HKB-Zeitung 1/2021

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POÈME

Sébastien Armure

Les initiés à tête d’ange D’après Howl de Allen Ginsberg.

MÄRZ 2021

i. le poète se filme avec son téléphone sa main passe de la pierre nue d’une chambre au centre d’une ville une mèche noire et blanche retombe sur l’objectif on entend la respiration du poète il approche le téléphone des lèvres entrouvertes son souffle par l’espace

mon tatouage ?

ses doigts caressent les lettres absorbées par la peau et sa ligne de chance entre sa ligne de vie

angelheaded hipsters

initiés à tête d’ange

HKB-ZEITUNG

plongée totale sur le poète pieds et mains nues sur l’asphalte il gratte le trottoir enfonce ses doigts dans l’humidité brune jusqu’à en avoir sous les ongles ses mains en creux il respire voix off de l’ami qui filme depuis la chambre

les relations divines lui manquent

allons le rejoindre

l’image tremble subjective à la pierre on passe de la fenêtre ouverte sur la rue à une porte le poète nous fait signe de sa main sale contre plongée sur cette main couverte de ciel comme une peau qui la prolonge avec une aiguille son ami écrit sur la chair des gouttes d’encre tombent sur l’objectif l’encre coule dans les veines du poète jusqu’au cœur bat à son rythme lui monte à la tête

qui s’aiment

dans les chambres où coule seulement l’eau froide

iii.

INTERVIEW

qui hurlent

leurs visions à la nuit

surnaturelle

à perte de vue sur la ville

postscriptum.

Night shot de la ville en pierre on voit le poète et ses amis comme des anges ou des taches de chaleur en état d’effervescence impatientes de publier leurs visions

son ami dans ses bras

ii.

l’image floue du jour en arrière-plan les couleurs incertaines

l’extase

le poète ramasse son téléphone

les visions nous révèlent un monstre qui rend fou les esprits affamés et quelque chose en nous flambant le poète ajuste la lumière

irradie notre peau

on entend à peine les anges hurler dans la rue survivre au monstre à la ville inondée par l’eau froide aux obscénités dont on les accuse le poète étend son bras on voit la paille sur laquelle il couche le milieu du corps recouvert d’une jambe nue on imagine l’un de ses amis il s’attend à la haine après la publication il nous dit que ça ne le dérange pas

il nous dit

le corps est facile à haïr

on voit sa main qui se referme encore sanglante sur ses visions

Andi Schoon

«Es handelt sich um einen Prozess radikaler Aufskalierung.» Der südhessische Zukunftsforscher Alfons Sentker über mangelnden Schlaf. Alfons Sentker, Sie sind Zukunftsforscher. Ja, aber kein sehr erfolgreicher. Sie meinen, die von Ihnen prognostizierten Megatrends treffen in der Regel nicht ein? Das ist korrekt. Nennen Sie uns ein Beispiel. Nun, ich war etwa um die Jahrtausendwende felsenfest von einer Rückkehr des Paartanzes überzeugt. Sie glaubten an ein breites Retro-Phänomen? An eine neue Welle der Standardtänze. Sie sind jedoch eine Randerscheinung geblieben. Was hatte Sie zu dieser Vorhersage veranlasst? Ich und mein Team hatten beobachtet … Sie arbeiten in einer Gruppe? Ich habe derzeit vier Angestellte. Was hatten Sie beobachtet? Uns war im Strassenbild eine Häufung von Zweiergruppen aufgefallen, aufkeimende Duo-Konstellationen. Andeutungen dialogischer Verhältnisse. Welche Region hatten Sie untersucht? Vornehmlich meine Heimatstadt Badweiler. Wir gingen aber von einer gewissen Übertragbarkeit unserer Studie aus. Das ist in der Zukunftsforschung gar nicht anders möglich. Sie spüren den Trend an seiner Wurzel auf … … und berechnen seinen weiteren Verlauf, richtig. Es handelt sich um einen Prozess radikaler Aufskalierung. Herr Sentker, von wem erhalten Sie eigentlich Ihre Aufträge? Aufträge erhalte ich keine, weil meine Prognosen … Gewiss, sie sprachen bereits davon. Wie finanziert sich denn Ihr Institut? Ich halte Vorträge. Vornehmlich sind es mittelständische Unternehmen, die meinen Rat suchen und mich zur Kaderschulung einladen. Worüber berichten Sie dort? Über meinen Beruf: die Zukunftsforschung. Wie genau würden Sie Ihre Kompetenz beschreiben? Es handelt sich um ein ganzes Bündel an Kompetenzen, aus der Soziologie, der Psychologie und der Mathematik. Auch Intuition spielt eine Rolle. Das Einfühlungsvermögen natürlich. Und schliesslich muss man … ... auf Draht sein, nicht wahr?! Immer auf Achse. Haha, das will ich meinen. Geschlafen wird nicht viel. Was liegt denn derzeit so in der Luft? Ich denke, jetzt kommen die Paartänze wirklich zurück. Keimen die Duo-Konstellationen in den Strassen neuerlich auf? In Fussgängerzonen, auf Bahnsteigen, wohin man nur sieht – oder sagen wir, wohin ICH sehe, denn normale Menschen nehmen das erst sehr viel später wahr.


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