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Dossier de nomination à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, Ljubljana: The

Dans un second temps, les interventions urbaines de Plečnik s’implantent sur un autre axe : l’axe aquatique, le long de la rivière Ljubljanica, où « la verdure prend une place prépondérante et, parfois, elles se substitue à l’architecturequ’elleremplaceparune“architectureverte”: coupoles de saules, colonnes de peupliers, murs de haies, pelouses en guises de quais... »36 . Cette citation met en avant, dans un premier lieu, la figure de l’architecte/jardinier et, dans un second lieu, le lien entre le champ lexical des éléments d’architecture classiques et celui de la végétalisation, concept abordé au sein du mouvement moderne. Tout cela témoigne donc du réemploi et de la réinvention de ce vocabulaire antique par Plečnik dans la conception de la ville moderne. D’un point de vue général, il est possible de considérer la nouvelle Ljubljana de Jože Plečnik comme une réinvention de cités classiques, notamment grecques. C’est d’ailleurs ce que nous explique l’auteur et professeur d’histoire de l’art américain Noah Charney lorsqu’il s’entretient, dans le cadre d’un podcast, avec Stéphanie Craig, une bloggeuse passionnée d’histoire et de voyage : « In the city of Ljubljana, each of the public structures that wouldhavebeeninagreekpolis/anancientgreektownwas builtbyPlečnik.Therewasatheatre,therewasanacropolis, there was a stadium, there was a marketplace, there was a meeting place, each of them is like a checklist… And this is not something that Plecnik could have planned, but it’s a funny coincidence because he mentioned that he’d like to transform Ljubljana into a new Athens [...] »37 . En effet, tous les éléments constituant la cité d’Athènes trouvent équivalence dans le projet urbain de Plečnik, avec, comme dernier exemple, le cimetière central de Žale conçu de 1938 à 1940 qui fait écho à la nécropole. Cela illustre donc une nouvelle fois que même à échelle urbaine, la vision moderne de l’architecte se manifeste par un réemploi de l’héritage du passé.

36. ibid

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37. Stephanie Craig. The history fangirl podcast, Reinventing the Dragon city of Ljubljana, Septembre 2017, 19’57’’ Disponible sur Spotify.com

LA PORTÉE HUMANISTE ET AUTHENTIQUE

De la kinesthésie architecturale...

38. Espace Sauzet et Carballar architectes, Principes/Théorie et méthode Disponible sur https:// www.sauzet-architectes.fr/

39. Stephanie Craig. The history fangirl podcast, Reinventing the Dragon city of Ljubljana, Septembre 2017, 22’07’’ Disponible sur Spotify.com Nous allons nous intéresser, pour terminer, à la manière dont l’architecte Jože Plečnik met avec authenticité son réemploi de l’architecture classique à l’œuvre d’une architecture et d’une urbanisation centrée sur l’humain, sur la perception du corps dans l’espace et de ses différents sens. D’un point de vue architectural, c’est à dire à l’échelle de l’édifice, l’architecte joue effectivement avec différents dispositifs permettant à l’homme se mouvant dans l’espace de percevoir des phénomènes, qu’ils soient symboliques ou purement visuels. On peut ainsi parler de kinesthésie architecturale, que les architectes Camille Carballar et Maurice Sauzet définissent ainsi : « Il s’agit d’associer un mouvement provoqué du corps à une perception extérieure. Ce recours aux inscriptions corporellesn’apasétéinconnudel’architectureclassique.On monte vers les lieux saints ou les monuments d’autorité. »38 On retrouve cette notion dans la Bibliothèque nationale et universitaire de Plečnik. En façade, par exemple, le jeu de texture entre la pierre et la brique, que nous avons abordé ultérieurement, ainsi que les fenêtres qui s’avancent vers l’extérieur, permettent de créer une dynamique murale qui évolue au fur et à mesure que le corps déambule près de l’édifice. (Fig. 9) Noah Charney détaille ce propos dans le podcast proposé par Stéphanie Cairn : « [...](The library) has a very distinctive facade [...] which has projecting bays and the windows are out at an unusual angle, so as you move, you see this incredible texture on the surface of the building and that’swhatalotofpeopleremarkwhentheyvisitthecity».39 Ce phénomène kinesthésique est donc purement visuel, et nous retrouvons, à l’intérieur de la bibliothèque, un autre phénomène cette fois-ci symbolique.

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