Reconstruire à l'identique 50 ans plus tard – Mémoire Hmonp – Justine Lajus-Pueyo

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Mémoire Hmonp — 7 septembre 2015 / 30 Avril 2016

2015—2016

Fabre/de Marien architectes 8 cité montagut 33000 bordeaux

Tuteur d’agence : Julie Fabre Directeur d’étude : Sophie Courrian

Justine Lajus



L’

Mémoire Hmonp — Préambule 001

exercice du mémoire dans le cadre de la formation Hmonp est l’occasion de revenir sur nos parcours et de les mettre en perspective avec notre future manière d’exercer la profession d’architecte. Ce moment d’écriture peut être perçu comme une manière de se questionner sur ce qui fait la singularité de ce parcours : un moment propice pour tenter de tisser des liens entre nos différentes expériences liées à l’architecture au cours de ces années d’apprentissage; essayer de comprendre ce que cela raconte à propos de nous. L’enseignement de la Hmonp nous donne une aptitude à nous poser des questions plus pragmatiques et techniques, nous révèle de nouveaux champs disciplinaires, capables d’alimenter aussi la représentation que nous nous faisons de l’exercice de la maitrise d’œuvre. Dans ce mémoire, ce moment de questionnement se présente au cours d’une année postdiplôme déjà emplie d’envies et d’interrogations à propos de la pratique de l’architecture. Ici, cette année est un moment de transition entre le monde de l’école et celui de la vie professionnelle; si les interrogations ont été nombreuses au cours de nos études à propos de l’exercice de cette profession, la fin du temps de l’école marque précisément le moment de leur concrétisation. Plus encore, cette année opère le basculement du salariat vers l’entreprenariat, tournant qui nous pousse aujourd’hui, et un peu au travers de ce mémoire, à essayer d’identifier une manière d’exercer la maitrise d’œuvre qui nous serait propre. Ce mémoire s’ouvre donc sur un retour sur expérience : celle de l’école et celle de la pratique, le raisonné et le fabriqué. Il était important d’évoquer ici quelques expériences extra- scolaires tournées vers le monde de la fabrication, du travail manuel. Un enseignement par l’expérience, venu compléter celui de la théorie. Dans une deuxième partie, nous évoquerons la structure d’accueil, l’agence Fabre/ deMarien, au travers de sa pratique architecturale, de la commande à laquelle elle répond, des valeurs qu’elle véhicule.Nous nous interesserons ensuite au projet suivi pendant ces sept mois d’immersion en agence : la reconstruction à l’identique d’un chalet en bois dans les Pyrénées; phase par phase, du permis de construir jusqu’à la préfabrication des pièces en atelier. En conclusion, nous parlerons d’un avenir proche : la participation au chantier du chalet cet été, et d’un autre plus lointain : un projet de recherche autour de l’architecture paraguayenne. Enfin, dans un avenir encore un peu plus lointain : l’identification de certaines pistes pour l’exercice de la profession en tant que maitre d’œuvre.



01.

Parcours Le raisonné Le fabriqué La Hmonp

02.

Fabre/deMarien

03.

Reconstruire à l’identique, 50 ans plus tard

Mémoire Hmonp — Sommaire

Présentation Méthode et lieu de travail Une pratique de la petite échelle

Le contexte A propos de l’authenticité Esquisse Avant projet Études du projet

La suite

Le chantier du chalet Arquitecturas Paraguayas La maitrise d’œuvre

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04.


004

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01.

Parcours, le raisonnĂŠ et le fabriquĂŠ


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Le Raisonné Expériences théoriques

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Bibliothèque, PFE

Les années passées à l’école d’architecture furent une exploration permanente. J’ai passé mes deux premières années de licence à l’école de Bordeaux, deux années qui ont mis l’accent sur la conception du projet, l’attention portée à l’espace et à la lumière. Au départ, les exercices ne proposent pas de notion de programme, mais tentent plutôt de nous amener à reconsidérer notre perception de l’espace. L’architecture nous est volontairement présentée de manière abstraite, pour tenter de nous faire oublier certains à priori. On apprend à exprimer un discours argumenté, par des volumes, des parcours, des situations spatiales. Même lorsque les notions de programmes sont intégrés à l’exercice, ces premières considérations doivent toujours être mises en avant, en tant que parti pris dans le projet. En troisième année, j’ai effectué un échange à l’école La cambre-Horta à Bruxelles. J’y ai découvert une autre façon de penser et d’enseigner l’architecture. Dans cette école, l’architecture ne se limitait surtout pas à la construction, le bâtiment était considéré comme l’une des manifestations de l’architecture parmi d’autres. Nous y suivions des enseignements d’options théoriques qui comptaient autant que celui du projet, développé par une équipe d’enseignants issus de plusieurs disciplines : historiens, chercheurs en architecture…


Mémoire Hmonp — Parcours

Logements, Bègles

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Accès, Fiche Tour et Taxis

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Friche, Tour et Taxis

Dans l’exercice du projet, l’accent était plus fortement mis sur la dimension éthique et politique du projet : la posture de l’architecte. On nous poussait à questionner le programme proposé à un endroit donné : la première partie de l’atelier portait sur la remise en question de ce programme, que l’on y réponde ou que l’on y déroge, il fallait investir, théoriquement et sur le terrain, pour défendre notre propre prise de position par rapport au site. Notre objet d’étude était une grande friche au cœur de la ville, dans le quartier de Molenbeek, l’un des derniers grands vides de la ville, sujet à un futur éco-quartier. Notre projet à tenté de défendre l’importance d’espaces vides dans la ville, notre intervention consistait à créer divers accès vers la friche. Nous sommes intervenus sur ces entrées et passages déjà empruntés par les habitants qui traversent la friche au quotidien, en essayant de garder leur esprit caché, informel. Entre la licence et le master, j’ai décidé d’arrêter l’école, et de partir en Amérique du sud pour une année de césure, nous l’évoquerons dans la partie suivante. J’ai ensuite poursuivit mes deux années de master à Bordeaux. Le master que j’ai suivi était tourné vers le logement, j’ai pu y expérimenter de nouvelles manières d’habiter, au travers de petits collectifs ou à plus grande échelle. Le diplôme et le mémoire nous ont permis de choisir d’autres problématiques, plus éloignées du réel dans mon cas. Mon mémoire évoquait la ville par l’expérience, du point de vue de celui qui la parcourt, et posait la question de la place de l’architecte dans les architectures ordinaires. Le diplôme, que nous avons réalisé en binôme, se situait à Talmont sur Gironde. Nous mettions en lumière des projets avortés sur ce site préservé, et défendions ces projets en tant que patrimoine de ce lieu au même titre que le patrimoine matériel. Durant ces années d’étude, j’ai toujours été tentée de développer ces analyses, ces recherches, souvent au détriment de la réalité, de la matérialité du projet. La représentation du projet, est toujours restée, au cours de ces années, assez abstraite. Malgré des détours par des expériences plus pratiques, notamment au travers de deux stages à l’atelier King Kong et dans l’agence d’architecture Patrick Arotcharen, l’espace de l’école à toujours été pour moi un lieu d’expérimentation plus théorique. J’ai eu envie de me confronter à des réalisations plus concrêtes lorsque je suis partie en Amérique du sud, à une petite échelle avec le travail de l’artisanat, et aujourd’hui en prétendant à la Hmonp, à l’échelle de l’architecture.


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PFE, juillet 2015, La pression du projet comme patrimoine

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Le Fabriqué Expériences pratiques Novembre 2012— septembre 2013 : un détour hors de l’école, une année d’éloignement de l’architecture, né surement à l’époque de quelques doutes concernant son futur exercice. Un enseignement différent, guidé par l’expérience. Je décidais donc de m’éloigner de l’architecture donc, mais sans vraiment la quitter. J’avais plutôt envie de donner du temps et de nouveaux espaces à quelques unes des passions qu’elle avait su éveiller. Une passion—un mois—un lieu, sur un territoire qui m’apparaissait comme empli de possiblilités : l’Amérique latine. Comme pour le langage, j’avais cette idée en tête qu’un savoir faire s’apprend en immersion totale, quasibrutale. Je me donnais une sorte de règle du jeu pour donner un rythme à mon voyage : un mois—une ville—un savoir faire. Sao Paulo, ébénisterie Embu das artes, construction bois Rio de Janeiro, photographie Valparaiso, construction en terre crue Santiago, sérigraphie Toutes ces expériences ont en commun la dimension artisanale : le travail d’une matière, un acte de fabrication ou


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L’équipe de la Marcenaria, Sao Paulo

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1 Emile Armand La vie comme expérience La joie de vivre E. Rivet, 1934 79 pages

l’apprentissage d’un savoir faire manuel. Cela devenait aussi une façon de vivre l’immersion pleinement, d’entrer en contact avec l’autre, de se fondre dans une ambiance, un décor — cette expérience aurait été si différente assis à un bureau, derrière un ordinateur ! — Au dela de l’apprentissage que je cherchais, ce qui me plaisait dans cette entrée via le savoir faire manuel, c’était le rapport social plus spontanné qu’il entrainait. « La vie vécue comme expérience ne se soucie pas de la défaite ou du volume des résultats obtenus. Elle ne s’en inquiète pas plus que de la victoire. Triomphes, échecs, obstacles qu’on contourne, barrières qu’on renverse, chutes dans la boue, autant de sujets d’expérience. Une seule chose est capable de l’émouvoir : le sentiment qu’elle pourrait être vécue inutilement ou sans profit. Toutes choses bien considérées, on en vient à conclure que les véritables éducateurs sont ceux qui enseignent à s’engager sans crainte sur le chemin de l’expérience et à regarder la Vie bien en face, la vie avec sa richesse incalculable de situations diverses. L’éducateur véritable ne cherche pas à détruire la sensibilité, à annihiler le sentiment, à régler la vie individuelle comme une feuille de papier à musique, à en limiter les vibrations, à en raccourcir les amplitudes. Oh que non ! pour faire penser et apprécier pour et par soi-même, rien ne vaut équiper autrui et susciter en lui le désir de l’expérience. Et plus l’expérience a été longue à poursuivre, riche en surprises, hérissée de difficultés, saturée de joie, moins ceux qui l’ont risquée cherchent à empiéter sur la liberté de penser et d’agir d’autrui. Plus aussi croît le nombre de ceux que vivre n’effraie plus parce qu’ils ont su expérimenter. »1 São Paulo, Ébénisterie En arrivant a São Paulo, j’avais en tête de travailler dans une fabrique de meubles en bois, et en me baladant dans la ville je suis passée devant une boutique de meubles fabuleux. Le designer s’appelait Paulo Alves, il avait en fait commencé à travailler en architecture, aux côtés de Lina Bo Bardi. Aujourd’hui il travaille avec sa propre fabrique de meubles, un grand entrepôt, ou le bois arrive en planches brutes. Toutes les étapes de transformation y sont réalisées jusqu’à l’assemblage final. Paulo habite une maison accolée à cette fabrique, avec une grande terrasse dont nous profitions tous pour manger le midi. La fabrique compte une trentaine de menuisiers et ébénistes. J’y suis restée


deux mois, en explorant les différents postes : découpe, ponçage, fraisage, assemblage, vernissage. Ce fut ma première vraie expérience dans le travail artisanal. Embu das Artes, construction bois Um teto para meu pais est une ONG sudaméricaine qui a développé un prototype de maisons préfabriquées en bois. Ce sont des maisons temporaires, co-construites entre les volontaires et les habitants, à la demande des familles. La session de construction à laquelle j’ai participé concernait plusieurs favelas proches de Sao Paulo, chaque communauté avait fait la commande d’une dizaine de maisons. Nous avons donc été dispersés par groupes de soixante volontaires dans chaque favela : une famille a à sa disposition 5 volontaires pour construire sa maison avec elle, et un groupe de 20 personnes s’occupe de la logistique (acheminer les matériaux depuis le gymnase de la ville jusqu’à chaque site).

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San Isidro, construction en terre crue En voyageant dans le nord de l’argentine, je me suis retrouvée dans un village de montagne, près de la frontière avec la Bolivie, aux alentours d’Humahuaca, où toutes les habitations sont réalisées en terre. J’ai rencontré Pita, un père de famille qui était en train de faire sécher des briques d’adobe dans son jardin. Nous avons discuté un grand moment et j’ai finalement passé la journée à travailler avec lui. Nous avons retourné toutes les briques d’adobe plusieurs fois pour qu’elles sèchent de tous les côtés au soleil. Ensuite nous nous avons construit des nouveaux moules en bois pour en fabriquer des nouvelles.

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Valparaiso, restauration en terre crue Santa Ana est un ancien couvent situé sur les hauteurs de Valparaiso. C’est un centre qui propose des ateliers culturels pour le quartier. L’église accolée au couvent est en cours de rénovation, comme beaucoup d’églises au Chili elle est réalisée en grande partie en bois, mais celle ci à la particularité d’avoir aussi des murs en terre. Tous les matins, elle devient le terrain d’expérimentation de l’atelier de construction, de la terre, de l’eau et de la paille, mélangées aux piétinement de nos pieds, étalés à la main contre les murs. Le soir nous nous y retrouvions aussi pour des concerts ou des représentations de théâtre.


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Itxassou, Ebénisterie Alki En revenant en France j’ai renouvelé ce type d’expérience un an plus tard en effectuant un stage chez Alki, une fabrique de meubles installée à Itxassou au Pays Basque. L’atelier est né en 1981, dans un environnement rural, peu industrialisé, à l’initiative de 5 amis qui souhaitaient développer des emplois localement. Au départ la fabrique réalise du mobilier traditionnel, mais vers le milieu des années 1990, l’Espagne, le Portugal et l’Italie ont subi une dévaluation de leur monnaie. Les principaux distributeurs de meubles classiques se sont alors tournés vers ces pays et le secteur du mobilier Français a commencé à souffrir d’une forte concurrence. C’est à ce moment que Peio Uhalde, le pdg d’Alki, décide de s’associer avec le designer industriel Jean Louis Iratzoki, et tentent ensemble de réorienter l’entreprise vers le marché du design contemporain. Depuis une dizaine d’années, Alki équipe des maisons contemporaines et des appartements traditionnels, au Pays Basque, en France et en Europe. Leurs meubles sont présents dans des projets d’architectures reconnus comme le siège social de Quicksilver réalisé par Patrick Arotcharen ou le Mucem de Rudy Riccioti. J’ai d’ailleurs connu leurs meubles lors d’un stage chez Patrick Arotcharen, qui fait très souvent appel à eux pour meubler ses bâtiments publics. La fabrique Alki m’a accueilli très chaleureusement, les différents membres de la coopératives m’ont chacun initiés à leur poste. Ne restant que deux mois, j’ai eu un rôle très polyvalent, un peu comme dans la fabrique de São Paulo. En plus du ponçage, fraisage, assemblage et vernissage, j’ai été initiée au tapissage des chaises. Jean Louis Iratzoki est le principal designer d’Alki, mais il n’est pas le seul, trois designers travaillent aussi avec cette fabrique. A la fin de mon stage je suis allée travailler avec lui et son associé Ander Lizaso dans leur atelier à Ascain. J’ai dessiné un stand pour le salon Maison et Objet auquel ils présentent leurs meubles chaque années, et qui a en partie contribué à les faire connaitre. L’année qui a suivi je me suis inscrite à des cours du soir de menuiserie-ébénisterie à l’entreprise philomathique de Bordeaux, afin de rester en lien avec ce savoir-faire.


Fabrique Alki, été 2014


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La Hmonp Vers la maitrise d’œuvre L’expérience Hmonp se trouve dans mon cas à la lisière entre l’Ecole et la vie professionnelle. Il pourrait paraître précipité d’engager cette année de préparation à la maitrise d’œuvre en mon nom propre sans n’avoir jamais été salariée au sein d’une agence; mais je pense qu’elle est avant tout une formation professionnalisante. Pour les jeunes diplômés, elle peut en partie revêtir ce rôle de lien entre la théorie et la pratique. Encore sous la tutelle de l’école, nous avons la chance de commencer à expérimenter le réel de manière accompagnée. Mais la Hmonp est avant tout un choix : celui de vouloir exercer en son nom propre. Dans cette optique, elle nous impose une posture particulière, une position critique. Notre rôle d’observateur au sein de la structure d’accueil en est décuplé, nous amenant à construire une image de notre future posture d’architecte. L’exercice de la maitrise d’œuvre concerne à la fois le fabriqué et le raisonné dans la mesure où nous devenons les premiers responsables de nos constructions — responsable du fabriqué, tout autant que du raisonné. Penser ce que l’on construit nous est donné en tant que salarié d’un atelier ou d’une agence


Mémoire Hmonp — Parcours

d’architecture, mais signer une construction en son nom implique une toute autre forme d’engagement. Cette mise en situation professionnelle allait me permettre de mieux comprendre les responsabilités de l’architecte, de décripter le fonctionnement d’une agence, et d’esquisser les fondements d’une éthique et d’une pratique professionnelle. Après l’obtention du diplôme, des gens que je connaissais et qui avait des projets de constructions ont pensé à moi pour les réaliser, sans savoir que pour le moment nous n’étions pas habilités à signer en notre nom propre. C’est donc avec déception que j’ai du décliner le projet d’extension des bureaux du magasin Matsai Mara, ainsi qu’un projet de maison pour une amie de ma sœur. C’est pour toutes ces raisons que ma motivation s’est établie. Je me suis mise en quête de trouver une agence pour prétendre à la formation Hmonp à l’École Nationale Supérieur d’architecture et de Paysage de Bordeaux. Je souhaitais trouver une structure de taille moyenne, où les architectes pourraient être facilement accessibles pour m’enseigner les multiples facettes de ce métier. Toujours dans cette idée de lien avec l’artisanat et la fabrication, il me semblait qu’une structure à petite échelle serait plus ouverte au dialogue avec ces différents corps de métier, et l’agence Fabre/deMarien répondait bien à ces différents critères. Julie Fabre et Matthieu de Marien ont accepté de m’accueillir au sein de leur agence pour une durée de huit mois. Une structure qui compte deux associés, deux employés en CDI, un autre étudiant Hmonp, et qui partage ses locaux avec une autre architecte à son compte. Au vue de la profession, c’est une agence relativement jeune, à la production diversifiée : depuis dix ans, Fabre/deMarien a réalisé une cinquantaine de projets construits. C’est avec beaucoup d’entrain que j’abordais ma future expérience au sein de cette structure.

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02. L’agence Fabre/deMarien


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Présentation FABRE/deMARIEN architecte L’agence Fabre/DeMarien est une SARL créée en octobre 2004 par Julie Fabre et Mathieu de Marien, deux amis de l’école d’architecture de Bordeaux, qui ont aussi partagé ensemble un échange Erasmus à l’université de Ferrare en Italie durant leur master 1. A leur retour, ils décident de partager un local rue Notre-Dame aux Chartrons pour travailler leur diplôme avec d’autres amis, ce lieu deviendra leur futur agence lorsqu’ils accèderont à leurs premières commandes : une série de transformation d’espaces divers, des entrepôts, des garages, des restaurants. Julie et Mathieu livrent ainsi une série de 6 maisons individuelles qui lanceront leur activité, des projets qui illustrent bien leur vision de l’habité contemporain et leur désir de travailler une architecture précise et détaillés. En 2006 ils remportent un concours pour la réhabilitation du 308, la Maison de l’Architecture — les nouveaux locaux de quatre entités professionnelles liéées à l’architecture en Aquitaine; le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes d’Aquitaine, la Maison de l’Architecture d’Aquitaine, le Centre de Formation des Architectes d’Aquitaine, A&CP (Architecture et Commande Publique). Le projet porte sur la requalification et la restructuration d’une ancienne usine électrique, il donnera à Fabre/DeMarien une visibilité plus grande. Le centre d’architecture Arc-en-rêve propose alors à l’agence une résidence d’un mois dans l’une de ses galeries et présente le travail de l’agence à travers sa première édition des cartes blanches, qui recevra par la suite des ateliers d’architecture comme Christophe Hutin, la Nouvelle Agence… En 2010, Julie et Mathieu reçoivent un prix pour ce projet lors de la biennale d’architecture Agora ainsi que pour un autre projet de réhabilitation : la transformation d’un garage en maison individuelle. Depuis 2008, une autre part du travail de l’agence concerne les bâtiment vini-viticole, des équipements qui cotoient une autre échelle de construction mais que l’agence dessine avec tout autant de précision que ses premiers projets. Plus récemment, depuis 2013, l’agence a aussi livré plusieurs projets de logements collectifs, un choix de commande qui montre l’envie de Fabre/DeMarien de s’ouvrir à un public plus large, plus diversifié.


Mémoire Hmonp — Agence Fabre/deMarien 021

308, Maison de l’architecture Maitrise d’ouvrage : Conseil Régional de l’Ordre des Architectes d’Aquitaine 950 m2, Février 2009


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Fabre/de Marien 8 cité Montagut, Bordeaux

Lieu et méthodes de travail L’agence FABRE/deMARIEN Aujourd’hui l’agence compte six personnes : Matthieu de Marien et Julie Fabre, tous deux architectes DPLG diplômés à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux depuis 2003 et 2004; Paul Durand et Audrey Benet, architectes HMONP, travaillant dans la structure depuis 2011 et 2012; Samuel Boudreault et moi-même, en formation HMONP dans l’agence depuis ce mois de septembre. L’agence partage aussi son local avec une architecte qui exerce à son compte : Emmanuelle Lesgourgue. Juridiquement, Fabre/DeMarien est une SARL (Société à Responsabilité Limitée), ce statut a pour principale caractéristique de limiter la responsabilité financière des associés au montant de leurs apports. Il n’y aucune exigence de capital minimum, ce dernier est déterminé librement par les associés, en fonction de la taille, de l’activité et des besoins en capitaux de l’entreprise. L’agence est propriétaire depuis 2013 d’un local à Bacalan, derrière les bassins à flots, un ancien garage réhabilité en bureaux avec une cuisine, un jardin, un espace de reprographie, un espace de réunion, des archives, un bureau séparé pour les deux associés et un grand espace de travail pour les salariés. Notre espace est aussi l’espace de vie principal de l’agence : une grande table près du


Jardin

Julie Fabre et Matthieu de Marien

Salle de réunion

Audrey, Paul, Samuel et Justine Reprographie

Cuisine

Mémoire Hmonp — Agence Fabre/deMarien

Salle à manger salle de réunion interne

Emmanuelle Lesgourgues

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Axonométrie de l’agence Maitrise d’ouvrage : Fabre/deMarien 150 m2, Février 2013


poêle nous sert de lieu de réunion et de salle à manger l’hiver. Au dessus, l’agence a aménagé un appartement pour la location, avec une grande terrasse. Juridiquement cette organisation spatiale se traduit par l’existence d’une SCI, de ce fait, ce lieu fait parti du patrimoine de l’agence. Ce projet de réhabilitation représente bien la démarche de travail de Fabre/DeMarien : une architecture rationnelle et fonctionnelle, aux usages mixtes, avec des coûts maîtrisés, et une attention particulière à la lumière et aux espaces de sociabilité. Il me paraît important qu’un lieu de travail fasse écho à une démarche et une vision de la profession — particulièrement pour une agence qui reçoit chez elle de manière régulière des clients privés — c’est aussi une manière d’imprégner ceux qui y travaillent d’une ambiance singulière, et d’un environnement qui lui est propre. Entre les associés et les employés, les tâches semblent se diviser assez naturellement et les compétences de chacun viennent se compléter. Cela dit, l’autonomie et la confiance accordée à chacun de nous nous a permis d’expérimenter une multitude de situations et de nous former en plusieurs disciplines. Par exemple, Paul et Audrey sont directement en lien avec les différentes maîtrises d’ouvrages et les entreprises, s’occupent de la conception autant que du chantier. Samuel, déjà dans l’agence depuis six mois lorsque je suis arrivée, a suivit un chantier d’appartement avec Julie, réalisé un avant projet de logements collectifs avec Matthieu, mais s’occupait aussi des candidatures et de la communication graphique de l’agence. J’ai apprécié cette idée de polyvalence, cela nous a permis d’avoir une vision très complète des missions de l’architecte et un aperçu de la gestion d’agence. Le lundi matin a lieu la réunion hebdomadaire, l’idée est de faire un point sur chacun des projets, de savoir ou en sont les uns et les autres, organiser la semaine à venir du point de vue du travail, mais aussi de l’administratif ou des ressources humaines. Les salariés sont très indépendants au sein de l’agence : chacun est chargé d’un ou deux projets, ensuite chaque associé se charge d’aiguiller chacun de nous lors de réunions plus informelles au cours de la semaine. Lors de ces réunions, le dessin est un outil principal pour se faire comprendre et pour garder une trace physique des transformations et des nouvelles idées. La trace de nos recherches, de l’évolution des projets, est un paramètre important dans la démarche de l’agence. Chaque mois, chacun se confectionne un carnet au format A4, à la mise en page commune, numéroté, qui


Fig. 2 : thermes au sous-sol,

Mémoire Hmonp — Agence Fabre/deMarien

Fig. 3 : dortoir pour 6 personnes

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sera ensuite archivé. Un outil pratique qui montre bien que les esquisses, les premières réflexions à la main sont tout aussi importantes que leur retranscription informatique. Chacun alimente de son travail un serveur commun, organisé chronologiquement par projet. L’arborescence de cette plateforme commune est assez stricte, le numéro du projet est spécifié avant chacun de ses dossier, chacun de ses fichier, la date toujours précisée. Au départ, je ne comprenais pas vraiment l’utilité d’un classement si uniforme, au bout de quelques semaines de travail, j’ai vite compris que c’était un outil essentiel, un gain de temps énorme, et la meilleure façon pour que tous les membres de l’équipe puisse accéder et participer à n’importe quel projet en cours. Au delà du simple outils de classement, cette plateforme commune est une véritable façon d’échanger entre nous, de mettre en place des références communes. Comme dans la majorité des agences, les documents graphiques des projets sont réalisés informatiquement, mais l’agence accorde aussi une grande importance à la confection de maquettes. Son approche du projet d’architecture pense avant tout aux matériaux; ici, pas de surproduction d’image 3D, le goût est plutôt porté vers des représentation plus abstraites — sans pour autant être moins réelles — comme des photos de maquettes, des collages, des axonométries filaires… Une idée différente de la représentation du projet, doté d’une interprétation plus large, en partie influencé par une esthétique développée par de nombreux architectes Belges, que j’avais découvert lors de mon Erasmus à Bruxelles (Cf Figures 1 et 2, nos images pour le concours d’une auberge de jeunesse). Dès les esquisses, Julie et Matthieu envisagent les matériaux à utiliser, la façon de les mettre en œuvre, c’est une préoccupation présente dès le commencement du projet. Cette façon de faire nous plonge directement dans la fabrication réelle des choses : le matière concrète est une inspiration qui vient s’additionner aux considérations spatiales. Le matériau, souvent montré brut, en ressort sublimé par l’attention qu’on lui porte. On comprend bien ici que les considérations de l’agence font écho à mes propres préoccupations en architecture. Ce qui m’a tout de suite plu dans l’agence, c’est le rapport que leur travail entretient avec la matière, avec la fabrication, avec le monde réel. Leur pratique de la petite échelle est sûrement un paramètre important dans cette démarche, quelque soit leur échelle d’intervention aujourd’hui.


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Une pratique de la petite échelle Une certaine vision du patrimoine Durant cette mise en situation professionnelle, j’ai eu l’occasion de travailler sur deux projets de maisons individuelles. Ce type de marché prend une part importante de la commande à laquelle répond l’agence. Parfois, cela représente un travail peu rentable au vu du temps passé, mais l’agence apprécie cette échelle de projet pour la liberté qu’elle permet, et la proximité qu’elle induit avec les différents collaborateurs (entreprises, maitrise d’ouvrage, bureaux d’étude…). Bien que tous deux des projets de réhabilitation de maisons individuelles pour des particuliers, ces deux commandes étaient très différentes : d’une part de par leur situation géographique, l’une à Bordeaux, l’autre au Cap-Ferret, l’une inscrite dans un tissus ancien dense de maisons et l’autre isolée au milieu de la forêt, à deux pas de la mer. Le profil des deux maîtrises d’ouvrage l’était aussi : un couple de 30 ans, avec des projets d’enfants pour la maison de Bordeaux, et un célibataire d’une cinquantaine d’année, avec des enfants déjà autonomes pour celle du Cap-Ferret. Dans les deux cas, ces clients se sont présentés spontanément à l’agence, par le biais de connaissances communes avec Matthieu et Julie—il en est ainsi pour la plupart des commandes privée que réalisent l’agence. Les deux types de missions n’allaient pas être


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Maison Ecole Normal, Bordeaux Maitrise d’ouvrage privÊe 210 m2, octobre 2012


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Axonométrie de la maison Cap-Ferret

les mêmes, à Bordeaux la maitrise d’ouvrage souhaitait seulement un permis de construire avec un dossier détaillé au 50ème pour pouvoir faire réaliser les travaux eux-même, tandis que la maitrise d’ouvrage de la maison au Cap-Ferret souhaitait une mission complète. Face à ces deux contextes, l’agence a apporté deux réponses et deux démarches de projets totalement différentes. La maison avenue Ouest au Cap-Ferret est un ancien chalet type « chalet Rousseau », le nouveau propriétaire souhaite habiter une maison plus ouverte sur l’extérieur, avoir une grande pièce à vivre communiquant avec la cuisine, deux chambres à ce même niveau, et deux chambres au niveau semi-enterré pour ses enfants. Les réunion avec ces clients privés se font dans les locaux de l’agence. Dès les premières esquisses, le travail présenté nécessite une stratégie de transmission et de partage de notre démarche de conception, afin que le client puisse se sentir intégré à ce processus plutôt que mis face à un produit fini. Pour cette maison sur laquelle j’ai travaillé avec Julie en esquisse et en avant projet, nous avions envie de proposer une structure appropriable qui entourerai la maison. Une sorte de deuxième toit, léger, qui pourrait à la fois protéger la nouvelle façade vitrée et créer un aménagement extérieur. Ce « préau » serait aussi support d’une structure pour la coursive de la façade est, et agirait comme un filtre en façade sud. Cette structure ajoutée n’était donc pas une demande du client, et il semblait avoir du mal à se la représenter bien que le fait que l’idée le séduisait. De nombreuses discussions ont donc suivit ce rendez-vous, qui nous ont permis de notre côté de définir précisément la nature de cette structure, et qui ont permis au client de se familiariser avec celle-ci. Nous avons ensuite pu déposer un permis de construire. Pour la maison de Bordeaux, rue Jean Grondel, la maison à réhabiliter était une échoppe simple. Dès le départ, nous savions que la mission à réaliser allait jusqu’au permis de construire, et qu’ensuite la maitrise d’ouvrage ferait réaliser les travaux elle-même sur la base d’un dossier plus détaillé qu’on lui fournirait. J’ai pu voir l’importance de définir dès les prémices du projet l’étendue de la mission de l’architecte. Dans ce cas la, tout s’est très bien passé car la situation était très claire depuis le début, mais j’ai pu voir au cours de cette année des malentendus sur ce type de questions qui ont abouti à l’abandon du projet. Le projet de l’échoppe rue Jean Grondel était une demande assez


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Maison Avenue Ouest, Cap-Ferret Maitrise d’ouvrage privée 120 m2, 2016


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Façades du patio

classique : réhabiliter l’intérieur de la maison existante et réaliser une extension dans le prolongement de celle-ci. Matthieu a eu envie de leur proposer une autre solution : ouvrir un patio entre la maison existante et l’extension, reliés par des passages clos. Toute l’extension serait réalisée en ossature bois, ainsi que les deux passages et la façade substituée à la construction existante. Le permis a été déposé sur cette base, puis nous avons travaillé sur le dossier de plans et coupes au cinquantième. Dans ce dossier nous avons précisé des détails de mise en œuvre, nous avons annotés les documents afin que la maitrise d’ouvrage, qui connaissait peu de choses en construction, puisse consulter les entreprises et suivre les travaux avec le plus d’informations possibles. De ces échanges entre l’agence et ces différentes maîtrises d’ouvrage, je retiendrais la simplicité avec laquelle ceux-ci se sont déroulés. En commande privée, l’affect de la maitrise d’ouvrage pour son futur chez-soi peut créer des relations conflictuelles avec les concepteurs, qui défendent un projet qu’ils pensent juste, avec leurs propres références, et les clients, qui ont leurs désirs propres dans leur manière d’habiter. Ce qui m’a étonné, dans ces deux situations, c’est que les clients ont finalement été conquis par les propositions de l’agence alors qu’ils avaient l’air de peu s’y projeter au départ, les deux projets étant à chaque fois bien éloignés de ce qu’ils avaient imaginé. Cela a été rendu possible par l ‘instauration d’un véritable dialogue qui a suivit toute l’élaboration du projet. Dans chacun de ces projets, je trouve que l’on peut lire l’état d’esprit avec lequel l’agence intervient dans un patrimoine existant. La nouvelle intervention utilise des matériaux différents, et complète la première en proposant de nouveaux usages. Ces deux projets ont représentés une grande part de ma contribution chez Fabre/deMarien, j’ai eu la chance de participer à peu de projets mais d’y avoir passé un temps conséquent et nécessaire pour comprendre l’approche et la démarche de l’agence. La reconstruction du Chalet de Barèges (que nous détaillons dans la partie suivante) a occupé presque toute mon activité, de l’esquisse à la phase d’exécution, et m’a ainsi fait prendre conscience de l’ampleur et de la diversité du travail de l’architecte.


Maison rue Jean Grondel, Bordeaux Maitrise d’ouvrage privée 120 m2, 2016


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Reconstruire à l’identique, 50 ans plus tard


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Le contexte L’incendie Mon rôle dans l’agence a été déterminé par la force des choses : durant l’été qui a précédé mon arrivée, le chalet familial qu’avait construit mon grand père dans les années 1960 à brûlé, le 15 d’août 2015. Un patrimoine familial, mais aussi régional, puisque mon grand-père Pierre Lajus est un architecte admiré, emblématique de sa génération. L’ampleur de l’attachement porté à ce lieu — par ma famille et par la grande famille des architectes — à entraîné une prise de décision très rapide : il fallait à tout prix reconstruire, et vite. 24 heures après l’incendie, nous nous retrouvions tous à Mérignac, dans la maison de mes grands parents, déterminés à voir renaître le chalet de ses cendres. Un rassemblement instantané, en plein milieu de l’été, qui rendait compte de l’importance de ce lieu dans l’esprit de ma famille. Lieu magique perdu dans la montagne, lieu de regroupement de plusieurs générations. Au delà de cette détermination tangible, une question subsistait : de quelle manière allions-nous reconstruire ? Certains se voyaient déjà reconstruire de leur mains, d’autres reprendre les plans d’époque et relancer le chantier directement. Chacun avait envie d’y apporter des changements, car pratiquant ce lieu depuis des années, tous avaient au moins une chose en tête à transformer.


Mémoire Hmonp — Reconstruire à l’identique

Chalet Lajus, Barèges Eté 2012

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Vue de la cuisine et de la terrasse

Un engouement évident, qu’il fallait savoir rendre constructif, au vue du nombre (5 enfants, 11 petits-enfants) et de la diversité des idées. C’est dans ce contexte que ma famille a pensé qu’il pourrait être intéressant que je travaille sur le projet de reconstruction au sein de l’agence. D’une part, certains trouvaient porteur de sens que le projet reste « une affaire de famille » et d’autre part, mon grandpère appréciait beaucoup le travail de Fabre/deMarien. A partir de là, nous avons acté une première décision : nous allions reconstruire le chalet à l’identique. Malgré toutes les questions idéologiques que cela soulève, cette prise de position avait le mérite de mettre tout le monde d’accord. Au delà d’un nouveau chalet, c’était avant tout un lieu familial que nous voulions retrouver : la famille devait rester soudée et réussir à s’entendre du début à la fin de ce projet. Mes grands parents, eux, n’avaient pas envie d’évoquer le sujet, et préféraient que les cinq enfants prennent toutes les décisions concernant ce drame. Un détachement qui ne rendait pas flagrante l’envie de se lancer tout de suite dans l’aventure. Les oncles et tantes avaient l’air de moins faire cas de cette absence des grands-parents, pensant que Nano finirait par reprendre goût à l’architecture, et que Madie formulerait à nouveau l’envie de grimper jusqu’au chalet. C’est donc deux semaines après l’incendie, dès le mois de septembre, que nous avons commencé à rassembler les archives : les plans d’époque au vingtième, les croquis de Pierre Lajus, les photos de tout le monde, les articles de presse… C’est ainsi qu’à commencé l’aventure de la reconstruction du chalet Lajus à Pourtazous, au dessus de Barèges, dans les Hautes Pyrénées. Pour l’évoquer, nous avons choisi de décrire phase après phase la manière dont s’est déroulé le travail de la reconstruction. Les temporalités de travail de cette commande, ont été calquées sur celles de la loi MOP des marchés publics; stricte et précise, elle est une bonne base de travail en marché privé. Les différentes missions dictées par la loi MOP, d’après l’article 7 de la loi du 12 juillet 1985 sont les suivantes : Les études d’esquisse, les études d’avant-projets, les études de projet, l’assistance apportée au maître de l’ouvrage pour la passation du contrat de travaux, les études d’exécution ou l’examen de la conformité au projet et le visa de celles qui ont été faites par l’entrepreneur. Avant d’entamer le récit du projet nous nous autorisons un détour pour aborder des notions de reconstruction et d’authenticité en architecture.


Mémoire Hmonp — Reconstruire à l’identique 037

Lieu de vie principal du chalet, un grand espace ouvert rassemble le coin cheminée, une grande table pour manger et la cuisine. Les chambre sont de petites alcôves donnant sur cet espace, accessibles par des échelles.


A propos de l’authenticité Reconstruction au Japon

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Todaji de Nara

1 Inagaki Heso professeur d’Histoire à l’université de Tokyo

Pour prendre un peu de recul, il m’est apparu intéressant de regarder comment se conçoit l’acte de re-construire dans d’autres cultures. Il en est une qu’affectionne particulièrement mon grand père, avant tout pour son architecture : la culture japonaise. Sur une certaine idée de la reconstruction, le Japon et l’Europe se présentent comme opposés. Depuis plus de deux siècles en Europe, et particulièrement depuis Ruskin, la notion d’authenticité est étroitement lié à la notion de préservation. Selon ce dernier : « la restauration signifie la plus totale destruction dont un bâtiment puisse souffrir », et le simple fait de restaurer un édifice porterait atteinte à son authenticité. Il faudrait ainsi prendre soin des édifices, les conserver, pour éviter toute restauration ou reconstruction. Si l’on échoue, la restauration devrait garder un caractère exceptionnel et surtout, se faire sans interprétation. En 1931, la Charte d’Athènes souligne dans ses conclusions « l’importance de l’entretien régulier de l’édifice, afin d’éviter les restitutions intégrale ». Aujourd’hui, cela implique que l’on respecte les formes initiales de l’édifice à restaurer, mais aussi le plus possible ses matériaux de construction d’origine. Au Japon, dans la lignée de la tradition, on admet des reconstructions totales qui ne reprennent que les formes avec des matériaux parfois complètement différents. Le plus important semblant être la prise en compte de la typologie et de l’usage. « Les Japonais ont ainsi développé une technique de la mémoire artisanale qui, aux yeux d’un helléniste, rappelle la concurrence de la parole et du marbre : ici le savoir-faire cycliquement transmis est censé empêcher la corruption matérielle du sanctuaire. Le geste toujours retransmis des artisans l’emporte à la longue sur la plus solide des constructions »1. Au Japon, le patrimoine peut être considéré comme un flux plutôt que comme une matière. La reconstruction fait partie intégrante de l’histoire du lieu, et accentue même parfois la dimension sacrée


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Temple de Kyomisu

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Temple Kiyomizu

des monuments. Parmi les bâtiments reconstruits les plus connus, nous pouvons citer : Le Todaiji de Nara , détruit et reconstruit deux fois, au 12ème et 16ème siècle. Le bâtiment actuel est bien différent de celui de sa première version. Le temple Kiyomizu a été détruit et reconstruit en 1633. Le Pavillon actuel date de 1955. Les sanctuaires shinto d’Ise ont des bâtiments qui sont volontairement démontés et reconstruits tous les 20 ans. C’est la tradition de cet endroit. Une pratique particulière et évocatrice d’une vision différente de la reconstruction, que nous avons choisi de développer ici. En effet à Ise, depuis le VIIème siècle, tous les vingt ans, un nouveau sanctuaire est construit sur le modèle du sanctuaire précédent. Durant quelques mois, les deux sanctuaires cohabitent l’un à côté de l’autre, avant que le plus ancien soit démantelé. Celuici sert ainsi de modèle à la nouvelle construction pour la durée des travaux. L’ampleur du chantier, sa régularité, en font une sorte d’antithèse, de contre exemple de notre logique patrimoniale. Le gigantisme de cette restauration est très mal connu en Europe, et sa répétition transforme ce phénomène en un acte quasi-invisible : la reconstruction s’inscrit dans un rite. Le shikinen-sengû est le transfert périodique du sanctuaire divin, ces constructions sont des résidences temporaires pour la divinité. Une nouvelle maison pour chaque nouvelle visite, qui correspondent à la distance qu’il y a entre deux générations, à la distance entre deux règnes dans les temps anciens, mais aussi à une temporalité saisonnière liée a la riziculture. Tout est remplacé : les ponts, les portiques, les palissades, les édifices, les objets, les vêtements… Ces changements complets sont en lien avec une idée relative à la souillure : il faut un lieu pur, une architecture neuve, immaculée, pour accueillir la divinité. « Je ne pense pas que cristalliser une forme dans l’histoire soit le but des efforts fournis à Ise, par contre, la permanence de ces gestes liés a la reconstruction me semble dépasser l’histoire, j’y vois une structure culturelle universelle »1. La permanence de ces gestes a pour conséquence de transmettre les savoirs-faire ancestraux, de préparer les générations suivantes. Dans les équipes de chantier, les générations sont mélangées, dans le but d’un apprentissage permanent. D’après Utsuno, le chef de chantier des deux dernières reconstructions, en 1973 et 2013, ces chantiers lui ont permis de : « comprendre que la construction des sanctuaires façonnait les hommes et réciproquement, que façonner les Hommes,


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1 Renzo Piano Construire, c’est comme traverser le Far West Next Libération 28 février 2009

Mémoire Hmonp — Reconstruire à l’identique

Sanctuaire d’Ise Reconstruction du nouveau temple à côté de l’ancien

permet de bâtir les sanctuaires. Les jeunes qui travaillent sur ces chantiers observent les anciens à l’œuvre, ils volent leur savoir en épiant par dessus leurs épaule, ils font des erreurs, répètent les gestes jusqu’à les maîtriser. Ils acquièrent non seulement la technique mais aussi l’esprit d’invention qui leur permettra de construire la suite ». Basée sur l’authenticité matérielle de l’édifice, cette pratique vient bouleverser nos habitudes, notre conception du patrimoine; ici à Ise il n’y a rien d’ancien, seules la forme et les techniques sont relativement conservées et montrent une certaine authenticité. Sa valeur patrimonial est en un sens immatérielle, impalpable, même si le monument se tient bien là, face à nous. Les nouvelles constructions intègrent des problématiques propres à leur temps : aujourd’hui, si nous prenons l’exemple de la question écologique, le sanctuaire tente d’aborder une architecture plus durable. Or, sa toiture en chaume ne dure pas 20 ans; pour l’améliorer, il y a quarante ans, on a eu l’idée de venir ajouter pour la première fois sous le chaume, une plaque de cuivre pour l’étanchéité. Les reconstructeurs d’Ise ont un rapport au monde matériel qui nous échappe, son paradoxe réside dans cette manière d’organiser ce qu’on ne peut éviter. En modifiant chaque fois leur manière de construire, ils nous montrent qu’il est possible d’accepter la nature transitoire d’un monument, et cela même si c’est un lieu sacré — Cela nous donnait de quoi relativiser face à notre reconstruction. J’ai appris plus tard, que Renzo Piano a créé sa fondation après avoir été à Ise — ou il reçoit chaque année des étudiants en architecture dans son atelier pour la durée d’un semestre — « C’est une école du savoir-faire, dans un pays où les artisans sont élevés au rang de trésors nationaux vivants. Quand vous avez 20 ans, vous apprenez à faire le temple, à 40 ans, vous faites le temple, et à 60 ans, vous apprenez aux autres à faire le temple. Ce sont les trois étapes de la vie. Le temple d’Ise m’a touché. Je me suis senti coupable de ne pas avoir fait assez pour les jeunes, je n’avais jamais enseigné. J’ai donc créé la Bottega, ce qui veut dire atelier, j’y ajoute la beauté, au sens de la Renaissance. Car on n’apprend pas en expliquant mais en faisant. L’école explique, donne des informations, mais la Bottega est une école de la vie. Je crois que j’ai toujours eu cela en tête depuis que je suis jeune, mais j’ai atteint l’âge raisonnable de le réaliser. Il faut garder le désir de poser des questions, de changer le monde autour de la table »1.


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Esquisse ESQ Etat des lieux Habituellement, cette première phase du projet d’architecture se caractérise par une esquisse du projet, révélant l’implantation choisie, le parti pris du projet, les options structurelles et matérielles envisagées. Ces premiers dessins permettent un première visualisation du projet dans son site par le maître d’ouvrage. C’est aussi lors de cette phase que l’architecte doit évaluer les premières contraintes financières. Dans le cas du chalet, cette phase initiale de conception a consisté au rassemblement de toutes les archives existantes sur l’ancien chalet. Nous avons ainsi pu constituer un dossier, réunissant les plans d’exécution réalisés par les entreprises de l’époque, les croquis de mon grand père, les publications de presse, les photos de chacun. L’analyse des plans d’exécution à l’échelle 1/20ème m’a permis de comprendre d’un point de vue technique cette construction que je pensais pourtant déjà bien connaître, et de prendre connaissance des différents éléments structurels et des détails constructifs. Certains dessins venaient à manquer : nous n’avons retrouvé aucun dessin de mobilier par exemple, composante essentielle de l’architecture du chalet car faisant partie de sa conception initiale, et pensé de manière totalement intégrée. Durant cette période, nous nous sommes rendu sur le site afin de réaliser un état des lieux précis de ce qu’il restait, la dalle béton qui préexistait à la construction était endommagée par endroit, comme le mur de soutènement en fond de parcelle; mais les différents réseaux étaient encore fonctionnels. Quant à l‘évacuation des eaux usées, tout le système était déjà à revoir, et ces grands travaux devenaient l’occasion de s’en occuper. De la construction initiale, il ne restait plus rien. Après avoir réalisé cet état des lieux, nous nous sommes mis dans l’optique de préparer un dossier de permis de construire. Nous avons d’abord consulté les nouvelles règles d’urbanisme de la commune de Barèges, le Plan Local d’Urbanisme et le cadastre, afin de vérifier que la nouvelle construction puisse encore s’implanter sur l’emprise de l’ancienne. Dans le cas d’un sinistre, d’après la loi SRU, un propriétaire ne peut invoquer son droit à reconstruire un bâtiment détruit ou


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Etat des lieux Septembre 2015

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démoli que lorsque quatre conditions cumulatives sont réunies : le bâtiment doit être détruit depuis moins de dix ans, il doit avoir été régulièrement édifié, Le PLU ne doit pas comporter de dispositions contraires, et enfin, la reconstruction ne peut se faire que dans une zone exempte de risques. Dans le cas du chalet ces quatre conditions étaient réunies, et de plus, le PLU était inchangé dans cette zone depuis la date de construction de l’ancien chalet. Ainsi, nous avons pu commencer à élaborer les documents nécessaires pour une demande de permis de construire.


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Plan d’exécution, mai 1966


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Avant projet — AVP APS, APD, PC La phase d’avant projet se décompose en trois temporalités : l’avant projet sommaire (APS), l’avant projet définitif (APD), et le dossier de demande de permis de construire (PC). L’implantation et la forme du projet étant identique au précédent, nous nous sommes focalisés lors de cette deuxième phase d’étude sur l’adaptation de la construction aux réglementations actuelles. La première réglementation thermique date de 1974, soit une dizaine d’années après la construction du premier chalet, et imposait uniquement la mise en place d’une fine couche d’isolation et l’installation d’une régulation automatique des systèmes de chauffage. Mise en vigueur dans l’urgence à la suite du choc pétrolier de 1973, cette réglementation a été révisitée cinq fois depuis — 1982, 1988, 2000, 2005 et 2012 — chaque version devenant à chaque fois un peu plus exigeante que la précédente. Aujourd’hui obligatoire pour toute nouvelle construction de plus de 50 m2, la Réglementation Thermique 2012 allait avoir un impact sur la plupart de nos décisions. Comme les précédentes, cette norme vise à réduire la consommation énergétique des nouvelles constructions, et pour se faire, elle impose les différents composants de l’enveloppe, ainsi que leur épaisseur. La RT2012 rend aussi obligatoire la conception bioclimatique — faire en sorte que le bâtiment profite au maximum des apports du soleil — et demande aux architectes d’anticiper l’utilisation d’énergies renouvelables au sein du bâtiment. La collaboration avec un bureau d’étude thermique dès ce stade de l’étude nous a permis de nous rendre compte très vite que la reconstruction ne pourrait pas vraiment se faire à l’identique : le surenchérissement du niveau d’isolation rendait jusqu’à trois


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Vue de la façade nord, Février 2011

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fois plus épaisse l’enveloppe du bâtiment. Les murs auparavant larges de dix centimètres en compteraient dorénavant une trentaine, de la même façon que la toiture épaisse de vingt centimètres dans le projet initial en ferait quarante dans le nouveau projet. De l’extérieur, le chalet deviendrait alors plus large et plus haut, car ses espaces intérieurs étant modulés de manière précise sur la dimension du mobilier — la longueur d’un lit, la largeur d’une douche — il nous était absolument impossible de réduire les côtes intérieures. Cette réglementation thermique allait aussi avoir un impact sur la structure, alors bien


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Plan du Chalet, 1966

Plan du Chalet, 2016


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trop faible pour supporter le poids de ces nouveaux éléments. Ces questionnements et incertitudes ne nous ont pas empêché de commencer à élaborer le dossier de permis de construire. Au-delà des documents techniques — plans de situation, plan de masse, coupe, façades…— et de la notice architecturale, le maître d’œuvre a aussi l’obligation de préparer l’ensemble des documents administratifs et juridiques. L’attestation de prise en compte de la Réglementation Thermique 2012 et l’attestation Bbio ont donc été réalisées par le bureau d’étude thermique, qui nous a donné ses préconisations pour entrer dans le cadre de la RT2012; la cheminée devait être remplacée par un poêle à granule, l’isolation devenait très conséquente (180mm), la façade vitrée côté nord devait être réalisée complètement différemment pour devenir performante… Avec ces documents, plus les dessins de mon grand-père mis à jour, nous pouvions prétendre à la demande d’un permis de construire à la mairie de Barèges. Le cerfa, document de base pour calculer les impôts dont le maître d’ouvrage sera redevable sur la future construction. La maitrise d’ouvrage comptait dans notre cas cinq personnes : Emmanuel, Marc, Rémi, Claire et Marie Lajus, qui seront tous propriétaires à part égale du futur chalet. Nous avons déposé le PC au cours du mois d’octobre, le plus rapidement possible, afin de pouvoir apporter les pièces complémentaires dans les meilleurs délais si besoin, sans étendre trop tard dans l’année le délai d’instruction. La situation géographique du chalet nous obligeait à démarrer les travaux l’été suivant au plus tard, à cause de la neige qui tombe relativement tôt à cette altitude. Comme pour le chalet précédent, celui-ci allait être réalisé entièrement en bois, préfabriqué par modules en atelier. Nous avons donc choisit une entreprise générale de construction bordelaise pour pouvoir suivre cette étape facilement. A partir de ce moment là, nous avons reçus les premiers budgets des assurances. En théorie, ces dernières paient tous les frais de mise aux normes, mais dans les fait, chaque changement a été plutôt considéré comme une « amélioration » voulu par la maitrise d’ouvrage que comme le respect d’une réglementation. Dès les premières discussions avec les assureurs, nous avons compris qu’il serait difficile de couvrir tous les frais engagés avec ce seul revenu, étant donné que leur devis atteignait à peine le tiers du devis présenté par l’entreprise de construction. Nous commencions donc à confronter les contraintes de ces trois acteurs : les assurances (le budget), l’entreprise générale (la technique constructive), le bureau d’étude (la performance). Il fallait réussir à retrouver l’esprit du dessin initial du chalet


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Fig.1 : cheminée initiale

en y incluant ces nouveaux éléments. Cela passait par une recherche en dessin, à l’échelle 1/50 ou 1/20 pour certains détails; ainsi que par des premières descriptions écrites, qui permettaient d’évoquer les nouveaux matériaux utilisés — par exemple, les grandes poutres en bois massif allaient être remplacées par des poutres en lamellé-collé pour garder les mêmes sections — et les techniques de mise en œuvre. Au départ, ces changements de matériaux ou de mise en œuvre restaient très discrets, nous avions du mal à adapter l’ouvrage aux nouvelles manières de faire. Cette obsession de rester fidèles au dessin de base nous forclosait dans une reconstruction sans interprétation. Nous imaginions des solutions pour préserver les effets visuels de l’ancien chalet : la poutre apparente en rive de toiture de la terrasse ne venait plus au nu de la tôle ondulée à cause de l’épaisseur des murs, on choisissait de rajouter une pièce de bois pour la mimer (Fig.1); la façade vitrée d’avant était réalisée en module de casier vitrés avec un imposte en retrait au dessus, nous imitions cette même mise en œuvre, au delà de sa non-conformité avec la RT2012 et des complication de mise en œuvre que cela impliquait pour l’entreprise; nous cherchions un profilé capable de fendre la neige à l’abord de la cheminée, qui a plusieurs reprise s’était trouvée déformée sous son poids (Fig. 1 et 2). Au lieu de proposer des idées neuve portées par des techniques actuelles nous imitions la façon de faire précédente en y apportant des solutions restreintes à un cadre bien déterminé. A la fin du mois de décembre, mon grand père s’est senti prêt à participer au projet. A la vue de certains de nos choix, il a déclaré que nous n’étions plus dans les années 60 et qu’il fallait revisiter entièrement ces points problématiques. Le conduit de la cheminée sortirai dorénavant par la façade, ainsi le poids de la neige ne serait plus un problème (Fig. 3); la façade vitrée donnant sur la terrasse serait réalisée d’un seul tenant, impostes alignés au reste et les casiers fixés derrière. Mi janvier, nous arrivions à l’avant projet définitif. Avec l’aide de l’entreprise nous agrémentions l’estimation lot par lot engagée en APS, en parallèle des notices descriptives qui faisaient état des prestations à réaliser. Le projet étant déjà bien détaillé et approuvé par le groupe de la maitrise d’ouvrage, nous pouvions envisager de passer en phase d’études de projet afin de définir la réalisation en détail de l’ouvrage.


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Fig 2 : Façade, cheminée « à l’identique améliorée »

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Fig. 3 : coupe, cheminée « revisitée »


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Mémoire Hmonp — Reconstruire à l’identique

Etudes de projet — PRO/DCE CCTP, DCE, Marchés de travaux Les documents établis lors de cette phase vont constituer le dossier marché de travaux des entreprises, dans notre cas de l’entreprise générale. Les pièces écrites et les pièces graphiques décrivent et détaillent le projet. Les plans, coupes, élévations et détails établis en phase PRO serviront de base à l’entreprise pour établir ses plans d’exécution, d’atelier et de chantier. La rédaction du descriptif des travaux, le CCTP — Cahier des Clauses Techniques Particulières — est une étape importante : ce document possède une véritable portée juridique, une fois qu’il sera signé par toutes les parties — les entreprises et le maître d’ouvrage — il deviendra alors la loi des parties et possédera une valeur légale, avec les pièces graphiques et les pièces administratives. Ce descriptif détaillé de l’ouvrage, déjà engagé au cours de l’avant-projet, est un outil d’échange entre les divers corps de métier et l’architecte, mais aussi une manière pour chacun des lots de prendre connaissance de l’ensemble des autres lots. De cette étape, dépend la qualité du chantier, ainsi que son coût. Il expose sous forme de rédaction le choix des matériaux et leur mode de mise en œuvre, il fixe toutes les dispositions techniques nécessaires à l’exécution de chaque prestation. Ce texte s’organise lot par lot, et fixe ainsi les prestations à réaliser de chaque corps de métier sur le chantier. La rédaction du CCTP a commencé dès l’avant projet, sous forme de notices descriptives, mais la phase PRO oriente ce texte vers une autre échelle de précision. De plus en plus précis et détaillé au cours de l’élaboration du projet, ce descriptif accompagne le dessin, évolue avec celui-ci. C’est un outil qui nous sert aussi à inventer le projet : comme pour le dessin, son écriture répond à des échelles différentes en fonction de chaque phase. La description faite en APD correspondait à une échelle proche du 100ème ou du 50ème, au stade PRO, nous avons décrit l’ouvrage avec une précision allant du 20ème au 10ème, de sorte qu’il y ait une véritable correspondance entre le dessin et le CCTP. Un document qui nous a aussi permis d’instaurer une certaine rigueur avec l’entreprise, ainsi qu’une relation de confiance. Ainsi


Elévation d’une chambre

Chambre 2 et 5 Coupe 1/16

Salle de bain 1 Plan 1/16

Elévation salle de bain Salle de bain 1 Elévation 1/16

Cuisine Coupe 1/16

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Coupe sur la cuisine

Mémoire Hmonp — Reconstruire à l’identique

Plan salle de bain

l’entreprise générale a pu établir en parallèle un devis détaillé. Ceci nous a permis d’avoir une vision globale du coût du projet, et de voir directement les postes qui allaient poser problème (prix trop élevé, poste manquant…). Par les pièces graphiques nous avons du continuer à détailler de nombreux éléments, le plan électrique par exemple, ou encore le détail des menuiseries intérieures. Nous avons confectionné un carnet de détails de menuiserie bois au format A3 afin de pouvoir dialoguer avec la maitrise d’ouvrage, qui avait de nombreuses idées nouvelles concernant ce lot, ainsi qu’avec l’entreprise, qui souhaitait que la mise en œuvre se face le plus rapidement possible sur place (il fallait donc dessiner des éléments facilement préfabriquables). Les dessins en plan et en coupe ont été réalisés à l’échelle 1/10ème afin de voir le maximum de détails. Des axonométries permettaient de pouvoir préciser les finitions, les revêtements, la mise en place des éléments les uns par rapport aux autres, et de donner aux lecteurs une vision dans leur ensemble de l’emplacement des éléments de mobilier. Ce travail nous a permis de penser le plus précisément possible ces éléments, leur matérialité, tout en y intégrant des notions de coût et de fabrication. Les plans et coupes du projet ont été réalisés à une nouvelle échelle, le 20ème, avec l’aide de l’entreprise pour les détails de construction, les passages de réseaux. Le nouveau chalet est ventilé grâce à la présence d’une VMC présente dans le cellier, qui doit pouvoir extraire l’air de chaque pièce humide : les deux salles de bain, les deux cuisines. Pour les réseaux d’alimentation, l’absence de faux plafond pour les cacher nous obligeait à ruser et à trouver de nouveaux chemins, ils seront donc cachés par des éléments d’aménagement : derrière une baignoire, sous un lit… A stade nous avons pu établir un calendrier prévisionnel d’exécution des travaux lot par lot, décomposé en fonction du moment d’action de chaque corps d’état. Ces différents plans et coupes, le carnet de menuiserie intérieure, le CCTP et le calendrier prévisionnel ont constitué avec l’acte d’engagement la base du dossier marché, que l’entreprise, la maitrise d’ouvrage et les architectes ont signé. A partir de là, la future réalisation devennait vraiment concrète, je prenais conscience qu’avant cette signature, l’un des différents acteurs aurait pu se désengager du projet et que rien n’assurait encore sa réalisation. L’entreprise générale nous a ensuite présenté ses plans d’exécution, auxquels nous avons ajouté certaines précisions. cette dernière phase de conception, se caractérise par ces multiples aller-retour entre l’entreprise et les architectes. Ce fut une phase d’échange et de discussions intenses, ou nous avons pu élaborer conjointement avec l’entreprise de nombreux détails.


Conduit, tôle noire graissée

Hotte, tôle noire graissée

Foyer, tôle noire graissée

Mémoire Hmonp — Reconstruire à l’identique

Caillebotis bois, planches de 6cm ajourées de 2cm

Socle, tôle noire graisée

Protections, verre sécurite

1 Dalle béton Chape béton avec cailloux lavés

Cheminée Axonométrie

Panneau bois peint en blanc

Sommier, panneau bois

Tringle inox

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Matelas 200x80 ep. 14 cm

Echelle-rangement, panneau bois lasuré noir

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Dalle béton

Table de nuit, panneau bois peint en blanc

Chape béton avec cailloux lavés

Chambre 2 et 5


Axonométries : coin cheminée (1) chambre (2) salle de bain (3) cuisine (4)

Panneau bois peint en rouge

Miroir

Porte serviette, bois stratifié blanc Tablette, panneau bois peint en blanc Sol et crédence, bois stratifié blanc

Evier encastré

Plan vasque, bois stratifié blanc

3

Dalle béton Chape béton avec cailloux lavés

Salle de bain 1 Axonométrie

Hotte escamotable

Tablette avec luminaire intégré, stratifié blanc

Mémoire Hmonp — Reconstruire à l’identique

Porte coulissante, panneau bois peint en blanc

Plaques de cuisson éléctriques 60x60 cm Four

Caillebotis bois, planches de 6cm ajourées de 2cm

Poubelle

Evier double bac + égouttoir 110x60 cm Poignée cuir

Meuble, contreplaqué lasuré noir

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Plan vasque avec tiroirs sous plan, stratifié blanc

Façades placard, contreplaqué lasuré noir

Plan de travail, contreplaqué lasuré noir

Dalle béton Chape béton avec cailloux lavés

Façades tiroir, contreplaqué lasuré noir Meuble, contreplaqué lasuré noir

Cuisine Axonométrie

4


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La suite

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Le chantier du chalet Participer à la reconstruction

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Construction du chalet 1966

Les mois de mai, juin, et juillet vont être consacrés à la reconstruction du chalet. La préfabrication des pièces en atelier donnera lieu à un temps de fabrication très réduit : trois mois au maximum. Une construction ultra-rapide qui me permettrait de voir les phases sur lesquelles nous avons travaillé prendre forme, s’ancrer dans la réalité. Suivre ce chantier me paraissait être une expérience plus que formatrice, et aussi une belle manière de clôturer l’aventure du chalet, entamée huit mois auparavant. L’occasion m’a été donné par l’entreprise de participer à la construction avec eux. L’idée sera donc de me rendre sur place avec l’entreprise générale trois jours par semaine, et voir ainsi l’évolution rapide de la construction. Ce que je voulais aussi, c’était pouvoir participer manuellement à ce travail, toujours dans cet intérêt pour la fabrication matérielle des choses. En faisant, j’imagine pouvoir encore mieux comprendre comment s’imbriquent les différents éléments, comprendre chaque détails du dessin réalisé en agence. Il y a aussi cette envie très présente de participer à nouveau à une expérience de terrain, à une réalisation physique et concrète.


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Construction du chalet 1966, mise en place de la charpente

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Arquitecturas Paraguayas Autour de l’architecture contemporaine paraguayenne

Dossier de présentation partenariats

Arquitecturas Paraguayas Un projet porté par Atelier Jipé (association loi 1901)

Avril 2016

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Dossier de partenariats

L’année prochaine sera surement une année à l’étranger. Le projet Arquitecturas Paraguayas est un projet de recherche imaginé à deux, né lors d’un voyage au Paraguay pendant mon année de césure d’un an en Amérique du sud. La pratique architecturale et constructive de ce pays a attiré notre attention: entre constructions informelles et production d’architectes, nous y avons découvert une architecture de grande qualité. Pourtant, surement dans l’ombre de ses voisins aux paysages et architectures exceptionnels, le Paraguay reste un pays méconnu et inexploré. Le Chili, le Brésil, l’Argentine, sont des lieux et des noms encrés dans nos imaginaires, et leurs architectes ont inspiré des générations de production architecturale en Europe : Smiljan Radic Clarke, Pezo Von Ellirichshausen Alejandro Aravena, Lina Bo Bardi, Oscar Niemeyer, Paulo Mendes da Rocha, Clorindo Testa, Mario Roberto Alvarez... Ces grands noms de l’architectures ont su s’imprégner de la modernité pour produire des architectures locales aux identité propres. Il existe aussi quelques figures émergentes au Paraguay qui trouvent écho en Amérique du Sud, mais leur production reste peu diffusée en Europe. Nous avons été étonnés par le peu d’informations disponible sur ce sujet, due au manque d’archives, de publications. Nous pensons que l’architecture paraguayenne pourrait aussi être une source d’inspiration et de renouvellement pour la production architecturale de notre génération. Nous trouvons dans ces constructions une attention particulière portée envers des problématiques de notre temps : une architecture contextuelle, peu démonstrative, plus pragmatique, qui met en œuvre ses matériaux de


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manière brute et poétique. Nous voulons donc prendre connaissance et diffuser un inventaire de la culture constructive contemporaine paraguayenne actuelle au travers d’images, de relevés et d’interviews. Une recherche de terrain nous semble essentielle pour comprendre la relation que ces constructeurs — architectes ou habitants — entretiennent avec leur culture, leur Histoire, leur territoire, leur climat, leurs ressources et leur population. Ce que nous espérons relater concerne l’architecture, mais aussi les lieux dans lesquels elle prend place, les techniques qu’elle met en œuvre et les relations

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Solano Benitez, Teletón Children’s Rehabilitation Center, Asuncion


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humaines qu’elle génère. Nous avons donc monté un dossier pour présenter notre projet : un document concis expliquant notre démarche, nos intentions, nos besoins (le début du texte en est extrait). Très vite nous nous sommes rendu compte qu’il était essentiel de nous organiser en association afin de formaliser un cadre de fonctionnement pour poursuivre le développement de ce projet et ainsi pouvoir mieux le défendre. Nous nous sommes donc constitués sous forme d’association loi 1901 : cette loi fonde le droit d’association sur des bases entièrement nouvelles car « elle préserve la liberté et les droits des individus tout en permettant leur action collective ». Ce statut nous permettait de porter notre projet de manière plus professionnelle et organisé, de rendre compte de sa dimension collective : « l’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité ». Le statut d’Association loi 1901 est un statut structurant et protecteur : il permet de prétendre à des subventions publiques dans le but de financer un projet commun, de créer un compte commun sous le nom de l’association qui préserve ainsi le patrimoine personnel des membres. Pour mieux partager nos idées avec les futurs partenaires de ce projet, nous avons établi un budget prévisionnel précis, afin que ceux-ci puissent connaitre l’ampleur et la nature de nos besoins et ainsi concrétiser la nature de leur participation. Les principaux apports viendront de la Région Aquitaine, de la maison de l’Europe, de la ville de Bordeaux et de la ville de Bruxelles (car le deuxième membre de l’association est belge). Au delà de l’aspect financier, ce projet nous permet d’entrer en contact avec de multiples acteurs du monde de l’architecture, de la culture et de la construction, en France, en Belgique et en Amérique du sud. Parmi eux, nous pouvons citer : des laboratoires de recherche (Cultures constructives, CRAterre, Habiter, Pavé…) des centres culturels (Arc-en-rêve, le 308, le CIVA, le Bozar…) des ONG sudaméricaines ou européennes (Un techo para mi pais, Architecture&Développement…). Cette première forme d’association autour de l’architecture correspond pour moi à un premier pas vers l’entreprenariat : transformer une idée en une activité, créer un statut qui correspond à la nature de cette l’activité, mettre en place une stratégie durable pour un temps donné, et bien sûr, défendre des idées qui nous sont propres, pour concrétiser un projet personnel.


Mémoire Hmonp — La suite

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Luis Alberto Elgue Oficina


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La maitrise d’œuvre Signer en mon nom propre Dans un futur un peu plus lointain, il est certain que la maitrise d’œuvre en mon nom propre sera l’aboutissement de ces différents enseignements. Je pense ici à l’enseignement de l’école, à celui du voyage, de la fabrication artisanale, de la recherche de terrain, du chantier, de l’agence d’architecture. Je pense que chacune de ces situations explorées racontent quelques chose de l’entreprenariat et de la maitrise d’œuvre : écrire, photographier, réaliser des relevés, aller à la rencontre d’autres cultures constructives, sont une manière de continuer à interroger le monde dans lequel s’inscriront nos ouvrages. Le maître d’œuvre se doit de questionner sa pratique du métier au quotidien, de proposer, d’entreprendre, de défendre des idées qui lui sont propres. J’ai l’intuition que ma future pratique de la maitrise d’œuvre continuera d’explorer ces différentes échelles, de convoquer ces multiples disciplines. Si mon attirance pour la fabrication peut déjà s’épanouir à travers de nombreuses disciplines, c’est aujourd’hui avec celle de l’architecture que j’ai envie de la confronter. Grâce à la Hmonp, je pourrais en faire l’expérience en tant que maître d’œuvre.


Mémoire Hmonp — La suite 065

Ce qui me plaît dans la pratique l’architecture, c’est cette diversité qu’il existe dans la manière même de l’exercer : entre les différentes structures qui existent mais aussi au sein d’une seule et même agence. L’année passée chez Fabre/deMarien a su me conforter dans cette idée de pluralité, j’ai trouvé une vraie richesse dans la diversité des programmes, dans la multitude de personnes à qui l’on peut s’adresser. L’attention portée envers des projet de petite échelle est un exercice que j’ai trouvé passionnant. En relation directe avec le destinataire de l’ouvrage, la discussion qui accompagne la conception du projet m’est apparu comme porteuse de sens. Le lien avec les entreprises, comme dans le cas du chalet, engagé très tôt dans les études de projet est un atout pour la qualité de la réalisation finale, mais aussi un enseignement captivant, alimentant ainsi le dessin du projet et sa représentation matérielle. Cela dit, je ne pense pas pouvoir me satisfaire de cette seule pratique. J’éprouve un réel désir de me nourrir de différents modes de fabrication du projet, à différentes échelles. Dans l’agence, j’ai aussi pu observer une autre échelle de projet avec la réhabilitation du 308—La maison de l’architecture, les concours pour le CAUE de la Gironde ou la salle des fêtes du Grand Parc. Des programmes d’équipements culturels qu’il me plairait d’expérimenter. A travers ces différentes échelles de réalisations, il y a l’omniprésence de la réhabilitation : cette idée de compréhension et d’intervention dans le patrimoine existant implique des contraintes fortes vis à vis du lieu, c’est une réflexion qui m’interpelle et une manière de fabriquer le projet que j’aimerai développer. Les réhabilitations de l’agence dans le centre ancien de la ville de Bordeaux et les projet de chais dans le Médoc, traduisent aussi une pratique locale, ancrée dans le patrimoine de notre région. La question du lieu, me semble être une préoccupation centrale de notre future pratique. Nous avons évolué au cours de notre apprentissage avec une idée nouvelle des mobilités, nos années d’études et de voyages à l’étranger ont participé à nous faire tisser des liens très forts avec différentes cultures, au travers d’architectures autres, et de manières de pratiquer différentes. Cet attachement à plusieurs lieux est caractéristique de notre époque, et l’un des enjeux propre à notre temps sera sûrement celui de faire perdurer un sens local, une interprétation spatiale de la culture à travers l’architecture. Chaque génération recompose la relation qu’elle entretient avec son temps et ses territoires. Ce qui est peut être plus particulier à notre époque c’est cette perte de sens du patrimoine matériel dans la définition de notre identité culturelle. C’est aussi en ce sens que le maître d’œuvre a une mission d’intérêt public, et ce sont ces questions, que je souhaite ne jamais perdre de vue lorsque je construirai en mon nom propre.



Bibliographie.



Références utilisées dans ce mémoire

Ouvrages . Armand, Emile La joie de vivre E. Rivet, 1934 . Cluzel, Jean-Sébastien Nishida, Masatsugu Le sanctuaire d’Ise, récit de la 62ème reconstruction Mardaga, 2015 . Crawford, Matthiew B. L’éloge du carburateur La découverte, 2016 . Ruskin, John Les sept lampes de l’architecture Klincksieck, 2008 . Sennett, Richard Ce que sait la main Albin Michel, 2010 . Schnapp, Alain La conquête du passé : aux origines de l’archéologie Carré, 1993 Internet . Authenticité et reconstruction de la mémoire dans l’architecture monumentale japonaise http://www.cairn.info/ . Renzo Piano « Construire c’est comme traverser le Far West » http://next.libération.fr



Annexes.



Justine Lajus 73 cours pasteur 33000 Bordeaux 0660278904 justinelajus@gmail.com Informations personelles : Née le 28 juillet 1990 à Bordeaux Espagnol : courant Portugais : bon niveau Anglais : bon niveau

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Expériences : Juillet 2014 : ALKI, fabrique de meubles, assemblage des pièces, ponçage, tapissage, conception du stand de vente, Itxassou, Pays Basque Avril 2013 : Santa Ana, centre culturel autogéré, Valparaiso, restauration de l’église en terre crue, Cerro Cordillera, Chili Février 2013 : Casa Amarela, centre culturel situé dans la plus ancienne favela de Rio de Janeiro, cours de photo, Fondation JR et Mauricio Hora, Morro da Providencia, Brésil Janvier 2013 : Um teto para meu pais, construction de logements d’urgence, Communidad dois Palitos, Embu das Artes, Brésil Novembre-Décembre 2012 : Marcenaria São Paulo, atelier d’ébénisterie Paulo Alves, construction de meubles et de maquettes en bois, São Paulo, Brésil Août-septembre 2012: Patrick Arotcharen, agence d’architecture, Bayonne Mars-Avril 2011 : King Kong atelier d’architecture, Bordeaux Avril 2009 : Frisou-Frisou, travaux et décoration intérieur, Bordeaux.

Mémoire Hmonp — Curriculum Vitae

Diplômes, formations : Septembre 2015 – Avril 2016 : Formation Hmonp à l’Ensapbx, agence d’architecture Fabre/deMarien, Bordeaux Juin 2015 : Diplôme d’architecture à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux Directeur d’étude : Kent Fitzsimons, sujet : « Uchronies Talmonaise, la pression du projet comme patrimoine », 15/20 Février 2015 : Mémoire, « Insaisissables quotidiens, transmettre l’ordinaire en architecture », mention recherche 2014-2015 : cours du soir de menuiserie-ébénisterie à la Société Philomathique de Bordeaux 2011-2012 : Erasmus à la faculté d’architecture La cambre-Horta, Bruxelles 2008 : Baccalauréat Général, section S



FABRE/deMARIEN

sarl d’architecture au capital de 5000 euros 8 cité Montagut 33300 Bordeaux T +33(0)5 57 87 13 81 / F +33(0)5 56 02 17 45 contact@fabredemarien.com / www.fabredemarien.com

A l’attention du Jury HMONP ENSAP Bordeaux 2015­2016

Bordeaux, mercredi 04 mai 2016

Lettre d’appréciation de Justine Lajus

Justine s’est joint à l’équipe en septembre 2015. Elle a très rapidement fait preuve d’une grande curiosité et a été attentive et à l’écoute des conseils de l’équipe. De jour en jour elle a gagné en confiance et en precision jusqu’à parfaitement mener un projet d’architecture. Sa personnalité, teintée de nombreuses experiences à l’étranger, lui confère à la fois une créativité foisonnante et une grande lucidité sur le métier d’architecte. Par son implication constante, sur des sujets variés, avec des partenaires tout aussi diversifiés, Justine a su développer l’aisance nécessaire à la bonne conduite du projet d’architecture. Observateurs privilégiés de cet enrichissement, nous sommes heureux de pouvoir témoigner de sa capacité à exercer le rôle de maître d’oeuvre et la profession d’architecte.

Mémoire Hmonp — Bilan tuteur d’agence

Mesdames, Messieurs,

Matthieu de Marien

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siret 479 971 970 00013 ape 71.11Z TVA intracommunautaire FR 04 479 971 970



Mémoire Hmonp — Bilan directeur d’étude

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