HYPE#5

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HYPE #5

Nouvelle

Formule

Le webzine amateur des artistes amateurs

Guillaume Kayacan, Mia April, Yard of Blondes, etc ...


LE webzine amateur des artistes amateurs L HYPE a 1 an !

1 an avec Théo Gosselin, Julie Michelet, Léa Chelli, Sophie Groult, Auriane Allaire, Valentin Marceau, Meskins, Olga Valeska, Nans Rivoire, Marky, Johanna Rolle, Paul Villard, etc. 1 an avec l’équipe : Manon Mella, Michel Cariou, Paul-Julien Roux, Emilien Barthoulot, Kamel Bouknadel, Julie Héry, Andy Constantin, Antoine Debargue, Florence Bousquet, Milène Jallais, Caroline Mélia, Sofia Babani, Anne-Sophie Harry, Jalis Vienne, Alexandre Pilon ; Cindy Lee, Hippolyte Prigent, Lauren Rozenberg, Akhean Polart. 1 an avec nos 2411 lecteurs et leur soutien. Merci à vous tous ! Julie Robin

COUVERTURE Guillaume Kayacan

http://3bigmamas.tumblr.com/


Le fabuleux LE webzine amateur des artistes amateurs LE sommaire de Hype P.6

PHOTO

GALERIES : Guillaume Kayacan, Théo Gosselin, Stephen Dock et Julien Dumas

MUSIQUE

P.19

Rencontres : Mermonte, Yard of Blondes, FMR, Mia April Actu Musique : Aesop Rock, Bobby Womack, Pink, Raphael, Alt-J (Δ), Hot Chips

P.33

CINÉMA

Prochainement : Tell Me Lies Critique : Holy Motors, The Dark Knight Rises

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P.35

MODE

Femme : RentrÊe et Grisaille, tout pour garder le moral! Homme : Couleurs d’automne

ART

P.42

Rencontres : Fabian Ciraolo, Alexis Persani

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P.44

LITTÉ

A découvrir : Mémoires d’une catin de Francesca Petrizzo

CONFIDENCES

P.45

A découvrir : Petit Pamphlet

P.48

BLOG

Les trésors du net : Qui veut pister Paris ?, The Socialite Family, Simply Breakfast

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Guillaume Kayacan


PHOTO / Galerie

Guillaume Kayacan

Texte : Anne-Sophie HARRY

A seulement 24 ans, ce jeune Bruxellois est la petite tête blonde qui monte qui monte qui monte. La passion de la photo lui est arrivée presque comme un hasard, au départ par simple curiosité ; comme certains auraient joué avec des billes, lui joue avec un appareil jetable. C’est à partir de 2007 que la passion ne cesse de grandir, pour faire désormais partie intégrante de lui-même. Alors Guillaume Kayacan se lance à fond, écume les forums sur internet, multiplie les contacts, les projets, expérimente, construit des images flashy et percutantes. On aime ou on n’aime pas. En attendant, l’adolescent ne laisse personne indifférent. Pendant et après avoir fait ses armes au prestigieux institut d’art et d’architecture de Saint-Luc, toujours à Bruxelles, il décide de s’orienter vers la photographie de mode et la photographie institutionnelle. Sa chance sera d’avoir presque à chaque fois carte blanche sur ses choix artistiques, ce qui lui permet d’approfondir sa technique ainsi que sa créativité. Aujourd’hui plus sage, Guillaume Kayacan revient à l’essentiel et part à la recherche d’une photographie intemporelle ; de celle que l’on garde précieusement au fil du temps et qui se nourrit des jeux d’ambiances. Sobriété, pureté, beauté. Tout est là. Guillaume Kayacan mène donc sa barque avec habilité, et continue d’enrichir ses collaborations qui ne cessent de grandir. Et pas des moindre, puisqu’il collaborera prochainement avec Gioia Seghers ainsi que Thomas Coccimiglio, deux fashion designers tout aussi prometteurs. La nouvelle vague débarque! Attention donc, ce garçon fera parler de lui. En tout cas, c’est tout ce qu’on lui souhaite... Retrouvez le travail de Guillaume sur son site et son facebook.

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PHOTO / Galerie

Théo Gosselin

Texte : Anne-Sophie HARRY

Septembre... Les feuilles mortes se ramassent à la pelle et la nostalgie des bons moments d’été vous gagne ? Tout n’est pas perdu... Issu de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design (ESAD) d’Amiens, Théo Gosselin est un jeune photographe qui nous ouvre les portes de son carnet de voyage. Dans son travail, il capture des images intimistes, témoignage reflétant la vie quotidienne d’une jeunesse actuelle, parfois en marge, avec ses propres codes. Des instants de vie, d’amour, de violence, de mal être. Des clichés présents comme pour rendre éternelle la jeunesse de cette génération qui refuse de suivre le mouvement imposé. Nudité, décadence, liberté, et moments de vie sur la route, Théo Gosselin ne se pose aucune limite, tout en restant, sensible, à la fois le sujet et le spectateur. Et cela se traduit dans sa légèreté et sa faculté à capter ces instants oubliés du temps. Actuellement, Gosselin voyage à travers les États-Unis avec ses amis, et réalise un film. Les détails du projet sont sur www.goodbyehorses.us. Le site est plein de belles photos à ce jour. Il ressemble à un beau projet, et nous allons certainement garder un œil dessus. Retrouvez le travail de Théo sur son blog.

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ThĂŠo Gosselin thĂŠo gosselin

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PHOTO / Galerie

Stephen Dock

Texte : Anne-Sophie HARRY

A seulement 23 ans, Stephen Dock plonge dans l’action et nous emmène en immersion dans le conflit syrien. Originaire de Mulhouse, Stephen a décide de partir là-bas, afin de témoigner de ce qu’il s’y passe réellement. Soutenu par l’agence de presse Corbis, ce dernier s’envole fin 2011, direction la Turquie afin de passer la frontière. Deux des 4 passeurs avec qui il traversa la frontière seront tués quelques jours après. Au court de son périple, Stephen vit le conflit de l’intérieur... Tour de passe-passe avec les autorités, zone de contrôles, trajets à risque, manifestations, torture... Il sera plusieurs fois pris pour cible dans ce pays ou la liberté de la presse et de l’image n’existe pas. Stephen rentrera en France en décembre, le boitier rempli de clichés, intenses. De ces clichés qui ne laissent personne insensible. Certains seront publiés notamment dans le prestigieux Daily Telegraph. Une fierté pour lui, resté profondément marqué par toutes ces personnes rencontrées là-bas, dont il n’a plus de nouvelles. Depuis son retour, Stephen ne pense qu’à une seule chose : repartir. Mais les tensions grandissantes et la montée des violences rendent le projet risqué et difficile. Alors, en attendant un moment plus propice, Stephen continue de regarder au loin, direction ailleurs. Retrouvez le travail de Stephen sur son Corbisimages.

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PHOTO / Galerie

julien dumas

Texte : Anne-Sophie HARRY

Révélation de la dernière édition du concours SFR JEUNE TALENT, Julien Dumas explore l’inexpressif, la neutralité, l’esthétisme brut. Dans son projet None ethnies, il révèle la féminité à travers des portraits doux, intimes, sensibles, purs et qui mettent en exergue la puissance même de cette féminité, entre désir et contradiction de la religion. C’est au détour d’un voyage aux États-Unis en 2009 que Julien Dumas découvre le travail de Richard Avedon, dont il tomba amoureux. Des portraits en noir et blanc féminins et sensuels. A son retour, Julien décide de se mettre également à la photographie et achète son premier reflex. Tout de suite, le ton est donné. Julien travaille sur des portraits de jeunes femmes, prémisse de None Ethnies. A la recherche de la neutralité absolue. C’est pendant Paris Photo 2011 qu’il découvre le concours SFR JEUNES TALENTS. La suite s’enchaine rapidement. Après avoir déposé son dossier, Julien est révélé parmi les grands gagnants du concours lors de l’exposition qui a eu lieu cet été à Arles. Une véritable chance pour notre jeune photographe de faire connaître son projet et de sortir son épingle du jeu dans ce milieu élitiste. C’est donc fier de ce coup de projecteur que Julien poursuit son œuvre en s’orientant désormais sur des images inspirés directement de l’univers cinématographique... La suite est à voir sur son site internet.

Retrouvez le travail de Stephen sur son site.

None Ethnies

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MUSIQUE / Rencontre

Mermonte

Texte : Paul-Julien ROUX

Découverte et sensation pop de ce début d’année, Mermonte rafraîchit et dépoussière un style un peu en désuétude en France, mais pas que. Porté aux nues par la plupart des critiques dès la sortie de leur premier album au printemps, le groupe, composé de dix membres en live (!) prend son envol avant une tournée hexagonale cet automne. Cette première production impressionne effectivement, à la fois légère et symphonique, atemporelle mais clairement contemporaine, simple dans ses mélodies et complexe dans son orchestration, elle invite au voyage, et en français dans le texte, s’il vous plaît. Rencontre avec le cerveau de ce projet, Ghislain Fracapane, leader touche à tout et hyper-productif d’un groupe qui n’a pas fini de nous surprendre.

Bonjour Ghislain, je te laisse le soin de présenter Mermonte, le groupe qui est en quelque sorte ton bébé :

je suis interprète dans Lady Jane, un groupe de psyché-blues. N’est-ce pas un peu compliqué de jouer sur scène et d’enregistrer à dix ?

Mermonte est un groupe Rennais qui a réellement pris forme fin 2011. Nous sommes dix membres et l’on peut qualifier notre style de pop orchestrale.

Pour ce qui est de la scène, c’est assez simple car nous sommes très bien entourés. Nous travaillons avec des tourneurs, (Les Tontons Tourneurs et Bfso Booking) qui font du très bon travail. Nous avons également un manageur et un coordinateur (Jean-François Guilbaut et Angélique Beaulieu) qui sont d’une grande aide pour tout ce qui concerne l’organisation. Enfin, en studio, seule la moitié du groupe enregistre afin d’avoir un seul son pour les guitares par exemple.

Votre premier album est sorti au début de l’été. Sa genèse a été, je crois, un peu longue. Peux-tu me raconter en quelques mots comment tu es passé de l’idée, seul, à la conception de la galette, à dix ? J’ai commencé seul dans mon appartement à faire de la musique pour m’amuser en marge de mes autres projets. J’ai fait écouter mes démos à mes amis qui m’ont poussé à finaliser mes morceaux, à les jouer en concert puis les enregistrer en studio.

Quelles sont vos principales influences ? Il y en a beaucoup. Je dirais Steve Reich, Beach Boys, Beatles, Sufjan Stevens, Mulatu Astatke, Phillip Glass, Efterklang et David Axelrod, Fela Kuti, Jim O’Rourke et bien d’autres…

Quels sont d’ailleurs tes autres projets ? Peux-tu les décrire ? Il y a tout d’abord Fago Sepia qui est un groupe de mathrock. Nous avons parcouru une bonne partie du globe en tournée (nous partons d’ailleurs au Canada dans quelques semaines) et avons sorti des albums en France, au Japon et au Canada. Je suis également membre d’Heliport, un groupe de punkrock composé en grande partie de musiciens de Mermonte. En raison du travail que nous demande ce dernier, ce projet est un peu en stand-by. Enfin,

Certains de vos textes sont en français, ce qui est parfois périlleux dans la pop. Le résultat est pourtant probant, alors les questions qui me viennent à l’esprit sont : pourquoi chanter en français et comment vous y êtes-vous pris ? Je trouve justement que chanter en anglais peut être très périlleux, car beaucoup de groupes imitent trop les anglophones, ce qui peut devenir rapidement une parodie. Et puis tout simplement il me paraît plus facile et naturel de m’exprimer dans ma langue maternelle. Le plus difficile alors est d’éviter le cliché chanson française ou variété. L’engouement autour de vous depuis la sortie du disque est assez impressionnant, surtout venant de critiques plutôt pointus en la matière (Inrocks, Télérama…). Comment

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vivez-vous cette notoriété un peu rapide ? N’est-ce pas à la fois très gratifiant et assez effrayant ? C’est génial et je pense qu’il est temps qu’un de mes projets touche un public autre que les spécialistes de musique. C’est très gratifiant car nous avons pu, dès les premiers concerts, jouer devant beaucoup de gens. Ce qui est un peu effrayant c’est le fait de laisser tomber pas mal de choses et ainsi prendre des risques dans le but que le projet grandisse de plus en plus. Justement, les artistes loués par les spécialistes ont souvent du mal à toucher le grand public. Qu’en penses-tu et comment comptezvous y prendre pour élargir votre auditoire ? L’avantage avec Mermonte, c’est que la musique pop que nous proposons est populaire par définition. Fago Sepia, par exemple, intéresse un public fan de musique indépendante et concerne donc un public moins large. Le tout est complémentaire. Hype est un webzine qui a pour vocation de s’intéresser particulièrement aux artistes amateurs. Je vous pose donc la question : pouvez-vous déjà, ou pensez-vous pouvoir un jour vivre de votre musique ? Par extension, comment vois-tu l’avenir du groupe, quels sont vos souhaits, vos rêves ? Nous commençons déjà à faire des gros concerts et des festivals où nous avons la chance d’être payés correctement malgré le nombre de musiciens dans le groupe. Aussi, beaucoup d’entre nous arrêtons nos emplois pour ne faire que ça. Donc, nous espérons pouvoir en vivre dans pas trop longtemps. Ce qu’il y a à souhaiter c’est de tourner un maximum, que notre musique touche le plus grand nombre de personnes et que le groupe dure le plus longtemps possible. Ecouter l’album sur le Bandcamp.

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MUSIQUE / Rencontre

Yard of Blondes

Texte : Paul-Julien ROUX

Deux Français en exil à l’autre bout du monde. Une rencontre, par hasard. Un hasard qui se transforme rapidement en destin. Fanny Hill et Vincent Walter Jacob se croisent donc il y a environ deux ans dans la cité des anges. Tous deux décident de faire un bout de chemin ensemble et arpentent leur nouveau terrain de jeu urbain avant de partir se perdre dans le désert de Californie, bastion musical parmi les plus fameux de l’état. Les lieux a priori inhospitaliers qu’ils vont parcourir sauront pourtant se montrer très généreux et nos deux expatriés récolteront rapidement les fruits d’expériences et de rencontres incroyables qui les conduiront à jouer et enregistrer dans des endroits mythiques avant d’être encensés par la presse indé locale. Forts de toutes ces attentions, de cette reconnaissance et de cette nouvelle assurance, ils enregistrent un E.P. cinq titres qui sort en même temps que ce numéro de HYPE. Après des débuts plutôt folk, Yard Of Blondes explore dorénavant un univers bien plus rock dans ce recueil pêchu, au concept mystérieux et illustré par deux teasers énigmatiques qui ont tourné sur les plateformes vidéo cet été. Il est donc question de meurtre et même de science du meurtre dans ces chansons d’amour un peu particulières, comme dans Murderology qui ouvre les hostilités avec une puissance rare et une violence toute en retenue. L’introduction parfaite en quelque sorte, dans un style très stoner rock qui rappelle clairement Queens Of The Stone Age, que les deux Frenchies ont rencontré dans le désert et pour lesquels ils ont d’ailleurs ouvert, une influence assumée par Vincent lui-même. Le style est direct, coup de poing presque, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est diablement efficace. Monomoria enfonce le clou avec brio avant Requiem For A Lover et le coup de grâce. Sailors et son intro douce et trompeuse fait mine de caresser l’auditeur groggy dans le sens du poil avant le déchaînement hypnotique qui en finit une bonne fois pour toute, K.O. technique, dans les cordes. Icicle s’amuse donc avec notre cadavre démembré, tel le chat avec la souris à l’agonie, faisant exploser avec classe et hargne nos dernières résistances. Avec sa nouvelle formule et cet E.P. chirurgical, Yard Of Blondes s’impose clairement comme un groupe à l’avenir prometteur, aussi bien outre atlantique que sur le vieux continent. A suivre avec grand intérêt donc, avant un débarquement dans l’hexagone pour quelques concerts que l’on imagine… torrides et mortels.

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Mais avant tout cela, rencontre avec Vincent : Salut Vincent ! Pour commencer, peux-tu nous faire un rapide historique du groupe et expliquer aux lecteurs comment vous vous êtes retrouvés en Californie ? Vincent : Salut HYPE ! Yard of Blondes est né à Los Angeles en 2010 quand Fanny et moi nous sommes rencontrés à Venice. Nous étions venus chacun de notre côté avec l’idée de nous installer à Los Angeles, d’y faire de la musique et prendre un nouveau départ. Nous avons commencé à composer et la première mouture de Yard Of Blondes était constituée de notre duo, dans une ambiance folk avec des harmonies pop, inspirées par la Californie et ses étendues désertiques. Nous avons pris la route rapidement tous les deux pour nous produire un peu partout à travers l’état en nous arrêtant dans toutes les villes qui se présentaient à nous. Ça nous a fait un bien fou de nous perdre dans le désert de Mojave et surtout ça nous a donné une inspiration incroyable pour notre musique. On a réussi à trouver du travail pour pouvoir rester à Los Angeles et au bout d’un an à peaufiner notre univers et notre lifestyle, à nous nourrir d’influences et d’expériences de vie, on a décidé de démarrer clairement les hostilités en trouvant d’autres musiciens pour devenir un groupe à part entière. Depuis six mois, on répète tous ensemble en formation complète, on vient d’enregistrer notre premier EP en tant que groupe, on a commencé à tourner et les choses se présentent bien puisqu’on vient d’être élu groupe du mois à Los Angeles par le Delimagazine, une référence nationale pour la musique indépendante. Pouvez-vous nous donner plus d’informations quand au concept de Yard Of Blondes et de cette nouvelle production illustrée par des teasers assez énigmatiques ? Pour ce nouvel EP, on a pris le parti de nous éloigner des influences pop/folk avec lesquels on a construit notre duo. Avec l’arrivée des autres membres, j’ai eu l’envie de quelque chose de plus brut mais aussi plus complet. J’ai été très inspiré par les Murders Ballads du XIXème siècle et j’ai voulu construire un univers sombre dans lequel l’amour et la mort sont synonymes. Les Murders Ballads sont des ballades folk traditionnelles dans lesquelles étaient décrits des assassinats, souvent il s’agissait d’ailleurs d’un homme qui en finissait avec la femme qu’il aimait. L’idée est de reprendre ce concept ancien et d’en faire quelque chose d’actuel. Ce sera plus clair au niveau des visuels d’ailleurs. On est en train de préparer un clip qui va éclairer les gens par rapport à nos teasers, qui n’en disent pas trop, tout en donnant un soupçon de ce qui arrive. On a utilisé des images anciennes libres de droits pour ne pas dévoiler le caractère graphique du clip qui va sortir.

On sent une certaine évolution entre votre premier EP 2 titres et le nouveau, beaucoup plus rock, plus direct… Comment interpréter cette différence ? La différence vient du fait qu’on passe de deux membres à cinq et également des influences qui se sont ajoutées à celles qui m’avaient nourri au départ du projet. Je me suis dit qu’on était encore trop jeune pour faire de la folk… Le rock est revenu naturellement à moi et c’est un exutoire incroyable sur scène. Vous avez pas mal tourné en Californie, ouvert pour des groupes prestigieux puis enregistré dans un studio qui a vu passer de grands noms. Pouvez-vous me détailler ces expériences et me dire ce qu’elles vous ont apporté musicalement ainsi que personnellement ? Le rêve américain ce n’est pas qu’une légende. La scène rock est assez confidentielle finalement ici comme à Paris, et j’imagine que c’est le cas de toutes les grandes villes du monde. Evidemment, en habitant à Los Angeles, tu multiplies les chances de pouvoir travailler avec des gens de talents, parfois reconnus. On a eu la chance de croiser la route de Ted Quinn, une figure locale légendaire du High Desert qui nous a ouvert ses bras et nous a aidés à faire de belles rencontres. On a tissé des liens avec la scène désertique, premièrement, quand on s’est mis à tourner du côté de Joshua Tree et très vite ce réseau s’est développé jusqu’à la scène angelinoise. Quand tu partages des expériences fortes avec des gens passionnés, l’amitié vient naturellement et on essaie chacun de s’apporter quelque chose. Avec Ted Quinn on a eu l’opportunité d’enregistrer avec son voisin et ami Tony Mason, qui a travaillé sur KYUSS, les Desert Sessions ou les albums de Brandt Bjork, entre autres. En retour on a lancé l’idée de monter un label dédié aux musiques influencées par la culture du High Desert Californien. D’ailleurs, on planche en ce moment sur une première sortie qui sera un tribute au fondateur du légendaire Rancho de la Luna qui a accueilli les Queens Of The Stone Age, les Desert Sessions, Artic Monkeys, etc… Fred Drake, le fondateur originel, est mort il y a dix ans et on a senti que les gens de Joshua Tree avaient besoin qu’un hommage lui soit rendu. On a lancé cette idée et aujourd’hui je peux dire qu’on est en bonne voie pour sortir un disque avec de grands noms qui se sont prêtés au jeu. Je ne peux pas encore dévoiler ce qu’il en retourne mais on vous tiendra au courant… De retour à Los Angeles, Alain Johannes (Queens Of The Stone Age, Eleven, Them Crooked Vultures…) nous a invités à ouvrir pour lui. Cela n’a été possible que grâce à l’entremise de nos amis Junior Rodriguez (Darkness Dynamite) et Louise Albert Decouflé, deux français qui sont devenus depuis peu la section rythmique de Tilghman: Nighheads, le nouveau de projet d’Alain avec la chanteuse Tilghman Branner. On a eu aussi l’opportunité de partager la scène avec Hermane Düne au Théâtre Raymond Kabbaz, qui propose une programmation

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dédiée aux français de Los Angeles. Enfin, en ce qui concerne le nouvel EP, on s’est retrouvé complètement par hasard à enregistrer dans le studio de Billy Graziadei, le guitariste chanteur de Biohazard qui nous a ouvert ses portes avec une gentillesse incroyable. On a eu la chance d’avoir son soutien dans notre démarche et ce grâce à Julian David, notre producteur, qui travaille avec lui. Toutes ces expériences, ces rencontres, c’est chaque fois une cerise énorme qui s’ajoute à notre gâteau et on en ressort grandi. Autant dire qu’on a emmagasiné beaucoup de confiance grâce aux encouragements de tout ce monde et on a pensé qu’on avait vraiment notre carte à jouer. Donc on lance l’EP en fanfare en espérant que les Français nous soutiennent. On est loin de notre pays mais on représente fièrement une culture que les américains nous envient. On a découvert ça avec surprise. Les gens sont super ouverts ici, ils adorent la France et les Français donc c’est toujours une joie de se sentir accueilli, ce qui décuple notre confiance et notre volonté. On ne s’est pas trompé d’endroit en débarquant à Los Angeles.

D’ailleurs, comment vivez-vous votre nouvelle notoriété, et comment imaginez-vous l’avenir du groupe ? Pour le moment, on va dire que notre banquier ne voit pas vraiment la différence mais évidemment, on est super content du retour que nous recevons des gens qui se retrouvent dans notre musique, en espérant qu’ils soient de plus en plus nombreux à venir partager l’aventure avec nous. J’ai une vision assez claire de ce qui nous attend dans les prochains mois et je peux déjà vous dire que la prochaine étape, après l’EP et le premier clip, ce sera de tourner un maximum et de sortir un album autour de Mars/Avril. On va aussi prendre le temps de s’occuper de notre structure «Hi Desert Lo Fi», de sortir notre tribute en espérant pouvoir sortir aussi d’autres artistes si le public s’y retrouve. Comment qualifieriez-vous les scènes musicales de Joshua Tree et de la cité des anges ? La scène du désert et celle de Los Angeles sont complètement différentes. A vrai dire, les gens qui vivent à Joshua Tree ont souvent fui L.A. C’est une scène beaucoup plus basée sur le partage entre musiciens, sur la créativité pure, dans un esprit proche d’une communauté Hippie, alors que la scène de la cité des anges est par définition plus urbaine, les groupes y sont plus à la recherche d’une carrière, et la concurrence est rude, comme dans le milieu du cinéma. Ce serait mentir que de dire que c’est une généralité, car nous sommes la preuve qu’on peut être à L.A. et partager, échanger avec d’autres artistes. La scène de Joshua Tree est plus folk en ce moment, il y a évidemment aussi des groupes de Stoner rock qui émergent depuis le succès des QOTSA. A Los Angeles en revanche,

au niveau du style, je dirai qu’on est encore dans le revival Cold Wave. Il y a pas mal de groupes qui mettent les synthés en avant et noient leur musique dans la réverb sur des rythmes dansant. D’autres groupes émergent ici en ce moment comme Dead Sara ou Mini Mansions qui, à mon avis, sortent du lot en s’éloignant de ce qui est devenu le cliché actuel de la musique angelinoise. Il y aussi encore et toujours un gros esprit de revival Hard Rock qui perdure autour du Sunset Strip. Pour ceux qui viennent à L.A., on conseille d’aller voir les programmations du côté de Silverlake, c’est là pour moi que l’on trouve les nouveaux artistes les plus créatifs et talentueux. Enfin, envisagez-vous à plus ou moins long terme de vous produire en France ou en Europe ? Non seulement on l’envisage mais on en meurt d’envie. Dans le groupe on est trois Français et deux Américains. Les Français ont bien évidemment envie de revenir en France pour présenter à notre public ce qu’on a maturé depuis deux ans. Et les deux Américains, Will et Dean ont envie de venir découvrir les scènes d’Europe, un continent qu’ils ne connaissent pas encore. Je ne sais pas quand cela se produira mais on en parle. Ça dépendra de comment évoluent les choses pour nous. On croise les doigts pour trouver un label et un tourneur européens qui veuillent bien nous épauler dans ce projet. A Bon entendeur ! Bisous… Infos utiles sur la page facebook du groupe.

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MUSIQUE / Rencontre

FMR

Texte : Sofia BABANI

Du haut de ses 22 ans, la guitare sous le bras, FMR écrit et compose depuis 3 ans. Rencontre avec cet artiste orléanais qui se promène entre acoustique et folk un épi de talent entre les dents.

Bonjour FMR. Parle-nous de ta musique.

Le triangle aussi c’est bien.

Ma musique est avant tout celle du cœur et de l’émotion, de la douceur et la simplicité des mots. J’essaye de rester simple en exprimant au mieux ce que je ressens. J’aime que le tout soit instinctif, brut, sans fioritures.

J’ai acheté une guitare sur un coup de tête sans même y connaître quoi que ce soit. D’abord je n’y touchais pas du tout et un jour je l’ai prise et j’ai directement commencé à composer mes propres morceaux. La guitare est un instrument qu’on peut emmener partout, le triangle aussi d’ailleurs, et puis on est collé contre lui, on ressent les vibrations des cordes en soi. Ça a un côté fusionnel que j’aime beaucoup.

Ce nom de scène, ça correspond à une philosophie de vie ? FMR, c’est un pseudo que j’avais trouvé il y a au moins 8 ou 9 ans quand j’écrivais des textes. Ce que maintenant on appelle slam. Je voulais utiliser un pseudo et il me fallait un mot, un seul, représentant tout à la fois. J’aime bien le fait qu’on soit uniquement de passage, que dans le monde actuel rien ne soit fait pour durer, comme une fin perpétuelle. Un peu comme une fleur prête à faner à chaque instant. Tout n’est que mouvement et changement. Finalement tout est éphémère. Tu diffuses sur le net des morceaux frais et folk, qu’est-ce qui t’inspires ? Un peu tout ce qui se passe autour de moi, de près ou de loin. Cela peut être un moment de vie comme un état d’esprit. Les autres restent ma principale source d’inspiration. En écoutant tes morceaux, on n’échappe pas à ta maîtrise de la guitare. Pourquoi ce choix ?

Tu as plusieurs concerts à ton actif. La scène, c’est une histoire d’amour ? J’ai fait quelques scènes. Je me souviens d’une particulièrement à Saint Jean de la Ruelle (près d’Orléans). Quand les gens chantent avec vous vos chansons ou vos refrains ce que l’on ressent est inexplicable. Sinon je fais souvent des scènes ouvertes dans des bars ou des grandes salles. Cela permet d’échanger avec des gens de tous horizons. Il y a un côté intime que j’aime énormément. Et même si il y a 250 personnes on peut vraiment poser une ambiance comme si on jouait dans son salon, mais en plus grand. Avec des morceaux comme Catch you soul, Forever, ou encore Same Words, on retrouve un univers très intimiste. Y a-t-il des thèmes récurrents lorsque tu écris ?

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L’amour, les liens entre les gens, le temps qui passe. Autant de choses qui m’ont toujours fascinées. J’aime dépeindre les éléments qui nous dépassent, toutes ces choses de la vie que l’on ne peut pas contrôler. Dans Catch your soul justement il y a cet esprit de préserver un moment unique et inoubliable pour le figer dans le temps, pour calmer les craintes et les doutes, pour arrêter le temps qui érode les souvenirs. Avec Ainsi va la vie, on a la surprise de t’entendre en français. Le reste de tes chansons est en anglais, pourquoi cet amour de la langue de Shakespeare ? Dès les premiers accords, j’ai directement écrit en anglais. Cela m’a paru naturel. C’est une langue que j’aime énormément. Notre langue est belle et merveilleusement utilisée par de nombreux artistes certes, mais je dois encore apprivoiser sa musicalité pour la faire sonner comme je le souhaite. L’anglais permet aussi de prendre plus de recul par rapport aux textes, on parle de soi mais en même temps c’est derrière la couverture de la langue anglaise. Je me cache peut être de ce que je souhaiterai avouer dans ma langue maternelle. Quels sont tes projets à venir ? L’année à venir devrait normalement boucler l’album auto-produit. Un clip est en préparation. Je continue à écrire notamment en français et souhaite faire à chaque fois quelque chose de différent. Apporter de nouveaux horizons dans mes titres est quelque chose d’important pour moi. Je veux également faire un maximum de concerts pour partager mon univers avec les gens. Par ailleurs si jamais qui que ce soit veut travailler avec moi ou me proposer une scène. Qu’on me fasse signe ! F-M-R sur facebook ou sur Soundcloud.

EN FLASH! L’album que tu as le plus écouté dans ta vie : Hugh Coltman - Stories from the safe house La chanson du moment : Fredrika Stahl - Rocket trip to Mars Un artiste qu’il faudrait ressusciter : Janis Joplin Le concert le plus marquant auquel tu ais assisté : Madjo et Puggy au festival Le jour J. Un duo rêvé : Ben Harper ou/et Jason Mraz.

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MUSIQUE / Rencontre

Mia April

Texte : Sofia BABANI

Mia April est une jeune lyonnaise qui baigne dans ce qu’elle appelle elle-même l’electro’n’pop. Depuis sa dernière scène pour le magazine Paulette, l’artiste a sorti le 25 juin dernier son premier EP, Young People EP. Portrait de cette compositrice-interprète qui a dans ses cuisines du rock, de l’electro, de la pop et son batteur de talent, Fat Kick Joe. Brothers (un groupe belge). J’ai choisi de mettre Young People et Folded sur l’EP car se sont deux titres sur lesquels j’ai eu de très bons retours. C’était donc pour moi une évidence et je n’ai pas hésité. Je souhaitais pour mon premier EP poser les bases d’un univers fait d’ombre et de lumière aussi ambivalent que peut l’être une larme de joie ou de tristesse. La pochette retranscrit d’ailleurs parfaitement cette dualité par le contraste du masque assez naïf et enfantin que je porte mais plongé dans une obscurité plutôt intrigante. As-tu déjà collaboré avec d’autres artistes ? Tu écris et composes tes chansons. Dis-nous Les collaborations avec d’autres artistes se font en un peu plus sur ce «rituel créatif». souvent sous la forme de remixes ou de covers. Des Je compose seule, devant mon ordinateur et mes instruments (une guitare, un clavier et une basse). En général, je commence l’écriture des morceaux par les lignes instrumentales sur lesquelles je pose ensuite le chant. Mais il m’arrive de temps à autre de procéder à l’inverse en partant d’une ligne de chant que j’ai dans la tête et que je viens ensuite arranger d’instruments. Je me sers de la voix plutôt comme un instrument que je me malmène avec autant de soin que ma basse ou ma guitare. Qu’est-ce qui inspire tes morceaux ? J’écoute beaucoup la radio et scrute les nouveaux artistes. En tant qu’auditrice, je suis totalement éclectique, fan de rock, de pop, de hip-hop, de jazz... Je peux autant écouter du Doris Day que les Talking Heads en passant par DJ Shadow ou Passion Pit. En ce qui concerne les influences directes sur ma musique, je pense que des groupes comme The Kills, les Dandy Warhols ou Soulwax me guident d’une certaine manière lorsque j’écris. Parle-nous de ton bébé EP né en juin dernier, Young People. On y retrouve deux titres originaux : Young People et Folded ainsi que 2 remix de Young People réalisé par DaTraxer (un producteur lyonnais) et The Fouck

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artistes ont remixé certains de mes morceaux (DaTraxer, The Fouck Brothers, Meïlwoon). J’ai également participé à une reprise d’un des morceaux du groupe WAT (Missil). Sinon, je suis membre du groupe trip-hop Y dont les membres sont parisiens et lyonnais et dont l’album devrait sortir l’année prochaine. Retrouvez Mia April sur Amazon, Deezer et Soundcloud et découvrez son EP Young People sur itunes.

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MUSIQUE / L’ Actu Aesop rock - Skelethon Texte : Paul-Julien ROUX

Le hip-hop n’est pas mort… Après un printemps prolifique (Quakers, El-P, Killer Mike), le hip-hop alternatif et indé a prouvé cet été qu’il avait de beaux jours devant lui avec le percutant Skelethon de cet artiste un peu à part qu’est Aesop Rock. Des lyrics acérés et débités à la vitesse de la lumière accompagnent une production sans faille, secouée de rythmiques complexes, sismiques même, et qui lorgne sans vergogne vers le rock, la pop, le classique et parfois le jazz. Des thèmes adultes et désabusés, sans illusion émanent de ce hip-hop qui tâche et n’hésite pas à se salir les mains, à des lieues des hits calibrés et aseptisés. Aesop, à la force de ses bras, tel le joaillier qui taille le diamant, invente un monde cohérent fait de souvenirs envolés à jamais, de fantômes qui reviennent hanter le commun des mortels pour un résultat impressionnant et à la hauteur de nos attentes. Et parfois au-delà même.

Bobby Womack -The Bravest Man in the Universe Texte : Paul-Julien ROUX

Légende vivante Quand une légende de la soul, disparue de la circulation depuis une bonne vingtaine d’années rencontre le phénomène hyperactif à l’origine d’une multitude de projets, dont Blur et Gorillaz pour ne citer que les plus importants, cela donne The Bravest man Of The Universe, le dernier (?) enregistrement de Bobby Womack. Connu essentiellement du grand public pour son morceau Across 110th Street remis au goût du jour par Quentin Tarantino en ouverture de l’excellent Jacky Brown, l’ami Bobby s’était fait remarquer par un début de carrière lumineux dans les années soixante-dix avant de devenir plus que discret ces derniers temps. Le voilà de retour, donc, avec un Damon Albarn qui s’emploie à mettre en avant la voix éraillée et graveleuse d’un des derniers barons de la soul dans cet excellent album à la fois moderne dans sa production et revival dans son esprit. Le résultat est probant malgré un dernier tiers un peu raté. N’empêche, Womack nous prouve, s’il en était besoin, qu’il a tout d’une légende, et qu’il est encore bien vivant. Chapeaux bas.

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Alt-J (Δ) – An Awesome Wave Texte : Paul-Julien ROUX

Nouvelle vague D’habitude, quand les médias s’empressent de nous annoncer tambour battant le nouveau phénomène pop/rock, il vaut mieux se méfier. Surtout quand ils sont anglais et qu’on les présente comme les nouveaux Radiohead. En général, la baudruche se dégonfle très vite, dès qu’une nouvelle source possible de buzz est identifiée pour tout dire, détournant ainsi les projecteurs et l’attention. Pourtant, quelques semaines après la sortie d’Awesome Wave, le premier effort d’AltJ (combinaison de touches pour obtenir le symbole delta -Δ- sur Mac), il faut se rendre à l’évidence : c’est un des tous meilleurs disques sortis cette année. Bon, tout n’est pas parfait mais Tessellate et Matilda à eux seuls, valent clairement le coup et méritent que l’on y prête une oreille. En définitive, c’est assez surprenant, et une fois que l’on s’est habitué à la voix nasillarde du chanteur, un véritable régal. A écouter de toute urgence si vous ne l’avez pas encore fait.

Hot Chip – In Our Heads Texte : Paul-Julien ROUX

La cigale et la fourmi Tandis que les fourmis ont travaillé ardemment pendant ce dernier été avant l’apocalypse, les cigales elles, ont dansé et chanté tout l’été sur Hot Chip et sa dernière livraison retrofuturiste, In Our Heads. Et on les comprend, même s’il aurait été de bon ton de descendre avec perte et fracas ce condensé de pop fluo, guimauve et kitch années 80, tendance lasers et dancefloors humides, victime expiatoire idéale pour un jeu de massacre élaboré. Malheureusement, après plusieurs écoutes, la sentence est sans appel : c’est du bon, voir du très bon, et il devient très vite difficile de ne pas résister à l’appel du pied lors de l’écoute des bombes que sont Flutes, These Days ou encore Motion Sickness… J’en passe et des meilleures. Même si les balades à l’eau de rose Look At Where You Are, Now There’s Nothing et Always Been Your Love sont franchement ratées, le reste tient la route. Et si au moment du jugement dernier, on venait à me demander : « que faisiez-vous au temps chaud ? », je répondrai alors allègrement : « Nuit et jour à tout venant, je dansais sur le dernier Hot Chip, ne vous déplaise ! »

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MUSIQUE / Sorties albums Oxmo Puccino - Roi Sans Carrosse Texte : Sophie BABANI

17 septembre

17 septembre Le cinquième album d’Oxmo Puccino, l’une des plus grandes plumes du rap français, est sorti le 17 septembre dernier. Onze titres qui marient hip-hop et sensibilité pour un cocktail d’une grande musicalité. Le premier extrait de l’album, Le Sucre Pimenté, dévoile une fois de plus un MC qui manie le verbe avec une rare subtilité. Cerise sur le gâteau, un clip entièrement en noir et blanc bien ciselé. Un concert est déjà prévu le 20 novembre 2012 au Bataclan.

Pink - The Truth about Love

Le nouvel opus de Pink, The Truth About Love, est sorti le 17 septembre. L’album a été co-écrit par Greg Kurstin que l’on connaît pour son travail avec les Red Hot Chili Peppers ou Jason Mraz. Le premier single, Blow Me (One Last Kiss) n’a mis que quelques jours à gravir les charts américains et à se hisser en tête des ventes ITunes en Australie. Petite surprise, le titre True Love, un duo avec la très enceinte Lily Allen elle aussi en préparation d’un troisième album.

Texte : Sophie BABANI

22 octobre

Raphael - Super Welter

Le sixième opus de Raphaël sera dans les bacs le 22 octobre. Deux ans après Pacific 231, cet album signe le retour de l’artiste avec des chansons écrites et enregistrées hors des studios sauf pour le mixage. Tout a été élaboré dans un appartement avec le producteur de l’artiste, Benjamin Lebeau (du groupe The Shoes). Le disque s’annonce plus joyeux et direct que Pacific 231, un album sombre qui à sa sortie n’a pas su toucher le grand public à la manière de Caravane en 2005.

Texte : Sophie BABANI

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CINÉMA / Prochainement

Bientôt dans les salles Tell Me Lies Texte : Emilien BARTHOULOT

10 octobre Réalisé en 1968 mais jamais projeté dans les salles obscures, le « film politique et rock, brulot anti-Vietnam, totalement inédit » de Peter Brook sortira le 10 octobre 2012 en version restaurée. Il y dénonce la guerre à travers le regard de trois acteurs londoniens, et grâce à une utilisation pertinente des chansons satiriques de l’époque ainsi que d’une ironie dévastatrice. Le rendez-vous est pris.

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CINÉMA / Critiques The Dark Knight Rises Texte : Emilien BARTHOULOT

Pour le dernier volet de la trilogie, le réalisateur Christopher Nolan frappe encore un grand coup, peut-être même plus encore que pour le précédent opus pourtant difficilement égalable dans le genre. Le film est d’une densité impressionnante malgré sa durée. 2h44 d’une déferlante d’images, d’effets pyrotechniques et de rebondissements plus palpitants les uns que les autres, où l’on se retrouve plongés dans un décor ultra-réaliste présentant un monde sombre et violent qui, bien plus que dans les anciennes versions de Batman, ressemble de manière assez explicite à celui dans lequel nous vivons. Mais au milieu du vacarme des effets spéciaux et des scènes de combats spectaculaires, c’est la psychologie des personnages, et surtout la douleur du héros, sa chute puis sa difficile reconstruction qui prennent le dessus et qui font de ce blockbuster ultra-protéiné une œuvre prenante et intelligente. Du grand spectacle.

Holy Motors Texte : Emilien BARTHOULOT

Après 13 ans d’absence cinématographie (excepté un court métrage en 2008), Leos Carax revient avec un film d’une rare intensité. En compétition officielle au festival de Cannes 2012, Holy Motors est pourtant à mille lieux des autres œuvres présentées. Il nous plonge dans ce qui semble être une journée ordinaire dans l’existence de Monsieur Oscar, durant laquelle celui-ci voyage de vie en vie, à la manière d’un acteur qui se rend d’un tournage à un autre. A bord d’une limousine blanche qui lui sert de loge et dans laquelle il se métamorphose pour chacun de ses rôles, il devient tour à tour musicien, criminel, père dépassé par l’adolescence de sa fille ou encore mendiant dans les rues de Paris. Denis Lavant, acteur fétiche de Carax, est étincelant dans le rôle principal. Ce film décousu et abstrait, réflexion complexe sur l’existence - comme le souligne la sublime chanson de Gérard Manset utilisée à la fin du film - est également une véritable ode au cinéma, mêlant tous les genres ; du drame à la science-fiction, en passant par la comédie musicale avec une superbe apparition de Kylie Minogue pour une des plus belles scènes du film. Holy Motors est un film exigeant, éprouvant, mais aussi et surtout d’une glaçante beauté. Un film comme on en a peu l’habitude de voir, et comme on aimerait qu’il en sorte plus souvent.

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MODE / Femme

Rentrée et grisaille, tout pour garder le moral!

Texte : Julie HERY

Oyé Oyé. Alors ? Vos vacances furent bonnes ? Bien bronzé(e)s tout ça tout ça ? Maintenant vous avez juste envie de sauter par la fenêtre pour certains car les cours et la grisaille arrivent à grands pas. C’est la vie. Ne sortez pas vos mouchoirs ça ne sert à rien, on a plus 10 ans. Que nous réserve cette grisaille d’ailleurs ? Avez-vous maté les défilés de vos couturiers préférés ? Quelles sont LES tendances à adopter ? (Ou pas car je continuerai à dire que les tendances se créent par les gens qui marchent dans la rue et non par des stylistes bossant dans de grands bureaux blancs).

Bref, Lana Del Rey et H&M nous concoctent une collection assez chouette apparemment pour cet automne. Devenant l’égérie de la marque, certaines pièces reflèteront évidemment la personnalité de la chanteuse que tout le monde connaît.

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Niveau chaussures, les slippers, les rangers, et les sneakers seront de la partie ! Alors si vous êtes en mode BCBG, en mode survivor ou en mode sport & co, cette rentrée sera pour vous !

Concernant les slippers (mocassins ou chaussons pour les intimes), c’est la paire de chaussures parfaite avec un slim bien serré et une chemise parfaitement repassée ou portée à l’arrache. Je trouve qu’elles apportent une touche de décontracte et de sérieux à la fois ! Malheureusement ça ne me va guère mais je tuerai quand même pour une paire de slippers à clous !

Les rangers bah des rangers quoi. Pas grand-chose à ajouter sur la chose. Ça se porte, ça se dégueulasse et c’est très bien comme ça (surtout pour combattre la boue) ! Mais elle ne se portent pas uniquement avec de gros treillis de militaire à la retraire. Avec une robe courte ou autre, ça peut passer très bien.

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Et les sneakers. Je ne retiens que les sneakers d’Isabel Marant quand j’entends ce mot. Pourtant d’autres modèles existent. Lookez-moi ça.

Concernant les couleurs à porter ou non, il y en a une qui prime sur le reste. Il s’agit du ROUGE, du DEEP REP (rouge profond) un beau rouge bien hmmmmmm qui donne envie de révéler son côté femme fatale qui a envie d’un gros câlin mais qu’il ne faut pas énerver quand même car elle boit tranquillement son nesquik sous la couette. Ou comme on dit « en rouge et noir, exprimez votre peur »…. Tsoin…Tsoin….un échantillon de ce qu’on a pu voir pour la peine durant les défilés.

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Côté accessoire, je suis pour ma part tombée amoureuse de la pochette oversize de chez Florette Pâquerette et je pense que cela peut bien être le petit must à avoir sur soi Elle vaut 45 euros et je m’en suis prise une en rose/purple. Je peux vous dire que je ne suis point déçue de la chose.

Voilà, un échantillon de ce qui peut vous attendre dans vos placards. Je présume qu’il ne reste pas grandchose dans les portefeuilles après être parti en vacances mais bon, allez voir votre banquier et demandez-lui un petit découvert autorisé, votre dressing vous le rendra bien !

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MODE / Homme

Couleurs d’automne

Texte : Emilien BARTHOULOT

Feuilles mortes tapissant les rues, léger frimas nocturne et journées raccourcissant irrémédiablement, nul doute, l’été est bel et bien terminé, laissant place aux charmes de l’une des saisons les plus riches – l’automne. Nouvelles saveurs, nouveaux parfums, nouvelles textures, la mode pour cet automne s’inspire des couleurs flamboyantes de la nature pour offrir un twist créatif à une garde-robe aux allures parfois un peu classique. Juste, équilibrée et parfaitement étudiée, la mode Masculine, sans fioriture se concentre sur le beau. Bel ouvrage d’une confection pour la plupart Made in Italy ou encore belles matières avec une profusion de mailles mérinos, de cachemire, de cuir et de velours, qui fait son grand retour sur les podiums dans un esprit très « Saville Rock ». Camel Moisson des champs, moisson des villes, la couleur chaude des épis de blé, tel un dernier vestige estival, envahit nos dressings. Décliné dans un camaïeu de beiges qui va du sable, clair et doré, au cognac, chaud et profond, le Camel, emblématique de l’automne, chicise sans pour autant guinder la silhouette et apporte cette touche particulière de désinvolture et d’élégante décontraction. Qu’on le porte en total look comme chez Martin Margiela où le Camel se décline du pull col roulé, qui fait son grand retour cet hiver, au costume trois pièces à l’élégance 50’s en passant par les boots ou le manteau ¾ à double boutonnage ou bien en touche sur une pièce comme chez Prada ou chez Jean-Paul Gaultier, le Camel est la couleur indispensable de cette rentrée. Symbole au sens propre du « Camel », le manteau ¾, très longtemps fabriqué en poil de chameau, est la pièce emblématique de cette tendance forte. Associé pour le jour à un jean « used » comme chez Dsquared pour un look décontracté chic, il devient furieusement tendance chez Pringle of Scotland, porté sur un pantalon en cuir rouille. Loin de se limiter à cette pièce de la garde robe masculine, le Camel se décline en mailles voluptueuses, en vestes Preppy, en pantalons cigarette et en une déclinaison de velours de coton ou de soie, matière dominante des défilés de cette saison. Loin d’être classique, le Camel sert de base à toutes les fantaisies stylistiques. Rehaussé de orange, de carmin, d’aubergine ou de bordeaux il s’enflamme aux couleurs automnales, souligné de gris, d’or ou de bleu vif, il se fait urbain avec une touche couture.

Burberry

pringle

mmmargiela

prada

D squared

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Bordeaux

Botega Veneta

Fin des moissons, début des vendanges, et une orgie de grands crus, du bordeaux au bourgogne, a défilé de Milan à Paris. Sanguin, profond ou sourd, le bordeaux, couleur magique aux références multiples fera partie des indispensables à adopter dans notre dressing automnale. Que l’on soit un virtuose de la mode ou bien plus réservé en terme de style, le bordeaux s’adaptera à toutes les garde-robes. Porté en total look sur d’enveloppants manteaux comme chez Louis Vuitton ou bien sur des mailles XL et des pantalons imprimés comme chez Gucci, le bordeaux sait également être plus discret en touches élégantes et graphiques. Costume de ville bicolore taillé au cordeau chez Bottega Veneta ou pointes lis de vin sur différents accessoires chez Burberry, le bordeaux a trouvé en la couleur grise son compagnon stylistique idéal. Association masculine et raffinée à l’esprit délicieusement rétro, le bordeaux apporte un soupçon d’originalité aux camaïeux de gris anthracite habituellement portés en ce début de saison automnale, apportant avec succès chaleur et détails rétro sur des silhouettes urbaines ou plus décontractées.

Burberry

Gucci

Louis Vuitton

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Kaki

Burberry

Dior

Dior

Chasseur des villes ou esprit Army, le kaki fait la transition hivernale et nous habille d’une stricte élégance alliant esprit sportswear et détails de coupe tailleur. Porté par touches, on l’adoptera comme chez Dries Van Noten ou Wooyoungmi sur un ample trench coat en laine ou un caban à double boutonnage, deux pièces emblématiques de la garde robe masculine de cet hiver. Travaillé également en touche chez Burberry, l’homme au tartan, un brin rebelle, le porte sur un pantalon en velours (une fois de plus) mixé à d’autres couleurs sourdes, ou encore sur une veste de chasse à porter à même le costume – esprit Néo Gentleman Farmer assuré. Plus radical, le kaki porté en total look a également été vu dans les défilés les plus pointus de cet hiver. La très pointue styliste Sud Coréenne Wooyoungmi associe différentes nuances de kaki sur une même silhouette, jouant les dégradés, les volumes et les effets de matières. Kris van Asche, le directeur artistique de la griffe Dior Homme, propose pour cet hiver des total looks kaki à l’élégance virile et ultra moderne. Mixant les univers et les références, alliant parkas militaires en popeline de coton, costumes deux boutons en flanelle, chemises col fermé et néo caban créant une allure sport chic strict foncièrement créateur.

Dior Camel, Bordeaux, Kaki, ou encore rouille, mixés de gris et de bleus canard, la Mode cet Automne, allie formalisme de coupe, classicisme des modèles, luxe des matières au colorama d’une Nature généreuse. Viril et décomplexé, l’homme associera détails élégants et touches rétro pour des silhouettes résolument modernes faisant la part belle aux couleurs.

wooyounmi

Dries van noten

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ART / Galerie

Fabian ciarolo

Texte : Florence BOUSQUET

Certes il habite loin (il est chilien) et n’a déjà plus la carrière d’un jeune débutant, mais il était impossible de ne pas parler du coup de cœur : Fabian Ciraolo. Ce jeune illustrateur, comme il aime se nommer, revisite les icônes-stars modernes en leur ajoutant des éléments anachroniques. Ainsi Frida Kahlo se retrouve affublée d’un tee shirt Daft Punk. Pour mieux renforcer cet esprit, l’artiste utilise des couleurs vintage, voire psychédéliques, pour faire revivre ses personnages, les réactualiser et imaginer ce qu’ils auraient été maintenant. A cet esprit rock-rebelle s’ajoutent les personnages imaginaires de notre enfance, Winnie l’ourson ou Donald par exemple. Fascinant. Retrouvez Fabian sur son site.

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Alexis persani

Texte : Florence BOUSQUET

Alexis est un graphiste freelance basé à Paris. Il s’est fait remarquer il y a peu de temps dans les milieux branchés parisiens grâce à son « relooking » des statues du Louvre, rhabillées façon hipster dans la série Street Stone. Au risque de décevoir, tout a été réalisé grâce à Photoshop et avec le non moins génial Léo Caillard à la photographie (http://www.leocaillard.com/). Décalé, surprenant, amusant, même s’il n’y a pas de véritable message, il a au moins le mérite de redonner vie, comme Fabian Ciraolo (voir plus haut), à ces statues figées. Outre ce travail méticuleux, Alexis s’amuse à réaliser des montages surprenants grâce à des retouches photographiques. Ou comment faire revivre, à travers ces deux artistes, encore et encore, le passé. Retrouvez Alexis sur son site.

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LITTÉRATURE

Mémoires d’une catin

Texte : Milène JALLAIS

« Et si la belle Hélène racontait ellemême son histoire … » Petit récapitulatif express (pour vous qui comme moi n’êtes pas trop calé sur l’histoire de la belle) Hélène de Troie est considérée comme la plus belle femme du monde. Ca étant dit, on comprendra aisément que de nombreux prétendants se soient bousculés devant le palais de Sparte. Pourtant, Hélène épouse Ménélas, qui boit beaucoup et avec lequel elle s’ennuie ferme, allez comprendre. Un jour que Ménélas est absent, elle fugue, et fuit Sparte à toute vitesse direction Troie, avec le beau Pâris. Hélène, infidèle certes, mais amoureuse – ou aveuglée par l’incroyable beauté de Pâris déclenche ainsi la guerre de Troie, Sparte voulant récupérer sa reine coûte que coûte. Francesca Petrizzo décrit une Hélène froide, avec sa fille, son mari, mais forte au vu de toutes les épreuves traversées. Les hommes qui ont croisé sa route, contribuant ainsi à sa réputation de catin mais également de traîtresse, ne l’ont pas, ou si peu, considérée. Hélène est livrée à elle-même, et comme toute prisonnière elle rêve de grands espaces, alors elle voyage, elle suit son cœur et ses pulsions … même s’ils la mènent au désespoir. Elle incarne l’héroïne grecque tragique, son inexorable destin est particulièrement bien retranscrit dans le roman. L’auteure a su rendre son livre immersif, on s’y croirait. Bien que ce livre ait emballé la critique lors de sa parution – Francesca Petrizzo avait 19 ans lorsqu’elle l’a écrit- et que l’écriture soit fluide, j’ai eu le sentiment d’avoir entre les mains un roman pour adolescent conseillé par la prof de latin. Disons qu’il n’est pas déplaisant à lire mais que si vous n’êtes pas trop mythologie, ruez-vous plutôt sur autre chose, c’est la rentrée littéraire !

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CONFIDENCES

Du zèle dans ma salière

Texte : Antoine DEBARGUE

« Je fais partie de l’opposition qui s’appelle la vie. » Balzac.

O

ui, je ne peux pas mentir, fabuler sur cette destinée que je veux m’attribuer, que je veux suivre, adopter. J’ai goûté aux bonis de l’écriture, de la dévotion dans une langue dévouée, dénudée. Il y a sans doute quelque chose à transpercer, dans cette soif permanente d’exprimer mes mouvances sensuelles, les battements flexibles et moirés de mon âme. Oui, j’ai vendu mon âme, ma destinée, ma vie à cette religion spéciale, vitale, qui est celle de la rédaction d’une universalité. Je pense que mes mots ne sont pas aveugles, sourds et muets ! J’espère aller plus loin qu’une petite mélancolie, qu’une faible sensibilité purement soignée par des phrases ou des rimes égoïstement enfantées. Il est indéniable que ce «je», ce «moi» que j’exprime m’appartient dans l’a priori, dans la genèse immédiate de l’écriture, du moment soudain de l’expression. Mais par la suite je veux inhumer mes paroles, mes pensées, ma poésie dans l’âme universelle, dans l’éternité générationnelle, dans le passé, le présent, le futur : un héritage posthume qui résonnera avec autant de clarté voire plus, dans notre époque qui arrive à une hécatombe des dernières humanités.

Fondu au noir...

Alors, les petites entreprises de la société sont à proscrire. Je n’envisage pas d’endosser l’étiquette de marginal ou encore d’être assigné à cette position de garçon paumé, rebelle, avantgardiste de je ne sais quoi. Je veux être un humain parmi mes alter ego, travailler à mon rôle, mon sacerdoce pour me sentir vivant puis pour donner mes textes comme des offrandes désintéressées à mes proches, mes intimes, mes semblables.

Générosité du soleil...

Je recherche cette primitive liberté, cette ascension dans un ordre plus aéré, espacé. J’ai l’impression de tout rater, de chercher à m’autodétruire, de déshonorer les espérances qu’on pouvait me louer, de jouer avec le feu alors que je cherche tout le contraire. Ce n’est pas facile et je savais, je sais que je dois passer par cette confrontation brutale et «meurtrière» avec les attributs violents qu’on m’a tatoué sur l’âme. Je dois rejeter tout ça, provoquer les risques, les surprises, les imprévus, les aléas du destin. J’ai les cartes en main, malgré moi. Je ne peux me conformer à une habitude au long terme, surtout pas. Mais je ne veux pas paraître déraisonnable ou encore pire, inconscient, voire dingo ! Loin de là, j’aspire juste à une vraie existence, une vraie vie présente et reconnue, ma vie que je veux et que je peux vivre. J’ai peur de tout perdre, de me retrouver seul et être vu comme un affreux coupable, un traître ou un fainéant à laisser sur le trottoir, comme châtiment. Il faut Il faut coopérer avec l’enfer pour souhaiter le paradis, aujourd’hui. Les derniers porte-parole de la poésie sont mal traités et implicitement violés.

Le genre humain est bien trop humain pour croire...

Car tout le monde aujourd’hui est athée. Plus aucune croyance, que ce soit la religion ou une autre sorte d’infinité, d’intimité. Non, ça n’existe plus, ce n’est plus concevable. Ça ne rentre plus dans les directives, dans les priorités, les usages imposés. Alors, on utilise des expédients, des divertissements, des fac-similés grotesques et impurs d’une éventuelle liberté, d’un semi

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bien-être de l’âme. On ne croit plus en rien, tout est devenu logiquement absurde. On vit dans le monde des théories virtuelles, des postulats, des concepts. Alors, si il faut passer par un acte de révolte, de violence, de terrorisme, ce sera celui-là : faire exploser les conventions, les théories inhumaines, les préjugés mortifères et les autres «créations» humaines qui rendent l’existence soumise : l’esclavage implicite et passif. Il est hors de question que j’y mette les pieds.

Les arbres orchestrent les saisons...

Et j’ai envie de pleurer, de me tortiller dans le noir, dans ma couche. Car dès que je réfléchis à ce sujet, à mes orientations, mes volontés sincères et profondes je me retrouve tout de suite dans une nausée sans nom, une ambiance maussade, triste... Je ne veux plus rien à faire alors, rester allonger bêtement et regarder le ciel défilé dans ses pâturages infinis, écouter mon cœur battre à sa guise, cligner des yeux pour attirer le sommeil qui me libérera durant un temps limité de tout, même de moi-même, une mort éphémère...

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Petit pamphlet

Texte : Antoine DEBARGUE

Ah ? Je peux venir à la tribune faire mon discours ? Je vais jouer dans la diatribe élégante, dans la diarrhée qui embaume l’air, des libelles grand format... C’est de bonne guerre (de bon augure). Il ne faut pas oublier la prestance de notre siècle, bon sang… Il faut une armure de taille ! Une épée bien aiguisée, déguisée, pointue, qui tue en une fois, dans l’instantanée ! Je vais en balafrer plus d’un, avec mes coups de tatane, mes fouets langagiers et mes réprimandes et opprobres irrespectueux, mais bien pesés. Ma gerbe, que j’ai mal digéré dans ma panse, je vais la vomir en litres pour des hectares d’idiots et d’arriérés. Je vais la laisser infuser dans les gouttières des fines bouches, des petits bourgeois coquets. C’est l’heure du coup d’Etat ! La révolution plus rapide que n’importe quelle grande gueule médiatique, endiablée, enfiévrée… C’est une promesse : j’ai préparé un exposé oratoire honorable et d’un noble cru. Pas de chichis. Il faut y aller franco dans ce genre d’évènement. Du rococo local ! Mon bras est assez long pour faire table rase ! Rayer la carte mondiale de mes tonnerres puérils… Je vais voler les meilleurs aliments pour fuir dans un exil, une fugue, une démission, un voyage bénit. Des âmes seront épargnées, celles qui ont vécues. Pour le reste, c’est moi qui invite ! Ce sera une grande libation à l’honneur de la pudeur, de la modestie, de l’humilité et de la candeur. Un grand nettoyage printanier, sous un soleil couchant, près des falaises où je jetterai dans le vide les coquilles squelettiques et sans-cœur de mes contemporains bien-pensants et bien élevés. Une apocalypse orchestrée par mes soins, mes finesses et mon talent. La razzia, pour ensuite n’emporter que l’huile miraculeuse, la souche comestible, l’essence première, la ferveur cruciale. Le reste, je balance ! Le grand suicide imposé ! Avec une cordelette, j’attache le tout pour une descente vers la mort plus prompte. Ce quatuor infâme précipité dans l’abysse des oubliettes où règne déjà une odeur de honte. Ah… Je suis haineux. Bien sûr. Il faut l’être pour des effrois vivants. Créer un spectacle tragique et meurtrier, un bain de sang infernal pour espérer trouver, ensuite, les germes d’une nouvelle destinée, d’un amour plus imprégné dans le tissu de l’âme, une musicalité comme politique, la poésie naissante des premiers voyages comme devise… Un mal pour un bien, voire même un bien pour un bien. C’est mon attentat, mon attaque éclaire, mon guet-apens impromptu et rapidement expédié. Le feu d’artifice ! Dernière tentative pour sauver le germe, le grain de riz. Ca ne sera pas une partie de plaisir. Il y a un nombre incalculable d’obstacle… Mais dans cette force bestiale et instinctive de survie, tout est décuplé. Les mots percent les persiennes, les jalousies ingrates et indignes, les intérêts misérables et scandaleux, les profits inhumains et annihilants, les complots abjects et brutaux ! Un grand bol d’air nous attend ! Je vais tuer, tuer sur le papier par des taches d’encres noires cette maléfique humanité qui est en train de s’émietter et s’atomiser d’elle-même, sans excuses et échappatoires. Tous des faux-fuyants cherchant la lumière… Faussaires, parias, miséreux, va-nu-pieds, pouilleux ! Que l’apparence pour anoblir et masquer la pourriture intrinsèque qu’ils contractent, de jour en jour, comme une tumeur, un cancer fatal qui engraisse leur faciès d’une sueur froide épaisse et marécageuse. Alors, je vais l’opérer. Je vais être le chirurgien improvisé à ce mal. Je vais agir en musique, dans un concert de détonations, de décoinçage et de purification à l’eau-de-vie ! Ça va gicler sévère… Tous ces affreux garnements vont réagir douloureusement comme le citron sur l’huître. Je vais envoyer la sauce, épuiser jusqu’à la dernière goutte mes réserves d’antipathie et de haine inassouvie pour enfin peut-être voir refleurir de nouvelles opinions meilleures. Je navigue sur une mer impardonnable. Lucide, confiant, dévoué dans ma petite cause juvénile, encore, mais bientôt mise en œuvre, sans élan boiteux ou défaillants ! Vous allez vite vous en rendre compte, jeune chœur inexpérimenté, de cette diligence ! Préparez vos archets, vos instruments… Demain, tout sera nouveau. J’aurai fini. Je serai le début et la fin, l’alpha et l’oméga. A.D.

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BLOG

Qui veut pister Paris?

Texte : Laureen ALLEGRO

Il y a des gens qui ne travaillent qu’en s’amusant et c’est grâce à ces passionnés que naissent les idées ou les concepts les plus brillants, ingénieux et talentueux. Leurs objectifs est simple : distraire et divertir les autres. Qui veut pister Paris c’est l’histoire d’un mec qui a eu une idée géniale en s’endormant (comme quoi tout arrive) lors d’une visite guidée (tour opérateur que nous remercierons au passage). L’idée de base paraît complètement farfelue. Et c’est pourtant bien loin d’être le cas. Guillaume Nanjoud, le Big Bob et sa fine équipe ont décidé de nous faire passer des journées inédites, insolites voir carrément loufoques. Fini le temps à errer seul tel un cheptel de mouton dans les rues de Paris à plus savoir quoi faire… De quelle manière ? Et bien en nous proposant des visites de Paris différentes, ludiques et créatives sous forme de jeux de pistes, de chasse au trésor, ou de Cluedo grandeur nature. On en retomberait presque en enfance… Durant le jeu on y découvre la capitale en passant par des lieux connus, des coins plus secrets le tout agrémenté d’anecdotes ou d’histoires faisant la renommée de Paris. On est acteur de son circuit, en bande et on s’y amuse ! On choisit son jeu et autant vous dire qu’il y en a pour tous les goûts : Paname old school, Beguin express, Crimes à Saint Germain, Les 100 ciels de Paris et bien d’autres que je vous laisse découvrir, le tout pour la rondelette somme de 10€ (!) par tête. Le but ? Trouver la solution du jeu et résoudre les énigmes… Je ne vous en dirai pas davantage. Découvrir Qui veut pister Paris? et Démasquez Paris?

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The socialite family

Texte : Laureen ALLEGRO

En plein cœur de la génération 2.0, de la fureur des réseaux sociaux, allant de Facebook à Instagram, on n’hésite plus à partager nos vies, nos enfants ou nos intérieurs. Ouvrir les portes de chez soi pour montrer son appartement est presque devenu chose normale : The Socialite Family fait partie de ces blogs générationnels. Partons à sa découverte. L’idée est née chez Constance Gennari, passionnée de mode, de décoration d’intérieur et photographe à ses heures (pour notre plus grand bonheur). Le principe ressemble aux célèbres et incontournables blogs américains The Glow et The Selby. Le principe ? S’inviter dans des appartements (où des ateliers) et se faire photographier dans son environnement. Sauf qu’ici, on y découvre l’intérieur de familles tout à fait ordinaires (ou presque !). Le blog est agrémenté de superbes photos jalousées par n’importe quel magazine de déco. On y découvre les familles au grand complet, dans leurs univers. Et on s’y sent bien. Chaque reportage est accompagné d’une interview. On y déniche de nombreuses adresses déco, mode ou culinaire, confidentiels ou incontournables mais incontestablement (si) parisienne. Et c’est ce qu’on aime. Un joli site d’inspiration qui nous laisse rêver… Jusqu’à la prochaine parution ! Découvrez The Socialite Family.

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Simply breakfast

Texte : Laureen ALLEGRO

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler des petits déjeuners. Oui je sais, un mot inconnu pour certains d’entre vous. Si le petit déjeuner est sujet à questionnement ici, chez nous les Frenchies, ce n’est pas le cas partout ailleurs. Une journée avec un petit déjeuner en France est un peu comme un jour sans alcool en Angleterre, sans bière en Allemagne, sans chaussettes blanches pour un sportif. Bref une chose bien singulière… Le coupable idéal ? Le manque de temps, trop de préparation, le peu d’appétit, les calories (?) ou tout simplement le manque d’inspiration culinaire matinale. Tous les arguments sont bons. Pendant ce temps, le café fanfaronne fièrement sur le plan de travail de la cuisine, content de lui, parce que lui, on ne l’a pas oublié : on a même eu le temps de le faire ! Il est parfois accompagné d’un petit bout de pain (sec), moqueur et narquois, presque arrogant. Pauvre petit déjeuner… Je me risque dans une discrète tentative de réconciliation avec celui-ci. Jennifer Causey, photographe et amatrice du matin (oui ça existe !) a décidé de faire la guerre au plus réfractaire d’entre nous, de nous faire saliver en nous proposant une abondance d’idées gourmandes et de recettes alléchantes. Du sucré, du salé, du simple, du bon. Il y en a pour tous les goûts. Je finirais avec la pensée du jour : «En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d’être heureux » et je rajouterais «de manger». La vie est courte profitez des matins. Portez vous bien ! Découvrez le blog de Jenifer Causey

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HYPE /

Hype Webzine n°5 - Octobre/Novembre/Décembre Rédaction // PHOTO - Interview/Galerie : Anne-Sophie HARRY // MUSIQUE - Interview/Chroniques /Actu : Paul-Julien ROUX et Sofia BABANI // CINE - Prochainement/Critiques : Sofia BABANI // MODE - Femme/Homme : Julie HERY et Emilien BARTHOULOT // ART : Florence BOUSQUET // LITTE : Milène JALLAIS // CONFIDENCES : Antoine // BLOG : Laureen ALLEGRO REDACTRICE EN CHEF : JUlie ROBIN // RELECTURE : Julie ROBIN // NET : Alexandre PILON // GRAPHOSME : Marine GRIMAUD // COMMUNICATION : Julie ROBIN. Retrouvez-nous sur Facebook ou sur notre site.

Prochain numéro : Janvier 2013

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