Extrait "Artiste, un entrepreneur ?"

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L’un avec l’autre La troisième possibilité est celle de la collaboration : celle du « petit » artiste avec le « grand » entrepreneur, ou la collaboration sur un pied d’égalité. Il existe ici aussi de nombreuses variantes. Le monde de l’entreprise a, sur celui de l’art, une grande avance en matière d’organisation, de structure et de politique. C’est une nécessité pour pouvoir planifier, produire et vendre efficacement. Le monde de l’art repose en grande partie sur la créativité, l’ardeur, le volontariat et le dilettantisme, même si les choses ont beaucoup changé ces dernières décennies. L’adoption d’une série de décrets en matière de politique culturelle, le dernier en date étant le décret flamand sur les arts (2004), a obligé les organisations culturelles de Flandre à se structurer sur le plan non seulement artistique, mais aussi commercial. Cette évolution implique une professionnalisation accrue, à laquelle le monde de l’entreprise peut apporter un savoir-faire considérable. C’est ainsi qu’apparaissent de véritables entreprises culturelles (voyez le Vooruit à Gand, deSingel à Anvers, le Beursschouwburg à Bruxelles), dont les exigences en matière de gestion commerciale sont aussi élevées que celle de n’importe quelle Petite ou Moyenne Entreprise (PME) du secteur économique. On remarquera à cet égard qu’une nouvelle fonction importante est apparue ces dernières années : celle de dirigeant commercial d’organisation artistique. La demande du secteur est énorme, l’offre est rare. En tout état de cause, le secteur économique s’impliquera de plus en plus dans l’entreprise artistique. Une autre collaboration peut également s’établir entre l’artiste et l’entrepreneur. Certaines œuvres d’art, telles que les installations mais aussi les œuvres numériques, ne peuvent plus être réalisées de manière « artisanale » par l’artiste même, comme cela a été le cas pendant des siècles pour une peinture, une statue ou une photo. L’artiste doit donc faire appel à des hommes de métier, des techniciens, des spécialistes pour faire réaliser une œuvre. Des sculpteurs sur bois d’Asie du Sud-Est travaillent pour Wim Delvoye, des forgerons de Flandre-Orientale prêtent leur concours à des artistes tels que Jan Fabre, Panamarenko et d’autres, tandis qu’une entreprise de haute technologie comme Siemens apporte son savoirfaire numérique aux installations de Kris Vleeschouwer. C’est ici que les deux parties se rencontrent : une petite entreprise artistique et une petite ou grande société. Ces petites entreprises artistiques peuvent du reste aussi être considérées comme la perpétuation de l’atelier de peintre classique des siècles passés : des artistes tels que Jan Fabre, Wim Delvoye, Luc Tuymans et d’autres possèdent leur propre petite

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L’artiste un entrepreneur ?


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