La Tour Info 10

Page 15

La Tour Info n° 10 – Juin 2011

15

Oncologie

Les progrès permanents

M

ode de vie ? Démographie ? Vieillissement de la population ? Myriade de substances toxiques nouvelles et omniprésentes ? Rayonnements et radiations ? Facteurs génétiques ?… Il est difficile d’isoler les causes de l’actuelle augmentation des cas de cancer. Heureusement, les moyens de lutte se multiplient, et leur efficacité grandit considérablement. Interrogeons le Dr Michel Forni, oncologue à la clinique de Carouge. «Avant de lutter, sachons pratiquer la prévention attentive et les dépistages précoces. Ce bel axiome, nous ne saurions trop le rabâcher. Prévention: les habitudes à combattre sont archi-connues: tabac, alcool, alimentation négligente, grillades charbonneuses, excès de soleil… Ajoutons beaucoup d’autres causes moins importantes, peut-être, mais plus insidieuses. A contrario, faut-il refaire l’éloge des fruits et légumes, des fibres ou de l’exercice régulier ? Quant au dépistage, nous savons tous qu’il doit intervenir tôt. La probabilité de guérison s’en voit grandement accentuée. Le dépistage systématique concerne avant tout les tumeurs du sein, du col de l’utérus, de la prostate, du colon et de l’épiderme pour les mélanomes. Dans le cas du sein, la grande défense préventive demeure la palpation régulière et la mammographie. Aujourd’hui, le médecin prend en compte les possibles récurrences familiales. Il peut alors rechercher a priori des anomalies chromosomiques, des mutations génétiques de prédisposition. Il existe en effet des gênes associés à des tumeurs (les BRCA1 et BRCA2). Leur mutation est significative de risque. Dans certains cas, une chirurgie prophylactique sera même indiquée. Le médecin sait également de mieux en mieux mesurer les risques de récidive après traitement. Des tests nouveaux, mais encore coûteux, il est vrai, (Oncotype ou Mammaprint) mettent en lumière les seuils à partir desquels il faut intervenir. Quant à aux traitements – chirurgie, radiothérapie,

chimiothérapie, hormonothérapie – eux aussi ne cessent de s’affiner. La robotique peut limiter l’étendue invasive de certaines interventions. Lors de l’exérèse d’une petite tumeur mammaire localisée, la radiothérapie intra-opératoire peut remplacer les longues séances post-opératoires. Une seule irradiation en cours d’opération suffit. Pour la prostate, le dépistage systématique (toucher rectal et dosage régulier du PSA) a prouvé une heureuse incidence sur de vastes populations. Aujourd’hui, des tests plus précis sont en cours d’évaluation. Ainsi, pour chaque organe et chaque type de tumeur, les progrès sont incessants. Nous serions tentés de dire «pour chaque patient». La médecine aborde en effet l’ère de traitements sur mesure, un domaine très complexe, mais prometteur. Il verra une manipulation favorable de certains gènes personnels. «D’ici cinq ou dix ans, nous ne traiterons plus le cancer ou certains cancers comme aujourd’hui. Des révolutions sont en marche, conduite par l’ère des biomarqueurs qui vont permettre d’affiner le traitement et le contrôle biologique, ainsi que le génétique. »

Propos recueillis auprès du Dr Michel Forni


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.