DIDIer BoIsseLIer
P. gUittet PoUr inDUStrie et technologieS
Diplômé en 1983 de l’École nationale supérieure des arts et industries de strasbourg (réseau Insa), Didier Boisselier, 53 ans, est titulaire d’un DeA en mécanique des fluides. Ingénieur à l’Irepa Laser à partir de 1988, il a développé des applications de soudage laser, ouvrant la voie à la fabrication additive. Il a fondé la société Beam en 2012.
Et là bingo, le Français est repéré par la société américaine Chromalloy, notamment spécialisée dans la réparation des pièces pour moteurs d’avions. « Ils voulaient un procédé permettant de reconstruire une pièce en alliage titane », se souvient Didier Boisselier. Parallèlement, l’École centrale de Nantes et le laboratoire belge Sirris, prennent contact avec l’ingénieur. Didier Boisselier se tourne alors vers Huron, un constructeur voisin de 500 mètres, qui fournit un centre d’usinage dans lequel deux buses sont intégrées. Fin 2010, c’est l’accélération : l’Irepa Laser entre dans le fonds unique interministériel Falafel (Fabrication additive par laser et faisceau d’électrons), où tous les ténors de l’aéronautique se retrouvent. Objectif : développer une machine industrielle capable de réaliser
de la fabrication additive en univers neutre (sans oxygène) pour des pièces métalliques. Didier Boisselier noue un partenariat avec Fives Machining. Après un an et demi de développement, c’est la première consécration des efforts avec l’installation de la machine à l’Irepa Laser, puis la création de Beam avec Emmanuel Laubriat. cc Fabriquer
ou réparer une pièce voire lui ajouter une fonction
Beam a déjà produit plus de 700 pièces de turbines pour Chromalloy. « Aujourd’hui nous sommes capables de répéter le process sans dérive et surtout, à des cadences industrielles », lance Emmanuel Laubriat. Naturellement, la machine, qui coûte entre 300 000 et 1,5 million d’euros, peut aussi fabriquer ex-nihilo des pièces nou-
velles. Cependant, le marché de la réparation, ou de l’ajout de fonction à une pièce, constitue l’essentiel des débouchés. Beam prévoit une quinzaine d’embauches en 2015, et envisage de prospecter d’autres secteurs comme la défense, l’énergie et le biomédical. En parallèle, Didier Boisselier s’est attelé à un autre chantier : traiter des grandes pièces, d’un ou deux mètres. Là encore, l’ingénieur a su trouver les bons partenaires, en s’arrimant au programme européen Amaze. « On va monter des raidisseurs sur une tôle au plus proche des cotes avec le minimum de perte de matière », jubile-t-il déjà. De quoi intéresser les avionneurs comme Airbus. cm cc Guillaume lecompte-Boinet redaction@industrie-technologies.com
MARS 2015ccN°974