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À découvrir au salon

L’artisan suisse,

Face à la conjoncture actuelle, les artisans suisses doivent promouvoir leur savoir-faire. Exemple de deux entreprises d’ébénisterie très différentes.

souvent meilleur

Texte et photos : Sophie Kellenberger

arce que les délais et les prix sont de plus en plus serrés, mais surtout parce qu’on ne les connaît pas assez, les artisans suisses sont à la peine, dans la construction, face à la concurrence étrangère, toujours plus active et encore favorisée par le franc fort. La prestation helvétique, souvent plus originale et de meilleure qualité, peut pourtant se révéler particulièrement intéressante, comme les visiteurs de Habitat-Jardin peuvent le constater.

Sedarca «Il nous manque souvent le goût des belles choses» La difficulté actuelle est le manque de commandes: il est très difficile de se faire connaître. «Mes concurrents sont meilleurs en termes de marketing, mais pas en termes de produit final», observe, en s’efforçant de rester très objectif, Philippe Emery, l’ébéniste d’art à la tête de Sedarca depuis vingt-cinq ans. Pratiquant un design contemporain chic et classique, il a avec ses clients un dialogue très ouvert et clair sur les prix et la prestation. «Mais souvent, par sécurité ou par peur, celuici préférera le magasin chic et l’effet rassurant d’une marque plutôt que le travail de l’artisan.» Pourtant, dans le haut de gamme, son entreprise, Sedarca, est concurrentielle avec tout ce qui se fait sur le marché en matière de mobilier, en ayant l’avantage de proposer des objets sur mesure, correspondant à la sensibilité et à la personnalité de chacun de ses clients. Philippe Emery souligne la relation qui le lie à sa clientèle. «Pour moi, le luxe absolu, c’est la confiance que le client met dans la relation avec l’artisan. Avec, en apothéose, un résultat final qui dépasse même ses attentes. Malheureusement, en Suisse, nous avons peu de considération pour l’artisan», glisse-t-il. Il évoque les pays limitrophes, comme la France ou l’Italie, plus enclins à s’adresser aux métiers d’art. «Nous avons ici, c’est sûr, un très grand savoir-faire, mais il nous manque de la verve, le goût des belles choses.»

Sedarca L’entreprise, sise aux Friques, entre SaintAubin et Villars-le-Grand, compte six employés, dont deux apprentis et deux femmes. L’espace d’exposition est ouvert sur rendez-vous au cœur du vieux Avenches, à la rue Centrale 10, pour admirer des tables différentes et toutes les collections exclusives de meubles et sièges. www.sedarca.ch

Réalisations marquantes Philippe Emery a conçu le nouveau mobilier du bateau à vapeur le Neuchâtel, lancé en 1912. Il a travaillé pour le Musée Patek Philippe à Genève ou pour le Palace de Montreux, sans oublier la table ronde de la salle de conférences de l’OMC. La majeure partie de sa clientèle est composée de privés souhaitant un mobilier de salle à manger sur mesure. Il travaille exclusivement avec du bois suisse. Gruyéria «Nous commençons là

où les autres s’arrêtent» Les visiteurs d’Habitat-Jardin ont également la surprise cette année de constater le nouveau virage de l’entreprise gruyérienne. Ayant amorcé un premier changement dans les années 1960, elle continue en effet de se réinventer. Créée en 1885, elle ne connaissait au départ que le travail du bois, l’unique métier de l’entreprise familiale jusqu’en 1960. Alors que le marché devenait plus difficile et que

Gruyéria Cette entreprise familiale existe en plein cœur de la ville de Bulle depuis 1885. Elle emploie aujourd’hui 88 employés, la plupart techniciens et ébénistes-menuisiers. Gruyéria forme en permanence huit apprentis. Showroom exceptionnel à la rue du Vieux-Pont 65 à Bulle. Sélection de meubles des plus grandes marques de design, extrêmement pointue et reflétant les tendances du moment. www.gruyeria.ch

de nombreux ébénistes mettaient la clé sous la porte, la troisième génération a eu le réflexe d’appliquer son savoir-faire dans le conseil, le dessin, la réalisation et la coordination de différents corps de métier en matière d’agencement intérieur. «Notre devise actuelle est de dire que nous commençons là où les autres ébénistes s’arrêtent», ajoute le directeur commercial.

Dans la cour des grands Pour être concurrentielle avec l’étranger, l’entreprise s’est dotée des machines de dernière génération et continue à anticiper les demandes. La visite de l’usine est impressionnante; en sortent aussi bien des agencements haute couture que du mobilier particulier, ainsi qu’un important travail de finition, vernis, peinture ou brossage réalisés dans ses ateliers. La clientèle trouve ainsi un service complet. Allant, par exemple, de la réalisation de la table à manger jusqu’à l’entier de son aménagement, tapisserie, plafond, éclairage… ●