Extrait "Archipel Tintin"

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cette sémiotique rigoureuse dont il nous a déjà donné de convaincantes illustrations, notre auteur distingue le vol (auquel correspond le bric-à-brac), l’achat (source de la collection) et le don (propre au trésor). Chacun de ces trois modes détermine par ailleurs une forme de regroupement des hommes, et suscite en outre chez Tintin une fonction spécifique. L’espace sacré « terrestre » se structure, selon certaines traditions, par réfraction du monde céleste. C’est ainsi que l’architecture de l’église miniaturise celle du cosmos, que l’on a comparé le chemin de Saint-Jacques à la Voie lactée, ou que la carte de l’implantation des cathédrales reproduit celle des constellations. C’est à une lecture de ce genre que se livre le dominicain Dominique Cerbelaud, en décelant dans l’archipel des principaux personnages du corpus une sorte de reflet d’une nébuleuse « céleste »  : celle des principaux personnages du Nouveau Testament. Tintin, compris ici comme « héros christique », se trouve en effet au centre d’un réseau de relations analogue à celui qui entoure le Jésus des évangiles. Selon une perspective théologique assez voisine, le personnage de Séraphin Lampion aurait tout… d’un météorite. À la suite de ses études inoubliables sur Haddock, Tournesol ou les Dupondt, Albert Algoud se livre ici à une étonnante réévaluation de l’envahissant assureur. Réévaluation, ou pour mieux dire réhabilitation  : angélique par son prénom et lumineux par son patronyme, ce personnage se réclame en outre d’un « oncle Anatole » dont l’étymologie évoque le soleil levant  ! Pourtant ce corps céleste, qui fait irruption lors d’une nuit d’orage, a tout du perturbateur – pour rester poli. Dès lors, on est 11


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