Le Treg, un trail saharien

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Le TREG un trail saharien au long cours 1er au 10 février 2015. Si vous ne risquez rien, vous risquez encore plus ! Fort de cette maxime, je me suis inscrit à la seconde édition du TREG, une course de 180 km au nord du Tchad dans l'Ennedi, aux confins du Soudan et de la Libye. Dire que mon entourage professionnel était enthousiaste est plus qu'une litote. La famille, par contre, n'a rien manifesté. Sans doute n'en pensaient-ils pas moins! C'est donc par un dimanche, le 1er février, qu'Air France nous a convoyé vers N'Djamena (ex Fort Lamy) capitale du Tchad, au sud du pays. Dans la foulée, après être sorti d'un aéroport ressemblant à un chantier en démantèlement, un bus nous a véhiculés toute la nuit. Vers 10 h 30 le lundi matin nous embarquons dans des lands cruiser Toyota pour 11 heures de 4*4. A 21 h 30, légèrement décatis, nous découvrons le camp monté pour l'occasion, fait de yégués construits dans le style local. Les cuistots ont fait des merveilles, car la cuisine se fait au feu de bois. Crudités, Pasta et viande, salade de fruits frais !! Le mardi est consacré, à l'ombre car la chaleur est là plus que l'an dernier à pareille époque, à la discussion avec les autres coureurs et toute l'organisation, faite de bénévoles, de photographes, de médecins et d'infirmiers, sans compter les Tchadiens, sans qui rien ne serait. L'après-midi est consacrée à une excursion à pied vers un site de peintures rupestres. Les peintures datent d'environ 8 000 ans pour les plus anciennes, certaines gravures étant encore plus anciennes. Elles sont d'une très grande finesse. C'est aussi l'occasion de rencontrer nos premiers Cram-cram 1qui ne seront pas nos amis durant la course. La nuit se passe mal, la tourista m'a rattrapé et me rend dubitatif pour la suite. Mercredi matin visite à pied à la Guelta d'Archei, vallée étroite entre deux falaises de grès et d'où sort, par miracle, l'eau. Les dromadaires s'y abreuvent et les fillettes viennent y chercher l'eau avec leurs ânes. Au fond il reste quelques crocodiles, prisonniers du recul du méga lac Tchad, mais nous ne les verrons pas. L'après-midi se passe aux contrôles avant course, matériel sécurité, médicaments obligatoires, vérification de la suffisance des aliments. Jeudi matin, départ de la course à 7 h 20, après les discours des autorités dont le gouverneur de la région ! Le Tchad s'implique au plus haut niveau. Je pars tranquillement, le seul but étant de terminer cette course, le sable mou et la forte chaleur n'étant pas des amis bien intentionnés. Rapidement nous embouquons un couloir rocheux qui va nous conduire au plateau de grès qui surplombe la Guelta d'Archei. Le sol me convient mieux et en haut je me retrouve avec Sylvain Bazin, globe-runner qui a l'intention de parcourir le désert d'Atacama en avril en complète autosuffisance. Le CP1 est atteint au bout de 25 km. Certains commencent à être bien éprouvés par la chaleur. Grâce à Rocco, qui me donne du scotch, je peux refixer mes guêtres. Les piles du GPS ont déjà rendu l'âme. Ce sera un petit souci pour Jean-Philippe et pour nous tout au long du périple. La seconde section de 18 km se parcourt sous la canicule, une impression de four. Une longue plaine sahélienne qui se poursuit par un parcours le long d'une falaise ! Sylvain commence à ne plus pouvoir boire. Le CP2 ressemble à une infirmerie de campagne. La troisième section, également de 18 km, est plus agréable, la température décroit comme le soir arrive. Le ciel rougeoie et le paysage prend une tournure fantasmagorique. Au CP3 la nuit est là, le ciel nous offre un spectacle féerique, une quantité d'étoiles inimaginables. Plus 1

Cenchrus biflorus, le cram-cram (ou cramcram) (en wolof : xaaxaam) est une herbacée épineuse de la famille des Poaceae dont les graines s'accrochent aux vêtements. Elle est adaptée aux zones tropicales chaudes et sèches et se rencontre généralement sur les sols sableux.


d'étoiles au m2 que dans toute notre voute céleste en France! Nous repartons derrière un chamelier éthique qui finit, d'un geste auguste, par nous indiquer la route à suivre. C'est évidemment l'occasion de se perdre dans les canyons qui se terminent tous en cul de sac. Beaucoup de temps perdu. Au loin on finit par apercevoir une lumière. C'est Guido, l'Italien, qui s'est perdu et qui imagine que nous sommes les secours. Situation cocasse, un peu à la manière "Dr Livingstone, I presume ?", car, nous aussi, pensons que c'est l'organisation qui est partie à notre rencontre, au regard du trajet erratique de nos balises GPS. Enfin l'Arche d'Aloba, la seconde plus grande au monde, apparaît, abritant le CP4. Je repars assez vite avec Philippe, car je cherche un peu plus de sécurité sur les temps limites. Les 25 km suivants se passent bien, la nuit étant propice à la méditation. Je suis avec moi-même, je fais partie du lieu. Le petit matin apparait, le soleil levant embrase l'horizon et illumine toute une série de créneaux de grès, énorme citadelle à la mesure du désert des tartares. J'arrive à 6 h 30 au CP5, au pied de l'Arche de la Lyre, pure merveille de la nature. Deux heures de repos, à discuter avec le Isabelle, Eugénie et les photographes présents. Je sais qu'une étape de 30 km m'attend et le soleil ne nous fera pas de cadeau. La chaleur commence à sourdre. Vers 14h, après quelques arrêts au gré des arbres rencontrés en cours de route, je fais une pause d'1 h30 sous le dernier arbre du paysage. Il fait trop chaud ! Je n'ai plus de piles pour le GPS, les recharges, pourtant neuves, sont HS. J'utiliserai avec parcimonie les piles de la lampe de tête. 15 h 30 je repars et rencontre Rocco en 4*4 qui va au-devant de Sylvain qui a déclenché sa balise, par manque d'eau ! Au CP6, au pied d'un rocher gigantesque, je prends mon temps pour souffler et récupérer de la fournaise. Je repars, avec Sylvain, arrivé entre temps après Philippe, et qui ne veut plus s'arrêter pour éviter une troisième journée de canicule. Je le suis derrière pour éclairer et cette étape difficile m'endort, hypnotisé par le faisceau lumineux. Au CP7, arrivé à minuit, je décide de dormir un peu, Rocco ayant affirmé que la suite ressemble à ce que nous venons de parcourir. Sylvain continue. À 2 h 30 je repars, réveillé par Jean-Paul, ayant toutefois peu dormi. L'étape de 18 km passe bien, le sol est plat et porte relativement bien. Les yeux des chèvres, ânes et dromadaires phosphorent dans la nuit sous l'agression de la frontale. Les rochers se devinent dans le lointain sous l'éclairage lunaire et je me guide sur leurs singularités. Moment de paix. Je commence à comprendre ce que peux apporter la méditation. Arrivé au CP8 près de l'Arche de l'Éléphant, je réveille tout le monde ! Je prends du thé, fais quelques grigris pour les photographes et me lance sur la dernière étape de 17 km. Ca va le faire ! Je me sens bien, j'apprécie d'être là, je me fais un moment la réflexion que j'aimerais que la course dure un peu plus. Mais la chaleur combat assez efficacement cette lubie. Je termine en courant, entouré de deux coureurs tchadiens venus à ma rencontre. Il est environ 9 h 30 samedi 7 février. Le rêve s'est réalisé, la réalité s'est révélée encore plus belle qu'escomptée. Certaines sensations sont indescriptibles! Je ne résiste pas à l'envie de vous citer Nicolas Bouvier: "Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait". La suite est une autre histoire. http://vimeo.com/54758520 lien vers Ushuaia émission Ennedi où la course s’est déroulée (paysages et populations magnifiques) http://www.le-treg.com/fr/ lien vers organisation (belles photos) http://www.le-treg.com/fr/facebook.html un peu plus de détails car réseau social http://www.trackandnews.fr/2015/02/le-treg-un-defi-releve/ https://vimeo.com/122333053 13 mn de sport plus sur le Treg 2015


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