attachement et de détachement avec tout ce qui touche à l’émotionnel et au relationnel ? Car une vie est souvent bien remplie de toutes sortes de charges émotionnelles : • Toutes les rancœurs et blessures d’avoir été trahi, abandonné, rejeté, humilié, traité injustement de notre tendre enfance à nos derniers jours, il s’en est passé des expériences ! • Tous les non-dits, dans la famille, avec les voisins, au travail, avec le conjoint ou l’épouse, la maîtresse ou la fille cachée, les secrets de famille, les faces de nous dont nous ne sommes pas fiers. En voilà déjà des kilos ! • Toutes les culpabilités, d’avoir raté ou abandonné, d’avoir trahi ou de s’être menti, d’avoir oublié de prendre soin de nous ou d’avoir omis certains pans de l’essentiel… rajoutons-en quelques kilos !

• L es peurs de laisser des gens sans ressources, les peurs de ce qui va se passer de l’autre côté, les peurs de la solitude, les peurs de ne plus rien contrôler, la peur du vide, etc. Faites le compte, avec cela, l’homos sapiens economicus semble traîner quasi un semi-remorque à l’issue d’une vie. C’est tout de même étonnant et fort encombrant, n’est-ce pas ? A contrario, l’amour vécu et partagé est infiniment plus léger et provoque une dilatation de l’âme (du ballon de la montgolfière). Pourtant, à écouter les « Maîtres spirituels » et les personnes accompagnant les personnes en fin de vie, le « leitmotiv » est l’allègement. Et cet allègement, souvent, à défaut d’avoir été déjà opéré sur le plan matériel, doit aussi se faire sur le plan émotionnel et existentiel, et est donc plus long à réaliser. Sans oublier le smartphone avec ses photos et ses « applis » qui restera bien ici-bas malgré l’existence de nos données dans le cloud (sic) – d’ailleurs lui sera plus vite recyclé que nous ! Smartphones qui, au passage, n’ont pas encore remplacé l’apprentissage de la méditation en réel et un authentique travail sur soi : deux démarches essentielles pour préparer justement ce passage tout au long de sa vie.

Différentes phases à traverser La mort est parfois plus ou moins prévisible, notamment dans les cas de maladies chroniques et dégénérescentes, en nette recrudescence en ce siècle. Dans ce processus, la personne est amenée à traverser différentes phases pour avancer vers une acceptation de cet ultime lâcher-prise. Tout d’abord, elle pressent que la fin de vie approche et l’âme avertit la personnalité. Que la personnalité l’accueille ou pas, ceci est effectué. Ensuite, la personnalité va souvent tenter de se rebeller. Ayant vécu sans conscience de sa fin, l’humain se rebelle car alors le décompte semble devenir réalité. Alors se vivent les frustrations de n’avoir pas pu ac-

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