Dépenses de santé et frais de maladie

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De telles analyses de la disposition à payer sont presque exclusivement menées dans le contexte de techniques, de traitements ou de programmes isolés. Pour la Suisse, on citera par exemple l’étude de Nocera et al. (2002 et 2003), dans laquelle a été réalisée une analyse coût-bénéfice relative à différents programmes de lutte contre la maladie d’Alzheimer. Les auteurs arrivent à la conclusion qu’un programme destiné à décharger les proches dispensant des soins aux patients souffrant de la maladie d’Alzheimer générerait globalement plus de bénéfice que de coûts. Avec un tel programme, les proches pourraient faire appel à des soignants professionnels quelques semaines par an à la charge de l’assurance-maladie pour se décharger eux-mêmes. Cela reviendrait à un transfert de coûts indirects via des soins informels vers des coûts directs sous la forme de dépenses plus élevées pour des soins professionnels. La population suisse estime manifestement davantage l’économie réalisée dans les soins informels que le surcroît de dépenses advenant ainsi dans les dépenses de santé ou les primes d’assurance. Selon la méthode de relevé utilisée, le bénéfice net est d’au minimum 21 mio de CHF par an. En revanche, un programme de dépistage de la mala­ die d’Alzheimer ferait nettement moins bonne figure et, avec certaines méthodes de relevé, aboutirait même à une perte nette de -19 mio de CHF, les dépenses de santé supplémentaires n’étant alors pas compensées par le gain d’utilité. Au niveau de l’ensemble du système de santé, on ne trouve pratiquement aucune analyse de la disposition à payer, car celles-ci sont incomparablement plus difficiles à réaliser pour une grandeur aussi fortement agrégée. Une exception est constituée par l’étude de Telser et al. (2004)13, dans laquelle la perte de bénéfice pour la Suisse résultant de réformes éventuelles du système de santé a été chiffrée en utilisant la méthode de la disposition à payer. L’une des possibilités de réforme considérées portait en l’occurrence sur un accès à l’innovation différé de deux ans, ce qui conduirait pour la population suisse à une perte de bénéfice annuelle de 780 CHF par tête d’habitant. Extrapolé à la population suisse adulte, le bénéfice tiré d’un accès immédiat à l’innovation au lieu d’un accès différé représentait quelque 5 mia de CHF par an. Au moment de la réalisation de l’étude, cette valeur constituait environ 10 pour cent de l’ensemble des dépenses de santé, ce qui souligne le bénéfice élevé résultant de l’innovation pour la population suisse. Une évaluation avec les dépenses de santé advenant effectivement n’a toutefois pas été réalisée dans cette étude, de sorte qu’il est impossible de juger de manière définitive si, au total, un bénéfice net résulte du progrès technologique. 13 Voir

aussi à cet égard Zweifel et al. (2006).

Dépenses de santé et frais de maladie

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