Des approches nocturnes stratégiques
Une stratégie lumière et les outils qu’elle mobilise (diagnostic nocturne, schéma directeur d’aménagement lumière, trame noire, charte lumière) ne reposent pas uniquement sur des prescriptions techniques en matière d’éclairage public. Elle aborde différents sujets et peut apporter des réponses à de nombreux enjeux : sociétaux, urbains, environnementaux, liés à la transition énergétique, aux besoins de sobriété et d’efficacité énergétique, de dynamisme économique et touristique, d’innovation et de transition numérique.
3.1 Initier une stratégie lumière
À la suite de la naissance de l’urbanisme lumière* en France en 1987, et des différents outils qu’il a générés (schéma directeur d’aménagement lumière ou SDAL*, plan lumière*, charte lumière), il a fallu attendre quelques décennies avant que la dimension nocturne de l’urbanisme soit réellement prise en compte dans les projets urbains.
Et, encore aujourd’hui, un certain nombre de plans directeurs majeurs ou de plans guides, à l’échelle de villes entières ou d’un quartier, sont élaborés par des équipes de maîtrise d’œuvre sans réflexion sur l’aspect nocturne des projets, alors que la nuit représente annuellement 50 % du temps de nos vies.
L’élaboration d’une stratégie lumière* est utile et nécessaire pour servir de base aux programmes des futurs projets d’éclairage, qu’ils soient liés ou non à des aménagements urbains ou paysagers.
Elle permet aux différents acteurs de la ville (élus, services techniques, maîtres d’ouvrage publics ou privés, maîtres d’œuvre) de dialoguer et de s’entendre rapidement sur l’image, le paysage et les ambiances nocturnes souhaités à terme. Elle est aussi nécessaire pour communiquer et concerter avec les citoyens concernés.
Une stratégie lumière (fig. 3.1) peut intéresser un territoire d’étude de très grande dimension ou très complexe, qui implique un grand paysage, plusieurs villes ou villages et des maîtrises d’ouvrage différentes (État, régions, collectivités territoriales et locales, investisseurs privés).
Réalisée en un temps relativement court de quelques mois (contrairement aux études de SDAL qui nécessitent de très longs mois ou années), une stratégie lumière permet plus de liberté de conception et plus d’échanges avec les élus pour mesurer les enjeux nocturnes du territoire étudié. Elle ne prendra pas en compte la complexité du territoire concerné ni le détail des prescriptions techniques induites.
Une stratégie lumière est souvent étudiée et présentée dans le cadre d’un dialogue compétitif pour un marché à performance énergétique en charge de la rénovation et de la reconstruction d’un parc d’éclairage public* pour une ville ou une agglomération, afin d’asseoir les propositions techniques et innovantes qui seront ensuite déclinées plus en détail lorsque ce marché sera gagné. En effet, le temps relativement contraint de ce type de dialogue (quelques mois seulement) ne permet pas l’analyse approfondie du territoire et de ses enjeux, et donc l’étude d’un SDAL qui nécessite également de nombreux échanges avec les services techniques et les élus, avant sa finalisation, ce qui n’est souvent pas possible ou autorisé lors d’un dialogue compétitif.
27 3
S Fig. 3.1. Carte de la stratégie lumière (végétale et minérale) de la Principauté de Monaco © Concepto
Une fois les grands axes de la stratégie lumière élaborés puis approuvés, elle pourra être déclinée ensuite, à des échelles plus petites, en une étude de SDAL, plus complexe mais aussi plus adaptée et plus détaillée, pour préciser les différentes thématiques nocturnes, les ancrer concrètement sur le territoire et décliner précisément les prescriptions techniques qui devront être ensuite appliquées par les services ou par l’opérateur en charge de l’éclairage public délégué.
3.2 Débuter par un diagnostic nocturne
Avant toute élaboration d’une étude de stratégie lumière, d’un SDAL ou d’une trame noire*, il faut disposer ou établir à l’échelle du périmètre concerné plusieurs diagnostics : urbain, paysager, de l’éclairage public et de la situation lumineuse existante (éclairages privés et domestiques*, pollution lumineuse*).
L’histoire, la géographie, la topographie, le climat, les aspects culturels du territoire sont également appréhendés.
Toutes ces informations permettent de s’immerger et de prendre connaissance du territoire d’étude, de rencontrer les élus, les acteurs et les habitants, et de partager ou de confronter ensuite les perceptions ressenties et les analyses nocturnes effectuées.
Les différents diagnostics, les plus complets possibles, sont essentiels pour pouvoir suivre ensuite et évaluer au fil des années les évolutions des ambiances lumineuses, les économies d’énergie réelles réalisées et les résultats concrets des stratégies de rénovation de l’éclairage public mises en place.
3.2.1 La recherche et l’appropriation des données existantes
La première étape de tout diagnostic consiste à collecter puis à s’approprier les données existantes, sur les aspects diurnes et nocturnes du périmètre d’étude.
Selon les territoires, il existe un nombre plus ou moins important d’études et de plans, qu’il convient de récupérer et d’analyser.
Les données diurnes existantes étant souvent beaucoup plus nombreuses que celles nocturnes, il est nécessaire de les compléter sur le terrain par des diagnostics nocturnes appropriés et, si possible, à différentes périodes de la nuit et de l’année, car la perception du territoire y est très variée, en fonction des saisons et des usages nocturnes*.
3.2.2 L’analyse de l’état existant
En fonction de la taille et de la position géographique du territoire d’étude, l’analyse de l’état nocturne existant doit se faire à différentes échelles, visions (lointaines, proches) et moyens de transport (en véhicule, à pied, en train, en bateau).
Diagnostic technique
En France, la plupart des villes et des communes de plus petites tailles disposent aujourd’hui d’un diagnostic technique de leur éclairage public existant qui est souvent cartographié et géoréférencé (fig. 3.2 et 3.3). Il est alors accompagné d’une base de données qui établit le type de sources (puissance, tonalité de lumière*), le type de luminaires* et de supports* (hauteur, position, matériaux) comme leur ancienneté (année d’installation).
Les
Des quantités, des valeurs moyennes et des pourcentages par type de sources, de luminaires et de supports, peuvent en être déduits, qui sont très utiles pour les comparer à des villes de tailles similaires (nombre d’habitants par point lumineux*, puissance moyenne par point lumineux, puissance totale consommée par l’éclairage public, etc.).
Certaines villes ont également effectué, lors de politiques de réduction de la consommation énergétique ou de campagnes de rénovation de l’éclairage public, des cartographies des niveaux d’éclairement* moyens existants des voies et beaucoup plus rarement ceux des espaces piétonniers.
Si le diagnostic technique n’existe pas, il doit être obligatoirement effectué dans une mission préalable ou parallèle à celle d’un SDAL, ou éventuellement intégré à la mission d’élaboration d’un SDAL.
Précisons qu’un diagnostic technique complet nécessite des savoir-faire et des moyens techniques particuliers et qu’il
28 PARTIE 2 – S TRATÉGIE ET C on CEPTI on DES AMÉ n AGEME n TS UR b AI n S ET PAy SAGERS
Fonctionnel Ambiance Projecteur Balisage Solaire
S Fig. 3.2. Carte d’un diagnostic d’éclairage public à Rennes (types de luminaires) © Concepto
éclairages fonctionnels et d’ambiance, les projecteurs et les balisages sont identifiés et cartographiés.
peut aussi offrir l’occasion d’étudier les réseaux électriques, la sécurité électrique, les performances énergétiques, la qualité de l’éclairage, l’état des armoires et les systèmes de commande de l’éclairage public.
Comme nous le verrons dans le chapitre sur la trame noire (voir § 3.4), un diagnostic spécifique, dédié à la pollution lumineuse et à ses impacts, doit être également effectué.
lumineuses, qui ne sont quasiment jamais traités dans les diagnostics techniques habituels.
L’examen des usages et des dynamiques nocturnes (ouvertures nocturnes des lieux culturels, des commerces, des bars et des restaurants, des boîtes de nuit, etc.), doit être aussi effectué.
Il est aussi utile de recenser les événements, les festivals et les fêtes nocturnes existant tout au long de l’année et les lieux où ils se situent (fig. 3.4).
Enfin, aujourd’hui l’analyse de l’image nocturne d’une ville ou d’un territoire, projetée dans les différents médias de communication, sur Internet et sur les réseaux sociaux (fig. 3.5), doit être aussi intégrée au diagnostic nocturne sensible.
L’ensemble des diagnostics donne lieu à des cartographies thématiques et à une synthèse des enjeux, des potentiels et des manques nocturnes sur le territoire étudié, qui sont partagés avec les élus, les services techniques et, si possible, les habitants concernés lors d’ateliers de concertation et qui serviront de point de départ à l’élaboration des propositions d’un SDAL.
Une marche nocturne exploratoire avec des élus, des services techniques et des habitants volontaires offre aussi l’occasion de partager sur site le diagnostic nocturne, de dialoguer, d’éduquer les participants et de recueillir des impressions et des ressentis pertinents car ancrés dans une réalité quotidienne (voir § 9.9).
3.3 Étudier un schéma directeur d’aménagement lumière
Même si les premières études de SDAL, nées vers la fin des années 1980 en France, ont été un peu tâtonnantes au début, elles sont aujourd’hui bien établies, reconnues et très clairement définies.
Les sources au sodium haute pression en orangé (qui représente 85 % des 8 430 points lumineux), les lampes aux iodures métalliques (en blanc) et les sources à vapeur de mercure en blanc bleuté (12 %) sont cartographiées.
Analyse sensible
Dans tous les cas, il est nécessaire de compléter le diagnostic technique par une analyse sensible sur le terrain, à différents moments de la nuit et époques de l’année, de manière à recenser les manques et les besoins en éclairage, et de comprendre les ambiances lumineuses et le paysage nocturne existants.
Il est également important d’observer les éclairages privés et domestiques, les illuminations* et les mises en lumière* publiques et privées, les enseignes et les publicités
Le vocabulaire dédié reste parfois à clarifier, avec le malentendu qui peut encore subsister entre les termes SDAL et plan lumière, alors que ce dernier terme, qui était autrefois centré uniquement sur la planification des mises en lumière patrimoniale, a aujourd’hui quasiment disparu. On appelle dorénavant un plan lumière soit une étude d’éclairage à l’échelle d’un site, soit directement la carte nocturne en vue aérienne d’un projet d’aménagement.
À noter qu’en anglais, c’est le terme de lighting master plan qui est uniquement utilisé pour désigner un SDAL.
Le SDAL aborde donc la dimension nocturne d’un plan guide ou d’un plan directeur d’un territoire, et ce type d’étude, très complète, ne peut pas être comparé à celle d’un simple projet d’éclairage accompagné de ses prescriptions techniques.
29 CHAPITRE 3 - D ES APPROCHES NOCTURNES STRAT é GI q UES
S Fig. 3.3. Carte d’un diagnostic d’éclairage public à Lorient (types de sources) en 2013 © Concepto
Rappelons que les niveaux d’éclairement* recommandés pour les chaussées sont corrélés aux vitesses maximales autorisées (il faut donc très rapidement être informé des choix de vitesses retenues pour les différentes voiries du projet). Par exemple, pour des voies circulées en zone 30, c’est un éclairement moyen de 10 lux qui sera demandé pour la chaussée.
Ces éclairages des chaussées, leur présence lumineuse nocturne et les matériels d’éclairage qui les produisent vont prendre une place visuelle importante dans le projet d’aménagement, de jour comme de nuit. La présence et la densité d’arbres d’alignement sont aussi des contraintes importantes à prendre en compte dès le début du projet d’éclairage. À noter que l’éclairage des voies circulées va consommer une part importante du budget des travaux d’éclairage, d’où l’intérêt de le considérer en premier.
En fonction du projet d’aménagement, de la configuration de l’espace et des largeurs de chaussées à éclairer, l’éclairage des voies circulées peut se faire de différentes manières (fig. 5.1) :
à partir de candélabres* de voirie disposés en bordure de chaussée, implantés sur un axe situé à une distance comprise entre 50 et 70 cm du fil d’eau ;
à l’aide de luminaires* de voirie fixés en console sur les façades voisines (si le trottoir n’est pas densément planté) ; – avec des lanternes* de voirie suspendues au-dessus de la chaussée (à l’aide de câbles tendus entre les façades ou entre des supports latéraux) ;
grâce à des mâts de grande hauteur, équipés de luminaires de voirie ou de projecteurs* orientables, positionnés sur l’espace piéton attenant.
Candélabres de voirie disposés en bordure de chaussée
Lanternes de voirie suspendues au-dessus de la chaussée
62 PARTIE 2 – S TRATÉGIE ET C on CEPTI on DES AMÉ n AGEME n TS UR b AI n S ET PAy SAGERS
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Luminaires de voirie fixés en console sur les façades voisines
Mâts de grande hauteur positionnés sur l’espace piéton attenant
S Fig. 5.1. Différents types d’éclairage de chaussée (en coupe)
5.3.1 Définir les axes d’implantation des points lumineux
Il existe plusieurs possibilités d’implantation des axes de candélabres en bordure de chaussée ou des luminaires fixés sur façade : unilatérale, bilatérale (en quinconce ou en visà-vis), axiale sur un terre-plein central lorsque la chaussée
T Tab. 5.1. Différents types d’implantation des axes d’éclairage
comporte plusieurs voies séparées, comme dans une grande avenue plantée (tab. 5.1).
Au-delà du système d’implantation choisi, c’est l’image nocturne créée par la succession des points lumineux et par la lumière émise et diffusée qu’il faut avoir en tête lors de l’étude du projet d’éclairage.
Un éclairage unilatéral avec des candélabres ou des luminaires en console sur façade rend l’image nocturne de la voie dissymétrique, avec un front bâti dans la pénombre (celui situé à l’arrière des candélabres) et le front bâti opposé éclairé par la lumière diffusée depuis la chaussée.
Il implique moins de réseaux électriques et donc un coût d’investissement moindre.
Quand l’éclairage est généré unilatéralement, notamment par des luminaires fixés en console sur façade, la lumière va marquer plus ou moins fortement en flux arrière la façade sur laquelle sont posés les luminaires, ce qui peut être très dérangeant pour les habitants dont les fenêtres sont situées sous ou très proche de la source lumineuse.
Éclairage bilatéral
Avec l’éclairage bilatéral, les deux fronts bâtis reçoivent la lumière diffusée par la chaussée.
Il propose une image nocturne plus équilibrée lorsque les candélabres ou les luminaires sont disposés en vis-à-vis.
Lorsque l’implantation est en quinconce, on assiste à une alternance de façades éclairées et sombres, d’un côté à l’autre de la chaussée, au droit des candélabres ou des luminaires installés.
Éclairage axial
L’éclairage axial marque fortement le centre des voies circulées avec des candélabres qui portent deux luminaires (un pour chaque voie située de part et d’autre du terre-plein central).
Les façades seront plus ou moins éclairées en fonction de leur éloignement de l’axe.
Si le terre-plein central est planté d’arbres, la lumière émise peut diffuser de manière importante sur les feuillages, qui peuvent alors générer des ombres portées gênantes sur la chaussée.
63 CHAPITRE 5 - éCLAIRER UN ESPACE URBAIN
Illustration
Type de dispositif
Caractéristiques Avantages Inconvénients
Éclairage unilatéral
En
En quinconce
vis-à-vis
Réalisations exemplaires
PARTIE 5
Animer des lieux de pause et de détente Le front de mer à Calais
Calais se situe sur la Côte d’Opale, au bord du Pas-de-Calais qui marque la limite entre la Manche et la mer du Nord, à 38 km des côtes anglaises. La ville avait adopté en 2010 un schéma de développement urbain dont un des objectifs portait sur la requalification du front de mer de manière à mettre en évidence les forces du secteur : fort potentiel pour le développement touristique et économique, qualité balnéaire et paysagère, capacité à accueillir des animations de tout type. Mais l’actualité internationale et les problématiques liées à la situation des migrants ont véhiculé pendant de nombreuses années une image mono-orientée de la ville. La maire a alors lancé plusieurs opérations, sociales, urbaines et culturelles, pour modifier peu à peu l’image de sa ville et améliorer l’attractivité touristique.
Maîtrise d’ouvrage
Ville de Calais
Maîtrise d’œuvre
BASE : paysagistes
Ingerop : BET
face B : architectes
Connexions sport urbain : bureau d’études spécialisé dans les problématiques d’aménagement du sport et des loisirs
Epiceum : communication
ON : conception lumière
Installateurs
Eiffage/Satelec
Calendrier
études : 2017
Livraison des travaux : juillet 2021
Montant des travaux d’éclairage
1,7 M€ HT (pour un budget global d’aménagement de 23 M€)
Équipements
Nombre de points lumineux : 2 433
Matériels utilisés : ECLATEC ; Technilum ; Lumteam ; LED PUCK ; ewo ; Soliled
Puissance installée 26,87 kW
181
T Vue aérienne nocturne de l’ensemble du site © Ville de Calais – Fred Collier
184 PARTIE 5 – R ÉALISATI on S E x EMPLAIRES
S Principes de perceptions du projet : rythmes, temporalités, spatialités © agence ON
S Plan de composition nocturne © agence ON
185 A NIMER DES LIEU x DE PAUSE ET DE D é TENTE
1234 -
Gradins Promenade Aire de jeux Pelouse
5 -Dragon Chemin piéton Piste cyclable
6789 -
Dune Voirie Station Trottoir
1011121 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Micro-lieux Fonctionnel Horizontalité
S Coupe de principe de la composition nocturne © agence ON
R Vue aérienne nocturne du skatepark © Ville de Calais –Fred Collier
Les différentes ambiances lumineuses ont été déterminées selon les axes de perception (urbaine et paysagère) et de vision, mais aussi en fonction des diverses hauteurs des verticalités qui pouvaient souligner et signaler les polarités nocturnes
La composition du paysage nocturne a été conçue prioritairement à partir de grands mâts de 12,25 m de hauteur, appelés les « Flambeaux de Calais », qui sont des objets monumentaux plantés sur la plage et orientés vers la mer. Depuis la plage, ces repères verticaux dynamisent le territoire horizontal et apportent une cohérence à l’ensemble du projet, en liant les différents usages. Ils libèrent aussi le paysage maritime nocturne pour les résidents désireux de le contempler depuis leurs fenêtres.
Les micro-lieux qui jalonnent le site sont également mobilisés pour créer des événements lumineux (gradins, cabanes observatoires, belvédère, aires de jeux, hamac et bouées suspendues).
Durant les travaux, l’agence ON a organisé une mise en concurrence de trois fabricants de mâts et d’appareils
d’éclairage pour sélectionner la meilleure solution technique et financière pour ces mâts flambeaux de grande hauteur. La gamme a ensuite été développée en complément avec des mâts flambeaux de 10 et de 5 m de hauteur. Les mâts flambeaux de 12,25 m supportent chacun six pales incurvées de 5 m de hauteur dans lesquelles sont
186 PARTIE 5 – R ÉALISATI on S E x EMPLAIRES
S Vue aérienne nocturne de quelques micro-lieux © Ville de Calais – Fred Collier
S Une des aires de jeux avec des bouées suspendues © agence ON
S Dessins explicitant les objectifs techniques des flambeaux emblématiques © agence ON
intégrés 13 micro-projecteurs* de différentes optiques (12°, 24°, 30° et 50°), équipés de LED* à blanc variable (2 200 K à 3 000 K). Chaque micro-projecteur a été pré-orienté en usine de manière à couvrir toute la surface au sol à éclairer. Les plus grands mâts sont volontairement connectés aux moments de la nuit et aux saisons. En début de nuit et en
pleine saison, l’intensité lumineuse* est forte et la lumière plus blanche. À l’approche du cœur de nuit, la teinte de la lumière se réchauffe à 2 200 K et l’intensité diminue. Les mobiliers fonctionnent alors à environ 10 % de leur puissance et seuls les appareils dirigés vers la terre sont mis en service.
S Des éclairages connectés aux moments de la nuit © agence ON En fonction du moment de la nuit et des saisons, l’éclairage varie. En début de nuit et en pleine saison, l’intensité est plus forte et avec une lumière plus claire. En cœur de nuit, la teinte de lumière se réchauffe et l’intensité est plus faible.
187 A NIMER DES LIEU x DE PAUSE ET DE D é TENTE
Les objectifs photométriques étaient pour la tonalité de lumière de 3 000 K, de 10 lux moyens avec une uniformité* de 0,4 pour les voiries, entre 7,5 et 11 lux pour les espaces piétons et cycles avec un éclairement* minimum de 1,5 lux, et de 7,5 lux moyens pour les parkings.
Les sources des mâts flambeaux transcrivent également l’intensité du vent par un scintillement et un changement de couleur aléatoire.
Au passage du Dragon, une programmation avec protocole DMX permet, grâce à différents scénarios dynamiques, de faire varier en teinte et en intensité certains des mâts flambeaux à l’aide d’un système de contrôle disponible depuis un smartphone ou un ordinateur portable. Les mâts peuvent ainsi s’allument au fur et à mesure de l’avancée du Dragon.
188 PARTIE 5 – R ÉALISATI on S E x EMPLAIRES
S Les grands mâts flambeaux © agence ON
S Plan des objectifs de niveaux d’éclairement* © agence ON
Le passage du Dragon © agence ON Q
Nouvelles pratiques face aux enjeux environnementaux et sociétaux
Encore aujourd’hui, de nombreuses collectivités sont pourvues d’équipements d’éclairage vieillissants et énergivores ; en moyenne, l’éclairage représente 41 % de leur facture d’électricité. Pourtant, un éclairement adapté permet d’assurer la sécurité et le confort des usagers dans l’espace public, en adoptant un éclairage performant, facteur de lien social à la nuit tombée, et respectueux de l’environnement et de la biodiversité.
Pour concevoir et mettre en œuvre un éclairage urbain et paysager durable, une bonne connaissance des installations, des différents équipements disponibles, des problématiques environnementales et sociétales, ainsi que du contexte urbain et paysager dans lequel s’inscrit le projet est indispensable.
Cet ouvrage, qui fournit les éléments techniques et réglementaires indispensables pour mener un projet d’éclairage extérieur :
décrit les enjeux environnementaux (préservation de la biodiversité) et sociétaux (qualité de vie nocturne et sentiment de sécurité) actuels de l’éclairage ;
détaille le rôle et les responsabilités des différents intervenants ;
expose les approches stratégiques préalables à la conception d’un projet d’éclairage (diagnostic nocturne, schéma directeur d’aménagement lumière, trame noire, charte lumière, etc.) ; – explique les étapes du projet, des études préliminaires à la réception des travaux ;
précise les spécificités du projet d’éclairage d’espace urbain et d’aménagement paysager ;
décrit les caractéristiques des sources et supports d’éclairage, ainsi que les systèmes permettant de piloter une installation ;
donne les éléments d’exploitation et de maintenance d’une installation d’éclairage ; – repère les évolutions et les futures attentes en matière d’éclairage.
Enfin, l’ouvrage présente 15 réalisations exemplaires, en France et à l’étranger : schéma directeur d’aménagement lumière d’Annecy, tramway T9 de Paris à Orly, parc Green Heart de l’université de Birmingham, centre-ville de Decazeville (Aveyron), parc Martin-Luther-King à Paris 17e, secteur sud du parc olympique Queen Elizabeth à Londres, front de mer à Calais, place des Gloires catalanes à Barcelone, avenue des étoiles à Hong Kong, berges du fleuve Huangpu à Shanghai, place de la Liberté à Brest, parc Simone-Veil à Alençon, écluses de Fonseranes à Béziers, châteaux de Puilaurens et Quéribus (Aude). Répondant à des programmes très différents par leur échelle et leur parti pris esthétique, ces projets d’éclairage mettent en scène une grande variété de réponses.
Ce livre est destiné aux professionnels de l’éclairage (éclairagistes et concepteurs lumière) ainsi qu’aux autres intervenants susceptibles d’intervenir dans un projet d’éclairage (maîtres d’ouvrage, architectes, paysagistes, urbanistes).
Président fondateur de Concepto, créé en 1988 en région parisienne, et de l’Association des concepteurs lumière et éclairagistes (ACE), en 1995, Roger Narboni est concepteur lumière. Il a réalisé plus de 300 mises en lumière et paysages nocturnes en France ainsi qu’à l’étranger, et initié l’urbanisme lumière en 1987. Il a étudié depuis plus de 150 schémas directeurs d’aménagement lumière et une vingtaine de trames noires. Depuis une quinzaine d’années, il réfléchit au futur de la lumière urbaine et au rôle que doit jouer l’obscurité en ville. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de référence et de nouvelles de science-fiction.
Sommaire
Enjeux et acteurs de l’éclairage urbain
Stratégie et conception des aménagements urbains et paysagers
Caractéristiques et cycle de vie des installations d’éclairage
Évolutions et perspectives pour l’éclairage urbain
Réalisations exemplaires
ISBN 978-2-281-14646-2
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