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JEAN DRUCKER (1941-2003) UNE VIE AU SERVICE DE L'AUDIOVISUEL

Jean Drucker nous a quittés le 18 avril 2003. Président du Conseil de surveillance de Métropole Télévision (M6), il a accompli pratiquement toute sa carrière dans l'audiovisuel. Licencié ès Lettres et diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il est entré à l'ΕΝΑ en 1 9 6 6 ; affecté en 1968 au ministère des Affaires culturelles, il n'y est resté que peu de temps, avant de rejoindre en 1970 le cabinet du directeur général de l'ORTF, Jean-Jacques de Bresson, et d'être nommé adjoint au directeur général de la 1e chaîne. Après l'éclatement de l'ORTF en 1974, on le retrouve dans l'une des entités issues de cette réforme, la Société Française de Production, aux côtés de Jean-Charles Édeline, puis d'Antoine de ClermontTonnerre. Il y demeure en qualité de directeur général jusqu'au début de 1980, date à laquelle je l'appelle à mes côtés comme vice-président d'Édiradio (RTL) et adjoint à l'administrateur délégué de la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion (CLT). En 1985-1986, il est président d'Antenne 2 avant de prendre en 1987 la présidence de Métropole Télévision, à qui la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL) confiait l'exploitation de la sixième chaîne, dont il sera le président-directeur général jusqu'en 2001, date à laquelle il cède la direction exécutive à celui qui, dès l'origine, a été à ses côtés, Nicolas de Tavernost, nommé alors président du directoire. Au cours de ces quelque trente années, le paysage audiovisuel français s'est profondément transformé. Quand Jean Drucker y fait ses débuts, le monopole du service public de la radio-télévision règne, à la seule exception des radios dites « périphériques » (RTL, Europe 1, Radio Monte-Carlo et Sud Radio) et de la présence en Lorraine de TéléLuxembourg. Longtemps géré comme une administration centrale de l'Etat, avec à sa tête un directeur général nommé discrétionnairement par le gouvernement, lequel exerce ouvertement sur les ondes une tutelle confiée à un ministre de l'Information, le service public de la radio-télévision est depuis 1964 un établissement public, l'ORTF, qui reste sous le contrôle étroit de l'Etat. Son financement est assuré pour l'essentiel par la redevance, la publicité n'ayant fait son apparition, d'ailleurs timide et controversée, qu'à partir de 1968. En dépit de quelques velléités, toute formule de télévision privée est résolument écartée, alors que l'expérience est tentée en Grande-Bretagne. Quand, en 1970, Jean Drucker entre HERMÈS 37, 2003

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