Influence et informations stratégiques

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Convergence Par définition, la technique accroît notre capacité de faire ce qui était auparavant impossible (aller plus vite, fabriquer à moindre coût, mémoriser et communiquer davantage…) et elle est cumulative. Son évolution ne devient pas aisément prédictible pour autant. L’histoire des anticipations est le cimetière de technologies qui échouent (ou du moins qui ne se développent pas de la façon prévue). Et ce pour cent raisons : concurrences d’autres technologies, coût, calculs trop optimistes prolongeant des courbes, manque de compatibilité avec d’autres techniques dominantes, celles-là… Un des facteurs les plus perturbant est ce qu’il est convenu d’appeler logique de l’usage. Ce facteur culturel inhérent au comportement ou les désirs des destinataires de la technologie. Ils peuvent décider arbitrairement de ne pas vraiment s’intéresser au visiophone, de détourner le Minitel pour en faire un outil de convivialité, voire de drague via la messagerie, ou encore d’offrir succès inattendu au texto et au SMS tandis que la visioconférence généralisée (attendue depuis le XIX° siècle par Jules Verne et Robida) peine encore à se répandre. Corollairement, l'innovation a rarement les conséquences visées. Rappelons que le téléphone n’était pas fait pour dialoguer, mais pour donner des ordres à distance ou écouter des opéras, que le cinéma fut d’abord conçu comme un spectacle de foire ou un moyen d’archiver, que l’automobile était vue uniquement comme un engin de sport, que le Minitel était sensé apprendre aux Français à programmer et à consulter des bases de données, qu’Internet est une réutilisation spontanée par les usagers de Arpanet de l’U.S. Army, etc... Ces réserves faites, il est difficile de trouver une tendance qui semble aussi rationnelle et prometteuse que la convergence: - Elle s’inscrit dans la logique de la numérisation générale et dans celle des réseaux. La première réunit toutes sortes d’informations (texte, voix, son et image, logiciels…) sous une forme unique, indifférente à son support de stockage et à ses vecteurs : le code un code numérique. La seconde tend à assurer la circulation des données entre une multitude d’acteurs par une multitude de canaux offrant autant de possibilités de commutation entre tous. - La prolifération d’objets nomades permettant à la fois de communiquer de partout, de continuer à recevoir des flux d’images, de sons, de textes, d’effectuer des commandes à distance est également une tendance lourde, celle qui incite à être « toujours connecté ». Nous sommes immergés dans des flux de données numériques régulées, en arrière-plan, par des dispositifs comme les commutateurs, concentrateurs (hubs), routeurs… Pour le dire autrement, il existe des convergences : - Celle des réseaux : ce sont finalement des bits d’information qui passent par filaire, par radio, par câble. Le téléphone fixe et les réseaux des opérateurs, le WIFI et Bluetooth, la câble, le satellite,... : les passerelles ne cessent de se multiplier, comme les « niches » qui permettent de faire passer des signaux là où tout semblait rempli (exemple : la TNT) sur fond de montée astronomique des débits et capacités de mémoire. - Celle des services : on tend de plus en vouloir accéder la communication orale, au téléchargement image et son, aux diverses messageries, à la réception des grands médias, télévision et radio, de n’importe où n’importe quand. Ce qui oblige les opérateurs et fournisseurs à faire très vite la synthèse de cultures et de logiques économiques autrefois totalement séparées. 10


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