PETIT ADDENDUM A L’ACTUALITÉ DE L’ARCHIVISTIQUE ARTISTIQUE EN FRANCE (LEFEVRE JEAN CLAUDE)

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secret et desservirent son caractère public 5 » — son abnégation à elle seule suffit-elle à expliquer l’étrange lacune (ou l’œil de cyclone ?) que constitue le travail de LJC au cœur des actualités historiographiques et archivistiques en général6 comme au regard en particulier, de la « politique active concernant les archives d’artistes contemporains », tel du moins qu’on le constate « dans toutes les institutions ayant de près ou de loin un intérêt dans ce domaine : bibliothèques spécialisées ou générales, musées, archives, DRAC, galeries privées, centres de recherche universitaires, CNRS 7… » 1.0 Si par exemple Anne Moeglin-Delcroix a montré que le cahier de Jean Hélion, constitue « la chronique de l’œuvre au fur et à mesure de sa progression, tableau par tableau » puisque, comme l’écrit le peintre lui-même, « ces notes griffonnées ici durant la manœuvre de peindre sont peut-être l’essentiel de mon travail », autrement dit, si cette activité d’écriture rend résiduelle voire insignifiante sa production picturale comme l’aura très justement deviné Gilles Aillaud en considérant en Hélion un artiste « si exceptionnel à mes yeux qu’il était secondaire qu’il fût peintre8 », alors le travail de LJC devrait susciter tout l’intérêt qu’il mérite de la part de maints chercheurs. Mérite qui tient précisément au seul fait qu’en 1984, LJC avait déjà réalisé via l’art conceptuel, que non seulement les gestes de peindre mais encore d’écrire et même d’exposer, dérivaient de l’acte d’archiver plutôt que celui-ci n’en procédait ; ce faisant, il se gardait du même coup de confondre geste et gestation, s’abstenant en outre d’occuper la position sociale de l’artiste dont on sait — permissivité institutionnelle et indifférence socioculturelle aidant —, qu’elle est devenue ready-made à l’horizon des années 70-80. 5- L’art en silence, Paris, Paul Ollendorf, 1901, p. 70. 6-Voir notamment le GAAEL (Guide des archives d'artistes en ligne) : « le guide des fonds d'archives d'artistes, de collectionneurs et de galeries du XX e siècle est une base de données permettant de localiser des fonds ou des pièces d'archives conservés en France. Ce projet est mené par l'Institut national de l'histoire de l'art (axe « archives de l'art de la période contemporaine XIXXXe siècles »), en concertation avec la direction des Archives de France, la direction du Livre et de la lecture et la direction des Musées de France du ministère de la Culture et de la Communication » ; voir aussi le colloque qui, dans le lointain sillage de la Documenta X en 1997 (?), s’est tenu à Rennes les 7-8 décembre 2001, intitulé Les Artistes contemporains et l'archive : interrogation sur le sens du temps et de la mémoire à l'ère de la numérisation ; les 24-25 mars derniers, on s’interrogeait ainsi au MACVAL de Vitry : L’art peut-il se passer de commentaire ?, etc. 7- Françoise Levaillant, « L’invention d’un auteur », op. cit., p. 9-10 ; la traversée du désert par LJC de la critique académique reste toutefois parsemée de quelques oasis : voir notamment les acquisitions effectuées par Marie-Cécile Miessner pour le Cabinet des estampes de la BN ou encore et l’intérêt que portent à ce travail Leszek Brogowski ou Anne Moeglin-Delcroix ; cette dernière projette en effet de lui consacrer une journée d’étude en novembre prochain, coordonnée par Marie-Hélène Breuil au Centre de philosophie de l’art de l’université de Paris I : Le travail de l’art au travail : autour du travail de Lefevre Jean Claude et de l’archive. 8- Cité par Yves Chèvrefils Desbiolles, « “Ce qui dépasse”, Le projet scriptural de Jean Hélion », Françoise Levaillant (dir.), op. cit., p. 279, 281. 2


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