Les Echos & Echos Weekend - 19-04-2019

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Michel et Augustin

VENDREDI 19, SAMEDI 20 ET DIMANCHE 21 AVRIL 2019

Alimentation Danone désormais propriétaire du « trublion du goût » Michel et Augustin

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Entretien Jacques Attali : « Notre modèle alimentaire n’est plus tenable à terme »

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Renault fait le pari du low cost électrique l La mini-citadine K-ZE

sera le fer de lance du groupe en Chine. l Parti en retard, Renault veut vendre 550.000 voitures dans le pays en 2022. l Portrait de JeanDominique Sénard, le patron qui détonne de l’Alliance Renault-Nissan. // PAGE 16 ET L’ÉDITORIAL DE DAVID BARROUX PAGE 14 ET NOTRE MAGAZINE « LES ÉCHOS WEEK-END » La Renault K-ZE présentée au Salon de l’automobile de Shanghai. Photo AFP/ Greg Baker

L’or, rempart ultime contre les crises

Course à la 5G : la stratégie de la France se précise

Retraite : de nouvelles pistes pour inciter à travailler plus longtemps

TÉLÉCOMS La tension monte en

SOCIAL Le Medef veut porter l’âge légal à 64 ans. D’autres idées sont à l’étude pour le futur

Europe alors que le lancement commercial de la 5G est attendu pour 2020. La 5G doit irriguer les usines, les hôpitaux, les autoroutes… mais pour l’heure les industriels sont entre les mains des opérateurs télécoms, étant exclus des futures enchères pour les licences. Ils attendent des compensations. Les opérateurs, eux, redoutent que l’Etat ne maximise le prix des enchères, même s’il envoie des signaux plutôt rassurants à ce stade. L’Italie a déjà mis 6,5 milliards sur la table et l’Allemagne, plus de 5 milliards. // PAGE 23

régime universel : surcotes, décotes ou maintien d’une durée de cotisation minimale. Jeudi, le Medef a publié ses contrepropositions à la réforme des retraites du gouvernement. Il est d’accord pour basculer vers un régime universel par points, mais il voudrait voir décaler de deux ans l’âge légal de la retraite, à 64 ans, afin de viabiliser financièrement le système. Le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a fait du maintien des 62 ans un casus belli. Mais Emmanuel Macron a ouvert à nouveau le débat en inci-

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. Photo Eric Piermont / AFP

tant ses ministres à trouver un moyen de faire « travailler plus » les Français. Le gouvernement craint que la « surcote » imaginée par le haut-commissariat ne soit pas suffisante pour équilibrer le régime universel. D’où l’idée d’afficher une décote claire et assumée au-dessous d’un âge pivot. Une autre option consisterait à réintroduire un critère de durée de cotisation dans le système par points, en conservant ainsi le « taux plein ». // PAGE 2

L’analyse par

Muryel Jacque C’est une ruée vers l’or qui se fait sans pelle ni pioche : depuis 2010, les banques centrales ont repris avec voracité leurs achats de métal précieux. La crise financière, les incertitudes géopolitiques et la volonté de moins dépendre du dollar en sont les causes. // PAGE 9

l’essentiel

NICOLAS BARRÉ À 7H12 DU LUNDI AU VENDREDI DANS LE 7H-9H DE NIKOS ALIAGAS

France Inter, première radio de France

Un rapport publié jeudi met en lumière l’insuffisance des compétences de la p opulation française et du management pour expliquer les faibles gains de productivité. // P. 3

La station généraliste de Radio France détrône RTL en tête des audiences. Europe 1 poursuit son recul sous les 6 %. // P. 24

Commerce : Malmström répond aux critiques de Paris

Emetteurs et investisseurs sont très actifs sur le marché des obligations vertes depuis le début de l’année. De nouveaux Etats se lancent dans les émissions de dette verte. // P. 29

Pour calmer les tensions entre Washington et Bruxelles, mieux vaut tenter un accord. C’est ce que défend la commissaire européenne au Commerce. // P. 6 ISSN0153.4831 NUMÉRO 22933

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Antilles-Réunion 4 €. Guyane-St Martin 5,20 €. Belgique 6,20 €. Espagne 4,30 €. Grande-Bretagne 6,40 £. Grèce 4 €. Italie 4,30 € Luxembourg 6,50 €. Maroc 30 DH. Suisse 10,50 FS. Tunisie 4,8 TND. Zone CFA 3000 CFA.

Keolis est sorti de l’ornière à Boston Après des débuts cauchemardesques, la filiale de la SNCF a ramené à l’équilibre son contrat pour l’exploitation des RER de la métropole américaine. // P. 17

Gestion Privée Gestion de Fortune

Fièvre verte sur les marchés

30 ans d d’aventure aventure hu humaine

Les contrats courts font débat dans la banque Les banques veulent expérimenter des CDI conçus pour la durée de missions spécifiques. Le premier syndicat de la profession (SNB) y est favorable, mais les autres s’y opposent. // P. 31

Fred Marvaux/RÉA

SUR

Productivité : les faiblesses françaises

Tél. 01.53.93.23.23 www.cyrusconseil.fr


FRANCE

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

SOCIAL

Retraites : des solutions alternatives à la hausse de l’âge légal l Le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, propose une surcote pour ceux qui prolongent leur activité dans le futur régime universel. Mais cette solution ne fait pas l’unanimité. l Réintroduire une décote bien visible, voire une durée de cotisation minimum, permettrait d’éviter un choc financier. Solveig Godeluck @Solwii Comment encourager les Français à « travailler plus » ? Aucune solution claire n’a encore émergé pour répondre au souhait du gouvernement, un souhait qu’Emmanuel Macron devait exprimer lui-même lors de l’allocution télévisée qu’il aurait dû prononcer lundi soir. Mais, en matière de retraite, de nombreux schémas sont passés en revue dans les cabinets ministériels, à l’approche de la réforme qui devrait prendre corps dans un projet de loi d’ici à juin : le recul de l’âge légal, un mécanisme de décote, voire l’introduction d’une durée de cotisation minimum dans le futur régime universel. Car le gouvernement s’inquiète du saut dans l’inconnu que représente la bascule dans un système à points. Actuellement, on sécurise à peu près l’équilibre financier des retraites en incitant les actifs à travailler plus longtemps via deux mécanismes : l’âge légal (62 ans), et la durée de cotisation (41,5 annuités, à terme 43 ans). Les salariés qui veulent une retraite à taux plein (sans décote) et qui n’ont pas assez cotisé doivent attendre 67 ans.

Carrières très heurtées

Mais dans le futur régime universel par points, il n’y aura plus que l’âge plancher de 62 ans, le critère de durée de cotisation disparaissant, et avec lui les décotes. Pour maintenir une incitation à prolonger son activité, et équilibrer le système, un mécanisme de surcote est soumis à la concertation avec les partenaires sociaux. « L’âge de la surcote » (ou âge pivot), aux alentours de 63 ans et demi, serait cependant purement incitatif. Libre aux Français d’arbitrer entre une pension standard tout de suite et une pension améliorée plus tard. Un scénario qui suscite le scepticisme des experts consultés par le gouvernement. Et si les incitations ne marchaient pas ? Et si en 2025, date de la bascule, toute une génération décidait de partir à 62 ans, creusant un trou dans le budget du système par répartition ? Ces partants vont-ils comprendre qu’ils subiront une décote de 10 % qui ne dit pas son nom ? Deux idées alternatives font leur chemin au sein du gouvernement. Afficher une décote bien visible, comme un couperet, pour les salariés qui partent avant 63,5 ans

ou 64 ans. Ce serait probablement efficace, mais le risque est politique : les syndicats dénonceraient un relèvement, sans le dire, de l’âge de la retraite. Autre solution, apparue plus récemment selon nos informations : rétablir une durée minimale de cotisation dans le régime universel, sous peine d’une décote. Ce serait le grand retour de « l’âge du taux plein ». Il y a des inconvénients à cela. D’abord, le système à points perdrait de sa pureté. Au lieu de valoriser les pensions en fonction du temps qui reste à vivre, comme en Suède où la surcote évolue de façon linéaire en lien avec l’espérance de vie de chaque génération, on continuerait à considérer le passé, c’est-à-dire la durée travaillée par chacun.

Le gouvernement s’inquiète du saut dans l’inconnu que représente la bascule dans un système à points. Dans le futur régime, il n’y aura plus que l’âge plancher de 62 ans, le critère de durée de cotisation disparaissant, et avec lui les décotes. Ensuite, n’oublions pas que les personnes aux carrières heurtées sont très pénalisées par la durée de cotisation : 20 % des femmes attendent ainsi 67 ans pour partir, l’âge d’annulation automatique de la décote. Dans le futur système, l’âge du taux plein pourrait néanmoins être abaissé, à 65 ans par exemple, afin de faire passer la pilule. Aucun de ces arguments ne semble cependant en mesure de séduire les syndicats, qui ne veulent pas voir réintroduit le critère de durée de cotisation dans le régime par points. D’autant plus que cela pourrait s’accompagner d’une accélération de la réforme Touraine, qui a prévu de porter le nombre d’annuités nécessaires à 43 ans d’ici à 2035. Jean-Paul Delevoye a jusqu’à présent écarté de conserver la durée, sauf pour accorder des droits à départ anticipé au titre des carrières longues par exemple. n

Le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye. Photo Alain Robert/Sipa

Le plaidoyer du Medef pour le départ à 64 ans Le président de l’organisation patronale, Geoffroy Roux de Bézieux, a présenté jeudi ses propositions pour la réforme à venir des régimes de retraite. « Il faut sortir du mensonge par omission de la retraite à 62 ans. » Jeudi, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a eu des mots durs contre le projet de réforme des retraites confié au haut-commissaire, Jean-Paul Delevoye, dont l’un des piliers est le maintien de l’actuel âge d’ouverture des droits. L’organisation patronale, qui compte participer à la concertation jusqu’au dernier round début mai, présentait ses contre-propositions. Sa mesure phare : repousser l’âge minimum de départ à 64 ans. Le Medef plaidait déjà pour décaler de deux ans l’âge de la retraite en 2015, dans le cadre de la réforme des régi-

mes complémentaires AgircArrco. « Le problème n’est pas d’améliorer les pensions, mais d’assurer qu’elles seront payées », a dramatisé Geoffroy Roux de Bézieux, après avoir expliqué qu’il y aurait moins de cotisants pour payer les retraites à l’avenir. Selon lui, la deuxième borne d’âge à 63-64 ans que propose le hautcommissariat ne parviendra pas à dissuader les assurés de partir à 62 ans, car « il faut mettre une très grosse décote pour que ça marche ». De toute façon, assure-t-il, « la décote/surcote est moins efficace que l’âge légal ».

équilibré le système de retraite, et financé les dépenses supplémentaires d’indemnités journalières ou d’invalidité qu’entraîne le vieillissement de la population active. Geoffroy Roux de Bézieux suggère

Le Medef propose d’encourager le recours au cumul emploi-retraite, en majorant les droits à pension pour chaque année supplémentaire cotisée.

17 milliards d’euros par an

Le Medef a calculé que le passage à 64 ans, au rythme d’un trimestre par an, dès l’année prochaine, permettrait d’économiser 17 milliards d’euros l’année de la fin de la montée en charge, en 2028. C’est la somme qui resterait après avoir

d’affecter ce surplus à la dépendance, qui va faire l’objet d’un projet de loi et qui aura besoin de 9,2 milliards d’euros par an en 2030, ainsi qu’à « l’adaptation de l’offre de soins au vieillissement ».

Santé et dépendance sont justement deux fortes demandes exprimées par les Français lors du grand débat. Par la suite, l’âge légal continuerait à augmenter, puisqu’il serait indexé sur l’espérance de vie, qui est appelée à croître. Pour le M e d e f, i l f a u t a u s s i œ u v r e r au maintien en emploi des seniors. Le taux d’activité des 60-64 ans n’est que de 29 % contre 46 % en moyenne dans les pays développés. L’organisation patronale propose d’encourager le recours au cumul emploi-retraite, en majorant les droits à pension pour chaque année supplémentaire cotisée. Quant à la retraite progressive, il faut l’ouvrir aux cadres qui sont en forfait jour et aux fonctionnaires, selon le Medef. Celui-ci estime en outre que les seniors au chômage devraient percevoir une aide de Pôle emploi s’ils acceptent un emploi moins bien rémunéré que le précédent. — S. G.

La vaccination obligatoire porte ses fruits SANTÉ Les taux de couverture ont crû, un an après l’instauration de l’obligation de vacciner les enfants. Deux parents sur trois déclarent y être favorables, dont 10 % de récents convertis. Un an d’obligation vaccinale, cela suffit pour commencer à afficher des résultats. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui a mis en place en janvier 2018 le passage de

trois à onze vaccins obligatoires pour les moins de deux ans, s’en est félicitée ce jeudi. « La confiance envers les vaccins revient au-delà même de l’obligation vaccinale, ce mouvement profite à la vaccination au sens large », a-t-elle souligné. En 2017, la ministre avait repris un dossier ouvert par sa prédécesseure socialiste Marisol Touraine dans un climat d’« hésitation vaccinale », voire de rejet : « Je savais que ce débat serait rude, que les doutes liés aux fake news touchaient beaucoup de Français », a-t-elle rappelé, à l’occasion du lancement de la semaine européenne de la vaccination. Les taux de couverture vaccinale ont grimpé pour les onze vaccins obligatoires, chez les enfants en

âge. La palme revient à la première dose contre le méningocoque, passée du taux très insuffisant de 40 % en 2017 à 76 % en 2018. L’hépatite B, la coqueluche ou les infections à haemophilus influenza de type b progressent également de 5,5 points via leur association dans une même piqûre avec diphtérie-tétanos-polio (les trois vaccins obligatoires « historiques ») : ils atteignent près de 99 %. Enfin, le pneumocoque frôle 100 % de couverture.

Deux tiers de parents favorables à l’obligation

Les enfants non soumis à l’obligation voient également leur couverture croître. Le vaccin contre le papillomavirus, non obligatoire, gagne 3 points chez les jeunes filles

« A chaque point de couverture vaccinale gagné, ce sont autant de drames évités dans les familles. [...] Il y a encore des parents qui craignent des effets indésirables mais les risques sont infiniment plus grands. » AGNÈS BUZYN Ministre de la Santé

de 15 ans. « Aujourd’hui, 91 % des parents reconnaissent l’importance d e l a v a c c i n a t i o n p o u r l e u rs enfants », a salué Agnès Buzyn, en citant une enquête menée par Santé publique France. Soit 5 points de progression par rapport à juin 2018. L’efficacité des vaccins est reconnue par 88 % des parents, soit 2 points de plus sur la même période. Deux tiers des parents déclarent désormais être favorables à la nouvelle obligation vaccinale, dont 10 % disent avoir changé d’opinion depuis décembre 2017. De plus, 36 % des parents d’enfants nés en 2017 qui n’étaient pas contraints de les faire vacciner ont décidé de les faire immuniser tout de même contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) sous l’influence de

ce changement légal. Néanmoins, les parents demeurent prudents. Deux tiers d’entre eux expriment le besoin de mieux connaître les effets secondaires des vaccins, 54 % évoquent leur composition, 47 % voudraient en savoir plus sur leurs bénéfices et sur les maladies qu’ils évitent. « A chaque point de couverture vaccinale gagné, ce sont autant de drames évités dans les familles, a plaidé Agnès Buzyn. Je sais qu’il y a encore des parents qui craignent des effets indésirables des vaccins mais les risques sont infiniment plus grands. » — S. W.

a Retrouvez l’éditorial d’Etienne Lefebvre sur lesechos.fr/


FRANCE // 03

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

Productivité : les faiblesses de la France l Selon le Conseil national de productivité, le manque de compétences de la population française explique les faibles gains de productivité et fait courir un risque à terme sur le niveau des prestations sociales. l Il pointe aussi la mauvaise qualité du management hexagonal. Guillaume de Calignon @gcalignon C’est un problème que tous les pays développés connaissent : les gains de productivité, qui sont la principale source de la croissance du PIB et donc du niveau de vie futur, ne cessent de baisser depuis les années 1970. Et la France ne fait pas exception. Dans son premier rapport publié ce jeudi, le Conseil national de productivité (CNP), créé en 2018 à la demande du Conseil de l’Union européenne dans chaque Etat membre pour réfléchir à ces questions et qui regroupe une douzaine d’économistes, reconnaît que « la France est un pays avec un niveau élevé de productivité, semblable à celui de l’Allemagne ». Mais la productivité d’une heure de travail n’a progressé que de 0,8 % par an en moyenne entre 2012 et 2017. Ce qui, à terme, met en danger le financement de l’Etat providence et la transition écologique. « Un dixième de point de gain de productivité en moins sur trente ans change tout dans le scénario que l’on peut faire sur la viabilité économique du système de retraite », souligne en particulier Philippe Martin, économiste et président du CNP. Comme les autres pays, l’Hexagone a connu la désindustrialisation et donc le développement des services, dans lesquels les gains de productivité sont moindres. Mais « le point spécifique à la France, c’est l’insuffisance des compétences de la population », selon Philippe Martin.

La productivité d’une heure de travail n’a progressé que de 0,8 % par an en moyenne entre 2012 et 2017. Le rapport souligne ainsi que « les compétences des adultes sont inférieures à la moyenne des pays de l’OCDE, avec une déqualification au fil de la vie active, notamment par manque de formation continue et en particulier chez les salariés les plus précaires ». Or, poursuit le président du CNP, « le niveau des Français ne rattrape pas les pays de tête de l’OCDE et c’est très inquiétant ». Car, en clair, un niveau en langues étrangères, mathématiques et français qui baisse à l’entrée en sixième, c’est le risque de voir le niveau de vie du pays reculer à long terme.

Le rapport pointe aussi un déficit de compétences des managers. « Les enquêtes sur la qualité du management et des pratiques organisationnelles au sein des entreprises révèlent un score moyen de la France dans ce domaine », mettent en avant les économistes ayant participé à la rédaction. Les entreprises françaises seraient « relativement moins performantes sur les aspects humains du management » que dans les autres pays développés, notamment en matière d’autonomie des salariés, d’encadrement des managers et d ’o r g a n i s a t i o n d u t r a v a i l . Conséquence, « les entreprises françaises accusent un retard dans l’adoption et la diffusion des technologies de l’information », constate le rapport, « ce qui pourrait notamment s’expliquer par ces mêmes insuffisances en matière de management et de compétences ». En effet, pour être bien utilisées, les nouvelles technologies nécessitent une hausse des qualifications. Bref, à l’heure de la mondialisation, si les Français veulent garder un certain niveau de prospérité, cela passe nécessairement par un effort en matière d’éducation et de formation. n

« L’Allemagne pourrait utiliser davantage la politique budgétaire » Quel constat faites-vous sur la compétitivité française ? Pour apprécier la compétitivité d’une économie, il faut regarder la balance courante qui mesure le solde des flux d’échanges de biens et services et les transferts de revenus entre la France et le reste du monde. La dégradation du compte courant français s’est arrêtée, le déficit représentant 0,6 point de PIB en 2017. Mais ce chiffre cache deux mouvements opposés. Le déficit commercial reste important malgré les efforts sur le coût du travail. Nous ne regagnons pas de parts de marché. Cela signifie que le site France n’est pas suffisamment compétitif. En revanche, les multinationales hexagonales, très dynamiques, investissent beaucoup à l’étranger et en tirent des revenus importants qui permettent à la balance courante de se rapprocher de l’équilibre. Il ne faut donc pas dramatiser le défaut de compétitivité de la France. Mais il faut rester

PHILIPPE MARTIN Président du Conseil national de productivité vigilant puisque le pays est toujours endetté vis-à-vis du reste du monde. Des efforts restent donc à faire, en particulier sur la compétitivité hors prix. Le fait que la France soit le seul pays à enregistrer un déficit courant est-il un problème ? Oui, mais le fait que tous les autres pays soient en très fort excédent, et particulièrement l’Allemagne et les Pays-Bas, en est aussi un. Avec la crise de la zone euro, à partir de 2010, les Etats membres qui avaient des difficultés pour se financer ont été contraints de réduire leur déficit budgétaire et leur demande intérieure afin d’atteindre l’équilibre de

leur balance courante. Certains, comme l’Espagne, sont même désormais excédentaires mais gardent une dette extérieure importante. Le problème, c’est qu’en cas de nouveaux chocs ou s’ils voulaient augmenter leur demande et leur croissance, la question du financement extérieur se poserait de nouveau. Ces déséquilibres nous rendent vulnérables aux problèmes économiques que nous avons déjà vécus pendant la crise avec les conséquences sociales et politiques dangereuses. Et inévitablement se reposera alors le problème de l’intégrité de la zone euro. Ensuite, avec un excédent courant de 3,5 % de son PIB, la zone euro est une source d’instabilité au niveau mondial aujourd’hui et un facteur de déséquilibre. Cet excédent nous rend très vulnérables aux tensions protectionnistes. Comment y remédier ? Avant la création de l’euro, quand

« Il ne faut pas dramatiser le défaut de compétitivité de la France. Mais il faut rester vigilant. » un pays comme l’Allemagne avait un excédent courant important, le Deutsche Mark s’appréciait et le mécanisme de marché faisait reculer l’excédent en renchérissant les exportations allemandes. Avec la monnaie unique, un tel ajustement ne peut plus passer par le taux de change mais par une hausse des salaires et des prix supérieure en Allemagne à celle constatée en France et dans les autres pays de la zone. Les salaires allemands augmentent mais trop lentement pour réduire les déséquilibres. L’excé-

dent budgétaire va seulement diminuer un peu. Les Allemands ont peur d’une perte de compétitivité, alors même que leur balance courante affiche un excédent de plus de 7 % du PIB. Un tel excédent ne peut durer éternellement. En ne facilitant pas la hausse de ses salaires et de ses prix, via le salaire minimum par exemple, et en freinant la relance budgétaire, notre voisin compresse trop la demande adressée aux autres économies, dont la nôtre. Et cela fait reposer tout le poids de l’appui à la demande sur la politique monétaire de la Banque centrale européenne, obligée de garder ses taux à zéro, ce qui n’est pas sain à terme. La politique économique doit marcher sur ses deux jambes : la politique monétaire et la politique budgétaire. Or, cette dernière ne joue pas un rôle suffisant aujourd’hui dans la zone euro, en particulier en Allemagne qui pourrait l’utiliser davantage. Propos recueillis par G. C.

L’emploi à domicile demande la stabilité fiscale FISCALITÉ Alors que s’annonce une réduction des niches fiscales, le secteur de l’emploi à domicile évoque le risque d’une nouvelle baisse du nombre d’heures déclarées. Ingrid Feuerstein @In_Feuerstein A peine les conclusions du grand débat sont-elles tirées que certains craignent déjà d’en être les victimes collatérales. Alors que s’annonce une réduction des niches fiscales, le secteur de l’emploi à domicile sonne l’alerte face au risque d’une nouvelle baisse du nombre d’heures déclarées. La Fédération des particuliers employeurs

(Fepem) publie ce vendredi son dernier observatoire des emplois de la famille, dont il ressort une forte corrélation entre le niveau d’activité et les mesures fiscales. On constate que le volume horaire rémunéré a été orienté à la baisse de 2011 à 2015, de même que le nombre de particuliers employeurs. Une période pendant laquelle les avantages fiscaux ont été diminués, d’abord avec la suppression de l’abattement de 15 points en 2011 puis la fin de la déclaration au forfait en 2013. De 2016 à 2018, la courbe s’est stabilisée, même si elle reste légèrement orientée à la baisse. Deux coups de pouce ont été votés à l’époque, à savoir une déduction forfaitaire de charges de 2 euros de l’heure puis la généralisation du crédit d’impôt pour les retraités (au lieu d’une réduction d’impôt qui ne peut donner lieu à un remboursement du fisc aux personnes non imposables). Selon les

chiffres de l’Acoss, parus jeudi, le volume horaire a néanmoins encore baissé de 1,8 % en 2018, principalement sous l’effet de la diminution du nombre d’employeurs (–1,5 % sur un an). Dans ce contexte, la Fepem exprime des inquiétudes

« C’est une politique utile à tous : aux familles, aux employés, à l’économie, car c’est un secteur pourvoyeur d’emplois. Il ne faut pas y toucher. » GÉRALD DARMANIN Ministre de l’Action et des Comptes publics

face au projet de diminuer les niches fiscales pour financer une baisse de l’impôt sur le revenu, une mesure au menu de l’allocution du chef de l’Etat lundi soir, annulée à cause de l’incendie de Notre-Dame. Dans un communiqué à paraître ce vendredi, la Fédération s’inquiète de propositions visant soit à recentrer le crédit d’impôt sur certains publics fragiles, par rapport à des prestations dites « de confort », soit à décaler l’âge à partir duquel les ménages peuvent bénéficier d’une exonération supplémentaire, de 70 à 75 ans. « 147.000 particuliers employeurs sont concernés et 11.000 emplois sont directement impactés », alerte la Fepem. Le gouvernement a clairement annoncé vouloir sanctuariser l’emploi à domicile. « C’est une politique utile à tous : aux familles, aux employés, à l’économie, car c’est un secteur pourvoyeur d’emplois. Il ne faut pas y toucher », a déclaré Gérald

Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, dans une récente interview au « Journal du dimanche ». Au sein de la majorité, certains ne l’entendent pas de cette oreille. Le député Benjamin Dirx, qui a coordonné les travaux du groupe LREM sur la fiscalité, estime qu’il faut s’interroger sur la nécessité pour l’Etat de financer

certains services de « confort », pour les contribuables aisés. « Veut-on que l’Etat paie 50 % du ménage pour ceux qui gagnent plus de 100.000 euros annuels ? C’est une question qu’on peut poser. Et ces contribuables représentent une dépense de 1,2 milliard sur un total de 4,7 milliards pour l’emploi à domicile », explique-t-il. n

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Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

Européennes : la droite juge son discours conforté La campagne entravée

l Les Républicains ont relancé jeudi leur campagne. l Après l’incendie de NotreDame, il veulent croire leur message renforcé sur la « civilisation ».

La campagne des élections européennes redémarre. Mais elle ne parvient pas à prendre dans l’opinion, focalisée sur la sortie du grand débat.

LE FAIT DU JOUR POLITIQUE Stéphane Dupont

POLITIQUE

L

Pierre-Alain Furbury @paFurbury

« C’est la France qui brûle »

Pas question pour la droite de laisser le chef de l’Etat capitaliser sur cette « épreuve » – et l’émotion qu’elle a suscité – en se posant en « père de la nation ». Les ténors de LR, qui revendiquent une cohérence sur le sujet (ils veulent notamment inscrire dans les traités les « racines judéochrétiennes » de l’Europe), veulent croire confortée leur campagne des européennes sur les « valeurs » et l’« identité ». « Tout d’un coup a sauté aux yeux de tout le monde qu’une civilisation est fragile. Quand NotreDame brûle, c’est la France qui brûle, parce que ce sont nos racines », affirme aux « Echos » Laurent Wau-

Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, avec la tête de liste LR aux élections européennes de mai, le philosophe conservateur François-Xavier Bellamy. Photo Sébastien Bozon / AFP quiez, le président du parti. « C’est l’incarnation tragique et palpable de ce pour quoi on se bat et cela donne un sens au message que l’on porte : redonner un avenir à la civilisation européenne », poursuit-il, jugeant que « Macron peut faire semblant » mais « ne peut pas le porter ».

A cinq semaines du scrutin, la liste LR n’est créditée que de 13 à 14 % des voix. François-Xavier Bellamy renchérit : « Ce qui frappe, c’est de voir à quel point l’intuition qui était au cœur de notre campagne s’est matérialisée. »

« L’Europe est avant tout une civilisation, aujourd’hui menacée de sortir de l’Histoire », martèle le philosophe conservateur et catholique, auteur du livre « Demeure », rappelant avoir justement choisi comme symboles de l’Europe les œuvres « L’Iliade » et « L’Odyssée » lors du débat télévisé qui a opposé les têtes de listes, début avril. « Défendre l’Europe, c’est défendre un projet de civilisation. C’est un sujet qui marque très fort notre électorat », insiste Agnès Evren, vice-présidente de la région Ile-de-France et numéro deux de la liste aux européennes. Cela permettra-t-il aux Républicains de consolider leur troisième place dans les sondages, voire de recoller à LREM et au RN ? Jusqu’à

présent, la droite est parvenue à marquer des points au détriment de Nicolas Dupont-Aignan. Mais à cinq semaines du scrutin, elle n’est créditée que de 13 à 14 % des voix. Loin des 20 % obtenus au premier tour de la présidentielle par un François Fillon pourtant carbonisé par les affaires. Le socle de ce dernier reste plus que jamais la cible. « Le sujet est moins de convaincre ceux qui ont décidé de voter Macron que ceux qui avaient donné leurs voix à Fillon et s’apprêtent à s’abstenir », confie François-Xavier Bellamy. « Les Français ne sont pas encore dans la campagne », observe Agnès Evren, assurant, sans que l’on sache s’il s’agit d’une conviction ou de la méthode Coué : « On va progresser encore. » n

Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »

Ils ont été les premiers à interrompre leur campagne. Et ils sont les premiers à repartir à la charge. Après avoir décidé lundi soir, en raison de l’incendie à Notre-Dame, d’annuler leur meeting prévu le lendemain à Nîmes, Les Républicains ont repris leur bâton de pèlerin. François-Xavier Bellamy, leur tête de liste pour les élections européennes, était jeudi dans la Marne, pour visiter une coopérative viticole, une exploitation de champagne puis rencontrer la presse et des militants et sympathisants de son parti. Il en a profité pour appeler, sur Twitter, Emmanuel Macron à « un peu d’humilité » pour la reconstruction de la cathédrale, le mettant en garde contre la « manie de la disruption ».

e moment est venu. La politique et ses tumultes reprennent leur droit. Emmanuel Macron l’avait admis mardi soir à la télévision : une fois passée l’émotion suscitée par l’incendie de NotreDame, les batailles partisanes reprendraient de plus belle. Cela n’a pas tardé. Après deux jours de trêve, En marche et Les Républicains ont repris ce jeudi leur campagne en vue des élections européennes. Et La France insoumise se déchire publiquement sur le cas de l’une de ses figures, le politologue et candidat Thomas Guénolé. « Business as usual… » Mais tout cela donne un peu l’impression de tourner à vide. Les partis s’évertuent à relancer une campagne électorale qui, en réalité, n’a pas vraiment démarré. La faute au grand débat, qui a focalisé toute l’attention depuis des semaines. La faute aussi à leurs têtes de liste, qui n’ont pas encore réussi à susciter l’intérêt des Français. Leurs premières confrontations télévisées n’ont pas fait beaucoup d’audience. Et on s’achemine vers une participation très faible au scrutin du 26 mai. Traditionnellement, les européennes ne drainent certes pas les foules. Et la campagne pour ce type

d’élections ne prend son envol que dans la dernière ligne droite. Deux ou trois semaines avant le vote, au mieux. Mais cette année, la campagne est particulièrement apathique. Pourtant, tous les ingrédients semblent réunis pour qu’il en soit autrement. Les têtes d’affiche sont plus identifiables avec des listes nationales et non plus régionales. Le casting fait la part belle aux nouveaux venus. Et l’Europe est au centre de l’actualité, de la vague populiste au Brexit, en passant par la lutte contre le réchauffement climatique. C’est surtout le premier scrutin depuis l’élection d’Emmanuel Macron. L’occasion de le conforter ou de le sanctionner. Le Rassemblement national et les Insoumis ont appelé depuis des mois à en faire un référendum contre le chef de l’Etat. Mais ils ont, dans des proportions différentes, beaucoup de mal à mobiliser. La donne changera peutêtre. Mais ce n’est pas parti pour. La sortie du grand débat, tant attendue par les Français, a été repoussée d’au moins une semaine en raison de l’incendie de Notre-Dame et de la déprogrammation de l’allocution télévisée présidentielle. Et les électeurs ne montrent pas, pour le moment, beaucoup d’appétence pour une élection qui s’annonce comme un match retour de la présidentielle entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. sdupont@lesechos.fr

Une loi pour rendre obligatoire le service national universel CIVISME Selon nos informations, le gouvernement entend légiférer pour généraliser le service national. Son budget sera de « 1 milliard à 1,5 milliard par an en vitesse de croisière », indique le secrétaire d’Etat Gabriel Attal.

Marie-Christine Corbier @mccorbier C’était le top départ avant l’heure pour les « pionniers » du service national universel (SNU), comme les qualifie Gabriel Attal. Le secrétaire d’Etat a dévoilé, jeudi, l’uniforme que porteront les 2.000 « appelés » en juin prochain, pour la première phase de test de ce p r o j e t vo u l u p a r E m m a n u e l Macron. Treize jeunes étaient réunis à Paris, sélectionnés pour représenter « le brassage social » auquel tient le gouvernement (lycéens en

filière générale et professionnelle, apprentis, décrocheurs scolaires, handicapés…). En juin, les 2.000 jeunes seront répartis durant quinze jours dans treize centres du territoire (internats, CROUS, bâtiments militaires…). Ils auront « un socle de formation commun très fort », selon Gabriel Attal, avec des modules de formation sur l’autodéfense, la citoyenneté, l’environnement et la sécurité civile (comment réagir face à une catastrophe naturelle, mettre en place un poste de secours, réagir à une attaque terroriste…).

A l’issue de leur formation, ils feront un exercice grandeur nature. Il « scénarisera une très forte inondation ou un carambolage autoroutier, précise Gabriel Attal. Les jeunes seront amenés à prendre en charge et à simuler l’intégralité de la réponse. »

« Préciser les sanctions »

« Le président de la République a souhaité qu’on mette en place une société de la vigilance et de la résilience », justifie-t-il. D’autres modules de formation seront déclinés localement – le sauvetage en mer dans le Morbihan, par exemple.

Pour cette première phase du SNU, le coût est de 2.000 euros par jeune, pour un budget de 4 millions. Le SNU sera étendu à 40.000 jeunes en 2020, avec un budget de 60 millions. Le caractère obligatoire du SNU – pas avant 2022 – et donc sa généralisation coûteront « 1 milliard à 1,5 milliard d’euros par an, tout compris, en vitesse de croisière », confie le secrétaire d’Etat. Le SNU aura son budget propre. Il faudra aussi « une loi pour préciser les sanctions en cas de non-respect de son obligation, de règles liées à la vie dans les centres, de principes

Dimanche de 10h à 11h

Le Grand rendez-vous

© IBO/SIPA

Hélène Jouan, Cécile Cornudet et Damien Fleurot reçoivent

Nicolas Bay

Député européen du Rassemblement National Candidat sur la liste RN aux élections européennes

importants de laïcité ou autres », ajoute Gabriel Attal. Ces règles sont aujourd’hui précisées dans un cadre contractuel avec les jeunes bénévoles. n

2.000 APPELÉS porteront l’uniforme du SNU en juin pour la première phase de test prévue pour durer quinze jours.


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MONDE

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

COMMERCE

« Nous ne négocions pas avec Washington un pistolet sur la tempe » l La commissaire européenne au Commerce réfute toute idée de pression américaine sur les négociations à venir entre l’Europe et les Etats-Unis pour conclure un accord sur les produits industriels. l Le conflit Airbus-Boeing devrait être abordé lors des discussions. Propos recueillis par Richard Hiault @RHIAULT

« Nous n’allons pas négocier un autre TTIP. C’est un accord limité qui sera bénéfique aux deux parties. »

Quel est l’intérêt pour l’Europe de négocier un accord commercial avec les Etats-Unis dans le secteur industriel ? C’est un accord limité par rapport à ceux que nous avons conclus avec le Canada et le Japon. En dépit des différends que nous avons avec les Etats-Unis, tous les Etats membres de l’Union ont décidé qu’il était de notre intérêt commun d’apaiser les tensions et d’avoir une plate-forme de discussions positives et constructives. Cette négociation découle de l’accord conclu entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président des Etats-Unis, Donald Trump, en juillet dernier. Mais vous vous soumettez aux exigences américaines et négociez avec un pistolet sur la tempe… Pas du tout. Nous savons ce que nous faisons. Il s’agit de retrouver la confiance perdue entre l’Union européenne et les Etats-Unis après l’instauration des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium européens. La levée des taxes sur l’acier et l’aluminium est-elle un préalable à tout accord avec les Américains ? Absolument. C’est très explicite dans le mandat de négociation qui nous a été confié lundi par les Etats membres. Allez-vous aborder le dossier Airbus-Boeing ? Oui. Si nous pouvons nous mettre d’accord sur ce que nous pouvons faire en termes de subvention, établir une norme commune, nous ne pourrons qu’en sortir gagnant sur le plan international.

« Les exportations européennes pourraient progresser de 8 à 9 %, soit près de 30 milliards d’euros. »

Photo Eric Herchaft/ Reporters-RÉA

CÉCILIA MALMSTRÖM Commissaire européenne au Commerce

Vous avec dit que l’Union européenne négocierait des accords commerciaux avec des pays signataires de l’Accord de Paris. Les EtatsUnis s’en sont retirés. Pourquoi négocier dans ce cas ? C’est justement pour cette raison que nous ne négocierons pas un vaste accord commercial comme nous avons pu le faire avec le Canada, le Japon, Singapour et le Vietnam. Il est limité au secteur industriel. L’agriculture ne fait pas partie des sujets sur la table. Mais, formellement, les Etats-Unis sont toujours dans l’Accord de Paris et ne peuvent pas en sortir avant novembre 2020. Il reste que nous avons reçu l’aval de tous les pays membres européens pour négocier cet accord limité. Sauf celui de la France… La France a signé les conclusions du sommet européen de mars définissant clairement les engagements liés à la rencontre entre JeanClaude Juncker et Donald Trump. Je suis surprise qu’elle ait voté

contre ces négociations lors du conseil de lundi alors que toutes les précautions avaient été prises pour satisfaire aux exigences de Paris. Avez-vous l’assurance, aujourd’hui, que les Etats-Unis ne relèveront pas les droits de douane sur leurs importations automobiles européennes ? Non. S’ils le font, cela mettrait immédiatement fin aux négociations que nous nous apprêtons à démarrer. Et nous sommes prêts à prendre des contre-mesures comme nous l’avons fait pour l’acier et l’aluminium. La liste est établie. Un relèvement des taxes serait de toutes les façons dommageable à l’industrie automobile américaine. Ils n’y ont aucun intérêt. L’industrie américaine est d’ailleurs contre. Allez-vous discuter spécifiquement de l’automobile ? De notre côté, nous sommes prêts à aborder la question. Mais les Américains semblent plus sceptiques. Ne craignez-vous pas une réaction hostile de l’opinion européenne, en particulier en France, qui risque de vous accuser de relancer une sorte de TTIP bis ? Nous n’allons pas négocier un

autre TTIP. C’est un accord limité qui sera bénéfique aux deux parties. Il revient aux leaders politiques européens de bien l’expliquer à leur population. Nous ferons en sorte de les aider en étant totalement transparent sur les négociations. La société civile, le Parlement européen et les parlements nationaux pourront suivre toutes les étapes des discussions. Que rapporterait un tel accord ? Les exportations européennes pourraient progresser de 8 %, soit 27 milliards d’euros. L’Union européenne ne risque-t-elle pas d’être marginalisée par un éventuel accord entre les Etats-Unis et la Chine ? Cela reste à voir. Je ne connais pas le détail des négociations. Si une guerre commerciale est évitée entre les deux blocs, ce sera bénéfique pour tout le monde. Si les Etats-Unis parviennent à obtenir des réformes structurelles de la politique économique chinoise, ce sera également bénéfique pour le monde entier. En revanche, il serait dommageable que cet accord revienne à instaurer un commerce administré. n

« Sauver l’OMC est la seule alternative » Pourquoi ne passez-vous pas par l’OMC pour régler vos différends avec les EtatsUnis plutôt que de négocier un accord bilatéral ? Nous pouvons faire les deux. Le monde entier négocie des accords bilatéraux pour faciliter le commerce. L’idéal serait que nous n’ayons pas tous ces accords et que tout soit résolu par l’OMC. Pour l’heure, c’est difficile de l’imaginer et nous essayons avec les Etats-Unis et le Japon de sauver l’Organisation. Êtes-vous confiante justement des chances de succès pour sauver l’OMC ? Non. Je suis très inquiète sur le sujet. Si l’OMC s’écroule, la loi de la jungle va s’imposer. Ce qui ne serait bénéfique ni pour les pays riches ni pour les pays pauvres surtout. Tout le monde y perdrait. Sauver l’OMC aujourd’hui est notre seule alternative. L’un des problèmes de l’OMC vient du modèle de développement de la Chine qui s’insère mal dans le corpus des règles que

suivent les Etats-Unis et l’UE. Comment résoudre cela ? Quand la Chine a rejoint l’OMC, le monde entier était optimiste sur l’évolution du pays. Près de vingt ans après, la Chine s’est largement développée mais ne s’est pas réformée. Ils n’ont pas fait ce qu’ils avaient promis. Se posent en particulier les problèmes des subventions publiques à son industrie, les transferts forcés de technologies, notamment. Il va falloir convaincre la Chine de réformer ses pratiques. Sur les subventions, elle semble s’engager sur cette bonne voie si j’en crois les résultats du sommet entre l’UE et la Chine de la semaine dernière. Il y a un discours qui consiste à dire que l’Union européenne est l’idiot du village mondial. Que pouvez-vous répondre à ses détracteurs ? J’entends ce discours uniquement en France. Peut-être qu’en 2001, lors de l’entrée de la Chine à l’OMC, tout le monde a été l’idiot du village. La communauté internationale aurait dû commencer à réformer l’Organisation plus tôt. n

Argentine : le gouvernement tente de freiner l’inflation AMÉRIQUE DU SUD Le président Mauricio Macri a annoncé mercredi une série de mesures dans l’espoir de retrouver les faveurs des Argentins. Aude Villiers-Moriamé @AudeVM — Correspondante à Buenos Aires Attablée dans son salon, une femme d’une trentaine d’années tient une petite fille – interloquée – sur ses genoux tandis qu’elle s’adresse à Mauricio Macri, le prési-

dent argentin : « Nous continuons de soutenir ton travail, mais je dois reconnaître que c’est de plus en plus difficile de payer le loyer, les factures […] tout augmente ! » Ce dialogue, qui semble filmé par une caméra amateur, est l’exercice – insolite – de communication auquel s’est livré Mauricio Macri mercredi. « Nous avons pris des mesures pour apporter un soulagement », explique le président de centre droit, la mine grave, à la famille qui le reçoit. Des mesures qui comprennent, entre autres, un accord avec plusieurs enseignes pour geler les prix de 60 produits de première nécessité pendant six mois, l’engagement de maintenir les prix des services publics (gaz, électricité, transports en commun…) à leur

La popularité de Mauricio Macri, candidat à sa réélection, est au plus bas : il totalise moins de 30 % d’intentions de vote. niveau actuel jusqu’à la fin de l’année, et la relance d’un plan de crédits immobiliers de l’Etat. « A court terme, le gel des prix devrait effectivement soulager les Argentins, car les derniers mois ont été difficiles. Mais il faut espérer qu’il n’y ait pas de rupture de stock de certains produits, c’est un risque », souligne Gabriel Zelpo, chef écono-

miste du cabinet de conseil Elypsis. Le nouveau plan du gouvernement vise à enrayer la hausse de l’inflation, qui a atteint 55 % sur les douze derniers mois, et à relancer le pouvoir d’achat des Argentins, sérieusement entamé par la crise économique et financière qui frappe le pays depuis mai 2018. Selon les derniers chiffres de l’Institut national des statistiques, un Argentin sur trois – et presque un enfant sur deux – vit sous le seuil de pauvreté. « L’inflation dépendra aussi de la stabilité ou non du peso », indique Gabriel Zelpo. Selon l’économiste, l’Argentine reste « fragile sur le plan financier ». Mardi, la Banque centrale a annoncé qu’elle allait renforcer son contrôle sur la fluctuation de la devise argentine – le peso a

perdu 9 % de sa valeur face au dollar depuis janvier. Ce gel du taux de change a été approuvé par le FMI, qui a octroyé un prêt de 56 milliards de dollars au pays en échange d’un plan de rigueur.

Décisions tardives

A six mois des élections générales (présidentielle et législatives partielles), la popularité de Mauricio Macri, candidat à sa réélection, est au plus bas : le président totalise moins de 30 % d’intentions de vote. Les mesures annoncées mercredi ont été saluées par une partie de l’opposition, qui dénonce toutefois des décisions « tardives » et « électoralistes ». Une opposition fragmentée, qui constitue la meilleure carte de Mauricio Macri

pour le scrutin d’octobre. Le potentiel retour de l’ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015) tétanise les milieux d’affaires et p olarise l’opinion publique. L’actuelle sénatrice de la province de Buenos Aires, mise en examen pour corruption dans plusieurs affaires, n’a pas encore formalisé sa candidature et, à ce stade, aucune figure alternative n’a su s’imposer. En revanche, Mauricio Macri semble déjà en pleine campagne. Le président a reporté la tournée qu’il devait effectuer la semaine prochaine en Europe (Belgique, Suisse, France), considérant, selon les porte-parole du gouvernement, « qu’il fallait être dans le pays en ce moment ». n


MONDE // 07

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

Vers une quatrième alternance en Ukraine depuis 2005 l Volodymyr Zelensky est bien placé pour battre le président sortant, Petro Porochenko, au second tour, dimanche. l Il joue sur la désaffection des Ukrainiens envers la classe politique. EUROPE Yves Bourdillon @yvesbouridllon C’est rien de moins que la quatrième alternance par les urnes qui se profile au second tour de la présidentielle de dimanche en Ukraine. Une « performance » sans équivalent au monde, signe de vitalité démocratique tranchant avec les régimes autoritaires de l’ex-URSS (hors pays Baltes), ou de profonde insatisfaction des électeurs envers leurs dirigeants. Le résultat de dimanche sera en tout cas déconcertant, puisque Volodymyr Zelensky, qui devrait l’emporter avec 71 % des voix, selon les derniers sondages, contre 29 % au chef de l’Etat sortant, Petro Porochenko, est surtout connu pour ses… pitreries à la télévision. Et personne ne sait ce que Volodymyr Zelensky, un acteur comique totalement novice en politique (il a créé son propre parti en décembre dernier), ferait au pouvoir. Peut-être l’ignore-t-il luimême, ayant présenté une plateforme plus qu’épurée : lutter contre la corruption, libéraliser l’économie et résoudre le conflit séparatiste dans l’Ukraine orientale. Sans préciser en rien les méthodes employées ou un calendrier. Volodymyr Zelensky s’est borné à préciser qu’il comptait négocier avec Vladimir Poutine sous l’égide de Washington et Londres et réduire l’influence des oligarques, cette douzaine d’hommes d’affaires (dont Petro Porochenko) contrôlant la politique, les médias et environ un sixième du PIB. Il n’a pas non plus fait campagne, au sens traditionnel du terme, jouant exclusivement des réseaux sociaux et de la chaîne de

Dette : Kiev menacé d’un défaut Le président Petro Porochenko a déclaré, jeudi, que le pays était menacé d’un défaut sur sa dette à la suite d’un jugement annulant une importante nationalisation bancaire, dramatisant les derniers jours de la campagne électorale. « Une telle aventure menace des dizaines de millions de clients d’une perte de leurs argent et le pays entier d’une faillite et d’une nouvelle crise économique », a-t-il prévenu.

télévision de son mentor, l’oligarque controversé Igor Kolomoïski. Au point qu’une vingtaine de médias ukrainiens de premier plan lui ont lancé mardi un appel pour qu’il précise sa « vision du développement du pays. Nos lecteurs, téléspectateurs et auditeurs aussi ont des questions, auxquelles nous ne pouvons pas répondre puisque nous n’avons pas eu l’occasion de dialoguer directement avec vous. »

Ce choix des Ukrainiens pour un inconnu peut surprendre mais s’explique par l’absence de résultats concrets depuis l’élection de Petro Porochenko. Et rien ne prouve que Volodymyr Zelensky ne trouvera pas un prétexte de dernière minute pour se dérober vendredi, lors du seul débat prévu, après moult chicaneries, dans le stade olympique de Kiev avec son rival, Petro Porochenko. Ce dernier l’y accusera sans doute de nouveau d’être un pantin d’Igor Kolomoïski, incapable de tenir tête à Poutine s’il a peur de participer à un simple meeting de campagne… Viktor Sokolov, de l’institut Gorshenin, estime que Volodymyr Zelensky est surtout « naïf et ne comprend pas le système qui tient le pays et le cantonnera à un rôle protocolaire. » Ce qui ne serait peut-être pas si grave, paradoxalement, car l’Ukraine souffrirait, selon Viktor Sokolov, d’un régime trop présidentiel. Dans cette perspective, le grand rendez-vous serait celui des législatives, cet automne… Ce choix des Ukrainiens pour un inconnu peut surprendre mais s’explique par l’absence de résultats concrets dans la vie des Ukrainiens depuis l’élection de Petro Porochenko. Certes, constate Aleksandra Matvitchuk, directrice de l’ONG Centre des Libertés, « depuis 2014, l’Ukraine a réalisé bien plus de réformes que depuis 1991 ». Mais le niveau de vie stagne, la corruption est ressentie comme étant toujours aussi présente, dans la vie de tous les jours comme dans les affaires. Les Ukrainiens réclament le changement, par l’élan d’une « démocratie directe et participative » avec Zelensky, estime Aleksandra Matvitchuk, à qui Petro Porochenko n’a pas grand-chose d’autre à opposer qu’un peuple uni par « son Eglise, son armée et sa langue ». n

L’acteur, Volodymyr Zelensky, est surtout connu pour ses… pitreries à la télévision. Photo Genya Savilov/AFP

L’économie ukrainienne se rapproche de l’Ouest L’intégration économique à l’Union européenne fait l’objet d’un large consensus en Ukraine, y compris de la part de dirigeants supposés complaisants avec le Kremlin. La marche vers l’Europe fait l’unanimité en Ukraine. C’est inattendu dans un pays à la personnalité mi-occidentale miorientale et où Moscou dispose de relais puissants, malgré le désamour né de l’annexion de la Crimée ou de l’implication de forces russes dans les régions séparatistes de l’est. Mais aucun des candidats à la présidentielle, y compris les deux affichant une orientation pro-Kremlin, arrivés en quatrième et huitième position, n’a proposé pendant la campagne de revenir sur l’accord d’association avec Bruxelles dont la dénonciation en 2013 avait mis le feu aux

poudres et abouti à la chute du régime pro-Moscou de Viktor Ianoukovitch. Et l’un des princip a u x a c q u i s d o n t s e t a rg u e l’actuel chef de l’Etat, Petro Porochenko, est d’avoir obtenu la levée de l’obligation de visa pour ses compatriotes dans l’Union européenne... A l’inverse, les relations avec Moscou font régulièrement l’objet de frictions, comme l’illustre l’incident militaire en mer d’Azov fin 2018.

Une vision optimiste

Aujourd’hui, explique Veronika Movchan, économiste à l’Institut pour la recherche économique, « les exportations vers l’Union, grâce à une augmentation de 50 % depuis 2016, constituent 43 % du total des exportations ukrainiennes, soit six fois plus que celles vers l’ex grand frère russe ». Parallèlement, les fournitures de gaz de ce dernier, outil de pression jadis, sont tombées à zéro en raison du

différend politique doublé d’une dispute sur les tarifs. Ce qui fait que Moscou ne fournit plus que 12 % du total des importations, avec du charbon, du pétrole et de l’uranium. En outre, « les exportations vers l’Union sont à 42 % constituées de biens transformés ». Veronika Movchan estime que la moitié du commerce perdu avec la Russie en raison de la brouille entre les deux pays depuis 2014 a été récupéré grâce aux échanges avec l’UE. Une vision un peu trop optimiste pour Roman Girchfeld, patron de la firme métallurgique Oupek et membre du Comité

500.000 UKRAINIENS PAR AN c’est le nombre de personnes, en majorité des jeunes qui partent travailler en Pologne ou en République tchèque.

d’Etat de la politique industrielle. Il affirme que « si l’accord d’association de 2013 a permis d’offrir des débouchés à l’ouest aux firmes ukrainiennes, il lui a aussi fait perdre des marchés traditionnels à peu près équivalents en Russie ». L’Ukraine reçoit une aide financière de l’Europe, mais perd de précieuses ressources humaines, qui partent travailler en Pologne ou République tchèque, selon lui. Les flux représenteraient 500.000 personnes par an, en majorité des jeunes bien formés. S’il est toujours favorable à l’intégration à l’Ouest, iI déplore aussi les exemptions fiscales dont bénéficient les Ukrainiens employés par des firmes occidentales des technologies de l’information pratiquant l’« outsourcing ». « Tant mieux pour les informaticiens qui trouvent un emploi, souligne-t-il, mais cela ne contribue pas à la création d’entreprises en Ukraine. » — Y. B.

La Grèce remet sur la table ses demandes de réparations à l’Allemagne EUROPE Athènes a évalué à 270 milliards d’euros le montant des dédommagements. Catherine Chatignoux @chatignoux Ninon Renaud @Ninon Renaud — Correspondante à Berlin

Les Grecs n’en ont pas fini avec leurs demandes de réparations à l’Allemagne pour ses exactions pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Parlement a voté mercredi soir, à une large majorité, une résolution sommant le gouvernement d’obtenir de l’Allemagne des compensa-

tions pour les crimes commis durant les années d’occupation de la Grèce, entre 1941 et 1944. Dans la foulée, le Premier ministre, Aléxis Tsípras, a confirmé qu’il enverrait prochainement une note à Berlin dans laquelle il réitérerait « ses revendications inaliénables nées de l’invasion et de l’occupation nazie ». Ces demandes de compensations, récurrentes depuis la fin de la guerre, avaient resurgi après l’arrivée au pouvoir en Grèce du parti de la gauche radicale Syriza, en 2015. Après une année de travaux, une commission parlementaire transpartisane avait réévalué à 270 milliards d’euros le montant des dommages. A plusieurs reprises, pendant la crise, la Grèce avait mis le sujet sur la table, espérant infléchir l’intran-

« Ces revendications sont toujours actives. » NIKOS VOUTSIS Le président de la Vouli

sigeance de l’Allemagne dans sa gestion de la dette grecque. En vain, les demandes d’Athènes avaient à l’époque été jugées « stupides » par le ministre de l’Economie d’alors, le social-démocrate Sigmar Gabriel. Ces derniers mois, la crise se résorbant peu à peu, le sujet semblait avoir été oublié. La visite du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, en octobre dernier, puis celle d’Angela Merkel, en janvier, s’étaient bien passées, donnant l’impression que la Grèce avait tourné la page. Le vote du Parlement grec, mercredi, montre qu’il n’en est rien. « Ces revendications sont toujours actives », a lancé le président de la Vouli, Nikos Voutsis, alors que les élections européennes se profilent. Cette fois, le Premier ministre a mis

en garde contre la tentative de lier les demandes de réparations au problème de la dette grecque : « Cette idée répugnante caractérise ceux qui l’ont conçue et non pas la Grèce ni cette assemblée. » Pour la première fois, le principal parti d’opposition de centre droit, Nouvelle Démocratie, proche de la CDU d’Angela Merkel s’est publiquement associé à cette démarche de Syriza.

Une dette soldée

Berlin continue pourtant à ignorer ces demandes de réparations. Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a souligné jeudi que l’Allemagne reconnaissait « sa grande part de responsabilité dans les souffrances endurées par la Grèce durant l’ère du national-socialisme ». Avant d’ajouter que « la ques-

tion des réparations allemandes est réglée juridiquement et politiquement ». Pour Berlin, le traité du 12 septembre 1990, qui a ouvert la voie à la réunification du pays, a soldé la dette de l’Allemagne. Baptisé « 2+4 » car conclu par les deux anciennes Allemagne de l’Ouest et de l’Est et les quatre vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale (Etats-Unis, URSS, GrandeBretagne et France), ce traité réglementait le tracé et le statut du pays réunifié. Les signataires y renonçaient au remboursement des dettes de guerre restant dues par l’Allemagne au titre du traité de Londres de 1953. La Grèce ayant reçu un chèque de 115 millions d e m a r k s d e l a R FA e n 1 9 6 0 , sa demande actuelle est jugée injustifiée. n


08 // MONDE

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

Le rapport Mueller n’exonère pas Donald Trump d’obstruction à la justice Robert Mueller a été nommé procureur spécial, il confie à ses proches : « C’est terrible. C’est la fin de ma présidence, je suis foutu », avant de poursuivre, selon les notes du chef de cabinet de Jeff Sessions, alors ministre de la Justice : « Tout le monde me dit que si vous avez ce genre d’enquêteur indépendant, cela gâche votre présidence. » Il a ensuite cherché à renvoyer le procureur spécial. Le rapport souligne alors que « si les efforts du président pour influencer l’enquête n’ont pas abouti, c’est parce que les personnes de son entourage ont refusé d’exécuter ses ordres ». Pour éclaircir la situation, le Con-

ÉTATS-UNIS Pour la Maison-Blanche, il ne fait aucun doute que le président américain ressort complètement blanchi. Mais les conclusions du procureur spécial ne sont pas aussi définitives. Nicolas Rauline @nrauline — Bureau de New York Vingt-deux mois d’enquête, une équipe de 60 personnes, 500 témoins, 2.800 assignations, 34 inculpations, un coût de 25 millions de dollars… Et plus de 400 pages publiées ce jeudi, après un long débat. Le rapport du procureur spécial Robert Mueller est enfin sorti. Et deux interprétations s’opposent clairement. Pour Donald Trump, la situation est claire. « Pas de collusion. Pas d’obstruction. Pour les haineux et les démocrates de la gauche radicale, c’est game over », a-t-il tweeté, en faisant référence à la série « Game of Thrones ». Ses avocats se sont félicités d’une « victoire totale », alors que le secrétaire à la Justice, William Barr, a confirmé sa version des faits, défendue depuis la publication du résumé, en mars : « Le rapport conclut qu’il n’y a eu aucune collusion

Le rapport décrit les difficultés des enquêteurs pour obtenir des réponses du président

Le rapport final de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur « l’ingérence russe » a été rendu public jeudi. Photo Cliff Owen/AP/SIPA entre l’équipe de campagne de Donald Trump et les efforts russes pour influencer le processus électoral. » Avant d’ajouter qu’il n’y avait aucune preuve, non plus, d’une obstruction de la justice de la part de Donald Trump. Le rapport est toutefois moins catégorique. Sur les accusations de collusion, l’enquête a trouvé de

« nombreux contacts » entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie, sans toutefois retenir de charge criminelle.

Mueller devant le Congrès ?

Le procureur spécial conclut aussi qu’il n’est pas en mesure d’affirmer qu’il y a eu obstruction, mais il n’exonère pas non plus le président

américain. « Si nous avions la certitude après l’enquête que le président n’a pas commis d’obstruction à la justice, nous le déclarerions », expliquent les enquêteurs, qui renvoient la balle dans le camp des parlementaires. « Nous avons conclu que c’est le Congrès qui a l’autorité de retirer les pouvoirs d’un président afin de protéger l’intégrité de la justice. »

Le rapport publié ce jeudi fait aussi la lumière sur certains épisodes de l’enquête. Il décrit les difficultés des enquêteurs à faire leur travail, notamment pour obtenir les réponses du président, jugées ensuite « inadéquates ». On y apprend que Donald Trump était très inquiet de la tournure de l’enquête. Dès qu’il apprend que

grès souhaite entendre Robert Mueller. La commission des Affaires judiciaires de la Chambre des représentants lui a envoyé un courrier demandant son audition « au plus tard pour le 23 mai ». La commission des Renseignements a fait de même. William Barr, le secrétaire à la Justice dont dépend Robert Mueller, a répondu qu’il n’y voyait « pas d’obstacle ». Les démocrates pourraient ensuite décider de lancer des poursuites à l’encontre du président, pouvant aller jusqu’à la procédure de destitution. n

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Le dictateur veut ainsi montrer au président américain qu’il est prêt à la confrontation en l’absence de levée rapide des sanctions. Yann Rousseau @yannsan — Correspondant à Tokyo Kim Jong-un veut capter l’attention de Donald Trump. Après s’être abstenu, pendant des mois, de se mettre en scène lors d’opérations militaires pour faciliter les négociations avec le président américain, le jeune dictateur nord-coréen s’est affiché jeudi dans ses médias d’Etat, sur le site de test d’une nouvelle génération « d’arme tactique guidée » équipée d’une « puissante ogive ». Le leader du régime aurait, d’après l’agence de presse KCNA, supervisé personnellement mercredi ces essais décrits comme « très importants pour accroître la puissance de combat de l’Armée populaire » nord-coréenne. La propagande de Pyongyang ne donne aucun détail permettant d’identifier avec certitude la nature du système d’armement, mais les analystes estiment qu’il s’agit probablement d’un missile à courte portée, comme un missile antichar. « Le 16 novembre dernier, les médias nordcoréens avaient déjà évoqué le test d’une “nouvelle arme tactique ultramoderne” et l’essai de mercredi pourrait être lié à ce même missile », suggère Karl Dewey, un expert militaire de la firme Jane’s d’IHS Markit.

Visite à Poutine

Le spécialiste rappelle que ces tests ne violent pas la promesse de moratoire sur les essais de missiles balistiques et de charges nucléaires faite par Pyongyang en avril 2018, avant

le premier sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un. « Ils peuvent tester tout autre sorte de missile », rappelle Karl Dewey. Si Kim Jong-un prend donc soin de ne pas s’exposer à une nouvelle salve de critiques ou de sanctions de la communauté internationale, il démontre qu’il n’a nullement freiné le développement de son arsenal militaire. En début de semaine, le think tank CSIS – le Centre des études stratégiques et internationales de Washington – avait d’ailleurs dévoilé des images satellites prises le 12 avril montrant un regain d’activité sur le complexe de Yongbyon, qui abrite les activités nucléaires militaires du régime. Sur les clichés, plusieurs véhicules apparaissent près de l’usine d’enrichissement d’uranium et du laboratoire de radiochimie du site, surveillé par toutes les agences de renseignement. Avec ces différentes activités, Kim Jong-un laisse entendre que son pays est toujours prêt à entrer dans un nouveau cycle de confrontations si les tractations lancées avec Washington ne débouchent pas sur un compromis qu’il jugerait pleinement satisfaisant. Et la Corée du Nord est, pour l’instant, loin d’être satisfaite par l’état des discussions, entamées il y a un an, après une phase de graves ten-

« Son régime commence à se sentir frustré par le manque de souplesse de Washington dans les récentes négociations. » HARRY KAZIANIS Center for the National Interest

sions. La preuve en est que le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a demandé, jeudi, le retrait du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo des discussions sur le nucléaire entre Washington et Pyongyang, en lui attribuant la responsabilité de l’impasse. Pour faire bon poids, le Kremlin a annoncé jeudi que Kim Jong-un se rendrait en Russie fin avril pour un sommet bilatéral avec Vladimir Poutine.

Sommet mal préparé

Kim Jong-un n’a aucune intention d’abandonner l’arme atomique, mais il espère obtenir, en l’échange de concessions symboliques, une levée des sanctions internationales qui l’empêchent de se concentrer sur le redressement économique de son pays. Maintenant qu’il dispose de la force de dissuasion nucléaire, c’est sa grande priorité. Mais, lors du sommet d’Hanoï qui avait été très mal préparé, Donald Trump a refusé toute levée des sanctions sans geste fort de Pyongyang. « Son régime commence à se sentir frustré par le manque de souplesse de Washington dans les récentes négociations », résume Harry Kazianis, du Center for the National Interest. A la Maison-Blanche, il n’est pas certain que ces petites sorties de Kim Jong-un vont inciter Donald Trump à changer sa stratégie de négociation. Le président américain affirme qu’il est toujours ouvert à de nouvelles discussions et pourrait éventuellement envisager un troisième sommet avec le dirigeant nord-coréen. Mais il n’a pas promis clairement d’assouplissement des sanctions contre Pyongyang. Beaucoup d’experts américains notent d’ailleurs que l’apparente impatience de la dictature prouve que les sanctions font souffrir le régime et qu’il faut donc les maintenir pour forcer Pyongyang à envisager un véritable démantèlement de son arsenal nucléaire et balistique. n


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idées&débats

Muryel Jacque @MuryelJacque

Près de 33.950 tonnes d’or dorment dans leurs coffres-forts. Ce trésor, c’est celui des banques centrales. Elles possèdent, à elles seules, plus de 17 % de tout le métal extrait depuis la nuit des temps. Au prix moyen de l’once sur le marché, on arrive à près de 1.400 milliards de dollars, l’équivalent, à peu de chose près, du PIB de l’Australie ou de l’Espagne. Après avoir passé plus de vingt ans à vendre de l’or, les banques centrales sont redevenues acheteuses nettes en 2010. Depuis, leur soif ne se dément pas, au point d’atteindre l’an passé un niveau inégalé depuis un demi-siècle. La demande est exceptionnelle, étonnamment forte, racontent les analystes. Une ruée moderne qui se passe de pioche et de tamis. Mais, à l’heure de l’essor des monnaies dématérialisées, pourquoi les banques centrales ont-elles encore besoin d’or ? D’autant d’or ? A la fin du XXe siècle, elles sont pourtant toutes à se délester de leurs réserves. Belgique, Pays-Bas, Argentine, Australie, Canada, Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, et même le FMI. La volatilité des cours du métal les y incite. L’arrivée d’une nouvelle monnaie, l’euro, également. En 2004, la France se décide à son tour : son déficit budgétaire augmente et elle veut investir dans des actifs qui rapportent des intérêts, des dividendes, contrairement à l’or qui ne procure aucun revenu. C’est l’avis du nouveau ministre des Finances, Nicolas Sarkozy. De toute façon, globalement, le métal n’a plus la cote. Certains articles de l’époque évoquent même son « inutilité » depuis qu’il n’a plus de rôle formel dans le Système monétaire. Jusqu’à ce que la crise financière mondiale frappe un grand coup. Elle change radicalement la ten-

LE COMMENTAIRE

L’ANALYSE DE LA RÉDACTION C’est une ruée vers l’or qui se fait sans pelle ni pioche : depuis 2010, les banques centrales ont repris avec voracité leurs achats de métal précieux. La crise financière, les incertitudes géopolitiques et la volonté de moins dépendre du dollar ont redonné à l’or son statut de valeur refuge.

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Les points à retenir Les banques centrales •possèdent, à elles seules, plus de 17 % de l’or extrait depuis la nuit des temps. Après avoir passé plus de vingt ans à en vendre, elles sont redevenues acheteuses. De fait, la crise de 2008 a changé radicalement la tendance et les institutions monétaires se mettent à amasser des centaines de tonnes de métal précieux. La liquidité devient alors une préoccupation majeure. Russie et Chine font aujourd’hui partie du club « des plus de 1.000 tonnes » aux côtés des Etats-Unis.

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dance, elle modifie en profondeur le comportement des institutions monétaires. Les Occidentaux ne toucheront plus à leurs lingots. Les pays émergents, dont le poids dans le commerce mondial augmente – Chine en tête –, voient grossir la taille de leurs réserves en même temps que leurs excédents. Ils se mettent à amasser de l’or. Des centaines de tonnes. Certains pays producteurs profitent en parallèle de l’envolée des prix des matières premières pendant les années folles du super-cycle. La crise de 2008 révèle aussi que la liquidité est un risque majeur pour tous les investisseurs, y compris les banques centrales, alors que la menace qui plane à ce moment-là sur le système financier mondial a temporairement limité l’accès au dollar américain, retrace le centre de recherche d’Amundi dans un document publié en mars. L’or retrouve son rôle flamboyant de valeur refuge. Les banques centrales émergentes cherchent par ailleurs de plus en plus à « dé-dollariser » leurs réserves de change. A faire en sorte que leur économie dépende moins de cette seule devise. L’association des tensions géopolitiques, l’évolution structurelle du commerce mondial et la vision à long terme sur le billet vert jouent. La base des banques centrales acheteuses s’est d’ailleurs récemment élargie. La Turquie, l’Inde, l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande comptent parmi les candidats à cette diversification. La Chine, qui dispose dans ses coffres-forts d’environ 78,5 milliards de dollars d’or, veut ainsi renforcer la confiance des investisseurs dans le yuan. Mais aucun pays ne s’est démarqué autant que la Russie. En 2018, elle a acquis près de 274 tonnes – du jamais-vu –, financé par la vente quasi-totale de son portefeuille de bons du Trésor américain. Moscou approche le niveau de réserves

Pascal Garnier pour « Les Echos »

La nouvelle soif de l’or des banques centrales

qu’on prêtait à l’URSS en 1990. Si elle maintenait ce rythme, la Russie posséderait, d’ici à la fin de l’année, presque autant d’or que la France, qui abrite les quatrièmes plus grosses réserves de la planète. Russie et Chine font aujourd’hui partie du club « des plus de 1.000 tonnes » aux côtés des Etats-Unis – qui détiennent un quart des stocks mondiaux d’or –, de l’Allemagne, de l’Italie, de la France et de la Suisse. La différence reste que leurs réserves d’or représentent une part bien moins importante de leurs réserves de change que pour les pays

occidentaux (Suisse mise à part). Mais les pays d’Asie centrale ou de l’Est ne sont plus les seuls. En Europe, la montée du nationalisme porte certains gouvernements à s’éloigner des devises phares. L’été dernier, la Pologne a créé la surprise en achetant de l’or pour la première fois depuis vingt ans. Elle a été suivie peu après par la Hongrie, qui a décuplé ses réserves alors que le pays n’avait pas bougé depuis plus de trente ans. L’or est « la réserve de valeur ultime », dit la Banque de France. Pour la Bundesbank, c’est « une

sphère de sécurité ultime » en période d’incertitude. Après la crise, la « Buba » a voulu rassurer les Allemands sur ses réserves d’or, et les a dévoilées au grand public. Une première historique. De l’or sonnant et trébuchant, comme une preuve de son existence, pour calmer les sceptiques sur la stabilité de son bilan. Elle a aussi rapatrié une bonne partie de l’or qui se trouvait à l’étranger et publié une liste de… 2.400 pages qui répertorient la totalité de ses barres. « Pour montrer aux citoyens que les lingots sont là. » n

Ralentissement mondial : la faute des Européens

de Mathilde Lemoine e président américain a bon dos. Après avoir annoncé une chute du commerce et de la croissance mondiaux si les produits importés aux Etats-Unis étaient taxés, les institutions internationales, les banquiers centraux et les gouvernements européens mettent désormais le ralentissement de la croissance mondiale sur le dos « de la rhétorique de M. Trump ». C’est oublier un peu trop rapidement l’influence des fondamentaux de la croissance et la responsabilité des Européens. D’une part, si les exportations américaines de biens en Chine ont effectivement reculé de 12 % au deuxième semestre 2018 à la suite d u r e l è ve m e n t d e s d r o i t s d e douane, c’est surtout la conséquence du ralentissement de la demande intérieure chinoise. Les résultats économétriques montrent que les facteurs macro-éco-

L

nomiques tels que la dynamique domestique, la démographie ou encore l’évolution du crédit ont une influence prépondérante sur le commerce bilatéral. D’autre part, la hausse des droits de douane a déjà réorienté les flux de commerce. Alors que le commerce des EtatsUnis vers la Chine reculait, les exportations américaines vers le reste de l’Asie ont augmenté de 10 % ! Les ventes de produits chinois aux Etats-Unis ont, quant à elles, continué à croître de 20 % grâce à la vigueur de l’investissement et de la consommation américains. En conséquence, la politique de gains de parts de marché menée par le gouvernement américain ne peut pas être désignée comme la seule responsable du ralentissement du commerce et de la croissance mondiaux. Au contraire, en choisissant de mettre en œuvre des

incitations à l’investissement productif, les Américains ont soutenu la croissance mondiale et creusé l’écart avec les Européens. Il en résulte un stock net de capital par

L’investissement privé n’ayant pas été soutenu en Europe, l’appareil de production est vieillissant. employé supérieur de 17 % à celui calculé pour la zone euro, et donc une productivité par travailleur plus élevée. De plus, ces mesures ayant été défendues successivement par les démocrates puis par les républicains, le rythme d’accumulation du capital a été plus rapide aux Etats-Unis qu’en zone euro. Les perspectives de croissance du PIB par habitant sont

donc durablement plus élevées outre-Atlantique. En Chine, Xi Jinping a choisi de donner plus de poids aux entreprises d’Etat et au Parti communiste pour mettre en œuvre sa politique d’innovation. Si de telles orientations peuvent avoir un impact sur l’accumulation de capital, elles sont de nature à freiner sa réallocation et donc à peser sur la croissance potentielle. En ne retenant de la politique économique américaine que la rhétorique de Donald Trump, les dirigeants européens se dédouanent de leurs responsabilités. L’ i m p a c t p o s i t i f d e s b a i s s e s d’impôts de 2018 sur la compétitivité des entreprises et l’évolution plus rapide de la productivité du travail mettent l’administration américaine en position de force pour négocier face à des Européens affaiblis. L’investissement privé n’ayant pas été soutenu, l’appareil

de production est vieillissant. Cela hypothèque les perspectives de croissance. De plus, les Européens ne considèrent plus le caractère communautaire de la politique commerciale comme une force. Le seul dénominateur commun auquel est parvenue la Commission européenne pour négocier face à l’administration américaine est la suppression des droits de douane sur les biens industriels. Et encore, la France s’y est opposée. Cette vulnérabilité n’a pas échappé au président américain qui va annoncer sa décision de relever les droits de douane sur les importations de voitures venant d’Europe le 18 mai au plus tard… soit huit jours avant les élections européennes.

Mathilde Lemoine est professeur à Sciences Po Paris et chef économiste du groupe Edmond de Rothschild.


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opinions DANS LA PRESSE ÉTRANGÈRE

L’ère des services ne fait que commencer

Odebrecht : une tragédie péruvienne

Les services occupent une place importante dans l’économie française. Avec les nouvelles technologies et la transformation des usages, les activités servicielles sont appelées à se développer davantage, estime Didier Kling, président de la CCI Paris Ile-de-France.

Le scandale Odebrecht, du nom de •cette entreprise brésilienne de BTP qui a

NOUVELLES ACTIVITÉS « Vente de services de maintenance prédictive autour du vol des avions, amélioration de l’efficacité énergétique par un usage responsable, proposition de performance d’usage d’une machine, gestion complète du cycle de vie des pneus (grâce à des capteurs d’usure) ou encore offre de solutions pour mieux s’alimenter… Les exemples ne manquent pas pour illustrer la part croissante des revenus que les entreprises tirent aujourd’hui d’une activité servicielle. »

MODÈLE ÉCONOMIQUE « Des entreprises pleinement conscientes de cette mutation écrivent les modèles économiques serviciels qui seront rentables demain. Mais trop nombreuses sont celles qui fonctionnent encore sur le modèle de l’économie préservicielle avec un business model centré sur le produit ou insuffisamment défini à partir des usages client. C’est ce défi de la transformation servicielle qu’il leur faut relever. » MUTATION INDUSTRIELLE « Certes, nous n’en sommes qu’au début de l’histoire et il est encore trop tôt pour mesurer les effets de cette “servicialisation”. Mais saisissons-la et accélérons la mue du tissu productif français. Prenons conscience que, derrière ce virage serviciel, nous tenons une précieuse opportunité de répondre aux grands défis sociaux, sociétaux, environnementaux et économiques contemporains. »

a A lire en intégralité sur Le Cercle : lesechos.fr/idees-debats/cercle

versé des pots-de-vin à des dirigeants au Brésil et dans d’autres pays d’Amérique latine, est devenu une tragédie au Pérou, souligne « El Comercio ». L’ancien président Alan Garcia s’est suicidé, mercredi, à Lima, quelques instants avant son arrestation par la police dans le cadre d’une enquête sur cette immense affaire de corruption qui secoue la classe politique latino-américaine. Mais, comme le souligne « El Comercio », la mort de celui qui fut deux fois président de la République du Pérou (1985-1990 et 2006-2011), intervient alors que le parti Apriste (Alliance populaire révolutionnaire américaine) qu’il dirigeait était à « la recherche d’une recomposition pour surmonter ses luttes internes ». Pour le quotidien de Lima, le parti d’obédience socialdémocrate « sait néanmoins, dans les moments difficiles, faire preuve d’unité en dépit de ses divisions ». « El Commercio » souligne ainsi qu’Alan Garcia avant de décéder à l’hôpital était entouré de la haute direction du parti. L’ancien président, qui avait laissé après son premier mandat une situation économique et sociale catastrophique, était suspecté de corruption, pour la construction par Odebrecht, de la ligne numéro un du métro de Lima. Mais il n’était pas le seul. Trois autres anciens présidents péruviens (Alejandro Toledo, Ollanta Humala et Pedro Pablo Kuczynski) sont également dans le collimateur de la justice ainsi que la cheffe de l’opposition, Keiko Fujimori. En dépit du drame, « El Comercio » espère que la vérité sera faite et la justice rendue dans le scandale Odebrecht pour rompre avec « un passé d’impunité » et ouvrir la voie à « un avenir où aucun citoyen ne se croit au-dessus de la loi ». —J. H.-R.

Mallet Thierry/Sipa

LE MEILLEUR DU CERCLE DES ÉCHOS

Le choc international créé par la chute de la flèche de Notre-Dame en flamme est venu dire aux Français qu’ils ont le bonheur d’avoir l’un des pays les plus beaux du monde.

Et maintenant, reconstruire la cathédrale France Beaucoup de Parisiens avaient oublié la beauté de Notre-Dame à force de la côtoyer, tout comme beaucoup de Français ont oublié que l’on vit plutôt bien dans leur pays. Les difficultés existent, mais ne justifient ni la violence des derniers mois, ni les vaines polémiques sur les dons.

LA CHRONIQUE d’ Eric Le Boucher

LA REVUE DU JOUR

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L’économie en 100 portraits LE PROPOS Vous avez toujours voulu tout savoir, ou presque, sur l’économie ? « Sciences Humaines » propose un excellent hors-série qui présente 100 personnalités de la matière. Débutant par Aristote (c’est bien le moins) pour aboutir aux Français Tirole, Piketty et Duflo, le dossier permet de découvrir, réviser ou approfondir. Si l’ordre de présentation est chronologique, l’ensemble de ces penseurs est d’emblée référé à une galaxie de six familles : physiocrates, classiques, mercantilistes, marxistes, néoclassiques, keynésiens. Avec les écoles secondaires, comme les socialistes utopiques, l’école libérale française (où l’on retrouvera Bastiat et Cournot), les néokeynésiens (avec Krugman et Stiglitz). Bref, une œuvre très utile qui, de une à quatre pages (pour Marx, Hayek ou Keynes), donne à voir l’essentiel, avec une problématique particulière. L’INTÉRÊT Un tel panorama

our les Parisiens, l’incendie de Notre-Dame de Paris a fait naître un reproche intérieur : tant de fois en passant alentour, ils se disaient qu’ils devraient y entrer à nouveau, flâner dans l’apaisant jardin de l’Archevêché, et ils ne l’ont pas fait. Comme si, à force de croiser quotidiennement la Beauté, l’attention ne meurt pas mais se dissout. Puisse l’incendie avoir brûlé cette négligence. Puisse le tocsin avoir réveillé le plaisir quotidien de voir la grande cathédrale et le privilège d’habiter l’une des plus belles villes du monde, la plus belle capitale, Paris. Les Parisiens devraient ne plus oublier de mettre cette félicité au crédit de leur existence. Le rappel vaut pour la France. Le choc international créé par la chute de la flèche en flamme est venu dire aux Français qu’ils ont le bonheur d’avoir l’un des pays les plus beaux du monde. Le continent immense vient chez eux épouser les mers, sous un climat au philosophique mot de tempéré, arrosant une terre économique grasse à lin et à vin, aux paysages esthétiques si diversifiés qu’il suffit de passer un col. L’histoire a fait des cathédrales, des châteaux, des villes dans cet envié esprit français qui sait marier brillance et équilibre. Puisse donc l’incendie nous y ramener et calciner l’injustice des sondages sur ces Français « malheureux », se classant au 24e rang selon l’ONU ( World Happiness Report 2019) à côté des Mexicains, quand les Anglais sont 15e malgré le Brexit, les Allemands 17e, les Finlan-

Les 100 Penseurs de l’économie « Sciences Humaines », hors-série, avril 2019, 12,50 euros.

repose nécessairement sur des choix : absence de nombreux prix Nobel d’économie, présence de certains sociologues (et pas des moindres). Les grincheux traqueront donc les manques. Les heureux se contenteront certainement d’un tel présent. A offrir donc ou à s’offrir, pour une somme d’ailleurs modique. — Julien Damon

dais 1er. Seule la durée de vie est mise en « facteur positif » quand, pour les Français sondés, tout le reste va mal : le revenu par habitant, le social, la liberté, la corruption et la faible « générosité ». L’afflux de dons pour rebâtir NotreDame vient démontrer que les Français sont en réalité plus généreux que ce que disent les classements de l’ONU. Il en va autant des autres critères : les Français se disent plus malheureux qu’ils ne le ressentent en eux-mêmes. Ils expriment un malheur qui n’est pas vraiment.

D’un mal un bien, Notre-Dame vient salutairement en contre-feu des « gilets jaunes ». Transformer un bel élan de « générosité » en aigreur est bel et bien le signe que la cathédrale française est brûlée et qu’il faut la reconstruire. D’un mal un bien, Notre-Dame vient salutairement en contre-feu des « gilets jaunes ». Les difficultés de vivre existent et elles s’accroissent pour la classe moyenne. Certes. Immense problème posé au capitalisme mondial dont personne n’a la solution, sauf à relever les qualifications et l’aptitude de chacun à monter en compétence. Mais, depuis six mois, en France, l’exagération du « malheur » ressenti a conduit à la violence quand les chiffres devaient inciter à la relativité comme la beauté des lieux à la tempérance. Tout a concouru au délire français à commencer par la polarisation politi-

que : la formation En Marche a obtenu 28 % des voix au premier tour des législatives mais 61 % des sièges, résultat « trop déséquilibré » qui a mis le président Emmanuel Macron directement face aux électeurs et contre tous les partis (*). Les médias en perte de boussole dans le début de siècle ont éperonné les émotions à cause de la fragilité des journaux de qualité, due à l’appropriation de leur recette par Facebook et Google, de l’excès de concurrence des chaines en continu, de la mue des réseaux sociaux d’outil de la connaissance en marteau de l’abêtissement. Mais au-delà, ce qui a caractérisé notre pays ces derniers mois était un aboutissement de trois décennies de sape politique et économique et la victoire du ressentiment. Qu’une absurde polémique puisse émerger sur les donateurs pour la reconstruction de NotreDame – les riches qui donnent des millions, la défiscalisation, cet argent qui devrait aller aux pauvres plutôt qu’aux pierres – montre une France qui a perdu le sens de sa culture, de son histoire, de son unité derrière la diversité des situations et des revenus, bref de ce qui fait société. Transformer un bel élan de « générosité » en aigreur est bel et bien le signe que la cathédrale française est brûlée et qu’il faut la reconstruire. Le feu a pris sur l’île de la Cité, il s’agit bien de notre cité. Le grand débat a montré que l’engagement pouvait surpasser le ressentiment. Emmanuel Macron doit en tirer des mesures pour répondre aux attentes. Il doit surtout redonner intérêt au récit national, à l’amour de la diversité des paysages et des gens, à l’ambition de briller et à l’harmonie du tout. Reconstruire Notre-Dame, comme faire revenir le bonheur de la voir, d’y entrer et d’être en France. (*) Gérard Grunberg, Telos, 12 avril


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opinions LE POINT DE VUE de Jean-Dominique Giuliani

Europe : se projeter plutôt que se protéger !

Notre-Dame ou les deux visages de la fortune L’ŒIL DU PHILOSOPHE

n France, depuis plus de vingt ans, chaque campagne européenne est l’occasion de débats qui n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité des politiques européennes. Entre ceux qui tentent de les ramener à des querelles idéologiques et ceux qui transfèrent au plan européen leurs espérances déçues au niveau national, nos candidats s’illustrent par un irréalisme confondant. Les vieilles querelles sur la souveraineté n’ont plus lieu d’être : l’Union européenne est plus intergouvernementale qu’espéré par les plus nationalistes ; elle est plus fédérale qu’imaginé par les fédéralistes eux-mêmes. Rien ne peut vraiment se décider sans les Etats ; les citoyens sont attachés à l’euro, vraisemblablement l’outil le plus fédéral de tous. Ces débats-là sont dépassés et largement inutiles. En revanche, les évidences doivent être rappelées pour mieux trouver de bonnes réponses aux défis nouveaux lancés à l’Europe. Ces évidences sont géographiques, démographiques et démocratiques. Nous sommes le plus petit continent du monde (4 millions de km2 contre, par exemple, 17 pour la seule Russie ou 9 pour le seul Brésil), notre population (512 millions d’habitants) ne représente que 7 % de la population mondiale et cette proportion va encore s’aggraver. Le nombre de vraies démocraties dans le monde régresse à moins d’une soixantaine et elles sont désor-

mais contestées par des régimes autoritaires qui se parent des vertus de l’efficacité. Notre mode de vie est en cause. Pour autant, si l’on veut bien objectivement comparer la situation des Européens aujourd’hui avec ce qu’elle était en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, on ne peut qu’être sidéré du redressement accompli. En soixante-quinze ans, l’Europe, qui aurait pu sortir de l’histoire, s’est de nouveau hissée aux tout premiers

LE POINT DE VUE

La réduction de la dette publique reste une priorité

E

de Cécile Philippe

a baisse de la fiscalité est une priorité pour les Français. Elle est légitime dans un pays où elle atteint des records. Elle ne devait néanmoins pas détourner l’attention des déficits permanents et de l’accumulation de la dette qui restent, en Fr a n c e , u n e é p é e d e D a m o c l è s . Nous aurions intérêt à les considérer comme tels plutôt que d’attendre q u’ i l s n o u s o b l i g e n t à f a i r e d e s choix extrêmement coûteux pour la collectivité. Comme l’écrit le philosophe Isaiah Berlin, connu notamment pour son développement de la distinction entre liberté positive et liberté négative, « le mieux que l’on puisse faire, comme règle générale, c’est de maintenir un équilibre précaire qui empêchera l’occurrence de situations désespérées, de choix intolérable. C’est l’exigence première d’une société décente. » L’accumulation de dettes génère des risques, notamment celui que les choses deviennent incontrôlables. Pour autant, l’économiste Olivier Blanchard questionnait récemment l’enjeu collectif que représente la baisse des dettes publiques. Selon lui, « la dette publique est mauvaise, mais pas catastrophique. Il est possible d’y avoir recours, mais il faut le faire à bon escient ». Dans un contexte de taux faibles, avec des taux d’intérêt inférieurs au taux de croissance, l’endettement peut être une stratégie gagnante. Le propos du président de l’American Economic Association, d’origine

L

La construction européenne est un immense succès. Il faut assumer le chemin accompli avec une fierté légitime. rangs de la prospérité, du niveau de vie, en choisissant un modèle d’économie sociale où les solidarités sont organisées et fortes. Cet espace de création de richesses, qui allie de manière si unique les traditions, les diversités, les cultures et une économie efficace, a protégé ses citoyens plus que tout ce qu’on pouvait espérer. En inventant progressivement l’addition volontaire des forces d’Etats et de peuples entreprenants et créatifs, elle est montrée en exemple d’une réussite inédite sur tous les continents. Seuls les Européens semblent

française, a naturellement été largement commenté dans l’Hexagone. Dans un pays comme la France, il signifierait, par exemple, qu’il ne serait peut-être pas nécessaire de trouver de nouvelles recettes ou de baisser les dépenses pour résorber les déficits. Plus simple et plus efficace serait de laisser filer la dette. Une aubaine alors que les promesses faites aux « gilets jaunes » ont creusé le déficit attendu pour 2019 et qu’il pourrait l’être encore davantage.

Les déficits permanents et l’accumulation de la dette restent, en France, une épée de Damoclès. Notre croissance est insuffisante pour faire reculer le poids de l’endettement. Toute la question est évidemment de savoir si la dette en France est excessive ou pas. Selon les critères proposés par Olivier Blanchard luimême, la France est depuis plusieurs années dans la situation où l’accumulation de dettes est problématique. En effet, pour l’ancien économiste du Fonds monétaire international (FMI), lorsque le taux d’intérêt est supérieur à la croissance, l’endettement devient une stratégie coûteuse, d’où l’impor-

s’en plaindre, peut-être parce qu’ils sont gâtés et confortablement protégés et installés. Bien sûr, aucun parti politique ne l’assumera et c’est bien dommage. Car pour relever les défis lancés par le retour des Etats-puissance, des rapports de force et l’explosion des progrès scientifiques diffusés partout, il vaut mieux partir d’un succès qui donne confiance que d’échecs supposés. La construction européenne est un immense succès, capable de prendre la mesure des virages à accomplir pour demeurer l’une des trois plus grandes puissances mondiales à la fin de ce siècle. Innovation, investissements, politiques de soutien aux initiatives créatrices et pour cela mobilisation des moyens financiers, appui d’une diplomatie enfin indépendante sur une défense autonome crédible, seule vraie gardienne de la paix, préférence européenne… Les moyens sont connus. Ils consistent tous à se projeter dans l’avenir, à se projeter dans le monde, à prendre des risques avec enthousiasme, bref le contraire de « se protéger ». Pour cela, il faut d’abord assumer le chemin accompli avec une fierté légitime qui seule peut fonder l’énergie que procurent le sentiment d’appartenance et l’espérance d’un même et véritable destin.

Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert-Schuman.

tance d’y remédier en dégageant des excédents. Or, la charge de la dette en France a été de 2,4 % du PIB par an en moyenne sur les dix dernières années alors que la croissance, sur la même période, était de 1,8 % en volume et de 0,8 % en valeur. La croissance a donc été insuffisante pour faire reculer le poids de l’endettement. L’endettement public, loin d’avoir permis un enrichissement collectif, s’est avéré coûteux. Et d’un point de vue consolidé, il atteint des montants significatifs. Il représente 4,7 années de PIB lorsqu’on prend en compte les 98 % de dette explicite et les 370 % de dette implicite contractés au titre des retraites par répartition non provisionnées. C’est quasiment autant que le patrimoine net des ménages, estimé par l’Insee à 4,8 années de PIB au titre de 2016. Une fois les dettes prises en compte, la richesse nette des Français est bien faible, avec 13 % du PIB, soit moins de 4.400 euros par personne. L’endettement en France ne semble donc pas être créateur de valeur. On aurait bien tort de prendre la question à la légère et de laisser filer les déficits, au risque de se retrouver dans une situation désesp érée, à l’image des déboires de nos voisins du Sud à l’occasion de la dernière crise financière.

Cécile Philippe est directrice générale de l’Institut économique Molinari.

Par Roger-Pol Droit

écidément, les jeux de la politique et du hasard réservent des surprises. L’invraisemblable séquence de ces derniers jours le montre avec éclat. Le chef de l’Etat s’apprête à une allocution fort attendue, égrenant les mesures inspirées par les lignes de force du grand débat. Brutalement, tout se retrouve balayé par l’incendie de Notre-Dame de Paris. Il suffira d’une étincelle… Face à l’ampleur du désastre, à l’émotion planétaire, à la solidarité mondiale, un autre paysage s’esquisse. De tous côtés, des dons affluent pour la reconstruction, une souscription nationale se prépare. Des polémiques naissent déjà. Quel fil directeur, dans ce tourbillon, pour la réflexion ? Le double sens du mot « fortune », qui veut dire le hasard avant de signifier la richesse. La déesse Tyché, chez les Grecs (túchê signifie « fortune, hasard », en grec ancien), symbolise l’irrationalité du destin, distribuant tour à tour prospérité ou coups durs. La déesse Fortuna (ou Fortune) des Romains elle aussi porte les sorts, incarne l’imprévisible et les accidents de l’existence. Debout sur une roue, donc instable et versatile, Fortune a les yeux bandés : elle est incapable de discerner ses cibles ni les effets de ses actes. Tout être vivant, a fortiori tout dirigeant politique, se trouve ainsi exposé à voir survenir, d’une seconde à l’autre, des événements qui perturbent ses plans. Une grande partie de l’art politique consiste en fait à naviguer au mieux, continûment, entre le surgissement des hasards et la volonté de poursuivre ses objectifs. Machiavel le savait déjà, écrivant, dans « Le Prince » (chapitre XXV) : « J’imagine qu’il peut être vrai que la fortune dispose de la moitié de nos actions, mais qu’elle en laisse à peu près l’autre moitié en notre pouvoir. » Le hasard a détruit Notre-Dame, la volonté s’emploie déjà à la reconstruire. Reste qu’il est, de tout temps, difficile d’accepter la fortune-hasard. La pure contingence est si pénible à concevoir qu’elle engendre des constructions imaginaires pour colmater la brèche. Les catastrophes les plus aléatoires se trouvent scrutées à la recherche d’un sens, d’un signe, voire d’une volonté divine, tandis que les complotistes de tout bord s’emploient à refuser l’existence du hasard. Notre époque, dans ce refus, est encore plus crispée que d’autres. Parce que sa trame essentielle est de maîtriser complètement le hasard, voire de parvenir à l’éradi-

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quer. On en trouvera aisément confirmation dans nos multiples tentatives de « risque zéro », dans notre rêve de contrôler le hasard génétique, dans l’utilisation des mégadonnées par l’intelligence artificielle, etc. Et encore dans cette apparemment banale conviction, mais pourtant curieuse : en mettant suffisamment d’argent sur la table, nous parviendrons à effacer les marques du désastre. Comme si, à la mauvaise fortune des catastrophes imprévisibles, pouvait s’opposer victorieusement la compensation des richesses. Ce n’est pas en vain, ni par hasard, que pour nous, Modernes, le terme « fortune » évoque la richesse et non plus le hasard. Face à toute catastrophe, nous avons pris l’habitude de dire « combien ? ». En soi, ce n’est pas une mauvaise chose, puisqu’il faut agir, et que les chantiers pharaoniques ont des coûts qui le sont aussi. L’impressionnante mobilisation financière et politique autour de la restauration de la cathédrale de Paris est donc une belle nouvelle. Elle voit converger grands noms et petites gens, entreprises de toutes tailles et institutions officielles. Il convient de s’en réjouir, en laissant l’acrimonie aux extrémistes grincheux et aux anticapitalistes obsessionnels.

Ce qui compte, c’est de ne pas effacer trop vite les douleurs de la fortunehasard sous la générosité de la fortune-richesse. Dans ce double mouvement, il se pourrait bien que s’esquisse, en creux, une définition du politique et de son action aujourd’hui. Ce qui compte, toutefois, est de ne pas effacer trop vite les douleurs de la fortune-hasard sous la générosité de la fortune-richesse. Dire « combien ? » est nécessaire, mais n’est pas suffisant. Tout en réparant, aussi vite et aussi bien que possible, il faut aussi conserver la trace de l’accident, la mémoire du malheur qu’on ne comprend pas. Dans ce double mouvement, il se pourrait bien que s’esquisse, en creux, une définition du politique et de son action aujourd’hui. Pour agir, il n’a plus qu’une frange étroite, entre le hasard et l’argent, le règne des aléas et des flux financiers. Etroite, sa marge de manœuvre n’est pourtant pas nulle. A condition qu’il se souvienne qu’il ne peut agir ni contre le sort ni contre les richesses, pas plus qu’il ne doit s’y soumettre passivement. Le politique ne peut que naviguer contre le vent. n

L'ACTUALITÉ DES THINK TANKS Comment désembouteiller les villes ? IDÉE Le recours aux technologies numériques, dans une ville supposée intelligence, a été érigé, ces dernières années, en solution miracle à tous les problèmes urbains, dont celui de la congestion. Celle-ci, coûteuse et énervante, ne résulte pas uniquement des défauts des métropoles mais plus fondamentalement de leur attractivité. Renforcés par les applications digitales et les concurrences qu’elles induisent, les embouteillages ne se réduiront pas d’un coût de baguette magique numérique. La congestion urbaine pourrait être plus efficacement combattue par la fiscalité, qu’il s’agisse de taxes ou de péages. Telle est la thèse volontariste soutenue par La Fabrique de la Cité, think tank mis en place par Vinci et consacré à la prospective urbaine. INTÉRÊT Cette note documentée et lettrée fait référence aussi bien aux « Embarras de Paris » (une satire de Boileau datant de 1666) qu’aux plus récentes applications développées par les spécialistes des TIC versés dans la mobilité. Soulignant qu’il faut traiter à la fois de l’offre et de la demande de déplacements, sans fantasmer un avenir totalement décongestionné, elle se termine par une question importante : faut-il plus attendre de la technologie ou de la pédagogie ? — Julien Damon www.lafabriquedelacite.com


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Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

focus BONNES FEUILLES Par Fabienne Schmitt

Les réseaux sociaux nuisent gravement à l’humanité

Xinhua/Jin Liwang

Dans son ouvrage, le directeur éditorial d’Arte France, Bruno Patino, dénonce la tyrannie des réseaux sociaux.

Même les plus pointus des cosmologues ne savent pas si l’univers est fini ou infini. Ici, image d’un trou noir.

Un essai passionnant du mathématicien britannique Marcus du Sautoy nous invite à explorer tout ce que la science ne sait pas encore et, peut-être, ce qu’elle ne saura jamais.

Aux frontières du connu, de l’inconnu et de l’inconnaissable LIVRES Par Yann Verdo e mathématicien britannique Marcus du Sautoy a de l’humour. Une qualité plus répandue qu’on ne le croit chez les mathématiciens, qu’ils soient britanniques ou non. Une qualité, surtout, éminemment appréciable, quand ledit mathématicien entreprend de vous parler de ce monde étrange de la science auquel son art lui donne accès. Et si ce mathématicien s’est mis en tête de vous emmener avec lui, par le truchement d’un livre, jusqu’aux confins de nos connaissances, là où les théories les plus spéculatives de la physique, de la cosmologie ou des neurosciences cèdent le pas à la métaphysique et à la spiritualité, un peu d’humour saupoudré ça et là adoucit le voyage. Pour bien profiter de cette odyssée dans un fauteuil, une autre qualité que l’on requiert de l’auteur, et qui pour le coup est beaucoup moins répandue parmi les mathématiciens, est le sens de la pédagogie. Et Marcus du Sautoy a prouvé qu’il en avait à revendre, ce que savent les lecteurs de ses précédents ouvrages, « La Symphonie des nombres premiers » (Héloïse d’Ormesson, 2011) et « La Symétrie ou les maths au clair de lune » (même éditeur, 2012). Tout cela pour vous dire qu’en vous en remettant à lui au moment d’entreprendre ce « Voyage aux frontières de la science », sous-titre de son dernier opus, « Ce que nous ne saurons jamais », vous serez en de bonnes mains. Cette fois, donc, ce n’est pas de sa propre discipline que ce professeur de mathématiques à l’université d’Oxford, par ailleurs joueur de trombone émérite et supporter enragé du club de foot de l’Arsenal, a choisi de nous parler. Pas des maths, mais de tout le reste, de toutes ces autres sciences dont les mathématiques sont, bien souvent, le langage. Une échappée peut-être à mettre sur le compte de sa nomination, il y a quelques années, au poste de « professeur pour la compréhension de la science » – « un titre qui me fait souvent rire », avoue-t-il,

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ESSAI

Ce que nous ne saurons jamais. Voyage aux frontières de la science Flammarion, collection « Champs », 2019, 602 pages, 12 euros.

surtout quand il est obligé d’aller sur Wikipedia pour répondre aux questions d’un journaliste un peu trop enclin à croire que ce titre a ipso facto fait de lui un être omniscient. A lire « Ce que nous ne saurons jamais », on se dit, toutefois, qu’Oxford a eu raison de le choisir, lui, pour succéder au grand biologiste Richard Dawkins (l’auteur de « Pour en finir avec Dieu ») à la chaire de vulgarisation des sciences. Le livre s’ouvre sur une citation qui n’est ni de Newton, ni d’Einstein, ni d’aucun autre génie, mais, plus humblement, de Donald Rumsfeld, en plein enfumage pré-Guerre d’Irak. « Il y a des connues connues, des choses dont nous savons que nous les savons. Nous savons aussi qu’il y a des inconnues connues, autrement dit, nous savons qu’il y a des choses que nous ne savons pas. Mais il y a aussi des inconnues inconnues, celles dont nous ne savons pas que nous les ignorons », avait déclaré l’ancien secrétaire à la Défense américain à propos du manque de preuves quant aux armes de destruction massive du régime de Saddam. Si cette phrase restée célèbre visait en l’occurrence à tromper l’opinion, elle n’en demeure pas moins assez juste sur le plan épistémologique, et sert peu ou prou de guide au mathématicien d’Oxford dans sa longue exploration vers les « sept frontières » de la connaissance – par ordre d’entrée en scène : la connaissance du futur et la théorie du chaos ; la connaissance de la matière et le bestiaire des particules élémentaires ; l’indétermination au cœur de la physique quantique ; les mystères de la cosmologie ; la question du temps dans la théorie de la relativité ; le problème de la

conscience dans les neurosciences ; les chausses-trappes de la logique et le théorème d’incomplétude de Gödel. Bien que, comme l’a rapporté la revue « Nature » en 2014, le nombre d’articles scientifiques publiés double tous les neufs ans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il ne résulte pas de cette remarquable loi de Moore de l’esprit que l’étendue des terrae incognitae diminue au fil des décennies. Bien au contraire ! Les philosophes et savants grecs de l’Antiquité se représentaient l’univers comme un « monde clos » : aujourd’hui, même les plus pointus des cosmologues ne savent pas si l’univers est fini ou infini. Le scénario du Big Bang soulève plus de questions sans réponse que le récit de la Genèse. La question de savoir ce qu’il y avait avant le Big Bang – c’est-à-dire ce qu’il y avait « avant » qu’il y ait de l’espace… et du temps ! – continue de diviser les physiciens théoriciens. A vrai dire, ceux-ci ne sont même plus bien sûrs que le temps existe. Et, s’il existe, peut-être n’est-il qu’une propriété émergente, un peu comme la chaleur ou l’humidité…

La composition chimique des étoiles

Entre le connu, l’inconnu et l’hypothétique inconnaissable, les frontières sont mouvantes. Au XIXe siècle, Auguste Comte n’hésitait pas à proclamer : « On ne connaîtra jamais la composition chimique des étoiles car il est impensable que l’on puisse la déterminer à distance. » Sauf que, l’invention ultérieure de la spectrométrie fait que les astronomes d’aujourd’hui connaissent cette composition mieux que leur poche. L’inverse est également vrai. « Les lois et faits fondamentaux de la science physique ont tous été découverts. […] Nos découvertes futures s’exprimeront en millionièmes », osa déclarer le physicien américain Albert Michelson… cinq ans avant qu’Einstein, avec sa première théorie de la relativité, ne vienne entièrement rebattre les cartes de cette science ! Prudence, donc. Mais que cette prudence ne vous empêche pas de vous plonger sans délai dans le passionnant livre de Marcus du Sautoy ! n

Rarement un livre aura été aussi percutant sur le triste constat de ce que les réseaux sociaux peuvent faire de nous. « Nous sommes devenus des poissons rouges enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au ménage de nos alertes et de nos messages instantanés », explique Bruno Patino, dans un petit traité cinglant qui théorise « le marché de l’attention ». D’après le directeur éditorial d’Arte France, qui est aussi l’un des meilleurs prophètes des questions numériques, ce nouveau capitalisme numérique produit de l’accélération, laquelle a remplacé « l’habitude par l’attention et la satisfaction par l’addiction ». Et les algorithmes sont « les machines-outils de cette économie ». Il résulte de cette société numérique « un peuple de drogués hypnotisés par l’écran », des humains comme vidés de leur substance, soumis aveuglément aux algorithmes, qui les ont transformés en somnambules, après leur avoir fait croire à une « promesse d’optimisation »… « Pour ceux qui ont cru à l’utopie numérique, dont je fais partie, le temps des regrets est arrivé », pointe ainsi Bruno Patino.

LA SERVITUDE VOLONTAIRE « Les nouveaux empires ont construit un modèle de servitude volontaire, sans y prendre garde, sans l’avoir prévu, mais avec une détermination implacable. Au cœur du réacteur, nul déterminisme technologique mais un projet économique qui traduit la mutation d’un nouveau capitalisme. Au cœur du réacteur, l’économie de l’attention. »

ESSAI

La Civilisation du poisson rouge de Bruno Patino, Grasset, 166 pages, 17 euros.

LA MORT DU DÉSIR « Nos propres données sont utilisées contre nous. Le désir n’a plus le temps de se construire. Et si par hasard il se précise et s’exprime, il arrive toujours trop tard : des centaines de stimuli nous ont assaillis et ont exigé une réponse. » LE POISSON ROUGE Selon l’Association française du poisson rouge, « il est fait pour vivre en bande, entre vingt et trente ans, et peut atteindre 20 centimètres. Le bocal a atrophié l’espèce, en a accéléré la mortalité et détruit la sociabilité… »

LE REMÈDE « Il y a une voie possible entre la jungle absolue d’un Internet libertaire et l’univers carcéral de réseaux surveillés. Cette voie possible, c’est la vie en société. Mais nous ne pouvons laisser à ces plates-formes le soin de l’organiser seules, si nous souhaitons qu’elle ne soit pas peuplée d’humains au regard hypnotique qui, enchaînés à leurs écrans, ne savent plus regarder vers le haut. »

Livres en bref

Dessine-moi un terroriste Doan Bui a du •talent. Celui de savoir rendre simples des sujets complexes. De savoir nous toucher sans chercher à nous émouvoir gratuitement. Celui de dire les choses, de juger, sans passer pour une donneuse de leçons. Journaliste à « L’Obs » qui reçut en 2013 le prix Albert-Londres pour sa couverture de la crise migratoire, elle a plongé ensuite dans l’actualité terroriste. Attentats de Toulouse et du Bataclan, elle a couvert les attaques dont fut victime la France et elle a assisté au premier procès du

frère de Mohamed Merah, condamné en première instance. Au moment où s’achève le procès par Doan Bui en appel d’Abdelkaet Leslie Plée, der Merah, elle s’est Seuil/Delcourt, associée avec la des18,95 euros. sinatrice Leslie Plée pour nous faire revivre ces années bouleversantes et agitées. Récit à la première personne, mélangeant histoire de France et histoire personnelle, ce roman graphique reposant sur un dessin relativement naïf s’adresse véritablement à tous. De 7 à 77 ans. — David Barroux

C’est quoi un terroriste ? Le procès Merah et nous

Combien vaut un club de foot Si le sport est un •business et les clubs de foot des entreprises, leur création de richesse obéit à des règles du jeu bien précises. C’est l’objet de cet ouvrage, rédigé par trois spécialistes en gestion, management et en économie du sport. Dans un contexte de marché en forte croissance, ce livre, dense et bien documenté, donne à comprendre comment évaluer la valeur d’un club et de ses actifs. Il soulève à ce propos de nombreuses questions, souvent techniques, mais qui méritent l’attention : faut-il préférer la

méthode DCF (« discounted cash-flow ») ou celle des multiples a p p l i q u é s (a u s s i Par Franck Bancel, appelée « méthode Bruno Belgodère des comparables ») ? et Henri Philippe, Si le centre de formaRB Edition, tion d’un club de foot186 pages, 24 euros. ball est un actif, pourquoi celui-ci est-il si difficile à appréhender ? Un club a-t-il vraiment intérêt de posséder son propre stade ? Les réponses, parfois complexes, parfois à demi-tranchées, éclaireront la réflexion des spécialistes. Avis, donc, aux analystes financiers, banquiers, auditeurs et dirigeants de club. — Kévin Badeau

Créer de la valeur dans le football


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Les Echos Vendredi 19 et Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

Son parcours

le grand entretien

Jacques Attali, 75 ans, est écrivain, économiste et essayiste. Polytechnicien, énarque, il a été conseiller spécial du président François Mitterand pendant dix ans, période durant laquelle il a notamment occupé les fonctions de sherpa dans les grands sommets internationaux. Il est également fondateur de plusieurs institutions internationales : Action contre la Faim, Eureka, la Berd et Positive Planet. Chef d’orchestre à ses heures, il est aussi connu pour une œuvre abondante, avec 67 livres publiés, traduits en 22 langues et vendus à 7 millions d’exemplaires.

Son actualité Cet entretien est réalisé à l’occasion de la parution, ce vendredi 17 avril du nouveau livre de Jacques Attali, « Histoires de l’Alimentation », aux éditions Fayard. Une fresque historique où, depuis l’apparition des premiers hommes jusqu’à nos jours, l’auteur relate le rôle de premier plan joué par la nourriture dans la constitution de nos sociétés, dans la formation du langage et dans bon nombre d’événements historiques. Il s’essaie aussi à prédire ce qu’il adviendra de notre humanité dans un contexte démographique explosif. L’enjeu : nourrir 10 milliards d’hommes sur une planète bientôt à court de ressources. On a, certes, créé les conditions provisoires d’une absence de famine mais à l’aide d’un modèle qui n’est pas généralisable ni durable à terme à cause de la consommation d’eau ou de l’utilisation massive d’engrais qu’il impose.

JACQUES ATTALI Ecrivain et essayiste

Propos recueillis par Nicolas Barré et Daniel Fortin

Vous écrivez en préambule de votre livre que « la nourriture est, depuis l’aube des temps, bien plus qu’un besoin vital ». On découvre, en effet, à vous lire, à quel point elle a joué – et joue encore – un rôle central dans la structuration même de nos sociétés. Toutes nos constructions sociales sont nées de la nourriture. A mesure que l’homme progresse dans son évolution, son alimentation change et s’améliore. On passe de la cueillette à la chasse, puis de la chasse à la culture. Les outils comme les armes se complexifient. L’alimentation devient carnivore. De ce fait, la population humaine s’accroît. Cette démographie galopante implique que les hommes ne peuvent plus se contenter de ce que la nature leur offre pour se nourrir. Ils doivent s’organiser. On passe du nomadisme à la sédentarisation. Il y a 7.000 ans, les hommes commencent à s’installer autour des plaines fertiles. C’est alors qu’apparaît la nécessité de structurer nos sociétés. Et vous écrivez que cet impératif de nourrir une communauté humaine de plus en plus nombreuse va déboucher sur la constitution d’empires. En effet, on le voit par exemple en Mésopotamie. 6.000 ans avant Jésus-Christ, les paysans doivent construire des barrages pour surmonter les inondations et produire davantage. Pour y parvenir, il faut se regrouper en ensembles plus vastes. D’où l’apparition du concept d’empire, d’abord en Mésopotamie, puis en Egypte, plus tard en Chine, toujours autour des fleuves. C’est aussi à cette époque que le repas devient central dans nos modes de vie. Oui, le repas sédentaire, pris en commun, devient très vite le lieu essentiel de l’organisa-

tion sociale. Dans les traces écrites que nous avons retrouvées en provenance des différentes civilisations humaines aux alentours de –7.000 avant J.-C., les festins ou banquets prennent forme : il y a le repas des dieux, les repas entre les divinités et les hommes, les repas entre les monarques. Ces derniers, les repas politiques, prennent naissance environ 3.000 ans avant notre ère. La nourriture n’y est plus qu’un support de l’essentiel qui est ailleurs : il s’agit là de former un consensus entre les élites, d’organiser les pouvoirs. Et l’on observe que l’obsession permanente, c’est de donner à manger au peuple. Et quand on n’y parvient plus, comme ce sera le cas en France en 1789, arrive la révolution. En permanence, partout, le manque de nourriture est la cause principale des soulèvements. L’empire chinois s’est effondré à plusieurs reprises sur l’impossibilité de donner à manger au peuple, l’empire égyptien aussi et la Révolution française, en effet, est provoquée et exacerbée par des erreurs de gestion publique en matière d’approvisionnement et des situations climatiques terribles qui se succèdent pour aboutir, en juin 1789, à une envolée des prix du blé, lesquels atteignent à cette date leur plus haut au cours du siècle. C’est alors que les paysans français s’allient aux bourgeois contre les dignitaires du régime, ce qui provoquera à terme la chute de la monarchie dans notre pays. Plus tard, la France, dans son obsession de nourrir sa population, continuera du reste d’entretenir un rapport très particulier à son agriculture qui la conduira notamment – pour son bien ou pour son mal – à retarder les migrations massives des paysans vers les villes. Mais l’on pourrait citer bien d’autres exemples comme ce qui s’est passé en Allemagne où la montée d’Hitler – on ne l’a pas suffisamment souligné – est très largement due à l’effondrement de la classe paysanne et à la famine qui a suivi.

L’un des points forts de votre livre est cette thèse pour le moins subversive que vous y défendez, selon laquelle le pire ennemi du repas, c’est le capitalisme. Expliquez-nous. Manger est, en effet, un acte subversif pour le capitalisme. Car lorsque vous mangez, c’est du temps que vous passez à ne pas faire autre chose, vous ne produisez pas. Donc il faut à tout prix réduire le temps et l’argent consacré au repas. Ce sera la révolution américaine du milieu du XIXe siècle, qui donnera le coup d’envoi à l’industrialisation de l’alimentation. Celle-ci va se propager et déterminer encore aujourd’hui le rapport des hommes à la nourriture. Elle est d’autant plus étonnante que les nombreux migrants venus d’Europe ont choisi les Etats-Unis pour l’abondance qu’ils espèrent y trouver. Or on leur fait vite comprendre qu’ils doivent y renoncer. C’est l’alliance entre Will Keith Kellogg et Henry John Heinz qui va déterminer ce qui est devenu l’alimentation contemporaine. M. Kellog, qui est proche des évangélistes, dit : « C’est péché de trouver du plaisir à manger. » M. Heinz lui répond : « Mettez une petite sauce sur la nourriture pour en masquer le mauvais goût. » Or, tout découle de cette alliance. On va consacrer de moins en moins d’argent à se nourrir, ce qui va ouvrir la voie à d’autres consommations. La conséquence, c’est la destruction du temps passé

« Manger est considéré comme un acte subversif par le capitalisme. C’est du temps passé à ne pas produire. Cette idée a sous-tendu l’avènement de l’alimentation moderne. »

Benoit Decout/RÉA

« Notre modèle actuel d’alimentation ne peut pas durer » au repas. Presque partout dans le monde sa durée a été considérablement réduite. Elles est de moins d’une heure désormais en moyenne dans le monde. Le capitalisme américain va se développer sur le dénigrement de toutes les dimensions du repas. On mange vite, souvent au travail, de moins en moins en famille et cet état de fait structure des sociétés où l’on devient de plus en plus solitaire. Vous affirmez que le XXe siècle a été le pire de tous sur le plan de l’alimentation. Pourquoi ? La catastrophe est double. Il y a d’abord, on vient de le voir, la quasi-disparition du repas. Il y a ensuite la nature de ce que l’on mange. Pour les classes les plus pauvres, le problème reste hélas quasi inchangé, il réside dans la difficulté même à trouver de quoi se nourrir. Pour les classes moyennes ou supérieures, c’est la nature des produits consommés qui change. Cela commence comme une douce symphonie. Au milieu du XIXe siècle, sous l’impulsion des armées, notamment celles de Napoléon, on généralise la nourriture portable. Le café, le chocolat le lait et plus tard le corned-beef. Au XXe siècle, c’est l’invention du fast-food qui explose aux Etats-Unis. Le modèle américain devient planétaire. Le sucre de maïs, désastreux pour la santé, se généralise dans les aliments, dans les sodas. L’artificialisation chimique s’installe pour atteindre aujourd’hui son paroxysme. Notez que ce sont toujours des chimistes qui inventent les sodas. Et que étymologiquement, le mot « soda » vient de « soude ». Si l’on s’en souvenait, on en boirait peut-être moins. Mais n’est-ce pas cette industrialisation qui met désormais à l’abri des famines une grande partie de l’humanité ? C’est tout à fait vrai, on le constate dans le monde indien ou en Chine, mais à quel prix ? Avec quels chèques tirés sur l’avenir ?

Dans ce contexte, comment nourrir les 10 milliards d’êtres humains qui devraient peupler la planète en 2050 ? Il existe deux voies possibles. Une voie vraisemblable et une autre souhaitable. Le vraisemblable est que l’on va trouver progressivement des substituts, sous forme de viande artificielle, d’algues, d’insectes – 2 milliards d’êtres humains en mangent déjà régulièrement –, ce qui va globalement nous conduire à devenir de plus en plus végétariens. Ce serait du reste un retour aux sources. Je rappelle que, dans la Bible, Adam et Eve sont végétariens. On ne commence à manger de la viande qu’à partir de Noé. On peut aussi imaginer un scénario plus souhaitable, celui de la désindustrialisation de l’alimentation. C’est notamment ce que préconise la FAO [Organisation des Nations unies pour l’alimentation, NDLR]. Celle-ci imagine un modèle idéal qui permettrait de nourrir 10 milliards de personnes exclusivement en bio. Mais cela suppose des transformations gigantesques de l’agriculture, du régime de la propriété des sols, de la formation des paysans. Cela implique aussi des réglementations très strictes imposées aux géants de l’agroalimentaire. en matière de composition des produits, d’emballage. Pour les consommateurs, cela suppose de se fournir à proximité de chez soi avec des ingrédients de saison. Tout ceci est évidemment possible en théorie, beaucoup plus difficile à réaliser dans la pratique. Ce sont des mutations structurantes de l’organisation sociale. S’il y a un jour une vraie révolution politique majeure, c’est dans l’agriculture et l’alimentation qui en seront à l’origine. Nous parlions au début de cet entretien du rôle de la nourriture dans la constitution des empires. Peut-elle, à l’inverse, précipiter leur disparition ou à tout le moins leur affaiblissement ? J’en suis persuadé. Et quand je dis cela, je pense évidemment aux Etats-Unis. Regardez ce qui s’y passe, notamment dans le domaine de l’obésité qui détruit littéralement leur population sans que les pouvoirs publics, prisonniers de lobbys puissants soient en mesure d’enrayer ce fléau. Aujourd’hui, rappelons-le, l’espérance de vie recule dans ce pays, en partie à cause de la façon dont ses habitants se nourrissent. Rappelons que l’empire romain a été détruit en partie par des erreurs de gestion en matière d’alimentation. Si l’on veut construire à terme une gastronomie durable, respectueuse de l’environnement, il faut en passer par un capitalisme maîtrisé. Et de ce point de vue, la technologie peut nous aider. Bientôt les frigos seront connectés. Et le maître du frigo sera la compagnie d’assurance, qui aura eu accès à vos données. Vous saurez alors vers quel sort vous attend selon la façon dont vous vous nourrissez. Or rien de tel que la peur de la mort pour nous faire accepter l’inacceptable, en l’espèce, un changement profond de nos comportements alimentaires. n


Pascal Garnier pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

L’ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »

Les trois défis de Renault Pendant les affaires, les affaires doivent continuer. Englué dans le scandale Ghosn et fragilisé par les tensions au sein de l’Alliance avec Nissan et Mitsubishi, Renault doit continuer d’accélérer tout en gardant les mains sur le volant. L’industrie automobile est trop compétitive et mouvante pour qu’un acteur, aussi puissant soit-il, puisse se permettre de lever le pied. Les parts de marché se perdent vite quand les nouveaux modèles tardent et les courses technologiques (voiture électrique et autonome, par exemple) ne peuvent être gagnées si l’on prend un mauvais départ. La présentation cette semaine en Chine du premier véhicule électrique low cost de Renault est à cet égard symbolique des trois défis que la firme au losange doit absolument relever. Pivot d’une Alliance qui revendique le titre de numéro un mondial en volumes, l’industriel tricolore doit, en effet, régler son problème chinois, conforter son avancée dans l’électrique et maintenir sa domination sur le segment des voitures à petits prix. Un triple défi qui passe en grande partie par la réussite de la K-ZE électrique à 9.000 euros Par David présentée à Shanghai. Barroux Trop longtemps absent de Chine, Renault ne peut plus se contenter de la présence forte de son partenaire Nissan sur Le losange ce qui est devenu le premier doit marché automobile de la rattraper planète. Il y a dix ans, l’empire du Milieu était un marché son retard prometteur sur lequel les en Chine, constructeurs pouvaient maintenir recycler des modèles ayant son avance fonctionné sur leur marché dans le low domestique. Aujourd’hui, la Chine, passée devant le cost, marché des Etats-Unis, est en transformer prime le pays où se dessinent l’essai dans les tendances. L’électrique est un défi l’électrique. encore plus majeur. Rivalisant avec Tesla pour le titre de champion de l’électrique, le tandem Renault-Nissan, doit absolument conforter sa position au moment où ce segment qui n’était encore il y a peu qu’une promesse va devenir une réalité avec de gros volumes. Et pour réussir en Chine, où il est en retard, et dans l’électrique, où il est en avance, le constructeur français doit s’appuyer sur sa gamme « Entry » dont il a su faire depuis le rachat de Dacia et le succès de Logan un avantage compétitif. Ce segment rentable pèse 40 % de ses ventes et c’est bien en jouant sur ses forces qu’il peut le mieux espérer distancer ses concurrents qui entendent bien profiter de la crise actuelle pour rattraper le duo Renault et Nissan.

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ADP : Philippe appelle à « éviter les caricatures »

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Nouvelle crise à La France insoumise

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PRIVATISATION – Edouard

POLITIQUE – Critique au

vitriol d’un Jean-Luc Mélenchon « autocrate » et aux « méthodes staliniennes », accusation en retour de « harcèlement sexuel » : la confrontation, jeudi, entre la France insoumise et son candidat aux élections européennes, Thomas Guénolé, ouvre une nouvelle crise chez les Insoumis. A un mois du scrutin, la campagne de LFI, qui peine à décoller, est une fois de plus éclaboussée avec cette affaire qui a surgi après le communiqué explosif jeudi matin du candidat (en 14e position), sur le fonctionnement de LFI.

Philippe a appelé jeudi à « éviter les caricatures » sur le dossier polémique de la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP), en inaugurant à Orly le nouveau bâtiment fusionnant les ex-terminaux Ouest et Sud. « Je comprends les inquiétudes. Mais je crois qu’on peut collectivement éviter les caricatures », a dit le Premier ministre, « persuadé » que « ce point de crispation » pourrait être « surmonté », alors que se tenait une manifestation de salariés contre la privatisation.

Indonésie : résultats contestés pour la présidentielle

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Libye : mandat d’arret contre Haftar

SCRUTIN – Les autorités

indonésiennes ont mis en garde jeudi contre toute manifestation après que le candidat de l’opposition à l’élection présidentielle Prabowo Subianto eut refusé de reconnaître les résultats provisoires qui accordent la victoire au président sortant Joko Widodo. Si les résultats officiels ne sont pas attendus avant le 22 mai, les estimations réalisées par les principaux instituts de sondage à partir des dépouillements accordaient de 9 à 11 points d’avance au président sortant.

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DIPLOMATIE – Le procureur

général militaire du gouvernement d’union nationale (GNA) libyen a émis jeudi un mandat d’arrêt contre le maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé une offensive contre la capitale. De son côté, l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, estime que l’assaut lancé par le maréchal Haftar contre Tripoli a abouti à une « impasse », et met en garde contre un « embrasement généralisé » dans le pays. Les pays membres du Conseil de sécurité doivent être beaucoup « beaucoup plus actifs » et « beaucoup plus unis ».

LA PHOTO DU JOUR

« EXEMPLAIRES » « Le pays et le monde tout entier nous ont regardés et vous avez été exemplaires », a lancé Emmanuel Macron jeudi à l’Elysée en recevant des pompiers et des personnes mobilisés lundi 15 avril pour sauver Notre-Dame de Paris. « Vous avez été l’exemple parfait de ce que nous devons être », a ajouté le chef de l’Etat, devant 300 personnes, 250 pompiers de Paris, des pompiers des départements franciliens, des policiers, des membres de la Croix Rouge et de la Protection civile. Photo Christophe Petit Tesson/Pool/AFP

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Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 www.lesechos.fr

DEVISES EUR/GBP 0,8645 EUR/JPY 1,258 EUR/CHF 1,1405 GBP/USD 1,3003 USD/JPY 1,1194 USD/CHF 1,0147 TAUX EONIA -0,366 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,311 OAT 10 ANS 0,3481 T-BONDS 10 ANS 2,6366

Danone, désormais propriétaire de Michel et Augustin ALIMENTATION

JP Morgan féminise toujours plus sa direction générale

Adrien Lelièvre @Lelievre_Adrien

BANQUE

Danone croque encore un peu plus dans les produits de Michel et Augustin. Le géant de l’agroalimentaire détient désormais 95 % des parts des autoproclamés « trublions du goût », a annoncé mercredi Augustin Paluel-Marmont, cofondateur de l’entreprise. Danone avait jusqu’à présent une participation de 40 %. Le montant de la montée au capital n’a pas été dévoilé. Le géant mondial des produits laitiers ne prend personne par surprise. Dès 2016, il avait racheté, via le fonds Danone Manifesto, les parts détenues par Artémis – le holding de la famille Pinault – et promis de monter au capital de l’entreprise de façon progressive. « On reste indépendant quant à la façon de vivre notre aventure. C’est le soutien d’un actionnaire qui nous assure la pérennité. On est sur un marché très compliqué. Il nous assure une certaine indépendance de gestion », a précisé Augustin Paluel-Marmont au micro de BFM Business.

Leïla Marchand @leilamarchand La semaine dernière, Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, et six autres patrons de grandes banques américaines, étaient auditionnés par le Congrès américain. Ils se sont vus demander si une femme ou une personne issue d’une minorité pourrait un jour leur succéder. Aucun d’eux n’a répondu. Il faut dire qu’aucune des six plus grandes banques américaines n’a jamais été dirigée par une femme. Les nominations récentes chez JP Morgan ont toutefois relancé les spéculations. Marianne Lake, l’actuelle directrice financière de la plus grande banque des Etats-Unis vient en effet d’être nommée à la tête de sa division de prêts aux ménages. Elle supervisera les services de cartes bancaires, les prêts au logement et le financement automobile. La division est l’une des plus importantes et des plus rentables de JP Morgan.

Des ambitions à l’international

Créé en 2004 par Augustin Paluel-Marmont et Michel de Rovira, deux amis d’enfance passés par les bancs de l’école de commerce ESCP, Michel et Augustin s’est rapidement fait un nom dans les biscuits et les recettes gourmandes – de la mousse au chocolat au yaourt à boire, en passant par les cookies. Mais les produits et la stratégie de communication de la PME n’ont pas manqué de donner des idées à leurs concurrents, qui sont partis à sa poursuite sur le segment des desserts gourmands. En 2017, la PME parisienne La Petite Fabrique a ainsi évincé Michel et Augustin des rayons de chez Monoprix, qui détenait

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LES ENTREPRISES CITÉES

Adidas 20 Aleda 28 Amazon 21 Aplix 28 Binance 26 Blockchain Partner 26 Brilliance 16 BS Coatings 28 Casino 21 Coinhouse 26 Commerzbank

32 Cristal Union 20 Denso 18 Deutsche Bank

32 Deutsche Telekom 23 Dongfeng 16 Fininvest 24

Franceinfo 24 France Inter 24 ING 32 Keolis 17 Kering 22, 38 KZen 26 Ledger 26 LVMH 22 Lyft 30 L’Oréal 22, 38 Mäder 28 Mediaset 24 Naturalia 21 Philip Morris 32 Radio France 24 Renault 16 Renault Samsung Motors 16 RTL 24 Samsung Electronics 24

le marché depuis dix ans. Un coup dur. L’épicerie sucrée est devenue un marché très compliqué et concurrentiel, la mousse au chocolat et le yaourt à boire se portant mieux. Dans un souci de diversification et pour compenser le déclin des ventes des produits laitiers, Michel et Augustin s’est lancé voilà près d’un an sur le marché des produits végétaux. La société commercialise désormais un lait de coco à boire et des

desserts à la mangue et à la framboise (Les Perles du Japon). Même sa célèbre mousse au chocolat a été déclinée en végétal ! L’entreprise réalise 85 % de son chiffre d’affaires (50 millions d’euros en 2018) en France, en Suisse et en Belgique. Mais elle a également des ambitions aux Etats-Unis. Ses produits ont brièvement garni les présentoirs du géant du café Starbucks. Un autre accord du même type a été passé avec

Delta Airlines et des restaurants. Evan Holod, le représentant de l’entreprise au bureau de New York, a pour mission de continuer à y développer la marque. En 2018, Michel et Augustin a également nommé François Roche Bayard, passé par Andros, au poste de directeur général. Une nomination censée permettre aux cofondateurs de prendre du champ et qui annonçait déjà la montée en puissance de Danone. n

l’essentiel Les ministres priés

Schneider Electric 38 SoftBank 18 Soitec 38 Telecom Italia

Le réseau de bus parisien à l’heure d’un changement sans précédent Le « nouveau »réseau de bus parisien est lancé ce samedi par Ile-de-France Mobilités, la RATP et la Ville de Paris. Avec des modifications d’une ampleur jamais vue depuis 1950. // P. 18

24 Telefónica 23 Tezos 26 Toyota 18 Uber 18 Vivendi 24 Vodafone 23 Voyageurs du Monde 22

Adidas présente ses premières chaussures 100 % recyclables La marque de sport allemande a livré sa nouvelle chaussure Futurecraft.Loop à 200 influenceurs mondiaux.Elle entend la commercialiser dans deux ans. // P. 20

AVIS FINANCIERS

NGE 17 SMTPC 19

Quand Paris se rêve en capitale mondiale de la blockchain Startuppeurs, investisseurs, développeurs… Pendant quatre jours, la capitale française a accueilli une partie du gratin de l’écosystème dans le cadre de la Paris Blockchain Week. // P. 26

SUR

La régulation des hauts salaires, un enjeu politique aux Etats-Unis

Adidas

DANS « LA CHRONIQUE BOURSE » À 13H ET 17H30 DU LUNDI AU VENDREDI

Augustin Paluel-Marmont et Michel de Rovira. Les deux amis d’enfance ont créé leur entreprise en 2004. Michel et Augustin réalise 85 % de son chiffre d’affaires en France, en Suisse et en Belgique. Photo Émile Loreaux/Hans Lucas

La rémunération des grands patrons américains a continué à grimper l’an dernier. Le ratio rapportant leur rémunération à celle de l’employé médian est passant de 235 à 254 en un an. // P. 30

d’abandonner WhatsApp au profit de Tchap

APPLICATIONS L’Etat choisit le made in France pour sa communication interne. L’application Tchap servira désormais aux agents des services de l’Etat ou du gouvernement pour communiquer entre eux, a indiqué mardi Nadi Bou Hanna, le directeur interministériel du numérique. La messagerie vient d’être rendue disponible sur les magasins d’applications d’Apple et de Google. Si n’importe qui peut la télécharger, il est nécessaire de disposer d’une adresse e-mail professionnelle en .gouv ou assimilé pour s’y créer un compte. « Elle permet d’échanger des textes courts, des documents, photos, vidéos » dans des conve r s a t i o n s « à d e u x o u e n groupe », peut-on lire dans la présentation de l’App Store. « Nous allons ajouter très rapidement la visiophonie et la téléphonie » sur cette application, a ajouté Nadi Bou Hanna. Pensée pour renforcer la confidentialité des informations partagées au sein du gou-

vernement, la messagerie Tchap est « chiffrée de bout en bout » et est hébergée sur des serveurs de l’Etat. Elle a été conçue en collaboration avec New Vector, une start-up franco-britannique, qui a créé la plate-forme open source Riot retenue pour le projet, et avec Thales. Le groupe d’électronique et de défense avait déjà lancé une messagerie sécurisée réservée aux professionnels, baptisée « Citadel ». L’application Tchap, développée sur du code ouvert (open source), pourra être ponctuellement accessible à des personnes extérieures aux services de l’Etat. Cela permettra la constitution de groupes de travail associant privé et public. Nadi Bou Hanna dirige depuis quelques mois la Dinsic (direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat), un service d’environ 145 personnes chargé de coordonner l’action des grandes administrations de l’Etat en matière d’informatique. Le nom Tchap fait référence au télégraphe optique de Claude Chappe, mis en service sous la Révolution et qui fut utilisé jusqu’au milieu du XIXe siècle et à l’arrivée du télégraphe électrique. — L. M.

Nommée à la tête de sa division de prêts aux ménages, Marianne Lake est perçue comme l’une des candidates qui pourrait prétendre à succéder un jour l’emblématique Jamie Dimon. A 49 ans, Marianne Lake est perçue comme l’une des candidates qui pourrait prétendre à succéder un jour l’emblématique Jamie Dimon. Née aux Etats-Unis, la banquière a commencé à travailler chez JP Morgan en 1999. Elle en a pris la direction financière en 2012. Son nom a par ailleurs circulé dans la liste des candidats potentiels à la direction de Wells Fargo qui se cherche un directeur général depuis la démission de Tim Sloan. D’autres femmes de poids émergent chez JP Morgan. Jennifer Piepszak, l’actuelle directrice des services de cartes de la banque vient d’être nommée directrice financière, à 49 ans également. Une femme encore, Mar y Erdoes, dirige d’ores et déjà la division de gestion d’actifs de la banque. La question de la succession de Jamie Dimon est toutefois loin d’être sur la table. A 63 ans, le PDG est en effet l’une des personnalités les plus en vue de Wall Street et n’a pas l’intention de se retirer prochainement. Il y a un an, le dirigeant avait fait savoir qu’il comptait rester en fonction pendant cinq années encore. Lors de son audition au Congrès, Jamie Dimon n’a pas non plus levé la main pour confirmer qu’une femme pourrait lui succéder. Le PDG s’en est expliqué par la suite lors d’une conférence téléphonique avec des analystes. « Nous ne commentons pas les plans de succession. C’est une question qui concerne le conseil d’administration », a-t-il déclaré. Cela n’a rien à voir avec Marianne, je pense que Marianne est exceptionnelle. » n


ENTREPRISES

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

AUTOMOBILE

Le plan de bataille de Renault pour conquérir la Chine l Parti en retard, le groupe au losange vise 550.000 ventes dans le pays en 2022. l Il mise notamment sur ses partenariats, avec Dongfeng dans les SUV ou avec Brilliance dans les véhicules utilitaires. Anne Feitz @afeitz — A Shanghai et Wuhan Le petit SUV trône, perché sur une estrade du stand de Renault au Salon automobile de Shanghai. Les visiteurs chinois se succèdent, qui en font le tour, inspectent les joints, testent la façon dont ses portes se ferment. Quelques mois après avoir été dévoilée sous forme de concept, au Mondial de Paris, la Renault City K-ZE a été présentée en grande pompe cette semaine au marché chinois. Une mini-citadine 100 % électrique low cost, « conçue en Chine pour la Chine » par une coentreprise créée fin 2017 avec Nissan et le groupe public Dongfeng, sur laquelle Renault compte pour doper ses ventes dans le pays. « Nous serons compétitifs avec la concurrence chinoise en termes de prix, mais avec la qualité aux standards de Renault », insiste François Provost, le patron de Renault en Chine. Le lancement commercial est prévu pour le début de l’automne. Un vrai pari pour le groupe au losange, qui a décidé de s’attaquer, enfin, à la Chine. Il est parti tardivement, ayant longtemps abandonné l’immense marché à son partenaire Nissan. Avec ses 216.000 immatriculations en 2018, Renault est encore un challenger dans le pays. Mais il affiche de grandes ambitions : dans son plan à moyen terme, il s’est fixé pour objectif de grimper à 550.000 ventes en 2022. Un objectif confirmé cette semaine à Shanghai par son directeur général, Thierry Bolloré.

Usine en surcapacité

« Notre stratégie est simple : nous misons sur les créneaux où Renault peut encore se faire une place, et sur les segments en forte croissance : l’électrique, les SUV, le véhicule utilitaire », avance François Provost. Le marché chinois n’est pourtant pas au mieux de sa forme depuis quelques mois : premier marché au monde avec ses 28,1 millions d’immatriculations en 2018 (dont 23,7 millions de voitures particulières), il a reculé l’an dernier de 2,8 %, pour la première fois depuis trente ans. La petite K-ZE ne suffira toutefois pas à satisfaire ces ambitions. Le groupe a en réalité démarré sa grande offensive chinoise en 2013, lorsqu’il a créé avec Dongfeng une coentreprise à 50/50 (la DRAC), pour assembler et commercialiser

A Wuhan, en Chine, l’usine ultramoderne Renault-Dongfeng, d’une capacité de 150.000 véhicules, n’a produit que 52.700 voitures l’an dernier. Photo Johannes Eisele/AFP des véhicules Renault dans le pays. Avec un succès mitigé pour l’instant. A Wuhan, l’usine ultramoderne inaugurée en 2016 par les deux partenaires pour produire des SUV Koleos et Kadjar est loin de tourner à plein régime. Sa capacité est de 150.000 véhicules par an, mais à peine 52.700 voitures sont sorties de ses chaînes l’an dernier, 27 % de moins qu’en 2017 (72.100 unités). Et les ventes ont encore plongé de 64 % au premier trimestre 2019 ! « La marque Renault est reconnue pour sa qualité, mais elle manque de notoriété », reconnaît Guillaume Sicard, directeur des ventes et du marketing de Renault en Chine. « Les véhicules ont les bonnes silhouettes, simples et carrées, adaptées au goût des Chinois, ainsi que le niveau technologique requis, mais, dans ce pays, il faut animer sa marque par des lancements. Or nous n’avons pas lancé de nouveau véhicule depuis deux ans. » L e l a n c e m e n t d e l a K- Z E à l’automne ainsi que celui d’un autre

SUV de segment B (qui pourrait être dérivé du Captur) en 2019 devraient fournir une première réponse. La DRAC promet également d’élargir son offre à 9 véhicules, dont 3 électriques (parmi lesquels la K-ZE), d’ici à 2022. « Nous allons aussi doubler le réseau de distribution, à 400 points de vente, et renforcer le marketing, notamment digital », indique Guillaume Sicard.

Acteur clef des utilitaires

Renault a aussi signé, fin 2017, un accord stratégique avec le groupe chinois Brilliance, spécialisé dans les véhicules utilitaires, pour créer une autre coentreprise dont le Losange détient 49 %, mais assure la gestion. Un partenariat qui lui a permis de compter 163.000 ventes supplémentaires en Chine en 2018, mais qui comporte des risques. Déficitaire, la société « se donne trois ans pour revenir à l’équilibre », explique Thierry Plantegenest, directeur des ventes et du

marketing des véhicules utilitaires. Grâce à son savoir-faire, Renault espère revitaliser la marque Jinbei, bien connue dans le pays mais en perte de vitesse. Il a déjà dopé le réseau, de 159 à 283 points de vente, et compte passer à 330 cette année. « Nous allons aussi lancer de nouveaux véhicules », explique-t-il. Y compris un van de marque Renault, sur la base du Traffic, d’ici à fin 2020, début 2021. « L’objectif est de devenir un acteur clef des utilitaires en Chine », poursuit le dirigeant. Renault pourrait, enfin, conclure de nouveaux partenariats. « La croissance organique ne peut pas suffire », insiste Guillaume Sicard. Le groupe est entré en janvier en négociations avec Jiangling Motors pour prendre 50 % de JMEV, sa filiale dédiée aux véhicules électriques. Une nouvelle coentreprise à digérer avant de passer à l’étape suivante.

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Lire l’éditorial de David Barroux Page 14

Renault Samsung Motors pris dans un étau en Corée Débordé par Hyundai, Kia et GM sur le marché local, le constructeur contrôlé par Renault vit de ses exportations et des allocations de production des autres marques de l’Alliance. Yann Rousseau — Correspondant à Tokyo Mardi soir, le PDG de Renault Samsung Motors, Dominique Signora, a tenté de rassurer, dans une réunion confidentielle, le maire de la ville portuaire de Busan, en Corée du Sud. Il lui a promis que l’Alliance RenaultNissan-Mitsubishi Motors n’avait, pour le moment, pas l’intention de quitter le pays ou de fermer son usine locale, qui génère 20 % des exportations de la région. Mais le patron du petit constructeur, détenu à 80 % par Renault et

20 % par une filiale de Samsung, a appelé les autorités locales à l’aider à raisonner les syndicats, dont l’intransigeance menace désormais l’existence même de la société. Sur un marché totalement dominé par Hyundai et Kia, à l’exception du segment premium contrôlé par les marques allemandes et par Lexus, Renault Samsung Motors ne cesse de voir ses ventes locales régresser. L’an dernier, le c o n s t r u c t e u r n’a é c o u l é q u e 90.000 véhicules dans la péninsule sur une demande totale de 1,8 million d’unités. Pour occuper son usine de Busan, conçue pour assembler jusqu’à 300.000 voitures par an, le constructeur ne peut compter que sur les exportations de certains de ses modèles et des « commandes » des marques partenaires de l’Alliance. Mais ces demandes se raréfient. En mars dernier, Nissan a ainsi

annoncé à la direction de l’usine coréenne qu’il allait réduire de 40 % ses commandes de production de Rogue. Sur 2018, le constructeur nippon avait fait assembler, à Busan, environ 100.000 Rogue destinés au marché américain. En 2019, il ne commandera que 60.000 unités et la production annuelle dans l’usine va plonger sous les 200.000 voitures.

Bras de fer avec les syndicats

Si la décision de Nissan est, en partie, liée à l’évolution de la demande mondiale, elle reflète surtout l’effondrement de la compétitivité de l’usine de Renault Samsung. Le site est paralysé, depuis des mois, par un brutal mouvement de grève qui décourage les partenaires de l’Alliance. Depuis octobre, les syndicats, qui réclament de nouvelles hausses de salaire et des horaires allégés, ont organisé 58 débrayages pour un

total de 234 heures, dans un mouvement qui a déjà coûté au groupe 265 milliards de wons, soit 210 millions d’euros. « Renault Samsung Motors est coincé dans un étau, entre les marques coréennes, qui écrasent le marché local, et les syndicats, qui empêchent toute compétitivité à l’export », explique un spécialiste du secteur. « Et c’est le problème de tous les constructeurs sur place. » L’an dernier, General Motors a craqué et fermé l’une de ses usines coréennes. Pour éviter cette issue, la direction de Renault a, dans une démarche exceptionnelle, fait récemment diffuser une vidéo de trois minutes à ses ouvriers de Busan. Dans le message, elle explique que le site risquait de ne plus recevoir d’allocations de production des autres marques de l’Alliance si la grève ne cessait pas rapidement. Un scénario qui équivaudrait à une condamnation. n

Le groupe joue la carte de l’électrique à bas coût Renault a développé avec Dongfeng et Nissan un véhicule électrique low cost, la mini-citadine City K-ZE, qui doit rivaliser avec la concurrence chinoise.

seulement trois ans, sourcée à plus de 90 % en Chine, notamment pour ses batteries et sa chaîne de traction, la K-ZE sera fabriquée dans l’usine de Dongfeng à Shiyan, dont la capacité atteint 120.000 unités par an.

Dans une accélération aussi impressionnante que silencieuse, la petite Renault City K-ZE blanche déboule sur la piste d’essai. Les journalistes qui la testent non loin de l’usine de Renault et Dongfeng à Wuhan, en Chine, sont les premiers au monde à conduire la petite citadine électrique low cost aux couleurs du Losange. Les avis sont unanimes : le rapport qualitéprix est bluffant. Présenté cette semaine au Salon de Shanghai, le petit SUV de 3,7 mètres de long a été conçu en Chine par eGT, la coentreprise constituée fin 2017 par Renault (qui en détient 25 %), le chinois Dongfeng (50 %) et Nissan (25 %). Objectif : proposer en Chine une voiture électrique de segment A aux standards de Renault, mais à un prix compétitif par rapport aux concurrents chinois. « Ce sera la première voiture électrique de ce segment à être vendue sous une marque étrangère », souligne François Provost, patron du Losange en Chine.

Ecran tactile et reconnaissance vocale

Savoir-faire dans les véhicules à bas coût

Le prix de vente de la K-ZE, qui devrait arriver sur les routes au début de l’automne, n’est pas encore connu. Mais François Provost précise que, dans le pays, les minicitadines électriques se vendent en moyenne à 70.000 yuans, soit un peu plus de 9.000 euros. Pour parvenir à ce niveau, Renault s’est inspiré de son savoir-faire en matière de véhicules à bas coût, inventé chez Dacia et décliné en Inde avec la Kwid. Développée en

Ce véhicule crucial pour Renault, qui cherche à accélérer en Chine, trouvera-t-il son public ? Le Losange mise sur son statut de marque étrangère, gage de qualité, pour se démarquer dans un marché du véhicule électrique ultra-concurrentiel en Chine. Visant les jeunes urbains, il n’a pas lésiné sur la technologie et la connectivité, écran tactile ou reconnaissance vocale à l’appui. « Un must absolu dans ce pays ! » souligne Guillaume Sicard, directeur des ventes et du marketing de Renault en Chine. Pour autant, développer la notoriété de la marque Renault en Chine sera un vrai défi – même si la K-ZE s’est distinguée au Salon de Shanghai en remportant le prix du meilleur premier véhicule électrifié. Autre point d’interrogation, la réduction drastique des subventions à l’électrique que vient d’annoncer le gouvernement chinois. Le marché de l’électrique n’en restera pas moins porteur, compte tenu des restrictions de circulation qui se multiplient, en Chine aussi, pour les véhicules thermiques. eGT pourra en outre compter sur les volumes de Nissan et Dongfeng pour amortir son usine, puisque la minicitadine sera aussi commercialisée sous les marques Dongfeng et Venucia (de la coentreprise entre Nissan et Dongfeng). Avant une arrivée du véhicule en Europe, voire ailleurs dans le monde ? — A. F.


ENTREPRISES // 17

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

Comment Keolis a remis sur de bons rails son contrat à Boston l Décrochée en 2014, l’exploitation des trains de banlieue de la ville de la côte Est américaine a d’abord viré au cauchemar. l Après trois années d’efforts, l’équilibre financier est enfin au rendez-vous pour le groupe français.

Lionel Steinmann @lionelSteinmann — A Boston David Scorey, le directeur général de Keolis Commuter Services (KCS), la société gestionnaire des trains de banlieue de Boston, n’est pas un fan de basket. Les matchs de l’équipe locale lui donnent pourtant le sourire. Les supporters des Celtics, qui passent déjà des heures dans les embouteillages en semaine et doivent dépenser jusqu’à 35 dollars pour une place en centre-ville, comprennent peu à peu qu’il est moins coûteux et bien plus simple de se rendre au stade en train. KCS a en effet lancé récemment un passe à 10 dollars permettant à l’usager une circulation illimitée sur le réseau le week-end.

30 millions de pertes en 2015

Cette initiative, alliée à une panoplie d’autres mesures, tire à la hausse le nombre de passagers dans les RER de la capitale du Massachusetts. Ils sont désormais 130.000 par jour, soit une augmentation de 21 % depuis 2012. Cette croissance de la fréquentation est atypique dans un pays où la plupart des réseaux de transport public sont sur le reculoir. Il constitue le signe le plus manifeste du retour à meilleure fortune du réseau exploité par Keolis. Pour le groupe français (dont la SNCF détient 70 % du capital), c’est un sujet de fierté. Mais aussi un énorme soulagement, car ce contrat a longtemps menacé de transformer la Charles River, qui vient se jeter dans le port de la ville, en Berezina. Lorsque Keolis remporte l’appel d’offres, en juillet 2014, ses dirigeants se félicitent d’avoir raflé ce marché. Il pèse 400 millions de dollars (350 millions d’euros) de chiffre d’affaires annuel. La bataille avec l’opérateur sortant, le français Transdev, a été féroce. Car les équipes de Keolis sont persuadées que les trains de banlieue de Boston et leurs 640 kilomètres de lignes seront la vitrine idéale pour décrocher d’autres marchés aux Etats-

Unis. Très vite pourtant, c’est la gueule de bois. Minées par le sousinvestissement, les infrastructures provoquent des retards dès qu’il fait trop chaud ou trop froid. Les locomotives flambant neuves achetées par le MBTA, l’organisme qui organise le transport public dans l’Etat, enchaînent les pannes. Quant aux voyageurs, ils fraudent pour près de 20 % d’entre eux, faute de portillon les empêchant de monter à bord des trains sans ticket. Pour ne rien arranger, l’hiver de 2015 est d’une rigueur historique. Les chutes de neige abondantes entraînent une interruption des transports pendant plusieurs jours, qui vire à la crise politique locale. Malgré ce contexte, le MBTA, inflexible, bombarde Keolis de pénalités, sanctionnant retards ou défauts de propreté des toilettes, comme le stipule un contrat aussi rigoureux que précis pour l’opérateur. Cette seule année, Boston génère 30 millions de dollars (26,5 millions d’euros) de pertes opérationnelles, soit 10 % du bénéfice avant impôts (Ebitda) du groupe. Pour Keolis, impossible de continuer comme ça. La direction a, semble-t-il, envisagé de jeter l’éponge.

Des incitations et plus seulement des sanctions

Cette perspective ramène le MBTA à une position plus conciliante. L’autorité accepte de financer plus de travaux afin d’améliorer le réseau. Ce qui réduit les causes de retard et fournit un ballon d’oxygène pour Keolis à court terme, le pilotage des chantiers générant plus de marge. Surtout, le MBTA accepte de renégocier le contrat en y incluant, non plus seulement des pénalités, mais aussi des bonus, en cas d’augmentation de la fréquentation par exemple. « Ce schéma est classique en Europe, mais c’est le premier du genre aux Etats-Unis », s’enorgueillit Clément Michel, qui dirige les activités de Keolis dans la région. Dans le même temps, les méthodes de maintenance et le management sont remis à plat. Année après année, les pertes se réduisent, jus-

Après des années de déboires, la ponctualité des trains de banlieue de Boston est en hausse et le nombre de passagers a augmenté de 21 % sur les six dernières années. Photo Keolis qu’à atteindre un bénéfice opérationnel de 3 millions de dollars en 2018. Et 2019 s’annonce bien, avec un taux de trains à l’heure à 91 % depuis le début de l’année. La marge de progression dans la qualité de service ou la conquête de nouveaux clients reste forte. Mais les bénéfices à venir permettront seulement, dans le meilleur des cas, de couvrir les 70 millions de dollars perdus de mi-2014 à fin 2017. Ce retournement autorise néanmoins Keolis à renouer avec ses ambitions de croissance sur le continent. Le marché des bus de Las Vegas, l’autre contrat majeur du groupe outre-Atlantique, a été renouvelé pour cinq ans. Un important volet de transport à la demande doit y être ajouté début mai. Boston a cessé d’être le boulet du groupe. n

Avec des résultats 2018 en hausse, nous mettons la force de notre indépendance et nos énergies au service de nos clients et de toutes les nouvelles générations pour un monde meilleur.

Porté par l’international, le groupe poursuit sa croissance Le chiffre d’affaires du groupe de transport public a progressé de 10 % l’an dernier. La rentabilité opérationnelle est, elle aussi, en hausse. Keolis poursuit sa croissance, tiré par ses succès à l’international. Le groupe de transport public, contrôlé à 70 % par la SNCF et à 30 % par la Caisse de dépôt et de placement du Québec, a publié cette semaine des résultats 2018 attestant de son dynamisme commercial. Le chiffre d’affaires, en hausse de 10 % sur un an, frôle la barre des 6 milliards d’euros, grâce à plusieurs contrats majeurs remportés l’an dernier ou fin 2017. Le plus important porte sur l’exploitation et la maintenance du réseau ferroviaire du pays de Galles, un marché de 6 milliards d’euros sur quinze ans. Le groupe continue par ailleurs d’étendre sa présence hors des frontières, que ce soit en Chine (grâce au partenariat avec le métro de Shanghai), en Inde ou encore en Europe. La situation est différente sur le marché national. Keolis, solide leader dans le transport urbain hors

Ile-de-France, a souvent plus à perdre qu’à gagner dans les appels d’offres face à ses rivaux Transdev et RATP Dev. Le groupe a ainsi perdu le contrat de Nîmes l’an dernier, et celui d’Angers il y a quelques semaines. Son renouvellement à Brest semble loin d’être acquis. A l’inverse, il s’est imposé à Nancy, Chambéry et Bourg-en-Bresse.

Hausse de la fréquentation sur les réseaux français

La satisfaction vient de la progression de la rentabilité opérationnelle des réseaux français. Sur les 15 plus gros d’entre eux, les opérations commerciales pour attirer de nouveaux clients et la lutte contre la fraude ont entraîné une hausse de la fréquentation de 3,2 % et une augmentation des recettes de 5,3 %. La rentabilité des opérations à l’international est, elle aussi, orien-

5,93 MILLIARDS D’EUROS Le chiffre d’affaires du groupe, en hausse de 10 % sur un an.

tée à la hausse, grâce notamment au redressement opéré à Boston (lire ci-dessus). De quoi, au final, porter le taux de marge opérationnelle de 6,3 % à 6,6 %.

11 000 collaborateurs

Une rentabilité nette qui reste faible

Le résultat net récurrent, lui, reste très faible, à 79 millions l’an dernier. C’est dû, notamment, à l’amortissement de l’achat de matériel roulant prévu dans certains contrats. Keolis compte, pour augmenter sa rentabilité, sur la montée en puissance de son activité stationnement. Et aussi sur le développement du transport de malades, qui pèse déjà 230 millions de chiffre d’affaires. Pour le groupe, le point noir du moment s’appelle LeCab. Il a acquis 51 % du capital de la plate-forme VTC en 2016, pour explorer le marché du transport partagé. Mais la tentative a tourné court faute de clients. Sur le marché VTC classique, le groupe n’a pas les moyens de rivaliser avec Uber et consorts. Keolis cherche à se désengager depuis un an. En attendant, les pertes, dont le groupe ne veut pas révéler le montant, pèsent sur les comptes. — L. S.

2 028 M€ chiffre d’affaires + 8,5 %

25,5 M€ AMBRE, INGÉNIEURE TRAVAUX GÉNIE CIVIL

résultat net part du Groupe + 4,6 %

Retrouvez notre identité et nos fiertés dans notre rapport annuel 2018 à découvrir sur LinkedIn et www.nge.fr

Crédit photo : Stéphane Bouquet -

TRANSPORT


18 // ENTREPRISES

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

Le réseau de bus parisien à l’heure d’un changement sans précédent TRANSPORT Le « nouveau » réseau de bus parisien est lancé samedi par Ile-de-France Mobilités, la RATP et la Ville de Paris. Avec des modifications d’une ampleur jamais vue depuis 1950.

Antoine Boudet @ABoudet Face à une érosion régulière du nombre de passagers dans les bus parisiens (–0,6 % l’an dernier), et la chute de leur vitesse moyenne de circulation, à 10,8 km/h seulement dans Paris intra-muros, Ile-deFrance Mobilités, l’autorité organisatrice des transports publics, la RATP, l’exploitant du réseau de la capitale, et la Ville de Paris ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Outre le passage à la vidéoverbalisation afin de dégager les

couloirs de bus (il y aurait déjà 500 PV dressés par jour), ils tablent sur la refonte du réseau, dont les usagers vont découvrir les nouveautés ce samedi 20 avril.

« Historique »

Un moment « historique », selon les trois partenaires, le réseau des quelque 350 lignes de bus de Paris et sa p e t i t e c o u r o n n e n’ay a n t é t é « que très peu modifié depuis 1950 », r a p p e l l e n t- i l s . M a l gr é « u n e mobilisation exceptionnelle » de 10.000 agents de la RATP pour informer et orienter les voyageurs,

ce moment pourrait aussi s’avérer cauchemardesque pour les usagers dont les habitudes de déplacement seront bouleversées. Voire susciter un effet contraire à celui recherché, en dissuadant certains de prendre le bus. Comme en témoigne cette habitante de l’est parisien : « Je ne pourrai plus prendre le 30 pour aller à l’Etoile, la ligne a été coupée, ce qui oblige à changer et donc à attendre. » Ou cette autre encore, passagère régulière du 42 qui l’emmenait du 10e arrondissement au nord de la Seine au 15e au sud, et qui devra désormais changer à Concorde. Ile-

SoftBank et Toyota prêts à investir avec Uber dans la voiture autonome AUTOMOBILE Les deux groupes japonais pourraient investir environ un milliard de dollars dans les projets du géant du VTC. L’opération valoriserait l’entité d’Uber consacrée à la voiture autonome 7,25 milliards de dollars. Adrien Lelièvre @Lelievre_Adrien

Si certains expriment des doutes sur la technologie de la voiture autonome, d’autres croient toujours dur comme fer à son potentiel. Les géants japonais SoftBank, Toyota et Denso, l’équipementier automobile, seraient sur le point de prendre une participation de 14 % dans le programme d’Uber consacré à la voiture autonome, croit savoir le site The Information. L’opération, qui pourrait être annoncée dans les prochains jours, représenterait un investissement d’environ un milliard de dollars. Elle valoriserait cette entité d’Uber 7,25 milliards de dollars. Dans le détail, Toyota et Denso prendraient en charge les deux tiers de l’investis-

LES 20 MATCHS DE LA BOURSE QUI SONT LES GAGNANTS ?

Demain chez votre marchan de journaux

sement et SoftBank un tiers. Son conseil d’administration pourrait alors compter six représentants du géant des VTC et deux de SoftBank et Toyota. Cet argent frais permettrait à Uber de donner un coup d’accélérateur au développement d’une technologie aussi prometteuse que coûteuse. Entre 2016 et 2018, la société dirigée par Dara Khosrowshahi a dépensé 1,1 milliard de dollars dans la voiture autonome, selon le document qu’elle a remis au régulateur américain en prévision de son introduction en Bourse.

Pionnier de la voiture autonome

Dans cette course à l’innovation, Uber est en concurrence avec Waymo, la filiale dédiée d’Alphabet (maison mère de Google) avec laquelle il vient de solder un différend, et la plupart des grands constructeurs automobiles. Le géant américain des VTC a été l’un des premiers à investir dans la voiture autonome sous la direction de son ancien patron Travis Kalanick. Ce dernier était convaincu que cette technologie permettrait à son entreprise de se passer un jour de chauffeurs. Uber a toutefois essuyé un échec majeur en 2018, lorsque l’un de ses véhicules autonomes a percuté mortellement un piéton dans l’Arizona. Dans la foulée, la société a stoppé son programme dans cet Etat. Elle continue néanmoins ses essais dans d’autres régions des Etats-Unis.

Introduction en Bourse imminente

L’investissement de Toyota, SoftBank et Denso serait en tout cas un signal fort alors qu’Uber prépare

Les chiffres clefs

1,1

MILLIARD DE DOLLARS La somme dépensée par Uber entre 2016 et 2018 dans la voiture autonome, selon le document que la société a remis au régulateur américain en prévision de son introduction en Bourse.

11,3

MILLIARDS DE DOLLARS Le chiffre d’affaires d’Uber en 2018. Malgré tout, le groupe n’a toujours pas dégagé de bénéfices.

son entrée à Wall Street, attendue en mai. Le géant des VTC espère lever 10 milliards de dollars et vise une capitalisation comprise entre 90 et 100 milliards de dollars, selon la presse américaine. Il pourrait s’agir de la plus grosse introduction en Bourse d’une start-up américaine depuis celle de Facebook en 2012. Les débuts à la Bourse de New York de l’enfant terrible de la Silicon Valley seront scrutés de près. Malgré une hausse continue de son chiffre d’affaires (11,3 milliards de dollars en 2018), Uber n’a en effet jamais dégagé de bénéfices. En outre, les investisseurs pourraient être prudents alors que son principal concurrent aux Etats-Unis, Lyft, connaît des débuts très difficiles au Nasdaq. n

de-France Mobilités, la RATP et la Ville de Paris affirment que cette modernisation du réseau est « le fruit d’une large concertation avec les associations d’usagers, le grand public et les collectivités locales ».

50 lignes modifiées ou prolongées

Une litanie de chiffres témoigne de l ’a m p l e u r d u c h a n g e m e n t : 50 lignes modifiées ou prolongées ; 5 lignes créées ; 4.000 arrêts impactés ; 110 bus supplémentaires en circulation afin d’assurer la nouvelle offre. Avec une campagne de com-

munication à l’avenant, déclinée sur un site Internet dédié, www.nouveaureseaubusparisien.fr, une campagne d’affichage, un guide pratique distribué à 1 million d’exemplaires et un dépliant du nouveau réseau à 700.000. Le tout pour un coût de 10 millions d’euros en aménagement de voiries auxquels s’ajoutent 40 millions par an financés par Ile-deFrance Mobilités pour l’offre supplémentaire. Un investissement dont on mesurera l’année prochaine l’effet sur la fréquentation des bus parisiens. n

à suivre Vinci Highways remporte un contrat de 370 millions d’euros en Irlande TRANSPORT Vinci Highways, la filiale de Vinci Concessions spécialisée dans les concessions autoroutières à l’international, et son partenaire irlandais Abtran, ont remporté un contrat d’une valeur de 373 millions d’euros sur onze ans pour gérer les paiements des automobilistes empruntant le périphérique de Dublin, l’axe le plus fréquenté d’Irlande avec 145.000 véhicules par jour. Ils installeront un portique détectant les véhicules et lisant leurs plaques, pour un paiement des usagers en flux libre et géreront les services clients du périphérique, dont un centre d’appels. Vinci Concessions est présent dans 21 pays (dont 14 pays pour des concessions d’autoroutes) mais ce contrat est son premier en Irlande.

Séché acquiert le spécialiste italien des déchets dangereux Mecomer ENVIRONNEMENT Après les acquisitions de Kanay (Pérou) en janvier, et d’Interwaste (Afrique du Sud) en mars, le spécialiste de la gestion des déchets dangereux Séché Environnement poursuit son internationalisation en acquérant Mecomer, en Italie du Nord. En 2018, Mecomer (150 personnes) a réalisé un chiffre d’affaires de 32 millions d’euros, pour un résultat opérationnel courant de 4,9 millions. Séché a dévoilé jeudi un chiffre d’affaires trimestriel de 156 millions, en hausse de près de 15 % (+2,8 % à périmètre et changes constants), dont 34 millions à l’international et 122 millions en France (+1,6 %). A périmètre constant, Séché prévoit pour cette année une croissance modeste en France et soutenue à l’international.

Début d’année porteur pour Accor HÔTELLERIE Accor a annoncé jeudi, après Bourse, avoir enregistré un chiffre d’affaires de 987 millions d’euros au premier trimestre, en hausse de 34,2 %, et de 8,8 % à base comparable. Le groupe hôtelier et de services profite notamment d’une activité soutenue en Europe. S’agissant de la France, il précise que le mouvement des « gilets jaunes » a eu un « impact marginal ». En outre, son chiffre d’affaires a été gonflé par ses dernières acquisitions. Par ailleurs, Accor a livré des perspectives pour 2019. Le groupe « prévoit notamment une croissance organique record et une amélioration progressive du RevPAR [revenu moyen par chambre disponible, NDLR] qui devrait s’établir aux alentours de 3 % ». D’autre part, Accor a inauguré jeudi soir un établissement Jo&Joe à Gentilly (94), près de Paris, un moment important dans le développement de ce concept d’auberge de jeunesse.


ENTREPRISES // 19

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

Bond de 30 % des exportations françaises d’armement en 2018 DÉFENSE Les exportations du secteur de la défense ont dépassé les 9 milliards d’euros, soit la troisième meilleure performance depuis vingt ans. Claude Fouquet @ClaudeFP et Anne Bauer @annebauerbrux En matière d’armements, le savoirf a i r e f r a n ç a i s s’e x p o r t e . E n pleine polémique sur l’utilisation d’armes hexagonales au Yémen, la ministre des Armées a levé en par-

tie le voile sur les exportations du secteur. « Nous avons exporté pour un peu moins de 7 milliards en 2017, les chiffres pour 2018 sont très significativement au-dessus, de l’ordre de 9 milliards, donc une croissance de 30 % », a affirmé Florence Parly jeudi sur Radio Classique. Une hausse qui contraste avec la situation en Allemagne, où les ventes se sont repliées de près de 25 %. De fait, avec quelque 9 milliards d’exportations, l’année 2018 marque la troisième meilleure performance de la France depuis vingt ans, après les années exceptionnelles de 2015 et 2016, qui avaient grimpé à 16,9 milliards et 13,9 milliards d’exportations, grâce aux ventes d’avions Rafale à l’Egypte, au Qatar et à l’Inde. Sinon, le niveau moyen d’exportation du secteur de

la défense en France tourne autour de 7 milliards par an, ce qui correspond, selon l’armée, au niveau nécessaire pour garder des équipements de premier plan made in France. Sans exportations, le marché hexagonal ne suffit pas à rentabiliser les investissements.

Intégration européenne

Interrogé jeudi, Eric Trappier, le président de Dassault Aviation mais aussi le président du Gifas, a dénoncé « l’hypocrisie » des pressions faites par certaines ONG sur les banques et les assureurs pour leur interdire de financer les fabricants d’armes. « La volonté de transparence sur les ventes d’armes est nécessaire, mais si on n’exporte pas, on ne fabriquera plus et cela signifie qu’on achè-

tera tous des armes américaines. » Chez Florence Parly, on se réjouit d’autant plus de la hausse des exportations qu’elle relève essentiellement, en 2018, de deux contrats noués avec nos partenaires européens.

Sans exportations, le marché hexagonal ne suffit pas à rentabiliser les investissements. Le premier concerne la décision de la Belgique, en octobre, d’acquérir 442 véhicules blindés pour 1,5 milliard d’euros. Un achat qui se fait dans le cadre d’un partenariat de long terme, incluant les entraî-

L’aérospatiale tricolore face à des vents contraires

Accusations rejetées

La ministre a rejeté les accusations du collectif d’investigation Disclose, qui a affirmé que des armes de

fabrication française vendues à l’Arabie saoudite sont utilisées par Riyad dans la guerre au Yémen. Et que celles-ci y ont fait des victimes civiles. « A ma connaissance, ces armes ne sont pas utilisées de façon offensive dans cette guerre au Yémen et on ne peut donc pas dire de façon mécanique, en tout cas moi je n’ai pas d’éléments de preuve permettant de dire cela, que des armes françaises sont à l’origine de victimes civiles au Yé m e n » , a d é c l a r é F l o r e n c e Parly. Et de rappeler que tous les efforts de la France, mais aussi de la communauté internationale, « sont orientés pour essayer d’arrêter ce conflit et de lui trouver une solution politique ». Un conflit qui dure depuis plus de trois ans, qu’elle a qualifié de « guerre sale ». n

à suivre Schneider grimpe en Bourse après un bon début d’année

AÉRONAUTIQUE

ÉQUIPEMENT ÉLECTRIQUE Schneider Electric a signé jeudi la plus forte hausse du CAC 40 (+2,72 %) après avoir publié des ventes trimestrielles supérieures aux attentes, confortant la stratégie d’internationalisation du spécialiste des équipements électriques. En données publiées, le chiffre d’affaires de 6,3 milliards d’euros au premier trimestre ressort en hausse 8,7 %, avec une hausse de 16,7 % en Amérique du Nord et de 9,8 % en AsiePacifique. En données organiques, il a progressé de 5,9 %. Le groupe vise toujours une croissance organique comprise entre 3 et 5 % sur l’année.

Le chiffre d’affaires et l’emploi des industriels français de l’aéronautique et de l’espace ont continué à progresser en 2018. Mais les perspectives pour 2019 sont plus incertaines.

CO2 : Bruxelles entérine la baisse de 30 % pour les camions et les autocars

Bruno Trévidic @BrunoTrevidic

AUTOMOBILE Le Parlement européen a adopté le projet de règlement qui imposera une réduction de 30 % des émissions de CO2 pour les camions et les autocars neufs d’ici à 2030, par rapport à leurs émissions 2019. Un objectif intermédiaire de moins 15 % est fixé pour 2025. Par ailleurs, 2 % des poids lourds commercialisés en 2025 devront être à émissions nulles ou faibles (moins 50 % d’une valeur de référence). Il pourra s’agir de véhicules roulant à l’électrique ou à surtout l’hydrogène.

L’exercice 2018 a une nouvelle fois été une bonne année pour l’industrie aéronautique et spatiale française. Selon les chiffres publiés jeudi par le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), le chiffre d’affaires de la filière a poursuivi sa croissance l’an dernier, à 65,4 milliards d’euros, en hausse de 1,2 milliard sur un an (+1,9 %), dont 50,4 milliards pour l’aéronautique civile. Les effectifs dans la filière ont aussi continué à augmenter (+2 %), à 195.000 salariés. « La filière a recruté 15.000 personnes l’an dernier, dont 4.000 créations nettes d’emplois », a souligné Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation et président du Gifas. De quoi conforter la première place de l’aéronautique française en Europe et son rang de numéro deux mondial, derrière les Etats-Unis, malgré l’étroitesse de son marché intérieur. Une situation qui oblige les entreprises françaises à réaliser 85 % de leur chiffre d’affaires à l’export.

Le PDG de L’Oréal voit l’action du groupe passer le cap des 300 euros COSMÉTIQUE L’Oréal vise un cours de Bourse de plus de 300 euros, a déclaré son PDG Jean-Paul Agon lors de l’assemblée générale du groupe, dont l’action évolue actuellement à des niveaux record, au-delà des 240 euros. « Je pense que cela ne devrait pas tarder » d’atteindre les 300 euros, a d’abord lancé M. Agon. Avant de se montrer plus prudent quelques minutes plus tard, en parlant plutôt d’un « objectif » du groupe, sans fixer de délai pour y parvenir. Le cours de Bourse du géant a bondi de 26 % depuis un an, dans le sillage de résultats, dopés par une forte demande en Asie.

LVMH verra la valeur de Hennessy passer devant celle de Jack Daniel’s SPIRITUEUX Le cognac Hennessy va devenir dans le courant de

Des faiblesses persistantes

Mais tout n’est pas rose pour autant. Si les grands noms du secteur – Airbus, Safran, Thales, Dassault… – dégagent de solides bénéfices, une partie de leurs sous-traitants est dans le rouge, notamment chez les PME. « Chaque année, une proportion assez constante d’entreprises – de l’ordre de 20 % – enregistre un résultat déficitaire, déplore Patrick Daher, le président du groupe Daher. Une partie d’entre elles est même en déficit sur plusieurs exercices. » Explication de ce paradoxe : les petits équipementiers, qui ne peuvent être présents sur tous les fronts, font parfois les frais de l’arrêt ou de la baisse d’activité de certains programmes. D’autres sont pénalisés financièrement, faute de parvenir à livrer en temps et en heure, et au niveau d’exigence requis par les donneurs d’ordre. « Pour rester compétitifs, nous devons continuer à monter en qualité », a souligné Patrick

nements, la formation et le maintien en condition opérationnelle des blindés ainsi que la recherche. Le second concerne l’achat de 23 hélicoptères NH90 par l’Espagne, signé en fin d’année 2018 pour un montant de 1,38 milliard. Au sein du consortium qui fabrique l’hélicoptère lourd, la part réalisée e n Fr a n c e t o u r n e a u t o u r d e 550 millions. Parmi les autres contrats mis en vigueur, on peut au s si no t er l a co mmande de l’Argentine de 3 petites frégates pour un montant de 290 millions d’euros ou de 28 hélicoptères NH90 pour le Qatar.

Daher, en soulignant les efforts réalisés par le Gifas dans ce domaine. Quelques voyants sont aussi passés au rouge en 2018. A commencer par les prises de commande, en baisse de 14,6 % sur un an en valeur, à 58,2 milliards d’euros. La baisse des

« L’arrêt des livraisons des Boeing 737 MAX a déjà un impact sur les équipementiers, y compris en France. » ÉRIC TRAPPIER PDG de Dassault

prises de commande d’Airbus y est pour beaucoup. Mais le secteur continue aussi d’attendre une nette reprise des commandes d’avions d’affaires, ainsi que le redémarrage du marché des hélicoptères civils.

Difficultés de recrutement

Les difficultés de recrutement perdurent également, non seulement chez les PME, mais aussi, de nouveau, dans les grandes entreprises, pour des catégories d’emplois jusqu’alors épargnées. « Il est toujours aussi difficile de recruter des compagnons, notamment pour les PME. Mais les grandes entreprises commencent à avoir du mal à embaucher des ingénieurs, indique Eric Trappier. Aujourd’hui, certaines PME ne peuvent livrer, faute de personnel », assure Christophe Cador, le président de la section Aéro PME.

A ces faiblesses s’ajoutent de grosses incertitudes pour 2019, au premier rang desquelles l’impact potentiel des problèmes du Boeing 737 MAX sur les équipementiers français. « Nous n’avons pas encore de chiffre à ce stade, mais il est certain que l’arrêt des livraisons des Boeing 737 MAX a déjà un impact sur les équipementiers, y compris en France », reconnaît Eric Trappier. « Cela aura un impact significatif, mais pas au point de mettre en danger des équipementiers de rang 1 », tempère Patrick Daher. Le président de Daher redoute toutefois un durcissement des règles de certification aux Etats-Unis et en Europe. « Il est probable qu’à l’avenir la FAA américaine et l’agence européenne se montreront plus exigeantes. Ce qui veut dire un renchérissement des coûts de certification de tous nos produits. » n

l’année « la plus grande marque de spiritueux au monde », en valeur, a affirmé mercredi le PDG du groupe LVMH, Bernard Arnault lors de l’assemblée des actionnaires. Dans les spiritueux premium, c’est-à-dire vendus au-dessus de 20 dollars, Hennessy est actuellement la deuxième marque en valeur, derrière Jack Daniel’s et devant Johnny Walker, deux marques de whisky. En 2018, l’activité vins et spiritueux de LVMH (propriétaire des « Echos ») a progressé de 5 %, à 5,1 milliards d’euros.

AVIS FINANCIERS

SOCIETE MARSEILLAISE DU TUNNEL PRADO CARENAGE

AVIS DE RÉUNION L’Assemblée Générale Annuelle des actionnaires se tiendra

le 28 mai 2019 à 11h00 au Musée Regards de Provence, Allées Regards de Provence, 13002 Marseille. Cotation : EURONEXT Paris compartiment C. Code ISIN : FR0004016699. MNO : SMTPC www.tunnelprado.com Tél : +33(0)4 91 80 88 80 Contact : ag2019@tunnelprado.com


20 // ENTREPRISES

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

Adidas présente ses premières chaussures 100 % recyclables SPORT La marque de sport allemande a livré sa nouvelle chaussure Futurecraft.Loop à 200 influenceurs mondiaux. Elle entend la commercialiser dans deux ans. Pauline Houédé @Pauline_H — Correspondante à Francfort Après près de dix ans de recherche, Adidas a présenté mercredi à New York sa première paire de baskets 100 % recyclable, baptisée « Futurecraft.Loop », et livrée à 200 influenceurs de New York, Los Angeles, Londres, Paris, Tokyo et Shanghai. Alors que de vieilles paires de chaussures peuvent en général espérer être au mieux transformées en sacs ou bouteilles en plasti-

que, le groupe allemand parvient avec Futurecraft.Loop à élaborer un produit en mesure d’être recyclé en un objet de même valeur : une paire de baskets flambant neuve. La chaussure, dont Adidas entend lancer la production en série au printemps ou à l’été 2021, est exclusivement fabriquée en polyuréthane thermoplastique (TUP), un matériau 100 % recyclable. Un procédé créé en coopération avec le chimiste allemand BASF. Futurecraft.Loop est également assemblée sans colle, un obstacle classique au recyclage : la semelle et le reste de la chaussure sont fondus ensemble grâce à la chaleur. « Cette chaussure est la preuve qu’il est possible de fabriquer des chaussures de course de haute performance sans avoir à les jeter à la fin », a commenté Eric Liedtke, membre du directoire d’Adidas.

Phase bêta

Le client qui ramènera chez Adidas sa paire de baskets usagée pourrat-il en échange profiter, par exemple, d’un rabais sur un autre pro-

duit, ou récupérer une paire neuve grâce à un système d’abonnement ? « Nous sommes encore en phase bêta, différentes réflexions sont lancées », répond une porte-parole, qui entend se servir de l’expérience des influenceurs qui testent la basket pour mettre au point son modèle commercial.

En partenariat avec l’ONG américaine Parley, Adidas se sert de déchets en plastique pour fabriquer une partie de ses chaussures. La marque aux trois bandes, qui s’est, par ailleurs, engagée à n’utiliser que du polyester recyclé dans ses produits d’ici à 2024, a lancé depuis 2015 un programme visant à réutiliser les déchets en plastique qui polluent les océans ou sont échoués sur les plages. En partenariat avec l’ONG américaine Par-

ley, Adidas se sert de ces déchets pour fabriquer une partie de ses chaussures. Après avoir produit 1 million de paires de ce type en 2017, puis 5 millions en 2018, Adidas compte en fabriquer 11 millions cette année. Un volume encore modeste par rapport à sa production totale de chaussures (309 millions en 2018). Son grand rival Nike s’est aussi lancé dans le recyclage : la marque américaine a mis au point un dispositif qui lui permet de réutiliser ses chutes de cuir initialement détruites. De ce procédé est né un nouveau matériau, baptisé « Flyleather », et constitué d’au moins 50 % de fibres de cuir recyclées. Puma a de son côté annoncé fin mars le lancement en 2020 d’une collection de chaussures et d’articles de sport fabriqués à partir de bouteilles plastiques collectées à Haïti, au Honduras et à Taïwan. Le groupe avait déjà créé en 2013 une ligne de produits biodégradables ou recyclables, avant de stopper leur production l’année suivante. Faute de demande… n

Cristal Union va fermer deux usines en France AGROALIMENTAIRE Confronté à une crise de surproduction mondiale, des prix très bas et un manque de compétitivité, Cristal Union lance sa restructuration industrielle. Marie-Josée Cougard @CougardMarie Ce n’est ni une surprise ni la fin des difficultés de l’industrie sucrière. Mais plutôt une nouvelle étape dans la crise profonde que traverse ce secteur en Europe depuis la suppression des quotas européens en 2017. Cristal Union va fermer deux sucreries sur les dix que compte le groupe en France. Pénalisé par la surproduction mondiale et des prix toujours très bas, le propriétaire de la marque Daddy a plongé dans le rouge, avec une perte nette de 99 millions d’euros sur l’exercice 2018-19 et une baisse de chiffre d’affaires de 16 %, à 1,7 milliard. Cette annonce suit une kyrielle de mauvaises nouvelles. L’allemand Südzucker a préc édé Cristal Union en annonçant la fermeture de deux sucreries et d’un site de conditionnement de Saint Louis en France. Südzucker comme Nordzucker, l’autre grand sucrier allemand, ont lancé des avertissements sur leurs résultats en 2018 et anticipé des difficultés pendant au

186 MILLIONS DE TONNES La prévision de consommation mondiale de sucre sur la campagne 2018-2019, tandis que la production baisserait de 4,3 %.

La marque aux trois bandes s’est par ailleurs engagée à n’utiliser que du polyester recyclé dans ses produits d’ici à 2024. Photo Adidas

La Cour des comptes critique le plan de relance autoroutier TRANSPORT La Cour juge les accords passés avec les concessionnaires autoroutiers pour l’exploitation et l’entretien des autoroutes déséquilibrés. Myriam Chauvot mchauvot@lesechos.fr Des travaux autoroutiers payés par un rallongement de la durée des concessions ou une hausse des péages, l’idée était séduisante pour les caisses de l’Etat, mais continue de susciter la controverse. La Cour des comptes a rendu publiques les conclusions (le « référé ») adressées au Premier ministre le 23 janvier suite au contrôle l’an dernier de trois accords : le « paquet vert » de 2008 (1 milliard d’euros de travaux à but environnemental) ; le

plan de relance autoroutier de 2015 ou PRA (3,2 milliards d’euros de travaux d’ici à 2024) ; et le plan d’investissement autoroutier de 2017 (700 millions d’euros de travaux).

Allongement des concessions

Le référé est particulièrement critique. « On peut mettre en regard les 3,2 milliards du PRA avec la quinzaine de milliards d’euros de recettes supplémentaires que rapportera aux concessionnaires l’allongement de leurs concessions », souligne la Cour. Elle observe que, malgré le caractère déséquilibré des accords passés, jugés trop à l’avantage des concessionnaires, « la formule de l’allongement des concessions n’est pas abandonnée pour autant ». Des concessionnaires l’ont à nouveau proposée lors des Assises nationales de la mobilité. En contrepartie de la prise en charge des travaux sur des sections autoroutières non concédées, contiguës à leurs réseaux.

« On peut mettre en regard les 3,2 milliards du PRA avec la quinzaine de milliards d’euros de recettes supplémentaires que rapportera aux concessionnaires l’allongement de leurs concessions. » LA COUR DES COMPTES

Ces propositions n’engagent pas l’Etat, a rétorqué le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, dans sa réponse à la Cour le 4 avril, également rendue publique jeudi. Il rappelle que

la loi subordonne désormais les allongements de concessions à une présentation au Parlement. Afin de rééquilibrer les accords en faveur de l’Etat et des usagers, la Cour recommande de les limiter à l’avenir à des travaux répondant à des critères précis de nécessité et d’utilité. Elle propose qu’un organisme expert indépendant contrôle le calcul des compensations accordées aux concessionnaires. Enfin, elle demande à l’Etat de prévoir un dispositif de baisse des péages et/ou de la durée des concessions si, dans le cadre de ces accords, les revenus des péages ou les résultats financiers des concessionnaires excèdent les prévisions. Un tel dispositif est prévu par la loi depuis 2015, a répondu François de Rugy. Mais il ne peut pas être rétroactif et la mobilisation d’un organisme expert indépendant ne peut pas être systématique sous peine d’alourdir les processus. Au final, la réponse ministérielle n’éteint pas la controverse. n

moins deux ans. Les pertes de Tereos, numéro deux mondial, sont passées de 10 à 96 millions d’euros au premier semestre 2018-2019 (avril-septembre).

Des planteurs à reconvertir

Le plan de restructuration de Cristal Union concerne la petite sucrerie de Bourdon dans le Puy-de-Dôme et celle de Toury dans l’Eure-et-Loir. « La première emploie 75 personnes, la seconde 120. En outre, l’activité de conditionnement d’Erstein, dans le Bas-Rhin, sera réduite de moitié, ce qui supprimera environ 70 emplois sur les 200 concernés », a indiqué Alain Commissaire, le directeur général. Dans deux des cas, des reclassements seront possibles. S’agissant de la petite sucrerie de B ourdon, très ancienne, Cristal envisage une fermeture, laissant 500 planteurs de betteraves de Limagne sans recours, vu l’isolement de ce bassin de production. Le cabinet F.O. Licht, qui fait référence, entrevoit toutefois de la lumière au bout du tunnel. Il prévoit que la consommation mondiale augmentera de 1,4 %, à 186 millions de tonnes, sur la campagne 2018-2019, tandis que la production baisserait de 4,3 %, à 185 millions de tonnes. Ce qui devrait relancer des cours aux plus bas. F.O. Licht s’attend à ce que l’offre diminue sur tous les principaux fronts. Le Brésil, leader mondial, a affecté 65 % de son sucre, soit 12 % de plus qu’un an avant, à la production d’éthanol sur les neuf premiers mois de la campagne 2018-2019, qui a clôturé en mars. La production de l’Inde, pléthorique en 2017-2018, a baissé de 2,7 millions de tonnes. En Thaïlande, la production, elle aussi record sur cette période, devrait diminuer. Le cabinet ne prévoit toutefois pas de grande embellie, car les stocks mondiaux sont encore très abondants. n

à suivre Nestlé enregistre son meilleur début d’année depuis 2016 ALIMENTATION Nestlé a réalisé un chiffre d’affaires de 22,2 milliards de francs suisses (19,5 milliards d’euros) en progression de 4,3 % au premier trimestre de l’exercice 2019. La croissance organique (+3,4 %) est supérieure aux attentes des analystes (+2,8 %). Nestlé n’avait plus enregistré un tel premier trimestre depuis 2016. Le leader mondial a bénéficié de prix plus élevés et d’une bonne dynamique aux Etats-Unis et en Chine. Les cessions et acquisitions du groupe commencent à « porter leurs fruits », a commenté Mark Schneider, le directeur général. Nestlé a acheté une licence auprès de Starbucks pour commercialiser des produits sous la marque américaine et acquis le canadien Atrium Innovations, spécialiste des produits de santé nutritionnelle. Des acquisitions qui ont « plus que compensé », selon le groupe, la cession de ses activités de confiserie aux Etats-Unis.

Unilever prévoit une croissance entre 3 et 5 % BIENS DE CONSOMMATION Le géant anglo-néerlandais Unilever maintient ses objectifs pour 2019 malgré une légère baisse (–1,6 %) de son chiffre d’affaires à 12,4 milliards d’euros au premier trimestre, affecté par la cession des margarines. Hors margarines, les ventes ont augmenté de 3,1 %. « La croissance poussée par les marchés émergents était équilibrée entre volume et prix », a déclaré Alan Jope, nouveau directeur général. La branche « produits d’entretien de la maison » a enregistré la plus forte hausse des ventes (6 %), grâce aux produits naturels. Unilever a multiplié les acquisitions, achetant notamment le boucher végétarien néerlandais De Vegetarische Slager et la marque américaine de produits d’entretien naturels The Laundress en janvier.


ENTREPRISES // 21

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

à suivre Fnac Darty fait fi d’un effet calendaire négatif au premier trimestre DISTRIBUTION Fnac Darty a publié jeudi après Bourse un chiffre d’affaires de 1,715 milliard d’euros au premier trimestre 2019, en hausse de 1,7% sur un an, « malgré un effet calendaire négatif » et « dans un contexte de consommation atone », souligne le distributeur. « Hors produits éditoriaux, tous les segments du Groupe sont en croissance », indique son communiqué. Malgré cela, « le taux de marge brute est en léger retrait au cours du trimestre ». C’est dû à l’effet dilutif de la franchise, à l’intégration de Wehkamp aux Pays-Bas, et à un mix produits défavorable, avec le recul des ventes de produits éditoriaux. Fnac Darty confirme ses objectifs à moyen terme, vise une croissance supérieure à ses marchés et une marge opérationnelle courante de 4,5 % à 5 %.

ANNLEGALECH

annonces judiciaires & légales Naturalia teste à partir de ce vendredi 19 avril à Brétigny-sur-Orge (Essonne) un nouveau format de magasin. Photo Naturalia

Naturalia part à l’assaut de nouvelles clientèles DISTRIBUTION L’enseigne bio ouvre son premier magasin de périphérie en région parisienne, sur 1.000 m2. Elle passe aussi à l’offensive auprès des jeunes générations de consommateurs. Clotilde Briard @ClotildeBriard Une offre de vrac doublée, une option drive, des aliments bruts plus présents, un accent sur l’approvisionnement local : Naturalia teste à partir de ce vendredi 19 avril à Brétigny-sur-Orge (Essonne) un nouveau format de magasin bien plus grand. Portée par un chiffre d’affaires en 2018 de 260 millions d’euros (hors franchise) en hausse de 12 %, l’enseigne bio de centre-ville se sent en effet pousser des ailes et veut s’implanter dans les zones commerciales afin de toucher de nouveaux publics. Dans ses 1.000 mètres carrés, Naturalia Marché Bio a même la

place pour le récent concept Origines, axé sur le bien-être et les médecines douces. Chargé de renforcer son statut de spécialiste, ce dernier a été lancé en 2018 à travers trois boutiques parisiennes dédiées. L’offre vegan, qui dispose également ailleurs de points de vente spécialisés, se verra répartie, en revanche, dans le magasin mais sera balisée dans les rayons.

Accent sur le vegan

Cet accent sur le vegan, la filiale de Monoprix (et donc du groupe Casino) y tient. Pour elle, il s’agit d’une clef d’entrée phare auprès des Millennials. Une population sur laquelle elle met l’accent. « Nous avons une clientèle de seniors historiques et des familles fidèles. Mais les gens qui poussent la porte de nos magasins sont de plus en plus jeunes. Cette génération a fait le saut immédiat vers le flexitarisme et le végétarisme. Elle développe aussi un certain scepticisme vis-à-vis des grandes marques et cherche des lieux qui lui parlent », explique le président de Naturalia, Franck Poncet, par ailleurs directeur commercial, technique et développement de Monoprix. Afin de séduire les Millennials, la troisième enseigne bio, derrière Biocoop et La Vie Claire, lance donc

« Nous avons une clientèle de seniors historiques et des familles fidèles. Mais les gens qui poussent la porte de nos magasins sont de plus en plus jeunes. » FRANCK PONCET Président de Naturalia

un passe Vegano. Il ouvre le droit pour les moins de 25 ans à une réduction permanente de 10 % dans les Naturalia Vegan, au nombre de quatre aujourd’hui en Ile-deFrance. En parallèle, elle sort sur les réseaux sociaux une websérie au ton ludique baptisée « Balec ». « Il fallait traiter la partie alimentaire de manière plus jeune et décalée autour de recettes anti-gaspillage, d’apéritifs. Cela permet de montrer que manger bio n’est ni compliqué ni monotone », souligne la directrice marketing et communication, Sidonie Tagliante. Les vidéos ont été confiées à quatre influenceurs dont Scotchman,

un ancien candidat de l’émission « Top Chef ». Et la marque se veut très active sur Instagram. « Naturalia a fêté ses 45 ans l’an dernier. C’est un pionnier de la bio. Elle doit trouver le bon ton entre ses racines et son caractère contemporain, bien dans l’air du temps », souligne Franck Poncet.

200 magasins en juin

Autre façon de répondre aux nouvelles attentes, le « click and collect » a démarré dans une partie des magasins en 2018. La livraison a, elle, été lancée cette année avec Epicery, spécialiste de ce service pour les commerces de proximité. « Le développement de l’omnicanalité aide aussi à s’adresser aux Millennials », ajoute le président de Naturalia. Quant à la marque distributeur, ses packagings ont connu une refonte en misant sur le clin d’œil au client. L’objectif est de passer de 150 références à 500 d’ici à trois ans. Quant aux magasins, au nombre de 194, ils franchiront le cap des 200 en juin, grâce notamment au développement de la franchise. Un nouveau logo à la tonalité plus affirmée, associant un V de la victoire façon manifeste et un épi de blé sera progressivement installé au fronton des points de vente, chargé de rappeler leur ancrage dans le bio. n

Face à Alibaba et JD.com, Amazon tire le rideau de sa marketplace en Chine E-COMMERCE Amazon va fermer son site marchand sur place, lequel agrège les produits proposés par les vendeurs tiers. Le groupe devrait continuer à proposer des produits importés sur son site. Lucas Mediavilla @Lucas_Medv C’est un aveu d’échec pour le mastodonte de l’e-commerce. Amazon s’apprête à fermer en Chine sa marketplace, la plate-forme permettant à des tiers de vendre des produits neufs ou d’occasion via son site. « Nous informons les vendeurs que nous n’exploiterons plus de marketplace sur Amazon.cn et que nous ne

fournirons plus de services aux vendeurs sur Amazon.cn à compter du 18 juillet », confirme la société dans un communiqué transmis jeudi au « Financial Times ». Ces derniers ne pourront plus désormais que vendre des produits vers l’étranger, via le service Amazon Global Selling. Il s’agit d’un revers pour Amazon sur le plus grand marché d’internautes au monde. A l’échelle de la planète, les vendeurs tiers fournissent en effet près de 50 % des produits vendus par Amazon. En sortant de cette activité, le géant américain va réduire son offre et renoncer à des commissions.

Vaincu par Alibaba et JD.com

La décision semblait cependant inéluctable. Implanté dans le pays depuis 2004, Amazon n’a jamais été en mesure de disputer à Alibaba ou à JD.com leur suprématie nationale. Selon une étude datant de 2016, l’américain disposait sur place d’à peine 1 % de part de mar-

ché. Contre près de 80 % pour les deux mastodontes chinois. Bien qu’il batte en retraite avec sa marketplace, le groupe de Jeff Bezos n’abandonne pas la Chine pour autant. Il continuera à proposer sur son site des produits importés des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou encore de l’Allemagne. Selon un porte-parole, cité dans le communiqué, la « demande de produits authentiques et de haute qualité en provenance du monde entier ne cesse de croître rapidement » en Chine. Sur ce segment du « cross-border »,

1% DE PART DE MARCHÉ Selon une étude de 2016, Amazon disposait en Chine d’à peine 1 % de part de marché. Contre près de 80 % pour les deux mastodontes chinois, Alibaba et JD.com.

Amazon a longtemps disposé d’un avantage comparatif sur les deux entreprises chinoises, grâce notamment au poids de son site auprès des grandes marques dans les pays occidentaux, la confiance et le prestige qu’inspiraient ses produits pour les internautes chinois.

Lutte contre la contrefaçon

Alibaba et JD.com étaient de leur côté en proie à de nombreuses critiques sur les contrefaçons présentes sur leurs plates-formes. Mais ces dernières années, les deux groupes ont consenti à de nombreux efforts pour faire le ménage au sein de leurs sites, notamment Alibaba. A l’image du deal signé fin octobre entre ce dernier et le groupe suisse de luxe Richemont. Les e-commerçants chinois tissent aussi davantage de partenariats avec des marques européennes et américaines pour garnir leurs magasins virtuels. De quoi grignoter encore un peu plus sur les ventes d’Amazon. n

AVIS DE PARTICIPATION DU PUBLIC PAR VOIE ÉLECTRONIQUE PROJET D’AMÉNAGEMENT DU SECTEUR «LOCARNO» Construction d'une halle de marché, d'un restaurant, d'un parking public et aménagement de ses abords, place Léon Jouhaux Une participation du public par voie électronique est organisée sur le projet d’aménagement du secteur « Locarno » dans lequel s’inscrit la construction d’une Halle de marché et l’aménagement de ses abords, Place Léon Jouhaux. Une demande de permis de construire relative à cette composante du projet d’aménagement a été déposée le 21 décembre 2018 par la SAEM CITALLIOS, sous la référence 09403818W1036. Le projet, dont l’une des composantes fait l’objet de la demande de permis de construire précitée a été soumis à évaluation environnementale après examen au cas par cas par décision de la DRIEE n°2016-184 du 9 décembre 2016. L’étude d’impact jointe à cette demande a fait l’objet le 12 avril 2019, d’une note d’information relative à l’absence d’observation de l’autorité environnementale, laquelle sera portée au dossier soumis à participation. Cette note est consultable sur le site de la DRIEE au lien suivant : http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable. gouv.fr/projets-dans-le-val-de-marne-a784.html#sommaire_1 La participation du public par voie électronique est organisée selon les modalités fixées par l’arrêté municipal en date du 12 avril 2019. Cette participation aura lieu pendant 30 jours consécutifs : du lundi 6 mai au 4 juin 2019 inclus. Durant toute la durée de cette participation, le dossier qui comprendra notamment la demande de permis de construire, l’étude d’impact du projet et la note d’information relative à l’absence d’observation de l’autorité environnementale, sera consultable sur le site internet de la ville et accessible à l’adresse suivante : urbanisme.lhaylesroses.fr Le dossier pourra également être consulté sur support papier au service Urbanisme de la Mairie de L’Haÿ-les Roses, 41 rue Jean Jaurès - 94240 L’HAYLES-ROSES, aux jours et heures d’ouverture habituels, en dehors des jours fériés : du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 13h30 à 18h, sauf le jeudi après-midi. Le public pourra faire part de ses observations et propositions : - à l’adresse mail suivante : locarno@ville-lhay94.fr, - sur le registre papier ouvert à cet effet en mairie, et déposé au service de l’Urbanisme, - par courrier à l’attention de Monsieur le Maire, 41 rue Jean Jaurès - 94240 L’HAY-LES-ROSES Toute contribution reçue après la clôture de la participation ne sera pas prise en compte. Toute demande de renseignements ou question sur la procédure de participation, le projet objet de la demande de permis de construire ainsi que sur le projet d’aménagement du secteur Locarno dans lequel il s’insère, peut être adressée, par voie postale ou téléphonique jusqu’au dernier jour de la participation du public, au service Urbanisme de la mairie de L’Haÿ-les-Roses, 41 rue Jean Jaurès, 94240 L’HAY-LES-ROSES (téléphone : 01.46.15.34.70). L’autorité compétente pour prendre la décision sur la demande de permis de construire du projet est le Maire de L’Haÿ-les-Roses. La décision qui pourra être adoptée au terme de la participation du public sera soit un arrêté accordant le permis de construire avec ou sans prescriptions, soit un arrêté refusant le permis de construire. Par ailleurs, sauf nécessité de procéder à l’actualisation de l’étude d’impact, il pourra également être statué par arrêté du Maire sur les futures demandes d’autorisations administratives, y compris d’urbanisme nécessaires à la mise en œuvre des autres composantes du projet d’aménagement. EP19-213 enquete-publique@publilegal.fr

AVIS DE PARTICIPATION DU PUBLIC PAR VOIE ELECTRONIQUE MODIFICATION DU DOSSIER DE CREATION DE LA ZAC ENTREE DE VILLE - PAUL HOCHART A L’HAY-LES-ROSES Construction de 53 000 m² de logements, de 1 500 m² d’activités économiques et commerciales et de 6000 m² dédiés à un groupe scolaire et un gymnase Une participation du public par voie électronique est organisée sur le projet de modification du dossier de création de la ZAC (Zone D’Aménagement Concertée) Entrée de Ville - Paul Hochart à l’Haÿ-les-Roses. Le programme global des constructions modifié présente une surface de plancher d’environ 60 500 m² et s’articule autour de 53 000 m² de logements, de 1 500 m² d’activités économiques et commerciales et de 6 000 m² dédiés à la création d’un groupe scolaire de 25 classes et d’un équipement sportif. Le projet a été soumis à évaluation environnementale et son étude d’impact a fait l’objet d’un avis de l’autorité environnementale en date du 4 avril 2019, lequel sera porté au dossier soumis à participation. Cet avis est consultable sur le site de la DRIEE au lien suivant : http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/projets-dansle-val-de-marne-a784.html La participation du public par voie électronique est organisée selon les modalités fixées par l’arrêté territorial en date du 10 avril 2019. Cette participation aura lieu pendant 30 jours consécutifs : du lundi 6 mai au mardi 4 juin 2019 inclus. Durant toute la durée de cette participation, le dossier qui comprendra notamment le projet de dossier de création de ZAC modifié, l’étude d’impact et l’avis de l’autorité environnementale, sera consultable sur le site internet de l’Etablissement Public Territorial à l’adresse suivante : www.grandorlyseinebievre.fr/projects ainsi que sur le site internet de la ville à l’adresse suivante : urbanisme.lhaylesroses.fr ; Le dossier pourra également être consulté sur support papier au service Urbanisme de la Mairie de L’Haÿ-les-Roses, 41 rue Jean Jaurès – 94 240 L’HAYLES-ROSES, aux jours et heures d’ouverture habituels, en dehors des jours fériés : du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 13h30 à 18h, sauf le jeudi après-midi. Le public pourra faire part de ses observations et propositions : - à l’adresse mail suivante : concertation-lallierhochart@ville-lhay94.fr, - sur le registre papier ouvert à cet effet en mairie, et déposé au service de l’Urbanisme, Toute contribution reçue après la clôture de la participation ne sera pas prise en compte. Toute demande de renseignement ou question sur la procédure de participation et le projet peut être adressée, par voie postale ou téléphonique jusqu’au dernier jour de la participation du public, au service Urbanisme de la mairie de L’Haÿ-les-Roses, 41 rue Jean Jaurès, 94 240 L’HAY-LES-ROSES (téléphone : 01.46.15.34.70). L’autorité compétente pour prendre les décisions sur l’approbation du dossier de création de la ZAC Entrée de Ville - Paul Hochart est le Conseil Territorial de l’Etablissement Public Territorial Grand-Orly-Seine-Bièvre. EP19-212 enquete-publique@publilegal.fr

La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot. Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet. Les départements habilités sont 75, 91, 92, 93, 94, 95 et 69. LES ECHOS SOCIÉTÉS - LE PUBLICATEUR LÉGAL - LA VIE JUDICIAIRE


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Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

mécénat

Voyageurs du Monde va se renforcer en Europe TOURISME Après avoir percé en Grande-Bretagne, le spécialiste du voyage sur mesure envisage d’autres opérations de croissance externe sur le Vieux Continent. Christophe Palierse @cpalierse Le groupe Voyageurs du Monde s’étend encore à l’international. Après le Canada, la Grande-Bretagne, et les Etats-Unis à compter de 2020, le spécialiste du voyage sur mesure et du voyage aventure se prépare à une nouvelle implantation à l’étranger, en Europe selon toute vraisemblance. A l’occasion de la publication de ses résultats annuels pour 2018, la société a indiqué étudier des « opportunités de croissance externe » dans le

cadre de son déploiement hors de France. Lionel Habasque, l’un des deux directeurs généraux délégués et membre du trio de dirigeants et actionnaires principaux – avec Jean-François Rial, le PDG, et Alain Capestan, l’autre DG délégué –, a observé que l’entreprise a « encore des choses à faire en E u ro p e » , e t n o t a m m e n t e n « Europe continentale ».

Croissance externe

Cette nouvelle offensive du voyagiste – connu pour ses marques Voyageurs du Monde, Comptoir des Voyages, Terres d’Aventure, Nomade Aventure… – se prépare alors même qu’il confirme son projet d’implantation aux Etats-Unis en 2020. Sa base britannique, constituée en 2017 avec l’acquisition des tour-opérateurs anglais Original Travel (voyage sur mesure) et KE Adventure Travel (voyage aventure), lui apporte déjà « un socle de clientèle américaine ». L’objectif de la direction de Voyageurs du

Monde est de disposer d’« équipes locales » afin de couvrir mieux encore le marché états-unien. Au dire de Lionel Habasque, il ne serait « pas forcément nécessaire » de s’appuyer sur une agence, compte tenu de la puissance du canal Internet outre-Atlantique.

Une offre France

Dans l’immédiat, le groupe Voyageurs du Monde, acteur majeur du secteur des voyagistes français, continue d’enrichir son dispositif existant à l’international. Sa base britannique a été enrichie fin 2018 par l’acquisition d’un tour-opérateur spécialiste du sur-mesure, Mickledore, tandis qu’au Canada francophone, la marque Voyageurs du Monde se substitue à Uniktour. Par ailleurs, le groupe prépare l’ouverture dans l’année d’une deuxième agence de voyages en Suisse, à Lausanne, après celle de Genève. Enfin, pour séduire davantage encore ces voyageurs étrangers, qui

représentaient fin 2018 20 % de sa base clients, le groupe mise sur une destination : la France ! Cette dernière constitue la troisième de son portefeuille de destinations, après les Etats-Unis et l’Italie. Elle représente 4,4 % de son chiffre d’affaires en 2018, mais pèse lourd pour le pôle « rando ». « Si on veut être crédible à l’international, il nous faut une offre France », a souligné Lionel Habasque. Au total, le chiffre d’affaires du groupe s’est établi à 465,9 millions d’euros l’an dernier, en hausse de 9,2 % sur un an, pour un résultat net part du groupe record, en hausse de 13,1 %, à 21,3 millions.

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À NOTER Voyageurs du Monde travaille à un projet « d’ici deux à trois ans » de site Internet avec une marque spécifique, au moins en anglais, pour une offre de voyages en France.

Notre-Dame de Paris : une leçon de mécénat SOLIDARITÉ Un milliard de dons ont afflué en quelques jours dont la moitié venant de grandes fortunes françaises. De nouvelles formes d’engagement, plus collectives, ont émergé à cette occasion. Martine Robert @martiRD L’élan de solidarité déclenché pour la reconstruction de Notre-Dame, après l’incendie qui s’est déclenché lundi dernier, est exceptionnel à plus d’un titre. Un milliard de dons ont été recueillis en quelques jours, dont la moitié issue de trois grandes fortunes françaises, les familles Pinault (Kering) apportant 100 millions d’euros de dons, Arnault (LVMH) et Bettencourt Meyers (L’Oréal) chacune 200 millions. A ces initiatives spectaculaires il faut ajouter celles de JCDecaux, BNP Paribas, BPCE, Société Générale, AXA, Sanofi, des frères Bouygues, de Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) qui ont également mis au pot de manière très significative. Des PME, des particuliers, des collectivités territoriales, ont aussi multiplié les gestes… « Le

Populaire ont créé des collectes internes pour leurs salariés, qu’elles abondent avant de les reverser à la Fondation de France ou à la Fondation du patrimoine. Monoprix incite ses clients à pratiquer l’arrondi en caisse sur le montant de leurs achats.

Polémique

On aurait pu imaginer que cette mobilisation massive mette en évidence le caractère indispensable du mécénat – le budget annuel du ministère de la Culture pour l’ensemble du patrimoine français s’élève à 350 millions d’euros seulement – mais cela a au contraire engendré des critiques à la hauteur de sa médiatisation. « Certains médias ont tiré à vue, tel Médiapart titrant : “les milliardaires ont trouvé une occasion de passer pour des héros”. J’en suis outré ; à un moment où notre société est explosée, haineuse, cet élan massif de solidarité reconstitue du lien, fédère petits et grands. Comment expliquer cette malveillance ? » interroge François Debiesse, président de l’Admical. La polémique est partie de l’avantage fiscal auquel donne droit ce mécénat (60 % du montant du don plafonné pour les entreprises à 0,5 % du chiffre d’affaires) et l’annonce de Bernard Arnault ou de François

L’élan de solidarité déclenché pour la reconstruction de Notre-Dame est exceptionnel. Photo François Guillot/AFP mécénat, c’est du partenariat public-privé ! La mobilisation est générale, dans les territoires aussi. Pour la première fois on voit des filières s’engager comme celles du bois ou du BTP » se félicite Sylvaine Parriaux, déléguée générale de l’Admical, l’association de promotion du mécénat d’entreprise. « Il y aura un avant et un après Notre-Dame de Paris, avec un mécénat beaucoup plus collectif qui doit se pérenniser dans le temps et pour tout type de cause » ajoute-t-elle, à l’exemple de Vinci qui propose à tous les constructeurs de France d’unir leurs forces pour rebâtir NotreDame. Ce mécénat de compétences à l’échelle d’un secteur pourrait s’organiser sous l’égide de la Fondation du patrimoine dans l’objectif de reconstruire plus vite. De nouvelles formes d’engagement sont apparues, à l’instar de Sodexo, offrant un million de repas aux artisans sur le chantier, ou l’Institut de France promettant d’affecter en 2020 la majorité des prix qu’il distribue (25 millions par an) à des sujets en lien avec Notre -Dame. Société Générale ou la Banque

Pinault de ne rien défiscaliser, n’a pas totalement calmé le jeu. « C’est un dispositif pourtant intrinsèquement vertueux dans un pays où le clivage public-privé est très affirmé. L’Etat n’a plus les moyens et quoi que l’on en dise, le privé complète ses ressources en mettant 40 % du montant du don de sa poche. C’est de plus en plus comme cela que se monteront les projets d’intérêt général », poursuit François Debiesse. « Ces calculs prêtés aux grandes fortunes sont navrants. A aucun moment la question de la défiscalisation n’a été prise en compte par la famille Bettencourt et ce don n’empêche pas sa fondation de s’investir dans d’autres causes : son mécénat représente 543 millions depuis la création de cette structure philanthropique, dont 153 autour de l’autisme, du handicap, de l’égalité des chances », constate Olivier Brault, directeur général de la Fondation Bettencourt-Schueller. De même Total, qui a apporté un chèque de 100 millions, est le premier mécène de la Fondation du patrimoine qui défend avec conviction les édifices vernaculaires dont la France rurale regorge. n


Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

HIGH-TECH&MEDIAS

TÉLÉCOMS

5G : l’industrie ne veut pas être le dindon de la farce l Après avoir été privés de 4G, les industriels demandent des garanties de la part des opérateurs pour la 5G. l Le gouvernement a exclu de leur attribuer des fréquences directement comme en Allemagne. Sébastien Dumoulin @sdmln Régulateur, gouvernement, opérateurs – tous sont unanimes : la 5G, dont le lancement commercial est attendu en Europe en 2020, est une technologie taillée pour les industriels. Avant de profiter au grand public, elle doit irriguer les usines, les hôpitaux, les autoroutes, les ports… Pour cela, il faudra que ces sites, souvent excentrés, soient couverts par des antennes 5G et que les opérateurs offrent des services de qualité professionnelle à l’industrie. Et c’est loin d’aller de soi. « Les opérateurs mobiles n’ont aucune habitude des réseaux critiques. Ils gèrent les pannes des antennes avec une approche statistique. C’est un changement complet de culture qu’il va falloir opérer », s’inquiète le responsable des réseaux d’un grand groupe tricolore. Pour rassurer ses partenaires industriels, le patron d’Orange organisait jeudi une grande conférence. « Je prends l’engagement très clair que nous prioriserons les sites industriels, les zones d’activité économique, dans nos déploiements 5G », a juré Stéphane Richard.

Echaudés par la 4G

De l’autre côté de la table, la méfiance reste de mise. Les entreprises sont échaudées par l’expérience de la 4G. Sept ans après son lancement, impossible pour les

grands industriels d’en profiter. Leurs réseaux radio critiques (pour les ambulances, la police, la sécurité ferroviaire…) reposent encore sur de vieilles technologies, incapables de transporter de grandes quantités de données en plus de la voix. « A Roissy, nous avons encore des zones blanches. Les opérateurs ne viennent pas couvrir, s’agace Christian Regnier, chargé de ces sujets chez Air France. Les techniciens ne peuvent pas travailler sur les appareils avec des tablettes – il n’y a rien. »

Le gendarme des télécoms va ouvrir un guichet dans les jours qui viennent. Dans les jours qui viennent, l’Arcep, le gendarme des télécoms, va ouvrir un guichet. Les industriels pourront obtenir des fréquences pour monter des réseaux privés… 4G. Une initiative louable, mais tardive à l’heure où toute l’industrie parle de 5G. Pour cette dernière technologie, l’Etat français a exclu de réserver des fréquences aux industriels, comme le fait l’Allemagne. La secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher a redit, jeudi, que les enchères se feraient avec les seuls opérateurs – à condition qu’ils servent convenablement les industriels. « Si nous n’avons pas cette conviction, nous

Le lancement commercial de la 5G est attendu en Europe en 2020. Photo Josep Lago/AFP serons amenés à revoir notre copie », a-t-elle précisé. Pour les industriels, c’est un dur revers. Les acteurs n’ont pas réussi à se mobiliser comme leurs équivalents allemands et ont perdu un précieux élément de pression sur les opérateurs. « Avoir des fréquences, c’est comme jouer avec les blancs aux échecs – un avantage déterminant », regrette un grand acteur de la mobilité. Faute de fréquences dédiées, les industriels espèrent maintenant que l’Arcep mettra des contraintes fortes en leur faveur dans son cahier des charges : obligations de couverture des zones industrielles et des grands réseaux autoroutiers, gardefous tarifaires pour les offres B to B… Ce message a l’air d’être passé. Lors de son audition au Sénat la semaine dernière, le président de l’Arcep a prévenu que si les opérateurs n’étaient pas réellement à l’écoute de l’industrie, il pourrait permettre aux « verticaux » d’utiliser la fréquence inutilisée. Selon Sébastien Soriano, « c’est une question qui pourra se poser ». n

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La course mondiale à la 5G Suisse, après Sunrise •enEnmars, l’opérateur Swisscom a lancé la 5G dans 54 villes du pays en avril 2019. En Corée du Sud, très en avance depuis les Jeux Olympiques de PyeongChang en 2018, la 5G est disponible pour les entreprises dans 13 villes du pays, dont Séoul, depuis la fin 2018. Aux Etats-Unis, plusieurs villes sont déjà couvertes par les quatre opérateurs (T-Mobile, Verizon, AT&T et Sprint). A Monaco, l’équipementier Huawei a déployé en novembre 2018 un réseau 5G amené à couvrir 100 % du territoire.

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L’Etat pourrait ne pas être aussi gourmand qu’attendu pour les enchères Le gouvernement n’a manifestement pas l’intention de vouloir maximiser à tout prix les enchères. Bercy doit envoyer dans les prochains jours sa lettre de cadrage à l’Arcep, le régulateur des télécoms. Raphaël Balenieri @RBalenieri et S. Dum. Les enchères, oui, mais à quel prix ? C’est une question qui fait peur au monde des télécoms en France, alors que l’Arcep doit attribuer en fin d’année les précieuses fréquences 5G, le prochain standard de téléphonie mobile. A ce stade, personne ne sait si le gouvernement va en profiter pour maximiser à tout prix ces enchères pour renflouer ses caisses. Mais ce qui est sûr, c’est qu’Agnès PannierRunacher, la secrétaire d’Etat chargée du Numérique envoie, pour l’heure, des signaux rassurants. Jeudi, lors d’une conférence 5G organisée par Orange, elle a ainsi évoqué « le triple enjeu d’innovation, d’inclusion et de sécurité » posé par la 5G. En clair : la 5G doit permettre la compétitivité du pays, bénéficier

à toutes les entreprises, « peu importe leur taille », et ne poser aucun risque en termes de cybersécurité. Si elle n’a pas abordé la question centrale du montant des enchères, la secrétaire d’Etat avait récemment indiqué au « Monde » vouloir trouver « le juste milieu » afin de ne pas pénaliser les investissements des opérateurs. Ces derniers expliquent en effet que chaque euro dépensé dans l’achat des fréquences est un euro de moins investi dans la modernisation de leurs réseaux.

la main au pot lors du renouvellement pour dix ans de certaines fréquences 4G. Le gouvernement, de son côté, a obtenu en échange des engagements contraignants en matière de couverture mobile. Désormais, tous les opérateurs attendent avec impatience la fameuse lettre de cadrage, qui doit donner la « philosophie générale » du gouvernement sur le processus d’enchères. « On est en train de clarifier un ou deux derniers points, elle sera publiée dans les prochains jours », précise un haut fonction-

« En attente de cadrage »

« La capacité du secteur à investir dépendra du niveau des redevances attendu par l’Etat, expliquait récemment Sébastien Soriano, le président de l’Arcep, devant le Sénat. Ce sont des éléments sur lesquels nous sommes en attente de cadrage : plus les opérateurs consacreront d’argent au paiement des redevances, moins ceux-ci pourront investir dans le réseau. » En janvier 2018, le gouvernement avait déjà mis de l’eau dans son vin pour assurer une bonne couverture 4G du territoire, avec l’accord du « New Deal ». Il a permis aux opérateurs de ne pas remettre

« Plus les opérateurs consacreront d’argent au paiement des redevances, moins ceux-ci pourront investir dans le réseau. » SÉBASTIEN SORIANO Président de l’Arcep

naire bien informé. Or, l’Arcep a besoin de ce document pour pouvoir « dessiner » à son tour le processus d’enchères, déterminer, par exemple, le nombre de blocs à la vente… Son cahier des charges doit être bouclé en septembre et approuvé en octobre par le gouvernement. Les opérateurs pourront alors mettre la main à la poche et acheter le spectre à l’Etat, qui en a la propriété.

Eviter le morcellement de la bande

Contrairement à ce qui se passe en Allemagne, les industriels sont exclus du processus, pour éviter le morcellement de la bande entre une multitude d’acteurs, l’exécutif ayant préféré réserver le spectre aux seuls opérateurs. « L’Arcep annoncera à l’automne qui a remporté quoi, mais pour les opérateurs, il n’y aura pas de décaissement en 2019 », dit-on à l’Arcep. En Allemagne, les opérateurs ont déjà dép ensé co l l ect i vement plus de 5 milliards d’euros pour obtenir ces fréquences. Mais c’est en Italie que les enchères ont explosé tous les compteurs en atteignant 6,5 milliards d’euros, trois fois plus qu’escomptés. n

En Allemagne, déjà plus de 5 milliards sur la table Après quatre semaines d’enchères, quatre acteurs se disputent un dernier bloc de fréquences jugées stratégiques au point de faire grimper les prix. Ninon Renaud @NinonRenaud — Correspondante à Berlin Traditionnelle en Allemagne, la pause pascale refroidira-t-elle les ardeurs des quatre opérateurs télécoms qui se disputent les 41 blocs de fréquences 5G mis aux enchères depuis un mois ? Au terme du 218e tour, mercredi, dans les locaux du régulateur allemand du secteur à Mainz, la facture atteint déjà 5,4 milliards d’euros – loin, très loin des 3 milliards attendus par l’Etat. Nul ne s’avance pour pronostiquer le terme de ce processus qui reprendra mardi prochain et qui est très observé en Europe. « Tout dépend du budget que les opérateurs sont prêts à allouer, personne en dehors d’eux ne le sait », souligne Vitali Gretschko, responsable du groupe de recherche Market Design au Centre Leibniz pour la recherche économique européenne (ZEW) à Mannheim.

Le bloc de la discorde

Il y a deux semaines, Deutsche Telekom, Vodafone, Telefónica et United Internet (1&1 Drillisch) se sont mis d’accord sur la répartition de 40 blocs de fréquences mais un dernier, parmi les 29 de 3,6 gigahertz, la fréquence optimale pour le déploiement d’un réseau public 5G, fait depuis l’objet d’une bataille acharnée. Aucun des quatre opérateurs ne souhaite y renoncer. « Cela témoigne de la valeur de ces nouvelles fré-

quences et des fortes attentes qu’elles représentent en termes de nouveaux modèles économiques. La présence d’un quatrième opérateur renforce la concurrence sur le marché de la téléphonie mobile », se félicite Gustav Herzog, député social-démocrate, expert des infrastructures digitales. Contrairement à la France, une tranche de 100 mégahertz a été réservée aux industriels du pays par la Bundesnetzagentur. Elle pourrait avoir pour effet de limiter les perspectives de rentabilité de ces investissements géants. Fiete Wulff, porte-parole du régulateur, précise néanmoins que ces réseaux fermés ne feront pas concurrence au réseau public de téléphonie mobile sur lequel portent les enchères. Vitali Gretschko rappelle qu’il faut rapporter ces sommes au chiffre d’affaires total des quatre opérateurs, soit 43 milliards d’euros en 2018 en Allemagne. « Ces licences sont attribuées pour une période de vingt ans, ajoute-il. Et, compte tenu des perspectives économiques qu’elles offrent, les opérateurs n’auront pas de mal à trouver de l’argent pour financer la construction du réseau. » Une fois les fréquences réparties, le choix des partenaires de cette construction sera aussi sensible. Malgré la pression américaine, Berlin s’est refusé à exclure Huawei. Le régulateur allemand des télécoms privilégie un renforcement sensible de ses exigences de sécurité pour tous les acteurs et une diversification des fournisseurs de composants, exigences qui feront l’objet d’une loi à la fin de l’année. Selon plusieurs sources gouvernementales américaines citées par le « Frankfurter Allgemeine Zeitung », cette approche satisferait Washington. n

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24 // HIGH-TECH & MEDIAS

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

France Inter devient la première radio de France RADIO La station généraliste de la radio publique bat RTL non seulement en audience cumulée mais également en part d’audience.

MÉDIAS Vivendi condamne la décision prise par le groupe italien de lui interdire de voter lors de son assemblée générale.

Nicolas Madelaine @NLMadelaine France Inter est devenue la première radio de France entre janvier et mars, révèle l’institut de sondage Médiamétrie. Non seulement la station généraliste du média public bat RTL sur le critère de l’audience cumulée (AC) avec 11,7 % de la population française l’écoutant chaque jour, contre 11,3 % pour la filiale de M6. Mais, plus étonnant, la radio dirigée par Laurence Bloch passe aussi devant sur le critère de la part d’audience (PDA), soit le volume d’écoute rapporté au volume d’écoute global du média radio, avec 12,2 %, contre 11,8 % pour RTL. Jamais une radio généraliste n’avait battu RTL. Depuis la nouvelle mesure de Médiamétrie établie en 2002, sur 67 sondages, RTL est arrivée 42 fois en tête sur le critère de l’AC. Elle s’est fait battre par Franceinfo par le passé, et surtout, et plus récemment (la dernière fois en 2016) par NRJ. Mais jamais sur le critère de la PDA, ce qui lui permettait de revendiquer le leadership sur le critère le plus regardé par les annonceurs. La station dirigée par Christopher Baldelli venait toutefois juste d’établir un record de PDA entre novembre et décembre 2018, avec un score 13,4 %. « Je salue la performance de France Inter, mais nous menons deux vagues à une sur la saison et j’espère que le côté atypique de cette vague sera corrigé lors de la prochaine », réagit Christopher Baldelli.

Mieux valoriser la publicité

France Inter avait déjà quasiment rattrapé RTL. La radio continue apparemment à bénéficier de son mélange de sérieux et d’humour et de sa grande latitude, comparé aux radios privées qui doivent monétiser leur audience, pour faire résonner ses contenus sur les réseaux sociaux. La direction de Radio France met aussi en avant la présence de nombreuses femmes à l’antenne. « Le ton de France Inter convient bien à la période protesta-

Laurence Bloch, directrice de France Inter. Photo Denis/RÉA

« Je salue la performance de France Inter, mais nous menons deux vagues à une sur la saison et j’espère que le côté atypique de cette vague sera corrigé lors de la prochaine. » CHRISTOPHER BALDELLI Directeur de RTL

taire et anti-Macron que nous vivons, ce qui pose quand même un problème car c’est une station de service public censée s’adresser à tous », tacle un concurrent. Certains évoquent aussi un rasle-bol des auditeurs pour la publicité, même s’il y en a également un peu plus qu’avant sur France Inter.

Motion de défiance contre Arnaud Lagardère

France Inter profiterait également, selon certains, de la chute d’Europe 1, qui est passée sous la barre des 6 %, à 5,9 %. La situation sociale est plus que tendue chez Europe 1. Des rumeurs circulent sur des changements à la direction, pourtant arrivée depuis peu. Une assemblée générale s’est tenue mercredi pour que, comme l’explique Olivier Samain, délégué SNJ, « les

équipes puissent exprimer leurs inquiétudes, doutes et mécontentements, voire colère ». Une deuxième AG a débouché sur l’adoption à 89 % d’une motion de défiance contre le président de la station, Arnaud Lagardère, qui a pris la présidence de la station, en avril 2017, lorsqu’elle avait été doublée par RMC. La vague janvier-mars n’est pas favorable au média radio en général, puisque son audience cumulée baisse sur un an de 79,5 % de la population à 78,1 %. C’est un plus bas historique. France Culture continue sa progression – son AC passe de 2,2 % à 2,8 %. Chez les musicales, France Musique progresse de 1,6 % à 1,8 % et Radio Classique (société sœur des « Echos ») de 1,9 % à 2 %, sa matinale progressant de 12,2 % par rapport aux trois mois précédents. n

Coup de chaud chez Samsung après des anomalies sur ses smartphones pliables TÉLÉPHONIE Des journalistes et influenceurs ont vu les écrans pliables de leur Galaxy Fold se dégrader après quelques jours de manipulation. Le géant coréen ne veut pas d’un incident similaire au fiasco des Note 7 « explosifs ». Yann Rousseau @yannsan — Correspondant à Tokyo Le lancement avait été parfait et les premières critiques étaient excellentes. La presse et les analystes semblaient apprécier le Galaxy Fold, le tout nouveau smartphone pliable que Samsung Electronics doit lancer aux Etats-Unis et en

Nouvelle passe d’armes entre Vivendi et Mediaset

Europe dans les semaines qui viennent. Mais, jeudi matin, le géant sud-coréen a dû intervenir dans la précipitation pour reconnaître que plusieurs anomalies avaient été constatées sur les téléphones distribués, ces derniers jours, aux journalistes spécialisés, ainsi qu’à un groupe d’influenceurs très importants sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, des journalistes et des testeurs, essentiellement américains, ont ainsi posté ces dernières heures des images des écrans noirs ou dégradés de leurs Galaxy Fold. Dans certains cas, l’écran se serait mis à clignoter sans cesse. Dans d’autres, sa moitié gauche est progressivement devenue complètement noire et inactive. Plusieurs de ces utilisateurs indiquent qu’ils ont retiré le film plastique se trouvant sur l’écran double, pensant qu’il s’agissait d’une protection temporaire, avant de constater que le constructeur conseillait, sur l’emballage de l’engin, de ne pas l’enlever.

Dans un communiqué, le groupe annonce qu’il a bien reçu « un nombre limité » de rapports pointant des défauts sur l’écran de ses Galaxy Fold. « Nous allons minutieusement inspecter ces modèles afin de déterminer la cause du problème », a expliqué Samsung Electronics, qui n’envisage pour l’instant pas de report de la commercialisation de ses appareils. Ils doivent théoriquement être mis en vente le 26 avril aux Etats-Unis, au prix de 1.980 dollars, et le 3 mai en Europe, au prix de 2.020 euros. Accusé dans le passé d’avoir tardé à répondre aux consommateurs qui signalaient des anomalies sur certains de leurs smartphones, le groupe a, cette fois, réagi rapidement pour s’éviter un fiasco similaire à celui qu’il avait connu, en 2016, lorsque des clients s’étaient plaints, sur plusieurs mois, de la dangereuse surchauffe de leur Galaxy Note 7. Samsung Electronics avait à l’époque semblé peiner à

reconnaître l’ampleur du problème. Et sa très coûteuse campagne de rappels avait par la suite débouché sur d’autres problèmes.

Le titre dans le rouge

Ces premiers signalements de défauts sur des Galaxy Fold ne touchent qu’une poignée de professionnels et aucun client. Mais ils pourraient être perçus par les analystes comme une nouvelle atteinte à la réputation du plus grand producteur d’électronique de la planète qui comptait justement sur ce modèle, dont les ventes ne devraient pas dépasser le million d’unités, pour mettre en scène sa force d’innovation. Dès jeudi, les investisseurs semblaient déjà refroidis par ces incidents qui ne pourraient pourtant avoir qu’un impact minuscule sur les solides résultats financiers du groupe. En milieu d’aprèsm i d i , l ’a c t i o n d e S a m s u n g Electronics reculait de 2,3 % sur la place de Séoul. n

Alors qu’une paix des braves semblait peut-être poindre entre Vivendi et Mediaset, une nouvelle passe d’armes a eu lieu entre les deux groupes mercredi et jeudi. Ainsi, Marina Berlusconi, la fille de Silvio à la tête de Fininvest, le holding tenant les actifs de la famille, a d’abord qualifié Vincent Bolloré de « voisin que personne ne veut avoir » ; et, surtout, le conseil d’administration de Mediaset a décidé d’interdire au groupe français de voter à son assemblée de jeudi. « Dans ces conditions, a répliqué la filiale de Groupe Bolloré par communiqué, Vivendi n’est pas en mesure de participer à l’AG […] et se réserve le droit de contester la validité des résolutions adoptées […] devant les tribunaux. » Pour lui, en effet, « rien n’interdit à Vivendi de voter : ni l’accord du 8 avril 2016 aujourd’hui contesté, ni la décision de l’AGCOM [le gendarme de la communication italien, NDLR] d’avril 2017 ou toute autre loi applicable ».

Le groupe français est aujourd’hui le deuxième actionnaire de Mediaset avec 28,8 % des parts du groupe. Le bras de fer entre les deux groupes remonte à avril 2016. Vi v e n d i s’é t a i t a l o r s m i s d’accord avec Mediaset pour lui échanger 3,5 % de ses titres contre 3,5 % de Mediaset et 100 % de Mediaset Premium, sa filiale de télévision payante, et ce pour créer un grand groupe de télévision de sensibilité européenne. Mais Vivendi avait rapidement fait savoir qu’il s’estimait trompé sur la marchandise concernant ce bou-

quet et qu’il voulait monter davantage au capital de Mediaset. Le conflit a éclaté au grand jour en juillet 2016. Pour se faire entendre, le groupe français s’est lancé dans une offensive éclair et est grimpé jusqu’à un peu moins de 30 % du capital de Mediaset, forçant Fininvest à se renforcer. Vivendi a aussi été accusé par la suite de manipulation de cours.

Mediaset réclame notamment 3 milliards d’euros d’indemnités à Vivendi. Le groupe français est aujourd’hui le deuxième actionnaire de Mediaset avec, selon des données Refinitiv, 28,8 % des parts du groupe, derrière Fininvest (44,2 %). Vivendi a été mis dans l’obligation de placer dans un trust les deux tiers de sa participation et donc de renoncer à cette partie de ses droits de vote. Il lui reste une dizaine de pourcents des actions donnant potentiellement droit au vote.

Indemnités

D i f f i c i l e d e s avo i r c e q u e signifie cette crispation sur les négociations en cours entre les deux groupes. Mediaset réclame 3 milliards d’euros d’indemnités à Vivendi. Une fourchette d’indemnisation de Mediaset était, semble-t-il, en discussion. La renaissance d’un accord industriel semblait en revanche beaucoup plus éloignée. D’abord, en raison d e l ’a c r i m o n i e e n t r e l e s deux camps, ensuite parce que Mediaset réfléchit à s’allier à d’autres partenaires européens. Enfin, parce qu’un accord passait à l’origine aussi par une alliance avec Telecom Italia, dont Vivendi est également actionnaire. A propos de TIM, Vivendi et Elliott sont en train de négocier un armistice. Mediaset n’a cependant pas toutes les cartes en main. Les analystes sont nombreux à penser que le groupe est en petite forme. Ensuite, il est important pour lui que Vivendi vende ses 29 % à un ami de la famille Berlusconi. — N. M.

en pixels Amazon et Google font la paix dans la vidéo en streaming STREAMING Amazon et Google enterrent la hache de guerre : les deux géants ont annoncé jeudi un accord qui met fin à des mois de conflit. Celui-ci prévoit que les abonnés au service Amazon Prime Video pourront regarder leurs programmes sur des appareils Google, via le boîtier Chromecast et son système Android TV. En retour, YouTube, détenu par la firme de Mountain View, sera disponible sur les appareils d’Amazon, notamment les télévisions connectées Fire d’Amazon.

Facebook travaille sur un assistant vocal pour son enceinte vidéo Portal INTELLIGENCE ARTIFICIELLE En lançant aux Etats-Unis sa station de visioconférence Portal en octobre dernier, Facebook avait laissé une place à l’assistant vocal d’Amazon au sein du produit. Finalement, ce sont les équipes du réseau social qui travaillent sur leur propre assistant capable de répondre aux questions à voix haute ou de lancer un podcast, a indiqué Facebook. Ce ser vice succédera au Projet-M, abandonné début 2018.


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Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

fusions // acquisitions // cessions // partenariats ENTREPRISES COMMERCIALES ET INDUSTRIELLES Hélène Bourbouloux Nathalie Leboucher Jean-François Blanc Sylvain Hustaix Gaël Couturier Benjamin Tamboise Cécile Dür

RECHERCHE DE PARTENAIRES, TIERS INVESTISSEURS OU DE REPRENEURS

RECHERCHE DE CANDIDATS A LA REPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE

AGENCE LOCALE DE L’ENERGIE ET DU CLIMAT DE L’EURE Association loi 1901 Ingénierie de préfiguration de projets (rénovation, construction, énergie renouvelable et plus largement transition énergétique) – Sensibilisation, formation et information (collectivités, scolaire, entreprises et particuliers) – Située dans le département 27 Effectif : 12 salariés en CDI – Produits d’exploitation 2018 : 787 K € (projet) Produits d’exploitation exclusivement constitués de subventions et cotisations de financeurs publics La date limite de dépôt des offres de reprise des actifs est fixée au 31 mai 2019 à 12h00 Les tiers sont invités à remettre leur offre (conforme à l’article L.642-2 du code de commerce) en 6 exemplaires (dont 1 non relié) à l’administrateur judiciaire. L’accès à une data room électronique sera autorisé au candidat sur demande écrite contenant présentationsuccincteducandidatàlareprise,aprèsjustification de son identité, de sa capacité économique et opérationnelle à intervenir dans un tel dossier et après régularisation d’un engagement de confidentialité. Référence à rappeler : 6559

Les candidats intéressés sont invités à se manifester par télécopie ou e-mail auprès de : SELARL FHB – administrateurs judiciaires associés – Maître Nathalie LEBOUCHER 17 rue du Port – 27400 LOUVIERS – www.fhbx.eu Fax : 02.32.61.45.35 / E-mail : julie.mbareck@fhbx.eu

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RECHERCHE DE REPRENEURS OU D'INVESTISSEURS

Vente directe à domicile de produits diététiques, cosmétiques et d’alimentation pour animaux via un réseau d’environ 200 distributeurs indépendants Redressement judiciaire du 3 septembre 2018 Etablissement situé : Domaine de Perrotin - 33350 SAINT-PEY-DE-CASTETS CA au 30/06/2018 : 867 585 € Salariés : 3 salariés en CDI Date limite de dépôt des offres : 20 mai 2019 Les tiers sont invités à remettre leur offre (conforme à l’article L. 642-2 du code de commerce) en 6 exemplaires (dont 1 non relié) à l’administrateur judiciaire. L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisation d’un engagement de confidentialité et d’une présentation succincte du candidat à la reprise. Référence à rappeler impérativement : 6497

Les candidats intéressés sont invités à se manifester par télécopie ou e-mail auprès de : SELARL FHB – Maître Sylvain HUSTAIX – 2 rue Orbe - 33500 LIBOURNE Fax: 05 24 84 87 40 – Courriel: lea.demeaux@fhbx.eu

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RECHERCHE DE REPRENEURS

A CÉDER: FONDS DE COMMERCE DE VENTE DE BATEAUX NEUFS ET D’OCCASION, DE CATAMARANS DANS LE VAR 4(,32 Effectif : 1 CA au 30.06.2016 (12 mois) : 6.009.777 € CA au 30.06.2017 (12 mois) : 3.379.017 € CA au 30.09.2018 (15 mois) : 1.584.097 € La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au : 24 mai 2019 à 12h00 Les tierssontinvitésà remettre leuroffre(conformeà l’articleL. 642-2du code de commerce) en6exemplaires(dont1 non relié) à l’administrateur judiciaire.L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisation d’un d’un engagement de confidentialité et d’une présentation succincte du candidat à la reprise. Référence à rappeler impérativement: 6581

Les candidats intéressés sont invités à se manifester par télécopie ou e-mail auprès de : SELARL FHB – Maître Jean-François BLANC – Administrateurs Judiciaires Associés 5 Rue des Salins - 34070 MONTPELLIER – www.fhbx.eu Fax : 04 67 42 19 23 / E-mail : montpellier@fhbx.eu

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A CÉDER: FONDS DE COMMERCE DE VENTE DE BATEAUX NEUFS ET D’OCCASION, DE CATAMARANS DANS L’HÉRAULT (34). Effectif : 0 CA au 30.06.2016 (12 mois) : 4.487.208 € CA au 30.06.2017 (12 mois) : 6.713.596 € CA au 30.09.2018 (15 mois) : 4.436.867 € La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au : 24 mai 2019 à 12h00 Lestiers sontinvitésàremettre leur offre(conformeà l’articleL. 642-2ducodede commerce) en6exemplaires(dont1 nonrelié) à l’administrateur judiciaire.L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisation d’un d’un engagement de confidentialité et d’une présentation succincte du candidat à la reprise. Référence à rappeler impérativement: 6581

Les candidats intéressés sont invités à se manifester par télécopie ou e-mail auprès de : SELARL FHB – Maître Jean-François BLANC – Administrateurs Judiciaires Associés 5 Rue des Salins - 34070 MONTPELLIER – www.fhbx.eu Fax : 04 67 42 19 23 / E-mail : montpellier@fhbx.eu

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A CÉDER: 4 fonds de commerce de vente de bateaux neufs et d’occasion, magasin d’accastillage et atelier sur la côte atlantique et sur l6 côte méditerranéenne: Effectif : 41 CA au 30.09.2016 (12 mois) : 11.821.571 € CA au 30.09.2017 (12 mois) : 15.484.989 € CA au 30.09.2018 (12 mois) : 15.099.256 € Remarque: Locataire d’une SCI sur les 3 fonds de la Côte Atlantique en cours de cession La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au : 24 mai 2019 à 12h00 Lestierssontinvitésàremettreleuroffre(conformeàl’articleL.642-2ducodedecommerce)en6exemplaires(dont1nonrelié) à l’administrateur judiciaire. L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisation d’un d’un engagement de confidentialité et d’une présentation succincte du candidat à la reprise. Référence à rappeler impérativement : 6575

Les candidats intéressés sont invités à se manifester par télécopie ou e-mail auprès de : SELARL FHB – Maître Jean-François BLANC – Administrateurs Judiciaires Associés 5 Rue des Salins - 34070 MONTPELLIER – www.fhbx.eu Fax : 04 67 42 19 23 / E-mail : montpellier@fhbx.eu

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A CÉDER ENSEMBLE IMMOBILIER COMPOSÉ DE 3 LOCAUX LOUÉS À UNE SOCIÉTÉ EXPLOITANT DES CONCESSIONS DE VENTE DE BATEAUX NEUFS ET D’OCCASION, MAGASINS D’ACCASTILLAGE ET ATELIER SUR LA CÔTE ATLANTIQUE.

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SELARL V&V Maître Daniel VALDMAN Administrateurs Judiciaires Associés

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Tout dossier de présentation sera remis sur la base d’une lettre de confort émanant du candidat, justifiant de sa qualité et de sa capacité à présenter une éventuelle offre.

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Activité : Restaurant Chiffre d’affaires au 31/12/2017 : 341 K€ Effectif : Aucun salarié Localisation : PARIS 3e (rue des Archives) La société n’a plus d’activité depuis juillet 2018. Date du Redressement Judiciaire : 12 mars 2019 La date limite de dépôt des offres est fixée au 17 mai 2019 à 12h00 Une data room électronique hébergée sur notre site www.ajadataroom.fr sera accessible après acceptation d’un engagement de confidentialité.

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SELARL AJILINK LABIS CABOOTER ME JÉRÔME CABOOTER Administrateur Judiciaire Associé 8 place Robert Belvaux 94170 LE PERREUX SUR MARNE www.ajilink.fr

Date limite de dépôt des offres :

Blois-Bobigny-Cayenne-Créteil-Evreux-Fort de France-Gosier-Le Mans-Marseille- Mulhouse-Nantes-Nevers-Orléans Paris Flandrin-Paris La Fayette-Poitiers-Rennes-Rouen-Tours-Versailles

RECHERCHE D’INVESTISSEURS OU REPRENEURS EN PLAN DE CESSION (Art. 642-2 et suivants du Code de Commerce) ATELIER SIMON MARQ (ATELIER DE VITRAUX) ACTIVITÉ: Atelier de vitraux implanté à Reims (51) spécialisé dans la création et dans la restauration de vitrail religieux et profane, ainsi que dans la création de mobiliers d’art nécessitant l’art du vitrail et du travail du verre. CA : 2015 : 265 K € / 2016 : 296 K € / 2017 : 402 K € REX : 2015 : -301 K € / 2016 : -220 K € / 2017 : -135 K € EFFECTIF À CE JOUR : 6 salariés Date limite de dépôt des offres : lundi 13 mai 2019 à 17h00 MERCI D’ÉCRIRE À : THEVENOT PARTNERS, Maître Aurélia PERDEREAU Accès à une data room après signature d’un engagement de confidentialité. Merci d’indiquer la référence du dossier : LB 3412 E-mails : lbeal@thevenotpartners.eu / jbatisse@thevenotpartners.eu

APPEL D’OFFRES DE REPRISE D’ENTREPRISE

SARL SOCIETE DE TRANSPORTS COPEL Redressement Judiciaire du 18 octobre 2018 Activité concernée : Transport et déménagement CA HT 2017 : 4.377 K€ Effectif : 41 salariés Siège social : 08400 VOUZIERS Un accès à la data-room est disponible auprès de la SELARL A.J.C, représentée par Maître Nicolas TORRANO, après régularisation d’un engagement de confidentialité. Les offres devront être : • écrites et comporter les indications prévues par l’article L.642-2 du code de commerce • complétées d’une attestation telle que prévue par l’article R.642-1 du code de commerce • adressées à l’administrateur judiciaire au plus tard le :

vendredi 17 mai 2019 à 12 Heures

en son cabinet, 33 rue de Talleyrand – 51100 REIMS Tél. : +33 3 20 983 336 / Fax : +33 3 20 982 982 / Contact mail : dataroom@ajc.eu Data-room : http://dataroom.ajc.eu / Web : http://www.aspaj.fr et http://ventes-actifs.cnajmj.fr

APPEL D’OFFRES

(Articles L 631-22 et L 642-1 et suivants du Code de Commerce)

Administrateur Judiciaire Rue René Cassin 91000 EVRY Tél. : 01.60.87.36.36 Télécopie : 01.60.87.36.37 etude@tulier-aj.com Contact : Engareh ALIREZAI

Activité : officine de pharmacie Implantation : (91) Salariés à ce jour : 3 C.A 2018 (projet) : 900 K€ Références à rappeler : 2626 Date limite de dépôt des offres : 3 juin 2019 à 10h00

un dossier de présentation peut être obtenu auprès de Maître Florence TULIER POLGE sur demande écrite.

Vigreux.bdx@ajilink.fr www.vigreux.eu

10 MAI 2019 À 14H00 Les candidats sont invités à contacter par écrit : SELARL Julien ALLART 20 rue Arnaud Detroyat – 64100 BAYONNE – courriel : etude@allart-aj.fr Dossier disponible à l’Etude sur demande écrite motivée, sous références 1053 après signature d’un engagement de confidentialité et justification de la capacité technique, commerciale et financière du candidat à intervenir dans cette affaire. Les offres devront être conformes aux articles L.642-2 et suivants du Code du Commerce.

PLAN DE CESSION, CONFORMEMENT AUX DISPOSITIONS DE L’ARTICLE L642-1 DU CODE DE COMMERCE Activité : Location de locaux professionnels à usage de 111 bd de Lattre de Tassigny bureaux, laboratoires et restaurants CS 14235 Actifs : Terrain (4.170 m2), bâtiment récent (2012) à 35042 RENNES CEDEX usage de bureaux, de laboratoires et restaurants (2.676 Tél.: 02 99 14 40 14 m2) et 75 parkings (32 aériens et 43 couverts) Fax : 02 99 14 40 15 Date limite de dépôt des offres : Mail: etude@aj-gautier.com Mardi 28 mai 2019 à 11h00 Internet: www.aj-gautier.com Une data room électronique hébergée sur notre site www.aj-gautier.com sera accessible après signature d’un engagement de confidentialité

Cession dans le cadre d’une liquidation judiciaire de la base client et des contrats de garde meuble y afférents dans le cadre de la liquidation judiciaire d’une entreprise de déménagement. Cette société avait une activité de garde meubles, stockage, archivage, emballage, achat, vente, import-export de matériel. Elle comptait 22 salariés et a réalisé un chiffre d’affaires annuel de 5 539 208 € en 2017. Elle exerçait sous la marque «BIARD DEMENAGEMENT». Le contrat de licence est lui aussi à céder. La date limite de dépôt des offres est prévue le mardi 14 mai 2019 à 17 heures chez Maître Stéphane VAN KEMMEL, Huissier de justice au Tribunal de Commerce de Paris, 1 Quai de la Corse 75004 PARIS. Pour consulter le cahier des charges, il conviendra d’adresser une demande à la SELAFA MJA par courriel à actif@mjassocies.fr

Date limite de dépôt des offres : 03/05/2019

APPEL D’OFFRE DE REPRISE D’ENTREPRISE

Siège social fixé à SAVIGNY SUR ORGE (91600) Effectif au 15 avril 2019: 5 C.D.I. CA au 31 mars 2018 (12 mois): 1 313 371 € au bénéfice de laquelle, une procédure de Redressement Judiciaire a été ouverte par jugement en date du 26 octobre 2018. La SELARL BARONNIE-LANGET, prise en la personne de Maxime LANGET, Administrateur Judiciaire, demeurent à Nogent-sur-Marne (94130) - 14 rue du Viaduc Tél. : 01.48.71.86.76 / Fax : 01.48.71.84.40 Emails : allison.guidoux@baronnie.org / christelle.yvon@baronnie.org invite tout candidat intéressé par la reprise de cette société à lui adresser une offre de cession conformément aux dispositions des articles L.631-13 et L.642-2 II du Code de Commerce, au plus tard le :

vendredi 10 mai 2019 à 12h00 en son étude.

APPEL D’OFFRE POUR CESSION D’ENTREPRISE DANS LE CADRE D’UNE PROCÉDURE DE REDRESSEMENT JUDICIAIRE (articles L.642-22 et R.642-40 du Code de Commerce)

RÉGION CENTRE Activité : Electroménager

Nombre de salariés : 8. Actifs : mobilier, matériel de transport selont tableau d’immobilisations dédiées à l’activité, stock de marchandises Clientèle : Revendeurs électroménager Eléments comptables : Exercice 2017-2018 CA : 9.800 k€ Exercice 2018-2019 CA : 7.300 k€ L’accès aux informations (data-room électronique) sera possible après demande écrite précisant l’identité du Candidat-repreneur et justifiant de sa capacité commerciale et financière à intervenir sur cette affaire et après la régularisation d’un engagement de confidentialité.

Les candidats intéressés sont invités à déposer une offre avant le lundi 29 avril 2019 à 12 heures dernier délai en l’étude de : Selarl AJUP, Maître Grégory WAUTOT, Administrateur Judiciaire 9 Place de Jaude – 63000 Clermont-Ferrand - Contact : d.picard@ajup.fr

À VENDRE PHARMACIE proche Flers

Redressement Judiciaire du 1er avril 2019 – Tribunal de commerce de BAYONNE

LA DATE LIMITE DE DÉPÔT DES OFFRES DE REPRISE EST FIXÉE AU

RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR ASSOCIATION EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE DESCRIPTIF : FONDS ASSOCIATIF DE FORMATION

Fourniture, installation, entretien et maintenance de stores

RECHERCHE DE REPRENEURS SAS AJ SPORT Activité: Vente de vêtements, d’articles et d’accessoires de sport, sous enseigne GO SPORT. Lieu d’exploitation: Local de 1560 m2 situé dans le centre commercial «AMETZONDO» de BAYONNE (64). CA de l’exercice clos au 31/12/2018: 1,48 M€ – Salariés: 11

10/05/2019

 Activité: Fonds associatif de formation générale principalement infra qualifiante de lutte contre l’illettrisme. Clientèle publique et développement récent d’une clientèle privée. Formateurs en sous-traitance et locaux en coworking principalement.  CA du 01/01/2018 au 31/12/2018 (12 mois) : 1 325 285 € (PROJET) CA du 01/01/2017 au 31/12/2017 (12 mois) : 1 371 464 € CA du 01/01/2016 au 31/12/2016 (12 mois) : 1 481 275 €  Effectif : 11 salariés en CDI et 3 salariés en CDD  Moyens : Propriétaire de son siège social à Aiguillon (expertisé)  Régions: Nouvelle-Aquitaine (Département 33, 47 et 64 principalement) Modalités :  Cession organisée en applications des articles L642-1 et suivants du Sébastien VIGREUX Code de Commerce. Administrateur Judiciaire Associé  L’accès aux informations sera réalisé par dataroom électronique après un premier contact auprès de l’étude : vigreux.bdx@ajilink.fr. 4 rue Esprit des Lois  Les identi iants de connexions seront communiqués après remise de 33 000 BORDEAUX l’engagement de con identialité et des pièces mentionnées.

ENTREPRISE À CÉDER

Maître Florence TULIER POLGE

RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR ENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE FONDS DE COMMERCE: BAR, CAFÉ, BRASSERIE, RESTAURATION  Département : VAL DE MARNE (94)  CA : Environ 300 K€ au 31 décembre 2018  Activité : Bar, café, brasserie, restauration  Effectif : 5 salariés Modalités :  Cession organisée en application des articles L642-1 et suivants du Code de Commerce  L’accès aux informations sera réalisé par dataroom électronique après un premier contact auprès de l’étude : s.meneux@ajilink.fr  Les identi iants de connexion seront communiqués après remise de l’engagement de con identialité et des pièces mentionnées, téléchargeables sur le site : www.ajilink.fr

Activité: Pharmacie fort potentiel avec emplacement parking sur une commune de 1261 habitants, proche Flers Horaires du lundi au vendredi Commerces de proximité - Médecin installé depuis février 2019 CA HT 2018 : 757 826 € CONTACT : SELARL TRAJECTOIRE Maître Charles BEAUSSART - 44 rue du Jeudi – 61000 ALENCON Tél. : 02.33.80.39.00 – Mail : alencon@aj-trajectoire.fr

Administrateurs Judiciaires Associés Cécile KRAESS I Christophe GILLME Parc d’activités d’Eckbolsheim 5, rue des Frères Lumière, 67087 Strasbourg Cedex 02 courriel : contact@adje-aj.fr

APPEL D’OFFRES DE REPRISE D’ENTREPRISE SAS SOCOMENAL à ECKBOLSHEIM, • quincaillerie pour menuisiers et fournitures industrielles, • 17 salariés ce jour, 13 au moment de la cession • CA HT de 3.950 K € au 31.12.2018 Dépôt des offres de reprise au plus tard le :

13/05/2019 à 18H

APPEL D’OFFRE EN VUE D’UNE CESSION Concernant une société spécialisée dans PRODUCTION, EDITION ET DISTRIBUTION DE FILMS OU PRODUITS AUDIOVISUELS DE TOUTES NATURES Localisation : SAINT OUEN - ILE DE FRANCE Effectif : 4 salariés - Chiffre d’affaires annuel 2017: 144 K€ - 2016: 404 K€ Les offres, libellées conformément aux termes des articles L 642-1 et suivants du Code de Commerce, devront être déposées chez l’Administrateur Judiciaire en 8 exemplaires au plus tard le 10 mai 2019 à 12 heures. Un dossier de présentation de la société sera accessible aux candidats manifestant leur intérêt par écrit, et sous engagement de confidentialité, auprès de : SELARL BLERIOT & ASSOCIES, ADMINISTRATEUR JUDICIAIRE Maître Philippe BLERIOT –26, Chemin de la Madeleine – 93000 BOBIGNY Téléphone : 01.48.96.21.90 – Aj93@bleriot.fr

VOUS SOUHAITEZ PARAÎTRE DANS CETTE RUBRIQUE SMEDARD@LESECHOSMEDIAS.FR SARAH MEDARD : 01 87 39 74 94 RETROUVEZ UNE SÉLECTION D’ANNONCES SUR : REPRISE-ENTREPRISE.LESECHOS.FR


START-UP

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

ÉVÉNEMENT

Quand Paris se rêve en capitale mondiale de la blockchain l Startuppeurs, investisseurs, développeurs… Pendant quatre jours, la capitale française a accueilli une partie du gratin de l’écosystème dans le cadre de la Paris Blockchain Week. l Si la France n’est pas encore vue comme une référence mondiale, elle a marqué des points. Raphaël Bloch @Bloch_R et Déborah Loye @loydeborah Le co-organisateur de la Paris Blockchain Week Michael Amar peut avoir le sourire. Mercredi, le célèbre incubateur parisien lancé par Xavier Niel, Station F, était plein de startuppeurs et d’investisseurs venus des quatre coins de la planète pour parler blockchain et cryptomonnaies. L’événement n’est pas anodin. La France est loin d’être vue comme une référence dans le secteur, en dépit de l’existence de quelques start-up prometteuses, comme Ledger, Coinhouse ou Blockchain Partner. « C’était important de faire venir des investisseurs du monde entier », explique Michael Amar, également membre du board de l’incubateur blockchain de Station F. De l’avis général, la Paris Blockchain Week, qui a rassemblé l’écosystème durant quatre jours, a été un succès, alors que certains craignaient un échec retentissant. Au total, l’événement a attiré 1.700 personnes plus des dizaines de speakers. Quelques « stars » du secteur ont fait le déplacement, comme Wei Zhou, directeur financier du géant chinois Binance, considéré comme la plus grosse plate-forme de cryptomonnaies de la planète. Selon le responsable chinois, Paris a fait beaucoup de progrès. « La France et le gouvernement font plein de bonnes choses dans le secteur. Les nouvelles lois vont attirer les investisseurs », explique Wei Zhou, sans préciser si Binance, valorisé plusieurs milliards de dollars, pourrait investir dans l’Hexagone.

Attirer les champions

Même son de cloche pour d’autres investisseurs étrangers, plutôt convaincus par l’événement. Pour eux, la nouvelle législation française va attirer les investisseurs. « On va voir ce qui se passe dans les semaines qui viennent », glisse l’un d’eux venus du Royaume-Uni. La Paris Blockchain Week intervient en effet au meilleur moment pour l’écosystème français. Après les clarifications fiscales de 2018, les députés viennent de voter la loi Pacte. Cette dernière acte l’arrivée du « visa AMF » qui labellisera

Alors qu’en France, les fonds hésitent à investir dans le secteur, des acteurs spécialisés se sont lancés à l’international. Paradoxalement, ils reviennent, eux aussi, aux véhicules financiers traditionnels. Il y a deux ans, les acteurs de l’écosystème blockchain ne juraient que par les levées de fonds en cryptomonnaie, les « initial coin offerings (ICO) », dont le principe est de financer une entreprise contre un « utility token », échangeable ensuite contre un service. Lors de la Paris Blockchain Week, les discours étaient plus nuancés. Et même les investisseurs dont les fonds sont dédiés au secteur ont confié financer aujourd’hui les start-up à travers les véhicules traditionnels du capital-risque. « Pour lever un fonds, il faut avoir une structure dans laquelle les investisseurs ont confiance », rappelle Laurenz Apiarius, managing partner du fonds allemand Blockwall. Le Français Cyril Paglino, qui a lancé un fonds de 15 millions de dollars dédié à la blockchain et aux cryptos il y a dix-huit mois aux Etats-Unis, indique que « 80 % des opérations ont été effectuées en equity ». Ce dernier a investi dans 11 jeunes pousses, dont deux françaises, et vient d’annoncer que son fonds, Starchain Capital, s’installe en Europe à travers une société de gestion spécialisée dans les actifs digitaux. Un pied à terre qui lui permettra d’accueillir des acteurs institutionnels européens, dans un nouveau fonds de 50 millions de dollars qu’il souhaite lever. La Paris Blockchain Week a réuni 1.700 personnes à Station F. Photo Station F certaines levées en cryptomonnaie (ICO) ainsi que de l’agrément AMF pour toutes les start-up crypto du secteur (plates-formes, conseil, investissement). « Nous voulons devenir leader dans la blockchain […], notre objectif est clair : attirer les futurs champions du secteur France », a déclaré sur scène le nouveau secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O. Des champions cependant difficiles à identifier, car l’écosystème qui gravite autour de la technologie blockchain se cherche encore. Après une année 2017 où ont fleuri

« La France et le gouvernement font plein de bonnes choses dans le secteur. Les nouvelles lois vont attirer les investisseurs. » WEI ZHOU Directeur financier de Binance

les ICO et les applications les plus imaginatives de cette technologie, la sévère baisse des cours des cryptomonnaies de 2018 a fait des dégâts.

Revenir aux fondamentaux

A de rares exceptions près, comme Binance, la plupart des start-up ont dû réduire la voilure en supprimant des emplois, à l’instar de l’une des stars du secteur, la start-up ConsenSys. Une année qui aurait permis de « faire le tri », selon plusieurs experts du secteur, et de voir l’écosystème revenir aux fondamentaux.

Entrepreneurs et investisseurs travaillent à solidifier les bases de la technologie. « Nous devons résoudre des problèmes fondamentaux de sécurité et d’infrastructure », estime Ouriel Ohayon, cofondateur du fonds d’investissement Isai et de la toute jeune pousse KZen. Pour ce dernier, l’écosystème traverse « la maturation de cette première phase », et c’est seulement dans un deuxième temps que « la couche applicative » pourra être construite. « On est au temps du Minitel, résume-t-il. Et en ce temps-là, YouTube ne pouvait pas fonctionner. » n

Quatre start-up à suivre dans l’univers crypto Une partie de l’écosystème mondial de la blockchain était réunie à Paris cette semaine dans le cadre de la Paris Blockchain Week. Voici quatre jeunes pousses qui ont détonné.

LGO MARKETS, LA BOURSE •CRYPTO TRICOLORE C’est l’une des pépites de l’écosystème français. LGO Markets est une plate-forme d’échange de cryptomonnaies pour les institutionnels. Cette Bourse crypto a été créée en 2018. La société, de droit français, emploie un peu plus de 30 personnes entre Bordeaux et New York. L’équipe technique de la plateforme est basée dans le sud-ouest de la France, où travaillent une quinzaine d’ingénieurs. Les équipes marketing et commerciale de LGO Markets sont, elles, basées aux Etats-Unis. « La digitalisation des actifs est en marche, on est posi-

Les investisseurs cherchent aussi leur modèle

tionnés sur ce créneau », explique Frédéric Montagnon, patron de LGO Group. Pour ses services, LGO Markets a déjà signé une dizaine de clients professionnels, parmi lesquels des fonds asiatiques, des acteurs de marchés européens et chinois. Une cinquantaine de clients institutionnels sont actuellement en train de les rejoindre.

TEZOS, LA BLOCKCHAIN QUI VEUT RÉVOLUTIONNER LA FINANCE Cette start-up est à l’image de l’écosystème français : ultra-prometteuse, mais pas encore assez connue. Issu de la recherche tricolore, le projet lancé par Arthur Breitman veut révolutionner la finance mondiale. « Ce sont les meilleurs », glissent certains investisseurs. Tezos, qui a levé 230 millions de dollars en 2017 via une ICO (levée de fonds en cryptomonnaies à une

époque où les cours étaient très élevés), développe un protocole blockchain permettant de créer des applications par des particuliers ou des entreprises grâce aux tokens (jetons numériques de Tezos). Ses utilisateurs peuvent déjà directement s’échanger de la valeur grâce à ce protocole et même automatiser et simplifier des transactions. Certains membres de l’écosystème repro chent encore à la start-up, comme aime le rappeler Arthur Breitman, de ne pas être accessible au grand public, mais uniquement aux développeurs. Pourtant, cette étape sera indispensable pour assurer leur croissance.

société présente dans 30 pays revendique aujourd’hui plus de 20 millions de clients. Binance a fait la différence grâce à sa capacité à « lister » toutes les cryptomonnaies. Contrairement à la concurrence, la plate-forme permet d’acheter et de vendre une grande partie des crypto-actifs du marché. On en dénombre au moins 200. La société a aussi lancé un des véhicules d’investissement et un incubateur, le Binance Labs. Cette structure, qui change de ville au gré des projets, ne s’est pas encore installée à Paris. « Mais ça pourrait arriver », explique son directeur financier, Wei Zhou.

LE GÉANT •DESBINANCE, CRYPTOMONNAIES

KZEN, L’ISRAÉLIENNE QUI •SIMPLIFIE LA CONSERVATION

La plate-forme chinoise est l’une des marques les plus connues de l’écosystème. En deux ans, Binance a réussi à s’imposer comme la référence des B ourses cr ypto. La

DE CRYPTO La start-up cofondée par le Français Ouriel Ohayon et Gary Benattar, Tal Be’ery et Omer Shlomovits, développe un portefeuille numéri-

que de cryptomonnaies innovant. « Contrairement aux “wallets” traditionnels, il ne demande pas de clef d’accès, mais uniquement un e-mail et une reconnaissance faciale », explique Ouriel Ohayon. Une révolution pour les propriétaires de monnaies digitales, dont l’accès aux fonds dépend aujourd’hui de ces fameuses clefs. Avec cet outil, KZen espère faciliter l’accès aux monnaies digitales. « Nous supprimons une barrière à l’adoption, rendons les fonds quasi impossibles à perdre, et ce, au sein d’une application très simple à utiliser », se réjouit l’entrepreneur. Basée à Tel-Aviv, la jeune pousse a levé 4 millions de dollars en septembre 2018 et emploie 13 personnes. Son application, nommée ZenGo, est uniquement disponible en version bêta et devrait être lancée publiquement d’ici six semaines. — R. B. et D. L.

Les fonds traditionnels se penchent encore timidement sur le secteur. En France, les investisseurs traditionnels se penchent encore timidement sur le secteur. Et pour cause, rien n’assure que cette technologie encore peu mature leur assure un retour sur investissement dans les cinq ans. « En tant qu’investisseur, l’erreur qui fait le plus mal est d’avoir eu raison trop tôt », rappelle Nicolas Debock, managing director chez Idinvest. Il n’a pour le moment pas signé d’opération dans le secteur, mais affirme le regarder de près, notamment parce que « c’est une technologie qui a attiré beaucoup de cerveaux, et qui a le potentiel de bouleverser les modèles économiques ». D’ici à ce que des applications concrètes basées sur la blockchain produisent de la valeur, il pourrait s’écouler encore quelques années. Les investisseurs ont donc tendance à viser les start-up qui travaillent sur la technologie elle-même. « Nous investissons dans les pioches et les pelles qui font avancer l’infrastructure », illustre Cyril Paglino. C’est aussi la stratégie de Kamel Zeroual, partner chez Serena, dont le seul investissement dans le secteur est la jeune pousse Acinq, qui travaille à rendre le protocole bitcoin plus efficace. Pour lui, les start-up qui construisent les « couches profondes » sur lesquelles se baseront les applications grand public ont l’avantage d’ériger « des barrières à l’entrée très importante ». Dans un secteur encore mouvant, l’investisseur fait cependant attention à parier sur des équipes qu’il sent « capables de pivoter rapidement ». — D. L.


PME&REGIONS

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

ENVIRONNEMENT

A Nîmes, des capteurs pour scruter les crues Le dispositif de prévision sur les ruisseaux, qui opère en temps réel depuis l’an dernier, combine des informations radar et les relevés de capteurs. La nuit du 2 au 3 octobre 1988 a marqué un tournant dans l’histoire de Nîmes. En huit heures, quelque 14 millions de mètres cubes de flots saccagent la ville. Le niveau de l’eau atteint jusqu’à trois mètres. Le bilan est dramatique : 11 morts, 45.000 sinistrés et 600 millions d’euros de dégâts. « Cet épisode de 1988 a révélé à la population et aux élus que la ville était inondable », résume Jean-Marie Filippi, conseiller municipal délégué à la protection contre les inondations et à la sécurité des bâtiments publics. Depuis trente ans, la Rome française a fait l’objet d’investissements massifs pour recalibrer ses cadereaux, ces ruisseaux généralement à sec, qui reçoivent l’eau pluviale lors des orages. Le montant du Papi II (programme d’action de prévention des inondations) s’élève à quelque 108 millions d’euros. « Le creusement de bassins de rétention (la commune en compte 22) et l’accompagnement d’eaux en furie dans leur traversée de la ville exigent des travaux à la fois complexes et coûteux », détaille l’élu.

Dans la nuit du 2 au 3 octobre 1988, en huit heures, quelque 14 millions de mètres cubes de flots ont saccagé la ville de Nîmes. Photo AFP

Risques naturels : le digital au secours de la prévention l Intelligence artificielle, cartographie informatique, systèmes d’information géographique… la prévention des risques naturels s’optimise grâce au numérique. l Les collectivités, en première ligne, recherchent aussi des solutions plus agiles. Hubert Vialatte @Hubertvialatte — Correspondant à Montpellier Une mini-révolution pour Météo France. Moyennant un investissement de 144 millions d’euros, un supercalculateur va être installé à Toulouse. L’objectif est d’augmenter les capacités de calcul, pour obtenir une modélisation des risques plus fine. Car, dans un contexte d’aggravation des risques naturels et d’une extension des territoires exposés, l’Etat entend renforcer les dispositifs de prévention. « Gagner quelques heures en anticipation sur l’intensité et la localisation d’un phénomène est crucial, d’autant plus que les vagues de chaleur, les cyclones, les pluies extrêmes et les feux de forêt vont s’intensifier », a prédit Jean-Marc Lacave, président de Météo France, lors des Assises nationales des risques naturels qui se sont tenues à Montpellier les 25 et 26 mars. Au-delà des drames humains qui ont marqué récemment la Vendée,

les Alpes-Maritimes ou l’Aude, cette augmentation des risques se lit aussi à travers la facture des assureurs. « Les dommages annuels mondiaux liés aux catastrophes naturelles s’élevaient à environ 10 milliards de dollars dans les années 1980. Ils ont atteint à deux reprises 130 milliards de dollars ces dernières années ! » décrypte Bertrand Labilloy, directeur général de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR). En France, la tendance est

« Gagner quelques heures en anticipation sur l’intensité et la localisation d’un phénomène est crucial. » JEAN-MARC LACAVE Président de Météo France

passée de 1 à 3 milliards d’euros par an en 2017, année du cyclone Irma.

Conseils en comportement

Dans cet environnement sombre, la révolution digitale apparaît comme le moyen d’accélérer les stratégies de prévention et de gestion de crise. Au premier niveau, les réseaux sociaux jouent un rôle croissant dans la transmission d’informations mais ils sont insuffisants seuls. Un écosystème est en train d’émerger en France, constitué entre autres du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), de Météo-France, de CCR ou de start-up comme Predict Services. Il dispense des services de plus en plus pointus aux collectivités locales qui, en première ligne, recherchent elles aussi des solutions agiles. « Ce sont des conseils de comportement en temps réel, l’élabo-

ration de plans communaux de sauvegarde, des alertes, ou alors la gestion de précrise et de crise », détaille Laurent Montador, directeur général adjoint de CCR.

« L’usage par tout le monde »

De son côté, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) lance cette année plusieurs appels à projets pour le développement d’outils digitaux portant sur la collecte d’information après une inondation. Par exemple, « Murex », porté par l’établissement public, vise à mutualiser les données de retour d’expérience après les inondations, en stockant, visualisant et cartographiant les données. « Garder la mémoire des inondations passées, y compris celles de moindre importance, garantit, pour les syndicats mixtes et les collectivités, une meilleure prévention des risques futurs », observe Anne Chanal, responsable du service vulnérabilité et

gestion de crise au Cerema. La 5G, les objets connectés et l’analyse des données vont faire aussi évoluer la prévention des risques naturels. Même si les acteurs y mettent des bémols car tout le monde n’a pas accès à cette technologie. « Innover, c’est bien, mais l’enjeu final c’est l’usage par tout le monde », rappelle Claire-Anne Reix, présidente du pôle de compétitivité Safe Cluster. « Les nouvelles technologies sont essentielles, mais ne peuvent pas se substituer à l’humain », renchérit Alix Roumagnac, président de Predict Services. Ce dernier de prendre en exemple les inondations de l’Aude, en octobre 2018, où douze des treize victimes avaient plus de 80 ans et dormaient pendant la catastrophe. A Nîmes, même si le digital gagne, u n exe r c i c e d e p r é ve n t i o n à l’échelle de tout un quartier sera organisé cette année pour la première fois, dans le courant de l’année, pour sensibiliser la population. n

Un nouveau business pour les PME Les entreprises rivalisent d’innovations pour créer des solutions plus efficaces. Predict Ser vices s’est imposé comme une référence dans l’analyse de la vulnérabilité des territoires. Spécialisée dans la veille hydrométéorologique et la gestion des risques naturels, l’entreprise fait appel au traitement des images satellites et des modèles numériques de terrain. Elle travaille actuellement sur le projet Cosparin (contribution du spatial au risque inondation), mené avec l’Agence spatiale européenne. L’objectif est d’identifier, à terme, les pluies sur

l’ensemble du globe, heure par heure. « Ces données brutes sont traitées sous forme d’algorithmes, et permettent de diffuser des consignes aux élus et aux habitants pour anticiper les risques, explique Alix Roumagnac, président de Predict Services. Le service existe déjà en France, avec l’application MyPredict ». La PME, qui emploie 35 salariés pour un chiffre d’affaires de 4,3 millions d’euros (dont 10 % à l’international), commence par ailleurs à utiliser l’intelligence artificielle pour analyser les discours sur les réseaux sociaux et adapter les messages en fonction du destinataire. « S’il s’agit d’un industriel, on va lui conseiller de mettre en sécurité son site. Si c’est un

particulier, le message lui enjoindra plutôt de monter à l’étage », précise le dirigeant. L’entreprise, créée en 2006, est détenue à parts égales par Airbus, Météo France et BRL (compagnie d’aménagement du BasRhône et du Languedoc).

d’entreprises de la Communauté d’agglomération de La Rochelle. Or, en temps de crise, l’information doit être rapidement accessible et de haute qualité. » Numerisk entend faciliter le décloisonnement et la

Objets connectés

4,3

D’autres start-up, plus récentes, s’engouffrent dans le secteur comme Numerisk, une plate-forme Web collaborative et mutualisée des risques majeurs. « Les plans communaux de sauvegarde sont très statiques, sous forme papier, et pas toujours mis à jour, explique Paul Heymès, cofondateur de cette société hébergée dans la pépinière

MILLIONS D’EUROS Le chiffre d’affaires de Predict Services, spécialisé dans la veille hydrométéorologique et la gestion des risques naturels. La PME emploie 35 salariés.

collaboration entre une commune sinistrée et une commune pouvant venir en soutien. De son côté, Ogoxi, basé dans les Hautes-Pyrénées et incubé à Météo France à Toulouse, mise sur les objets connectés pour permettre la diffusion des messages de prévention, même en cas de coupure des réseaux électrique, Internet et téléphonique. Un boîtier, installé dans les maisons, affiche en couleur des niveaux de danger et se met à sonner en cas de risque. « On peut supposer que ce boîtier aurait permis de sauver des vies lors des inondations dans l’Aude, en octobre dernier », avance Guillaume Delai, dirigeant d’Ogoxi. — H. V.

Depuis 2004, la ville s’est dotée d’un système de prévision des crues des cadereaux baptisé « Espada ». Depuis 2004, la ville s’est dotée d’un système de prévision des crues des cadereaux. Baptisé « Espada », acronyme d’évaluation et suivi des précipitations en agglomération pour devancer l’alerte, il combine des informations radar à haute résolution spatiale et des relevés de 50 capteurs hydrométéorologiques. Depuis 2018, « le modèle intègre une fonction d’assimilation permettant de le réajuster en temps réel », précise Luc Marragou, chef du service prévention des risques de la ville de Nîmes. Le but est « de ne pas attendre que les eaux soient montées trop haut pour avertir la population », insiste Jean-Marie Filippi. Le système génère des appels téléphoniques automatiques à environ 300 correspondants, notamment des lieux recevant du public, dont les écoles. Le déploiement d’Espada s’explique par deux spécificités nîmoises : « Des crues très rapides, qui peuvent survenir en 30 minutes, et une difficulté à établir des prévisions en amont, malgré les progrès de l’analyse des données satellitaires », observe Luc Marragou. Protéger totalement des inondations la cité de 150.000 habitants demeure impossible, « notamment si un phénomène météorologique comme celui de 1988 se reproduit », concède Jean-Marie Filippi. La sensibilisation au risque demeure donc un enjeu central. Un exercice de prévention grandeur nature est ainsi prévu dans le courant de l’année. Une première, pilotée par la collectivité, en lien avec la préfecture du Gard. — H. V.

La date

1988 Dans la nuit du 2 au 3 octobre, le niveau de l’eau est monté jusqu’à 3 mètres, provoquant 11 morts.


28 // PME & REGIONS

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PAYS DE LA LOIRE Chef-d’œuvre de l’architecture minimaliste, l’usine Aplix va être étendue pour permettre au groupe nantais d’augmenter sa production. Emmanuel Guimard — Correspondant à Nantes Plus qu’une usine, le site de production d’Aplix, au Cellier, près de Nantes, est une référence de l’architecture contemporaine. Conçue par l’architecte Dominique Perrault, sa façade, faite de clins d’Inox, génère une infinité de jeux de lumière et de reflets. Ouverte en 1999, elle a notamment reçu le prix du meilleur bâtiment industriel du monde décerné en 2001 par le World Architecture Magazine. Cette usine de 30.000 mètres carrés s’avère cependant trop petite et l’enjeu est de l’agrandir de 18.000 mètres carrés en lui conservant cette singularité. De nouveau, Aplix, l’un des leaders mondiaux de l’autoaggripant (fixations « scratch »), a donc sollicité le cabinet DPA (Dominique Perrault Architecture), la réalisation étant

L’extension de l’usine du groupe Aplix va lui permettre l’installation de machines robotisées. Photo DR confiée à l’entreprise avignonnaise GSE. Douze mois seront encore nécessaires pour que s’achève ce chantier d’un montant de 17 millions d’euros.

Couches-culottes

Cette extension doit permettre à Aplix « de développer sa capacité industrielle pour répondre aux besoins futurs de ses marchés stratégiques », mentionne Sandrine Pelletier, représentant la troisième géné-

ration à la tête de cette entreprise. Le projet vise à accroître la performance, selon les préceptes de l’industrie 4.0., explique aussi la dirigeante. Aplix prévoit l’installation de machines robotisées pour le développement d’un nouveau porte-crochet pour les scratchs de couches-culottes, l’un de ses principaux marchés. Il se dotera également de capacités pour répondre à de nouveaux marchés tels le packaging alimentaire à fermeture facile, sous la

marque Easy-Lock, ou les fixations pour le bâtiment. Les nouvelles surfaces permettront d’aménager un centre de recherche et développement « nettement plus important que l’actuel » pour accueillir des machines prototypes ainsi qu’un espace d’industrialisation. Aplix, qui consacre 3 % de son chiffre d’affaires (208 millions d’euros en 2018) à la R&D, a déposé 420 brevets en soixante ans pour couvrir les besoins diversifiés de secteurs tels l’hygiène, l’automobile, l’aéronautique, le médical, le militaire… De fait, ce sont les équipes du Cellier qui développent et construisent les équipements de toutes les filiales du groupe. Car l’entreprise dispose d’autres sites de production en France, aux Etats-Unis, au Brésil et en Chine. Le tout emploie au total 1.000 salariés dont 360 dans l’usine miroir du Cellier, où 70 à 80 emplois supplémentaires sont prévus dans les cinq ans, p our un chiffre d’affaires stable en 2018 à 208 millions d’euros. Enfin, le projet comprend la création d’un pavillon de 1.000 mètres carrés dédié « au bien-être des salariés » dont des salles de restauration, de sport, de jeux, de repos, un amphithéâtre et des espaces de formation… Ce pavillon s’inscrivant dans le cadre d’une politique RSE insufflée par la dirigeante. n

Les logiciels d’Aleda mettent le petit commerce au goût du jour LA PME À SUIVRE NOUVELLEAQUITAINE Cette entreprise développe des logiciels de gestion et d’encaissement pour les commerçants. Jean-Pierre Gourvest — Correspondant à Limoges Du gadget au paiement sécurisé sur mobile. Fondé en 1992, Aleda est passé du cadeau d’affaires, sous la marque Synergie 2000, à la distribution de téléphones portables, avant de s’intéresser aux transac-

tions électroniques sécurisées et aux systèmes de paiement innovants. Aujourd’hui, cette entreprise de Limoges (Haute-Vienne) développe des logiciels de gestion et d’encaissement nouvelle génération pour les commerçants de proximité, les services prépayés dématérialisés et le transfert d’argent. Elle a lancé dès 2013, après deux ans de recherches, sa solution de gestion pour les points de vente tabac-presse Kapseo, et a poursuivi le déploiement commercial de Sésame, son portail multiservice dédié aux commerces communautaires. Employant actuellement 90 salariés répartis sur ses deux sites de Limoges et Challans (Vendée), Aleda a réalisé 78,5 millions d’euros

de chiffre d’affaires en 2017 et devrait poursuivre sa progression sur l’exercice actuel. « Nous faisons passer le point de vente à l’ère du phygital, un parcours client à la fois digital sur Internet et physique en point de vente », résume Pascal Roudier, son dirigeant. L’entreprise mise sur sa maîtrise des process et son expérience pour développer ses produits et en inventer de nouveaux.

Transactions électroniques

Aleda met ainsi en œuvre des partenariats avec des opérateurs télécoms, par exemple dans la monnaie électronique et le transfert d’argent. L’entreprise a constitué une équipe de développeurs chargés de proposer des systèmes informatiques de dématérialisation

Le groupe de peintures Mäder lève des fonds HAUTS-DE-FRANCE Le groupe familial implanté à Lille lève 19 millions d’euros avec l’aide du breton Socomore. Olivier Ducuing — Correspondant à Lille Le groupe familial Mäder, spécialiste de la fabrication de peintures et résines, vient de conclure une levée de 19 millions d’euros. Cette opération est réalisée avec un apport de 3 millions d’euros du dirigeant Antonio Molina, mais surtout par ceux du breton Socomore, qui entre du même coup au capital de Mäder Conseil. Socomore fabrique des produits de traitement de surface pour l’aéronautique. La famille reste majoritaire, au côté des autres actionnaires Naxicap et bpifrance. Cette alliance va permettre au groupe de peinture de développer son activité pour l’aérien grâce à la

création par Socomore d’une structure Mäder Aero, qui exploitera une licence de marque, de brevets et de formules. Dans la foulée, le groupe lillois met la main sur la totalité du capital d’un acteur de la peinture de tuyaux, BS Coatings, basé en Normandie. Cette entreprise de 70 salariés conforte le secteur « piping » de Mäder, déjà présent en Allemagne, mais avec des normes différentes. « Il nous fallait un acteur principal en France dans ce domaine », indique le président-fondateur du groupe, qui lorgne le marché du renouvellement des réseaux d’adduction d’eau en France, soit 440.000 kilomètres de tuyaux. Mais cette acquisition doit aussi permettre de développer l’interna-

180 MILLIONS D’EUROS Le chiffre d’affaires de Mäder après acquisition de BS Coatings.

tional, anticipe Antonio Molina, qui vise tout particulièrement la Chine et l’Inde, où Mäder est déjà présent.

Intelligence artificielle

Enfin, Mäder vient d’emménager début avril à Villeneuve-d’Ascq, dans l’ex-Institut pour la transition énergétique Ifmas, créé avec l’appui du programme d’investissements d’avenir, pour développer des matériaux agrosourcés, et liquidé en 2018. Le bâtiment de 2.400 m 2 , fermé depuis plus d’un an, dispose d’un équipement de recherche de premier plan. Le groupe va y centraliser toute sa recherche, hormis une petite cellule à Mulhouse. De quoi développer des partenariats avec le CNRS à Lille et l’Ecole de chimie. « On s’est donné trois ans pour monter une équipe de recherche de long terme. On créera aussi un centre d’intelligence artificielle pour aider à la formulation de peintures résines et composites », annonce le dirigeant Avec sa nouvelle acquisition, Mäder emploie désormais 820 personnes pour un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros. n

issus de sa propre R&D. Sécurisation des transactions, conformité, notamment en matière de dispositifs de lutte antiblanchiment et financement du terrorisme (LAB/ FT), figurent ainsi en bonne place dans son offre. Très discret sur ses chiffres et ses investissements, Aleda est devenu l’un des tout premiers agents MoneyGram en France et a noué un accord stratégique avec Orange. L’entreprise accompagne l’opérateur dans le lancement du service national Orange Money depuis fin 2015. Elle a reçu le soutien de la BPI et de la région Nouvelle-Aquitaine. Ses objectifs, non chiffrés pour le moment, lui font espérer une progression rapide de ses activités comme de son effectif. n

en bref Premier coup de gel de printemps dans les vignobles NOUVELLE-AQUITAINE Les vignobles du Bordelais, de Bourgogne et du Beaujolais ont connu depuis début avril des épisodes de gel. Dans le Bordelais, 5 % du vignoble a été touché et, en Bourgogne, la région du chablis, a été la plus affectée. Encore difficiles à mesurer, les conséquences semblent moins dramatiques qu’en 2017.

Relance de l’exusine Metaltemple AUVERGNE-RHÔNE-ALPES L’ex-usine Metaltemple à SaintMichel-de-Maurienne (Savoie), fermée en 2016, va revivre avec l’arrivée de la société André Mille, spécialiste des assemblages soudés. Selon « Le Dauphiné libéré », un atelier de peinture va d’abord être aménagé dans un hall de 2.600 m2. Une cinquantaine d’emplois sont envisagés à terme.

innovateurs L’INVENTION ADÈLE H MUSIC

Phoenix, le premier piano numérique pliable

Illustration Phoenix

Spécialiste du scratch, Aplix fait grandir son usine

Fermé, l’instrument mesure 65 centimètres de long, 22 cm d’épaisseur et 38 cm de profondeur, pour un poids de 26 kilos.

Date de création : 2015 Fondateur : Chakib Haboubi Budget R&D : 1,5 million Effectif : 5 personnes Secteur : musique Léa Delpont — Correspondante à Lyon Si l’idée d’origine semble un peu folle, le Phoenix existe bel et bien et n’a rien d’un gadget. C’est le premier piano numérique pliable : ses extrémités se rabattent en triptyque sur la partie centrale. Fermé, l’instrument mesure 65 centimètres de long, 22 cm d’épaisseur et 38 cm de profondeur, pour un poids de 26 kilos. Du jamais-vu : ses dimensions lui permettent de rentrer dans une simple valise. Il dispose de 12 heures d’autonomie pour en jouer n’importe où. D’autant plus que sa housse rigide se transforme en banquette, sur une idée suggérée par l’un des 132 concertistes ayant contribué à l’aboutissement de ce prodigieux piano. Chakib Haboubi, pianiste amateur de haut niveau, a eu le déclic en 2012 à la naissance de sa fille Adèle, quand il lui a fallu choisir entre le couffin et son clavier numérique au moment de charger la voiture pour partir en vacances. C’est ainsi que le nouveau-né a donné son nom à la société qu’il a créée en 2015, Adèle H Music, après une période d’incubation chez Kréalys, devenu Pulsalys.

Huit prototypes successifs En sept ans, l’ancien vendeur d’instruments dans une boutique spécialisée à Lyon a remporté huit concours d’innovation. Il a collaboré avec 67 ingénieurs et 12 industriels « tous français », précise-t-il, pour créer huit prototypes successifs avant d’en arriver au produit fini. Vendu 12.000 euros, il a déjà enregistré 146 commandes en cours de livraison, faites par la plupart des pianistes professionnels qui l’ont testé et adopté durant le processus de création. Le premier modèle, en 2014, n’avait pas de touches : juste un châssis en aluminium et bois conçu avec un laboratoire de l’Ecam pour valider la faisabilité mécanique du « pliage ». Le piano se referme grâce à quatre charnières soulagées à l’ouverture par des vérins et à la fermeture par des freins, capables de supporter 250 kilos. L’électronique a demandé plusieurs années supplémentaires de mise au point, avec la société Cari à Valence notamment, pour reproduire la densité du son – enceintes du fabricant sté-

phanois Focal – et la puissance d’un Steinway D de concert, l’étalon du projet. « Chaque note a été implémentée une à une sur la carte mère par une modélisation physique », souligne Chakib Haboubi. Il est allé chercher les ingénieurs « jusque dans les hautes sphères de l’industrie aéronautique » pour parvenir à cette qualité sonore, qui repose sur un processeur de calcul algorithmique ultra-puissant, élaboré sur mesure. « Entre un piano digital et un Phoenix, il y a à peu près la même différence qu’entre les premiers appareils photo numériques de 1 méga et les boîtiers reflex de 50 gigapixels d’aujourd’hui. On le sent vibrer », promet-il.

1,5 million investi en R&D

Ce diplômé de lettres modernes, navigant dans les cercles musicaux comme organisateur de concerts et de festivals, n’était pas du tout familier de l’ingénierie. Mais sportif, l’ancien champion d’athlétisme plusieurs fois participant de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc attribue à ses qualités « de marathonien » la réussite de son projet de longue haleine. Phoenix a réclamé 1,5 million d’euros de R&D, soutenu par bpifrance, la BNP et des business angels mélomanes. Le fondateur de l’association Pianothé, jusque-là très discret pour protéger son invention par une batterie de brevets de la curiosité des

La qualité sonore repose sur un algorithme élaboré sur mesure. grands constructeurs, prépare une levée de fonds de 3 millions d’euros pour créer, à l’automne prochain, un atelier de fabrication à Lyon. Il vise une production annuelle de 1.000 pianos d’ici à cinq ans, avec la création de 31 emplois à la clef. Le concept nomade séduit les pianistes « jaloux des autres musiciens qui n’ont aucune difficulté à voyager avec leur instrument ». L’invention de Chakib Haboubi suscite aussi un vif intérêt dans les territoires insulaires, où les conditions climatiques ne sont pas favorables aux pianos traditionnels. Il mesure également la portée plus sédentaire de son piano miniaturisé dans les grandes métropoles, pour les appartements d’amateurs en manque d’espace. Il va ouvrir un showroom en Allemagne, premier marché pour les instruments de musique en Europe, et un autre à New York. n


Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

FINANCE&MARCHES

ÉMISSIONS OBLIGATAIRES

Le marché obligataire gagné par la fièvre verte l Le marché des « green bonds » a connu un début d’année très dynamique. l De nouveaux Etats se lancent dans les émissions de dette verte. Guillaume Benoit @gb_eco Le marché des obligations vert reprend des couleurs. En 2018, les nouvelles levées avaient à peine dépassé les volumes de l’année précédente. 2019 s’annonce sous de meilleurs auspices. « Les émissions d’obligations vertes et sociales dépassent 70 milliards d’euros depuis janvier. Soit plus de la moitié de l’ensemble des montants obtenus l’an dernier », explique Paula DuninWasowicz chez Société Générale. Les seuls « green bonds » représentent environ 80 % de ce total. Et le mouvement devrait se poursuivre. Le géant bancaire chinois ICBC vient d’émettre 2,2 milliards de dollars de « green bonds » via sa branche singapourienne. Du côté des Etats, les Pays-Bas sont sur le point de solliciter à leur tour le marché. Ce sera le premier émetteur souverain affichant une note AAA à se lancer. Prévue pour début mai, l’opération devrait permettre à La Haye de lever jusqu’à 6 milliards d’euros à 20 ans. Le pays rejoindra un club en pleine croissance sur le vieux continent.

Des Etats plus actifs

Après les pionniers – la France et la Pologne – qui sont désormais des émetteurs récurrents, la Belgique, l’Irlande et la Lituanie ont réalisé leur opération inaugurale l’an dernier. Selon l’agence de notation

Les banques centrales s’engagent Le NGFS, le réseau des banques centrales et superviseurs pour le verdissement du système financier, vient de publier son premier rapport complet. Il comprend plusieurs recommandations incitant les acteurs financiers à mieux prendre en compte les risques liés au climat et à participer à la réalisation des objectifs de l’accord de Paris. Le NGFS va mener les travaux d’analyses nécessaires à l’élaboration des outils et des méthodologies permettant d’identifier, quantifier et atténuer les risques financiers liés au changement climatique.

DBRS, les volumes levés par des Etats européens ont ainsi crû de 52 %, et les titres verts ont représenté 1 % de l’ensemble des émissions de dette souveraine sur le continent. Objectif de ces opérations : créer une dynamique locale sur le marché des financements verts. Une ambition qui dépasse les frontières européennes. Le Chili entend ainsi être le premier pays d’Amérique latine à offrir des « green bonds », pour un montant compris entre 1,5 et 2 milliards de dollars. L’opération en est encore à un stade préliminaire. La frénésie est la même du côté des entreprises, où les secteurs se diversifient. Jusque-là, les grands acteurs du marché émanaient des services aux collectivités, de l’énergie ou du BTP. « On a vu cette année des groupes de télécommunication, faire leur premier pas dans l’univers des financements favorables au climat, comme Telefonica ou Verizon », témoigne Julien Bras chez Allianz GI. Pour ce dernier emprunteur, la demande a représenté huit fois l’offre. « L’un des principaux défis du marché est maintenant d’inclure des émetteurs dont les activités peuvent sembler un peu plus éloignées de l’univers vert pour faire face à une demande de plus en plus importante », confirme Paula Dunin-Wasowicz chez Société Générale. Sans pour autant tomber dans l’excès. L’accueil froid reçu par Repsol, spécialiste des énergies fossiles, en 2017 n’incite pas certains secteurs à se lancer.

Les engagements bien fragiles des émetteurs de « green bonds » Sur le plan juridique, les obligations vertes ne se distinguent pas vraiment des obligations traditionnelles. Les promesses faites aux investisseurs ne figurent pas toujours dans le contrat. Une anomalie qui inquiète. A quoi s’engage réellement un émetteur d’obligations vertes en matière d’environnement ? La réponse devrait, en toute logique, se trouver dans le prospectus d’émission qui décrit les caractéristiques des titres placés sur le marché. Mais, dans de nombreux cas, ce document ne se distingue en rien de celui d’une obligation classique. Aucune réglementation n’oblige l’emprunteur à spécifier par écrit ses intentions « vertes ». Cette anomalie taraude l’Autorité des marchés financiers (AMF). Au point qu’elle a publié, avec son homologue néerlandais, une position commune au début du mois. « De façon réglementaire, le prospectus doit contenir les éléments qui permettent aux investisseurs de procéder à une évaluation informée des titres proposés par l’émetteur », soulignent les gendarmes des marchés. Or, la façon dont les fonds seront utilisés est un élément déterminant pour certains gérants, notamment ceux qui appliquent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) à leurs portefeuilles. Ces derniers ne peuvent s’appuyer que sur les promesses faites lors des présentations aux investisseurs sur le futur usage des fonds ou le respect, pendant toute la durée de vie du titre, des standards de marché (Green Bond Principles, Climate Bond Initiative…).

« Développer de véritables stratégies vertes »

« Nous ressentons un vrai changement depuis quelques mois, sous l’action notamment des pouvoirs publics, explique Julien Bras. Nous avons obtenu un premier mandat de gestion vert de la part d’un investisseur institutionnel, et plusieurs autres s’interrogent. » Même les banques centrales, à l’image de la Banque de France, veulent désormais verdir leurs investissements. Pour le gérant, le marché des obligations vertes est arrivé à une maturité suffisante. « Le stock de “green bonds” dans le monde représente environ 500 milliards de dollars. Il est donc suffisamment large pour pouvoir développer de véritables stratégies vertes », estime Julien Bras. D’autant plus que les fonds spécialisés, qui ont besoin de titres verts et les conservent jusqu’à maturité, ne représentent que 3 à 5 milliards d’euros. Le reste est entre les mains de gérants traditionnels. n

Pas de sanctions

Certains émetteurs, néanmoins, choisissent d’inclure des informations sur leurs projets verts dans le prospectus. Mais, même dans ce cas, les engagements sont minimes. « Il n’est absolument pas fait mention des objectifs verts dans la première partie du document, celle qui est signée par le directeur financier de l’émetteur, et qui est, de ce fait, juridiquement contraignante », explique Julien Lefournier, un ancien banquier de marché. Les informations sur

l’usage des fonds n’arrivent que dans la deuxième partie, plus indicative. « S’ils décidaient d’employer les fonds pour un autre but que celui annoncé, la seule sanction pour les émetteurs porterait sur leur réputation. » En effet, la documentation ne prévoit pas, par exemple, de clause punitive, comme une hausse de taux ou de remboursement anticipé à la demande de l’investisseur, si les engagements verts ne sont pas tenus.

Facteurs de risque

Plus surprenant encore, le risque d’une utilisation contestée des fonds est directement prévu dans la rubrique du prospectus détaillant les facteurs de risques. « Dans l’un de ces documents, on peut ainsi lire que l’utilisation des fonds peut ne pas correspondre aux attentes des investisseurs, ou ne pas être compatible avec leurs critères d’investissements », souligne Julien Lefournier. Le document constate aussi qu’il n’existe

La documentation ne prévoit pas de clause punitive si les engagements verts ne sont pas tenus. aucune définition claire – légale ou réglementaire –, ni même de consensus de marché de ce qu’est un… projet « vert » ! Le marché semble pourtant se satisfaire de la situation actuelle. Peut-être parce que les fonds d’investissement purement « verts », même s’ils se développent, sont encore très minoritaires. Les acheteurs de « green bonds » demeurent principalement des investisseurs à la recherche d’obligations classiques. Ils achètent les titres en fonction du risque de crédit et du rendement offert. Ce sont d’ailleurs ces gros investisseurs qui « fixent » les prix lors de l’émission. L’idée d’un « greemium » – une prime verte dont bénéficierait l’émetteur grâce à un afflux de demande provenant des fonds verts – semble bien illusoire. Les obligations vertes sont des obligations comme les autres. — G. Be.

Affaire Danske : le gendarme européen termine son enquête BANQUE L’Autorité bancaire européenne a refermé son enquête formelle sur les autorités danoises et estoniennes. Dans ce scandale géant de blanchiment présumé, l’ABE estime n’avoir constaté aucune infraction. Edouard Lederer @EdouardLederer

En quelques lignes, l’Autorité bancaire européenne (ABE) ferme le ban. « L’ABE a refermé son enquête formelle portant sur une possible violation de la loi communautaire » par les gendarmes financiers estoniens et danois « en connexion avec d e s a c t i v i t é s d e b l a n ch i m e n t d’argent liées à Danske Bank et à sa succursale estonienne en particulier », a indiqué dans un bref communiqué l’agence européenne, qui va prochainement quitter les rives de la Tamise pour celles de la Seine. Plus précisément, lors d’un vote le 16 avril dernier « le conseil des superviseurs de l’ABE a rejeté une

proposition de recommandation d’infraction du droit de l’Union ». Le rejet d’une telle proposition l’a largement emporté puisque, selon l’agence Reuters, elle a été adoptée par 27 voix sur 28.

Eventuelle négligence

Voilà bien l’une des premières bonnes nouvelles pour Danske Bank en plusieurs mois, en cause dans un scandale géant de blanchiment présumé. La première banque danoise est soupçonnée d’avoir fait transiter, entre 2007 et 2015, l’équivalent de 200 milliards d’euros de fonds d’origine suspecte via son entité estonienne, fermée depuis.

Cette enquête avait été lancée le 19 février dernier afin de vérifier si les autorités auraient eu – au moins par négligence – un rôle à jouer dans le scandale géant de blanchiment dans lequel est embourbée la première banque danoise. L’ABE avait réalisé cette mission à la demande la Commission européenne, lui demandant en septembre 2018 d’enquêter « avec le degré d’urgence nécessaire » sur le sujet. Dans un courrier alors adressé à Andrea Enria – le patron de l’ABE, devenu depuis le gendarme bancaire européen en chef au sein de la BCE – la DG justice et consommateurs exposait alors ses doutes.

« Des questions demeurent sur les dimensions et la profondeur » des inspections menées par les autorités estoniennes anti-blanchiment. De même, le courrier interrogeait sur la « supervision effective » du gendarme danois sur Danske Bank. Enfin, le courrier s’interrogeait sur le fait de savoir si les deux autorités (estonienne et danoise) avaient suffisamment échangé leurs informations.

Un message ambigu

Ce rejet – qualifié de « scandaleux » par l’Eurodéputé allemand Sven Giegold – bloque par ailleurs toute autre action légale que pourrait

entreprendre l’ABE. Le message adressé peut paraître ambigu alors qu’à la suite d’une série de scandales de blanchiment les autorités européennes ont entrepris de muscler leur dispositif. L’ABE entend justement y occuper un rôle central. Au-delà de Danske, la pression ne retombe pas en Europe sur les questions de blanchiment. Après le Danemark, c’est au tour de la Suède d’être touchée. Swedbank, quatrième établissement du pays, a récemment limogé sa dirigeante et son dirigeant sur fond de soupçons de blanchiment dans les pays Baltes entre 2010 et 2016. n


30 // FINANCE & MARCHES

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

Lyft poursuivi par des investisseurs après son arrivée ratée à Wall Street BOURSE Deux class actions ont été déposées contre l’entreprise de VTC devant un tribunal californien. Les requérants jugent que Lyft a exagéré ses parts de marché aux Etats-Unis dans son prospectus d’introduction en Bourse.

Lucas Mediavilla @Lucas_Medv Les nuages s’amoncellent pour Lyft. Déjà ciblé par les hedge funds et les vendeurs à découvert qui spéculent à la baisse sur le titre, l’entreprise américaine de VTC est désormais poursuivie en justice par différents investisseurs. Bloomberg révèle que deux class actions ont été déposées mercredi devant un tribunal californien. Selon les requérants, le principal rival d’Uber aurait exagéré les parts de marché dont il dispose sur le marché américain des VTC. Dans le prospectus déposé à la SEC début mars, Lyft se targuait de détenir 39 % de parts de marché face à Uber, en hausse de 22 points par rapport à décembre 2016. Les investisseurs reprochent par ailleurs au géant de la mobilité d’avoir omis d’indiquer qu’il s’apprêtait à rappeler plus de 3.000 vélos électriques disséminés à New York, Washington et

Le milliardaire Warren Buffett touche le même salaire depuis 25 ans à la tête de son holding Berkshire Hathaway – 100.000 dollars. Photo AFP

Les grands patrons américains toujours mieux payés l La rémunération médiane des patrons américains a encore crû l’an dernier. l Et ce, pour la troisième année d’affilée. RÉMUNÉRATION Elsa Conesa @ElsaConesa — Bureau de New York Les économistes qui peinent à expliquer pourquoi les salaires ne progressent pas aux Etats-Unis pourront sans doute se rassurer en étudiant la rémunération des patrons américains. Portée par une Bourse très favorable et une vive concurrence pour les profils de dirigeants, celle-ci a continué à grimper l’an dernier pour la troisième année d’affilée. Toutes les entreprises cotées n’ont pas encore publié leurs données pour 2018, mais plusieurs études confirment déjà une tendance favorable. Selon une analyse faite par le « Wall Street Journal » sur un échantillon de 132 patrons du S&P 500, la rémunération médiane a ainsi atteint 12,4 millions de dollars l’an dernier, contre 11,7 millions pour le même échantillon en 2017.

Outre la bonne tenue des marchés et les tensions sur le marché du travail qui sont favorables aux dirigeants, les conseils d’administration se sont aussi montrés plus généreux parce qu’ils sentent poindre la possibilité d’un ralentissement cette année. La hausse médiane s’est ainsi élevée à 6,4 %, contre une hausse de 3,3 % pour l’ensemble des employés, selon le ministère du Travail.

Des écarts très importants

Le ratio qui rapporte la rémunération des directeurs généraux à celle de leur employé médian a également progressé, passant de 235 à 254 en un an, selon le cabinet Equilar, qui a travaillé sur un échantillon d’une centaine de sociétés cotées. Aux Etats-Unis, les entreprises cotées ont en effet l’obligation depuis l’an dernier de publier ce ratio imaginé dans la loi Dodd-Frank de 2010, et déjà très critiqué par les entreprises et l’administration Trump, qui envisage de le supprimer.

Même avec des données partielles, l’analyse révèle des écarts très importants d’un secteur à l’autre et d’une entreprise à l’autre. La liste établie par Equilar montre que le ratio a dépassé le cap des 1.000 pour onze entreprises sur la centaine étudiée, avec un record pour le patron de l’entreprise d’intérim Manpower, rémunéré 2.508 fois le salaire de son employé médian. Parmi ceux-ci, la plus forte progression revient au tandem qui dirige Oracle, Safra Catz et Mark Hurd, qui ont reçu un package de 108 millions de dollars chacun. La hausse, qui atteint 165 % sur un an, a été provoquée par le paiement exceptionnel d’un plan de stock-options, qui a tiré le ratio chez Oracle à 1.205. Autre exemple : le bond de la rémunération du PDG de Disney, Bob Iger, qui a reçu 26 millions de dollars de variable en titres après le rachat des actifs de Fox. Son « package » grimpe ainsi de 81 %, à 65,6 millions de dollars, sur l’année, malgré deux révisions à la baisse sous la pression des action-

naires, faisant passer le ratio de 852 à 1.424.

Performance financière

Rémunérations et ratios varient d’une industrie à l’autre, mais ne sont pas toujours corrélés à la performance financière. Le rendement médian (TSR) pour les actionnaires calculé par le « Wall Street Journal » sur son échantillon de 132 entreprises s’élevait ainsi à 2,9 % pour les 132 entreprises étudiées (contre un rendement de plus de 20 % en 2017), et était même négatif pour un tiers d’entre elles. Le cabinet Jefferies Financial affiche ainsi un rendement négatif de 15 % sur l’année, mais a doublé la rémunération de son patron Richard Handler à 44,7 millions de dollars. A l’inverse, Warren Buffett, qui dirige le holding d ’ i nve s t i s s e m e n t B e r k s h i r e Hathaway, dont le cours a stagné l’an dernier, a réduit sa rémunération totale de 18 %, à 389.000 dollars, soit 7 fois le salaire médian de ses employés. Son salaire s’élève, quant à lui, à 100.000 dollars depuis 25 ans. n

Le sujet revient régulièrement sur la table aux Etats-Unis. Mais avec la campagne présidentielle de 2020, il fait un retour au premier plan. Il faut dire que, régulièrement, les sondages dévoilent que les Américains estiment que leurs patrons sont trop payés. Une enquête menée en 2016 auprès des clients de gestionnaires d’actifs montrait que même ceux-ci souhaitaient contrôler davantage les rémunérations des patrons du S&P 500. Ils étaient 59 % à estimer que ces derniers étaient « trop payés » et 56 % à vou-

Un enjeu en 2020

Malgré l’augmentation des écarts de salaires, la mobilisation dans la société américaine a en effet eu tendance à s’estomper au fur et à mesure que l’économie sortait de la crise. En 2009, 59 % des Américains souhaitaient que le gouvernement fédéral limite les salaires des patrons, selon un sondage de l’institut Gallup. Ils n’étaient plus que 47 % en 2018. Plus étonnant : c’est chez les démocrates que la mobilisation a le plus décliné, passant de 77 % à 58 % en dix ans, quand elle est restée plus stable chez les républicains (de 42 % d’opinions favorables à la régulation en 2008 à 40 % en 2018). Plusieurs candidats démocrates ont pourtant lancé des pistes, ces dernières semaines, pour limiter le phénomène. C’est ainsi qu’Eliza-

beth Warren souhaite s’attaquer aux rémunérations en actions, en limitant les rachats d’actions des entreprises, au plus haut l’an dernier, qui seraient à l’origine d’une grande partie de la flambée des rémunérations. La sénatrice a proposé que les dirigeants, par exemple, ne puissent pas vendre leurs titres dans les cinq ans après les avoir reçus.

Une taxe à Portland

Bernie Sanders veut, lui, conditionner les rachats d’actions dans une entreprise à la hausse du salaire minimum à 15 dollars de l’heure et au fait que le ratio entre le salaire du patron et le salaire médian des salariés soit inférieur à 150. En novembre dernier, il citait l’exemple de Walmart, où ce ratio est de 1.188. Aucune loi fédérale n’encadre pour l’instant les rémunérations, la loi Dodd-Frank ayant seulement engendré la publication par le gendarme boursier, la SEC, de ces ratios pour chaque entreprise cotée. Au

Autant d’éléments qui, selon les investisseurs, expliquent la dégringolade en Bourse du groupe américain depuis son arrivée à Wall Street. Après une première journée euphorique, le titre Lyft a perdu près de 17 % par rapport à son cours d’introduction. Mercredi, il a clôturé à 59,51 dollars (en hausse de 5,80 %), contre 72 dollars le 29 mars, au premier jour de cotation. Insatisfait de cette arrivée mouvementée à Wall Street, Lyft a récemment accusé Morgan Stanley, qui s’apprête à réaliser l’introduction en Bourse d’Uber, d’avoir sollicité ses investisseurs pour leur proposer de parier sur la chute de son action. Mais, en réalité, les investisseurs s’interrogent sur la capacité de la pépite de San Francisco à réaliser des bénéfices à terme. La société américaine a vu son chiffre d’affaires doubler l’an dernier, pour s’élever à 2,16 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros). Mais elle a creusé ses pertes : 911 millions de dollars l’an passé, contre 688 millions en 2017. n

–17 % DE BAISSE Depuis son arrivée au Nasdaq, le 29 mars, le cours s’est effondré de 17 %.

Le Royaume-Uni veut une réforme drastique de l’audit AUDIT L’Autorité de la concurrence du Royaume-Uni a recommandé jeudi aux pouvoirs publics de bouleverser les règles de l’audit, touché par plusieurs scandales, afin de réduire la domination des « Big Four » (Deloitte, KPMG, EY et PwC) sur le secteur. Elle préconise d’obliger les firmes du secteur à séparer leurs activités d’audit de celles de conseil prodigué aux entreprises. Elle suggère aussi d’imposer un système de contrôle des comptes à deux auditeurs (le joint-audit), ce qui ressemblerait à ce qui se pratique en France. Ce deuxième auditeur ne devrait pas être membre des Big Four. Dernière proposition, l’Autorité veut responsabiliser davantage les comités d’audit des grandes entreprises – chargés de choisir les cabinets qui vont auditer leur entreprise.

47 %

DES AMÉRICAINS EN 2018 souhaitent que le gouvernement fédéral limite les salaires des patrons (59 % en 2009). niveau local, plusieurs villes ont envisagé d’encadrer la rémunération des patrons, mais une seule ville l’a réellement fait. Il y a deux ans, Portland, dans l’Oregon, a instauré une surcharge fiscale de 10 % si, dans l’entreprise installée sur son sol, le PDG touche entre 100 et 250 fois plus que le salaire médian. Cette taxe atteint même 25 % si le ratio dépasse les 250. Walmart, Kroger, Nike, Comcast ou encore Wells Fargo seraient concernés. Mais cette taxe aurait eu un effet limité : l’an dernier, pour la première année de son application, elle aurait généré entre 2,5 et 3,5 millions de dollars de revenus pour la ville, selon les premières estimations. n

Victor J. Blue/Bloomberg

Nicolas Rauline @nrauline — Bureau de New York

loir davantage de contrôle lors des conseils d’administration. Une idée appréciée par le grand public, même si la régulation divise.

Arrivée mouvementée

en bref

La régulation des hauts salaires, un enjeu politique aux Etats-Unis L’idée d’encadrer les rémunérations des patrons a perdu en intensité ces dernières années. Mais l’émergence de candidats de l’aile gauche au sein du Parti démocrate replace l’idée au cœur des débats.

San Fransisco. Un problème de freinage semble être à l’origine de ce retrait.

Blackstone modifie sa structure pour attirer les investisseurs GESTION Blackstone changera de structure début juillet. Le groupe américain, premier gestionnaire d’actifs alternatifs mondial, va adopter le statut de société à responsabilité limitée, en lieu et place de celui de société en partenariat. Blackstone suit ainsi ses rivaux KKR et Ares Management, qui ont opté l’an dernier pour ce statut. Celui-ci permet notamment à des fonds indiciels d’acheter les actions des gestionnaires d’actifs cotés.


FINANCE & MARCHES // 31

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

Le recours aux contrats courts fait débat dans le secteur bancaire BANQUE Un CDI d’opération doit être expérimenté dans le secteur bancaire pour assouplir les modalités de recrutement. Sharon Wajsbrot @Sharonwaj En pleine transformation digitale, les banques sont en passe de se doter d’un nouvel outil p our embaucher : le contrat d’opération, ou CDI d’opération, mis au goût du jour par les ordonnances Macron. Si ce contrat est bien à durée indéterminé, il ne revêt pas toutes les caractéristiques d’un CDI classique car il ne peut être conclu que pour un projet spécifique et doit s’achever lorsque celui-ci est réalisé.

Trois ans d’expérimentation

Adopté dans la métallurgie ou encore par la Fédération du commerce, ce type de contrat vient d’être adoubé par la première organisation syndicale du secteur bancaire, le SNB CFE-CGC. Son feu vert – matérialisé dans un accord signé avec l’association française des banques (AFB) début avril – doit en théorie ouvrir la voie à une expérimentation

SNB CFE-CGC obtient les pleins pouvoirs chez BNP Paribas Les élections professionnelles achevées début avril ont consacré la domination du SNB CFE-CGC sur le dialogue social de BNP Paribas SA. Ni FO ni la CGT n’ont atteint la barre fatidique des 10 % des voix.

de trois ans dans les banques françaises. « On pense que les salariés ont plus de chance d’intégrer un établissement bancaire une fois qu’ils sont engagés dans un projet. Par ailleurs, ce type de contrats garantit des droits plus importants que dans le cadre d’un simple CDD », explique Régis Dos Santos, qui préside le SNB. Pour éviter de voir des salariés embauchés pour mener des restructurations dans les réseaux d’agences, le syndicat a tenu à exclure de cet accord les fonctions commerciales.

Signé exclusivement par le SNB CFE-CGC, l’accord de branche sur ce nouveau contrat de travail risque toutefois d’être dénoncé par les autres syndicats. Reste que cette position est loin de faire consensus. « On voit bien l’intérêt pour les banques qui peuvent faire baisser leurs coûts de prestations de conseil externe grâce au recours à ces contrats courts, mais on ne perçoit pas l’intérêt pour les salariés. Il n’y a pas de problèmes de recours intensif aux CDD dans le secteur bancaire, ce type de contrats risque donc surtout de précariser l’emploi dans les ban-

Edouard Lederer @EdouardLederer

ques », fait valoir Luc Mathieu, le secrétaire général CFDT banques et assurances. En période d’élections professionnelles et alors que les banques affrontent de profondes transformations dans leurs métiers de banque de détail mais aussi en banque d’investissement, le sujet est particulièrement sensible.

Craintes de précarisation des emplois

Du côté des banques, on met en avant l’intérêt de tels contrats pour mener des projets dont la durée n’est pas connue à l’avance dans l’informatique, pour s’adapter à la réglementation ou encore pour mener des chantiers liés au Brexit, par exemple. « Le CDI d’opération peut être de nature à répondre aux nouvelles approches et aspirations des nou-

velles générations, constituant ainsi un facteur d’attractivité pour la branche », met encore en avant l’AFB dans l’accord signé avec le SNB. Première organisation syndicale, avec 34 % de représentativité dans le secteur, le SNB peut signer seul des accords de branche. Mais la CFDT (27 % de représentativité) menace désormais de s’allier avec FO (13 %), la CGT (13 %) ou encore la CFTC (10 %) pour faire jouer leur droit d’opposition. Pour y parvenir, les syndicats devront jouer collectif et se décider vite : ils doivent se manifester d’ici quinze jours et afficher un taux de représentativité d’au moins 50 % pour faire tomber l’accord. Si l’initiative devait aboutir ce serait une première. Le sujet doit être débattu à la CGT et à la CFDT en début de semaine prochaine. n

Un syndicat devenu encore plus incontournable chez BNP Paribas SA (c’est-à-dire les activités centrales et les activités françaises du groupe). A la banque de la rue d’Antin, les élections professionnelles du mois dernier se sont soldées par une victoire éclatante du SNB (Syndicat national de la banque), syndicat affilié à la CFE-CGC, les organisations réputées moins réformistes comme FO ou la CGT ne parvenant même plus au seuil de représentativité (fixé à 10 % des voix). « C’est le navire amiral de la banque française », se réjouit Régis Dos Santos, président national du SNB CFE-CGC, pour qui cette victoire pourrait « obliger » à un dialogue social plus « franc » au sein de l’entreprise.

Victoire sans partage

Eclatante, la victoire est sans partage puisque – en moyenne sur l’ensemble des scrutins organisés dans la banque – le SNB obtient près de 51 % des voix. Seul autre syndicat représentatif, la CFDT a obtenu 26,5 % des suffrages. Une fois « recalculé », le rapport de force est encore plus impression-

ventes aux enchères publiques // 04

Vente aux Enchères Publiques sur Liquidation Judiciaire

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Avec faculté de baisse de 1/3 puis ¼ à défaut d’enchère (Consignation : 15.000 €)

S’adresser : - A Maître Stéphanie GRANCHON, avocat, 42 rue Victor Hugo (92) PUTEAUX, TEL. 01.47.33.63.09 dépositaire du CCV – Au greffe du juge de l’exécution du TGI de NANTERRE où le CCV est déposé - Sur les lieux pour visiter le mercredi 5 juin 2019 de 10h. à 11h Retrouvez toutes les informations sur le site www.vlimmo.fr (réf : 123745)

Si vous souhaitez paraître dans cette rubrique : agence@immolegal.fr - Tél : 01.42.96.96.72

aux enchères publiques à l’audience du JEX de PARIS - JEX Ventes 92 VenteImmobilièresParvis du Tribunal de PARIS - 75859 PARIS CEDEX 17 93 le JEUDI 23 MAI 2019 à 14h - EN UN LOT DE VENTE 93 et Impasse Barbier à CLICHY LA GARENNE (92) - 19 rue Klock I. UN IMMEUBLE A USAGE PROFESSIONNEL élevé sur un sous-sol, un rez-de-chaussée et 3 étages dont le dernier sous combles aménagés - Cad. sec. Z n° 246, lieudit “Impasse Barbier” pour 5a 34ca. D’une superficie totale de 1 373,32 m2. II. NEUF EMPLACEMENTS DE STATIONNEMENT, non boxés portant les nos 11, 12, 13, 18, 23, 49, 55, 63 au 2ème sous-sol & n°108 au 1er sous-sol. Cad. sec. Z n° 258, sis 5/7 rue Foucault pour 75 37a 64ca - Accessible depuis l’Impasse Barbier. 93

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Consignation pour enchérir : chèque de banque à l’ordre de Mr le Bâtonnier Séquestre représentant 10 % du montant de la mise à prix avec un minimum de 3 000 €. Outre les clauses et conditions énoncées au cahier des Conditions de vente. Rens : Me Eric ASSOULINE, Avocat, 176 Boulevard Haussmann 75008 PARIS, T. 01.42.89.31.39 - assouline.avocat@orange.fr. Le cahier des conditions de vente peut être consulté en original au Greffe du JEX du TGI de PARIS ou au Cabinet de l’avocat poursuivant. Renseignements sur sites Internet : www. avocats-ventes.com et www.licitor.com - www.ferrari.fr VISITE SUR PLACE LE : 15 MAI 2019 DE 10 H À 14 H

nant : ce mode de calcul consiste à se répartir entre les syndicats représentatifs les voix des organisations n’ayant pas atteint la barre des 10 %. Cela donne environ 65,7 % au SNB, et 34,3 % à la CFDT.

Signal important

Le SNB se trouve ainsi en mesure de signer à lui seul des accords, ce qui le placera fatalement sous la loupe des autres organisations du personnel. Simples élus, mais sans présence au sein des instances nationales, la CGT a obtenu un peu plus de 7,5 % des voix et FO 6,27 %. L’Unsa et la CFTC ferment le ban avec respectivement 5,67 % et 3,33 %. Contrairement aux autres organisations syndicales, le SNB assume « d’accompagner » la diminution des effectifs dans le secteur. A l’heure où les restructurations se multiplient dans les banques, ces résultats constituent donc un signal important. D’autres rapports de force pourraient évoluer. Les grandes banques françaises sont actuellement engagées dans une série de scrutins professionnels en raison de l’instauration de comités sociaux et économiques (CSE), issus de la fusion des instances représentatives du personnel (CE, CHSCT, DP). Outre BNP Paribas, Société Générale organise également un scrutin, dont le premier tour s’est achevé jeudi. Des élections sont également prévues ces prochaines semaines chez LCL. Les entreprises doivent avoir mis en place ces nouveaux CSE pour le 1er janvier prochain au plus tard. n

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VENTE aux enchères publiques, au palais de justice de BOBIGNY (93) le mardi 4 juin 2019 à 13h30 - EN UN SEUL LOT

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Mise à Prix : 18.000 € - Occupé (Consignation : 3.000 €)

S’adresser : - A Maître Alain CIEOL, avocat, 27-29 rue de Carency (93) BOBIGNY, Tél. 01.48.30.11.11, dépositaire d’une copie du cahier des CCV - Au greffe du juge de l’exécution du TGI de BOBIGNY où le CCV est déposé - Sur les lieux pour visiter, le : Lundi 27 mai 2019 à 14h45 Retrouvez toutes les informations sur le site www.vlimmo.fr (réf : 123733)

LES MEILLEURES OPPORTUNITÉS AUX ENCHÈRES Retrouvez le calendrier des prochaines ventes aux enchères et consultez gratuitement les résultats ainsi que notre newsletter sur le site VLimmo.fr


32 // FINANCE & MARCHES

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

La finance européenne se prend à croire à une nouvelle vague de concentration nombreux et devraient persister, mais « les facteurs de fusions se font, eux, de plus en plus manifestes, au premier rang desquels des niveaux de valorisations attractifs, des bilans assainis et un problème de taille critique », ajoute Joël Chapellier. De fait, estime un banquier, lorsque des banques se traitent en Bourse entre 0,5 fois et 0,6 fois seulement leurs actifs, la faiblesse du prix vient compenser le coût des obstacles réglementaires et des synergies même limitées.

BANQUES Les scenarios de fusions entre banques européennes remisés ces dernières années reviennent sur la table. Anne Drif @AnnDrif UniCredit-Commerzbank, INGCommerzbank, UniCredit-Société Générale, UBS-Santander… Les idées de combinaison fleurissent ces derniers mois dans la finance européenne. « Clairement, l’intérêt des managements de banques pour les scénarios de consolidation en Europe s’est renforcé », notent des banquiers d’affaires à Paris. Pour Joël Chapellier, responsable des fusions-acquisitions EMEA dans le secteur financier pour JP Morgan, les discussions en cours entre Commerzbank et Deutsche Bank ont remis à l’ordre du jour les

Faire face aux banques américaines

Autre puissant aiguillon, la concurrence de Wall Street sur le continent, que les dirigeants de banques européens n’ont pas forcément su anticiper. « Depuis un an, ils constatent tous à leurs dépens qu’ils ont perdu de larges parts de marché », raconte un banquier. Dans le même temps, les contraintes pesant sur le secteur restent fortes, liées notamment à l’environnement de taux : « Là où les banques américaines peuvent générer

En pleine discussion avec Deutsche Bank en vue d’une fusion, Commerzbank serait également courtisé par la banque néerlandaise ING. Photo Hamilton/RÉA velléités de création de nouveaux champions européens. « Les équipes dirigeantes savent qu’il y aura peu de transactions, et qu’une fois ces opérations réalisées, certains établissements de taille moyenne n’auront

plus l’opportunité d’atteindre une taille critique dans les métiers paneuropéens. » Yann Krykowski, coresponsable de la banque d’affaires de Barclays en France, abonde : « Que la fusion de Commerzbank avec Deuts-

che Bank se signe ou pas, ce sera un test de la réaction du pouvoir politique, des régulateurs, des clients et des marchés financiers ». Les freins à cette consolidation – techniques notamment – restent

une marge nettement positive sur leurs dépôts par rapport au taux sans risque à 2,5 %, les banques européennes sont à marges quasi nulles », note Nicolas Désombre, coresponsable des institutions financières en Emea de Citi. Au-delà de la seule banque de détail, toutes les activités de détail paraissent sous pression. En banque d’investissement, le marché en Europe accuse un net repli, les revenus ayant baissé d’environ 27 %, et même de 38 % sur un an sur les marchés actions depuis le début de l’année. En gestion d’actifs aussi, la pression est forte sur les marges, car « les actifs sous gestion stagnent et les marges facturées continuent de diminuer rapidement pour beaucoup d’acteurs », poursuit Nicolas Désombre, ce qui doit amener à des décisions stratégiques. Restera à voir si ces arguments lèveront le frein politique. « Cela n’a rien d’insoluble, estime un financier, tant que les synergies et l’équilibre de la gouvernance ne sont pas concentrés dans un seul pays ». n

carnet fr PORTRAIT

ENTREPRISES

par Laurance N’Kaoua @LauranceNKaoua

UBS

Jean-Alexandre Andrieu

C’est un petit café parisien, avec ses tables en Formica, ses ardoises barbouillées à la craie, un coin tabac et un comptoir en zinc. C’est là que Jeanne Pollès, désormais présidente de Philip Morris France, a fait ses premiers pas professionnels. C’était il y a trente ans. Et pour le cigarettier, déjà. Son premier rôle ? Arpenter les tabacs des 9e et 2e arrondissements de Paris pour représenter les marques Marlboro, Chesterfield et Virginia Slims. Un paquet de cigarettes coûte alors 5 francs, soit moins d’un euro, contre près de 9 euros aujourd’hui. « A l’époque, j’étais très timide », lâche dans un grand sourire cette femme fonceuse, chaleureuse, qui désormais, n’hésite pas à monter au créneau : « Le gouvernement utilise l’arme du prix dans un pays qui compte 12 millions de fumeurs réguliers. C’est regarder les choses par le petit bout de la lorgnette ! » A 54 ans, Jeanne Pollès n’a rien perdu de sa fougue et reste terriblement attachée à son entreprise. « On nous accuse de tous les trafics ! Or, nous avons une approche responsable, déclare-t-elle. Le tabac est un produit dangereux. Mais on ne force pas les gens à fumer et c’est un produit légal. » Et d’ajouter, avec foi, que Philip Morris est en route vers un monde sans fumée. Et œuvre à proposer des alternatives aux cigarettes. Au prix de 6 milliards de dollars d’investissement, la firme a développé, entre autres, un appareil baptisé IQOS, qui chauffe des sticks de tabac au lieu de les brûler, détaille-t-elle. Chez Philip Morris, elle est pourtant entrée par hasard. Cette Parisienne, dont les parents auvergnats tenaient une brasserie boulevard du Temple, voulait plutôt devenir psychologue. Mais faute de place à l’université Paris Descartes, elle se lance dans un BTS d’action commerciale. Une révélation. « Pour la première fois de ma vie, j’ai adoré aller à l’école », avoue la dirigeante, qui a étoffé son cursus avec un troisième cycle en marketing de l’Esig et un stage chez Morgan Bryant Marketing, à Londres. En 1988, Jeanne Pollès a 23 ans. Lors d’un week-end à Paris, elle escorte une copine dans un Salon de recrutement. Et tandis que l’amie laisse sa bio sur le stand de

Arnaud Février

est le nouveau directeur adjoint de la gestion privée d’UBS France.

Jeanne Pollès fait un tabac chez Philip Morris France

Les Echos est une publication du PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH) PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL Pierre Louette DIRECTRICE GÉNÉRALE PÔLE LES ECHOS Bérénice Lajouanie DIRECTEUR DÉLÉGUÉ Bernard Villeneuve DIRECTEUR DE LA PUBLICATION & PRÉSIDENT DE LA SAS LES ECHOS Pierre Louette Edité par Les Echos, SAS au capital de 794.240 euros RCS 582 071 437 10, boulevard de Grenelle, CS10817, 75738 Paris Cedex 15 Tél. : 01 87 39 70 00. www.lessechos.fr

de la Fédération des sociétés immobilières et foncières.

Philip Morris, Jeanne Pollès entame, entre deux Marlboro rouges, une discussion avec le recruteur qui l’invite à envoyer son CV. « Je ne l’avais pas sur moi, raconte-telle. Mais je me suis dit que travailler chez Philip Morris un ou deux ans serait une belle carte de visite pour ma carrière. » Jeanne Pollès rejoint le groupe dès 1989. Chez ce fabricant de tabac, qui emploie 80.000 salariés dans le monde, elle gravira tous les échelons, occupant des fauteuils souvent attribués à des hommes. D’emblée, elle est la seule femme sur une quarantaine de commerciaux parisiens. Elle sera la seule, aussi, sur le terrain lors des matchs de football de son équipe, et la première à occuper nombre de responsabilités : administration des ventes, gestion d’une région, direction des ventes ou du marketing, présidence du groupe en France…

« Je ne sais pas faire les trucs à moitié »

Sur le tas, elle apprend l’autonomie, l’écoute, l’empathie, l’action… jusqu’à devenir, en 2013, senior vice-présidente corporate affairs monde à Lausanne, avant d’embarquer trois ans plus tard pour New York, où elle devient responsable du Canada et de l’Amérique latine. Toutefois, son mari et son fils ne se plaisant pas à Manhattan, cette femme de caractère n’hésite pas à lâcher son statut au Comex pour redevenir numéro un en France. « Je ne sais pas faire les trucs à moitié », glisse-t-elle. « Elle est généreuse et dotée d’une impressionnante capacité à tout dédramatiser », affirme son époux, Gildas Blochet. Fan du « Bureau des légendes » et de polars, cette golfeuse parfois émotive dit avoir arrêté de fumer en 2009, « par hasard », en Ecosse où le froid glacial l’a dissuadée de sortir allumer ses cigarettes. « Elle est charismatique, authentique », confie François Dutreil, président de l’Association des fournisseurs de cigares en France. Pas le genre à diriger Philip Morris en se cachant derrière un écran de fumée. n

ÉDITRICE Capucine Marraud des Grottes ÉDITRICE ADJOINTE Clémence Callies DIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS Henri Gibier DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Nicolas Barré DIRECTEURS DÉLÉGUÉS DE LA RÉDACTION Dominique Seux et François Vidal RÉDACTEURS EN CHEF David Barroux (Entreprises) Laura Berny (Enquêtes)

Daniel Fortin (Magazine, Opinions, Innovation) Arnaud Le Gal (Les Echos Entrepreneurs et opérations spéciales) Etienne Lefebvre (France et International) Clémence Lemaistre (Information digitale) Guillaume Maujean (Finance-Marchés) Pascal Pogam (Information et transformation digitale) RÉDACTEUR EN CHEF TECHNIQUE Didier Boileau

Jean-Alexandre Andrieu, 55 ans, est titulaire d’une licence en droit de l’université de Paris-I et du certificat private banking de l’Insead. Il a passé la majorité de sa carrière chez Neuflize-OBC, occupant des postes divers dont celui de directeur de groupe, chargé de collaborateurs sur les métiers de banque privée, de membre du comité de direction et du comité de crédit. C’est en 2016 qu’il a rejoint UBS France en tant qu’executive director, chargé d’un groupe de banquiers privés.

Mar yse Aulagnon, 69 ans, ancienne élève de l’ENA, diplômée de l’IEP de Paris, est titulaire d’un DESS en sciences économiques. Depuis janvier, elle anime la société Finestate qu’elle a créée. Elle est également administratrice d’Air France-KLM et de Veolia Environnement, membre du conseil d e s u r ve i l l a n c e d e B P C E e t administratrice de la FSIF depuis 2002. Auparavant, elle devint notamment la directrice générale d’Euris en 1987, avant de fonder, en 1990, le groupe Affine qu’elle a présidé jusqu’en 2018. Par ailleurs, elle était à la tête du Club de l’immobilier de 2010 à 2012.

CUSHMAN & WAKEFIELD

Marie Avon

est promue directrice juridique Europe du Sud. Marie Avon, 49 ans, titulaire d’un double DEA-DESS en droit de l’université de Paris-II, est diplômée de l’ESCP Europe. Elle a passé dix ans au sein de la direction juridique de Thales Transportation Systems puis de Thales Rail Signalling Solutions. Elle a ensuite assumé la fonction de directrice juridique du groupe RATP Dev en 2009, puis du groupe Linxens en 2011. C’est en 2016 qu’elle avait rejoint Cushman & Wakefield France en qualité de directrice juridique.

FÉDÉRATION PROFESSIONNELLE FSIF

Maryse Aulagnon est élue présidente

DIRECTEUR DE CRÉATION Fabien Laborde DIRECTRICE ARTISTIQUE ADJOINTE Marion Moulin EDITORIALISTES Cécile Cornudet, Jacques Hubert-Rodier, Eric Le Boucher,Jean-Francis Pécresse, Jean-Marc Vittori, Sabine Delanglade, Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible) LES ECHOS EXECUTIVES RÉDACTRICE EN CHEF Muriel Jasor

RÉSEAU ISC

Guillemette Rolland

Ils sont nés un 19 avril

Laurent Amélineau, •directeur général d’Arthur Hunt Executive Search, 60 ans.

Maryse Aulagnon, •présidente de la FSIF, 70 ans. Lucien Bianco, •sinologue, 89 ans. Bruno Block, secrétaire •général de Massena, 54 ans. Jacques Bonifay, •président d’Alternative Télécom et présidentcofondateur de Transatel, 56 ans.

Natalie Dessay, •artiste lyrique, 54 ans. Gad Elmaleh, •humoriste et acteur, 48 ans. Véronique Gens, •artiste lyrique, 53 ans. William Klein, •photographe, peintre et réalisateur, 91 ans.

devient responsable de la communication d’ISC France, filiale de l’organisation londonienne et réseau d’influence destinés aux femmes cadres supérieures et dirigeantes travaillant pour le secteur de l’assurance. Guillemette Rolland, 51 ans, est diplômée en philosophie, en histoire et de la Parsons School of Design (Etats-Unis). Elle demeure directrice de la communication externe et institutionnelle du groupe Covéa. Elle fut auparavant responsable de la presse et des communications p our Rose lyne Bachel ot au ministère de la Santé dès 2008, puis de François Fillon à Matignon à compter de 2009. Trois ans plus tard, elle était devenue directrice de la communication

LES ECHOS WEEK-END DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Henri Gibier RÉDACTEURS EN CHEF Gilles Denis, Karl de Meyer et Lucie Robequain DIRECTRICE ARTISTIQUE Cécile Texeraud SÉRIE LIMITÉE RÉDACTRICE EN CHEF Frédérique Dedet DIRECTRICE ARTISTIQUE Clarice Fensterseifer

+

Pierre Lemaitre, •écrivain, prix Goncourt, 68 ans. Denis Machuel, •CEO de Sodexo, 55 ans. Paloma Picasso, •créatrice de mode, 70 ans. Maria Sharapova, •joueuse de tennis, 32 ans. Jean Ziegler, •homme politique, universitaire et écrivain, 85 ans. pour l’UEFA Euro 2016, puis conseillère de la présidence pour la candidature aux JO de Paris 2016 et enfin responsable de la communication de Covéa en 2017.

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DIRECTEUR DE LA DIFFUSION ET DU MARKETING CLIENTS Etienne Porteaux DIRECTEUR STRATÉGIE ET COMMUNICATION Fabrice Février PUBLICITÉ Les Echos Le Parisien Médias Tél. : 01 87 39 78 00. PRÉSIDENTE Corinne Mrejen DIRECTEUR GÉNÉRAL Philippe Pignol DIRECTRICE PUBLICITÉ FINANCIÈRE Céline Vandromme DIRECTRICE PUBLICITÉ COMMERCIALE Emmanuelle Denis DIRECTRICE PUBLICITÉ LIFESTYLE Anne-Valérie Oesterlé

SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex Tél. : 01 70 37 61 36. Fax: 01 55 56 70 38 du lundi au vendredi de 9h à 18h IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi Libre (Montpellier). TIRAGE DU 18 AVRIL 2019 : 87.745 exemplaires Origine du papier : Belgique. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : Ptot 0.013kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)


FINANCE & MARCHES // 33

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

euronext

SÉANCE DU 18 - 04 - 2019 CAC 40 : 5580,38 (0,31 %) NEXT 20 : 11916,97 (0,26 %) CAC LARGE 60 : 6173,05 (0,31 %) CAC ALL-TRADABLE : 4330 (0,29 %) DATE DE PROROGATION : 25 AVRIL

CAC 40

SRD Suite

VALEURS MNÉMO / INFO / OST ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV ACCOR (AC) R A FR0000120404 AIR LIQUIDE (AI) R

11/05/18 1,05 A

FR0000120073 28/05/18 2,65 AIRBUS GROUP (AIR) R A NL0000235190 15/04/19 1,4 ARCELORMITTAL (MT) A LU1598757687 ATOS SE (ATO) R FR0000051732 AXA (CS) R

17/05/18 0,09 A 31/05/18 1,7 A

FR0000120628 03/05/18 1,26 BNP PARIBAS (BNP) R A FR0000131104 BOUYGUES (EN) R

30/05/18 3,02 A

FR0000120503 02/05/18 1,7 CAP-GEMINI (CAP) R A FR0000125338 CARREFOUR (CA) R

04/06/18 1,7 A

FR0000120172 21/06/18 0,46 CREDIT AGRICOLE (ACA) R A FR0000045072 DANONE (BN) R

22/05/18 0,63 A

FR0000120644 04/05/18 1,9 DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A FR0000130650 ENGIE (ENGI) R

A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates. Mise en ligne intégrale des informations réglementées sur www.lesechos-comfi.fr

29/05/18 0,58 A

FR0010208488 10/10/18 0,37 ESSILORLUXOTTICA (EI) R A FR0000121667 26/04/18 1,53 HERMES INTL (RMS) R A FR0000052292 KERING (KER) R

20/02/19 1,5 A

FR0000121485 L.V.M.H. (MC) R

15/01/19 3,5 A

FR0000121014 LEGRAND (LR) R

04/12/18 2 A

FR0010307819 L'ORÉAL (OR) R

01/06/18 1,26 A

FR0000120321

25/04/18 3,55

OUV VOL. NB TITRES 37,62 904481 282.630.420 117,5 1224838 429.496.163 119 2066169 776.367.881 21,05 7965873 1.021.903.623 93,5 492478 107.149.737 23,63 8274363 2.424.916.626 48,54 6633598 1.249.798.561 34,96 856172 371.508.107 111,65 463944 167.293.730 16,715 1931661 789.252.839 12,28 8299743 2.866.437.156 69,22 2701020 685.055.200 134,3 239919 261.541.129 13,275 6097236 2.435.285.011 107 1407658 436.036.442 604,6 72754 105.569.412 507 662374 126.279.322 349 982534 505.027.339 63,42 709962 267.471.813 243,8 897095 560.341.550

CLOT + HAUT + BAS 37,73 37,85 37,32 118,3 118,75 117,35 120,24 120,64 118,18 21,04 21,425 20,56 94,42 94,6 92,98 23,735 23,89 23,525 48,985 49,085 47,855 35 35,17 34,71 111,35 112,05 110,85 16,715 16,905 16,715 12,47 12,48 12,12 70,4 71,1 69,2 135,45 135,45 133,55 13,335 13,38 13,175 108,15 108,15 106,4 610 610 601,4 510,4 524 496,65 352,3 354,35 346,55 64,46 64,62 63,3 243,2 245,8 239,3

% VEIL % MOIS % 52 S. - 0,05 - 0,71 - 15,37 + 0,98 + 5,16 + 14,85 + 1,01 + 1,9 + 27,1 - 1,15 + 7,62 - 25,38 + 1,31 + 8,85 - 15,17 + 0,15 + 4,1 + 1,61 + 1,13 + 8,61 - 21,3 + 0,03 + 6,77 - 17,82 - 0,14 + 3,73 + 6,25 - 0,3 - 1,5 + 3,05 + 1,26 +10,1 - 7,29 + 1,15 + 1,84 + 4,95 + 0,97 + 4,23 + 22,19 + 0,26 - 1,22 - 4,75 + 0,98 + 2,8 - 4,67 + 0,53 + 4,81 + 16,9 - 5,04 + 2,9 + 26,34 + 0,41 +11,08 + 24,58 + 1,51 + 7,54 + 0,91 + 0,21 + 3,4 + 26,96

% AN BPA + HAUT AN PER + BAS AN RDT + 1,67 40,14 35,24 2,78 + 9,08 118,75 102,05 2,24 + 43,21 3,4 121,22 35,42 77,5 1,37 + 15,99 21,775 17,056 + 32,09 94,6 67,5 1,8 + 25,86 23,89 18,428 5,31 + 24,09 49,085 38,135 6,17 + 11,68 35,17 29,02 4,86 + 28,28 112,85 79,8 1,53 + 12,11 18,175 14,485 2,75 + 32,24 12,49 9,095 5,05 + 14,45 71,1 60,2 2,7 + 30,62 135,85 96,02 0,43 + 6,47 1,21 14,215 11,06 12,17 2,78 - 2,08 112,85 95,5 1,42 + 25,83 610 462,4 0,25 + 24 539,8 380,7 0,69 + 36,44 354,35 243,65 0,57 + 30,75 64,62 47,91 1,96 + 20,87 245,8 194,55 1,46

VALEURS MNÉMO / INFO / OST ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV MICHELIN (ML) R A FR0000121261 ORANGE (ORA) R

22/05/18 3,55 A

FR0000133308 04/12/18 0,3 PERNOD-RICARD (RI) R A FR0000120693 PEUGEOT (UG) R

28/11/18 1,35 A

FR0000121501 02/05/18 0,53 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A FR0000130577 RENAULT (RNO) R FR0000131906 SAFRAN (SAF) R

06/06/18 2 A 21/06/18 3,55 A

FR0000073272 29/05/18 1,6 SAINT-GOBAIN (SGO) R A FR0000125007 SANOFI (SAN) R

11/06/18 1,3 A

FR0000120578 11/05/18 3,03 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A FR0000121972 02/05/18 2,2 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A FR0000130809 SODEXO (SW) R

30/05/18 2,2 A

FR0000121220 30/01/19 2,75 STMICROELETRONICS (STM) R A NL0000226223 18/03/19 0,05 TECHNIPFMC (FTI) R A GB00BDSFG982 TOTAL (FP) R

18/03/19 0,13 A

FR0000120271 19/03/19 0,64 UNIBAIL-R/WFD (URW) A FR0013326246 27/03/19 5,4 VALEO (FR) A DIV 3 06/06/16 FR0013176526 04/06/18 1,25 VEOLIA ENV. (VIE) R A FR0000124141 VINCI (DG) R

14/05/18 0,84 A

FR0000125486 VIVENDI (VIV) R

06/11/18 0,75 A

FR0000127771

16/04/19 0,5

OUV VOL. NB TITRES 116,5 759512 179.863.382 14,58 7231822 2.660.056.599 155 723183 265.421.592 24,6 2829011 904.828.213 50,78 1032482 235.249.801 62,97 1064292 295.722.284 123,2 1290289 435.767.951 36,72 2053422 546.585.333 72,5 4515930 1.248.048.577 76 3618374 579.138.192 28,6 5325983 807.917.739 102,45 293247 147.454.887 16,485 3853316 911.174.420 21,79 1390708 448.138.408 50,06 8748985 2.656.678.943 155,3 607297 138.296.941 31,41 2350049 240.253.100 21,2 2457718 565.593.341 89,8 1931601 598.336.216 25,79 3817260 1.309.308.104

SRD VALEURS MNÉMO / INFO / OST ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV

AB SCIENCE (AB) g

% VEIL % MOIS % 52 S. - 0,47 +12,02 + 0,26 + 0,38 + 2,49 + 0,65 - 1,06 - 2,03 + 10,98 + 1,14 +11,45 + 20,59 + 1,54 + 2,22 - 8,12 + 0,92 + 5,96 - 32,37 + 0,69 + 3,25 + 37,59 - 0,12 +11,91 - 15,34 - 0,26 - 8,02 + 10,73 + 2,72 + 9,47 + 5,68 + 0,05 + 3,74 - 35,48 + 0,49 + 2,75 + 28,76 + 0,73 +16,53 - 9,93 - 0,5 + 5,43 - 19,89 + 0,42 - 3,77 + 1,21 - 0,29 + 3,17

+ 2,43 +19,28 - 40,49 - 0,94 + 4,62 + 8,76 - 0,36 +3 + 7,25 + 0,82 - 0,19 + 23,88

% AN BPA + HAUT AN PER + BAS AN RDT + 35,47 118,6 83,74 3,02 + 3,32 14,91 13,15 2,05 + 7,96 161,55 136 0,87 + 33,17 25,02 17,87 2,14 + 3 55,76 45,12 3,88 + 17,09 64,2 51,98 5,56 + 17,41 125,55 101,1 1,29 + 26,42 37,2 28,275 3,53 - 3,69 80,28 72,08 4,16 + 28,94 78,66 57,58 2,86 + 4,3 30,385 23,555 7,58 + 14,92 108,65 86,78 2,67 + 33 0,23 16,705 73,07 10,635 0,32 + 23,23 22,81 16,6 + 8,92 52,27 44,775 1,27 + 14,22 158,16 130,18 + 27,09 32,43 23,5 3,86 + 17,24 21,31 17,5 3,99 + 24,08 90 70,2 0,84 + 21,66 26,69 20,8 1,93

VALEURS FRANÇAISES OUV VOL. NB TITRES

B5 128079 40.789.901 B 6,62 40437 FR0004040608 27/11/18 0,2 58.512.053 ABIVAX (ABVX) g B 10,22 8334 FR0012333284 10.024.182 ACANTHE DEV. (ACAN) C 0,536 30000 FR0000064602 08/02/18 0,3 147.125.260 ACTIA GROUP (ATI) g C 4,315 33388 FR0000076655 13/06/18 0,12 20.099.941 ADOCIA (ADOC) g B 14,98 21689 FR0011184241 6.916.753 AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 178 37041 FR0010340141 06/12/18 0,7 98.960.602 AIR FRANCE-KLM (AF) G A 11,125 2140711 FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 AKKA TECHNOLOGIES (AKA) g B 64,2 22030 FR0004180537 29/06/18 0,49 20.291.990 AKWEL (AKW) g B 18,56 11244 FR0000053027 06/06/18 0,3 26.741.040 ALD (ALD) A 13,22 122457 FR0013258662 30/05/18 0,55 404.103.640 ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 25,95 9169 FR0000053324 12/03/19 0,65 24.457.051 ALSTOM (ALO) LR A 40,33 312206 FR0010220475 20/07/18 0,35 223.572.313 ALTAREA (ALTA) g A 188 1499 FR0000033219 22/05/18 12,5 16.061.329 ALTEN (ATE) G A 96,4 61159 FR0000071946 25/06/18 1 33.830.458 ALTRAN TECHNOLOGIES (ALT) G A 11,1 856222 FR0000034639 11/05/18 0,24 257.021.105 AMPLITUDE SURG. (AMPLI) g 2,7 7448 FR0012789667 47.804.841 AMUNDI (AMUN) G A 63,1 EX-DS 15/03/17 182993 FR0004125920 22/05/18 2,5 201.704.354 APRIL GROUP (APR) g B 21,3 21808 FR0004037125 10/05/18 0,27 40.904.135 ARCHOS (JXR) g C 0,303 527680 FR0000182479 61.946.915 ARKEMA (AKE) L A 94,68 166472 FR0010313833 25/05/18 2,3 76.532.456 ARTPRICE.COM (PRC) g C 13,48 10775 FR0000074783 6.651.515 ASSYSTEM (ASY) g B 35,15 OPA 24/11/17 1566 FR0000074148 19/06/18 1 15.668.216 ATARI (ATA) C 0,358 3906640 FR0010478248 255.105.360 AUBAY (AUB) g C 33,65 8442 FR0000063737 08/11/18 0,27 13.193.296 AUREA (AURE) C6 5589 FR0000039232 27/06/18 0,15 12.017.008 AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,12 374503 FR0000066052 21/10/11 0,05 112.001.888 AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 13,35 7229 FR0011040500 02/07/18 0,2 21.210.546 BAINS MONACO (BAIN) B 46,2 1036 MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 BÉNÉTEAU (BEN) A 11,92 104649 FR0000035164 13/02/19 0,26 82.789.840 BIC (BB) G A 80,9 103775 FR0000120966 28/05/18 3,45 46.010.907 BIGBEN INT. (BIG) g C 9,22 36198 FR0000074072 30/07/18 0,1 19.500.119 BIOMÉRIEUX (BIM) A 72,5 158477 FR0013280286 05/06/18 0,34 118.361.220 BOIRON (BOI) g A 51,2 7895 FR0000061129 31/05/18 1,6 17.565.560 BOLLORÉ (BOL) G A 4,228 1490482 FR0000039299 07/09/18 0,02 2.927.197.152 BONDUELLE (BON) g B 28,15 13162 FR0000063935 14/12/18 0,5 32.538.340 BUREAU VERITAS (BVI) L A 21,9 495296 FR0006174348 18/05/18 0,56 441.995.788 BURELLE SA (BUR) A 968 144 FR0000061137 05/06/18 16 1.853.315 CARMILA (CARM) C 18,68 11064 FR0010828137 23/05/18 0,75 136.561.695 CASINO (CO) LR A 38,14 338058 FR0000125585 03/12/18 1,56 109.729.416 CATANA GROUP (CATG) g C 2,71 69255 FR0010193052 30.514.178 CGG (CGG) G A 1,67 4386479 FR0013181864 709.947.966 FR0010557264 ABC ARBITRAGE (ABCA) g

CLOT + HAUT + BAS 117,45 118 115,25 14,625 14,66 14,515 154,7 157,1 153,8 24,83 25,02 24,44 51,58 51,86 50,28 63,87 64,2 62,1 123,75 124,4 122,5 36,87 37,2 36,35 72,87 73,83 72,5 77 78,66 75,84 29,015 29,07 28,235 102,85 103,4 102,35 16,605 16,705 16,225 21,75 22,03 21,31 50,3 50,5 49,78 154,65 155,95 153,75 32,42 32,43 30,95 21,05 21,31 20,96 89,36 90 89,02 25,89 25,94 25,62

CLOT % VEIL % AN BPA + HAUT % MOIS + HAUT AN PER + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

4,58 5,05 4,58 6,64 6,68 6,6 10,14 10,22 9,94 0,534 0,548 0,534 4,19 4,325 4,055 15,6 15,6 14,78 179,3 179,4 177,2 11,12 11,21 10,945 64,2 65 63,5 18,08 18,58 18,08 13,6 13,66 13,1 25,8 26 25,7 40,64 40,74 40,27 190 190 188 96,05 96,6 95,7 11,235 11,345 10,975 2,7 2,7 2,67 62,7 63,25 61,9 21,5 21,5 21,3 0,288 0,304 0,286 94,9 95,36 94 13,22 13,48 13,18 34,95 35,2 34,95 0,382 0,384 0,353 32,1 33,7 32,05 6 6,06 5,9 0,116 0,12 0,116 12,75 13,55 12,45 45,6 46,8 45,6 11,69 11,92 11,41 81,65 82,35 80,65 9,37 9,5 9,22 72,4 72,75 71,55 50,1 51,5 49,5 4,32 4,328 4,216 28,2 28,3 27,85 22,01 22,09 21,81 962 970 952 18,42 18,68 18,42 38,05 38,71 38,02 2,645 2,71 2,6 1,67 1,679 1,621

- 6,63 +18,71 - 43,39 - 0,6 + 8,14 - 3,63 + 1,4 +12,92 + 35,38 - 2,56 + 0,75 - 20,06 - 2,9 + 4,1 - 48,01 + 4 + 2,36

+ 32,06 5,33 3,378 + 9,21 6,71 5,98 - 14,36 12,8 8,35 + 7,66 0,584 0,49 + 23,96 4,405 2,99 - 5,68 17,08 13,12 + 0,79 + 8,34 + 1,82 182,7 - 0,17 159,1 - 0,36 + 17,3 + 4,02 12,73 + 29,3 8,68 - 0,31 + 45,25 + 5,25 65 + 21,36 42,1 - 1,74 + 12,3 +19,26 18,78 - 36,11 13,5 + 3,5 + 30,77 + 6,42 13,66 - 2,51 10,1 - 0,39 + 4,45 + 9,09 26,3 - 14 22,55 + 0,17 + 15,23 + 3,52 41,08 + 8,55 33,4 + 1,06 + 14,6 + 2,37 191,2 - 10,38 163,4 - 0,36 + 32,12 + 1,64 99,3 + 21,97 70,25 + 0,67 + 60,39 +12,58 11,345 - 12,23 6,51 + 0,37 - 1,82 - 7,85 3,39 - 31,47 2,62 - 0,4 + 35,83 + 6,67 64,05 - 5,26 44,59 + 0,94 + 7,77 + 1,9 21,5 + 43,81 19,95 - 3,19 - 21,1 - 2,37 0,397 - 72,57 0,255 - 0,23 + 26,6 + 5,51 95,62 - 13,69 72,88 - 2,07 - 7,94 - 2,79 15,94 - 11,04 12,96 - 0,71 + 29,21 +12,74 35,4 + 24,38 25,75 + 6,64 + 12,19 +12,02 0,386 - 41,14 0,31 - 3,89 + 14,03 + 8,81 33,9 - 23,75 25,8 + 1,7 + 9,09 + 4,53 6,4 - 32,58 5,18 - 1,53 - 24,55 - 6,29 0,188 - 70,21 0,114 - 4,49 + 2,66 + 7,14 14,55 - 36,57 11 - 0,87 + 3,64 - 1,3 50 - 14,29 43,3 - 0,68 + 1,83 + 8,85 13,48 - 39,05 9,56 + 0,55 - 8,41 + 1,11 92,45 + 1,11 76 + 1,63 + 16,98 + 7,09 10,3 - 26,91 7,8 - 0,55 + 25,91 - 0,96 78,65 + 4,32 53,1 - 2,72 + 2,35 - 4,39 57,1 - 30,99 47,5 + 2,18 + 23,43 +10,88 4,328 - 2,88 3,412 + 0,36 - 0,7 32 - 23,37 25,2 + 0,23 + 23,69 + 1,8 22,1 + 4,31 16,99 - 0,62 + 20,85 + 5,25 1025 - 29,26 730 - 1,07 + 13,99 + 2,91 18,68 - 25,12 15,76 - 2,11 + 4,71 - 2,54 47,58 - 10,17 34,01 - 2,4 + 15 +12,55 2,965 - 14,54 2,115 - 0,24 + 44,46 - 3,41 1,887 - 8,39 1,081

3,01

2,86

0,39

1,09 1,66 4,04 1,94 0,86

1,04 2,14

3,99 1,26

2,42

2,86

0,84 2,5

1,57

2,22 4,23 1,07 0,47 3,19 0,46 1,77 2,54 1,66

4,1

VALEURS MNÉMO / INFO / OST ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV

OUV VOL. NB TITRES

CHARGEURS (CRI) g C 19,46 32006 FR0000130692 12/09/18 0,3 23.551.755 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 441 EX D OP 08/06/17 19525 FR0000130403 04/12/18 2 180.507.516 CIE DU CAMBODGE (CBDG) A 7000 3 FR0000079659 07/06/18 180 559.735 CLARANOVA (CLA) g C 0,872 1661760 FR0004026714 394.428.788 CNP ASSURANCES (CNP) GR A 21,36 205089 FR0000120222 03/05/18 0,84 686.618.477 COFACE (COFA) g A 8,75 123598 FR0010667147 24/05/18 0,34 153.899.261 COLAS (RE) A 143,6 1002 FR0000121634 30/04/18 8,2 32.654.499 A 94,85 COVIVIO (COV) G 75035 FR0000064578 15/05/18 4,5 83.240.942 COVIVIO HOTELS (COVH) A 26 906 FR0000060303 10/04/19 1,55 121.036.633 DASSAULT AV. (AM) G A 1301 3551 FR0000121725 01/06/18 15,3 8.348.703 DASSAULT SYSTÈMES (DSY) R A 134,3 239919 FR0000130650 29/05/18 0,58 261.541.129 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 15,8 109187 FR0010417345 36.157.777 DERICHEBOURG (DBG) g B 4,08 538690 FR0000053381 12/02/19 0,14 163.878.780 DEVOTEAM (DVT) g C 103 16812 FR0000073793 14/06/18 0,9 8.332.407 DNXCORP (DNX) g C 5,1 1253 FR0010436584 10/07/18 0,6 2.834.575 EDENRED (EDEN) G A 41,15 469425 FR0010908533 14/05/18 0,85 239.266.350 EDF (EDF) LR A 12,79 EX-DS 7/03/17 2802462 FR0010242511 06/12/18 0,15 3.010.267.676 EIFFAGE (FGR) LR A 88,64 200127 FR0000130452 22/05/18 2 98.000.000 4,685 EKINOPS (EKI) g 72610 FR0011466069 21.529.161 ELIOR (ELIOR) G A 12,36 279616 FR0011950732 27/03/19 0,34 172.289.164 ELIS (ELIS) G A 15,85 360594 FR0012435121 29/05/18 0,37 220.227.365 EOS IMAGING (EOSI) C 1,79 429135 FR0011191766 26.237.907 ERAMET (ERA) Gg A 69,88 101920 FR0000131757 29/05/18 2,3 26.635.884 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 7,5 25194 FR0011471135 17.940.035 ESI GROUP (ESI) g C 31,8 6975 FR0004110310 6.017.892 EURAZEO (RF) G A 66,5 117698 FR0000121121 30/04/18 1,25 76.518.341 EURO RESSOURCES (EUR) C 2,92 8377 FR0000054678 12/06/18 0,15 62.491.281 EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) G A 370 35636 FR0000038259 28/06/18 2,04 17.649.834 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) G A 7,25 811965 FR0012789949 29/05/18 0,15 161.030.883 EUTELSAT COM. (ETL) LG A 16,235 585148 FR0010221234 20/11/18 1,27 232.774.635 B 70,4 EXEL INDUSTRIES (EXE) g 480 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 FAURECIA (EO) G A 48 518837 FR0000121147 01/06/18 1,1 138.035.801 FFP (FFP) g A 106 7711 FR0000064784 22/05/18 2 24.922.589 FIGEAC AERO (FGA) g B 12,1 20486 FR0011665280 31.839.473 FIN. ODET (ODET) A 900 310 FR0000062234 07/06/18 1 6.585.990 FNAC DARTY (FNAC) A 73,3 87368 FR0011476928 26.567.245 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 65 272 FR0000033409 30/04/18 2,3 46.528.974 FROMAGERIES BEL (FBEL) A 310 15 FR0000121857 18/05/18 7 6.872.335 FUTUREN (FTRN) g B 1,13 N/P REGR. 2559 FR0011284991 277.776.587 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,123 220756 FR0000079634 01/10/01 0,1 168.480.052 GECINA (GFC) G A 131,8 76077 FR0010040865 04/03/19 2,75 76.265.492 A 51,15 GEMALTO (GTO) L 59451 NL0000400653 22/05/17 0,43 93.353.912

CLOT % VEIL % AN BPA + HAUT % MOIS + HAUT AN PER + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

19,38 19,48 19 442 445,6 437,8 7000 7000 7000 0,864 0,875 0,859 21,34 21,48 21,16 8,775 8,8 8,685 144 145 142,6 94,7 95 94,4 26 26,4 26 1297 1305 1290 135,45 135,45 133,55 15,58 15,83 15,41 4,106 4,15 4,002 103,8 107 103 5 5,1 5 42,18 42,8 40,79 12,83 12,895 12,6 87,98 88,9 87,46 4,725 4,845 4,675 12,29 12,42 12,19 15,69 15,85 15,6 1,57 1,796 1,57 70,9 71,66 67,64 7,2 7,5 7,19 32 32,1 31,2 66,7 67 66,3 3,08 3,08 2,91 370 375,4 368,6 7,38 7,38 7,07 16,25 16,415 16,165 66,4 70,4 66,4 48,01 48,91 46,71 106,4 108 106 11,96 12,24 11,96 914 918 900 76,45 77,4 73,3 65,8 66 65 310 310 310 1,13 1,13 1,13 0,123 0,125 0,122 130,1 131,9 130,1 51,2 51,25 51,1

- 0,51 + 15,36 - 2,17 21,84 - 25,06 16,18 + 0,09 + 32,37 + 7,65 445,6 + 29,2 323,9 + 4,48 + 25 + 6,87 7000 - 3,45 5700 - 1,76 + 39,58 +11,48 0,899 - 11,02 0,563 - 0,47 + 15,23 + 3,19 21,72 + 1,23 17,92 - 0,11 + 10,66 + 9,01 8,87 - 11,45 7,64 + 0,7 + 2,86 + 3,45 146,4 - 20,79 131,6 - 0,32 + 12,47 + 0,53 97 + 5,05 81,95 + 7 - 2,99 28,8 - 5,11 23,5 - 0,31 + 7,19 - 7,88 1488 - 20,82 1168 + 0,97 + 30,62 + 4,23 135,85 + 22,19 96,02 - 2,14 + 46,84 + 9,26 17,76 - 60,36 9,62 + 1,03 + 2,7 + 7,09 4,376 - 44,55 3,484 + 0,97 + 25,82 + 1,57 109 + 20,28 76,5 - 0,79 + 12,87 + 0,6 5,88 - 35,9 4,63 + 2,16 + 31,36 + 2,93 42,8 + 47,79 31,44 - 0,16 - 7,03 + 0,04 15,475 + 7,82 11,895 - 0,75 + 20,59 + 0,37 89,28 - 8,24 71,04 + 0,11 + 77,63 + 3,05 4,93 + 14,41 2,535 + 0,74 - 5,9 - 6,75 13,74 - 27,41 11,77 - 0,7 + 7,84 + 6,59 15,87 - 16,81 12,97 - 10,8 - 53,62 -25,94 3,46 - 70,38 1,57 + 0,4 + 17,48 +39,16 72,9 - 55,32 45,84 - 3,74 + 15,2 - 6,01 8,94 - 58,38 6,02 + 0,63 + 15,32 +36,46 32,1 - 12,57 21,5 + 0,76 + 7,93 - 3,4 69,2 - 5,8 60,55 + 3,01 + 11,19 + 0,98 3,35 - 10,47 2,69 - 0,32 + 13,5 + 0,27 398,4 - 14,94 298,2 + 2,93 - 6,17 - 3,91 8,395 - 21,07 6,87 + 0,37 - 5,55 - 1,96 19,24 - 8,14 14,8 - 5,68 - 2,35 - 2,06 79,2 - 39,36 63,2 - 0,44 + 45,18 +20,27 48,91 - 28,94 30,12 - 0,38 + 32,67 +10,03 108 + 3,91 78,1 - 0,33 + 8,73 - 4,47 13,96 - 25,25 10,24 + 1,11 + 14,82 +10,39 926 - 9,95 734 + 4,37 + 33,89 + 7,9 77,4 - 11,41 55 + 1,23 + 8,22 + 0,61 67 + 13,06 57,8 - 0,64 + 6,16 - 1,27 342 - 36,48 280 - 0,88 1,145 - 0,44 1,08 - 0,32 + 21,98 - 1,44 0,19 - 36,49 0,101 - 0,61 + 15,13 - 1,66 135,8 - 8,38 110,3 + 0,1 + 1,07 + 0,39 51,45 + 2,4 50,54

1,55 0,77 2,57

3,94 3,88 5,69

1,18 0,43

3,41 0,87 28

1,17 2,27

2,77 2,36

3,24

1,87 4,87 0,65 2,06 7,82 1,72 2,29 1,88

0,11

2,26

4,21 12,15

VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV OST VOL. ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES GENFIT (GNFT) G B 22,5 568680 FR0004163111 38.831.421 GENSIGHT (SIGHT) C 2,03 577127 FR0013183985 28.724.541 GETLINK (GET) LR A 13,88 794044 FR0010533075 22/05/18 0,3 550.000.000 GL EVENTS (GLO) g B 21,5 17417 FR0000066672 13/06/18 0,65 29.982.787 GROUPE CRIT (CEN) g B 67,1 1326 FR0000036675 27/06/18 4,4 11.250.000 GROUPE FLO (FLO) g B 0,232 EX D S 13/06/17 322225 FR0004076891 08/07/14 0,06 765.157.113 B 15,78 GROUPE GORGÉ (GOE) g 15703 FR0000062671 19/06/18 0,32 13.502.843 GROUPE LDLC (LDL) g C 6,12 NOM. 8961 FR0000075442 06/10/16 0,5 6.322.106 GROUPE PARTOUCHE (PARP) 23,8 REGR. 1848 FR0012612646 11/09/17 0,31 9.627.034 GTT (GTT) Gg A 82,8 57539 FR0011726835 26/09/18 1,33 37.028.800 HAULOTTE GROUP (PIG) B 9,5 63666 FR0000066755 10/07/18 0,22 31.371.274 C 5,48 HIGH CO (HCO) g 6639 FR0000054231 01/06/18 0,14 22.421.332 HUBWOO (HBW) g C FR0004052561 ICADE (ICAD) G

136.345.527 A 75,6 44626 FR0000035081 19/03/19 2,3 74.535.741 ID LOGISTIC (IDL) g B 144,6 3722 FR0010929125 5.643.607 ILIAD (ILD) G A 96,9 95177 FR0004035913 20/06/18 0,68 58.845.555 A 49,28 IMERYS (NK) G 97050 FR0000120859 11/05/18 2,08 79.485.694 INGENICO GROUP (ING) LR A 67,6 504271 FR0000125346 23/05/18 1,6 63.144.527 INNATE PHARMA (IPH) g B 5,97 229269 FR0010331421 63.932.655 INSIDE SECURE (INSD) C 1,842 527795 FR0010291245 84.729.881 INTERPARFUMS (ITP) g A 46,1 23890 FR0004024222 09/05/18 0,67 42.965.628 IPSEN (IPN) G A 120,9 93864 FR0010259150 04/06/18 1 83.808.761 IPSOS (IPS) G A 23,2 54816 FR0000073298 02/07/18 0,87 44.436.235 JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 18,22 77215 FR0000033904 04/07/18 0,7 24.028.438 JCDECAUX (DEC) G A 29 100176 FR0000077919 22/05/18 0,56 212.810.350 KAUFMAN & BROAD (KOF) B 37,34 20474 FR0004007813 09/05/18 2,1 21.864.074 KLEPIERRE (LI) LR A 32,25 644314 FR0000121964 07/03/19 1,05 307.423.601 KORIAN (KORI) A 34,18 126857 FR0010386334 21/06/18 0,6 81.985.563 LAFARGEHOLCIM (LHN) A 46,03 68792 CH0012214059 CHF 11/05/18 2 606.909.080 A 24,96 LAGARDÈRE (MMB) G 263939 FR0000130213 07/05/18 1,3 131.133.286 LATECOERE (LAT) g C 3,56 485300 FR0000032278 29/06/07 0,75 95.168.518 LE BÉLIER (BELI) g C 35,65 2959 FR0000072399 29/05/18 1,18 6.582.120 LNA SANTÉ (LNA) g B 46,8 11778 FR0004170017 06/07/18 0,32 9.705.937 LECTRA (LSS) B 23 11871 FR0000065484 02/05/18 0,38 31.885.155 B 28,7 LINEDATA SVICES (LIN) g 2268 FR0004156297 05/07/18 1,35 7.132.856 LISI (FII) g A 28,5 11145 FR0000050353 02/05/18 0,48 54.114.317 LUMIBIRD (LBIRD) g C 17,6 12094 FR0000038242 16.754.425 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 16,93 71815 FR0000053225 16/05/18 0,95 126.414.248 MAISONS DU MONDE (MDM) B 19,4 150056 FR0013153541 18/06/18 0,44 45.241.894 MAISONS FRANCE CONF. (MFC) g B 36,1 1194 FR0004159473 05/06/18 1,7 6.937.593 MANITOU (MTU) g B 29,2 33781 FR0000038606 18/06/18 0,62 39.668.399 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) C3 11277 FR0000060873 27/09/07 0,5 42.767.044 MAUNA KEA (MKEA) C 1,554 22627 FR0010609263 23.147.338 MEDIAWAN (MDW) B 11,84 20225 FR0013247137 31.812.965 MERCIALYS (MERY) g A 12,7 187714 FR0010241638 19/10/18 0,5 92.049.169 MERSEN (MRN) g B 31,55 24686 FR0000039620 03/07/18 0,75 20.766.629 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,84 74926 FR0004177046 23.261.500 B 11,95 NANOBIOTIX (NANO) g 125601 FR0011341205 22.200.039 NATIXIS (KN) LR A 5,258 3585838 FR0000120685 28/05/18 0,37 3.153.078.482 NEOEN (NEOEN) A 19,34 22902 FR0011675362 84.957.498 NETGEM (NTG) g C 1,23 8534 FR0004154060 16/05/18 0,1 29.664.667 NEXANS (NEX) G A 31,78 86421 FR0000044448 22/05/18 0,7 43.606.320 A 43,1 NEXITY (NXI) G 44450 FR0010112524 05/06/18 2,5 56.129.724 NICOX (COX) B 5,64 156982 FR0013018124 22.869.669 NRJ GROUP (NRG) g B 7,02 7794 FR0000121691 05/06/18 0,15 78.107.621 OENEO (SBT) g B 10,02 9268 FR0000052680 31/07/18 0,15 64.103.519 ONXEO (ONXEO) g B 0,845 34918 FR0010095596 54.816.388 ORPÉA (ORP) G A 103,1 146761 FR0000184798 13/07/18 1,1 64.586.323 PHARMAGEST INT. (PHA) 57,3 3949 FR0012882389 02/07/18 0,75 15.174.125 PIERRE & VACANCES (VAC) g B 17,48 2899 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.804.565 PIXIUM VISION (PIX) g C 1,79 61615 FR0011950641 21.606.363 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 28,6 194904 FR0000124570 02/05/18 0,67 148.566.107 PLASTIVALOIRE (PVL) B 10,04 DIV 8 02/05/17 68713 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 RALLYE (RAL) A 10,64 19298 FR0000060618 30/05/18 1 52.238.769 RAMSAY GDS (GDS) A 16,5 2308 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 RECYLEX SA (RX) C 5,27 13864 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 116,9 47343 FR0000130395 31/07/18 1,65 50.149.787

CLOT + HAUT + BAS 21,88 22,9 21,58 1,99 2,145 1,94 14,03 14,04 13,88 21,2 21,55 20,85 66,9 67,1 66,4 0,23 0,235 0,23 15,8 15,8 15,2 6,02 6,12 6 23,1 24,9 22,7 82,15 83,2 82,1 9,49 9,5 9,12 5,5 5,5 5,4

75,35 76,1 75,05 147,6 147,8 143,6 97,2 97,88 95,86 48,82 49,34 48,62 67,6 68,86 67,6 5,79 5,97 5,755 1,752 1,898 1,724 45,9 46,25 45,5 117,6 120,9 117,6 23,1 23,2 22,95 17,88 18,24 17,78 28,94 29,28 28,8 37,4 37,66 36,7 32,03 32,36 31,85 34,02 34,3 33,5 46,62 46,99 45,96 24,96 25 24,78 3,51 3,715 3,505 35,15 36,7 35 46,5 46,8 46,2 22,35 23,05 22,25 28,5 28,8 28,2 28,95 28,95 28,45 17,7 17,8 17,5 17,28 17,33 16,93 19,38 19,7 18,95 35,95 36,55 35,9 29,5 29,9 28,7 3,045 3,045 3 1,552 1,564 1,55 11,82 11,9 11,62 12,62 12,73 12,52 31,55 31,7 31,2 1,79 1,84 1,79 11,59 11,95 11,51 5,248 5,276 5,148 18,9 19,5 18,9 1,215 1,23 1,19 31,72 31,78 31,04 42,42 43,1 42,34 5,5 5,64 5,36 7 7,04 6,94 10,1 10,16 10,02 0,834 0,848 0,834 102,9 103,8 101,8 57 57,5 55,8 17,34 17,48 17,22 1,696 1,8 1,68 28,97 29,3 28,36 10,4 10,66 10,02 10,58 10,64 10,48 16,4 16,6 16,4 5,33 5,4 5,27 117,6 118,6 116,9

% VEIL % AN BPA % MOIS + HAUT AN PER % 52 S. + BAS AN RDT + 0,46 + 26,11 - 4,37 24,06 - 12,76 16,55 - 1,73 - 40,24 - 8,29 3,79 - 35,6 1,75 + 1,08 + 19,61 + 0,94 14,14 + 21,47 11,615 2,14 - 2,08 + 23,11 + 8,94 22,55 - 15,15 15,92 - 0,15 + 26,23 +25,99 67,1 6,58 - 25,67 48 - 2,54 + 17,95 - 1,5 0,252 - 9,09 0,185 + 0,13 + 87,87 +40,57 15,84 - 0,63 8,26 - 0,66 + 4,15 - 6,08 8,9 - 61,26 5,66 - 2,94 + 15,5 +26,58 25,2 - 12,17 17,9 - 0,79 + 22,34 - 2,09 90,85 + 60,14 63,7 1,62 + 0,42 + 7,47 +26,36 9,65 - 40,91 7,28 + 1,85 + 24,58 + 6,8 5,6 + 13,75 4,305 2,55 - 5,14 + 22,96 0,185 - 2,92 - 3,49 0,138 - 0,73 + 13,31 - 2,21 78,4 - 4,98 64,05 + 1,93 + 28,35 - 1,2 152,2 - 0,94 112,2 + 0,02 - 20,75 + 7,4 123,65 - 44,93 83,1 0,7 - 0,97 + 16,29 - 2,05 51,65 - 39,09 40,6 4,25 + 0,84 + 36,46 + 7,75 68,86 - 3,92 44,41 - 2,85 - 22,13 -13,9 8,08 - 14,98 5,755 - 7,79 + 36,29 + 3,91 1,92 - 24,23 1,216 - 0,33 + 36 - 0,22 49,6 + 37,2 32,05 1,46 - 2,49 + 4,21 - 5,69 126,85 - 8,48 107,5 0,85 + 12,46 - 2,37 24,46 - 25,63 19,34 3,77 - 1,76 + 15,21 + 9,42 18,24 - 43,42 14,76 3,92 + 18,03 + 8,47 29,28 - 0,89 23,84 1,94 + 0,59 + 11,98 +11,78 38,44 - 15 32,52 - 0,81 + 18,81 + 2,4 32,72 - 6,75 26,26 - 0,41 + 9,46 - 6,85 37,3 + 21,85 30,08 + 1,41 + 30,11 4 + 4,02 46,99 + 2,53 35,21 + 0,73 + 13,35 + 4,7 25 + 8,33 21,36 5,21 + 1,15 + 26,26 +10,03 3,75 - 33,27 2,61 - 3,17 + 16,2 + 8,66 36,8 - 39,4 28,5 3,36 - 0,32 + 6,77 - 0,75 48,7 - 15,61 43,2 - 3,04 + 22,94 - 1,97 24 - 6,68 17,84 1,7 - 0,7 - 9,52 - 1,72 38,3 - 16,05 27 4,74 + 1,22 + 41,22 +10,29 28,95 - 17,29 20,2 1,66 + 60,91 +20,08 18,58 + 62,5 10,66 + 1,41 + 23,08 + 1,95 17,33 - 15,79 12,76 5,5 - 0,46 + 15,98 + 0,88 24,86 - 39,89 16,15 2,27 - 1,1 + 12,17 - 4,01 39,85 - 30,06 30 4,73 + 0,68 + 31,7 +10,9 30,6 - 13,24 20,8 2,1 + 1,33 + 54,66 +23,45 3,295 - 49,03 1,759 - 22,79 -11,52 2,59 - 48,27 1,412 + 0,17 + 7,45 + 2,78 12,7 - 8,02 10,54 - 0,47 + 5,43 - 1,1 13,82 - 18,74 11,78 + 0,48 + 34,26 + 5,87 31,7 - 18,79 22,8 2,38 - 2,82 + 11,32 +26,95 1,9 - 12,9 1,358 - 2,19 - 0,43 + 1,93 15,8 - 7,5 9,98 - 0,23 + 27,41 + 7,34 5,284 - 20,34 4,06 7,05 - 0,94 - 0,21 - 2,98 21,2 + 14,55 18,62 - 1,62 + 23,98 - 8,65 1,365 - 50,2 0,94 41,15 - 0,63 + 30,37 +12,4 32,08 - 27,38 23,13 2,21 - 1,4 + 7,66 - 4,76 45,02 - 18,42 37,78 5,89 - 1,96 + 9,78 - 8,64 7,145 - 38,13 4,96 - 5,66 - 7,16 8,1 - 18,6 6,9 2,14 + 0,8 + 15,83 10,96 8,58 - 1,3 - 4,36 - 6,92 1,045 - 43,15 0,791 - 0,29 + 15,33 - 0,96 109,5 - 3,2 83,56 1,07 - 1,04 + 11,55 - 1,21 60,3 - 3,23 50 + 0,58 + 8,38 + 1,52 19,38 - 54,67 15,44 - 4,18 + 1,31 + 5,87 1,978 - 27,37 1,53 + 0,66 + 43,63 +17,62 29,3 - 28,22 19,1 + 4,21 + 16,99 +25,91 10,66 - 46,34 7,6 1,92 - 0,38 + 17,43 - 4,77 12,96 - 16,23 8,7 9,45 - 1,21 - 23,36 -21,15 22 - 11,83 16,4 - 0,37 - 4,82 + 5,96 7,47 - 53,16 4,628 + 0,51 + 18,85 - 0,08 120,7 + 1,73 94,15 1,4

SRD Suite

VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT OST VOL. + HAUT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS REXEL (RXL) G A 11,345 11,36 617687 11,42 FR0010451203 04/07/18 0,42 303.988.899 11,295 ROBERTET SA (CBE) B 480 480 C.I.P. 69 480 FR0000045601 28/06/18 5,2 143.582 480 ROBERTET SA (CBR) B /040119 C.D.V. NOM. FR0000045619 ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 31 31 32571 31,1 FR0000031684 22/05/18 0,68 77.512.776 30,9 RUBIS (RUI) A 48 48,38 DIV 2 28/07/17 173275 48,48 FR0013269123 08/06/18 1,5 97.211.004 47,92 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) A 112,8 107 DIV 6 10/05/16 114812 114,5 FR0013154002 29/03/19 0,57 92.180.190 106,6 SAVENCIA (BH) B 64,4 65,4 583 65,4 FR0000120107 14/05/18 1,4 14.032.930 64,4 SCOR (SCR) LR A 39,41 39,15 241241 39,41 FR0010411983 30/04/18 1,65 193.403.338 38,91 SEB (SK) G A 163,5 162,5 55689 164,5 FR0000121709 21/05/18 2 50.169.049 161,9 SEQUANA (SEQ) C /070319 FR0011352590 SES-IMAGOTAG (SESL) g

65.183.351 B 27,7 13569 FR0010282822 25/06/12 0,5 14.376.762 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g B 2,94 117882 FR0013006558 34.623.503 B SIPH (SIPH) g FR0000036857 14/06/18 0,79 5.060.790 SOITEC (SOI) G A 87 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 785451 FR0013227113 30.311.510 SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,813 REGR. 2269782 FR0012938884 584.630.522 SOMFY (SO) A 81,2 2470 FR0013199916 01/06/18 1,3 37.000.000 SOPRA STERIA GP (SOP) A 109,5 26716 FR0000050809 03/07/18 2,4 20.547.701 SPIE (SPIE) G A 16,8 268500 FR0012757854 26/09/18 0,17 150.000.000 SQLI (SQI) 23,35 3003 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.426.597 ST DUPONT (DPT) g C 16/09/14 0 524.279.556 B 84 2033 FR0000064271 04/05/18 2,45 13.165.649 STENTYS (STNT) g C 0,636 133564 FR0010949404 26.824.657 SUEZ (SEV) LR A 12,3 1041962 FR0010613471 22/05/18 0,65 621.362.579 C 0,92 SUPERSONIC IM. (SSI) g 327823 FR0010526814 23.209.127 SWORD GROUP (SWP) g B 31 107441 FR0004180578 12/11/18 3,06 9.544.965 SYNERGIE (SDG) g B 32,7 5882 FR0000032658 20/06/18 0,8 24.362.000 TARKETT (TKTT) G A 20,2 227553 FR0004188670 03/07/18 0,6 63.722.696 A 1,182 TECHNICOLOR (TCH) G 1185859 FR0010918292 21/06/17 0,06 414.461.178 TELEPERFORMANCE (RCF) G A 166,8 112669 FR0000051807 25/04/18 1,85 57.815.000 TERREIS (TER) B 56,6 5689 FR0010407049 13/11/18 0,44 25.619.774 TF1 (TFI) G A 8,985 777087 FR0000054900 30/04/18 0,35 209.928.940 TFF GROUP (TFF) B 40 1370 FR0013295789 06/11/18 0,35 21.680.000 THALES (HO) LR A 106,05 245949 FR0000121329 04/12/18 0,5 213.143.954 THERMADOR GROUPE (THEP) B 53,8 1563 FR0013333432 9.109.752 TIKEHAU CAPITAL (TKO) A 22,5 EX D S 03/07/17 1729 FR0013230612 30/05/18 1 103.477.599 TOUAX (TOUP) g C 6,18 5743 FR0000033003 30/12/14 0,5 7.011.547 TRANSGÈNE (TNG) B 2,89 27578 FR0005175080 62.449.098 TRIGANO (TRI) g A 80,85 39263 FR0005691656 11/01/19 2 19.336.269 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 79,3 317096 FR0000054470 111.611.887 VALLOUREC (VK) G A 2,4 9491148 FR0000120354 04/06/15 0,81 457.987.760 VALNEVA (VLA) g B 3,505 32233 FR0004056851 92.106.952 VICAT (VCT) G A 47,4 39349 FR0000031775 20/04/18 1,5 44.900.000 A 48,1 VILMORIN & CIE (RIN) G 7373 FR0000052516 12/12/18 1,35 22.917.292 VIRBAC (VIRP) g A 154,2 8447 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 VRANKEN-POMMERY M. (VRAP) B 23,4 731 FR0000062796 06/07/18 0,8 8.937.085 WAVESTONE (WAVE) B 28,3 12321 FR0013357621 20.196.492 WENDEL (MF) G A 119,6 43910 FR0000121204 22/05/18 2,65 46.279.301 WORLDLINE (WLN) G A 54,25 122201 FR0011981968 182.554.917 X-FAB SILICON (XFAB) A 5,46 45809 BE0974310428 130.781.669 A 300 XPO LOGISTICS (XPO) g 39 FR0000052870 12/07/18 0,8 9.836.241 FR0000054199 STEF (STF) g

28,3 29,35 27,4 2,85 2,94 2,65

92,15 92,5 85 0,81 0,832 0,792 81,5 82 79,8 109,5 110,9 108,2 16,72 16,89 16,58 23 23,45 22,4

84,9 85 83,5 0,642 0,667 0,635 12,285 12,395 12,2 0,97 1 0,91 31,45 31,7 31 32,55 32,75 32,05 20,8 21,14 20,08 1,186 1,202 1,156 167,6 168,7 165,7 56,6 56,6 56,4 9,13 9,245 8,865 41 41,7 40 107,75 107,8 105,8 53,2 54,4 53,2 22,4 22,6 22,4 6,06 6,2 6 2,88 2,945 2,85 82,25 82,75 79,45 80,2 80,44 79,06 2,341 2,441 2,267 3,5 3,51 3,485 49,75 50,2 47,4 48,65 48,9 48 153 154,2 152,4 23,2 23,4 23,2 28,75 28,75 27,85 120,2 120,3 119 54,25 54,6 53,25 5,45 5,47 5,34 292 300 292

% VEIL % AN BPA % MOIS + HAUT AN PER % 52 S. + BAS AN RDT + 0,22 + 22,15 + 6,22 11,42 - 17,47 8,752 3,7 + 0,04 + 11,63 + 4,35 480 + 20,3 390,2

44 44 + 0,32 + 0,49 + 5,8 31,15 - 2,82 26,4 + 0,5 + 3,2 - 6,96 53,35 - 20,88 45,12 + 0,56 + 22,5 - 4,29 117,8 + 38,87 83 + 1,24 + 17,2 + 0,31 71 - 25,17 55,4 - 0,69 - 0,63 - 2,37 42,2 + 11,83 35,2 - 0,92 + 44,06 +10,62 165,8 + 1,5 107 - 35,06 0,26 - 78,92 0,122 + 2,17 + 55,67 + 3,1 29,35 + 15,51 16,84 - 2,73 + 18,26 - 4,04 3,39 - 61,05 2,37 - 1,89 - 3,94 - 8,24 85 - 8,24 76,5 + 10,23 + 82,11 +32,4 92,5 + 48,03 48,6 - 1,22 + 60,87 +70,81 0,85 - 31,47 0,391 - 0,61 + 29,37 + 8,09 82,6 - 4,79 61,7 - 0,46 + 35,77 + 4,39 110,9 - 34,74 78,1 - 1,07 + 44,26 + 1,95 16,9 - 6,49 10,99 + 39,56 + 5,02 23,5 - 34,24 15,5 - 0,38 + 5,58 - 2,93 0,143 - 11,67 0,12 + 1,07 + 10,26 - 1,74 90 - 16,44 75 + 2,56 + 47,93 +28,4 0,724 - 50,99 0,4 - 0,08 + 6,55 + 3,71 12,395 + 4,2 10,815 + 9,61 - 28,68 -11,82 1,5 - 44,89 0,851 + 8,45 - 5,41 34,25 - 12,52 28,35 - 0,46 + 33,13 +14,81 33,15 - 36,92 22,6 + 2,77 + 18,72 + 9,47 21,14 - 21,33 15,63 + 0,85 + 24,32 - 3,1 1,29 - 8,2 0,87 + 0,24 + 20,06 + 5,28 173,1 + 28,63 133,7 - 0,35 + 57,22 - 0,35 58,6 + 27,77 35,4 + 1,95 + 28,95 + 4,46 9,245 - 12,04 6,36 + 2,5 + 17,16 + 2,24 43,6 - 4,31 34 + 1,51 + 5,64 - 2,49 110,9 + 4,01 94,32 - 1,48 + 19,55 + 6,83 57,8 - 8,67 43 - 0,89 + 13,99 + 6,67 22,7 - 21,4 18,6 + 0,33 + 24,18 +33,48 6,24 - 38,29 4,03 - 2,04 + 5,49 + 0,35 3,08 - 6,95 2,65 + 1,36 + 1,98 - 2,32 91,6 - 46,38 67,25 + 1,01 + 13,79 + 6,93 83,52 + 1,85 62,8 - 2,46 + 44,02 + 5,45 2,49 - 53,24 1,37 + 10,41 - 0,14 3,78 - 7,41 3,08 + 5,63 + 20 +17,06 50,2 - 19,43 40,44 + 1,25 - 5,28 - 1,92 60 - 23,22 47 - 0,39 + 34,45 +33,04 164 + 17,51 111,8 - 1,28 - 2,11 - 0,43 24,3 - 1,28 22,6 + 1,95 + 24,19 - 7,11 31,1 - 31,55 23,45 + 0,5 + 14,8 + 5,62 120,3 - 3,45 101,4 - 0,09 + 28,55 + 7,75 56,85 + 31,74 38,44 - 0,18 + 27,93 +22,75 5,5 - 37,79 4,145 - 1,35 - 6,41 - 0,68 320 - 5,81 276

2,19 3,1

2,19 2,39

2,89

5,29

11,45 2,46 2,89

1,1

3,83 0,85 0,46

4,46

2,43

3,02 2,78

2,21

0,27

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO GEMALTO (GTO) L NL0000400653 NOKIA (NOKIA) R FI0009000681 SES (SESG) LR LU0088087324

A 51,15 59451 22/05/17 0,43 93.353.912 A 5,082 407585 31/05/18 0,13 5.635.968.159 15,65 1333057 23/04/18 0,68 360.037.272

51,2 + 0,1 + 1,07 51,25 + 0,39 51,45 51,1 + 2,4 50,54 5,137 + 1,22 + 1,44 5,147 - 7,34 5,762 5,067 + 8,12 4,874 15,8 + 1,61 - 5,45 15,81 + 2,6 18,88 15,41 + 28,72 13,54

4,21 12,15 0,3 17,35 3,7 5,06

VALEURS ZONE INTERNATIONALE GENERAL ELECTRIC (GNE)

8,05 4152 USD 08/03/19 0,01 8.709.637.918 7,653 30697 GB0005405286 USD 21/02/19 0,21 20.235.543.563 LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 46,03 68792 CH0012214059 CHF 11/05/18 2 606.909.080 SCHLUMBERGER (SLB) A 42,1 6278 AN8068571086 USD 12/02/19 0,5 1.434.212.164 STALLERGENES GREER (STAGR) A 36,7 33824 GB00BZ21RF93 19.679.093

US3696041033 HSBC (HSB)

8,1 + 22,17 8,2 - 9,5 10,4 8,05 - 26,9 6,46 7,673 - 0,13 + 6,24 7,73 + 4,39 7,73 7,647 - 2,01 6,996 46,62 + 1,41 + 30,11 46,99 + 4,02 46,99 45,96 + 2,53 35,21 41,7 - 0,48 + 27,13 43,3 + 9,74 43,3 41,2 - 26,84 30,9 36,8 + 0,14 + 30,04 36,85 +42,08 36,85 36,7 + 40,19 25,05

1,29 52,19 4 3,45


34 // FINANCE & MARCHES

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

euronext//taux&changes ACTIONS FRANÇAISES

EURONEXT HORS SRD ISIN FR0013341781 FR0000076887 FR0013185857 FR0000076861 BE0974269012 FR0000062978 FR0012821890 FR0004152874 FR0013296746 FR0000053043 FR0000044612 FR0000062804 FR0000053837 FR0000039216 FR0011051598 FR0013258589 FR0010481960 FR0012185536 FR0000076952 FR0011992700 FR0000061780 FR0013183589 FR0011800218 FR0000064123 FR0013258399 FR0000062788 FR0000035370 FR0000062150 FR0011592104 FR0004548873 FR0000074254 FR0000078958 FR0010151589 FR0012969095 FR0000064156 FR0000072894 FR0000064446 FR0010193979 FR0000053506 FR0010309096 FR0012633360 FR0012616852 FR0000037475 FR0000060907 FR0000054322 FR0000060824 FR0000053399 FR0013335742 FR0004031763 FR0000065393 FR0000044323 FR0000185506 FR0010483768 FR0000045213 FR0010461053 FR0000045239 FR0000045551 FR0000185514 FR0000044364 FR0000045528 FR0000045346 FR0000045544 FR0000045304 FR0000050395 FR0007317813 FR0011026749 FR0010879056 FR0013283108 FR0000035784 FR0012202497 FR0000065260 FR0010099515 FR0000072373 FR0000031023 FR0012650166 FR0004030708 FR0000120669 FR0000061475 FR0000075343 FR0010490920 FR0000064164 FR0000037343 FR0000039026 FR0000062341 FR0000062507 FR0000038184 FR0000063034 FR0011271600 FR0000062101 FR0000061418 FR0000060535 FR0000076986 FR0000035123 FR0000074759 FR0000065930 FR0000064362 FR0000038499 FR0010341032 FR0011277391 FR0000053944 FR0013030152 FR0010588079 FR0000031973 FR0000030611 FR0000034894 FR0000053035 FR0010501692 FR0013399474 FR0011799907 FR0000061459 FR0000065971

VALEUR OUV +HT 2CRSI C 9,28 9,54 A.S.T. GROUPEg C 4,195 4,195 ABEO C 33,5 33,5 ACTEOSg C 1,295 1,31 AD CAPITAL ADL PARTNERg C 15,9 16 ADUX (EX:HI MEDIA) C 2,35 2,35 ADVENISg C 1,38 1,38 ADVICENNE C 10,45 10,45 ADVINI C 26,8 26,8 AFONE PART. C 11,9 12,1 ALPHA MOS C 0,234 0,236 ALTAMIRg B 15,932 15,94 ALTAREIT B570 570 AMOEBAg C 2,65 2,65 ANTALIS B 1,04 1,045 ARGANg B 55 55,8 ARTEA C 13,4 13,4 ARTOIS A ATEME C 10,5 10,6 AUGROS CP C AURES TECH. C 32,4 33 AWOXg C 1,815 1,815 BACCARAT B BALYO C 3,88 3,88 BARBARA BUI C BASTIDE C 38 38 BLEECKER C BLUE SOLUTIONSg B 16,9 16,9 BOURBONGg A 2,18 2,185 BOURSE DIRECT C 1,14 1,15 BUSINESS ET DEC.g C 7,4 7,4 CAFOM C 7,1 7,1 CAPELLI 37,4 37,9 CARP.DE PARTIC. C CASTg C 3,15 3,3 CATERING INTER.g B 10,65 11,3 CBO TERRITORIAg C 3,62 3,65 CEGEDIMg B 26,8 26,85 CEGEREALg B 41,4 41,4 CELLNOVOg C 0,166 0,17 CERENISg B 0,373 0,378 CFI C CHAUSSERIA SA C CIBOX INTER.g C 0,106 0,106 CLAYEUXg C CNIMg B 86,2 87,8 COGELEC C 6,5 6,5 COHERISg C 1,825 1,85 COURTOIS C 118 118 CR ALPES PROV. C 114,02 115,5 CR ATL. VENDÉE C146 146 CR BRIE PICARD. B 28,09 28,2 CR ILLE VILAINE C104,02 104,02 CR LANGUEDOC C 77,39 77,4 CR LOIRE HTE-LOIRE C 96,5 96,5 CR MORBIHAN C 99,01 100 CR NORD FRANCE B 26,255 26,6 CR NORM. SEINE C142,48 142,5 CR PARIS IDF B 101,48 102,5 CR RHÔNE-ALPES C 210,05 213,9 CR TOULOUSE C 124,98 125 CR TOUR. POITOU C 113,02 113,96 CROSSWOOD C 4,2 4,2 CS-COM. ET SYST.g C 5,76 5,84 DALETg C 11 11 DEINOVE 1,2 1,224 DELTA PLUS GROUP B 42,8 43,6 DIGIGRAM C 0,71 0,71 DMS C 0,97 0,97 DOCKS PÉTROLES A C555 555 ECAg B 24 24,1 EGIDEg C 1,21 1,21 ELECT. STRASBOURG B109,5 109,5 ELECTRO POWERg C 9,53 9,55 ENCRES DUBUITg C 5,62 5,62 ESSOg B 31,7 32,1 EURASIA FONC INV C EUROMEDIS GROUPEg C 6,15 6,15 EUROPACORPg C 1,002 1,018 EXACOMPTA CLAIREF. C 115 115 EXPL. PROD. CHIM. C EXPL. PROD. CHIM. C F.I.E.B.M. C 5,4 5,4 F.I.E.B.M. C F.I.P.P. C 0,302 0,316 FAUVET-GIREL g C FERMENTALGg C 2,53 2,59 FERMIÈRE CANNES B FIDUCIAL OFFICE C 28,8 28,8 FIDUCIAL RE B 181 181 FIN. MONCEY A FINATIS B 41,6 41,6 FLEURY MICHON B 41,7 41,7 FONCIÈRE 7 INV. C FONCIÈRE ATLAND C 127 127 FONCIÈRE EURIS B 33,2 33,2 FONCIÈRE INEA B 40,6 40,8 FONCIÈRE PARIS NORD C 0,031 0,032 FONCIÈRE VOLTA C FRANÇAISE ENERGIE C 18,15 18,25 FREY B 30 30 FSDV C GALIMMO C 23,4 23,4 GAUMONT B 123,5 125,5 GEA C 88,5 89 GENERIXg C 4,55 4,57 GENKYOTEX C 9,25 9,269 GENOMIC VISIONg C 0,31 0,31 GÉRARD PERRIER B 51,6 51,6 GRAINES VOLTZ C 44 44

+BS 9,2 4,155 33 1,265

CLÔT ÉCART VOL 9,46 + 2,83 7743 4,17 - 0,71 3643 33 940 1,265- 1,94 10336 0,084

15,85 16 + 0,95 2,3 2,3 - 4,17 1,35 1,35 - 2,17 10,25 10,25 - 1,91 26,8 26,8 - 0,74 11,9 12,1 + 0,83 0,224 0,236- 4,84 15,802 15,814 - 0,74 570 570 + 3,64 2,46 2,57 - 3,02 1,025 1,04 - 0,48 54,4 54,8 - 0,36 12,5 12,5 - 6,72

426 3920 181 322 1 774 26684 179 1 117868 30001 747 81

5850

10,42 - 0,19

10,4

26513

7,6

32,2 1,755

33 + 2,48 1,76 - 3,3

10070 32598

208

3,6

3,71 - 5,12

37,55

37,55 - 1,18

168123

6

4150

105

16,75 2,16 1,11 7,4 7 36,4

16,75 2,17 1,14 7,4 7 37,8

3,12 10,65 3,61 26,7 40 0,145 0,335

3,22 + 2,22 3737 10,9 + 2,83 10205 3,61 30351 26,85 + 0,19 59 40 - 3,85 955 0,153 - 10,62 782406 0,354- 5,6 394817

- 0,3

- 3,9 - 0,71 + 1,07

355 26298 1660 160 629 1038

59,5

1,23 7,7

0,105 - 0,94

0,105

49497

0,179

85,4 6,4 1,825 118 114 144,04 28,09 104 76,1 95,67 98,8 25,85 141,8 101,48 210,05 123,02 113,02 4,2 5,7 10,8 1,18 42,4 0,71 0,928 555 23,8 1,16 106,5 9,12 5,6 31,6

87,8 + 2,33 6,42 + 0,31 1,835+ 0,55 118 115,5 + 1,74 144,04 - 1,33 28,12 + 0,07 104 76,1 - 1,74 95,81 - 0,72 100 + 0,5 26,24 - 0,44 142,48 - 0,01 102,48 - 0,56 213,9 + 1,86 125 + 0,02 113,96 + 0,85 4,2 + 2,44 5,78 + 0,35 11 + 0,92 1,2 - 1,64 42,7 + 1,67 0,71 0,932 - 1,06 555 - 0,89 23,8 - 1,25 1,16 - 3,33 106,5 - 1,39 9,45 - 1,77 5,6 31,7 + 0,32

169 1412 1830 1 417 208 2360 113 1237 169 259 10467 102 1239 65 417 145 172 1425 2205 34689 3181 40 2198 4 2935 12718 362 13853 326 1939

0,196

6,15 1,002 115

6,15 1,014 - 0,2 115

2257 4132 28

850 785

5,4

5,4

- 0,92

100

0,316 - 0,63

29258

96

0,302

31,8

2,53

2,565+ 1,99

19385

1700

28,8 181

28,8 181

1 1

5850

41 41,7

41 41,7

- 1,44

8 304

1,83

125 33,2 40,6 0,03

125 - 1,58 9 33,2 21 40,8 141 0,031+ 1,3 143800

17,95 30

18 30

4,5

- 1,37

2763 217

39,8

23,4 23,4 123,5 125,5 + 1,21 86,5 89 + 0,57 4,46 4,56 + 0,89 9,101 9,269- 0,01 0,295 0,305 - 1,77 50,2 50,8 - 0,78 44 44 - 0,9

1 113 1342 7043 7954 21318 301 522

ACTIONS FRANÇAISES

EURONEXT HORS SRD Suite ISIN FR0000124232 FR0004010338 FR0004050300 FR0010214064 FR0004155000 FR0000032526 FR0000066722 FR0004035061 FR0000038531 FR0012821916 FR0000065278 FR0000051393 FR0000030827 FR0000033243 FR0000066219 FR0000071797 FR0000064297 FR0000060451 FR0000064958 FR0013233012 FR0000072597 FR0004026151 FR0000073843 FR0012872141 FR0004029411 FR0000039638 FR0000066607 FR0000035263 FR0004027068 FR0006864484 FR0000075673 FR0000121295 FR0004165801 FR0004023208 FR0000033599 FR0000030074 FR0000032302 FR0000051070 FR0011742329 FR0000061244 FR0000052623 FR0000064404 FR0004065605 FR0010298620 FR0000077570 FR0004034320 FR0000060196 FR0000037970 FR0011341205 FR0013018041 FR0000120560 FR0004050250 FR0012789386 FR0010298901 FR0010428771 FR0000075392 FR0013190410 FR0010609206 FR0013318813 FR0010263202 FR0004038263 FR0000038465 FR0011027135 FR0000053514 FR0000066441 FR0012432516 FR0000060832

VALEUR OUV +HT GROUPE IRD C 29,5 29,5 GROUPE JAJ C GROUPE OPENg C 17,86 17,86 GROUPE PIZZORNO C 15,75 15,75 GROUPE SFPIg C 2,41 2,41 GUERBETg B 56,6 56,6 GUILLEMOT CORP.g C 2,95 2,98 GUY DEGRENNE C 0,26 0,26 HF COMPANYg C 6,42 6,42 HIPAY GROUP C 7,02 7,06 HOPSCOTCH GROUPEg C 7,8 7,88 IDI B 46,4 47,2 IGE + XAOg C166 168 IMMO. DASSAULTg B 64,5 66 IND. FIN. ENT. C 56,5 56,5 INFOTELg C 40 40,05 INNELEC MULT.g C 5,16 5,18 INSTALLUX SA C354 354 INTEXA C INVENTIVA B 2,86 2,86 IT LINKg C 10,05 10,1 ITESOFTg C 3,15 3,15 ITS GROUPg C 4,54 4,6 JACQUES BOGART C 8,06 8,26 KEYRUSg C 4,69 4,69 LA FONCIÈREVERTE C LACROIX SA C 23,4 23,4 LAFUMA C 20,8 21 LANSON-BCC B 30 30 LAURENT-PERRIER B 96,6 98 LE TANNEURg C 2 2 LEBON C134,5 134,5 LES HÔTELS DE PARIS C LES NX CONSTR. B 42 42,5 LEXIBOOKg C 0,824 0,824 MALTERIES FR-B C MANUTAN INTER.g B 68 68,4 MAUREL & PROMG A 3,445 3,51 MCPHY ENERGYg 5,19 5,19 MECELEC C 2,26 2,3 MEDASYSg C 0,301 0,305 MÉDIA 6 C 12,8 12,8 MEDINCELL C 6,3 6,3 MEMSCAPg C 1,955 1,955 MICROPOLEg C 1,34 1,36 MR BRICOLAGE SA B 5,4 5,8 MRM C 1,41 1,41 MUSÉE GRÉVIN C 64,5 64,5 NANOBIOTIXg B 11,95 11,95 NAVYAg B 1,66 1,68 NEOPOSTG A 21,7 21,7 NEURONESg B 21,9 22,3 NEXTSTAGE C 96 96 OFFICIIS PROPERTIESg C 0,312 0,312 OL GROUPEg C 2,88 2,93 ORAPIg C 5,34 5,42 ORCHESTRA-PRE. C 0,52 0,528 OREGE 1,9 1,9 PARAGON ID C 21,3 21,4 PAREFg C 79,5 79,5 PARROTg B 3,205 3,345 PASSAT C 3,53 3,68 PATRIMOINE & COM B 18,45 18,95 PCAS g B 13,7 13,9 POUJOULAT C 34 34 POXELg C 7,49 7,53 PRECIA g C190 193

+BS 29,4

CLÔT 29,5

ÉCART VOL 103

1,5

17,02 15,75 2,23 55,1 2,95 0,26 5,68 6,92 7,58 46,4 159 64 56,5 39,6 5,08 354

17,2 - 3,7 15,75 - 0,32 2,31 - 7,6 55,9 - 1,93 2,98 + 1,02 0,26 5,68 - 14,72 6,92 - 1,43 7,8 + 4 47,2 + 1,72 168 + 1,21 64 - 0,78 56,5 + 1,8 39,8 - 0,5 5,18 + 0,39 354 + 0,57

2,72 10,05 3,15 4,54 8,06 4,62

2,72 - 4,9 10,1 + 0,5 3,15 4,6 + 1,1 8,08 4,62 - 0,43

16423 5 112470 2242 4603 155303 23023 1791 3963 399 323 1477 35 807 690 13

2,5

35777 1230 200 1335 9837 978

57

23,2 + 0,43 21 29,4 - 2 98 + 1,66 2 134,5

23 20,8 29 95,4 2 134

336 305 797 707 2 62

2,64

42,2 - 0,24 0,818+ 1,24

41,3 0,818

2187 2015

610

67,4 - 1,46 3,495- 0,71 5,06 - 2,51 2,28 + 6,54 0,305+ 1,33 12,8 6,3 + 0,96 1,925 - 1,79 1,33 5,8 + 7,41 1,41 64,5 11,59 - 2,19 1,665 - 1,19 21,56 - 0,19 22,3 + 1,83 96 0,31 2,92 + 1,39 5,3 - 0,75 0,528+ 1,54 1,895- 0,26 21 - 1,41 79,5 + 1,92 3,345+ 2,92 3,53 - 3,55 18,6 + 1,64 13,9 + 1,46 34 7,39 - 1,2 185 + 0,54

67,4 3,35 5,05 2,16 0,301 12,8 6,3 1,9 1,33 5,4 1,41 64,5 11,51 1,62 21,54 21,9 96 0,31 2,88 5,3 0,52 1,89 21 79,5 3,2 3,53 18,45 13,7 34 7,3 185

940 237386 9218 52651 3000 1 278 5263 20905 4953 11024 8 125601 10602 40057 4501 39 10212 4159 2071 7701 1949 28 12 32250 898 1858 26 1 98393 35

EURONEXT HORS SRD Suite ISIN FR0004044600 FR0012613610 FR0010380626 FR0000060329 FR0010211615 FR0000075954 FR0000039091 FR0013344173 FR0000060071 FR0000060121 FR0006239109 FR0000039109 FR0004175842 FR0011950682 FR0000060790 FR0000074122 FR0013214145 FR0004016699 FR0010209809 FR0000072563 FR0000078321 FR0000038804 FR0000065864 FR0000131732 FR0000063307 FR0004529147 FR0000066482 FR0000060949 FR0000039240 FR0000036816 FR0000054215 FR0000034548 FR0000074197 FR0000062465 FR0004186856 FR0000066680 FR0000050049 FR0000035719 FR0000065765 FR0004183960 FR0011995588 FR0004034072 FR0011471291

VALEUR PRISMAFLEXg PRODWAYS GROUP PROLOGUEg PSB INDUST. QUOTIUM TECH. RIBERg ROBERTET SA ROCHE BOBOIS S.A.M.S.E. SABETON SCBSMg SÉCHÉ ENV.g SELECTIRENTE SERGEFERRARI GROUP SIGNAUX GIROD SII SMCP SMTPCg SOC. FR. CASINOS SODIFRANCE SODITECH ING. SOFIBUS SOGECLAIRg SPIR COM. TAYNINH TESSIg TIPIAK TIVOLY TOUPARGEL GROUPE TOUR EIFFEL UNIBEL UNION FIN. FR. BQUE g UTIg VERNEUIL PART. VETOQUINOLg VIDELIO (EX:IEC) VIEL ET CIEg VIKTORIA INVESTg VISIODENTg VOLUNTIS VOLTALIA XILAM ANIMATIONg YMAGISg

OUV +HT C 4,84 4,95 B 2,855 2,925 C 0,566 0,574 B 33,1 33,4 C C 1,698 1,698 B565 565 B 19,75 20 B136,5 140 C C 7,2 7,25 B 30,3 30,5 C 81,5 81,5 C 5,4 5,45 C 12,85 12,9 C 22 22,4 A 14,3 14,42 B 20,2 20,2 C 1,94 1,94 C C 1 1 C C 26 26 C 4 4,06 C B 132 132,5 C 76 76 C 29,4 29,4 C 0,55 0,57 B 40,4 40,5 A B 20,1 20,5 C 0,654 0,656 C B 57 58,2 C 1,89 1,92 C 5,06 5,18 C C C 4,7 4,7 B 10,65 11,1 C 38,85 39,65 1,315 1,32

+BS 4,84 2,74 0,53 32,6

ACTIONS FRANÇAISES

CLÔT ÉCART VOL 4,95 - 2,17 1558 2,75 - 6,14 215497 0,556 - 0,36 168502 32,9 - 0,3 267 11,2

1,622- 4,7 564 19,9 + 0,51 137 + 0,37

1,6 564 19,75 136,5

77938 481 871 428

22,2

7,05 - 2,76 30,1 - 0,99 81,5 + 0,62 5,45 + 0,93 12,85 22 14,32 + 0,85 19,75 - 2,23 1,94 - 3

7,05 30,1 81,5 5,3 12,6 22 14,02 19,75 1,94

8028 3175 1 2376 1015 3468 97440 1055 30

0,97

1001

26 + 0,39 4,06 - 0,49

71 137

1,35

131,5 132 76 76 - 1,3 28,8 28,8 - 2,04 0,535 0,565+ 2,73 40,2 40,2

61 90 625 15241 2765

765

19,8 - 1,49 0,656+ 0,31

19,8 0,634

3045 19846

2,1

57,2 1,92 + 2,13 5,18 + 2,37

56,8 1,89 5,06

4237 948 2011

3,22 2,6

4,7 - 0,21 10,9 + 0,93 39,65 + 0,64 1,305- 1,88

4,7 10,55 38,2 1,3

16 64629 13921 12667

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO LU0569974404 BE0974260896 NL0010949392 BE0974290224 NL0006294274 IE00BJYS1G50 BE0003853703 FI0009000681 BE0946620946 NL0000289783 NL0000289817

APERAM CELYAD CNOVA NV DEXIA EURONEXT MAINSTAY MEDICAL MONTEA CVA NOKIAR RENTABILIWEB GPg ROBECO NV ROLINCO

A C A C A

29,69 30,26 18,7 18,96 3,66 3,66 4,1 4,17 60,5 60,8

75 A 5,082 C 41,7 43,68

30,18 18,28 3,6 4,1 60,35

29,17 18,22 3,6 4,1 59,7

+ 1,14 - 2,25 - 1,1

75 5,147

73 5,067

41,7 43,68

41,7 43,68

41,7 - 0,36 43,68 - 0,27

ÉCART VOL + 12,75

VALEUR LILLY AND CO FORESTIÈRE EQ. GENEUROg HEXCEL MAROC TELECOM MERCK AND CO INC RORENTO CDH TELEVERBIER TOTAL GABON VALE SA ZCI LIMITED

OUV

+HT

+BS

CLÔT 93

C B 4,22

750

4,22

13,15 64,5

4,22 54,5 - 11,02 13,15 64,5 - 4,44

4,22

13,2 66

13,15 64,5

31 201 102

59,13

C A142,5 A C

40,2

143

143

140,5

+ 0,35 - 1,65

11,6

218

0,02

VALEUR AGROGENERATION AUPLATA BIOCORP BIOPHYTIS BLOCKCHAIN GROUP CARBIO CARMAT ESKER EVOLIS EUROPLASMA GAUSSIN GROUPE GUILLIN GROUPE PAROT HIOLLE INDUSTRIES HYBRIGENICS IMPLANET MASTRAD MNDg NEOVACS NEXTEDIA NSC GROUPE PISCINES DESJOYAUX THERADIAG UMANIS VERGNET VOY. DU MONDE

OUV 0,153 0,05 9,35 1,164 0,175 7,4 21,95 70,2 24,7

+HT 0,159 0,051 9,6 1,174 0,18 7,56 22,35 72,5 24,9

+BS 0,153 0,05 9,35 1,144 0,171 7,4 21,8 70,2 24,3

CLÔT ÉCART VOL 0,155 - 0,96 95862 0,05 2645672 9,6 + 2,13 878 1,156+ 0,52 10609 0,177 + 1,03 127945 7,54 + 1,89 3462 21,85 - 0,46 4481 71,6 + 2,14 3185 24,9 429

0,254 22,3 5,18 4,48 0,129 0,122

0,254 22,35 5,2 4,5 0,129 0,123

0,242 21,95 4,96 4,4 0,125 0,12

1,056 1,068 0,214 0,22 0,73 0,73

1,054 0,214 0,72

0,245- 1,84 819068 22,15 - 0,67 9274 5,2 - 2,99 5635 4,44 - 0,89 1632 0,128 - 0,31 217349 0,121 - 0,49 301420 0,46 + 0,61 1,062+ 0,57 36406 0,216- 0,92 265986 0,73 + 1,39 11923

0,041

82

11,1 11,1 11 11 1,37 1,395 1,305 1,38 - 0,36 8,1 8,2 8,1 8,2 + 1,24 0,28 0,283 0,275 0,282+ 1,44 123 123 121,5 123

CERTIFICAT/FONDS

31956 278 965 81462

- 0,25 3,58 + 3,91 74,6 - 0,4 5,137 + 1,22 407585

ISIN US5324571083 CI0000053161 CH0308403085 US4282911084 MA0000011488 US58933Y1055 LU0934195610 CH0008175645 GA0000121459 US91912E1055 BMG9887P1068

EURONEXT GROWTH (Sélection)

195

25,9 4

ACTIONS FRANÇAISES

ISIN FR0010641449 FR0010397760 FR0012788065 FR0012816825 FR0011053636 FR0011648716 FR0010907956 FR0000035818 FR0004166197 FR0000044810 FR0010342329 FR0012819381 FR0013204070 FR0000077562 FR0004153930 FR0010458729 FR0004155687 FR0011584549 FR0004032746 FR0004171346 FR0000064529 FR0000061608 FR0004197747 FR0013263878 FR0004155240 FR0004045847

17,5

0,97

EURONEXT HORS SRD Suite

INVESTIR 10 GRANDES VALEURS INVESTIR PEA PALATINE

453 38816 2188 114712 341

INVESTIR 10 125,45 94,43

I10GS - FR0011630474 FR0013284114

0,08 -0,01

8,98

VALEURS ZONE INTERNATIONALE CH0008853209 CM0000035113 US1491231015 SN0000033192 GB0002374006

AGTA RECORD BRASS. CAMEROUN CATERPILLAR INC. CFOA DIAGEO

B 69 B 127 C

69

69

69

11087

101

127

127

127

+ 3,25

6

4,02 36,06

- 1,43

TAUX ET CHANGES CHANGES : COURS AU COMPTANT VAR. VEILLE EN %

VAR. ANNÉE EN %

DOLLAR US 1,124 LIVRE STERLING 0,8645 FRANC SUISSE 1,1405 COURONNE DANOISE 7,4665 COURONNE NORV. 9,5701 KUNA CROATE 7,4346 COURONNE SUEDOISE 10,4527 DOLLAR CANADIEN 1,503 YEN JAPONAIS 125,797 DOLLAR AUSTRALIEN 1,572 ROUBLE RUSSE 71,8242 ROUPIE INDIENNE 78,028 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,683 COURONNE TCHEQUE 25,6975 FORINT HONGROIS 319,835 ZLOTY POLONAIS 4,2811 LEV BULGARE 1,9562 DOLLAR HONG-KONG 8,8178 WON SUD COREEN 1278,3756 PESO MEXICAIN 21,0885 REAL 4,4207 DOLLAR SINGAPOUR 1,5242 RAND SUD-AFRICAIN 15,7887 LIVRE TURQUE 6,522 RENMIBI YUAN 7,5413 RUPIAH 15783,6309 PESO PHILIPPIN 58,0994 RINGGIT MALAIS 4,6727 BATH THALANDAIS 35,7705

-0,52 -0,23 -0,13 0,01 -0,26 -0,06 0,08 -0,32 -0,60 -0,13 -0,39 -0,50 0,20 0,14 0,16 0,22 -0,02 -0,52 -0,08 -0,79 -0,67 -0,28 -0,04 0,19 -0,19 -0,84 -0,73 -0,02 -0,40

-1,97 -4,05 1,23 0,00 -3,41 0,21 2,04 -3,40 -1,02 -3,63 -9,61 -2,37 -1,47 -0,05 -0,38 -0,25 -0,27 -1,94 0,16 -6,52 -0,80 -2,47 -5,05 7,41 -4,34 -4,40 -3,62 -1,42 -3,33

PRINCIPAUX TAUX DIRECTEURS PAYS

TAUX DE RÉFÉRENCE

TAUX EN %

BCE

TAUX PRET MARGINAL TAUX REPO (REFI) TAUX DEPOT ROYAUME UNI TAUX JOUR LE JOUR TAUX DE BASE USA TAUX JOUR LE JOUR FONDS FEDERAUX 2 ANS 10 ANS JAPON BOJ TOKYO TAUX JOUR LE JOUR TAUX REPO (REFI) 10 ANS

18-04-2019

EUR USD GBP CHF SEK DKK JPY CAD

EUR

USD

1 1,124 0,8645 1,1405 10,4527 7,4665 1,258 1,503

GBP

0,8897 1,1568 1 1,3003 0,7691 1 1,0147 1,3195 9,2994 12,0921 6,643 8,6379 1,1194 145,5556 1,3374 1,7392

MARCHÉ OBLIGATAIRE

TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES

COURS DE CHANGES CROISÉS

COURS BCE

18-04-2019 1 EURO EN DEVISE

CHF

SEK

DKK

0,8768 0,9855 0,7578 1 9,1639 6,5461 110,325 1,318

0,0957 0,1075 0,0827 0,1091 1 0,7143 12,0372 0,1438

0,1339 0,1505 0,1158 0,1528 1,4001 1 0,1685 20,1347

JPY (100)

CAD

0,7949 0,8933 0,687 0,9064 0,0831 5,9344 1 1,1952

0,6653 0,7477 0,575 0,7587 6,9526 4,9665 0,8367 1

18-04-2019

MARCHÉS MONÉTAIRES 1 MOIS 3 MOIS

JOUR

6 MOIS

ZONE EURO-0,32/-0,62-0,25/-0,55 -0,19/-0,49 -0,15/-0,45-0,06/-0,36 18-04-2019

ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE 6 MOIS

ALLEMAGNE 100,26 PORTUGAL -0,25 FRANCE -0,04 ESPAGNE -0,08 ITALIE -0,22

EUROMTS

INDICE

VAR %

FRANCE 1-3 ANS 5-7 ANS 10-15 ANS PLUS 15 ANS PLUS 25 ANS EMTXI-BE

250,83 171,43 240,95 298,44 354,21 367,13 240,46

0.45 0.77 0.21 0.55 0.85 1.07 0.30

1 AN

2 ANS

5 ANS

7 ANS

10 ANS

-0,59 0,33 0,09 0,21 0,85

-0,37 0,42 0,18 0,32 1,43

-0,18 0,68 0,22 0,58 2,07

0,08 1,01 0,27 0,85 2,30

31/12 VAR %

245,87 171,32 236,50 287,33 337,19 346,89 235,28

1.56 3.85 1.67 3.34 4.16 4.72 1.90

COURS A TERME DE L’EURO CONTRE LES PRINCIPALES DEVISES 18-04-2019

COMPTANT ACHAT VENTE A 1 MOIS ACHAT VENTE A 3 MOIS ACHAT VENTE A 6 MOIS ACHAT VENTE A 12 MOIS ACHAT VENTE

USD

GBP

CHF

SEK

DKK

JPY (100)

CAD

1,1240 1,1240

0,8645 0,8645

1,1404 1,1405

10,4501 10,4552

7,4664 7,4666

125,7930 125,8010

1,5030 1,5032

-0,0029 -0,0034

-0,0009 -0,0014

0,0017 0,0014

-0,0147 -0,0128

0,0016 0,0008

0,0301 -0,0136

-0,0041 -0,0044

-0,0088 -0,0093

-0,0007 -0,0032

0,0024 0,0021

-0,0197 -0,0181

0,0048 0,0033

0,0003 -0,0096 -0,0526 -0,0100

-0,0175 -0,0180

-0,0055 -0,0061

0,0035 0,0032

-0,0288 -0,0265

0,0095 0,0084

-0,0527 -0,1066

-0,0181 -0,0185

-0,0347 -0,0354

-0,0117 -0,0123

0,0059 0,0051

-0,0495 -0,0526

0,0189 0,0164

-0,0794 -0,1451

-0,0354 -0,0361

0.25 % 0.00 % -0.40 % 0.45 % 0.75 % 2.35 % 2.50 % 2.50 % 2.64 % -0.10 % -0.25 % -0.10 % -0.02 %

TAUX BONS DU TRÉSOR BTF

TAUX

1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 9 MOIS 1 AN 2 ANS 5 ANS 10 ANS

-0,54 -0,51 -0,51 -0,53 -0,52 -0,51 -0,20 0,42

INDICES DE RÉFÉRENCE DES EMPRUNTS À TAUX VARIABLES MOY. MENS.

JANV. 17 FÉV. 17 MARS 17 AVR. 17 MAI 17 JUIN 17 JUIL. 17 AOÛT 17 SEPT. 17 OCT. 17 NOV. 17 DÉC. 17 JANV. 18 FÉV. 18 MARS 18 AVR. 18 MAI 18 JUIN 18 JUIL. 18 AOÛT 18 SEPT. 18 OCT. 18 NOV. 18 DÉC. 18 FÉV. 19 MARS 19

TMM

-0,3511 -0,353 -0,3532 -0,3563 -0,3585 -0,3569 -0,359 -0,3561 -0,3573 -0,3589 -0,3513 -0,3411 -0,3614 -0,3649 -0,3628 -0,3648 -0,3628 -0,3614 -0,3636 -0,359 -0,3609 -0,3662 -0,3614 -0,3608 -0,3668 -0,3671

EURIBOR 1 MOIS 3 MOIS

-0,371 -0,372 -0,372 -0,372 -0,373 -0,373 -0,373 -0,372 -0,372 -0,372 -0,372 -0,369 -0,369 -0,37 -0,371 -0,372 -0,371 -0,37 -0,37 -0,369 -0,371 -0,37 -0,369 -0,367 -0,366 -0,367

-0,325 -0,329 -0,329 -0,33 -0,329 -0,33 -0,33 -0,329 -0,329 -0,33 -0,329 -0,328 -0,328 -0,329 -0,328 -0,329 -0,326 -0,322 -0,321 -0,319 -0,319 -0,318 -0,316 -0,312 -0,308 -0,309

TME

0,91 1,11 1,10 0,97 0,87 0,71 0,89 0,78 0,77 0,77 0,65 0,62 0,82 0,97 0,85 0,80 0,83 0,83 0,68 0,73 0,79 0,86 0,81 0,74 0,58 0,44

SOURCE CDC IXIS

TMOR. PUB. PRIV.

MOY. EONIA EURIBOR TEC HEBDO 1 MOIS 3 MOIS 10

THE

1,11 1,31 1,30 1,17 1,07 0,91 1,09 0,98 0,97 0,97 0,85 0,82 1,02 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

13-03 14-03 15-03 18-03 19-03 20-03 21-03 22-03 25-03 26-03 27-03 28-03 29-03 01-04 02-04 03-04 04-04 05-04 08-04 09-04 10-04 11-04 12-04 15-04 16-04 17-04 18-04

0,54 0,54 0,44 0,44 0,44 0,44 0,44 0,40 0,40 0,40 0,40 0,40 0,28 0,28 0,28 0,28 0,28 0,36 0,36 0,36 0,36 0,36 0,29 0,29 0,29 0,29 0,29

1,11 1,31 1,30 1,17 1,07 0,91 1,09 0,98 0,97 0,97 0,85 0,82 1,02 1,17 1,05 1,00 1,03 1,03 0,88 0,93 0,99 1,06 1,01 0,94 0,78 0,64

-0,371 -0,366 -0,367 -0,366 -0,366 -0,369 -0,368 -0,371 -0,369 -0,369 -0,368 -0,368 -0,37 -0,356 -0,356 -0,366 -0,367 -0,368 -0,368 -0,368 -0,37 -0,368 -0,367 -0,364 -0,364 -0,366 -0,366

-0,368 -0,368 -0,368 -0,368 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,368 -0,368 -0,368 -0,368 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,367 -0,368

-0,309 -0,31 -0,309 -0,309 -0,31 -0,31 -0,309 -0,309 -0,309 -0,31 -0,309 -0,309 -0,311 -0,311 -0,31 -0,311 -0,31 -0,31 -0,31 -0,31 -0,31 -0,31 -0,31 -0,31 -0,31 -0,31 -0,311

0,39 0,39 0,38 0,38 0,38 0,39 0,35 0,29 0,30 0,29 0,24 0,23 0,24 0,28 0,30 0,31 0,31 0,31 0,28 0,28 0,26 0,24 0,28 0,34 0,35 0,36 0,30

THOR. PUB. PRIV.

0,74 0,74 0,64 0,64 0,64 0,64 0,64 0,60 0,60 0,60 0,60 0,60 0,48 0,48 0,48 0,48 0,48 0,56 0,56 0,56 0,56 0,56 0,49 0,49 0,49 0,49 0,49

0,74 0,74 0,64 0,64 0,64 0,64 0,64 0,60 0,60 0,60 0,60 0,60 0,48 0,48 0,48 0,48 0,48 0,56 0,56 0,56 0,56 0,56 0,49 0,49 0,49 0,49 0,49

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Mirabaud Asset Management Tél. +41 058 200 60 01 www.mirabaud.com marketing@mirabaud-am.com

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DÉSIGNATION DES VALEURS

LU0130728842 PICTET-EMERGING EUROPE

348,67 17/04

LU0130729220 PICTET-EMERGING MKTS

599,47 17/04

LU0128490280 PICTET-EUR BONDS

565,85 18/04

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263,45 17/04

LU0128467544 PICTET-GLOBAL EMERG.DEBT

381

LU0168449691 PICTET-GREATER CHINA

603,55 17/04

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VAL. UNIT DATE HORS FRAIS DE LA EN EUROS** VALOR.

DERNIER DIVIDENDE NET EN EUROS** MONT. DATE

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SYNCHRONY (LU) LU0935268721 RAM (L) SF EM MKT CORE EQ

100,85 17/04

LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF)

105,63 17/04

LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ

178,01 17/04

LU1626129727 SWISS ALL CAPS (CHF)

112,64 17/04

265,18 17/04

LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ

444,67 17/04

LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD)

103,66 17/04

538,81 16/04

LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ

125,43 17/04

LU0851564897 EUROPEAN EQUITY (EUR)

162,46 17/04

LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ

115,36 17/04

LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR)

101,99 17/04

LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR)

157,95 17/04

LU0176900511 PICTET-JAPANESE EQ. SEL.

14691,14 17/04

LU0217139020 PICTET-PREMIUM BRANDS

163,88 17/04

LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ

144,87 12/04

158,9

17/04

LU0375630729 RAM (L) SF NORTH AM EQ

294,77 17/04

LU1279334210 PICTET-ROBOTICS

LU0090689299 PICTET-BIOTECH

690,63 17/04

LU0338483075 PICTET-RUSSIAN EQUITIES

65,73 17/04

LU1074511459 RAM (L) TF CONV EUROPE

144,16 17/04

LU0256846139 PICTET-SECURITY

254,96 17/04

LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET

144,14 17/04

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LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET

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LU0340554913 PICTET-DIGITAL

331,33 17/04

LU0130732364 PICTET-SMALL CAP EUR.

LU0255798109 PICTET-EMERG LC DEBT

163,05 18/04

LU0104884860 PICTET-WATER

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Banque Cantonale de Genève (France) SA Tél. 04 72 07 31 50 bcgef.fr/fonds

LU0070964530 PICTET-INDIAN EQ.

280,28 17/04

91,89 17/04

18/04

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LU0188501257 PICTET-HEALTH

LU0155303323 PICTET-ASIAN EQ. JAPAN

LU0280430660 PICTET-CLEAN ENERGY

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CLASSIFICATION

VAL. UNIT DATE HORS FRAIS DE LA EN EUROS** VALOR.

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DÉSIGNATION DES VALEURS

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CLASSIFICATION

sicav//fcp

321,38 17/04

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».


VENDREDI 19, SAMEDI 20 ET DIMANCHE 21 AVRIL 2019

PATRIMOINE.LESECHOS.FR/

PATRIMOINE IMMOBILIER // Le retour à l’expérimentation du plafonnement des loyers privés dans de grandes villes françaises

a été autorisé. Paris sera la première d’entre elles concernée.

Encadrement des loyers : ce qui change… encore ! Anne-Sophie Vion

3

our un bailleur, fixer le juste loyer dans le respect de la loi relève parfois du casse-tête. Avec le dernier rebondissement du feuilleton de l’encadrement des loyers, c’est la migraine assurée. Ce qu’il faut savoir.

P 1

CE QUE L’ON A LE DROIT DE FAIRE

Louer dans les grandes villes comme Paris et Lille, c’est s’inscrire dans un cadre très réglementé. Deux dispositifs coexistent. L’un concerne la relocation. Il résulte d’un décret annuel qui limite la hausse des loyers à l’IRL (indice de référence des loyers), sauf cas particuliers, comme la réalisation de travaux importants avant la relocation. Ce décret concerne depuis 2012 les zones tendues (1.151 communes de 28 agglomérations françaises). Le second dispositif s’applique aux nouveaux baux signés. Les bailleurs doivent respecter une fourchette de prix au mètre carré. Ils ne peuvent fixer un loyer supérieur de 20 % à un loyer dit « de référence », ni le minorer de plus de 30 %. Le bailleur peut appliquer un complément de loyer, s’il le justifie, au-delà du loyer de référence majoré. Le mécanisme s’appuie sur des loyers médians observés sur le marché concerné (zone, nombre de pièces et époque de construction). Le loyer qui sert de référence est déterminé annuellement par un arrêté du préfet. En cas de non-respect de ces obligations, ce dernier peut infliger une amende jusqu’à 5.000 euros pour un propriétaire personne physique, 15.000 euros pour une personne morale. Le dispositif a été expérimenté à Paris (du 1er août 2015 au 27 novembre 2017) et à Lille (du 1er janvier au 16 octobre 2017) avant d’être annulé fin 2017 par la justice. Celle-ci n’avait pas rejeté son principe sur le fond, mais son application « intra muros » alors que la loi Alur de 2014 exigeait une application à toute l’agglomération. C’est en répondant à cette problématique que l’actuel gouvernement a rouvert la possibilité du plafonnement (décret publié au « JO » du 5 avril 2019), en

application de la loi Elan de 2018. Il ne s’applique, à titre expérimental jusqu’à fin 2023, que pour certaines villes ou à l’échelle d’un ou plusieurs quartiers. Les collectivités intéressées doivent postuler auprès du ministère du Logement, qui les juge éligibles en fonction de différents critères dont le niveau actuel des loyers et la construction neuve. Paris a déjà candidaté et le gouvernement vient de donner son aval par un décret publié au « JO » du 13 avril. Il a pris cette décision en constatant que les quatre conditions nécessaires sont réunies (voir encadré). Ce tour de vis ne s’appliquera probablement pas avant juin. Car il faut que le préfet de région publie, par arrêté, les plafonds des loyers.

2

CE QUI JUSTIFIE L’ENCADREMENT

L’arsenal mis en place par les pouvoirs publics vise à protéger les locataires en particulier dans les villes où les loyers – tout comme les prix de l’immobilier – ont atteint des niveaux excessifs. « Chaque jour qui passe est un jour de trop parce que les montants des loyers ne cessent d’augmenter depuis la suppression de l’encadrement fin 2017 », déclarait début avril Ian Brossat, adjoint au logement à Paris. Et les abus concernent davantage les petits logements que les grands. Par exemple, « les chambres de bonne de 11 m², avec toilettes à l’étage et sans ascenseur. Elles sont louées entre 500 et 600 euros par mois aux jeunes travailleurs et aux étu-

1A Lille (Nord) A deux pas de place du Concert dans un immeuble de type industriel datant du XVIIe siècle, ce grand duplex compte 9 pièces sur 350 m2 habitables.

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1Trois terrasses Cet appartement compte 3 terrasses, une en rez-

RETROUVEZ L’APPARTEMENT DE LA SEMAINE SUR LESECHOS.FR/PATRIMOINE

Les mesures d’encadrement suscitent toutefois une vive opposition des professions immobilières et des représentants des bailleurs. « C’est un danger pour la santé du logement, réaffirmait début avril Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier). En encadrant les loyers, le gouvernement crée un climat de défiance auprès des bailleurs en les accusant d’être la source des maux du logement en France. Les revenus que les bailleurs étaient censés obtenir par l’intermédiaire d’un marché libre se trouvent en quelque sorte réquisitionnés de manière totalement arbitraire. » La baisse des revenus induite par ces mesures, l’effet psychologique de la coercition, les allers-retours réglementaires permanents qui complexifient à outrance le calcul du loyer font fuir les bailleurs du marché locatif privé traditionnel, alertent ces acteurs. Autre conséquence délétère à leurs yeux, la moindre rénovation des logements. « Il est fort à parier que les investisseurs seront contraints de sacrifier la rénovation de l’habitat et laisseront à leurs locataires des logements de moindre qualité », avertit Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France & Monaco. Selon lui l’encadrement pénalisera surtout les locataires qui paieront un « tout petit peu moins pour un effort considérablement moindre fourni par les propriétaires ». Un argument que réfute David Rodrigues, pour qui « les bailleurs ne font de toutes les façons entre deux locataires quasiment jamais de travaux ». Au-delà de ces débats, bailleurs et locataires peuvent s’assurer que leurs loyers respectent la loi en consultant des sites comme Encadrementdesloyers.gouv.fr, Service-public.fr, Observatoire-des-loyers.fr et Adil75.org.

4

À NOTER Au 1er trimestre 2019, l’IRL est en hausse de 1,7 % pour s’établir à 129,38.

INDICES DES PRIX IMMOBILIERS (IPI)

Nathalie Forest Sotheby’s International Realty

L'APPARTEMENT DE LA SEMAINE

diants les plus fragiles économiquement. Ce sont eux qu’il faut protéger », explique David Rodrigues. A Paris, des études attestent de l’impact modérateur de l’encadrement. C’est le cas du bilan dressé fin 2018 par l’Olap (Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne), pour qui « l’encadrement à Paris du 1er août 2015 au 27 novembre 2017 a eu un effet réel mais modéré sur les loyers de la relocation. La part des dépassements est passée de 26 % en 2015 à 21 % en 2017. » L’argument se révèle moins pertinent pour Lille. Mais, temporise David Rodrigues, « c’est encore trop tôt pour évaluer l’efficacité du plafonnement qui écrête au fur et à mesure les loyers excessifs. Il faudra plusieurs années pour en prendre la réelle mesure ».

DES EFFETS PERVERS

SUR LE WEB

Défiscalisation Plusieurs escroqueries aux dons ont essaimé depuis l’incendie, lundi soir, de Notre-Dame. La vigilance reste de mise concernant les démarchages à domicile, téléphoniques et Internet. Déclaration 2019 L’année blanche en 10 questions. Avec l’entrée en vigueur du prélèvement à la source, les revenus perçus en 2018 ne seront, par principe, pas soumis à l’impôt sur le revenu. En réalité, seule l’imposition des revenus courants perçus en 2018 sera neutralisée.

BON 1ER TRIMESTRE 2019 En ce début d’année 2019, l’activité immobilière ne plie pas. Le réseau L’Adresse a

indiqué que son volume de transactions a progressé de 3 % au premier trimestre 2019 par rapport au premier trimestre 2018. Le prix moyen s’est apprécié de 2 %

sur la France entière à 2.633 € le m2 avec des disparités géographiques : 2.149 € le m2 en province, 3.468 € le m2 en Ile-de-France et 9.635 € le m2 à Paris..


36 // PATRIMOINE

BOURSE

–28,15 % FONDS ACTIONS TURQUIE

Le baromètre des fonds

+21,96 % FONDS ACTIONS ÉTATSUNIS GRANDES CAP.

Turquie depuis fin 2018 et le bond du chômage qui a atteint 14,7 %, de décembre à février, au plus haut depuis 10 ans.

Les fonds axés sur la Bourse stambouliote chutent de 28,15 % sur un an. En cause, l’entrée en récession économique de la

Le déficit commercial des Etats-Unis s’est de nouveau réduit en février, retombant à son

plus bas niveau en huit mois. Dans ce contexte, les fonds dédiés aux valeurs cotées à Wall Street gagnent 21,96 % en un an.

Morningstar au 14 avril 2019

Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019 Les Echos

Très pénalisés par la chute des marchés en 2018, les fonds patrimoniaux se refont une santé et profitent des bonnes performances de 2019. Offrent-ils un bon rapport rendement-risque ? Eléments de réponses.

Peut-on toujours faire confiance aux fonds patrimoniaux ? vant de vous faire gagner de l’argent, nous allons vous éviter d’en perdre ! C’est en substance la promesse des fonds patrimoniaux, qui répartissent de manière dynamique l’argent confié sur différentes classes d’actifs afin de limiter les risques. Mais force est de constater que cette ambition a été mise à mal dans la période récente. Le millésime boursier 2018 a même véritablement été l’annus horribilis des fonds patrimoniaux, avec un dernier trimestre particulièrement ravageur. Pour s’en convaincre, examinons, sur la base des chiffres du fournisseur de données financières Morningstar, les performances des fonds ouverts explicitement commercialisés comme patrimoniaux, en ce sens qu’ils contiennent le mot « patrimoine » dans leur nom (seuls ceux gérant au moins 5 millions d’euros ont été retenus). Au dernier trimestre 2018, aucun n’a échappé à la baisse : l’échelle de performances s’étale de –2,38 % pour le plus résistant (Avenir Patrimoine, géré par Sully Patrimoine Gestion) à –15,14 % pour HSBC Actions Patrimoine (HSBC), la moyenne se situant à –6,61 % pour les 83 fonds de notre échantillon. Presque toutes les classes d’actifs ayant reculé de manière simultanée en 2018, la diversification, notamment entre actions et obligations, s’est avérée inefficace, alors que, traditionnellement, une baisse des unes est contrebalancée par une hausse des autres. Au premier trimestre 2019, période très favorable pour les marchés financiers, tous les fonds de l’échantillon ont au contraire rebondi, mais seulement de 5,12 % en moyenne : insuffisant pour rattraper complètement le recul du tri-

niaux de notre échantillon ont subi chaque fois une décollecte nette (à savoir un solde négatif entre les nouveaux investissements dans les fonds et les capitaux retirés). Le pic de cette saignée a eu lieu en octobre dernier, avec plus de 1,2 milliard d’euros de décollecte sur le mois, mais elle s’est poursuivie depuis : selon les estimations de Morningstar, 6,5 milliards d’euros ont ainsi été retirés des fonds de notre échantillon, ce qui est important au regard des 27,9 milliards d’euros qu’ils gèrent. Mais ce chiffre est surtout le signe d’une désaffection pour le produit phare de la catégorie. Autant le formidable succès de Carmignac Patrimoine a suscité la création de bien d’autres produits patrimoniaux, autant ce fonds cristallise un certain désamour, qu’il faut tout de même relativiser. Malgré des actifs qui ont fondu de 22,2 milliards fin 2017 à 13,5 milliards d’euros aujourd’hui, Carmignac Patrimoine reste le produit le plus important de notre échantillon, quatre fois plus gros que son poursuivant immédiat, Amundi Patrimoine.

A

Stratégies alternatives

mestre précédent. Ainsi, sur le semestre allant de fin septembre 2018 à fin mars 2019, seuls 5 de ces fonds sont en territoire positif, Delubac Patrimoine (Delubac AM) arrivant en tête avec une hausse de 1,58 %. Mais la p erformanc e moyenne des 83 fonds sur cette période est négative de 2,12 %, ce qui se compare à –2,6 % pour le CAC 40 : autrement dit, les fonds patrimo-

niaux n’ont guère amorti la baisse du marché. Point rassurant, dans la plupart des cas, ce sont bien les fonds ayant subi la baisse la plus importante en fin d’année dernière qui ont le plus rebondi ensuite : cela montre que derrière l’appellation fonds patrimonial se cachent en fait des niveaux de risque distincts, comme le confirme la classification de Morningstar. La quasi-intégralité

des fonds de l’échantillon appartient à la catégorie des fonds d’allocation (répartis entre plusieurs types d’actifs) « prudents », « modérés » ou « flexibles ». Mais trois intrus s’y sont glissés : Lazard Patrimoine Actions (Lazard Frères Gestion), Indosuez Europe Patrimoine (CA Indosuez Gestion) et HSBC Actions Patrimoine, déjà évoqué plus haut, sont en fait des

fonds actions. Il n’est donc guère étonnant qu’ils aient subi fin 2018 des revers plus importants qu’Echiquier Patrimoine (Financière de l’Echiquier), fonds d’allocation prudent, plus attaché à la protection du capital (–4,3 % au dernier trimestre 2018). La méforme récente des f o n d s p a t r i m o n i a u x n’a p a s échappé aux investisseurs. Depuis plus d’un an, les fonds patrimo-

Les 7 critères pour choisir un fonds patrimonial Avant d’investir dans un fonds patrimonial, la première question à se poser est évidente : en avez-vous vraiment besoin ? Un jeune cadre qui dispose de revenus lui permettant d’épargner et souhaite se constituer un capital pour sa retraite aura plutôt intérêt à investir de manière régulière en actions pour maximiser ses plus-values. Pour quelqu’un qui a déjà une « surface » financière plus importante, le souci de préservation du capital reprend le dessus et légitime les stratégies patrimoniales. Quels sont les indicateurs à examiner pour faire le bon choix ?

1

LA SOCIÉTÉ DE GESTION

Il faut bien sûr s’intéresser à la société de gestion. Alors que les taux restent très bas en Europe, ce qui éteint un des moteurs de performance naturels des fonds patrimoniaux, aller trouver de la performance nécessite une expertise sur des classes d’actifs plus exotiques, comme la dette émergente, par exemple. Choisir des offres émanant d’acteurs de taille internationale ayant des gérants un peu par-

tout sur la planète a donc du sens et il faudra être vigilant sur des acteurs restant plus locaux. De la même manière, il faut se méfier des fonds trop petits, donc doté de peu de moyens.

2

LES GÉRANTS

3

LA STRATÉGIE

Ne négligez pas le risque de gérant : comme pour d’autres catégories de fonds, les gérants de fonds patrimoniaux peuvent trouver les bonnes clefs d’interprétation du marché puis se révéler moins agiles dans d’autres cas de figure. Répartir vos actifs sur trois ou quatre fonds patrimoniaux plutôt qu’un seul est donc une bonne idée. Pour des horizons lointains, le contexte actuel plaide plus en faveur des stratégies dites flexibles où le gérant peut adapter le niveau de risque au contexte, ce qu’on peut vérifier en prenant connaissance de la catégorie Morningstar du fonds (« allocation flexible internationale », dans le cas du fonds M&G cité plus haut) ou du Dici du fonds, qui va généralement mentionner les bornes entre les-

quelles peut fluctuer l’allocation, tandis que le rapport mensuel permettra de connaître le positionnement actuel du fonds.

4

LES PERFORMANCES

5

LA VOLATILITÉ

Pour ce qui est du produit lui-même, il faut bien sûr regarder les performances, tout en se souvenant qu’elles ne garantissent aucunement les performances à venir. C’est particulièrement vrai en ce moment, dans la mesure où le phénomène de baisse des taux semble achevé, même si la remontée promet d’être lente. Le contexte de marché des dix prochaines années promet donc d’être très différent de celui des dix dernières années, et sans doute plus heurté. Comment vraiment juger des performances des patrimoniaux ? Le premier indicateur à regarder est sans doute la volatilité, ce qui vous donnera une idée du niveau de risque encouru. Si l’on en revient à notre échantillon de 83 fonds, cet indicateur a bien fonctionné fin 2018 : ce sont bien les fonds affichant la plus faible volati-

lité sur trois ans qui ont le mieux résisté à la baisse : –4,4 % en moyenne pour les vingt fonds les moins volatils, contre –9,2 % pour les vingt plus volatils. Mais attention, choisir des fonds trop prudents peut être antithétique avec vos objectifs et rendre vulnérable à une future hausse des taux. Prenons l’exemple de Rouvier Patrimoine (Rouvier Associés), fonds d’allocation prudente dont les performances sont parmi les plus régulières de l’échantillon (volatilité de 2,41 seulement sur trois ans). Ce fonds, par construction, intègre au moins 70 % d’obligations de bonne qualité et pourrait souffrir à mesure que les taux remonteront.

6

LES RATIOS FINANCIERS

Un autre indicateur intéressant est le ratio de Sharpe, qui rapporte les performances à la volatilité du fonds sur une période donnée : plus le ratio est élevé, plus cela signifie que les risques pris ont été payants. Avec 16,4 % de performance sur trois ans, Lazard Patrimoine fait moins bien que G Patrimoine

(Rothschild & Cie) et ses 28,4 % : oui, mais avec une volatilité presque deux fois inférieure, donc en prenant moins de risque, d’où son ratio de Sharpe plus élevé (1,13 contre 1,05). Un autre indicateur particulièrement intéressant à observer est la « perte maximale », c’est-àdire celle qu’aurait matérialisé un investisseur entré sur un fond au plus haut et sorti ensuite au plus bas (on la trouve par exemple facilement sur le site Quantalys). Ainsi, pour Carmignac Patrimoine, cette perte maximale ressort à 15 %, ce qui indique de manière assez palpable un niveau de risque supérieur à celui de Sycomore Allocation Patrimoine (Sycomore AM), dont la perte maximale est historiquement de 8,06 %.

7

LES FRAIS

Enfin, faites attention au niveau des frais : les frais courants de 3,84 % affichés par le fonds indépendant patrimoine d’Amilton AM s’expliquent par sa structure de fonds de fonds, mais semblent bien élevés, surtout au regard de sa stratégie prudente ne pouvant pas viser des performances très élevées. n

Si les fonds patrimoniaux viennent de vivre une période éprouvante, il ne faut donc pas les enterrer trop vite. Certes, certains conseillers en gestion de patrimoine préfèrent aujourd’hui d’autres stratégies : certains répartissent le patrimoine de leurs clients entre des fonds en euros garantis en capital et des stratégies actions ciblées, par exemple. Mais dans un monde de plus en plus complexe pour l’investisseur – faiblesse durable des taux, risque géopolitique, bouleversements technologiques – un produit touten-un et tout-terrain conserve son utilité pour les épargnants souhaitant dormir tranquilles. Tous les fonds patrimoniaux ne se valent certes pas. Mais sur 5 et 10 ans, les ténors du marché ont tous su préserver et même faire fructifier le capital confié, dans un contexte il est vrai propice aux actifs risqués. Cela explique qu’un fonds comme Lazard Patrimoine Croissance (Lazard Frères Gestion) apparaisse en tête du peloton, avec 166,7 % de performance cumulée sur 10 ans : le fonds peut faire varier fortement sa part actions mais a plutôt vocation à la maintenir audessus de 50 % (c’est même 80 % actuellement) et a bien su profiter de la phase haussière des marchés. Mais d’autres stratégies moins agressives de la même maison de gestion ont aussi très bien fonctionné sur la période, de même que des fonds comme Aviva Patrimoine (+102,7 % sur 10 ans), Vega Patrimoine (+89,2 %) ou Keren Patrimoine (+88,2 %). Le champion des encours Carmignac Patrimoine est nettement en retrait, surtout en raison de son parcours décevant ces trois dernières années, mais, avec 39,7 % de performance cumulée sur 10 ans, il a toutefois « fait le job » qu’on attendait de lui : protéger et faire fructifier le capital. — Emmanuel Schafroth


en bref

Bilal – Arcurial

MARCHÉ DE L'ART

BANDES DESSINÉES À L’HONNEUR

PEINTURES D’ASIE EN FUSION

Le 27 avril prochain, Artcurial organise à Paris une vente de BD réunissant 180 œuvres originales de grands noms du dessins, dont Bilal, Moebius, Pratt ou Hergé.

Le 12 avril, lors d’une vente chez Drouot dédiée à la peinture asiatique, L’atelier de broderie du peintre vietnamien Luong Xuan Nhi a atteint l’enchère record de 526.760 €.

Drouot

PATRIMOINE // 37

Les Echos Vendredi 19, Samedi 20 et Dimanche 21 avril 2019

Trésors du Moyen Age aux enchères Judith Benhamou-Huet lors que les charpentes du XIIIe siècle de Notre-Dame de Paris sont parties en fumée le 15 avril sous les yeux horrifiés du monde entier, on se souvient qu’au XIXe siècle le Moyen Age était l’objet d’une véritable fascination dont l’architecte Eugène Viollet-leDuc (1814-1879), chargé de la restauration de la cathédrale, était l’une des plus célèbres incarnations. A Paris, le 16 mai prochain Sotheby’s dispersera le contenu du château de Martinvast dans la Manche qui appartient à la famille Schickler-Pourtalès. Il avait été acheté en 1867 par le banquier allemand installé en France, Arthur de Schickler (1828-1919) qui est fait baron en 1870. Cet homme d’affaires à succès du second Empire incarne bien l’air du temps de l’époque de Viollet-le-Duc. Il nourrit une passion certaine pour le Moyen Age et la Renaissance et demande à l’architecte britannique William Henry White (connu pour son style « high Victorian Gothic ») de restaurer ce château dans un goût revisité du Moyen Age. C’est le peintre symboliste, Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953), qui, selon le catalogue, dessinera, plus tard les jardins. Une aile entière du château est consacrée à célébrer sa p ério de favorite. Comme l’explique chez Sotheby’s le vice-président Pierre Mothes « à la suite de ventes successives d’objets en provenance du château dès les années 1930, le Metropolitan Museum de New York a acquis certaines des pièces de cette collection ». C’est le cas de plusieurs extraordinaires aquamaniles (verseuse pour se laver les mains) en forme de lion ou de dragon datant du XIIIe siècle ou encore d’une tapisserie du Sud de la Hollande du XVe siècle sur le thème de la fauconnerie achetée chez Sotheby’s le 17 novembre 2010 pour 1,6 million d’euros.

Paire de chérubins sculptés dans la pierre vers 1525 par Hans Daucher (1486-1538) artiste reconnu de la Renaissance allemande. Chacun mesurant 30 cm, ils sont estimés ensemble à 1 million d’euros.

A

Sotheby’s/ArtDigital Studio

ART SACRÉ // Sotheby’s vend

à Paris le contenu d’un château de Normandie, celui des SchicklerPourtalès, dont le principal trésor est une collection consacrée au Moyen Age et à la Renaissance.

Prime aux auteurs identifiés

Mais Martinvast contenait encore dans les derniers temps des trésors. L’une des vedettes du catalogue est un retable (une construction posée derrière la table de l’autel) sur la vie de saint Lambert sculpté dans le chêne (192 × 210 cm) vers 1530. Un retable comparable, provenant certainement aussi comme cette pièce, de la cathédrale de Saint-Bavon à Gand appartient aujourd’hui au British Museum. Le riche récit est cloisonné en plusieurs espaces qui narrent la vie du saint natif de Maastricht. Estimation : 100.000 euros. Selon le marchand spécialisé Mathieu Sismann, installé rue de Beaune à Paris, rien de comparable n’est passé sur le marché depuis environ quinze ans. Un retable à peu près comparable illustrant la passion du Christ avait été adjugé 287.000 euros en 2000 à Louviers. L’expert de Sotheby’s Ulrike Goetz insiste sur l’importance d’une paire de chérubins sculptés dans la pierre vers 1525 par Hans Daucher (14861538) artiste reconnu de la Renaissance allemande. « Ils ornaient autrefois la chapelle de la famille Fugger à Augsbourg. Nous les avons retrouvés dans le grenier du château. » Selon le catalogue, « la chapelle Fugger est l’un des premiers exemples d’architecture de la Renaissance allemande réalisée à la manière italienne ». En 1821 cependant, elle a été démantelée et ces deux putti étaient considérés comme perdus. Chacun mesurant 30 × 30cm ils sont

Retable sur la vie de saint Lambert, Brabant, vers 15201540. L’œuvre a été sculptée dans du chêne et mesure presque deux mètres de haut. Photo Sotheby’s/ArtDigital Studio

« Il existe des amateurs dans le monde entier. Ils sont très actifs mais rarement monomaniaques. Parallèlement ils achètent de l’art d’Asie, de l’art primitif ou même de l’art contemporain. MATHIEU SISMANN Marchand d’art

estimés ensemble à 1 million d’euros et présentent un état de conservation exceptionnel. « La prime est donnée, sur le marché aux œuvres dont on identifie l’auteur, explique Mathieu Sismann. Voilà pourquoi le prix attendu des putti est plus élevé que celui du retable dont on ne peut donner la paternité. » De manière plus générale l’antiquaire observe que la Haute Epoque correspond à un marché très étroit nourri par un flux de marchandise restreint. Il ajoute : « Il existe des amateurs dans le monde entier. Ils sont très actifs mais rarement monomaniaques. Parallèlement ils achètent de l’art d’Asie, de l’art primitif ou même de l’art contemporain. Cependant les amateurs français sont plutôt rares. » Rappelons parmi les prix les plus spectaculaires de ces dernières années la vente pour 9,3 millions de livres en 2017 chez Christie’s de deux lions de marbre sculptés par André Beauneveu vers 1364 pour la tombe de Charles V de la basilique SaintDenis. La vente contient aussi des œuvres plus modestes de Haute Epoque ou néogothiques (du XIXe siècle imitant le Moyen Age) comme une chaire dissimulant un coffre en châtaignier sculpté du XIXe siècle (estimation : 200 euros), une sculpture du XVe siècle représentant saint Etienne modelée dans le noyer de 86 m de hauteur (estimation : 4.000 euros) ou un bassin mamelouk de la fin du XVe siècle en cuivre étamé (estimation : 3.000 euros). Enfin, dans un tout autre genre rien n’exprime mieux le lustre de cette famille que le gracieux portrait peint par l’artiste du Gotha de l’époque, Franz Xaver Winterhalter (1805-1873) qui représente la comtesse Edmond de Pourtalès. Il est estimé 120.000 euros. n

Vendredi 26 avril

DOSSIER SPÉCIAL 8 PAGES

DÉCLARATION D’IMPÔT CE QUI CHANGE EN 2019


38 //

Les Echos

=

Les chiffres de l'économie

// Budget de l’Etat 2019 : 390,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2.350 milliards d’euros courants // Plafond Sécurité sociale : 3.377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10,03 euros à partir du 01-01-2019 // Capitalisation boursière de Paris : 1.637,8 milliards d’euros (au 01-04-2019) // Indice des prix (base 100 en 2015) : 103,06 en février 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8,8 % au 3e trimestre 2018 // Dette publique : 2.322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

crible Tentante incertitude La remontée de la Bourse laisse les investisseurs face à un dilemme.

Aide-toi, la cote t’aidera « Tout devient merveilleux dans la brume. » Les investisseurs partageraient volontiers l’avis d’Oscar Wilde si eux ne sortaient pas de quarante années où le style classique de gestion d’un portefeuille à 60 % en actions et à 40 % en obligations leur a rapporté un taux annualisé sur dix ans de 9,4 %, un don du ciel que Pictet WM voit s’étioler à 4,5 % dans le futur. Christophe Donay, son chef stratégiste, observe que la remontée des marchés d’actions depuis fin décembre a effacé la purge de l’automne et ramené les valorisations à leurs moyennes historiques, alors que les analystes dégradent leurs anticipations. Leur potentiel, même limité en terme fondamental, laisse les gérants devant un dilemme : rater un éventuel rallye ou s’y exposer quitte à se couvrir. L’habitude n’est-elle pas un confort mortel ?

Courants divergents

Nestlé et Unilever sont en mesure de confirmer leurs objectifs annuels.

Schneider Electric démontre le changement de modèle qui manque à ABB.

« Dis-moi ta croissance et je te dirai qui tu es ». Pour rester dans la famille des « blue chips », les géants cotés des biens de consommation ont l’habitude de passer leur portefeuille de marques et d’activités au peigne fin. Cet exercice, qui ne date pas d’hier, est devenu plus pressant depuis que des actionnaires activistes ont fait de ce secteur un terrain de prédilection. Le rythme organique de Nestlé au premier trimestre (+3,4 %), supérieur à celui d’Unilever diffusé simultanément (+3,1 %), n’est donc pas passé inaperçu car le géant suisse donne ainsi moins de grain à moudre au fonds Third Point. Le poids lourd anglo-néerlandais affiche en effet une performance encore moins flatteuse dans sa partie alimentaire (+1,5 %). Et il bat moins facilement les attentes des oracles boursiers qui voyaient les deux à même enseigne (+2,8 %). Son nouveau patron Alan Jope manque d’arguments pour combler sa décote de valorisation (20 et 22 fois le bénéfice prévisionnel) face à son homologue Mark Schneider, aux commandes depuis plus longtemps, un écart que certains analystes, comme ceux de CFRA, justifient par la participation de 23 % dans L’Oréal. Leur point commun, c’est de souligner l’énormité du travail réalisé et de celui qui reste à faire – tout en poursuivant les efforts d’efficacité –, pour être en mesure de capter les nouvelles tendances. Même dans des marchés mûrs comme le café ou le thé en Europe, on en trouve quand on en cherche, comme l’attestent Nespresso ou Pukka.

« L’endroit le plus sombre est sous la lampe. » C’est évidemment la sagesse millénaire de l’ex-empire du Milieu qui décrit le mieux la situation de l’un des membres les plus sinophiles du CAC 40, Schneider Electric. Comme c’est régulièrement le cas depuis trois ans, la croissance interne trimestrielle de l’équipementier électrique a encore battu tous les pronostics (+5,9 % quand les attentes se limitaient à 2,8 %). Et comme d’habitude, les investisseurs sont contraints d’intensifier la lumière sur ce que certains d’entre eux considèrent toujours comme une « option » sur la croissance chinoise. L’image d’Epinal s’écarte néanmoins de la réalité. En l’occurrence, les 7 % de progression enregistrée sur les trois premiers mois de l’année dans la gestion de l’énergie (soit les trois quarts de l’activité du groupe) en République populaire – d’ailleurs probablement pas réplicable sur le reste de l’année – ont été dominés par les 12 % affichés en Amérique du Nord. Les saints Thomas de la Bourse semblent toujours douter du changement d’un modèle qui parvient pourtant à mieux capter la valeur créée par la transition énergétique. Le virage pris il y a quinze ans par le français vers l’aval en se séparant de sa haute tension, dont il était l’un des leaders mondiaux,

a fini par être tardivement opéré par ABB, exsangue dans l’énergie mais encore incontesté dans l’automation. Le groupe de Jean-Pascal Tricoire le sait mieux que quiconque : convaincre est un marathon.

Le CAC 40 bute sur les 5.600 points EN VUE

ieux vaut réfléchir à deux fois avant de se faire tatouer. Tête d’affiche du Festival de Coachella ce week-end, Ariana Grande pensait se faire graver en japonais, dans le creux de la main, le titre de son dernier hit, « 7 Rings ». Pas de chance : le tatoueur ne maîtrisait pas les caractères nippons et a écrit « barbecue » à la place. La chanteuse, végane, a peu apprécié. Mais ce n’est rien à côté des calamités qui lui sont tombées dessus ces deux dernières années. La star la plus populaire d’Amérique a beau arborer des serretête en oreilles de chat et des jupons baby-doll, elle a connu plus de malheurs à 25 ans que certains en toute une vie. Son concert de Manchester, il y a deux ans, a été le théâtre d’un attentat terroriste, provoquant la mort de 22 personnes. La tragédie l’a plongée dans un état de stress post-

M

A la veille d’un week-end pro•longé pour Pâques, la Bourse de Paris a terminé la semaine sur de nouveaux plus hauts annuels (+0,31%), à 5.580,38 points. En séance, l’indice CAC 40 a franchi les 5.601,38 points, un record depuis le 23 mai 2018. Depuis le début de l’année, ses gains s’élèvent à 17,96%. La Bourse a capitalisé sur les résultats d’entreprises malgré de nouvelles statistiques décevantes en Europe. Du côté des valeurs, Kering a subi la plus forte baisse (-5,04%) de l’indice CAC 40, fragilisé par le ralentissement de la croissance organique lié à la « normalisation » des performances de sa marque

phare Gucci, en dépit de ventes toujours en progression au premier trimestre. Schneider Electric a grimpé de 2,72%, bénéficiant d’un chiffre d’affaires en hausse pour le premier trimestre, grâce au dynamisme de ses ventes, en particulier aux ÉtatsUnis. L’Oréal s’est adjugé 0,21%. Son PDG Jean-Paul Agon a déclaré jeudi viser un cours de Bourse de plus de 300 euros, l’action du groupe évoluant actuellement à des niveaux record. Hors du CAC 40, Soitec a été propulsé (+10,23%) après un bond de son chiffre d’affaires trimestriel de 53% à 140,3 millions d’euros.

traumatique – état qu’elle partage sans pudeur avec ses 146 millions d’abonnés Instagram, ce qui fait d’ailleurs d’elle la star la plus suivie au monde derrière Cristiano Ronaldo. L’an dernier, c’est son ex-boyfriend, le rappeur Mac Miller, qui est mort d’overdose. Depuis, la petite brindille se noie dans la musique. Elle a sorti deux albums en cinq mois, suscitant l’adoration du public : trois de ses chansons se sont hissées, simultanément, aux trois plus hautes places du hit-parade américain. Un exploit que seuls les Beatles avaient relevé avant elle, en 1964. Classée par « Time » parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde, elle n’hésite pas à bousculer l’industrie musicale, préférant sortir des chansons au gré de ses humeurs qu’un album tout entier. Derrière les oreilles de chat, une rage de lion ! n

Mbw/Wenn.com/Sipa

Ariana Grande


LE DIPLOMATE D’une présidence à l’autre, Jean-Dominique Senard, à peine parti de Michelin, hérite de la lourde tâche de sauver l’Alliance Renault-Nissan. Principal atout : son style anti-Ghosn.

ALGÉRIE

Code Etude ACPM

N° 165. SUPPLÉMENT AU N° 22 933 DU QUOTIDIEN « LES ÉCHOS » DES 19 ET 20 AVRIL 2019. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT. 5 €

BUSINESS STORY / CULTURE / STYLE / ... ET MOI

Le printemps d’un milliardaire

NOTRE-DAME

Reconstruction : quels précédents ?

MONTRES : VARIATIONS SUR L’HEURE GMT

BIEN-ÊTRE

L’art de vieillir heureux






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SOMMAIRE

19 AVRIL 2019

10 ESPRIT WEEK-END

66 CHAMPS-ÉLYSÉES, AVENUE DESIGN Entre les nouvelles fontaines signées des frères Bouroullec et des Galeries Lafayette conçues par l’architecte Bjarke Ingels, la célèbre avenue poursuit sa montée en gamme.

18 LE DIMANCHE IDÉAL DE… Elizabeth George, écrivaine de polars.

70 GOÛT

BUSINESS STORY

72 J’Y SUIS, J’Y RESTE

19 EN COUVERTURE : JEAN-DOMINIQUE SENARD, LE DIPLOMATE

La BMW 1 250 GS maintient son leadership.

Le président sortant de Michelin, qui vient de prendre la tête de l’Alliance RenaultNissan à la suite de l’affaire Carlos Ghosn, est un patron à part dans l’establishment hexagonal, un grand conciliateur.

…ET MOI

AUDOIN DESFORGES POUR LES ECHOS WEEK-END

SHUTTERSTOCK

ILLUSTRATION CALL ME GEORGE(S) POUR LES ECHOS WEEK-END

29 TROIS MOTS POUR NE PLUS SE PERDRE What3words propose un système d’adresses alternatif utilisant une combinaison de mots pour désigner un point. Constructeurs auto, hôteliers, sociétés de livraison adorent.

32 UN MILLIARDAIRE PARMI LES RÉVOLUTIONNAIRES ALGÉRIENS Première fortune du pays, Issad Rebrab se présente comme une grande victime de l’ère Bouteflika. Portrait du « Berlusconi algérien », l’un des rares industriels à soutenir le soulèvement populaire en cours.

40 PUTIAN, CAPITALE DE L’OR CHINOIS Inexistante il y a vingt ans sur le marché mondial du métal jaune, la Chine est désormais un acteur incontournable.

CULTURE 43 RECONSTRUIRE Emmanuel Macron l’a annoncé le soir même de son incendie : la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris est une urgence pour la France et pour le monde.

Jean-Dominique Senard, nouveau président de Renault et de l’Alliance avec Nissan.

73 LA LONGÉVITÉ HEUREUSE, C’EST POSSIBLE

Tour d’horizon des monuments constituant le patrimoine de notre planète qui ont connu un sort similaire et ont su renaître des flammes.

50 EXPO, MUSIQUE, CINÉMA… Sélection de l’actualité culturelle.

Bien vieillir ? Oui, à condition de bouger plus, de stimuler son cerveau et de veiller à son alimentation.

78 DÉLICES D’INITIÉS 80 BIEN-ÊTRE Science infuse.

STYLE

82 CLAP DE FIN La chronique de Marc Dugain.

53 DÉCALAGES HORAIRES Depuis le découpage du monde en 24 zones horaires, les horlogers rivalisent d’ingéniosité pour imaginer des montres affichant plusieurs fuseaux.

64 MODE MÉDUSE NEW-YORKAISE Donatella Versace part à la conquête du nouveau monde.

65 WHO’S THE BOSS ? Sac cabas XL en cuir, Boss.

LE S E CHOS WE E K- E ND – 7

POUR ALLER PLUS LOIN SUR WEEKEND.LES ECHOS.FR Les grands monuments qui ont su renaître des flammes, en images. ● Abdelaziz Bouteflika : de son ascension à sa démission, en infographie. ● Champs-Élysées : le plus beau chantier du monde, à retrouver sur media.lesechos.fr/infographie/champs_elysees ●


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ÉDITO

19 AVRIL 2019

STYLE 19 AVRIL 2019

ET MOI…

BUSINESS STORY / CULTURE / STYLE / ... ET MOI

DÉCALAGES HORAIRES

19 AVRIL 2019

Depuis le découpage du monde en 24 zones horaires, les horlogers rivalisent d’ingéniosité pour imaginer des montres affichant plusieurs fuseaux. Véritables compagnes de voyage, elles s’imposent au poignet des globe-trotters, des pilotes d’avions et des hommes d’affaires.

BUSINESS STORY

CULTURE

Par Frank Declerck

19 AVRIL 2019

19 AVRIL 2019 Notre-Dame de Paris, vue de l’intérieur, après l’incendie du 15 avril 2019.

ALGÉRIE

Le printemps d’un milliardaire

NOTRE-DAME

Reconstruction, quels précédents ?

BIEN-ÊTRE

L’art de vieillir heureux

MONTRES : VARIATIONS SUR L’HEURE GMT

Jean-Dominique Senard, président de Renault depuis janvier 2019, doit maintenant sauver l’Alliance RenaultNissan-Mitsubishi.

LUBITZ + DORNER/PLAINPICTURE

LE DIPLOMATE D’une présidence à l’autre, Jean-Dominique Senard, à peine parti de Michelin, hérite de la lourde tâche de sauver l’Alliance Renault-Nissan. Principal atout : son style anti-Ghosn.

Code Etude ACPM

N° 165. SUPPLÉMENT AU N° 22 933 DU QUOTIDIEN « LES ÉCHOS » DES 19 ET 20 AVRIL 2019. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT. 5 €

Jean-Dominique Senard prend le volant de l’Alliance Renault-Nissan.

Par Jessica Berthereau Illustrations : Call me George(s)

CHRISTOPHE PETIT TESSON/POOL/AFP

JEAN-DOMINIQUE SENARD, LE DIPLOMATE Par Dominique Seux Photographe : Audoin Desforges

EN COUVERTURE : AUDOIN DESFORGES POUR LES ECHOS WEEK-END

ILLUSTRATION KIM ROSELIER

RÉDACTION Directeur : Henri Gibier (7249) Directeur de création : Fabien Laborde (7273) Assistante : Maria Lopez-Pissarra (7325) Rédacteurs en chef : Gilles Denis (7221), Karl De Meyer (7219), Lucie Robequain (7340) Rédacteurs en chef adjoints : Mariana Reali (7335), Claude Vincent (7361) Chef d’édition : Anne-Sophie Pellerin (7322) Directrice artistique : Cécile Texeraud (7354) Directrice artistique adjointe: Alice Lagarde (7276) Chef de service photo : Jany Bianco-Mula (7170) Conseillers éditoriaux : Daniel Fortin (7240), Pascal Pogam (7326) Rédaction : Philippe Chevilley (7192), Thierry Gandillot (7246) (chefs de service), Isabelle Lesniak (7290), Florence Bauchard (7162), Stefano Lupieri (7295) (chefs de rubrique), Pierre de Gasquet (7215) (grand reporter) Editrice Web : Cécilia Delporte (7218) Edition : Véronique Broutard (7183), Emmanuelle Chabert (7187), Annette Lacour (7275) Maquette : Christine Liber (7291) Service photo : Clémentine Neupont (7317), Constance Paindavoine (7320) Infographies : service infographie des « Echos » Documentation : Anne Flateau (7239) Ont collaboré à ce numéro : Jena-Michel de Alberti, Judith Benhamou-Huet, Jérôme Berger, Jessica Berthereau, Philippe Besson, Ludovic Bischoff, Marianne Bliman, Sarah Bouchet, Virginie Cantagrel (édition), Frank Declerck, Marc Dugain, Jean-Denis Errard, Astrid Faguer, Marie Farman, Laurent Guez, Nicolas Keraudren, Shereen Mahhouk (iconographie), Cécile Michel, Angèle Noël (maquette), Jean-Francis Pécresse, Martine Robert, Frédéric Schaeffer, Marc Schlicklin, Dominique Seux, Philippe Venturini. Pour obtenir votre correspondant, composez le 01 87 39 suivi des quatre chiffres entre parenthèses.

L E S E C HO S W E E K - EN D – 7 3

L E S E C HO S W E E K - EN D – 4 3

L E S E C H O S W E E K - EN D – 1 9

Directeur de la publication, président de la SAS Les Echos : Pierre Louette Directeur des rédactions : Nicolas Barré

LA LONGÉVITÉ HEUREUSE C'EST POSSIBLE

RECONSTRUIRE Par Gilles Denis, Karl De Meyer, Stefano Lupieri, Mariana Reali, Lucie Robequain et Claude Vincent

L E S E C H O S W E E K - EN D – 5 3

Les adresses e-mail se construisent ainsi : initiale du prénomnom@lesechos.fr Éditrice : Capucine Marraud des Grottes Éditrice adjointe : Clémence Callies Directeur de la diffusion et du marketing clients : Etienne Porteaux Directeur Stratégie & Communication : Fabrice Février PUBLICITÉ Les Echos Le Parisien Médias Tél. : 01 87 39 78 00 Présidente : Corinne Mrejen Directeur général : Philippe Pignol (8311) Directrice commerciale du pôle Lifestyle : Anne-Valérie Oesterlé (7545) Directrice adjointe du pôle Lifestyle : Sophie Chartier (7501) Directeur du pôle Réseaux, International et Régions : Nicolas Grivon (7526) Pour obtenir votre correspondant, composez le 01 87 39 suivi des quatre chiffres entre parenthèses. SERVICE ABONNEMENTS 4, rue de Mouchy, 60438 Noailles Cedex Du lundi au vendredi de 9 h à 17 h30 au 01 70 37 61 36. serviceclients@lesechos.fr FABRICATION Directeur : Jérôme Mancellon (7444) Responsable fabrication groupe : Sandrine Lebreton (7442), assistée de Jean-Claude Lainé (7129) Photogravure : Key Graphic Impression : Maury SA, Malesherbes Origine du papier : Finlande. Taux de fibres recyclées : 0 %. Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement. Ptot 0.009kg/tonne Les Echos Week-End est une publication hebdomadaire du Groupe Les Echos. ISSN 2430-7599. CPPAP 0421 C 83015. Dépôt légal : avril 2019

Principal associé : Ufipar (LVMH) Président-directeur général : Pierre Louette Directrice générale Pôle Les Échos : Bérénice Lajouanie Directeur délégué : Bernard Villeneuve

L’UN ET L’AUTRE À part le fait qu’ils sont deux « produits Michelin », on ne peut guère trouver plus différents dans le style que Carlos Ghosn, le patron déchu de Renault-Nissan, et Dominique Senard, son successeur à la présidence du constructeur français. Le premier est réputé autoritaire, cassant, plus intéressé par la stratégie que par les relations humaines ; le second pratique un commandement consensuel, consacre beaucoup de son temps au dialogue social, prend le risque, par une manière d’être qu’on rencontre plus dans les chancelleries que dans les comex, d’apparaître presque fragile, ce que dément toutefois son parcours à la tête du numéro 2 mondial du pneu. L’un s’est toujours refusé à mettre ses formidables capacités au service d’autre chose que son groupe, l’autre a manifesté un intérêt croissant pour le rôle sociétal de l’entreprise, envisageant même de conclure sa carrière à la tête du mouvement patronal. Ghosn, sauveur de Nissan et redresseur de Renault, chute victime de cette hubris qui lui a donné la force de porter l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi au premier rang mondial de l’automobile, mais aussi encouragé chez lui la faiblesse de se croire autorisé à trop de faveurs. Rien de comparable avec le discret Senard, plutôt du genre à fuir ce qui pourrait ressembler à un privilège ostentatoire. Cette opposition de forme ne doit pas masquer ce que cette succession signifie sur le fond. La course au volume conduite de main de maître par son prédécesseur semble moins convaincre l’ex-patron de Michelin, soucieux qu’elle ne se fasse pas au détriment de la qualité et de l’innovation. Il n’est pas homme à tout miser, comme l’a fait spectaculairement Carlos Ghosn, sur le tout électrique. Avec lui, le management de la marque au losange devrait devenir, à bien des égards, moins entier et un peu plus hybride. Henri Gibier

LE S E CHOS WE E K- E ND – 9


ESPRIT WEEK-END 19 AVRIL 2019

L'AGENDA EN FRANCE MONTOLIEU

La conquête lunaire Le musée Cérès Franco dans l’Aude présente l’exposition « Les Croqueurs d’étoiles ». Une évocation à la fois esthétique et poétique du premier pas de l’homme sur la Lune, il y a cinquante ans. Jusqu’au 3 novembre. www.collectionceresfranco.com

VALLON PONT D’ARC

Attention Félins La superbe réplique de la grotte Chauvet (que l’on a enfin le droit d’appeler ainsi au lieu de « grotte du Pont d’Arc »), reçoit cette année, sa première grande exposition temporaire : Tabouret « Des lions et des hommes ». en forme On y découvre les relations de panthère entre les hommes et les félins. culture Quatre cent ans de fascination Bamiléké dont la plus importante (Cameroun). représentation de lions des cavernes au monde qui repose ici, en Ardèche. Jusqu’au 22 septembre. www.grottechauvet2ardeche.com

ROUEN

Gang arty Le musée des Beaux-Arts de Rouen se penche en 2019 sur cette colonie d’artistes qui s’est formée à Varengeville-sur-Mer, autour des figures tutélaires de Georges Braque et de l’architecte Paul Nelson, avec des artistes aussi célèbres que Miro ou Calder. Jusqu’au 2 septembre. http://mbarouen.fr Femme au chevalet, Georges Braque, 1936.

10 – LE S E CHOS WE E K- E ND

IL EST TEMPS DE RÉSERVER 1 000 VOILIERS EN MORBIHAN Organisée tous les deux ans, la Semaine du golfe du Morbihan réunit cette année, du 27 mai au 2 juin, une flottille d’un millier de bateaux qui naviguent et font escale dans 17 communes du golfe. Une fête maritime qui permet d’admirer des petits voiliers traditionnels, des yachts de plaisance ou des bateaux de pêche. Et, pour cette 10e édition, quelques vedettes comme la goélette trois-mâts néerlandaise Oosterschelde ou le Shtandart, réplique de la frégate du tsar Pierre 1er. www.semainedugolfe.com

PARIS, MUSÉE DU QUAI BRANLY – JACQUES CHIRAC

LENS

La vie d’Homère Le musée du Louvre-Lens présente une ambitieuse exposition consacrée à Homère. Le parcours propose un panel d’œuvres aussi denses et variées sur l’influence d’Homère sur Rubens, Watteau, Ingres, Corot, Gustave Moreau et Marc Chagall. On y découvre aussi un ensemble exceptionnel de céramiques et de sculptures grecques et romaines. Jusqu’au 22 juillet. www.louvrelens.fr

AI AU DU 27 M N 2 JUI

ALAIN BASSET/LYON MBA /PARIS, ADAGP 2019

Terre cuite grecque (460-450 av J.-C.).

THE METROPOLITAN MUSEUM OF ART, NEW YORK

Chasse aux œufs À l’occasion des 130 ans de sa découverte par Edouard-Alfred Martel, le célèbre Gouffre de Padirac revisite la traditionnelle chasse à l’œuf et organise son premier lâché de poules à 103 mètres sous terre ! On s’amuse donc en famille à résoudre des énigmes pour gagner des poules créées par le célèbre chocolatier Patrick Roger. Ce dimanche. www.gouffre-de-padirac.com Ludovic Bischoff

FRANÇOIS BERLAND

PADIRAC


L’ADRESSE HORLOGÈRE PARISIENNE

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ESPRIT WEEK-END

L'AGENDA À PARIS OCÉANS

Plongée dans les abysses Le Muséum national d’histoire naturelle présente une grande exposition dédiée aux océans. Une scénographie immersive, conçue notamment pour le jeune public, permet d’appréhender les défis pesant sur la biodiversité marine. Jusqu’au 5 janvier 2020. www.mnhn.fr

LITTÉRATURE

GALERIE

Sous-sols animés La galerie Xippas, au cœur du Marais, prête ses espaces souterrains à l’artiste français Céleste Boursier-Mougenot. Sols mous et obscurité totale au programme ! Les travaux de ce

U DU 9 A 12 MAI

plasticien, également compositeur, engagent l’art et la musique dans un dialogue toujours plus riche. Jusqu’au 25 mai. http://www.xippas.com/fr

TABLE

Mar’co, hype Ce nouvel établissement de la rue de la Sourdière a été créé par Marco Giami qui avait dirigé le restaurant du concept store colette. L’ambition de Mar’co est de proposer de grands classiques français avec une approche simple et rapide. Les pâtisseries sont signées par de grandes maisons parisiennes, Yann Couvreur et Angelina. www.instagram.com/lecafemarco/

IL EST TEMPS DE RÉSERVER TASTE OF PARIS Pour la neuvième édition du rendez-vous gastronomique, une constellation de chefs étoilés, d’Éric Frechon à Thierry Marx, de Frédéric Anton à Christian Le Squer, est attendue pour animer le festival. Restaurants éphémères, ateliers de cuisines et rencontres avec des producteurs ponctuent ce grand week-end gourmand. Les enfants ne sont pas oubliés avec un programme élaboré spécialement pour les plus jeunes marmitons. Réservation sur https://paris.tastefestivals.com/

12 – LE S E CHOS WE E K- E ND

L’Oiseau de feu, mis en scène par Marco Goecke, avec Nieslon de Souza (photo).

WILIAN AGUIAR

ART CONTEMPORAIN

Donald Judd s’expose La galerie Thaddaeus Ropac présente dans son espace du Marais une exposition consacrée au plasticien Donald Judd. Des pièces rares sont dévoilées notamment l’une de ses premières œuvres tridimensionnelles. Jusqu’au 15 juin. www.ropac.net

SPECTACLE

Triptyque dansant La compagnie de danse de São Paulo dirigée par Inês Bogéa se produit pour la première fois en France. Au Théâtre de Chaillot, la troupe présente trois chorégraphies. La danseuse Joëlle Bouvier a créé Odisseia. Uwe Scholz a imaginé un ballet contemporain évoquant Wassily Kandinsky et Rachmaninoff. Marco Goecke réinterprète L’Oiseau de Feu de Stravinsky. Vendredi et samedi. www.theatre-chaillot.fr

THOMAS LANNES/COURTESY GALERIE THADDAEUS ROPAC, LONDON · PARIS · SALZBURG/ JUDD FOUNDATION / ADAGP, PARIS, 2019

Sans titre, de Donald Judd (1989), une de ses œuvres tridimensionnelles.

VINCENT NAGEOTTE

Mots pour maux La BNF s’intéresse aux « manuscrits de l’extrême » et présente les œuvres d’écrivains ayant rédigé des textes dans des conditions difficiles ou périlleuses. Ces manuscrits, pour certains véritables trésors historiques, sont signés par Napoléon, Marie-Antoinette, ou encore Guillaume Apollinaire. Témoignages artistiques, récits de guerre, correspondances intimes se succèdent au fil de l’exposition. www.bnf.fr/fr



ESPRIT WEEK-END

FESTIVAL

La revue impertinente de la presse people par Philippe Besson Décidément, l’époque m’inquiète : Kim Kardashian fait la une de Vogue (en solo). Donc, tourner une sextape, vous habiller comme un sapin de Noël et vous maquiller comme une voiture volée peuvent faire de vous une icône de la mode. Gageons que cette reconnaissance va encourager des vocations (alors qu’il aurait sans doute fallu, pour le bien de tous, en freiner quelques-unes). Traduit en français, cela signifie aussi que normalement, Patrick Sébastien a ses chances pour décrocher la une de Télérama. Et moi la couverture de Lui. (Ou l’inverse, d’ailleurs). L’ex-starlette de téléréalité Nabilla et son compagnon Thomas Vergara forment le nouveau couple modèle, si on en juge par le reportage de Paris Match. On rêve… Les tourtereaux en profitent pour annoncer qu’ils comptent élever

leur enfant à Dubaï : « Là-bas, la drogue, l’alcool, ça n’existe pas. » Et, dans ce havre de paix, ils pourront plus facilement lui expliquer comment un jour sa mère a poignardé son père. Le chanteur Shawn Mendes (photo) a, pour la deuxième fois, dû démentir les rumeurs sur son homosexualité : « ça me met en colère quand des gens font des insinuations », s’est-il agacé. En même temps, voilà un type hyper-sexy qui n’a jamais été vu avec une girlfriend officielle et qui pose en slip blanc pour Calvin Klein comme dans les meilleurs pornos gays d’autrefois : il le cherche, lui aussi !

14 – LE S E CHOS WE E K- E ND

Autre vilaine rumeur, celle qui laisse entendre que le Prince William aurait trompé Kate Middleton avec son amie Rose Hanbury, qui plus est alors qu’elle était enceinte de leur troisième enfant. Le site Slate est même affirmatif : « Rose ne s’en cache pas, elle en parle à qui veut l’entendre et tout le gotha est au courant de leur liaison ». Fait rarissime : alors que « la famille royale a toujours pris soin de ne pas répondre aux parutions négatives », comme le rappelle Gala, cette fois, « un courrier d’avocat a été envoyé, menaçant de poursuites judiciaires. » Comme si un vent de panique soufflait sur Buckingham. Nous voici revenus aux temps lointains des adultères de Charles et Diana… Du reste, Harry aurait lancé à son frère : « Tu fais les mêmes conneries que papa ! » Avant de se brouiller avec lui. Les tabloïds se frottent les mains. Business is back.

IAN WEST/PA WIRE/ABACA

SALLE D'ATTENTE

ILLUSTRATION KIM ROSELIER POUR LES ECHOS WEEK-END

Marcello Mastroianni, dans la comédie Divorce à l’italienne (1962).

A l’occasion des 30 ans de la Pyramide du Louvre, le chorégraphe Kader Attou (photo) présentera un spectacle de danse contemporaine, Un break à Mozart 1.1, dans la Cour Napoléon. Dans cette reprise du ballet créé avec les onze danseurs du Centre chorégraphique national de La Rochelle, Kader Attou entraîne ses interprètes dans une danse empruntant les codes du hip-hop sur la musique de Don Giovanni ou du Requiem. Spectacle gratuit. www.louvre.fr

PIERRE MEUNIE

EXPOSITION

L’épopée du ballon rond L’Institut du monde arabe explore le domaine du football à travers onze histoires emblématiques comme le football féminin en Jordanie, l’équipe du FLN sur la route de l’indépendance de l’Algérie ou la situation en Palestine… L’institut s’intéresse au phénomène sportif et sociétal dans le monde arabe. Possibilité de réserver une heure de jeu sur son parvis pour des parties amateurs sous les célèbres moucharabiehs de Jean Nouvel. Jusqu’au 21 juillet. www.imarabe.org/fr

IL EST TEMPS DE RÉSERVER KADER ATTOU AU LOUVRE

DR

L’essor du foot féminin ici à Tanger, vu par le photographe Yoriyas.

12, 13 UILLET ET 14 J

BALLE |/YORIYAS

Zygomatiques cinéphiles Le Forum des images organise son « drôle de festival », dédié au cinéma comique. Le septième art français domine la programmation avec un cycle consacré à Jean Yanne, la projections de films cultes et de courts métrages. Patrice Leconte, Alex Lutz et Agnès Jaoui animeront des rencontres avec le public pendant le week-end. Jusqu’au 21 avril. www.forumdesimages.fr Jean-Michel de Alberti


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ESPRIT WEEK-END

L'AGENDA AILLEURS cinquante ans après la création du musée et trente ans après sa restauration, le visiteur découvre la face cachée de l’architecte à travers ses collections d’art japonais et de marbres rares. Jusqu’au 30 juin. www.hortamuseum.be/fr

LOS ANGELES

BADEN BADEN

Concerts Le célèbre festival de Pâques de la station thermale affiche ce week-end des concerts prestigieux : samedi, le Requiem de Verdi dirigé par Riccardo Muti ; dimanche, le pianiste prodige Lang Lang (photo) sous la direction du chef d’orchestre Kirill Petrenko avec la Philharmonie de Berlin ; lundi, Otello, mis en scène par Robert Wilson. www.festspielhaus.de

L’art dans tous ses états Le MOCA, le principal musée d’art contemporain de la cité des anges, fête ses 40 ans et se replonge dans son histoire. L’exposition aborde entre autre le travail de l’architecte Arata Isozaki pour le bâtiment principal de Grand Avenue et le soutien à l’art émergent. Une exposition dédiée au jeune peintre de Los Angeles Elliott Hundley est proposée aux mêmes dates. Jusqu’au 16 septembre. www.moca.org

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NEW YORK

Nouvelle table Au rez-de-chaussée de l’hôtel Moxy Chelsea, dans une cour arrière se découvre la cuisine italienne du Romain Simone Panella. Après le succès du restaurant gastronomique Antica Pesa à Brooklyn, le chef inaugure à Manhattan sa nouvelle table, Feroce. Tout est fait sur place, des gnocchis al fritto au millefeuille d’aubergines sans oublier de superbes sorbets. www.marriott.com/ hotels/travel/nycos-moxy-nyc-chelsea Jean-Michel de Alberti

IL EST TEMPS DE RÉSERVER GLASTONBURY FESTIVAL Le festival de musique le plus couru d’Angleterre ne décevra pas ses fans. The Cure se produira le dernier soir. The Killers, The Chemical Brother, Janet Jackson, Liam Gallagher sont également au programme. Le festival a annoncé cette année une interdiction totale des bouteilles en plastique et le recyclage total des déchets. www.glastonburyfestivals.co.uk

BRUXELLES

Un musée, trois expos Le musée Horta, temple de l’art nouveau, fête trois dates importantes de son histoire. Cent ans après la vente de la maison par Victor Horta,

LA PLAYLIST DE L'ACTU

« Avril à Paris, c’est un sentiment » : ce standard créé pour le « musical » de Broadway Walk A Little Faster en 1932, a traversé les âges. C’est le plus bel hommage américain à notre capitale.

On a tous envie cette semaine de « jeter ses bras autour de Paris », comme Morrissey dans ce titre de 2009, bien que certains esprits malins aient dit qu’il pensait à Paris Hilton.

Le Paris éternel, avec ses places, ses « rues qui s’faufilent » ou qui « fourmillent », ses bouquinistes et ses aquarellistes, ses « millions de lumières » : écrite en 1950, la chanson ne se démode pas.

16 – L E S E CHOS WE E K- E ND

À PARIS par Yves Montand « Elle a ses visiteurs / qui la r’gard’nt dans les yeux / Ce sont ses amoureux / À la Seine » : les mots de Francis Lemarque, écrits en 1946, on pourrait les dire pour tant d’emblèmes parisiens.

GIVE PARIS ONE MORE CHANCE par Jonathan Richman Comme le chanteur des Modern Lovers en 1983, on l’implorait lundi devant Notre-Dame en flammes. Grâce à nos pompiers, ses tours resteront la signature du ciel de Paris.

JASON BRYANT

PARIS AU MOIS DE MAI par Charles Aznavour

DR

I’M THROWING MY ARMS AROUND PARIS par Morrissey

GREGOR HOHENBERG

APRIL IN PARIS par Ella Fitzgerald & Louis Armstrong

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Le monde entier a deux amours, son pays et Paris ; l’incendie de Notre-Dame l’a rappelé tragiquement.


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ESPRIT WEEK-END

LE DIMANCHE IDÉAL DE…

que les essais, les mémoires, les ouvrages de femmes qu’aux États-Unis, nous rangeons dans la catégorie des Women’s Fiction. J’ai récemment découvert Tout ce qu’on ne s’est jamais dit, le premier roman de Celeste Ng, une jeune Américaine dont les parents viennent de Hong Kong. Je l’ai déniché par hasard dans une boîte où notre voisinage échange ses ouvrages et je l’ai trouvé extraordinaire. Cinéma ou séries ? Je ne vais plus au cinéma, c’est devenu ridiculement cher et les gens qui parlent me gênent. Nous avons un écran de home cinéma à la maison, et là, je peux forcer mon mari à se taire ! Il y a tant à voir à la télévision. Nous avons découvert Game of Thrones après tout le monde, le fantastique n’est pas mon genre a priori mais mon mari me l’a recommandé alors que j’étais en voyage de promotion. J’ai tout rattrapé d’un coup et, ces dernières semaines, nous avons revu l’ensemble pour être totalement au point avant le début de l’ultime saison.

ELIZABETH GEORGE La « plus anglaise des auteures américaines » est de retour avec la vingtième enquête de son aristocratique inspecteur Thomas Lynley. Le dimanche, elle explore Seattle où elle a récemment emménagé.

Après avoir longtemps enseigné, vos dimanches d’écrivain doivent vous sembler plus libres ? C’est certain ! Avant, le dimanche n’était que la préparation du lundi : copies à corriger, cours à préparer. Au moins, comme écrivain, vous avez la journée libre… Je me réveille tôt, j’en profite pour lire tout ce que j’ai en retard, puis c’est parti pour l’aventure à Seattle !

de Whidbey et n’avons emménagé à Seattle que récemment. La ville est fantastique. Nous sommes abonnés à la Philharmonie, dont les concerts ont lieu le dimanche, nous allons aussi randonner dans les Cascades Mountains ou dans les îles du Puget Sound, chiner dans la petite ville de Snohomish. J’ai toujours aimé découvrir de nouveaux lieux. À Seattle, je suis servie.

Qu’y faites-vous donc ? Nous vivons dans l’État de Washington depuis 2005, mais nous avons longtemps habité sur l’île

Lisez-vous des romans policiers ? Il n’y a qu’une auteure de polars dont je lis tout, Tana French. Sinon, j’aime autant les romans

18 – L E S E CHOS WE E K- E ND

Sensible au charme de Kit Harington [Jon Snow dans la série] ? Plutôt à celui d’Idris Elba, que j’ai découvert dans « The Wire» sans soupçonner qu’il était Britannique, puis adoré dans « Luther ». Pour sûr, je ne refuserais pas de passer un dimanche avec lui, surtout si la météo est ensoleillée. Pour un jour de pluie au coin du feu, je prendrais plutôt Colin Firth mais il devrait s’habiller en Darcy, le personnage d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen. Et en dehors des acteurs, avec qui passeriezvous cette journée ? Dans les personnages historiques, je choisirais Richard III. J’exigerais qu’il me dise la vérité sur la mort de ses neveux, les princes Edouard V et Richard de Shrewsbury, enfermés à jamais dans la Tour de Londres. Dans les personnalités vivantes, je partagerais mon dimanche entre le violoncelliste Yo-Yo Ma, pour sa générosité, et les Obama. Je leur demanderais de me raconter avec sincérité comment ils ont vécu leurs huit années à la Maison-Blanche, comment ils y ont élevé leurs filles et comment ils font pour continuer de croire à la bonté humaine après avoir été victimes de tant de propos racistes. Propos recueillis par Isabelle Lesniak Photographe : Edouard Caupeil « La punition qu’elle mérite », Presses de la Cité, 672 p., 23,50 euros.


BUSINESS STORY 19 AVRIL 2019 Jean-Dominique Senard prend le volant de l’Alliance Renault-Nissan.

JEAN-DOMINIQUE SENARD, LE DIPLOMATE Par Dominique Seux Photographe : Audoin Desforges

LE S E CHOS WE E K- E ND – 19


BUSINESS STORY

Le président sortant de Michelin, qui vient de prendre la tête de l’Alliance Renault-Nissan à la suite de l’affaire Carlos Ghosn, est un patron à part. Critique du turbocapitalisme anglo-saxon, attentif à l’humain, il doit désormais faire revenir le constructeur automobile à la « normale ». Tout en trouvant un modus operandi avec les Japonais, son numéro 2, et l’État français. L’histoire d’un homme de convictions, qui a connu aussi quelques échecs.

’était le 14 février, il y a deux mois. Ce soir-là, en arrivant à Roissy, Jean-Dominique Senard a compris qu’il avait changé de dimension. Alors qu’il doit s’envoler pour le Japon, pour la première fois sous la casquette Renault, une meute de photographes japonais, français et du monde entier l’attendent à l’aéroport et le mitraillent… jusque derrière la douane. Quand il atterrit à Tokyo douze heures plus tard, c’est plus violent encore. Des motos le coursent dans la ville. Son existence d’avant chez Michelin était hyperactive mais discrète. Désormais, chaque heure de sa nouvelle vie sera scrutée. En France, Renault, qui n’a jamais été une entreprise comme les autres, l’est encore moins depuis l’affaire Ghosn, qui intéresse toute la planète. Le nouveau Monsieur Losange peut oublier son envie

20 – LE S E CHOS WE E K- E ND

MASANORI INAGAKI/AP/SIPA

Face à la meute de journalistes, le 12 mars dernier, après une conférence de presse au siège de Nissan à Yokohama.


JEAN-DOMINIQUE SENARD

DANS L’INDUSTRIE DEPUIS QUARANTE ANS 1979 Entre dans une filiale de Total. 1987 Rejoint la direction de la trésorerie de Saint-Gobain. 1996 Nommé directeur financier de Pechiney. 2005 Directeur financier de Michelin. Symbole d’une Alliance qui se reconstruit : Jean-Dominique Senard, Thierry Bolloré pour Renault, Hiroto Saikawa (Nissan) et Osamu Masuko (Mitsubishi) unissent leurs mains.

2012 Succède à Michel Rollier comme président de Michelin.

DAVID MAREUIL/ANADOLU AGENCY/AFP

DR

2019 Prend la tête de l’Alliance RenaultNissan-Mitsubishi.

de souffler, qui l’avait conduit il y a deux ans à prévoir de quitter Bibendum ce 17 mai. L’épisode l’a néanmoins moins stressé que son vertige, quelques jours plus tôt, quand il a emprunté pour la première fois le couloir de l’étage « présidentiel », quai Alphonse-Le Gallo à Boulogne-Billancourt. « JDS » est un anxieux et il le sait. Pour s’en prémunir, il nage chaque semaine en piscine. Mais aujourd’hui, Jean-Dominique Senard éprouve forcément, aussi, de la jubilation. À 66 ans, il dirige désormais un champion mondial de l’automobile, alors que ni lui ni personne n’aurait parié un carré de tôle sur ce scénario. Sa longiligne allure n’est pas la seule chose qui le distingue radicalement de celui dont il prend (en partie) la place, Carlos Ghosn. « Nous ne nous connaissons pas, je l’ai juste croisé »,

explique le nouveau numéro 1. Le patron déchu de Renault ne voyait pas ses grands équipementiers ; son successeur en a gardé une blessure. « Je n’existe pas », se plaignait JeanDominique Senard à ses proches à ClermontFerrand. Vengeance inconsciente ? Il n’a pas prononcé le nom de Carlos Ghosn pendant des semaines. Il se dit en privé « horrifié » par les révélations sur l’ex-PDG. A-t-il de la compassion pour un homme soumis à un système judiciaire ultraviolent ? Même s’il en avait, il ne pourrait pas l’exprimer publiquement, cela froisserait les Japonais. Cela tombe bien. Avec l’époque Carlos Ghosn, il a déjà pris ses distances. Il n’occupe pas le même bureau, n’utilise pas l’ascenseur privé qui pourrait le mener directement à son étage, il lui est arrivé de déjeuner à la cantine, événement qui a fait le tour de l’immeuble en quelques minutes. Voilà pour les symboles. En substance, les conseils d’administration de Renault sont plus longs, la discussion est plus ouverte. « L’avantage énorme avec lui est que les choses sont simples, on discute, on débat. Il est capable d’admettre qu’il ne connaît pas très bien un sujet, c’est rare », se réjouit l’administratrice indépendante Catherine Barba. Un détail qui n’en est pas un : les téléphones et les ordinateurs portables doivent être déposés à l’entrée dans une petite boîte pour que chacun soit concentré – comme au conseil des ministres. C’était prévu depuis longtemps, mais pas toujours appliqué. La règle est devenue impérative. Fin janvier, « JDS » avait été furieux de découvrir des dépêches d’agence sur le contenu de son premier conseil avant même sa conclusion.

LE S E CHOS WE E K- E ND – 21

Bientôt 100 jours après son entrée en fonction, il est trop tôt pour un bilan. Mais chacun sait depuis Victor Hugo que la forme est le fond qui remonte à la surface : la première donne des gages sur le second. De fait, les premiers commentaires sont laudatifs, dans la bouche de l’État actionnaire, des administrateurs, des cadres et d’une partie des syndicats, qu’il voit en tête-à-tête. Son intelligence, sa facilité d’accès, ses premières décisions et sa réussite industrielle passée plaident pour lui. Toute l’entreprise aspire à respirer et redevenir « normale ». Cela suffira-t-il pour l’ensemble aux sept marques, avec Renault, Nissan, Dacia, Lada, Alpine, Samsung Motors et Mitsubishi ? Jean-Dominique Senard sera-t-il à la hauteur stratégique ? Ce sont de vraies questions. S’il a dérivé, personne ne peut contester à Carlos Ghosn une intelligence et un leadership supérieurs. Et puis il y a l’autre Carlos… Tavares, qui réussit chez PSA et rêve d’incarner l’automobile dans l’Hexagone et au-delà, avec un appétit pour Fiat-Chrysler. Officiellement, pas de concurrence frontale : Senard est président non exécutif avec un numéro 2, Thierry Bolloré. Sauf que la comparaison sera fatalement faite. Les Japonais non plus ne feront pas de cadeau. « La mission de Senard est d’apaiser sans se faire rouler », résume de façon lapidaire un dirigeant automobile. Une gageure. Avant Noël, Thierry Bolloré était arrivé tout seul à Amsterdam pour sa première réunion avec les Japonais, après l’arrestation de Carlos Ghosn. Il s’est retrouvé face au patron de Nissan flanqué de celui de Mitsubishi. Deux contre


BUSINESS STORY

un. Juste après la nomination de JeanDominique Senard, Nissan a annoncé en solo l’arrêt de la fabrication des X-Trails au RoyaumeUni. Ou comment construire le rapport de forces. « Il y a seulement deux bons modèles de constructeurs auto dans le monde, les Japonais et les Allemands », a glissé un dirigeant de Nissan à la nouvelle équipe tricolore. La structure de pilotage inventée en mars par le nouveau président comprend deux Français (Senard et Bolloré) et deux Japonais (Hiroto Saikawa pour Nissan et Osamu Masuko pour Mitsubishi). C’est mieux. Pourtant, quand cela a été annoncé, des voix en interne ont trouvé cela inique, puisque Renault contrôle Nissan à 43%. Le patron de l’ensemble aura tout de même, de fait, une voix prépondérante.

RETROUVER LE CLIMAT DE L’ALLIANCE D’ORIGINE

« C’est un diplomate qui sait trancher et décider.» Denis Kessler, Scor (à HEC avec lui)

« Il n’aime pas beaucoup le capitalisme anglo-saxon et le dit facilement. Beaucoup de dirigeants pensent comme lui mais osent moins le dire. » Pierre-André de Chalendar, Saint-Gobain

2 2 – LE S E CHOS WE E K- E ND

« C’est un remarquable industriel, il a la vista, le coup d’œil sur ce qu’il faut faire. » Louis Gallois, conseil de surveillance de PSA

« J’ai participé activement avec d’autres au choix qui l’a porté à la tête de Michelin, il s’est imposé facilement quand il a fallu départager plusieurs candidats. » Laurence Parisot, Citi France

DENIS/REA

« Je le connais depuis trente ans, il est calme et réfléchi, certainement pas tiède. » Patricia Barbizet, Haut Comité du gouvernement des entreprises

HAMILTON/REA

CE QU’ILS DISENT DE LUI

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ROMAIN GAILLARD/REA

HARSIN ISA/SIPA

Mais Jean-Dominique Senard ne veut voir que les d’obstacles franchis quand il nous reçoit, le 5 avril. D’une voix posée, calme, très affable, parlant avec ses grandes mains si caractéristiques, il résume son action. «Je suis resté moi-même et j’ai réussi à recréer de l’adhésion autour d’un concept fort, celui de l’Alliance, et à mettre en place un état d’esprit qui la rendra plus solide.» Son ambition? Retrouver le climat de l’Alliance quand elle a été bâtie par Louis Schweitzer il y a vingt ans, référence qu’il ne cesse de citer. Avec son équipe rapprochée, il est plus direct. «Les Japonais voulaient voir si j’étais comestible», a-t-il récemment synthétisé. Il a


JEAN-DOMINIQUE SENARD

MARC CHAUMEIL/DIVERGENCE

AUDOIN DESFORGES POUR LES ECHOS WEEK-END

À gauche : Carlos Ghosn dans son bureau au siège de BoulogneBillancourt en 2013. Un bureau que Jean-Dominique Senard (à droite) a choisi de ne pas occuper.

renoncé à la présidence de Nissan pour qu’ils ne se sentent plus humiliés, mais à eux de faire un pas à l’avenir. Traduction totalement libre: le patron de Nissan, celui qui a dégoupillé la grenade à l’automne, quittera un jour le navire. L’analyse de «JDS»? Les Japonais ont mis quatorze ans à (mal) digérer le fait que Carlos Ghosn concentre tous les pouvoirs depuis son retour en France en 2005. Ghosn-Renault négociait avec Ghosn-Nissan. Mais la nouvelle gouvernance ne peut être qu’une étape. La suivante, la principale, sera de développer des projets industriels, notamment sur le véhicule électrique et l’autonomie. Car la raison sociale de Renault n’est pas de commenter à l’infini le train de vie d’un patron millionnaire qui se comportait comme un milliardaire. L’ambition du groupe doit être plus modestement de vendre des voitures. Une chose est sûre, Jean-Dominique Senard n’a pas fait d’erreur de débutant. Il se déplace en avion de ligne. Pas de cliché polémique à bord d’un jet. Chez Michelin, l’éloignement de ClermontFerrand lui faisait apprécier les trois avions privés de l’entreprise. Il a bien joué aussi sur

ses émoluments. Le comité de rémunération envisageait une fourchette de 800 000 à 1 million d’euros par an. Bercy, qui tiquait, l’a interrogé avec prudence : « 450 000, cela suffira ? » Oui : « Je suis là pour rendre service. » Disons-le, les louanges pleuvent sur lui et pas seulement celles des milieux économiques. De nombreux syndicalistes, à commencer par Laurent Berger de la CFDT, le décrivent comme un homme sincèrement attentif aux personnes. Tous sans exception signalent, sous le gant de velours, une main de fer. Fort de cette unanimité, Jean-Dominique Senard s’est imposé sans coup

LE S E CHOS WE E K- E ND – 23

férir pour Renault. À la vérité, il était depuis longtemps dans le radar d’Emmanuel Macron, qui lui avait proposé le ministère du Travail en 2017. Une proposition tentante, mais déclinée : il aurait fallu démissionner de Michelin. Aussi bizarre que cela paraisse, un gérant commandité est responsable sur ses biens propres et seule une assemblée générale peut le libérer. Un an plus tard, les deux hommes ont plaisanté ensemble sur son rêve d’un fauteuil de commissaire européen. « Il est un des managers que le président aime le plus », assure Alain Minc. Son nom a aussi circulé pour la


BUSINESS STORY

Deux épisodes vont rassurer les actionnaires. Le dimanche 10 février, le nouveau patron appelle, furieux, le ministre de l’Économie qui se trouve à Dubaï – il menace quasiment de démissionner. Il a découvert une lettre comminatoire des avocats de Renault à ceux de Nissan qui risque de tout embrouiller. Le quiproquo est vite levé, la lettre date d’avant sa nomination. Mais sa colère témoigne de son caractère. C’est aussi lui qui explique à Thierry Bolloré en face-à-face qu’il ne siégera pas au conseil d’administration. Pas facile. À 66 ans, la vie a forcément construit une colonne vertébrale, avec des hauts et des bas, des coups reçus, rendus. Et des convictions. JeanDominique Senard est catholique pratiquant, il ne s’en cache pas sans le revendiquer. Il se dit inspiré par la doctrine sociale de l’Église et admire des figures qui ont déplacé des montagnes spirituelles et politiques réputées

Vue aérienne de l’usine Renault Nissan de Flins, en mars 2019, qui produit la Clio IV, la Zoe et la Nissan Micra.

JACQUES WITT/SIPA

UN HOMME DE TEMPÉRAMENT

CATHOLIQUE PRATIQUANT, INSPIRÉ PAR LA DOCTRINE SOCIALE DE L’ÉGLISE, « JDS » S’INQUIÈTE DE LA DÉRIVE ACTIONNARIALE DU CAPITALISME.

ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Michelin sont certes connus au Japon, mais le Guide Michelin encore plus. Un atout. Le 18 janvier, c’est plié, Le Maire reçoit Senard, qui n’a donc vu ni Emmanuel Macron ni Édouard Philippe. En tout cas officiellement – la tactique étant peut-être de montrer aux Japonais que c’est bien Senard aux manettes, pas l’État français. Le président aurait voulu le nommer PDG, mais la limite d’âge de 65 ans l’interdit. En réalité, dans les cercles du pouvoir, le doute ne porte que sur un point : la main sera-t-elle vraiment ferme sous le gant ?

« Il est mesuré et nuancé, franchement, il en faudrait d’autres comme lui dans les entreprises. » Laurent Berger, CFDT

« Je le connais depuis vingt-cinq ans, il a des analyses très profondes des marchés et des stratégies à développer, et ce petit plus très sympathique. » Jacques Aschenbroich, Valeo

« Cela a été un bonheur de travailler avec lui. Il plaide pour un capitalisme européen, chez lui ce ne sont pas que des mots. » Nicole Notat, Vigeo

« Avec lui, la rentabilité n’est pas un gros mot mais le dialogue social est crucial. » Florent Menegaux, son successeur chez Michelin

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« Je pense qu’il veut retrouver l’esprit d’origine de l’Alliance, celui de partenaires agissant selon des règles de gouvernance transparentes. Il a tout mon soutien. » Louis Schweitzer, ex-patron de Renault

LAURENT GRANDGUILLOT/REA

CE QU’ILS DISENT DE LUI

FRANCOIS MORI/AP/SIPA

BRUNO DELESSARD/CHALLENGES-REA

HAMILTON/REA

présidence d’Engie, finalement échue à JeanPierre Clamadieu. Trop tôt. Le calendrier collait, en revanche, pour remplacer Louis Gallois chez PSA en 2020. Ce fut donc oui. Mais pas pour longtemps. La famille Peugeot a d’ailleurs peu apprécié qu’il se désiste pour Renault autour de Noël. La première qui l’a vu chez Renault, c’est Hélène, son épouse. « Ça va être pour toi », l’avertit-elle très vite après le 19 novembre. Si d’autres noms circulent, comme celui de Didier Leroy, le numéro 2 de Toyota, « JDS » présente tous les avantages. « C’est un industriel indiscutable et il défend la France », dit-on alors à Bercy. « C’est le seul patron présentable », tranche-t-on sans nuance à l’Élysée, où il est perçu comme à la fois international, enraciné sur les territoires et irréprochable sur le plan éthique. Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, se serait bien vu directeur financier, mais ce scénario aurait déclenché (légitimement) un tollé. Le 19 décembre, Philippe Lagayette, administrateur référent, est chargé de sonder Jean-Dominique Senard. Cela tombe bien, ce dernier vient d’appeler Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Mon nom circule, cela devient gênant, est-ce sérieux ? Le ministre confirme. Noël passe et la France a la tête aux ronds-points. Le 15 janvier, Emmanuel Moulin, le directeur de cabinet de Le Maire, s’envole secrètement pour Tokyo avec Martin Vial, qui surveille les participations de l’État, pour tester le scénario Senard. Nihil obstat. Ils reviennent avec une information amusante : les pneus


JEAN-DOMINIQUE SENARD

trop hautes, comme Jean-Paul II et Anouar el-Sadate. Ces dernières années, il est hanté par la dérive actionnariale du capitalisme. Sur la base d’un travail mené avec Nicole Notat sur les missions de l’entreprise – 250 auditions dans un bureau du ministère du Travail –, il a rédigé la préface éclairante d’un ouvrage édité par le Collège des Bernardins. S’y exprime la quête d’un capitalisme européen qui doit « dans l’urgence » s’imposer entre le système d’État chinois autoritaire et le capitalisme court-termiste anglosaxon. Il fait partie de ces (trop) rares chefs d’entreprise qui réussissent sans se désintéresser de la vie de la cité. Pour lui, le patriotisme n’est pas un mot valise. Il n’est pas apatride.

C’est lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, en juillet 2018, que cette originalité a dépassé le petit cercle des milieux économiques. Ce jour-là, dans le grand amphithéâtre de l’université, il développe en dix minutes ses convictions sur la responsabilité des entreprises, éclipsant Christine Lagarde, du FMI. Il s’enflamme. Il frémit. Il en appelle aux consciences. Les applaudissements durent longtemps. On ne sait pas combien de ses auditeurs étaient sincères dans leur enthousiasme mais lui fait, urbi et orbi, savoir qu’il veut jouer un rôle. C’est un point de départ, pas la fin d’un parcours. La lecture de sa notice biographique est trompeuse. Elle décrit le

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parcours classique d’un membre de l’establishment : fils d’ambassadeur, HEC, puis des postes de plus en plus importants chez Total, Saint-Gobain, Pechiney et Michelin. Avec la cerise sur le gâteau d’une belle appartenance à la noblesse pontificale. La réalité est plus complexe : il a connu, comme tout le monde, des échecs. Après l’école de Jouy-en-Josas, il a raté l’ENA – il en a longtemps gardé de l’amertume. À l’oral, juste avant lui par le hasard de l’ordre alphabétique : une certaine Ségolène Royal, qui a dû être plus brillante. Parcours classique, vraiment ? En 1967, son père, Jacques, est ambassadeur au Caire. Le jeune Jean-Dominique fuit la guerre des


BUSINESS STORY JEAN-DOMINIQUE SENARD

HISTOIRE DE SIÈGE Le journaliste curieux aperçoit dans le hall d’entrée du siège de Renault, à Boulogne-Billancourt, deux belles Renault Kadjar, une bleue et une rouge. Il va immédiatement vérifier la marque de leurs deux pneus : des Michelin ! Cela a-t-il toujours été le cas ? Pas sûr. Est-ce un hasard si JeanDominique Senard, dans la conversation, glisse qu’il a rénové le siège du pneumaticien à Clermont-Ferrand ? Peut-être, mais pas sûr non plus. Celui d’un des tout premiers constructeurs automobiles mondiaux n’est, à l’évidence, pas au niveau de l’image qu’il devrait donner. Renault mérite mieux comme vitrine.

La dernière sera la bonne, il s’en va. C’est lui qui a signé un peu plus tôt le chèque des indemnités de départ de Jean-Pierre Rodier, l’ex-PDG, d’un montant de près de 10 millions d’euros. Il a perdu 5 kg au passage. Ce passage le laisse surtout écœuré. L’aventure Michelin elle-même est moins rectiligne que le récit officiel. En 2005, c’est le banquier Jean Peyrelevade qui le recommande à Édouard Michelin. Le jeune dirigeant convainc par téléphone JeanDominique Senard, en vacances en Afrique du

Sud, de le rejoindre. Le coup de foudre professionnel est réciproque. Sauf que le fils de François Michelin meurt dans un accident de bateau un an plus tard et que son père ne veut pas confier le pouvoir à un étranger à la famille, qui plus est un financier, pas un ingénieur. À ses yeux, seule la recherche compte. François Michelin mènera longtemps une guerre ouverte à l’étoile montante. Michel Rollier, Michelin par sa mère, qui dirigeait tout à l’époque, se souvient avoir un jour intimé violemment au patriarche : « Ça suffit, laissez-le. » Jean-Dominique Senard envisage à plusieurs reprises de renoncer. Mais il est soutenu par Michel Rollier, qu’il remplace en 2012, et par le conseil d’administration, notamment Laurence Parisot. « François Michelin a été finalement reconnaissant à Jean-Dominique d’avoir fait des efforts pour aimer jusqu’à l’odeur du caoutchouc », se souvient Vincent Montagne, chef de file des intérêts de la famille, aux premières loges pour mesurer les tensions. Peu avant sa mort, François Michelin demandera pardon à Hélène du tort causé à son mari. « Vous êtes mon fils », lance-t-il à Jean-Dominique Senard venu partager une soupe claire chez les Petites Sœurs des pauvres où il s’est retiré. Le dirigeant de Michelin prononce l’éloge funèbre de François, à laquelle assiste Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Les deux hommes s’étreignent.

La photo de « famille » de la nouvelle Alliance, le 12 avril dernier. De gauche à droite : Thierry Bolloré, directeur général de Renault, Hiroto Saikawa, PDG de Nissan, Jean-Dominique Senard, président de Renault et de l’Alliance, et Osamu Masuko, PDG de Mitsubishi Motors.

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OLIVIER MARTINGAMBIER/RENAULT

Six Jours et embarque dans des conditions rocambolesques du port d’Alexandrie. Sept ans plus tard, le 13 septembre 1974, son père, à La Haye, est pris en otage par une équipe du terroriste Carlos, qui monnaie la libération d’un membre de l’Armée rouge japonaise. L’image marque les esprits. Il y a quelques semaines, un journaliste de la télévision de Tokyo lui a lancé : « Avez-vous pardonné au Japon de ce qu’il a fait à votre père il y a quarante-quatre ans ? » L’Histoire mêle parfois ses fils étrangement. Fin 2016, Jean-Dominique Senard obtient que François Hollande remette les insignes de grand officier de la Légion d’honneur à son père – 100 ans aujourd’hui –, pour sa carrière et aussi en réparation d’une injustice : la gauche l’a chassé, sans même le prévenir, de l’ambassade de Rome en 1981. Cette cérémonie intime a lieu à l’Élysée… une heure avant que le président renonce à la télévision à la présidentielle de 2017. À la même minute, Les Échos remettent, Pavillon Gabriel, leur Grand Prix de l’économie à Carlos Ghosn – que le patron de Michelin obtiendra à son tour un an plus tard. Son passage chez Pechiney au tournant du millénaire est autant hors norme. Quand le canadien Alcan met la main sur le producteur d’aluminium français, il charge l’ancien directeur financier de réussir l’intégration. « JDS » tente en vain de préserver les emplois, se bat pied à pied, démissionne cinq fois.


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Tellement plus qu’une pomme


BUSINESS STORY JEAN-DOMINIQUE SENARD

autrefois paternaliste, change, en conservant une certaine originalité : pas de ressources humaines, mais toujours une « direction du personnel », car les hommes et les femmes « ne sont pas des ressources » au même titre que les matières premières, dit-on au siège. Avec le recul, Jean-Dominique Senard n’a pas à regretter d’avoir manqué la tête du Medef, il y a dix-huit mois. Chez Renault, il mettra plus à profil sa double casquette, talent industriel et serviteur de l’intérêt général. À qui doit-il ce vrai-faux échec ? Pierre Gattaz, en place avenue Bosquet, lui avait promis que son âge ne poserait pas de problème – les statuts seraient modifiés. L’a-t-il trahi pour prolonger son propre mandat ? Possible. L’industrie, prise dans des jeux d’appareils, ne voulait-elle pas d’un grand patron ? Probable. Il est vraisemblable aussi que « JDS » n’a pas fait assez campagne. « Il espérait que ça tombe tout cuit. Il a été orgueilleux », ironisait à l’époque un faiseur de rois.

Offerte à leur ancien patron par les cadres de Michelin, cette affiche de 1922 soulignait la collaboration entre Bibendum et la firme au losange. Faut-il y voir un message ?

Bibendum sort incontestablement renforcé des années Senard. Les marges sont redressées, la société désendettée, la qualité préservée. L’entreprise s’est déployée en Asie, en Inde et au Brésil. Le souci du client est premier. Cela n’exclut pas des interrogations stratégiques. Il y a six ans, un épisode jusqu’ici méconnu a failli donner une dimension nouvelle à Michelin. Quand le groupe PSA en difficulté négocie un partenariat avec le chinois Dongfeng, Jean-Dominique Senard étudie une alternative, un rachat de Faurecia, l’équipementier que contrôle le groupe au Lion. Avantage pour Clermont-Ferrand : le pneumaticien doublerait quasiment de taille en chiffre d’affaires et effectifs. Avantage présumé pour Peugeot : il empocherait 1 milliard d’euros sans invité extra-européen à son capital. Un petit matin blême de 2013, le numéro 1 de Michelin présente son offre informelle à celui de PSA. Mais cela se passe mal, Philippe Varin le reçoit à peine une demi-heure. Avec son directeur financier, Robert Peugeot, et l’État en

coulisses, ils ont déjà décidé de refuser. C’est un fiasco. Jean-Dominique Senard, qui avait déjà dépensé beaucoup d’énergie sur le rachat d’un fabriquant asiatique de pneus, en vain, répète à ses équipes : « Nous sommes trop petits. » Plusieurs pépites seront reprises, au Brésil et ailleurs, mais ce sera en définitive à son successeur, Florent Menegaux, de faire grandir encore l’entreprise. Avec une priorité commune aux deux hommes : ne pas rater le virage digital. L’entreprise se morfond encore d’avoir, bien avant le règne de Senard, vendu pour quelques dizaines de milliers d’euros ses cartes numérisées à Google Maps. Dure concurrence pour ViaMichelin, le logiciel maison… Et puis il y a la patte sociale. Chez Michelin, il y a consacré « un temps de malade », selon Bernard Vasdeboncœur, qui a travaillé huit ans avec lui à Clermont. Cela n’a pas empêché « JDS » de fermer des usines quand il le fallait. Mais il discute toujours avec les syndicats et les salariés, cherche des solutions de reclassement, voit les élus locaux. L’image de l’entreprise,

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MICHELIN

IL LE SAIT, LE PLUS DUR EST DEVANT LUI On parle à coup sûr d’un homme attachant. À Clermont, ses cartons sont faits, il va y vendre son appartement, roule désormais en Renault, lui qui se déplaçait en berline allemande et en Peugeot. La belle propriété familiale de Saint-Rémy-de-Provence, le domaine de Lagoy, 350 ans, qui produit sur dix-huit hectares un rosé, de l’huile d’olive et du fourrage, sera désormais plus lointaine. Depuis vingt-cinq ans, Caroline de Monaco loue une maison sur ces terres. Ses trois enfants, dont un fils qui se marie en Espagne l’été prochain et une fille qui vit à Londres, ainsi que ses deux petits-enfants, le verront uniquement à Paris. Il y a trois semaines, les cadres de Michelin lui ont réservé une standing ovation mémorable et lui ont offert une affiche historique de Bibendum qu’il va afficher dans son bureau. Il le sait : le plus dur est devant lui. Toute l’entreprise scrute ses relations avec son second Thierry Bolloré, qu’il n’a pas choisi et avec qui les débuts ont été, semble-t-il, mitigés. Le directeur général sera jugé sur ses résultats de cette année, mais c’est lui qui connaît l’entreprise. S’il était touché d’une façon ou d’une autre par ricochet par l’affaire Ghosn, il en serait sans doute autrement. De façon amusante, Thierry Bolloré a une vague ressemblance avec… François Michelin. Il n’y a jamais de hasard. Jean-Dominique Senard présidera à la fin de l’année les Entretiens de Royaumont dans la célèbre abbaye du Val-d’Oise. Thème : le capitalisme peut-il être responsable ? Ces jours-ci, il médite sur une formule de Paul Valéry. « La véritable tradition dans les grandes choses n’est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de retrouver l’esprit qui a fait ces choses et qui en ferait de toutes autres en d’autres temps. »


WHAT3WORDS

TROIS MOTS POUR NE PLUS SE PERDRE La londonienne what3words propose un système d’adresses alternatives qui utilise pour désigner un point une combinaison de trois mots. Constructeurs auto, hôteliers, sociétés de livraison adorent. Direction « filled. count. soap ». Par Karl De Meyer — Photographe : Jérémie Souteyrat

ans les steppes mongoles, on peut apercevoir parfois, au sommet d’une colline, un éleveur nomade, le bras levé, à la recherche d’un signal de réception. Il souhaite ainsi communiquer les coordonnées de son nouveau campement, au milieu de nulle part, aux membres sédentaires de sa famille ou à des amis de la ville. Ces derniers se chargeront ensuite d’actualiser les données sur la plate-forme Airbnb. Car si le nomade souhaite révéler sa position exacte, c’est pour faciliter la vie des touristes en quête de vacances « différentes » qui ont réservé chez lui pour, par exemple, randonner à dos de renne. Depuis peu, il peut indiquer très précisément sa situation géographique, non pas avec sa longitude et latitude, une séquence de 16 chiffres, mais avec une simple combinaison de trois mots courants comme « table chaise bureau » – écrit

en mongol, qui utilise l’alphabet cyrillique. Ce système d’adresses alternatives a été élaboré par la start-up londonienne what3words. « De cette façon, les nomades, pour qui le tourisme représente désormais une part importante des revenus, peuvent conserver leur mode de vie traditionnel, sans être tentés de se rapprocher des villes pour être en contact plus étroit avec les touristes », se félicite Giles Rhys Jones, directeur marketing, dans une salle de réunion baignée d’un soleil printanier au siège, dans l’ouest de la capitale britannique, à deux stations de métro de la gare de Paddington. Le répertoire mondial d’adresses en trois mots, basé sur la division de la surface du globe en 57 000 milliards de carrés de trois mètres de côté, intéresse de plus en plus de sociétés. Celles qui assurent la mobilité de leurs

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Chris Sheldrick (au centre), le cofondateur et PDG de what3words photographié au siège de la start-up avec Clare Jones (à droite), directrice commerciale, et Giles Rhys Jones (à gauche) directeur du marketing.


BUSINESS STORY

clients, comme Mercedes, dont un nombre croissant de véhicules sont équipés en série. Celles qui orientent les déplacements, comme Lonely Planet, qui l’utilise déjà dans son guide sur la Mongolie – un pays qui n’a jamais eu de système d’adresses vraiment efficace –, ou Small Luxury Hotels of The World, qui liste tous ses établissements en what3words. Sans oublier, les ONG, comme la Croix-Rouge, intervenant dans des régions dévastées par un cataclysme naturel. En cas de tremblement de terre, le nom des rues n’est souvent plus d’aucun secours. À l’origine de la société, il y a, comme souvent, une frustration, en l’occurrence celle de Chris Sheldrick : « J’étais dans le business de la musique depuis dix ans, et régulièrement quand j’organisais des concerts il était difficile de faire converger les camions et tous les prestataires vers la bonne salle, ou la bonne entrée d’un entrepôt, ou la bonne villa dans le sud de la France. Nous utilisions les coordonnées GPS, et les gens se mélangeaient souvent les pinceaux. Un soir à Rome, un camion qui a fini du mauvais côté de la ville à cause d’un 4 tapé à la place d’un 5. Le concert a finalement eu lieu, mais au prix d’un gros coup de stress. »

UN MATHÉMATICIEN ET UN LINGUISTE Par chance, Chris a un ami mathématicien, à qui il s’ouvre, début 2013, de son problème. Jack Waley-Cohen propose alors une formule alphanumérique de 8 caractères. Chris estime ne pas avoir vraiment gagné au change et réclame plus d’inventivité. Jack propose alors une séquence de mots communs. « Ça, ça m’a plu, raconte Chris Sheldrick, et au dos d’une enveloppe Jack a commencé à calculer quelle précision géographique on pourrait atteindre avec combien de mots. On est arrivé à la conclusion que la meilleure option était de définir des carrés de trois mètres de côté, ce qui nécessite 45 000 mots. Pour avoir des carrés plus petits, il faudrait quatre mots, ce qui serait moins facile à mémoriser. » Comme, dès le départ, il apparaît que les adresses devront évidemment être traduites dans la langue des utilisateurs, un troisième larron rejoint le cercle des cofondateurs : Mohan Ganesalingam, un linguiste, également un ami de Chris Sheldrick. Les débuts sont laborieux. Il s’agit d’éplucher le dictionnaire anglais et d’éliminer tous les mots qui ne conviennent pas. « J’y ai passé mes soirées pendant six mois, se souvient Chris Sheldrick. Il fallait éliminer les jurons, l’argot, les homophones comme « hear » et « here ». C’est tellement subjectif qu’on ne pouvait pas confier cette tâche à un ordinateur. » Même chose pour les autres langues : chaque idiome a ses spécificités et il a fallu engager des linguistes, généralement recrutés sur les campus d’université, pour chaque adaptation. Première langue opérationnelle, l’espagnol, dès l’été 2013.

À LA RESCOUSSE DES PATIENTS DE L’ÎLE DE MULL L’île de Mull, sur la côte occidentale de l’Écosse, offre certes des paysages sublimes aux citadins avides de grands espaces et d’air marin, mais elle a longtemps souffert d’un système d’adresses très… approximatif. Les nouveaux médecins, les nouveaux personnels soignants pouvaient facilement se perdre sur ses routes étroites. Avec potentiellement des conséquences dramatiques en cas d’urgence médicale.

Aussi le docteur Prendergast a-t-il contacté what3words, qui a donné à chaque maison et chaque commerce une plaque avec son adresse en trois mots, la distribution se faisant en partenariat avec Jaguar Land Rover, grâce à des voitures du constructeur. Les patients donnent désormais à leur médecin ce sésame pour éviter les confusions. Les gîtes font de même pour faciliter la vie de leurs clients étrangers.

« En français, par exemple, vous avez tellement d’homophones que nous avons choisi pour les verbes de toujours retenir uniquement l’infinitif », explique Chris Sheldrick. Le système est aujourd’hui disponible en 36 langues. Vite remarquée, la start-up gagne plusieurs prix d’innovation qui vont convaincre Intel Capital d’investir – un joli nom à faire valoir. Début 2016, Chris fait une rencontre décisive au World Economic Forum de Dalian en Chine : un homme d’affaires mongol manifeste un grand intérêt – son pays utilise à l’époque beaucoup d’adresses descriptives du type « derrière la boutique d’électronique, à droite de l’arbre ». Trois mois plus tard, il rappelle Sheldrick pour lui annoncer qu’il vient d’acheter un tiers de la poste nationale, et compte bien lui faire adopter what3words. Une première mondiale qui appelle de nouveaux contacts. Daimler, qui n’était guère satisfait de son système vocal de commande, se range aux arguments aujourd’hui développés par Clare Jones, directrice commerciale : « Les adresses et la voix, ça ne va pas bien ensemble. En Californie notamment, vous avez un nombre incroyable de California Street, il y a une foule de confusions possibles. » Au Salon de Francfort de 2017, le constructeur annonce qu’il va équiper certains de ses véhicules en commande what3words, et mettra son plan à exécution en quelques mois.

Au sol, le rappel du système what3words qui quadrille le monde en carrés de 3 mètres sur 3.

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WHAT3WORDS

Début 2018, il confirme son enthousiasme en prenant une participation de 10% au capital. Sans donner de montants, ce qui fait qu’à ce jour on ne connaît toujours pas la valorisation de la société, bien qu’elle compte désormais à son capital des noms aussi prestigieux qu’Horizons Ventures, Aramex, Sony, ou Deutsche Bahn. DB Schenker, une filiale de la compagnie ferroviaire allemande, en est une grande utilisatrice : la société de logistique coordonne dans le monde entier de très grands camions pour des salons, foires, forums, etc. Les diriger vers le bon portail, le bon entrepôt, le bon quai de débarquement, c’est économiser du temps… et de l’argent. Même logique pour les entreprises de livraison à domicile, dont les employés sont parfois perdus au milieu de réseaux inextricables de cours intérieures ou ratent l’entrée de ruelles très confidentielles. La société londonienne Quiqup a testé ses troupes avec what3words et pu constater un gain de temps de 30% en moyenne par rapport aux méthodes de livraison traditionnelles. « C’est non seulement un avantage pour la société en termes de satisfaction des clients, qu’on n’a plus à appeler au téléphone pour préciser l’itinéraire, mais aussi pour les livreurs qui sont soumis à moins de stress. Dans une « gig economy » [économie de petits boulots, NDLR] où les entreprises doivent maintenant aussi rivaliser pour ce genre d’employés, what3words améliore les conditions de travail », estime Clare Jones.

DR

JÉRÉMIE SOUTEYRAT POUR LES ECHOS WEEK-END

UN SUCCÈS VIRAL Le business model de what3words, qui emploie aujourd’hui plus de 100 personnes, en grande partie à Londres, mais également en Afrique du Sud, dans la Silicon Valley, en Arabie Saoudite, est simple. Les particuliers peuvent obtenir gratuitement leur adresse what3words via l’application ou le site. Les entreprises qui souhaitent utiliser ce système alternatif versent une commission pour obtenir, à partir d’une adresse nominale, les coordonnées exactes. Malgré nos demandes répétées, Chris Sheldrick n’a pas souhaité nous communiquer le montant de cette commission, ni le chiffre d’affaires d’annuel. En revanche, il a été clair sur un point : l’enjeu pour la société est désormais de devenir un standard. Les guides touristiques y aident. La culture populaire aussi. Récemment, les scénaristes d’une série télé américaine dans laquelle une policière se fait kidnapper ont imaginé qu’elle laisse comme indice à ses collègues une inscription sur un mur, trois mots qui correspondent à une adresse what3words : l’endroit où elle va être séquestrée. « Et ce n’était pas un placement de produit, assure Giles Rhys Jones. Un jour, la production nous a contactés pour savoir si nous serions d’accord pour qu’elle utilise notre nom. Comment dire ? oui… »

Dans les bureaux de what3words : ambiance start-up comme il se doit.

Le groupe de rock alternatif américain Imagine Dragons (Radioactive) a, pour sa part, fait un clin d’œil à ses fans en postant sur sa page Facebook trois mots mystérieux qui conduisaient à un « trésor » : des billets de concert et des produits dérivés. Une bière américaine a orné sur ses cannettes les trois mots qui correspondent à la localisation de sa brasserie californienne « fear. movie. lions ». Sur Instagram, un couple de jeunes mariés a même fièrement exhibé ses derniers tatouages : les trois mots qui désignent l’endroit précis où ils se sont dit oui, sur une île paradisiaque

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des Caraïbes. Au moment de prendre congé de l’équipe, Chris Sheldrick décoche soudain un sourire malicieux. « Si vous voulez on peut demander à Alexa de vous commander un Uber. » Il s’exécute, réclamant à l’assistant vocal d’Amazon une voiture pour « filled. count. soap ». Alexa obtempère et confirme la course dans l’instant. Chris Sheldrick triomphe : « On a fini les réglages hier. » Nous partons certes impressionné, mais on a demandé à annuler la commande. On est vraiment à cinq minutes de Paddington. Plus d’infos sur weekend.lesechos.fr


BUSINESS STORY

Issad Rebrab, fondateur et PDG du groupe Cevital, photographié le 10 avril lors d’un déplacement à Sarrebruck, où se trouve sa filiale EvCon.

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ISSAD REBRAB

UN MILLIARDAIRE PARMI LES RÉVOLUTIONNAIRES ALGÉRIENS Première fortune du pays, Issad Rebrab se présente comme une grande victime de l’ère Bouteflika. Il est l’un des rares industriels à soutenir le soulèvement populaire en cours. Portrait d’un milliardaire que beaucoup surnomment le « Berlusconi algérien ». Par Nicolas Keraudren — Photographe : Manuel Braun

n silence trompeur règne sur les hauteurs algéroises. Nous sommes vendredi, dans le quartier des Annassers à Kouba. Une poignée de fonctionnaires est mobilisée au ministère des Affaires étrangères pour accueillir les journalistes des quatre coins du monde. Certains mangent le couscous devant la retransmission en direct du soulèvement populaire algérien. « Vous venez couvrir les manifestations ? Prenez votre accréditation et dépêchez-vous d’aller défiler ! » s’exclame l’un d’eux. « N’oubliez pas, nous voulons un changement radical », ajoute un autre. À quelques kilomètres, dans le centre-ville d’Alger, aux embouchures de la place MauriceAudin, plusieurs centaines de milliers de manifestants sont rassemblés pour réclamer la fin du « système ». Comme tous les vendredis depuis le 22 février, les « Elblad bladna w ndirou rayna » – « C’est notre pays, c’est à nous de décider » – fusent dans les rues. Étudiants, avocats, médecins, ingénieurs, retraités… Toutes les corporations sont là.

Toutes, sauf une. Celle des grands patrons algériens que les manifestants qualifient de « gang ». Ceux qui pendant des années ont usé du « système » à des fins personnelles et favorisé un climat de corruption que tout le monde dénonce aujourd’hui. « Nous ne voulons plus de ces voleurs, ils doivent tous tomber », défend Mustapha, un jeune Algérien. La justice s’est saisie de leur cas. « Des enquêtes préliminaires sont mises en œuvre pour des faits de corruption et de transferts illicites de capitaux vers l’étranger », a annoncé le Parquet le 1er avril, par la voie d’un communiqué. Certains ont d’ailleurs été frappés d’une interdiction de sortie du territoire. Ils seraient une dizaine au total, dont l’ancien patron des patrons, Ali Haddad, qui présidait jusqu’au mois dernier le Forum des chefs d’entreprise – l’équivalent du Medef en France. Le milliardaire Issad Rebrab, lui, joue son va-tout. Il a bien été inquiété par la police des frontières à l’aéroport Houari-Boumédiène d’Alger. Avant de s’envoler pour l’Allemagne où il a rencontré le PDG d’ABB, un géant mondial de la robotique, il a raté un, puis deux vols. Selon le journaliste algérien Khaled Drareni, « les policiers voulaient être certains de ne pas commettre d’erreur en le laissant passer. Ils ont donc pris toutes les précautions nécessaires. » Mais à l’heure où le pouvoir vacille, son antagonisme avec le clan Bouteflika est devenu un atout. L’homme d’affaires n’est pas n’importe qui : il représente la première fortune d’Algérie et la sixième d’Afrique. Décrit comme « un acharné de travail », il a bâti son empire Cevital dans la décennie 1990, en investissant dans l’agroalimentaire, la construction, l’électroménager, les vitres et les réseaux de distribution. Dans un café à quelques pas de la place Maurice-Audin, un proche se souvient : « À l’aide de crédits à l’exportation, il achetait des produits pour les revendre cash. Parfois,

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ISSADREBRABDANSL’HISTOIREALGÉRIENNE 27 mai 1944 Naissance en Kabylie.

interdit de manifester dans la capitale.

5 juillet 1962 L’Algérie obtient son indépendance.

12 novembre 2008 Le Parlement révise la Constitution pour autoriser Abdelaziz Bouteflika à exercer plus de deux mandats présidentiels. Il est réélu une troisième fois avec 90,24% des voix.

1988 Issad Rebrab fonde Metal Sider (sidérurgie). C’est avec cette société qu’il monte sa fortune dans la décennie 1990. 27 juin 1992 Avec trois autres associés, Issad Rebrab fonde le journal Liberté dans le contexte de la « décennie noire ». Quatre journalistes sont assassinés par les terroristes islamistes pendant cette période. 1998 Naissance du conglomérat Cevital, un an avant la première élection de Bouteflika à la présidence. 30 avril 2001 Un décret signé par Ali Benflis, alors Premier ministre,

10 février 2019 Bouteflika annonce son intention de briguer un cinquième mandat. Quelques jours plus tard, plusieurs milliers de personnes manifestent dans tout le pays, répondant à différents appels anonymes lancés sur les réseaux sociaux. 2 avril 2019 Démission d’Abdelaziz Bouteflika. Abdelkader Bensalah est nommé président par intérim la semaine suivante, pour une durée de 90 jours. L’élection présidentielle est fixée au 4 juillet.


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Manifestation du vendredi à Alger, le 5 avril (ci-contre et en bas). Amorcée en février dernier, après l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, la mobilisation se poursuit, réclamant la fin du « système ».

il se faisait même préfinancer par ses clients. Il a dégagé des sommes colossales qu’il a réinvesties dans des secteurs productifs où il n’y avait aucune concurrence. Et pour cause : le commerce extérieur était réservé au secteur public jusqu’en 1993. Tout ceci lui a donné les moyens de démarrer ses activités. » Sa fortune, estimée à 3,9 milliards de dollars aujourd’hui, n’est pas forcément bien vue de tous les Algériens. Sur les réseaux sociaux, l’un d’eux écrit : « Il a volé plus que Haddad. » Pour Rachid, chargé d’affaires juridiques dans une entreprise publique, « c’est un voleur, oui. Mais contrairement aux autres, il a aidé son pays. » Pour ne rien arranger, l’homme d’affaires a aussi été cité dans les Panama Papers dévoilés à l’été 2016. Selon Le Monde, il compte « parmi les plus anciens clients du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca ». Rebrab aurait alors bénéficié d’un compte offshore, au début de la « décennie noire », alors que la loi algérienne l’interdisait. Ce qu’il a toujours démenti. Malgré ces zones d’ombre, il reste un « homme très populaire en Algérie » estime Jean-Pierre Séréni, journaliste et observateur du pays depuis quarante ans. Pour

Mokrane, un jeune Algérien originaire de Kabylie et expatrié en France, « il porte l’espoir du développement dans notre pays ». L’un de ses proches abonde : « Sa fortune ne doit rien aux privilèges accordés par l’État. Il s’est construit seul. » Dans le monde sclérosé des affaires algériennes, Issad Rebrab est effectivement un ovni. Il est l’un des rares industriels à s’opposer au « système ». Le 1er mars 2019, il a même participé physiquement à la « révolution du

SABRI BENALYCHERIF / HANS LUCAS

« CERTAINS DE NOS JEUNES SONT OBLIGÉS DE TRAVERSER LA MÉDITERRANÉE POUR TROUVER UN EMPLOI. CE N’EST PAS NORMAL. »

sourire ». Drapé du drapeau algérien, on le voit porté par la foule qui manifeste. Au huitième et dernier étage du siège de son groupe situé aux portes d’Alger, il dresse son réquisitoire d’une voix paisible et saccadée, comme s’il pesait ses mots. « Certains de nos jeunes sont obligés de traverser la Méditerranée pour trouver un emploi. Ce n’est pas normal, l’Algérie aurait pu être un eldorado pour les investisseurs et pour le peuple. » Troisième

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BUSINESS STORY ISSAD REBRAB

« Vous avez mangé le pays »… Sur cette pancarte fustigeant des personnalités mises en cause dans des affaires de corruption ou de dilapidation des deniers publics, on peut voir (de gauche à droite et de haut en bas) : Chakib Khelil, ancien ministre de l’Énergie ; Ahmed Ouyahia, ex-Premier ministre, Ali Haddad, patron des patrons algériens, BahaEddine Tliba et Tahkout Mahieddine, hommes d’affaires.

une centrale électrique, une usine de construction automobile, une de sidérurgie et une de désalinisation d’eau de mer. Le tout devait générer 1 million d’emplois et 32 milliards de dollars de revenus à l’export, assure l’intéressé. Autre projet avorté, celui de l’usine de trituration de graines oléagineuses prévu par Cevital dans la ville de Béjaïa, à l’est d’Alger. Quelque 100 000 emplois étaient en jeu, toujours selon Rebrab. Le gouvernement ne veut pas en faire une affaire d’État : pour Ahmed Ouyahia, Premier ministre jusqu’au 11 mars dernier, « les malentendus touchent des centaines d’entreprises et ce n’est pas en les politisant ou en organisant des marches qu’ils vont se régler ».

ALI HADDAD, LA CHUTE D’UN OLIGARQUE « J’ai décidé en mon âme et conscience et sans contrainte de quitter la présidence du Forum des chefs d’entreprise. » Par ces mots, Ali Haddad a signé le 28 mars 2019 la fin de son règne à la tête de la principale

organisation patronale algérienne, qu’il présidait depuis 2014 après avoir soutenu le quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Quelques jours plus tard, il est arrêté à un poste frontière entre l’Algérie et la Tunisie,

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tentant de fuir le pays. L’homme âgé de 54 ans a depuis été auditionné par le juge d’instruction sans que l’on connaisse précisément le ou les chefs d’inculpation. Réputé proche du « clan Bouteflika », Ali

Haddad est à la tête d’ETRHB Haddad, l’un des principaux groupes privés de travaux publics en Algérie. Tout comme Issad Rebrab, il dirige aussi un groupe de médias et un club de football.

MOHAMED MESSARA/EPA/MAXPPP

des principaux médias d’opposition qui lui assure une couverture médiatique favorable. Il est aussi impliqué dans le football, via le club de la Jeunesse sportive de Kabylie. « C’est mon devoir d’aider la JSK et j’en suis fier », dit-il devant les caméras. « Ce club est l’emblème de la Kabylie et de la nation algérienne », le président d’honneur du club. Ces activités lui ont permis d’asseoir sa notoriété. Et de conforter sa position de « victime » de Bouteflika auprès du grand public. Car depuis plusieurs années, tous les projets d’Issad Rebrab sont ralentis ou bloqués par le pouvoir algérien. Ce fut le cas d’un hub portuaire en Kabylie, où devaient être construits un complexe pétrochimique,

SABRI BENALYCHERIF / HANS LUCAS

producteur de pétrole africain derrière le Nigeria et l’Angola, elle vit depuis des décennies au gré de la rente qu’elle tire de ses hydrocarbures. Ceux-ci représentent la quasi-totalité de ses exportations (97%). « Notre malheur, c’est la mauvaise gouvernance », ajoute Issad Rebrab, qui regrette de ne pas pouvoir faire plus pour son pays. « Je pense que le système algérien ne voulait pas d’une personnalité ou d’un entrepreneur qui arrive à un certain niveau. » Son indépendance, il l’arbore comme un étendard. « J’ai toujours été un électron libre », assure-t-il en racontant sa démission d’une entreprise publique, dans la décennie 1970. Issad Rebrad est alors expert-comptable et rédige un rapport d’activité défavorable au ministre de l’Industrie, qui l’oblige à revoir sa copie. « À ce moment, j’ai compris que je ne travaillerai plus jamais dans une entreprise publique algérienne », lâche-t-il devant un modeste plat de poisson qu’il savoure à son rythme. L’homme ne cite jamais ses ennemis. Pas même Abdelaziz Bouteflika, l’ex-président algérien avec qui il entretient des relations exécrables : « Il ne veut pas d’un Berlusconi en Algérie, m’a-t-on dit », glisse-t-il sans jamais le nommer. Des points communs avec le magnat italien, il en existe plus d’un. Comme lui, Rebrab est un patron de presse. Le regard rivé sur sa montre clinquante, il explique être l’un des quatre fondateurs de Liberté, l’un



BUSINESS STORY ISSAD REBRAB

EVCON, LE FLEURON DE L’EMPIRE REBRAB

Issad Rebrab, dans une station d’ultrapurification, fabriquée par EvCon, sa filiale allemande.

Le coup de grâce fut porté avec le retrait de la concession Hyundai qu’Issad Rebrab détenait depuis plus de vingt ans, et que dirigeait l’un de ses fils, Omar. Celle-ci a été confiée à un autre homme d’affaires, l’influent Tahkout Mahieddine, grâce aux arrangements de l’ancien ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb. Selon le journaliste algérien Khaled Drareni, « celui-ci a tout fait pour trouver une faille chez Rebrab ». Au-delà du gouvernement, c’est toute une partie du patronat qui lui fait barrage. Publiquement, le milliardaire préfère parler d’une « main invisible » qui retient

ses projets. À notre micro, il se fait plus disert. Ces blocages ne seraient-ils pas le fait d’un concurrent ? La famille Kouninef ou le clan Haddad, par exemple ? « Vous avez tout compris », murmure-t-il. La première est en cour au sommet de l’État. Son PDG, l’influent Rédha Kouninef, serait l’un des plus proches fidèles de Saïd Bouteflika, le frère d’Abdelaziz. Tout comme Ali Haddad – ex-chef du patronat algérien – dont les affaires concurrencent celles de Rebrab. Les entreprises algériennes se divisent ainsi en deux catégories : « D’une part, celles qui sont connectées au pouvoir et entretiennent une

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relation de vassalité avec celui-ci. Elles sont d’ailleurs organisées au sein du Forum des chefs d’entreprise. Et d’autre part, les entreprises non connectées à l’État, plus indépendantes mais qui demeurent sous un plafond de verre », explique le professeur d’économie El Mouhoub Mouhoud, auteur d’un rapport pour la Banque mondiale sur la diversification de l’économie algérienne. Issad Rebrab revendique son appartenance au second groupe. « Le pouvoir craint que je me lance en politique. » Est-ce justifié ? « Ma seule ambition est de contribuer au développement de l’économie de mon pays, en créant des richesses et des emplois pour nos jeunes », élude-t-il. Difficile, selon lui, de marquer la frontière entre l’économie et la politique. Pour l’un de ses proches, « ceux qui prêtent des ambitions politiques à Monsieur Rebrab n’ont rien compris de lui. La politique ne l’intéresse pas du tout. » Les difficultés qu’il rencontre dans son pays contrastent avec l’aura dont il jouit à l’étranger. Notamment en France, où il a été reçu en grande pompe en novembre 2018 par Emmanuel Macron à l’occasion d’un forum sur l’attractivité de l’Hexagone. En 2014, Rebrab avait été qualifié de « sauveur » par la presse française après le rachat pour 200 millions d’euros du groupe d’électroménager français Brandt, alors en redressement judiciaire. Un an plus tôt, c’est le menuisier PVC Oxxo qui avait été repris par le groupe Cevital. Dans les Ardennes, à CharlevilleMézières, il prévoit de recruter 1 000 personnes pour son usine du traitement de l’eau, EvCon (voir encadré ci-dessus). Via différentes filiales, il est aussi présent en Allemagne, au Brésil et en Espagne. Un dynamisme qui tranche avec le marasme des activités algériennes. « J’aimerais pouvoir faire plus pour mon pays », soupire Rebrab. Alors que le pouvoir bascule, son heure est peut-être venue. Plus d’infos sur weekend.lesechos.fr

MANUEL BRAUN POUR LES ECHOS WEEK-END

EvCon, l’une des nombreuses filiales du groupe Cevital, est la fierté d’Issad Rebrab. La nouvelle technologie développée par sa filiale basée en Allemagne est selon lui « révolutionnaire et va bouleverser le monde dans la production d’eau ultrapure, le traitement des eaux industrielles et la désalinisation d’eau de mer ». Grâce à un système ingénieux de membranes, l’homme d’affaires entend proposer sa solution à de nombreux groupes industriels internationaux. D’ici la fin de l’année 2019, l’usine de production de ces membranes située à Charleville-Mézières (dans les Ardennes) devrait être opérationnelle. Ville d’où est originaire Kamal Benkoussa, un ancien trader londonien qui dirige EvCon.



BUSINESS STORY

PUTIAN CAPITALE DE L'OR CHINOIS En vingt ans, la Chine est devenue un acteur incontournable du marché mondial de l’or. Dans la ville spécialisée de Putian, les orfèvres se réjouissent de l’appétit de leurs concitoyens.

el un lingot planté face à la mer, une nouvelle tour de 26 étages aux parois vitrées entièrement dorées brille dans le ciel de Beigao. Rutilante, elle domine le vaste parc industriel qui doit être inauguré en mai dans cette « petite » ville de 100 000 habitants de la province du Fujian qui fait face à Taïwan. Ici, le béton envahit progressivement les marais salants. Avec ses usines, ses dortoirs pour les ouvriers, ses bureaux de design, son centre logistique et ses boutiques, le parc industriel est à la mesure des ambitions de Beigao. « Nous voulons devenir la capitale de la bijouterie et de l’or en Chine », indique sans détour Xu Wenxue, l’un des responsables de la municipalité. Dans son bureau à l’étage du

nouveau centre d’exposition entièrement doré, des dessins présentent déjà les projets d’extension : le parc industriel doit couvrir à terme l’équivalent de 400 terrains de football. « De 30 000 à 50 000 personnes viendront travailler ici », annonce Xu Wenxue entre deux bouffées de cigarette. Si Beigao se sent pousser des ailes, c’est que la Chine connaît depuis plusieurs années une véritable ruée vers l’or. À plus de 672 tonnes, le marché chinois pour les bijoux en or est le premier au monde : il représente à lui seul près de 30% de la demande globale, selon le World Gold Council (Conseil mondial de l’or). Encore un domaine qui illustre la montée en puissance économique du pays ces vingt

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dernières années : « Acteur mineur et insignifiant au tournant du siècle, le pays est désormais un acteur de premier plan », souligne Roland Wang, directeur général en Chine du World Gold Council. Premier producteur du métal précieux depuis 2007, devant l’Afrique du Sud, la Chine est aussi, depuis 2013, le premier consommateur d’or physique (bijoux, pièces, lingots), devant l’Inde. Le temps paraît loin où, en 1950, la jeune République populaire de Chine proclamée par Mao Zedong interdisait aux Chinois d’acheter de l’or et plaçait l’industrie aurifère sous le strict contrôle de l’État. Seul acheteur autorisé, la banque populaire de Chine n’accorde des licences qu’au compte-gouttes

IMAGINECHINA/AFP

Par Frédéric Schaeffer


L’OR, UNE PASSION CHINOISE

À gauche : le pavillon de l’or et de la bijouterie à Beigao, surnommé le nid d’oiseau de Putian. Ci-contre : à Putian, les bijouteries de marques locales rivalisent pour attirer la clientèle. Putian, à mi-chemin entre Hong Kong et Shanghai, est pourtant bien loin des mines d’or du Shandong.

à quelques bijoutiers sous contrôle. Il faudra attendre cinquante ans pour que la Banque centrale abandonne son monopole sur l’achat, l’allocation et la fixation du prix de l’or et que Shanghai ouvre en 2002 ce qui deviendra rapidement la plus grande Bourse d’or physique au monde.

FREDERIC SCHAEFFER

UNE FRÉNÉSIE GÉNÉRALISÉE L’interdiction d’échanger et de commercialiser le métal étant levée, les boutiques fleurissent à travers tout le pays. Portées par la hausse du pouvoir d’achat, les ventes de bijoux en or ont quadruplé en l’espace de dix ans, atteignant un pic historique en 2013, avec plus de 900 tonnes d’or. Cette année-là, les négociants de New York, Zurich ou Londres découvrent, éberlués, les dama, comme on appelle en Chine les femmes d’un certain âge toujours à l’affût des bonnes affaires. Quand le cours de l’or décroche quelque temps sur le marché international, les dama prennent d’assaut les bijouteries, à la recherche du fameux métal précieux. La frénésie ne se limite pas aux particuliers. Caressant l’espoir de mieux imposer le renminbi (la « monnaie du peuple ») face au dollar, la Banque centrale chinoise remplit ses coffresforts de lingots venus d’Occident. À Beigao, les habitants se frottent les mains. Ses commerçants contrôlent plus de 20 000 bijouteries partout en Chine et réalisent plus du

tiers des ventes de détail de bijoux en or du pays. « Ici, sept actifs sur dix travaillent dans l’industrie aurifère », estime Lin Ruoxiang, le secrétaire général de l’association du commerce de l’or et des bijoux de Putian – la ville préfecture qui englobe Beigao. « Quand les patrons reviennent dans leur famille pour les fêtes du Nouvel An, c’est un défilé de voitures de luxe, s’amuse un chauffeur de taxi. J’en connais un qui possède trois Rolls Royce ! » Aux alentours de Beigao, d’imposantes villas aux colonnes doriques poussent comme des champignons. Sur les bords des routes, des célébrités chinoises ou taïwanaises s’affichent sur d’immenses panneaux publicitaires à la gloire de marques de bijoux, à côté des banderoles rouges aux

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slogans du parti communiste chinois. Dans la rue principale de Putian, les bijouteries de marques locales comme Luk Luk Luck, Like you ou GoldWharf sont désormais plus nombreuses que les vendeurs de téléphones mobiles. Devant les vitrines, de jeunes vendeuses enchaînent les chorégraphies au son hurlant des haut-parleurs pour attirer le chaland. Isolé, ce petit coin de campagne n’abrite pourtant aucune mine d’or : elles sont pour la plupart situées dans le Shandong, 1 500 kilomètres plus au nord. Forts d’une expertise séculaire, les orfèvres de Putian ont malgré tout acquis une solide réputation. Chez Huachang Jewellery, l’un des plus grands bijoutiers de Putian, c’est désormais la


BUSINESS STORY L’OR, UNE PASSION CHINOISE

quatrième génération qui est aux affaires. L’histoire a commencé en 1902 avec un ancêtre parti se former aux techniques de l’alliage de l’or et du jade à Hong Kong, pour ouvrir une première boutique à Shanghai six ans plus tard. Peu à peu, la technique de fabrication se répand à travers les familles de Putian, où la dureté des conditions de vie, sur une terre difficile et infertile, renforce l’esprit de clan. « Les habitants de Putian sont comme les Siciliens : ils ont leur propre dialecte, leurs propres règles et des liens du sang très forts », déclare Wu Qiang, professeur de sciences politiques, auteur d’un livre sur les entrepreneurs de Putian. L’arrivée du régime communiste entraîne la fermeture ou la nationalisation des boutiques et des ateliers. « La région était très pauvre. On y cultivait des patates douces et des cacahuètes », se souvient Lin Ruoxiang. Munis d’une palanche avec leurs outils d’un côté et un petit four de l’autre, les orfèvres de Putian partent pour de longs mois sillonner les villages réparer les bijoux, principalement en argent.

SHENZHEN, LA GRANDE RIVALE Dans les années 80-90, l’or a beau rester monopole d’État, ces experts se mettent à ouvrir des ateliers clandestins un peu partout dans le pays, des confins du Tibet jusqu’à la frontière avec la Corée du Nord. « Ils ont commencé à faire fortune en volant discrètement de l’or sur les bijoux qu’on leur confiait pour les retravailler », raconte Wu Qiang. En toute illégalité encore, ils achètent de l’or directement auprès des mines, qu’ils rapportent chez eux caché sous leurs vêtements, avant de le purifier et le revendre. « C’était généralement 2 à 3 kg mais certains courageux pouvaient rapporter jusqu’à 10 kg, se rappelle Ye Kaien, orfèvre de la troisième

LA CONTREFAÇON DE BASKETS, AUTRE SPÉCIALITÉ LOCALE Outre le commerce de l’or, les patrons de Putian sont célèbres pour le trafic de bois et pour s’être approprié une large part des hôpitaux privés du pays, d’où sont partis de retentissants scandales de commercialisation de faux médicaments

et de traitements frauduleux. Mais Putian est aussi connue pour être la capitale mondiale de la contrefaçon de chaussures de sport. Les fausses Nike, New Balance, Adidas sont légion dans les arrière-cours du quartier d’Anfu. Issus des ateliers de contrefaçon des marques occidentales, les plus célèbres fabricants d’articles de sport chinois sont également issus de la province du Fujian.

génération. On se faisait arrêter dans les trains par la police qui nous repérait à cause de notre accent ! » Leurs affaires prospèrent ainsi à l’abri des regards ; lorsque le commerce de l’or se libéralise au début des années 2000, ils n’ont plus qu’à sortir au grand jour pour rafler la mise. Si la renommée des bijoutiers de Putian n’est plus à faire, les autorités aimeraient désormais que ces riches entrepreneurs n’investissent pas seulement dans de belles maisons et de grosses cylindrées… Grâce à son parc industriel, la ville rêve de mettre à bas la domination écrasante de Shenzhen dans la production de bijoux en or. « Plus de sept bijoux sur dix fabriqués en Chine viennent de Shenzhen », observe Roland Wang.

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Même les orfèvres de Putian ont des usines dans cette mégapole située juste en face de Hong Kong ! Mais tel David face à Goliath, Putian veut croire qu’il peut remporter le combat. « Le coût du foncier et de la main-d’œuvre est bien moins élevé ici », argumente Xu Wenxue. Résolument optimistes, les bijoutiers de Putian ne paraissent pas non plus effrayés par le ralentissement économique. « L’augmentation du niveau de vie et l’attrait croissant des jeunes consommateurs pour la mode soutiennent la demande », estime Zhou Yanping, viceprésidente de Huachang Jewellery. Encore aujourd’hui, les bijoux en or représentent bien plus que de simples parures. Dans un pays où la crainte d’une chute de la monnaie est ancrée dans les esprits, la Bourse un immense casino et les sorties de capitaux strictement limitées, ils sont aussi regardés comme un investissement. Ce qui explique que les bijoux en or pur (24 carats) dominent largement les ventes. Reconnaissables à leur couleur jaune comme des lingots, colliers, bracelets et autres pendentifs célébrant l’année du cochon sont partout dans les vitrines des bijouteries de Putian. Mais la demande évolue vite. Si les bijoux à forte teneur ont la préférence de la clientèle plus âgée des petites villes, ceux à 18 ou 22 carats sont aujourd’hui considérés comme plus branchés et plus abordables par les jeunes des grandes métropoles. Pour les millennials, ces bijoux ne sont plus l’indispensable cadeau au moment du mariage et des fêtes du Nouvel An, des événements qui concentrent le gros des achats. Dans les grandes villes, « les bijoux en diamants et platine sont presque aussi populaires que les produits en or », remarque le World Gold Council. Longtemps, le marché a été dominé par de grandes enseignes qui offraient à peu près les mêmes bijoux. Désormais, certains joailliers mettent l’accent sur le design, cherchant à se créer une identité propre ou bien s’associent à des marques connues pour attirer une clientèle plus jeune. De même, ils améliorent leurs techniques et proposent des pièces plus complexes pour les petits budgets, comme les bijoux en or dur 3D. Autant d’efforts qui donnent des résultats encourageants, note Roland Wang, au vu de la reprise du marché en 2017, confirmée en 2018 (+3%). Les millennials étant deux fois plus dépensiers que leurs parents, « le marché de la joaillerie doit s’adresser aux citadins et aux plus jeunes pour continuer à prospérer », souligne Roland Wang. Pour l’heure, les dama sont toujours à l’affût. Plus d’infos sur weekend.lesechos.fr

FREDERIC SCHAEFFER

La maquette du parc industriel présentée dans les bureaux de l’association du commerce de l’or et des bijoux de Putian.


CULTURE 19 AVRIL 2019 Notre-Dame de Paris, vue de la nef, après l’incendie du 15 avril 2019.

RECONSTRUIRE

CHRISTOPHE PETIT TESSON/POOL/AFP

Par Gilles Denis, Karl De Meyer, Stefano Lupieri, Mariana Reali, Lucie Robequain et Claude Vincent

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ela n’attendra pas 107 ans. » L’expression populaire, jouant sur le temps de construction de la cathédrale, n’aura jamais sonné aussi juste qu’après l’incendie de Notre-Dame de Paris le 15 avril. Alors même que les flammes ravageaient encore l’édifice, Emmanuel Macron annonçait sa reconstruction. Une décision qui posera sans doute la question de l’état de restitution voulu : remontera-t-on la flèche de Viollet-le-Duc ou celle imaginée en 1250 et détruite cinq siècles plus tard ? La reconstitution des structures et la préservation des éléments fragilisés s’énonceront-elles à l’identique ? Une seule certitude : la renaissance est possible. À travers le monde et les âges, le feu, accidentel, criminel, guerrier a détruit églises, palais, bibliothèques et théâtres. Et bien souvent, la main de l’homme a rebâti ces symboles de pouvoir, de savoir, de culture ou de spiritualité.

Emmanuel Macron l’a annoncé le soir même de son incendie : la reconstruction de Notre-Dame de Paris est une urgence pour la France et pour le monde. Tour d’horizon des monuments constituant le patrimoine de notre planète qui ont connu un sort similaire et ont su renaître des flammes.

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EMILE LUIDER/REA

CULTURE


RECONSTRUIRE

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LE REICHSTAG DE BERLIN UNE COUPOLE EN VERRE 2

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STEFAN BONESS/PANOS-REA

LE MONT SAINT-MICHEL NOUVELLE DIMENSION 1

En 992, un incendie se déclare dans l’une des maisons de la ville. Les flammes se propagent à toute la cité et réduisent en cendres l’abbaye, édifiée trente ans plus tôt par des moines bénédictins. Elle est totalement rebâtie à la veille du premier millénaire, grâce au soutien financier du duc de Normandie, Richard Ier. Une douzaine d’incendies sont survenus depuis, principalement dus à la foudre s’abattant sur le clocher. Les reconstructions successives ont permis d’imposer de nouveaux styles architecturaux et d’apporter au monastère une nouvelle dimension. Le Mont a aussi souffert de la guerre. En 1204, des soldats bretons provoquent un incendie ravageur. Le roi Philippe Auguste finance les travaux de réfection, dans le style architectural normand. L’ensemble gothique de la Merveille est achevé vingt ans plus tard. L. R. Incendie : 992 Reconstruction : vers l’an 1000.

Clairement l’un des bâtiments les plus chargés symboliquement d’Allemagne. Construit pour abriter l’Assemblée de l’Empire à partir de 1894, avec les indemnités versées par la France après la défaite de 1871, il est incendié peu après l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Les nazis instrumentalisent l’attentat pour lancer une politique de répression sévère contre leurs opposants, notamment communistes. Le Reichstag a subi de nouveaux dommages pendant la Seconde Guerre mondiale – le 2 mai 1945 est prise la fameuse photo des soldats soviétiques qui hissent sur son faîte un drapeau rouge. Situé à Berlin-Ouest, il est réhabilité par la RFA au début des années 60 mais n’est pas utilisé. Après la Réunification et le vote du transfert du Parlement de Bonn à Berlin, Norman Foster gagne en 1992 le concours de la réhabilitation – il ne prévoit pas encore la coupole de verre symbolisant la transparence de la démocratie. Emballé par Christo et Jeanne-Claude en 1995, la structure accueille la première session berlinoise du Bundestag en 1999. K. De M.

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Incendie : 27 au 28 février 1933. Reconstruction : 1961-64, puis 1995-99. Budget (années 90) : 600 millions de marks (307 millions d’euros de 1999).


CULTURE

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Toujours vivant dans l’imaginaire collectif chinois, le sac du palais d’Été de Pékin par les troupes britanniques et françaises en 1860 ne s’est pas limité au pillage de ses trésors – le butin français est présenté dans le musée chinois de l’impératrice Eugénie à Fontainebleau. Lord Elgin, le haut-commissaire anglais, ordonne sa destruction et la soldatesque met le feu aux pavillons édifiés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Seules résistent les folies à l’occidentale, construites en dur… En 1886, l’impératrice Cixi décide de reconstruire sur un site voisin une résidence impériale, les vestiges baroques de l’ancien palais étant laissés à l’abandon. Un geste critiqué car les fonds sont ceux du budget de la Marine… L’ensemble est de nouveau incendié en 1900 lors de la Révolte des boxers. En 2015, une réplique voit le jour dans un complexe de décors de cinéma à Hengdian, à un millier de kilomètres de Pékin. G. D. Incendie : 18 octobre 1860. Reconstruction : 1886.

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LE CHÂTEAU DES HOHENZOLLERN À BERLIN RENAÎTRE SOUS UN AUTRE NOM 5 Édifié au début du XVIIIe siècle par le premier roi de Prusse, il restera occupé par les Hohenzollern jusqu’à l’abdication de Guillaume II en 1918. Très endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, le château est rasé par le régime est-allemand en 1950. En 1976, Erich Honecker inaugure sur le site le palais de la République, monumental bâtiment qui abrite le « Parlement » de la RDA. Après la Réunification, on décide de le démanteler, ce que beaucoup d’anciens Est-Allemands prendront pour une négation de leur histoire. En 2002, Gerhard Schröder valide un préprojet de reconstruction du château des Hohenzollern. Retardé par la crise financière en 2008, le chantier démarre en 2013. En septembre 2019 doit ouvrir dans un château tout neuf le Forum Humboldt, un centre culturel qui abritera des collections d’art extra-européen. Le projet a suscité une polémique sur les restitutions d’œuvres. K. De M. Incendie : Seconde Guerre mondiale Destruction : 1950. Reconstruction : 2013-19. Budget : 600 millions d’euros.

STEPHAN FALK, BAUBILD/SHF

Construite en 288 avt. J.-C. sous Ptolémée, dans le but de rassembler en un seul lieu le savoir universel, elle était la plus célèbre bibliothèque de l’Antiquité. Elle aurait abrité jusqu’à 700 000 rouleaux de papyrus. Sa destruction fait l’objet de plusieurs hypothèses, entre incendie pendant la campagne de César en Égypte et invasion arabe au VIIe siècle. L’idée de faire renaître ce monument du savoir commence à germer dans les années 70. En mai 1986, le gouvernement égyptien choisit le site et, en 1989, le cabinet norvégien Snohetta pour édifier le nouvel édifice qui verra le jour en 2002 sous le nom de Bibliotheca Alexandrina. Mille six cents ans après sa destruction, avec l’aide en dons financiers, livres et matériels d’une trentaine d’États, elle devient un complexe culturel de 70 000 m2 à la pointe de la technologie cumulant bibliothèque, centre de recherche, musée et centre d’archives Internet. M. R. Incendie: l’an 47 avt J.-C. et 642 apr J.-C. Reconstruction: 2002 (en cinq ans). Budget : 210 millions de dollars.

LE PALAIS D’ÉTÉ DE PÉKIN SUR UN SITE VOISIN 4

COSTFOTO/BARCROFT IMAGES/ABACAPRESS.COM

LA GRANDE BIBLIOTHÈQUE D’ALEXANDRIE PLUS D’UN MILLÉNAIRE D’ÉCART 3

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PAUL THUYSBAERT/GETTY IMAGES

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RECONSTRUIRE

LA CHAPELLE DE GUARINI À TURIN EN L’ABSENCE DE PLANS D’ÉPOQUE

LE CHÂTEAU DE WINDSOR DES VITRAUX POUR LES POMPIERS

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Commentant l’année 1992, Elizabeth II la qualifia d’« annus horribilis » entre la séparation de Charles et Diana et l’incendie de sa résidence de famille, le château de Windsor, alors en rénovation. Le feu accidentel se déclenche le 20 novembre. Il dure quinze heures, mobilise 250 pompiers et ravage les salons historiques. Quand le Cabinet annonce que l’État payera la reconstruction, l’opinion publique s’émeut. Finalement la reine ouvre ses résidences à la visite pour financer les travaux : 45 millions d’euros, 5 000 ouvriers et cinq ans de travaux permettent la renaissance de Windsor. Au passage, on aura découvert une crypte du XIVe siècle, modernisé les circuits électriques et imaginé des vitraux en hommage aux pompiers dans la chapelle privée de la reine. G. D. Incendie : 20 novembre 1992 Reconstruction : 1997. Budget : 45 millions d’euros

DOMINIC LIPINSKI/PA WIRE/ABC/ANDIA

L’incendie qui a ravagé la chapelle de Guarini à Turin dans la nuit du 11 avril 1997 a causé un fort émoi chez les croyants du monde entier car c’est ici que l’Église conserve le Saint-Suaire. La relique, dont l’authenticité est remise en cause par beaucoup de scientifiques, a été sauvée par les pompiers. Mais la chapelle été profondément touchée. Il a fallu consolider la structure pour éviter l’effondrement. L’intervention a concerné la totalité de l’édifice. L’absence de plans et de documents d’époque n’a pas facilité le travail. Près de 1 400 éléments de marbre ont dû être substitués. La réouverture ne date que de l’an dernier. Ce n’était pas la première œuvre de l’architecte Guarino Guarini à subir un triste sort. Son église de la Santissima Annunziata à Messine a été détruite par un tremblement de terre en 1908. S. L. Incendie : 11 avril 1997 Réouverture : 2018 Budgets : 30 millions d’euros

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CULTURE

LE THÉÂTRE DE LA FENICE PHÉNIX DE VENISE 8

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« Nous avons été à deux reprises pris d’assaut par le feu. Mais nous nous sommes relevés à chaque fois plus forts d’auparavant. Nous sommes à vos côtés, amis, n’ayez pas peur. » Alors que l’incendie de Notre-Dame n’était pas encore éteint, la direction du théâtre de la Fenice n’a pas hésité à poster ce tweet de solidarité. La salle de spectacles vénitienne inaugurée en 1792, a été une première fois victime des flammes en 1836, à cause d’un poêle défectueux. Rouvert un an plus tard, le théâtre subira son plus grave incendie le 29 janvier 1996. Il sera cette fois d’origine criminelle causé par deux électriciens engagés pour des travaux, inquiets d’avoir à payer des pénalités de retard. La troisième vie du théâtre qui porte le nom du phénix (fenice), a débuté le 14 décembre 2003 avec un concert dirigé par Riccardo Muti. Il y a bien failli en avoir une quatrième : en 2018, les pompiers ont étouffé dans l’œuf un départ d’incendie dans un local technique. S. L. Incendie : 29 janvier 1996. Date de réouverture : 2004. Budget : 60 millions d’euros.

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SHUTTERSTOCK

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Les bombardements de la Première Guerre mondiale provoquent un incendie qui ravage la charpente en bois de la cathédrale, déchire les bas-reliefs du tympan et fait exploser une grande partie du portail. Le plomb fond et se déverse par les gargouilles, mais la voûte résiste. À l’incendie succèdent quatre ans de bombardements allemands, qui achèvent de détruire l’édifice. Sa reconstruction fait l’objet d’une mobilisation internationale sans précédent. John Davison Rockefeller finance la restauration de la toiture. Vingt ans seront nécessaires pour effacer les stigmates de la guerre. La cathédrale ne sera pas totalement reconstruite à l’identique : la charpente que l’on connaît aujourd’hui est composée de béton armé. Notre-Dame de Paris connaîtra-t-elle le même sort ? Nul ne le sait, mais beaucoup espèrent ressusciter sa charpente en bois. L. R. Incendie : 19 septembre 1914. Reconstruction : 1937.

ROMAIN GAILLARD/REA

LA CATHÉDRALE DE REIMS UN DON DE ROCKEFELLER 9


RECONSTRUIRE

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MATEUSZ WLODARCZYK/PACIFIC PRESS/ZUMA/REA

THOMAS RABSCH/LAIF-REA

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LE PARLEMENT DE BRETAGNE DU MÉTAL À LA PLACE DU BOIS

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Dans la nuit du 4 au 5 février 1994, le parlement de Bretagne, à Rennes, s’embrase. Quelques heures auparavant, lors de violents heurts entre marins pêcheurs et forces de l’ordre en centre-ville, une fusée de détresse est venue se ficher sous le toit de l’édifice. Le feu a longtemps couvé avant d’embraser brusquement la charpente en bois et de provoquer l’écroulement de la toiture sur le premier étage. Les dommages sont considérables. Après une phase de sauvegarde de l’édifice et un audit des dégâts, la restauration sera lancée dès 1995 avec le choix d’une reconstruction à l’identique excepté la charpente, réalisée en métal et en lamellé-collé. Il avait fallu presque quarante ans pour le construire (1618-55), quelques heures pour le détruire et une décennie pour le rebâtir. Rouvert en 1999, l’édifice ne sera totalement réhabilité qu’en 2004. C. V. Incendie : 5 février 1994. Réouverture : 1999. Budget : entre 35 et 55 millions d’euros.

LA VIEILLE VILLE DE VARSOVIE MOBILISATION GÉNÉRALE 11

Détruite à 85% en 1944 par l’armée allemande, la vieille ville de Varsovie a immédiatement fait l’objet d’un projet de reconstruction sans précédent et d’une mobilisation générale de sa population. Les volontaires déblayaient les rues, tandis que les dons affluaient de tous les pays. Mis en place dès 1945 par le Bureau de reconstruction, le chantier qui devait s’appuyer sur des documents d’archives et une iconographie crédibles, s’est poursuivi jusqu’au début des années 60. Le plan d’urbanisme médiéval ainsi que la subdivision historique des fronts de rue ont été conservés. Aujourd’hui, la vieille ville englobe le bâti qui a survécu aux destructions et les éléments reconstruits à partir de la documentation disponible. Dernière pierre à la reconstruction : en 1984, le château royal, a, à son tour a été rouvert au public. Le centre historique de Varsovie est classé au patrimoine mondial de l’humanité. M. R. Destruction : 1944. Reconstruction : de 1945 aux années 60.

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LA CATHÉDRALE DE COLOGNE ET L’ÉGLISE DE DRESDE BRIQUES ET VIEILLE PIERRES 12 Avec ses deux tours qui culminent à 157 m, la cathédrale de Cologne (photo) était à la fin du XIXe siècle le bâtiment le plus haut du monde. Son édification, démarrée en 1247, ne s’est terminée qu’en 1880. Conséquence des bombardements alliés, il fallut consolider en urgence un des piliers d’une tour, avec des briques de mauvaise qualité, qui resteront visibles jusqu’en 2005. Si le chœur et le transept ont été reconstruits dès 1948, pour le 700e anniversaire de la pose de la première pierre, le vaisseau devra attendre 1956. À Dresde, le chef-d’œuvre baroque achevé en 1743, s’est effondré à cause de la chaleur dégagée par le bombardement de février 1945. Après la Réunification, s’engage une reconstruction à l’identique, qui a coûté près de 190 millions d’euros. Avec de vieilles pierres d’époque et de nouvelles, de couleur différente donc. K. De M. Incendies : Seconde Guerre mondiale Reconstruction : Cologne 1945-56, Dresde 1994-2005. Plus d’infos sur weekend.lesechos.fr


CULTURE

LA SÉLECTION Par Judith Benhamou-Huet, Marianne Bliman, Philippe Chevilley, Thierry Gandillot, Henri Gibier et Philippe Venturini

LE COUP DE FOUDRE LES COULEURS DE L'AVANT-GARDE MODERNE EXPOSITIONS « Comment voyez-vous cet arbre ? Il est bien vert ? Mettez donc du vert, le plus beau vert de votre palette. Et cette ombre, plutôt bleue ? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible. » Pendant l’été 1888, en Bretagne à Pont-Aven, Paul Gauguin artiste de génie qui se prend, à raison, pour le gourou de l’avantgarde, dicte à celui qui va devenir son disciple, Paul Sérusier, le mode d’emploi d’une nouvelle peinture. Un tout petit tableau (27x21cm) qui a été baptisé Le Talisman en témoigne. Installé dans la nature verte d’un lieu devenu fameux, le bien nommé bois d’amour, Sérusier peint en direct, dira la légende, ses instructions. Se libérer de la représentation d’une réalité conventionnelle. Diluer et faire onduler les formes. Magnifier les couleurs par contrastes…

Ci-contre : Le Talisman, l’Aven au bois d’Amour (1888), Paul Sérusier. Ci-dessous : Paysage rocheux (vers 1891), Charles Filiger.

pour montrer des enfants et des femmes dans l’herbe. On est également littéralement hypnotisé par les motifs de fleurs qui envahissent les murs des intérieurs représentés sur les quatre toiles de 1896 d’Edouard Vuillard où les femmes se divertissent sagement. Une grande jouissance visuelle. J. B.-H.

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« Le Talisman de Paul Sérusier, une prophétie de la couleur », Musée d’Orsay, jusqu’au 2 juin. « Les Nabis et le décor », Musée du Luxembourg, jusqu’au 30 juin. « Filiger », galerie Malingue, 26 avenue Matignon, Paris. Jusqu’au 22 juin.

GUY GASAN/MUSÉE DE PONT-AVEN

Les Canards (vers 1894-95), projet de papier peint de Paul-Élie Ranson.

PATRICE SCHMIDT

À son retour à Paris, Sérusier répand la bonne parole au sein du cercle de ses jeunes amis artistes qui se sont eux même nommés les nabis (« prophète », en hébreu) et envoie valdinguer sa peinture académique. Il offre même le fameux Talisman à Maurice Denis, qui se charge de faire le récit de cette grande aventure. Ses répercussions picturales sont retracées au Musée d’Orsay à travers 55 œuvres. Parmi les peintures les plus énigmatiques de ce bel accrochage Tétraèdres, véritable anomalie de l’histoire de l’art réalisée vers 1910 par Sérusier, dans lequel il fait voler des pyramides dans le ciel. Une abstraction géométrique avant l’heure. On trouve également quelques œuvres d’un peintre méconnu et quelquefois génial, Charles Filiger. Cet illuminé, inspiré aussi par les primitifs italiens, est par ailleurs l’objet d’une remarquable exposition de 83 œuvres – le quart de sa production totale – à la galerie parisienne Malingue, avenue Matignon. Le hasard des programmations fait que le musée du Luxembourg consacre une exposition en 89 œuvres au thème des nabis et du décor. On suit ainsi, dans Paris, le fil de l’histoire de l’art. Là, Bonnard, Vuillard, Maurice Denis, Paul-Élie Ranson… nous font vivre une expérience d’art total – on parlerait aujourd’hui d’art immersif – avec des séries de panneaux immenses, reconstituées pour l’occasion. On tombe, par exemple, dans un jardin extraordinaire en quatre grands tableaux datés de 1895 à 1899 réalisés par Bonnard dans lesquels le vert vif prédomine

MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE QUIMPER

UN JARDIN EXTRAORDINAIRE


SORTIES

SALLES OBSCURES L’actualité cinématographique de la semaine vue par Thierry Gandillot. On ne rafle pas sept Goyas, les César espagnols, par hasard. El Reino fut l’événement de 2018 en Espagne, qui vit le sacre de Rodrigo Sorogoyen (meilleur réalisateur) et celui d’Antonio de la Torre (meilleur acteur). S’inspirant d’une affaire qui

Angélique Kidjo. « Celia » est son treizième album.

JULIO VERGNE

PATRICK FOUQUE

EN VUE ANGÉLIQUE KIDJO FAIT REVIVRE CELIA CRUZ a secoué l’Espagne, Sorogoyen montre comment une bande de politiciens a bâti un royaume de prévarications et de prébendes qu’ils jugeaient imprenable. Brillant, énergique, Manuel Lopez-Vidal est un jeune loup dans son fief régional, qui doit entrer à la direction nationale de son parti. Mais un des membres du groupe a tout balancé à la police. Lopez-Vidal se retrouve dans le rôle du bouc émissaire. Mais il est bien décidé à ne pas se laisser faire. Commence alors une descente aux enfers qui donnera lieu à des scènes dignes d’Hitchcock. Le final, sur un plateau de télévision (photo), est saisissant. Un thriller au cordeau, de la pure dynamite.

WORLD MUSIC Miriam Makeba, Nina Simone,

Celia Cruz. Avant de devenir stars, ces trois chanteuses ont lutté pour gagner leur liberté et leur indépendance, se faire leur place. Parce qu’elles étaient femmes et femmes de couleur. Trois chanteuses dans la lignée desquelles Angélique Kidjo est fière de s’inscrire. Trois chanteuses auxquelles la Franco-Béninoise aime rendre hommage. Le dernier en date ? « Celia », qui sort ce vendredi. Angélique Kidjo n’a rien oublié du concert où, encore adolescente, elle l’a vue la première fois. « Quand je l’ai entendue à Cotonou, j’ai compris à quelle femme on avait affaire », s’exclame celle qui, des années plus tard, a connu et chanté avec son idole. « Avec “Celia”, j’ai voulu montrer la constance de Celia Cruz à différentes époques de sa vie, de La Havane [qu’elle avait quittée en 1959

à l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir pour ne plus jamais y revenir, NDLR] à New York. » La vida es un carnaval, Toro mata, Yemaya, Quimbara… Angélique Kidjo fait revivre dix des plus grands succès de la diva cubaine, morte en 2003. Avec l’aide de David Donatien, multiinstrumentiste et arrangeur de renom, elle a, sans surprise, ajouté une pâte afro aux chansons de Celia Cruz. Résultat : un disque qui mêle avec bonheur sonorités latinos et africaines, morceaux au tempo endiablé et chansons plus douces où elle démontre une nouvelle fois – s’il en était besoin – l’étendue et la puissance de son art. Le 14 mai, les Parisiens pourront retrouver Angélique Kidjo sur la scène du Bataclan. Les autres devront attendre pour espérer la voir en tournée en province puis à l’étranger. M. B. « Celia », Angélique Kidjo (Verve).

François-Mitterrand Paris 13e I bnf.fr #MondeEnSphères

 AVRIL  JUILLET  LE FIGARO MAGAZINE Nova et integra universi orbis descriptio, dit « Globe doré », vers 1536. Laiton gravé. BnF, Cartes et plans. BnF, délégation à la Communication


CULTURE SORTIES

RÉCIT Tout commence à Odessa, où nos deux aventuriers du vélo, l’un d’entre eux, Vlad, étant également cinéphile aguerri, décident de dévaler sur leurs deux roues les plus beaux escaliers du monde à la manière de la poussette pour enfants d’Eisenstein dans Le Cuirassé Potemkine. Ils ont choisi le port ukrainien sur la mer Noire pour entamer leur périple à bicyclette, durant l’été 2016, en remontant le Danube, depuis son embouchure, entre Ukraine et Roumanie – un delta classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco –, jusqu’à sa source, située dans la Forêt-Noire. Fleuve mythique, bordé par une dizaine de pays, dont l’écrivain italien Claudio Magris avait fait le creuset de la culture Mitteleuropa dans son plus beau livre, en effectuant le parcours de sa naissance jusqu’à l’endroit où il se jette dans la mer. Les deux amis férus de VTT ont voulu faire le chemin en sens inverse, parce qu’ils ont remarqué que le choix de leur illustre prédécesseur l’avait contraint à « bâcler » sur une petite centaine de pages les Balkans. Ils ne veulent pas non plus que leur exercice de géographie tout terrain passe au second rang derrière les réminiscences littéraires, même si dans sa conclusion, celui qui tient la plume, Emmanuel Ruben, confie : « Je voulais remonter le Danube comme Marlow, dans le roman de Conrad, remonte le fleuve vers le cœur des ténèbres. » Ce voyage en selle de 4 000 kilomètres est une véritable épreuve physique. Au départ, le cuistot d’un « büfe » turc d’Odessa lance à l’intrépide tandem, entre soupe de tripes et rognons blancs : « Bouffez des couilles, les gars, vous en aurez besoin ! » Nous allons donc les suivre portés par la prose magnifique de Ruben, chaque chapitre ou presque indiquant les étapes et la distance

parcourue dans la journée, avec un enchantement presque constant. Délice de lecture d’abord, car certaines phrases résonnent, exotisme des noms aidant, comme du Cendrars. Exemple parmi beaucoup d’autres : « Bilenke, Serhiivka, Chabanske, Kosivka, Papazdra : un chapelet de villages aux toponymes glaiseux s’égrène au bord du liman de Boudjak. » Mais le plaisir est aussi celui de l’intelligence tant l’auteur émaille son récit de références à l’Histoire ou de comparaisons érudites et géographiques. Le Diois bulgare lui rappelle le Quercy et le Périgord, il découvre une sorte de Toscane à Vinci en Serbie, hume un parfum de Suisse à Krems, l’une des plus anciennes villes universitaires d’Autriche.

VENT MAUVAIS DU POPULISME Suivre le Danube c’est entrer en contact physique avec les vraies frontières de l’Europe, les deux amis croisant fréquemment les patrouilles de Frontex, l’agence européenne qui a la charge de les protéger, ainsi que les cortèges de réfugiés qui tentent de les franchir. En pensant à ces derniers, l’écrivain, défenseur du grand brassage des peuples, prend prétexte de son passage à Budapest pour citer Imre Kertész, le Prix Nobel de littérature, mort dans la capitale hongroise il y a trois ans : « La terreur claustrophobique de l’Europe occidentale donnera naissance à un nouvel Adolf Hitler. » Ce vent mauvais du populisme reste toutefois très en arrière-plan des coups de pédale picaresques auxquels nous convie ce livre plein de gaieté, de nostalgie, de rencontres, de bons plats, de flirts, d’émotions esthétiques, mais aussi… de sueur et de crampes. H. G. Sur la route du Danube, par Emmanuel Ruben. Payot/Rivages, 610 p., 23 €.

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CLASSIQUE Chaque printemps à Deauville, le Festival de Pâques est prétexte à venir s’étourdir d’une grande bouffée de musique. S’y donnent rendez-vous quelques-uns des meilleurs solistes tels les violonistes Renaud Capuçon et Julien Chauvin ou les pianistes Nicholas Angelich, Bertrand Chamayou et Adam Laloum, prêts à croiser l’archet ou partager le clavier avec de talentueux cadets qu’ils ont choisis. Cette 23e édition présente ainsi les sopranos Adèle Charvet et Ambroisine Bré, les violoncellistes Victor Julien-Laferrière et Yan Levionnois, l’Ensemble Ouranos, le quatuor Hanson, la remarquable de Chapelle Harmonique et son chef Valentin Tournet qui donneront en clôture de festival la Passion selon saint Jean de Jean-Sébastien Bach. Quatre générations d’interprètes « nés » à Deauville se côtoient ainsi le temps de neuf concerts de musique, essentiellement de chambre, vocale et instrumentale. Comme à l’accoutumée, le bord de mer invite à s’aventurer vers des destinées peu connues, guidés par Yves Petit de Voize, le directeur artistique : quatuors vocaux de Schumann et Brahms, pièces pour percussions de Xenakis et Bartók, Quintette à cordes, de Bruckner, pièces pour vent de Beethoven, Hindemith ou Stockhausen, Nocturne pour voix, quatuor à cordes et piano, de Guillaume Lekeu (187094)… Quelques solides balises (Quatuor avec piano, de Mozart, Quintette avec piano, de Brahms, trio «à L’Archiduc », de Beethoven, Quatuor de Debussy) restent sur la carte, garantes d’une traversée sans encombres. Mais pas sans émotions car, malgré le jeune âge de la plupart des musiciens, le niveau d’exigence reste toujours au plus haut, comme ont pu l’attester les éditions antérieures. Ph. V. 23e Festival de Pâques de Deauville, du 20 avril au 4 mai Tél. : 02 31 14 14 74. www.musiqueadeauville.com

DR

À Passau, les rivières Inn et Ilz se jettent dans le Danube.

LE MOMENT DE PLAISIR LE RENDEZ-VOUS DES GRANDS DE DEMAIN

Le pianiste Nicholas Angelich.

BERTHOLD STEINHILBER/LAIF/REA

L’INSTANT DE RÉFLEXION EN SELLE POUR LE DANUBE


STYLE 19 AVRIL 2019

DÉCALAGES HORAIRES Depuis le découpage du monde en 24 zones horaires, les horlogers rivalisent d’ingéniosité pour imaginer des montres affichant plusieurs fuseaux. Véritables compagnes de voyage, elles s’imposent au poignet des globe-trotters, des pilotes d’avions et des hommes d’affaires.

LUBITZ + DORNER/PLAINPICTURE

Par Frank Declerck

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i le système horaire international, instauré à la fin du XIXe siècle, s’est établi sur 24 fuseaux, c’est évidemment pour se caler sur les 24 heures d’une journée, calquée sur la course du soleil comme en attestent les premiers cadrans solaires égyptiens, puis grecs. Mais tout débute vraiment, en 1675, près de Londres en Angleterre. Charles II, féru d’astronomie, décide de faire construire l’Observatoire royal à Greenwich. De là, sera déterminée l’heure solaire moyenne servant de repère aux marins pour calculer leur longitude, et donc déterminer leur position en mer (la Terre tournant de 15° de longitude par heure). Cette heure GMT, pour Greenwich Mean Time (heure

moyenne de Greenwich), deviendra l’heure légale dans toutes les villes du pays en 1880. Auparavant, nations et villes déterminaient leur heure locale en fonction de la position du soleil observé à leur verticale (heure solaire). Il n’y avait par conséquent aucune corrélation entre elles. On comptait ainsi plus de 70 heures locales différentes aux États-Unis et une trentaine en Europe, une journée étant toujours divisée en deux parties de douze heures chacune (jour/nuit). Ce système folklorique devient problématique avec la révolution industrielle et le développement des voyages intercontinentaux et ferroviaires. Il est alors difficile – pour ne pas dire impossible –

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d’organiser un grand périple avec des connexions précises pour des voyageurs ou des marchandises qui partaient par exemple en paquebot des États-Unis pour prendre un train en Angleterre avec une liaison maritime vers la France avant de monter, à Paris, dans l’Orient-Express pour Istanbul. La définition des 24 zones horaires sera l’œuvre de l’ingénieur canadien Sandford Fleming qui imagina ce système commun, associant la division d’une journée en 24 heures au découpage du globe en 24 fuseaux correspondant chacun à 15° de longitude. Initié en 1884, à la suite de la conférence internationale de Washington, il faudra

GUSMAN/LEEMAGE/BRIDGEMAN IMAGES

La ligne du méridien à l’Observatoire royal de Greenwich indique la longitude zéro.

NATIONAL MARITIME MUSEUM, GREENWICH/LEEMAGE

Image d’Épinal montrant les différents fuseaux horaires quand il est midi à Paris.


DÉCALAGES HORAIRES pourtant attendre 1929 pour que tous les États adoptent officiellement le principe de Greenwich comme méridien zéro. De nombreux pays, et pas des moindres, ont en effet fait de la résistance. La France en tête, qui vota contre en 1884 pour imposer le méridien de l’Observatoire de Paris comme référent international. Seule contre tous, elle finit par céder en 1911 pour… suivre le mouvement. Dès l’origine, le processus de normalisation mondiale de l’heure est suivi de près par les manufactures et les maîtres horlogers. Si quelques modèles de poche à heures locales multiples ont vu le jour entre la fin du XVIIIe et le XIXe siècle, c’est en 1931 que le Suisse Louis Cottier imagine la première complication mécanique fidèle à la nouvelle répartition horaire planétaire. En associant une lunette – où figurent les noms de 24 villes du monde – à une graduation rotative étalonnée sur vingtquatre heures, son dispositif dit à « heure universelle » permet pour la première fois de lire l’heure simultanément dans les 24 fuseaux. L’ingéniosité du système ouvre à l’inventeur les portes des grandes manufactures comme Patek Philippe. C’est en utilisant son dispositif que Vacheron Constantin sort, dès 1932, son modèle à « heure internationale ». La maison a d’ailleurs développé ses propres calibres au fil du temps et propose aujourd’hui un gardetemps affichant 37 zones horaires distinctes – tenant compte des États ayant opté pour des demis ou des quarts de fuseaux.

un compteur à une ou deux aiguilles (heures et minutes) ou encore au moyen d’un disque rotatif. Et si l’heure GMT se règle habituellement avec la couronne, quelques modèles permettent d’effectuer l’opération à l’aide de poussoirs dédiés, voire d’une lunette technique, pour faire avancer ou reculer l’aiguille du second fuseau. Puisque c’est de l’affichage de deux heures distinctes dont il s’agit, d’autres maisons de renom ont su profiter des particularités de certains de leurs modèles iconiques. Ainsi Cartier a choisi une lecture intuitive en affichant… deux cadrans sur la même montre ! C’est le cas de la montre Tonneau squelette, présentée cette année au Salon international de la haute horlogerie de Genève. S’inspirant d’un ancien modèle de la manufacture, elle embarque une nouveauté technique qui démontre la recherche permanente des maîtres horlogers en matière d’innovation. En effet, cette fois c’est le même calibre mécanique

DR

LISIBILITÉ ET PRÉCISION Mais c’est avec l’essor de l’aviation civile dans les années 50 que les premières montres-bracelets à fonction GMT sont mises au point. Plus fonctionnelles, plus lisibles, elles se concentrent sur l’indication de deux fuseaux distincts : celui du pays d’origine et de l’heure locale d’arrivée. La plus emblématique est sans conteste la célèbre Oyster Perpetual GMT Master, créée en 1955 par la manufacture Rolex pour la compagnie américaine Pan Am. Un modèle du genre, qui sera aussi au poignet des pilotes d’essai du Concorde quelques années plus tard. L’instrument arbore une lunette bicolore rouge et bleue (indicateur jour/nuit) graduée 24 heures, sur laquelle une aiguille centrale additionnelle à pointe triangulaire indique le deuxième fuseau. Autre caractéristique : la lunette est mobile, ce qui permet aux aviateurs de changer rapidement l’heure du second fuseau d’une simple manipulation sans avoir besoin de réajuster l’aiguille. Nombreuses sont les montres GMT qui présentent aujourd’hui sensiblement la même configuration. La lisibilité et la précision sont les mots d’ordre de ces pièces jouant sur des différences de couleurs, d’échelles (12 heures ou 24 heures) pour afficher le fuseau supplémentaire. Certaines maisons horlogères préfèrent délivrer cette information dans

qui anime les deux cadrans alors qu’auparavant deux mouvements étaient logés dans le boîtier. Autre star horlogère ayant une évidente prédisposition à cet affichage : la Reverso de Jaeger-LeCoultre. Initialement créé pour mettre la glace à l’abri des inévitables chocs qu’engendre une partie de polo, l’astucieux système de boîtier réversible permet évidemment afficher facilement une heure au recto puis une autre au verso de la montre. La Reverso Grande GMT intègre aussi d’autres subtilités très utiles aux voyageurs comme l’indicateur jour/nuit et un compteur permettant de programmer le décalage horaire du lieu de résidence par rapport à l’heure GMT. Ce dernier indiquera par exemple –5 pour New York ou +9 pour Tokyo. Le propriétaire devant faire attention à modifier ce réglage au passage à l’heure d’hiver ou d’été. Comme toujours, l’ultime précision vient des montres à quartz qui sont les plus à même de suivre la rigueur chronométrique imposée par le temps universel coordonné (UTC), entré en vigueur depuis le 1er janvier 1972 pour remplacer le système GMT. Ce nouveau temps civil international, qui s’appuie sur un ensemble d’horloges atomiques réparties dans le monde, permet de gommer les irrégularités du GMT qui est déterminé par les rotations elliptiques de la Terre autour du Soleil. Certaines pièces de dernière génération vont encore plus loin en utilisant le réseau satellitaire GPS (Global Positioning System) pour afficher l’heure exacte partout dans le monde. Si le grand public n’a pas besoin d’une telle précision certains professionnels et autres scientifiques ne peuvent s’en passer. Pour accéder à cette ultime précision, l’amateur de belles mécaniques pourra toujours consulter sa montre connectée à l’instar de la Tag Heuer Connected Modular. Les golf trotteurs choisiront la toute nouvelle édition Golf en céramique. Une nouvelle génération de GMT en soi… Plus d’infos sur weekend.lesechos.fr

Ci-dessus, montre Vacheron Constantin de 1932 avec système Cottier (à droite), modèle « Overseas World Time» (à gauche).

Modèle « Radiomir 1940 3 Days GMT Automatic » de Panerai avec indicateur jour-nuit.

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Réalisation : Frank Declerck – Photographes : Paul & Henriette Oyster Perpetual GMT-Master II en or gris, lunette tournante Cerachrom en céramique bleue et rouge graduée 24 heures, cadran bleu, certification Chronomètre Superlatif, étanchéité 100 m, ROLEX.


HORLOGERIE

DE HAUT EN BAS : Big Bang Unico GMT en titane, lunette graduée 12 heures, cadran squelette avec indicateur jour/nuit, bracelet caoutchouc One Click, étanchéité 100 m, HUBLOT. Clifton Club GMT en acier, lunette bleue graduée 24 heures, cadran opalin noir avec aiguille GMT bleue, bracelet cuir motif toile de voile, étanchéité 100 m, BAUME & MERCIER. Code 11.59 Chronographe Automatique en or gris, cadran laqué bleu, aiguilles et index en or gris, fonction flyback ou « retour en vol », bracelet alligator, AUDEMARS PIGUET. Carrera Heuer 02 Chronographe GMT en acier, lunette en céramique noire et bleue graduée 24 heures, cadran squelette avec aiguille GMT rouge, bracelet caoutchouc, étanchéité 100 m, TAG HEUER.


DE HAUT EN BAS : montre d’Aviateur Timezoner Spitfire Edition « The Longest Flight » en acier, lunette tournante pour le réglage du second fuseau, affichage 24 heures par disque rotatif, bracelet textile. IWC. La Mini D de Dior Mosaïque en acier, lunette et couronne serties de diamants, cadran en nacre jaune, bracelet interchangeable textile tissé motif mosaïque. DIOR. Black Bay Bronze, lunette tournante unidirectionnelle en bronze et aluminium gris ardoise, cadran gris ardoise, certification chronomètre COSC, bracelet tissu, étanchéité 200 m. TUDOR.


Tonneau Double Fuseau, Squelette en or rose, un seul calibre mécanique squeletté pour animer les deux fuseaux en heures et minutes avec un réglage par deux couronnes distinctes, bracelet alligator, CARTIER.


DE HAUT EN BAS : Conquest V.H.P. GMT Flash Setting en acier PVD noir, mouvement quartz de dernière génération, réglage du second fuseau avec une application mobile dédiée en utilisant le flash du téléphone, LONGINES. Midnight Heure d’Ici & Heure d’Ailleurs en or rose, cadran frappé soleil, double fuseau horaire par deux heures sautantes et minutes rétrogrades, bracelet alligator, VAN CLEEF & ARPELS. Dandy en or rose, couronne sertie d’un saphir bleu, cadran noir gravé de rayures Bayadères, petite seconde, calibre à remontage manuel, bracelet alligator, CHAUMET. J12 en céramique noire, lunette tournante unidirectionnelle, couronne vissée, Calibre 12.1 automatique, certification chronomètre COSC, étanchéité 200 m, CHANEL.


DE HAUT EN BAS : Polaris Chronograph WT en titane, fonction heure universelle, couronne à 10h pour le réglage du disque des villes, bracelet cuir, étanchéité 100 m, JAEGER-LECOULTRE. Classique Hora Mundi en or rose, fuseau horaire instantané avec date, indication jour/nuit et villes synchronisées, cadran guilloché à la main, bracelet alligator, BREGUET. Seamaster Aqua Terra GMT Worldtimer édition limitée en platine (87 exemplaires), fonction heure universelle, cadran décoré d’une mappemonde en émail, certification Master Chronometer, bracelet cuir, étanchéité 150 m, OMEGA.


Escale Time Zone Spacecraft en acier PVD noir, lecture simultanée des 24 fuseaux, cadran avec disques décalqués à la main, fond saphir avec LV gravé, bracelet alligator, LOUIS VUITTON.


DE HAUT EN BAS : RM 11-02 Chronographe Flyback Second Fuseau Horaire en or rose, mouvement en titane PVD noir, poussoir à 9 h pour régler le second fuseau (aiguille centrale pointe flèche), bracelet caoutchouc, RICHARD MILLE. Octo Finissimo Chronographe GMT Automatique en titane sablé, record mondial de finesse (6,9 mm), poussoir à 9h pour régler le second fuseau (compteur 24 heures), fond saphir, BVLGARI. Defy El Primero 21 en titane, lunette en céramique, mouvement chronographe automatique haute fréquence affichant le centième de seconde, indicateur de réserve de marche, étanchéité 100 m, ZENITH. Nautilus Travel Time Chronograph en acier, second fuseau par aiguille centrale additionnelle, indications jour/nuit pour l’heure locale et l’heure du domicile, étanchéité 120 m. PATEK PHILIPPE.


STYLE

L’INSPIRATION

MÉDUSE NEW-YORKAISE Quand Donatella Versace, dotée d’un nouvel actionnaire, part à la conquête du nouveau monde.

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Au grand jeu du tailoring sexy (photo 2) entre fentes et épingles à nourrice Méduse, répondait la sensualité des imprimés de soie « Voyage Barocco ». Les motifs cœur en hommage à la cité et à la maison de Gianni Versace à Manhattan s’amusaient avec les éclats jaunes et roses de la palette (photo 3), alors que les talons vertigineux et les bottes ponctuaient des silhouettes tout en jambes de femmes fatales. Au passage, quelques variations plus sport, sinon plus street (photo 4), venaient compléter l’allure, avec en particulier 2 des sneakers, fers de lance du luxe contemporain. Et Donatella Versace de commenter, sourire aux lèvres : « Une jupe courte avec des sneakers, ce n’est pas sexy, c’est cool. » Un new cool qui vient enrichir l’offre sophistiquée de la maison et une extension dont ne pouvait que se féliciter Jonathan Akeroyd, PDG de la Maison. Ce dernier profitait de l’occasion pour indiquer que ce type de défilé hors les murs avait vocation à se reproduire. « Nous en avons les capacités économiques et naturellement créatives. Cela va nous permettre de nous exprimer sur des marchés importants pour nous, à l’instar des États-Unis aujourd’hui. On peut donc tout à fait imaginer d’autres délocalisations à l’avenir, que ce soit en Europe ou en Asie où nous réalisons 50% de notre chiffre d’affaires. » La Méduse est en pleine forme. Gilles Denis

LA BANDE-SON DU DÉFILÉ De Cassius à Justice, via un zeste de Mahler, une once de Max Richter (ci-contre) et un rien de Philip Glass, la bande-son concoctée pour le défilé célèbre la grandeur et la conquête. Tout chez Versace est décidément « larger than life ».

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SCOTT GARFITT/REX/SHUTTERSTOCK/SIPA

onatella Versace n’est pas qu’une icône de mode quand bien même elle en a tous les atouts, entre saga familiale aux allures de superproduction cinématographique – l’histoire a d’ailleurs inspiré plus d’une adaptation sur écran –, et capacité permanente à se réinventer. Elle a aussi un tempérament de super businesswoman tout à fait au courant des enjeux de l’industrie et apte à se mouvoir au milieu des requins. Jusqu’à décider de céder les rênes de la Maison fondée par son frère Gianni au géant américain Michael Kors, créant ipso facto une nouvelle holding, Capri Holdings Limited regroupant la griffe à la méduse et Kors. C’est dans ce contexte que l’impératrice de la mode milanaise a décidé, fin 2018, de faire défiler en décembre, pour la première fois, sa collection pré-fall qui déboule en magasin début mai. Les toutes premières fois n’effrayant pas Donatella, elle choisit, pour célébrer cette collection longtemps présentée uniquement en show-room, New York et rien de moins que le Stock Exchange – un clin d’œil peut-être aux récentes transactions autour de sa propre griffe. Une manière de démontrer aussi que, quel que soit l’actionnaire, elle ne cède rien de son style ni de son audace. Quelques minutes avant le show, elle déclarait ainsi : « Je veux célébrer la liberté des femmes et leur prise de pouvoir. » Comme pour appuyer son propos, le décor était constitué par la reproduction grandeur nature de la main de la Statue de la Liberté éclairant le monde (photo 1)… Une déclaration d’intention portée dès les premiers passages par des supertops aux formes épanouies, ultraféminines, très loin des brindilles qui parfois poussent sur les podiums. La femme Versace se veut conquérante, et joue des codes de la maison – la créatrice confessait que le souvenir de son frère avait été encore plus prégnant que d’habitude lors de la conception de cet opus.

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MODE

L’OBJET

LA CHRONIQUE

ILLUSTRATION KIM ROSELIER POUR LES ECHOS WEEK-END

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Gilles Denis a ouvert une somme consacrée aux « Queens », les clientes de Dolce & Gabbana.

WHO’S THE BOSS ? Entre l’arrivée de Mark Langer – le nouveau PDG – et celle du designer Ingo Wilts – nommé directeur créatif – au cours de l’année 2016, le regroupement des lignes sous deux labels Boss et Hugo depuis 2017, et la mise en place d’un nouveau concept de boutiques en 2018, le groupe de mode allemand, fondé en 1924 par Hugo Ferdinand Boss, mène sa restructuration. Une stratégie qui semble payer pour cette marque aux origines masculines, devenue globale (entre prêt-à-porter homme et femme, accessoires, lunettes, parfum), a enregistré un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros pour

l’année 2018, en progression de 4% par rapport à 2017. Leader mondial du prêt-à-porter masculin, la griffe parie également sur les accessoires pour homme. La preuve avec ce cabas XL en cuir et toile, aux lignes épurées, qui concentre tous les atouts pour séduire l’homme moderne entre tendance et fonctionnalité.

COMBIEN ? Sac cabas XL en cuir, BOSS, 1 395 euros. Texte : Astrid Faguer Photographe : Sarah Bouchet LE S E CHOS WE E K- E ND – 65

Quand la mode veut se poser comme une culture à part entière, elle oublie soudain ses obsessions millénniales, ses nombres de likes Instagram, ses transformations digitales et ses visions à 360 degrés. Elle se souvient de Gutenberg et assène ses livres comme les preuves de sa puissance. Pas une maison sans un éloge de son savoirfaire, pas une marque sans son anthologie parfois développée en plusieurs volumes. Sans doute on est plus souvent sur un modèle « coffee table book » que sur une variation autour de La Recherche proustienne. L’image triomphe du texte, faisant au passage la fortune des photographes et des communicants, élevant les campagnes de publicité au rang d’un des beaux-arts, dynamisant le chiffre d’affaires des éditeurs spécialisés. Longtemps cependant ces sommes ont négligé le nerf de la guerre : les clientes, jugées toujours assez riches mais jamais assez chics — sauf naturellement les cygnes de Truman Capote et la comtesse de Ribes. On ne peut dès lors que remarquer la bible que leur consacre Dolce & Gabbana, Queens. Cinq kilos de photographies de Domenico Dolce sur papier glacé dans un écrin de soie rose érigeant ces anonymes fans de Alta Moda — la couture de la griffe — en héroïnes d’un jour façon Bowie — « We can be heroes just for one day », n’hésitant pas à les mettre en parallèle avec les souveraines d’hier de Marie-Antoinette à Isabelle d’Espagne version Velasquez — les Queens étant bien les clientes. Le procédé peut surprendre mais nul ne pourra taxer le duo d’ingratitude. Et honi soit qui mal y pense. « Queens », Dolce & Gabbana, Rizzoli.


STYLE

À l’intérieur des Galeries Lafayette Champs-Élysées, imaginées par le danois Bjarke Ingels. De gauche à droite : mur de sneakers, présentoir

CHAMPS-ÉLYSÉES, AVENUE DESIGN Entre les nouvelles fontaines signées des frères Bouroullec et des Galeries Lafayette conçues par l’architecte Bjarke Ingels, la célèbre avenue parisienne a prouvé ce dernier mois qu’elle poursuivait sa montée en gamme. Malgré les casseurs. Par Marie Farman et Mariana Reali – Photographe : Raphaël Dautigny t si les Champs-Élysées devenaient vraiment la plus belle avenue du monde ? Ces dernières années, ce symbole parisien se réinvente et joue la carte du lifestyle à grands renforts d’architectes, artistes et designers venus apporter leur savoir-faire aux différents acteurs de l’avenue. Norman Foster chez Apple, Laura Gonzalez chez L’Occitane-Hermé, Joseph Dirand chez Weston… En attendant un futur Arc de triomphe éclairé par l’artiste Olafur Eliasson, le mois dernier, c’était au tour

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des frères Bouroullec et du nouveau chouchou de l’architecture, le danois Bjarke Ingels, d’apporter leur contribution à la célèbre promenade. En 2014, une première réflexion sur l’avenir des Champs à horizon 2025 menée par le Comité des Champs-Élysées, avec la participation de l’architecte Jean-Paul Viguier, en avait lancé les premières orientations. Le 10 avril 2019, c’était au tour d’un autre architecte, Philippe Chiambarreta, de poursuivre les réflexions autour du thème « comment faire revenir les Parisiens sur l’avenue ». « Les Champs sont un lieu historique qui ont toujours suivi, voire anticipé, les grands changements sociologiques », note Jean-Noël Reinhardt, président du Comité des ChampsÉlysées. Lieu de promenade, puis de divertissement, ce n’est que tardivement, dans les années 80, que les commerces ont envahi l’avenue. Aujourd’hui, le temps est venu de s’adapter aux nouveaux modes de consommation et de retrouver une nouvelle attractivité.


CHAMPS-ÉLYSÉES, AVENUE DESIGN 05-légende

à bijoux, mur ondulant pour lunettes, vue des vitrines suspendues côtoyant des éléments Art déco d’origine.

LES GALERIES LAFAYETTE CHAMPS-ÉLYSÉES : L’ARCHITECTURE AU SERVICE DU RETAIL Au numéro 52, à la place de l’ancien Virgin Megastore, les Galeries Lafayette ont dévoilé leur nouvel écrin signé du « starchitecte » danois Bjarke Ingels, à la tête de l’agence BIG. Pour mettre en scène ce nouveau concept de 6 500m2, on aurait imaginé un architecte rompu à l’exercice du retail. Mais c’était sans compter sur le caractère innovant de ce nouveau magasin, annoncé comme un speciality store – concept hybride entre le grand magasin et le concept store, pour lequel l’idée était de faire entrer la ville au sein du magasin. Si l’agence BIG est une novice dans le domaine du retail, elle est en revanche réputée pour ses projets inclusifs – on se souvient de sa piste de ski installée sur le toit d’une usine à déchets – et sa philosophie prônant une « utopie pragmatique ». « La vision globale de BIG est de faire participer le public, ce qui est en adéquation avec le rôle du retail. Des acteurs comme les Galeries Lafayette peuvent jouer un rôle dans la revitalisation d’un quartier.

Je pense que les bons retailers sont de bons urbanistes », commente l’architecte danois. L’ouverture de l’enseigne baptisée Galeries Lafayette-Champs-Élysées est aussi symbolique. Il y a un siècle, c’est à cet emplacement que son fondateur Théophile Bader avait choisi d’installer une extension des Galeries du boulevard Haussmann. La crise de 29 sonna le glas de ses ambitions et le bâtiment sera finalement vendu à la National City Bank. En reprenant possession de son site près d’un siècle plus tard, le groupe en profite pour renouer avec quelques fondamentaux des grands magasins. « À l’origine, ils étaient conçus de manière à inviter les personnes de l’extérieur vers l’intérieur. Mais au fil du temps, ils sont devenus plus hermétiques, plus cloisonnés, à l’image de ces malls situés dans les périphéries, telles des boîtes plantées au milieu d’une zone commerciale. Progressivement, le retail s’est complètement dissocié de la vie, et à ce titre on peut considérer que le commerce en ligne a été une aubaine pour lui. » Une aubaine dans la mesure

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où, à l’ère du digital, alors qu’il n’est plus besoin de se déplacer pour acquérir un bien, il était temps de complètement repenser la vente physique. « Le grand magasin du XXIe siècle n’a plus seulement une fonction d’achat, il doit être un lieu de vie, d’expériences multiples. Si vous souhaitez acheter, vous allez en ligne, si vous voulez découvrir et être inspiré, vous vous déplacez », résume Bjarke Ingels. Il s’agissait donc d’inventer un lieu à mi-chemin entre le commerce, les services et le divertissement. Il s’agissait aussi de faire de ces Galeries un magasin en phase avec son époque et les nouveaux modes de consommation. Pour traduire cette évolution sociétale, Bjarke Ingels a dû s’exercer à l’art du grand écart entre un patrimoine classé Art déco et des innovations architecturales au service d’une nouvelle vision du retail. Afin de rendre le magasin plus inclusif et ouvert sur la ville, les larges fenêtres donnant sur l’avenue ont été découvertes, un escalier transparent conçu tel un mini auditorium avec vue sur les Champs-Élysées a été ajouté.


STYLE Les fontaines lumineuses des frères Bouroullec ont été inaugurées le 21 mars.

spécialement dédié aux sneakers propose une promenade immersive au milieu des souliers. Les produits sont classés et regroupés dans des univers mixtes offrant une nouvelle expérience shopping menée par une armée de 300 personal stylists spécialement formés pour le lieu, une retail academy ayant été créée en partenariat avec l’Institut français de la mode. Pour cette inauguration, la maison Chanel a été invitée à investir, jusqu’au 28 avril, différents espaces mettant en scène une véritable promenade dans l’univers Chanel. Et ce n’est qu’un début, car des événements spéciaux, les Galeries comptent en proposer en continu…

« Le but est de pouvoir s’y asseoir, y faire une pause ou même regarder l’arrivée du tour de France », plaisante l’architecte. Autre source de lumière, la monumentale verrière Art déco, jusque-là recouverte, a été restaurée. Le jeu de transparence est prolongé par la création de vitrines en verre suspendues. Ces boîtes, pensées comme des vitrines intérieures, accueilleront chaque mois de nouvelles marques ou des événements. L’abondance de lumière, le décloisonnement de l’espace connectant les étages entre eux, ont été pensés pour créer une circulation fluide et offrir une expérience entre shopping, performance et restauration.

Pour proposer sa sélection mode, food et lifestyle – mêlant marques incontournables, labels pointus et collaborations en tous genres, soit au total 400 marques dont la moitié en exclusivité pour le magasin –, l’univers retail a été également repensé. Inspiré des réflexes de l’achat en ligne, la présentation des produits est organisée non pas par marque, comme il est de coutume dans les grands magasins, mais par catégories, couleurs et par système de filtres pour une sélection évolutive du parcours d’achat. Le mobilier a été entièrement conçu par l’architecte au lieu d’être imposé par les différentes enseignes. Un mur ondulant

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Déserté de ses fontaines depuis près de vingt ans, le rond-point des Champs-Élysées accueille depuis le 21 mars six nouvelles créations conçues par les designers français Ronan et Erwan Bouroullec. Les fontaines de la place circulaire ont toujours participé au prestige de l’avenue ; des premières aménagées par Adolphe Alphand au milieu du XIXe siècle, à la création de René Lalique en 1932, puis au décor signé du maître-verrier Max Ingrand à la fin des années 50. Ces dernières n’ayant survécu ni aux intempéries ni à la déferlante de la foule lors de la victoire de la France à la Coupe du monde de 1998 ont laissé depuis place à des jardinières. Avec leurs nouvelles fontaines architecturales et minimales, les frères Bouroullec reprennent, grâce au Fonds pour Paris à l’origine du projet, le fil de l’histoire. Créé en 2015 à la demande d’Anne Hidalgo, cet organisme a pour mission de collecter des fonds auprès du secteur privé, entreprises ou particuliers, pour la restauration de sites historiques et l’émergence de l’art contemporain dans l’espace public. Les parterres du rond-point des Champs-Élysées sont le premier grand chantier du Fonds pour Paris dirigé par Anne-Sylvie Schneider, ancienne directrice de l’information et de la communication de la ville. « Quand je travaillais à la ville, le sujet des fontaines du rond-point des Champs-Élysées revenait constamment », relèvet-elle, notamment à la demande de Jean-Noël Reinhardt, président du Comité des ChampsElysées. Il était temps pour cet emplacement symbolique de retrouver sa superbe. Le nom des frères Bouroullec s’impose, le conseil d’administration du Fonds comptant de fins connaisseurs du milieu de l’art, tels que Jean-Jacques Aillagon ou Guillaume Houzé. Méconnus du grand public, Ronan et Erwan Bouroullec, 43 et 48 ans, sont pourtant nos stars nationales en la matière. Les deux frères poursuivent une carrière exemplaire depuis une

RAPHAËL DAUTIGNY POUR LES ECHOS WEEK-END

LES FONTAINES DES BOUROULLEC : LE DESIGN AU SERVICE D’UNE INSTITUTION


CHAMPS-ÉLYSÉES, AVENUE DESIGN L’an prochain, l’Arc de triomphe se parera de lumières, selon une scénographie d’Olafur Eliasson.

vingtaine d’années. Ils créent principalement des objets domestiques, collaborent avec les plus grands éditeurs de design internationaux et exposent leur travail dans de nombreux musées. Ces fontaines sont leur premier grand projet public. Le cahier des charges est mince et les designers ont carte blanche. Une étonnante liberté, tant ce lieu tout sauf anodin est au centre des grands événements historiques et politiques français. Le rond-point est situé à quelques centaines de mètres du palais de l’Élysée, mais le territoire étant la propriété de la ville de Paris, celui-ci ne sera consulté ni sur le choix des designers ni sur l’aspect esthétique du projet. Seuls les architectes des Bâtiments de France, la commission des sites et Anne Hidalgo valident à l’unanimité en 2016 les propositions des frères Bouroullec. Reste à trouver 6,3 millions d’euros pour financer la construction des fontaines et réinventer tout le système hydraulique sous la place. Anne-Sylvie Schneider part en quête de mécènes, parmi eux : l’État du Qatar, les Galeries Lafayette tout juste installées sur l’avenue, la holding familiale EPI, le groupe Dassault, dont le nom est associé au rond-point depuis 1991. Et enfin la maison autrichienne Swarovski, seul donateur étranger dont la contribution fut une belle réduction sur le cristal composant les structures. 50 maquettes et trois ans plus tard, les six fontaines sont installées sur le rond-point. Contrairement aux fontaines précédentes qui étaient à ras du trottoir, celles-ci font 13 mètres de haut. La volonté des designers était de souligner la perspective entre la place de la Concorde et la place de l’Étoile et de s’inscrire dans la continuité, notamment avec l’utilisation du verre comme l’ont fait avant eux René Lalique et Max Ingrand. « Nous avons cherché le juste équilibre entre cet environnement historique hors du commun et une proposition moderne », confient-ils. Chaque fontaine est composée d’un mât central en bronze supportant un ensemble de suspensions lumineuses en cristal Swarovski dans lesquelles l’eau s’écoule et chute en cascades. Les fontaines tournent doucement sur elles-mêmes, cette rotation associée aux mouvements du cristal produit un léger scintillement en continu. Le projet mêlant eau, lumière et mouvement a été pensé de manière vertueuse, la consommation énergétique annuelle de l’ensemble est équivalente à celle d’une famille de cinq personnes. Reste à savoir si au niveau esthétique, l’incursion du design contemporain sur cette avenue historique sera du goût des 100 000 piétons qui chaque jour battent le pavé. Plus d’infos sur weekend.lesechos.fr

ET AUSSI D’autres projets verront le jour sur les Champs. Le monumental Bouquet of Tulips, offert par la star de l’art contemporain Jeff Koons à la ville de Paris après les attentats de 2015, sera installé à l’automne, après deux

ans de polémique, près du Pavillon Ledoyen. Cette œuvre de 10 mètres de haut représentant une main tenant des fleurs multicolores ne passera pas inaperçue. Un autre grand projet artistique est en cours en haut de l’avenue, confié à l’artiste Olafur Eliasson, chargé d’illuminer l’Arc de

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triomphe avec un budget de 3 millions d’euros. Une œuvre attendue pour le début de 2020. Les Galeries Lafayette accueilleront cet été sur le toitterrasse le cinquième restaurant de Laurent de Gourcuff et Gilles Malafosse, dans la lignée de Monsieur Bleu, Girafe et Perruche. Le

150 Champs abritera d’ici trois ans un SO Sofitel d’AccorHotels, un cinq étoiles de 100 chambres et 17 suites avec, sur son rooftop, un restaurant et une piscine à débordement donnant sur l’Arc de triomphe. À ce projet est associé un nouveau concept de cinéma modulable MK2, prévu pour 2021.


STYLE

LES PETITS PLATS DANS LES GRANDS PAR LAURENT GUEZ

LASSERRE, SOUS LE TOIT DU MYTHE Illustrations : Amélie Falière Il y a mille façons d’immortaliser un instant romantique. Une bague, un voyage, un poème… ou un dîner dans un lieu mythique. Paris en compte quelques-uns. Si l’inspiration vous manque pour composer des alexandrins, réservez deux couverts chez Lasserre. Y dîner, c’est un peu comme revoir un grand film des années 50. Avec une scène culte : le moment où le toit du restaurant s’ouvre sur le ciel de Paris… René Lasserre l’avait imaginé en 1952. Il permettait d’aérer la salle, alors enfumée par les chandeliers et les volutes des cigares des messieurs. Aujourd’hui encore, même sans tabac, les clients sont aux anges lorsque l’air frais pénètre dans la salle. La déco a été refaite il y a deux ans, mais on ne peut pas dire qu’elle a projeté la maison dans la modernité. Tant pis. Ou tant mieux. La cuisine, elle, a pris un coup de jeune. Le nouveau chef, Nicolas Le Tirrand, a de l’énergie et du talent. Ancien second de Yannick Alléno, il a retenu les leçons du maître : excellence, respect du produit et maîtrise des sauces. Son menu « Cuisiné pour vous » fait mouche. Superbe courge kabocha glacée sur une crème de riz émulsionnée, beau filet de sole avec topinambours panés aux truffes, goûteux veau de lait cuit à basse température… En ce moment, le chef cuisine l’asperge blanche de Plomeur, beurre blanc et ail des ours, des morilles blondes farcies au bouillon au vin jaune, du saint-pierre de Noirmoutier… S’ils s’y prennent à l’avance, les nostalgiques peuvent commander le fameux pigeon André-Malraux de René Lasserre, au foie gras et aux navets fumés – un des plats historiques de la maison au toit magique.

LE REPAIRE LE CAFÉ ALAIN DUCASSE, PRÉCISION HORLOGÈRE PARIS Qu’ont en commun un rugbyman en devenir, un ingénieur et un chef de projets ? Le Café Alain Ducasse et sa Manufacture de torréfaction, inaugurés en début d’année ! Le premier, Tom Balerin, est contraint d’abandonner sa carrière pro en Australie, après une énième blessure. Désireux de « faire un coup », dans un domaine d’activités qui l’invite à voyager et échanger, il se lance dans le café, se forme à Sydney, rejoint Bucarest où plus de 75 coffee shops ont ouvert en centre-ville… Un an et demi plus tard, le voilà à Bastille, derrière le tout nouveau comptoir de « Monsieur Ducasse », avec en poche le titre de Champion de France 2019 de barista. Le second, Veda Viraswami, a suivi des études en génie des systèmes industriels. Lui voit dans la filière café plusieurs de ses centres d’intérêt : production, qualité, mécanique, chimie… En 2017 puis 2018, il remporte les premiers championnats de France de torréfacteur, avant que « Monsieur Ducasse » ne l’engage à ses côtés. Le troisième, Olivier Fellous, est diplômé en droit des affaires. Sa méconnaissance des univers de la restauration et du café est son principal atout : parfait pour arbitrer entre l’un et l’autre, sans idée préconçue. « Monsieur Ducasse » le recrute comme directeur général. Tous œuvrent

désormais au Café et à sa Manufacture parisienne. Un espace à l’architecture industrielle, imaginé dans ses moindres détails par le chef multi-étoilé. Des portes d’un ancien bâtiment de la Banque de France signées Raymond Subes, à la machine La Marzocco réalisée en exclusivité pour le maître des lieux, en passant par les carafes à café en verre et tasses assorties, le zinc Nectoux, les tabourets hauts à l’assise en cuir… jusqu’à la carte bien sûr. Précision horlogère et créativité débridée président à sa réalisation. « Juste un café mais un café juste » : derrière la devise maison, une sélection minutieuse des plus beaux terroirs et des recettes à la température, au gramme, à la seconde près. À la carte, des expressos, allongés, filtres… en assemblage ou pures origines, soit une offre large, prompte à satisfaire de nombreuses envies, jusqu’aux plus curieuses. À l’instar du cascara, une infusion de l’enveloppe de la cerise de café, ou du cold brew, l’extraction lente, à froid, du café, tirée à la pression comme une bière. Une expérience à part. Jérôme Berger

LE BON GOÛT : expresso signature Brésil, Éthiopie et Laos (2,50 €). C’EST OÙ : 12, rue Saint-Sabin, 75011 Paris. Tél. : 01 40 02 76 90. www.lecafe-alainducasse.com

Lasserre : 17, avenue Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris. Tél. : 01 43 59 53 43. Menu en sept plats à 195 € (hors boissons). Possibilité de choisir à la carte, pour un budget analogue. PIERRE MONETTA

Correct, sans plus Bonne adresse de quartier Très belle table Cuisine, décor : tout y est Attention : table d’exception

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GOÛT

LA RÉDACTION DES « ÉCHOS » A TESTÉ LA CHRONIQUE VIN

À PARIS, YAYA JOUE LE PÉLOPONNÈSE

DE JEAN-FRANCIS PÉCRESSE

Après le Yaya de Saint-Ouen orienté Cyclades, les frères Chantzios et le chef Juan Arbelaez récidivent à la Halle Secrétan avec une sympathique cuisine du Péloponnèse honorée dans un cadre lumineux qui voit un olivier surgir au milieu d’une monumentale table d’hôte. Une cuisine copieuse à partager, depuis les mezzés – betteraves rôties au yaourt grec ; millefeuille céleri/champignon ;œuf poché, féta, oignons – jusqu’aux plats : soupe de poisson traditionnelle, paleron de bœuf de « 4 heures », maquereau et cabillaud à la plancha… Le galactoboureko (gâteau de semoule, pâte filo, orange confite) ponctue bien l’affaire. Claude Vincent

À LATOUR-MARTILLAC, LE GUET DU TEMPS

COMBIEN : 12 à 25 € (plat), 6 à 10 € (entrée/dessert). C’EST OÙ : 33, avenue Secrétan, 75019 Paris. Tél. : 01 42 41 12 86.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

À PARIS, COSTES AU THÉÂTRE L’un des derniers-nés des restaurants Costes bénéficie d’un écrin spécialement réalisé lors de la rénovation du Théâtre Marigny. Il est en effet logé sous une verrière dans un décor sobre et élégant signé de François-Joseph Graf, et inspiré de cet après-guerre prolifique sur le plan artistique, avec une série de portraits de comédiens signés Harcourt. La cuisine est celle d’une brasserie parisienne de qualité avec ses veloutés de potiron, œufs mimosa ou foie gras de canard, suivis de rigatonis aux morilles, d’entrecôte béarnaise, de

cocotte de poulet au vin jaune. Les desserts restent un peu trop classiques et la tarte fine aux pommes est plus riche en pâte qu’en fruits. L’addition tient visiblement compte de la vue sur le jardin et le Grand Palais, et il n’y a d’ailleurs pas de menu, seulement une carte. Martine Robert COMBIEN : 50 € environ à la carte. C’EST OÙ : 10 bis, avenue des Champs-Élysées, 75008 Paris. Tél. : 01 86 64 06 40.

TOP 5 LES MEILLEURS PESTOS 01 LE PLUS TRACÉ Basilic génois, grana padano, parmigiano reggiano, pecorino romano, tous en AOP, ainsi que huile d’olive extra-vierge, pignons de pin, sel de mer et ail composent le Pesto di Pra (5,90 €). Résultat ? Une fraîcheur intense. Épicerie L’Idéal : 11, rue d’Aubagne, 13001 Marseille. Tél. : 09 80 39 99 41.

02 LE PLUS ATTENDU Depuis des années, les Parisiens espéraient l’ouverture d’un concept-store Eataly. Le voilà ! En plein Marais, ses 2 500 m2 offrent la crème de la food italienne, dont

le pesto génois Italpesto d’un vert chlorophylle hypnotique (14,80 €).

naturelles. En témoigne son pesto, riche en basilic frais et pignons de pin (8,25 €).

Eataly : 37, rue Sainte-Croixde-la-Bretonnerie, 75004 Paris. Tél. : 01 83 65 81 00.

La Grande Épicerie de Paris rive droite : 80, rue de Passy, 75016 Paris. Tél. : 01 44 14 38 00.

03 LE PLUS FRANÇAIS

05 LE PLUS DIY

Le restaurant parisien Les Niçois vaut aussi pour ses produits d’épicerie, dont une façon de pistou, au basilic grossièrement haché et citron (5,41 €).

La fondatrice de l’épicerie italienne RAP est Génoise et membre du jury du Championnat du monde de pesto. Forte de tous ses savoirs, Alessandra Pierini a signé l’ouvrage Le Pesto dans la collection « Dix façons de le préparer » (8 €). Au mortier, aux pistaches, en omelette… : à vous de choisir !

7, rue Lacharrière, 75011 Paris. Tél. : 09 84 16 55 03.

04 LE PLUS BASILIC Derrière ses jolis packagings, la marque Al Dente La Salsa propose des préparations 100%

Les Éditions de l’Épure.

J. B.

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À 80 ans, bien que s’étant toujours abrité avec soin de la lumière, il a pris le teint buriné des grands aventuriers. La transparence du verre blanc, au galbe ondulé, ne cache rien des reflets orangés du temps, irisés de nuances caramel. Dessinée quelques années auparavant par Jean Kressmann, alors fils du propriétaire, la célèbre étiquette Art déco, ceinte de bandeaux noir, or et sable, toujours en cour, porte en son biseau inférieur droit le millésime 1939. Une survivante. L’une de celles que les Allemands n’auront pas bue, eux qui s’installèrent dans la jolie chartreuse de Latour-Martillac, position agréable autant que stratégique. Du haut de ce plateau, ils y dominaient gravement les Graves. Étêté pour soutenir une antenne, un grand cèdre en porte encore le stigmate. Il faudrait consulter, au grenier, les archives familiales pour faire surgir les conditions dans lesquelles fut vendangé ce millésime de guerre. Il y eut sans doute beaucoup d’enfants à la vigne cet été-là car ce fut l’année où la IIIe République étendit les vacances scolaires jusqu’au… 30 septembre afin de leur permettre de mettre la main au raisin. Avec ses parfums d’abricot sec et d’écorce de mandarine, qu’attendrit une subtile touche de caramel, Latour-Martillac blanc 1939 n’a cependant rien d’un vestige. Tel un sauternes qui aurait mangé son sucre, il défie les atteintes du temps. Si les blancs de Latour-Martillac ont toujours eu cette réputation de résister à l’oxydation, elle est encore plus justifiée depuis trente ans que ce domaine s’est imprégné des préceptes de l’œnologue Denis Dubourdieu. Décédé en 2016, le pape des blancs a transmis à Valérie Vialard, maîtresse des chais du château, non seulement la capacité à surpasser le caractère variétal du sauvignon, mais le sens de pureté aromatique du sémillon et le goût d’une fraîcheur apte à traverser le temps. Alliant la tension du corps à l’expression du fruit, Latour-Martillac blanc 2016 est taillé pour cette longue histoire, cet horizon lointain que Tristan et Loïc Kressmann, fils de Jean, guettaient, gamins, du haut de l’indestructible tour médiévale.

Château Latour-Martillac blanc 2016, pessac-léognan. 35,90 € la bouteille. www.wineandco.com


STYLE MOTO

J’Y SUIS, J’Y RESTE Numéro un mondial des ventes de grosses cylindrées, la GS de BMW défend sa position et se dote d’un moteur high-tech. Par Marc Schlicklin

NOTRE PRÉFÉRÉE BMW 1 250 GS Moteur : 2 cylindres boxer, 1 254 cm3. Puissance : 136 ch à 7 750 tr/min. Couple : 143 Nm à 6 250 tr/min. Poids : 249 kg (à vide). Transmission : 6 vitesses, cardan Consommation : 6,5 l/100 km. Prix : 17 400 euros.

TOUTE DOUCE

Les commandes, rugueuses sur les GS antiques, sont devenues un modèle de douceur, boîte de vitesses comprise. Les suspensions pilotées, capables de s’ajuster à votre style de conduite et à la charge de la moto : souples et très confortables pour rouler tranquillement, fermes quand votre humeur se fait joueuse. Plusieurs programmes d’exploitation (pluie, route, sport et enduro), sélectionnables au guidon, adaptent la vivacité du moteur et le fonctionnement des suspensions aux nécessités du terrain.

SUPPLÉMENT MUSCLE

À L’AISE PARTOUT

En raison de son agilité surprenante, de l’excellence de ses freins, de ses reprises et de la hauteur de point de vue qu’elle offre, la 1 250 GS est très sûre en ville. Sur route, le petit saute-vent réglable, protège efficacement : la position de conduite droite assure un confort élevé, même sur les longues étapes qu’autorisent les 20 litres du réservoir. Le vieux cadran a fait place à un écran géant coloré, fourmillant d’un joyeux tourbillon de grands chiffres.

DR

Au même titre que Porsche peaufine ses générations de 911, BMW améliore avec constance ses GS. De la rustique machine d’origine –un gros bicylindre dans un cadre solide et haut sur pattes– ne subsiste que l’architecture, qui, depuis quarante ans ou presque, fait ses preuves en ville, sur route, en tout-chemin voire sur piste, pourvu que la machine soit chaussée en conséquence. Reste aussi un design toujours original, avec son rostre avant à la Cyrano !

MARKUS JAHN

CULTIVER LA LÉGENDE

Dans un cadre renouvelé en 2017, BMW a installé un nouveau moteur, augmenté de 84 cm3, plus puissant (de 11 chevaux) mais surtout plus pétillant grâce à l’emploi d’une distribution variable qui adapte la nourriture des cylindres à l’effort que vous leur demandez. La bête y gagne en tonus et en couple, offrant des reprises étonnantes, avec en prime, un son plus expressif. Du moteur monte une rumeur d’engrenage. Comme sur une mécanique de course.

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ET MOI… 19 AVRIL 2019

LA LONGÉVITÉ HEUREUSE C'EST POSSIBLE Par Jessica Berthereau Illustrations : Call me George(s)

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ET MOI…

Bien vieillir et longtemps ? Oui, à condition de bouger plus, de stimuler son cerveau et de veiller à son alimentation. La prévention, en particulier via les « parcours longévité », est au cœur du « vieillissement actif », la nouvelle frontière.

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LA LONGÉVITÉ HEUREUSE

PRENEZ SOIN DE VOS TÉLOMÈRES ! Pour expliquer ce qu'ils sont, les scientifiques prennent souvent l’image des embouts qui empêchent les lacets de chaussures de s’effilocher : les télomères se trouvent à l’extrémité de chaque chromosome et protègent l’ADN au fil des divisions cellulaires. Le problème est qu’ils raccourcissent à chaque division, même si une

Tout a commencé par une exaspération. « J’en avais assez de voir ces patients âgés arrivant à l’hôpital dans des états parfois très compliqués mais affectés par des maladies dites évitables », raconte le professeur Éric Boulanger, gériatre et biologiste du vieillissement. Il a alors en tête une notion qui se développe dans la littérature scientifique, celle de « vieillissement actif » (active ageing) : « On ne subit plus son vieillissement mais on décide de mettre toutes les chances de son côté pour bien vieillir. » Il pense d’abord à lancer une consultation spécifique au CHU de Lille ou à mettre en place un hôpital de jour. Mais aucune de ces options ne le convainc. Jusqu’au jour où il partage sa frustration avec Patrick Berche, alors directeur de l’Institut Pasteur de Lille. « Viens donc le faire à Pasteur, lui dit ce dernier. C’est l’empire de la prévention ! » Cette fondation, qui mêle santé publique et recherche fondamentale depuis la mise au point du vaccin contre la tuberculose, possède une longue expérience de la prévention avec chaque année 15 000 bilans de santé « Sécu », organisés par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Le lieu est donc trouvé. Le Centre Prévention Santé Longévité peut naître, fruit de la collaboration entre l’Institut Pasteur et le CHU de Lille. Éric Boulanger, son directeur médical, nous accueille dans son petit bureau lumineux de la même façon que les « consultants » qui viennent de terminer le bilan de santé du parcours longévité : en face-à-face, sans blouse blanche ni bureau pour nous séparer. « Ce ne sont pas des patients puisqu’ils ne sont pas malades, souligne-t-il. La synthèse dure quarante-cinq minutes et c’est un échange

enzyme (la télomérase) permet de les réparer régulièrement. L’usure des télomères est ainsi au cœur du processus de vieillissement de nos cellules. Dans son ouvrage L’effet télomère (Guy Trédaniel, 2017), la docteure Elizabeth Blackburn, Prix Nobel de médecine en 2009, explique que notre mode de vie peut accélérer le raccourcissement

bilatéral : je suis à l’écoute des demandes d’explications et le consultant est à l’écoute des recommandations. » Pour Vincent, un retraité de 64 ans qui vient juste de finir le parcours, la synthèse fut « très instructive » : « Le médecin a une vision globale qui permet de ne pas faire d’erreurs. Par exemple, la nutritionniste a détecté que je n’avais pas assez de calcium dans mon alimentation et les examens ont révélé un manque de vitamine D. Manger plus de laitages sans supplémentation en vitamine D n’aurait servi à rien ! » De fait, la démarche se veut la plus exhaustive possible. Après avoir rempli un questionnaire très détaillé en ligne, le consultant passe une demi-journée au centre, alternant les examens (bilan biologique, rigidité

des télomères ou au contraire les protéger. Ses conseils pour prendre soin de ses télomères : réduire le stress grâce à des techniques de relaxation et de médiation, avoir une attitude positive envers la vie, faire de l’exercice physique, éviter les aliments ultratransformés, adopter une alimentation saine et cultiver les liens sociaux.

artérielle, ostéodensitométrie osseuse, glycation de la peau…) et les entretiens avec des spécialistes (neuropsychologue, nutritionniste, éducateur médico-sportif). Ce qui différencie fondamentalement le parcours longévité d’un bilan de santé classique est sa finalité : il ne s’agit pas de dépister une maladie – même si cela arrive –, mais une ou plusieurs fragilités. « L’objectif est de repérer les fragilités réversibles, précise Éric Boulanger. Lorsqu’on vieillit, on passe de vigoureux à fragile puis de fragile à dépendant. Au stade de la dépendance, on ne peut plus revenir en arrière, mais au stade de la fragilité, c’est possible. » Toutes les analyses sont donc faites dans cette optique : l’évaluation de la rigidité artérielle permet de donner un indice sur une possible future hypertension ; l’examen de l’audition vise à dépister la presbyacousie (affaiblissement de l’ouïe dû à l’âge) car mal entendre accélère le vieillissement cérébral.

DÉFINIR LE SEUIL DE FRAGILITÉ

L’OBJECTIF EST DE REPÉRER LES FRAGILITÉS RÉVERSIBLES AVANT LE STADE DE LA DÉPENDANCE, OÙ L'ON NE PEUT PLUS REVENIR EN ARRIÈRE. LE S E CHOS WE E K- E ND – 75

« Les troubles de la vision augmentent aussi le risque de mal vieillir sur le plan cérébral donc on regarde la transparence de l’œil pour dépister le plus tôt possible la cataracte et on fait un rétinogramme pour déceler le moindre signe de début de DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) », poursuit Éric Boulanger. La principale difficulté réside dans la définition même de la fragilité. « Le seuil entre l’individu malade et l’individu non malade est parfaitement bien codifié, mais ce n’est pas le cas du seuil de fragilité, explique le professeur Benoît Deprez, conseiller scientifique de l’Institut Pasteur de Lille. C’est un nouveau seuil d’intervention


ET MOI…

« LE VIEILLISSEMENT EST LE FRUIT INVOLONTAIRE DE NOTRE GÉNÉTIQUE, DE NOS CONDITIONS DE VIE ET DE NOS HABITUDES. » qui nécessite plus de recherches. » Dans certains domaines, ce seuil est connu : par exemple, l’ostéopénie est précurseur de l’ostéoporose. Mais dans beaucoup d’autres, il reste à définir, comme en matière de fragilité cognitive. « Nous voudrions pouvoir définir un index de la fragilité. C’est pour cela que nous avons des mathématiciens et des modélisateurs dans notre équipe », ponctue Éric Boulanger. Dans la droite ligne historique de l’Institut Pasteur de Lille, il y a la volonté d’associer prévention, recherche clinique et recherche fondamentale. L’ambition est d’accueillir annuellement 1 400 personnes dans le parcours longévité (contre 220 en 2018, la première année, et un objectif de 800 en 2019) et de diffuser le dispositif ailleurs dans la région et en France. « L’essaimage du protocole est critique pour avoir un impact sur la population et pour étudier scientifiquement cet impact », insiste Benoît Deprez. Il s’agit non seulement de reproduire le bilan de santé mais aussi la suite du protocole qui prévoit un coaching personnalisé visant à réduire, voire inverser, les deux ou trois principales fragilités identifiées. La démarche nécessite donc un certain engagement : « On n’entre pas dans le parcours longévité, on s’y engage », insiste Éric Boulanger. L’idée est bien d’être acteur de son vieillissement.

LA LONGÉVITÉ EN CHIFFRES

Mais alors, que faut-il faire pour bien vieillir, à l’heure où l’espérance de vie en bonne santé augmente moins vite que l’espérance de vie ? Sans éluder la question, le gériatre Gilles Berrut nous invite à relativiser ce qui peut parfois être vécu comme une injonction de « réussir » son vieillissement. « Il n’y a pas de vieillissement normal, pas de vieillissement conforme à la moyenne, rappelle-t-il dans son ouvrage Les papys qui font boom (Solar, 2018). Notre vieillissement est le fruit involontaire à la fois de notre génétique, de nos conditions de vie économiques et sociales, et de nos habitudes, bonnes ou mauvaises qui elles-mêmes sont fortement déterminées par les autres conditions. Toutes ces influences […] font que notre mode de vieillissement est très individuel. » La sénescence est donc très variable d’un individu à l’autre et multifactorielle – les études montrent que la génétique compte pour 25% à 30%, le reste dépendant de l’environnement et du mode de vie. Il n’existe d’ailleurs pas une seule théorie explicative : les mécanismes du vieillissement sont multiples et tous n’ont pas encore été élucidés. À chacun donc de développer sa propre vision du « bien vieillir » sachant qu’il est possible d’intervenir à plusieurs niveaux pour préserver sa qualité de vie au fil des ans.

La première action citée par les spécialistes est l’activité physique. « Toutes les études scientifiques le démontrent, le top du top c’est la mobilité. En résumé : marchez, marchez, marchez, martèle Éric Boulanger. C’est facile et c’est gratuit ! » L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande 150 minutes d’activité physique par semaine, le Programme national nutrition santé (PNNS) 30 minutes de marche rapide tous les jours. « L’activité physique bénéfique est celle qui demande un petit effort supplémentaire par rapport à ce qui est pratiqué dans la vie quotidienne », précise Gilles Berrut, insistant sur la régularité. Le bénéfice s’observe lorsqu’on la pratique régulièrement. »

115 ANS

122 ANS ET 5 MOIS

270 000

85,3 ANS ET 79,4 ANS

5 ZONES BLEUES

Le « plafond de verre » de la longévité, selon les études statistiques d’une équipe de chercheurs néerlandais (115,7 ans pour les femmes et 114,1 ans pour les hommes).

C’est le record de longévité détenu par la Française Jeanne Calment et récemment remis en cause par des chercheurs russes.

La projection du nombre de centenaires en France en 2070 (Insee). L’Hexagone en compte 17 000 actuellement (en chute depuis 2015 à cause des « classes creuses » de la Première Guerre mondiale).

L’espérance de vie à la naissance des femmes et des hommes vivant en France. L’espérance de vie en bonne santé est respectivement de 64,9 ans et 62,6 ans.

Les endroits où la concentration de centenaires est la plus élevée : l’archipel d’Okinawa au Japon, l’île d’Ikaria en Grèce, la région de la Barbagia en Sardaigne, Loma Linda en Californie et la péninsule de Nicoya au Costa Rica.

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LA ROUTINE NOCIVE AUX NEURONES L’activité physique ne permet pas seulement une diminution du risque de maladies cardiovasculaires mais elle aurait égalment une action bénéfique sur le cerveau, selon de récentes études. Stimuler les fonctions cognitives est justement la deuxième grande recommandation en matière de bien vieillir. De multiples voies sont possibles : « Étudier une nouvelle langue étrangère, apprendre à jouer d’un instrument de musique, se faire de nouveaux amis, maintenir une activité après la retraite, professionnelle ou associative »,


LA LONGÉVITÉ HEUREUSE

énumère le docteur Frédéric Saldmann, qui vient de publier Vital chez Albin Michel (2019). « Ce qui tue les neurones, c’est la routine. Il faut rester en activité le plus longtemps possible en faisant des choses nouvelles. » Une des plus fortes stimulations cognitives est celle liée aux relations qu’on entretient avec les autres, rappelle le professeur Gilles Berrut. « En effet, le lien social engage les capacités de mémoire, de langage, d’imagination et de compréhension », explique-t-il. Son conseil le plus provocateur consiste à savoir se laisser importuner : « Être dérangé par l’autre est sûrement un meilleur stimulant que de faire seul des mots croisés. Même si l’échange est banal, il reste nécessaire. Quel que soit notre âge, sachons préserver notre capacité à discuter, à échanger, à écouter l’autre, quel qu’il soit. » Enfin, la troisième grande catégorie de recommandations concerne l’alimentation. C’est souvent le domaine qui suscite le plus d’intérêt en matière de bien vieillir, quitte à éclipser, à tort, les autres composantes que sont l’activité physique et la stimulation des fonctions cognitives. Du côté de l'assiette, le régime méditerranéen « est aujourd’hui le régime santé et longévité de référence », affirme le docteur Pascal Douek, médecin du sport et micronutritionniste, dans Le grand livre des secrets de la longévité (Leduc.s, 2018). Il s’agit d’un régime très varié, riche en légumes, fruits, légumineuses, céréales complètes, huile d’olive et aromates, agrémenté de poissons, de produits laitiers et d’œufs en quantité modérée, et pauvre en viande rouge et en produits sucrés. C’est très proche du régime « pescovégétarien » que recommande le professeur

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Valter Longo, directeur de l’Institut de la longévité de l’université de Californie du Sud (Los Angeles). Rencontré à Paris lors de la promotion de son livre Le régime de longévité (Actes Sud, 2018), il conseille de manger peu de protéines (0,7 à 0,8 gramme par kilo de poids corporel), mais d’augmenter la dose (10% à 20% de plus) à partir de 65-70 ans en cas de perte de poids et de masse musculaire. Grand spécialiste du jeûne, il recommande aux personnes de moins de 65-70 ans qui ne sont pas affaiblies, malnutries ou atteintes de quelque pathologie, de pratiquer deux fois par an une diète prolongée, dans une clinique spécialisée ou via le programme de Fasting Mimicking Diet qu’il a mis au point et dont il assure ne tirer aucun bénéfice financier.

RESTRICTION CALORIQUE ET LONGÉVITÉ ? Voilà bien longtemps que longévité et restriction calorique sont associées. Au XVIe siècle, Luigi Cornaro, un noble italien quasi-centenaire, la défendait dans son Traité de la vie sobre. Dans les années 80, le biologiste américain Roy Walford fut l’un des plus fervents défenseurs d’un régime hypocalorique strict – environ 1 500 calories par jour. Aujourd’hui, on parle beaucoup de jeûne séquentiel (ne pas manger pendant douze à seize heures d’affilée). Mais si la restriction calorique permanente a fait ses preuves chez les animaux, son effet sur la longévité humaine reste débattu dans la communauté scientifique. « Finalement, la diète est bénéfique si elle est intermittente et ne réduit pas de plus de 25% la ration calorique habituelle, même si de nombreuses études livrent encore des résultats contradictoires », souligne Bernard Sablonnière dans son livre L’espoir d’une vie longue et bonne (Odile Jacob, 2018). Face à la multiplication des propositions, dont l’efficacité ne sont pas toujours au rendez-vous, Gilles Berrut tient à rappeler un conseil simple : « Un premier repère est la nécessité absolue que l’apport alimentaire de chacun soit adapté à sa santé et qu’il n’entraîne pas d’effets indésirables. C’est l’intérêt d’évoquer le sujet avec son médecin traitant. » On en revient donc au caractère éminemment individuel du vieillissement. « À l’issue du parcours longévité, il pourra être recommandé à une personne de manger moins tandis qu’une autre, trop maigre, se verra conseiller de manger plus, souligne le conseiller scientifique de l’Institut Pasteur de Lille Benoît Deprez. Il n’y a pas de recette miracle. » L’avenir n’est donc pas à la fontaine de Jouvence mais à la médecine préventive personnalisée. Plus d’infos sur weekend.lesechos.fr


ET MOI…

DÉLICES D'INITIÉS Six idées pour rêver, faire fructifier son argent. Ou dépenser futé.

02

Par Jean-Denis Errard

UN FONDS « RISQUES CLIMATIQUES » Martine monte à cheval (estimé 5 000 euros), Martine en bateau (4 000 euros) ou Martine en avion (4 000 euros) : ces dessins illustrant des couvertures d’albums sont signés de Marcel Marlier.

01 MARTINE EN SALLE DES VENTES MISE DE DÉPART : HHHII PROFIL DE RISQUE : MM

CPR Asset Management, filiale d’Amundi (Crédit Agricole), l’une des plus importantes sociétés de gestion, lance un nouveau fonds boursier thématique, CPR Invest-Climate Action. Ce fonds inédit, investi en actions internationales, ciblera les entreprises qui gèrent le mieux les risques climatiques. Dans le cadre d’un partenariat exclusif avec l’ONG internationale CDP (la référence dans la publication des données carbone des entreprises), CPR AM utilisera les analyses climatiques et l’expertise de cette organisation en complément de sa propre approche ESG (environnement, social, gouvernance). Selon les gérants du fonds, Alexandre Blein et Arnaud du Plessis, « le but est avant tout d’investir dans les sociétés les plus responsables en matière de transition énergétique, celles qui tiennent compte du risque climatique dans leurs stratégies et qui s’engagent à fournir des efforts adéquats pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ». En intégrant les données de CDP, CPR AM pourra évaluer la capacité des sociétés à générer de la valeur économique compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris.

03 MAGIQUE !

le jour, et toutes les filles des années 60-70 conservent l’héroïne en mémoire. La fillette reflète l’état d’esprit enthousiaste du baby-boom. Les 27 gouaches présentées, entièrement inédites sur le marché, proviennent directement de la famille de l’illustrateur, Marcel Marlier. Chaque œuvre est estimée entre 4 000 et 7 000 euros. Des illustrations ayant été réalisés pour des couvertures d’albums compléteront l’ensemble. Un événement car Marcel Marlier était très novateur dans les techniques de dessin qu’il utilisait.

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MISE DE DÉPART : HHIII PROFIL DE RISQUE : MM Ce 26 avril, à l’hôtel des ventes des Chartrons, sur les quais, à Bordeaux, les commissairespriseurs Alexeï Blanchy et Éric Lacombe proposent une étonnante adjudication. Thème : la magie et l’illusionnisme. Cette collection constituée par un couple de passionnés rassemble près de 200 témoignages de l’histoire

ARTCURIAL

À l’occasion de sa vente de bandes dessinées, Artcurial dispersera à Paris pour la première fois, le 27 avril prochain, une collection d’illustrations originales des aventures de Martine. Née en 1954 à l’initiative de Casterman, l’éditeur belge des Aventures de Tintin, la célèbre petite héroïne a bercé l’enfance de plusieurs générations et connu un succès exceptionnel avec plus de 100 millions d’albums vendus, traduits dans une trentaine de langues. Martine à la ferme, Martine à la mer, Martine prend le train… Les titres s’enchaînent, 60 albums vont voir

MISE DE DÉPART : HHIII PROFIL DE RISQUE : MMMM


MON ARGENT de la prestidigitation ; elle a sillonné la France pendant près de trente ans à la faveur d’une exposition itinérante nommée « Le Monde des magiciens ». Outre de nombreuses affiches entoilées, comme celle de « Carrington, le formidable magicien », de 1930 (400 euros), on retient ces boîtes de jeux d’illusion (dans les 200 euros) ou cette étonnante « Tête de Bénévol », en bois sculpté ayant appartenu au magicien François Bénévol (1865-1939) : il utilisait cet accessoire pour ses séances de décapitation dans les années 20. Voyez aussi cette tête de poupée (en carton bouilli peint), avec la bouche et les yeux articulés, ayant appartenu au ventriloque Jacques Courtois (500 euros), ou ces trois sabres pour un numéro de catalepsie, cette grande illusion de fabrication française, vers 1950 (700 euros). « À l’époque, les numéros de grandes illusions demandaient beaucoup de mise en scène, de dextérité et comportaient des risques », explique l’expert de la vente, Christian Rouleau, commentant cette expérience spectaculaire pour laquelle le public se demandait comment le magicien pouvait enfoncer tant de sabres dans une boîte où il venait de placer la tête de sa partenaire.

et fonds de commerces d’hôtels situés dans les grandes agglomérations françaises et présentant un potentiel de valorisation à moyen terme. « Sur ce type d’opération dont nous avons la totale maîtrise, nous ciblons un taux de rentabilité de 10 à 12% sur une durée de six à sept ans. »

06 FONCIA EN POINTE MISE DE DÉPART : HHIII PROFIL DE RISQUE : MM

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PROPRIÉTÉS DE PROVENCE SOTHEBY’S REALTY - PROVENCE ESTATE OF FRANÇOIS AND BETTY CATROUX

UN FPCI À +10% MISE DE DÉPART : HHHII PROFIL DE RISQUE : MMM « Depuis 2014-15, nous constatons l’accélération de la demande des investisseurs en immobilier. Beaucoup ne supportent plus la volatilité des marchés financiers alors que l’immobilier permet des performances intéressantes et solides », relève Jean-Baptiste Pracca, managing partner de Mata Capital. Créée en 2015, cette société de gestion indépendante spécialisée dans les fonds immobiliers pour le compte d’investisseurs institutionnels ou privés vient de passer le cap des 500 millions d’euros d’actifs sous gestion. Axée sur des stratégies audacieuses, Mata Capital a réalisé 180 millions d’investissement à travers dix-huit opérations en 2018. La société intervient principalement sur le commerce, le bureau et l’hôtellerie. « Depuis trois ans, la performance du fonds MCF High Income est supérieur à 8% », indique Jean-Baptiste Pracca. Un deuxième millésime va être lancé en hôtellerie, sous le format d’un FPCI avec l’acquisition de murs

qui a vu défiler les personnalités les plus en vue, comporte neuf chambres. « Plafonds voûtés, murs en pierre naturelle, sols en ciment avec pierres de rivière incorporées accueillent un éclectique mélange d’antiquités, d’icônes du design moderne et de charmants éléments provençaux », poursuit Alexander Kraft. Une véritable ode au charme provençal et à l’authenticité, avec une déco intérieure splendide, proposée à 10 millions d’euros.

Le jardin de la villa des Catroux, mise en vente 10 millions d’euros.

05 VILLA DESIGN

MISE DE DÉPART : HHHHH PROFIL DE RISQUE : M La propriété provençale de François et Betty Catroux, le designer de renom et la muse d’Yves Saint Laurent, est à vendre chez Sotheby’s International Realty. « Une opportunité unique d’acquérir une demeure emblématique, un rêve pour tous les passionnés de design », souligne Alexander Kraft, président de ce réseau. Située à Lourmarin en Provence, cette bâtisse en pierre de 500 m2 dénommée « Les Ramades », construite au XVIe siècle est un ravissement pour les sens. Elle se trouve au milieu d’un magnifique jardin paysager provençal de cinq hectares, généreusement arboré de buis, lavandes, glycines et cyprès, avec piscine et court de tennis. Cédée intégralement meublée et décorée avec un goût exquis, cette bastide,

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Les produits d’épargne immobilière suscitent un engouement croissant auprès des investisseurs particuliers. Dans ce contexte de marché favorable, loin d’une Bourse volatile, Foncia Pierre Gestion (groupe Foncia), l’une des meilleures sociétés de gestion, affiche encore de très belles performances avec un taux de rentabilité annuelle nette sur dix ans (2008-18) de 9,03%, alors que la moyenne des autres SCPI d’immobilier d’entreprise est de 7,05% sur la même période. Avec plus de 1,14 milliard d’euros d’encours gérés au 31 décembre 2018 (près de 450 000 m2 de locaux loués) pour le compte de 18 258 épargnants, Foncia Pierre Gestion, dirigée de main de maître par Danielle FrançoisBrazier, présente une particularité qui est d’assurer une bonne pérennité de ses performances grâce à une collecte maîtrisée auprès des épargnants par rapport aux opportunités d’investissement. Ce qui n’est pas le cas de tous les gérants de SCPI qui collectent parfois beaucoup trop d’épargne. MISE DE DÉPART : Presque rien Très faible Significative Importante Très élevée

PROFIL DE RISQUE : Nul Très faible Faible Significatif Important Très élevé


ET MOI… BIEN-ÊTRE

SCIENCE INFUSE

LA NATURE ADOUCIT LES MŒURS

Par Claude Vincent – Illustrations : Marie Doazan

A

Les corrélations valent ce qu’elles valent. Mais celle-ci a au moins le mérite du bon sens : les ados qui vivent à proximité d’espaces verts, même en ville, rencontrent moins de problèmes psychologiques que les autres (Health & Place, mars 2019). Ce qui semble aussi valable pour les plus de 65 ans, assurent les chercheurs de l’université californienne de Los Angeles (UCLA) qui ont conduit l’étude. En traitant un ensemble de données recueillies pendant quatre ans, ils ont remarqué un net lien entre la densité de verdure (obtenue par cartographie satellite) et la santé mentale des individus de l’échantillon. Ainsi, les ados qui résident à moins de 350 mètres de zones vertes auraient 36% moins de risques de développer des pathologies que ceux privés d’arbres et de végétation. Argument évoqué : une meilleure oxygénation du cerveau dans une période de la vie où il est encore en développement.

mateurs d’infusions et de boissons naturelles faites maison, voici quelques livres pour passer à l’acte ou simplement se cultiver. Des odes modernes à l’infusion et aux plantes vues comme un art de vivre, presque comme une science, loin des soirées tisanes de mamie. Céline Ruffet, de longue date consommatrice, a un beau jour quitté l’industrie de la musique pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en créant L’Infuseur (linfuseur.com) et toute une gamme vendue en ligne et en magasin (Grande Épicerie, Maison Plisson…). Dans Faites entrer les infusions dans votre vie (Éditions Tana, 2019), elle nous initie à dix plantes courantes et indispensables (basilic, camomille, coriandre, lavande, etc.) avec des recettes – détox, toniques, calmantes, healthy, digestives – qui ont l’intérêt d’être simples à réaliser. Michael Isted, lui, plonge encore plus profond à la découverte du vaste et fascinant continent des plantes, de leurs

vertus et de leurs pouvoirs pour purifier, relaxer ou dynamiser le corps et l’esprit (Boissons de nature, Delachaux et Niestlé, 2019). Herboriste, nutritionniste et phytothérapeute, il propose un vrai guide des plantes (une cinquantaine) avec leur fiche d’identité et les précautions d’usage avant d’enchaîner sur les nombreux modes de préparation (récolte, séchage…) et les techniques d’extraction (infusion, jus d’herbes, fermentation, décoction, hydrolats…). Le registre fourni des « recettes » est évocateur, depuis la simple dame des bois (bouleau) au complexe cordial Culpeper, en passant par le lait des dieux (amandes, cannelle, vanille, sel, dattes). À lire aussi Thés, tisanes et boissons santé de Marie-France Farré et Noëlie Cotteaux (Eyrolles, 2019). Sinon, les rétifs au home made peuvent se fournir chez www.chicdesplantes.com qui propose un bel éventail d’infusions et de bouillons bio, originaux et glamour à boire et à cuisiner.

FEMME ENCEINTE : LE BON SOMMEIL Pour limiter les risques de mortinatalité, mieux vaut, pour la femme enceinte, dormir sur le côté (peu importe lequel) en particulier durant les trois derniers mois de gestation, assure une récente étude néo-zélandaise. Des nuits de sommeil sur le dos, au-delà de 28 semaines de grossesse, multiplient en effet par 2,6 le risque de mettre au monde un enfant mort-né, une fois éliminés tous les autres facteurs comme l’âge, l’obésité, la cigarette, une première grossesse, etc. Raison avancée, au regard de données IRM : cette position comprime la veine cave inférieure maternelle – ainsi que l’aorte – ce qui réduit le flux sanguin jusqu’à 80% et nuit à l’oxygénation du fœtus. 80 – L E S E CHOS WE E K- E ND

SERIAL ADDICTION

Après le binge drinking (beuverie express), le binge-watching ? C’est un phénomène sur lequel se penchent de plus en les scientifiques outre-Atlantique : la consommation à haute dose de séries, rendue possible avec l’apparition du streaming et de Netflix, Hulu et autres Amazon. Ils ont même inventé le terme de « superbingers » pour qualifier ces télévores capable de rester collés à l’écran pendant 24 heures non stop pour s’avaler une saison entière de « House of Cards », de « Game of Thrones » ou de « Breaking Bad ». Une pratique de plus en plus répandue chez les étudiants, présentée par eux-mêmes comme une forme de relaxation, mais dont les conséquences sur la santé sont encore largement méconnues. En particulier, certains symptômes (isolement, sédentarité, sentiment de manque après le dernier épisode) s’apparentent bien à une forme d’addiction.


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LE VENDREDI PATRIMOINE INVESTISSEMENT // La nouvelle réduction d’impôts « Denormandie » vise à encourager les propriétaires bailleurs INVESTISSEMENT // La nouvelle réduction d’impôts « Denormandie » vise à encourager les propriétaires bailleurs à rénover des logements anciens dans le centre des villes moyennes. Rentable ? Trop risqué ? Où investir ? à rénover des logements anciens dans le centre des villes moyennes. Rentable ? Trop risqué ? Où investir ?

Immobilier : faut-il investir dans le dispositif Denormandie ? Hélène Dupuy Hélène Dupuy @helenedupuycp @helenedupuycp

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n France, il y aurait près de n3France, il y de aurait ra près de millions logements millions 3vacants. 15de % logements d’entre eux vacants. d’entre voire 15 de % vétusté, eux seraient menacés seraient deles dangereux », selon chiffres du menacés vétusté, voire ministère du Logement. Encouradangereux », selon les chif chiffres du ger les propriétaires à les rénover, du Logement. Encouraministère les les louer à bas prix et remettre ger propriétaires à les rénover, ainsi suràlebas marché, moyennant un louer prix et les les remettre avantage Voilà en quoi consur lefiscal… marché, un ainsi moyennant siste le nouveau dispositif « Denoravantage fiscal… Voilà en quoi conmandie », du nom du ministre du dispositif siste le nouveau « DenorLogement porte la loi. Il du est mandie nom du ministre », duqui janvier entré en vigueur le 1er la Logement loi. Ilpour est qui porte une durée de deux le ans. 1er janvier pour entré en vigueur une durée de deux ans.

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Réduction d’impôts Pour bénéficier depô ce nouvel avanRéduction d’impôts

tage bénéfic fiscal, unr certain nombre de Pour bénéficier de ce nouvel avanconditions doivent êtrenombre respectées. tage fiscal, un certain de Concrètement, l’investisseur ayant conditions doivent être respectées. ancien devra acheté un logement Concrètement, l’in estiss ant réaliser un montant de travaux de rénovation représentant 25 % du total de l’opération (dans la limite de 300.000 euros et de 2 opérations par 300.000eurosetde2opérationspar an). Les bailleurs pourront déduire de leurs impôts sur ur le revenu 12 %, 18 % ou 21 % de leur investissement (prix d’achat + frais de notaire + travaux), selon qu’ils loueront leur bien pendant 6, 9 ou 12 ans. Ainsi, pour un immeuble ou appartement dont le prix de revient est de 300.000 euros, la réduction d’impôt pourra atteindre 63.000 euros répartis sur 12 ans. Ensuite,pourêtre éligible,ilfautque Ensuite, pour être éligible, il faut que le logement see situe dans le centreville d’une des 222 communes qui ont signé igné des es conventions dites « Action Cœur de Ville », ainsi insi que ue dans les communes signataires d’une opération de revitalisation du territoire, introduit par la loi Elan. Il s’agit en grande majorité de villes moyennes en zone détendue, allant

de préfectures (Limoges, Troyes, de préfectures (Limoges, Troyes, Chartres,Périgueux,Alençon,Niort, Chartres,Périgueux,Alençon,Niort, Quimper) à des communes de Quimper) à deshabitants communes de moins de 20.000 (Brignomoins de 20.000 habitantsPontivy, (Brignoles, Issoire, Issoudun, les, Issoire, Issoudun, Pontivy, Pamiers). Pamiers). Tout comme le dispositif Pinel, le Tout comme le» dispositif le « Denormandie imposeraPinel, au probailleur de respecter des «priétaire Denormandie » imposera au proplafondsbailleur de loyers sont pour priétaire de(qui respecter des l’instant de lesloyers mêmes que ceux du plafonds (qui sont pour Pinel). Etles les mêmes locataires neceux devront l’instant que du pas dépasser un certain ne montant de Pinel). Et les locataires devront ressources.Autrecondition :lelogepas dépasser un certain montant de ment devra être la résidence:lelogeprinciressources.Autrecondition pale du locataire, pourra être un ment devra être laqui résidence princiascendant ou descendant deêtre l’invespale du locataire, qui pourra un tisseur. Deux décrets doivent paraîascendant ou descendant de l’investre prochainement définiront le tisseur. Deux décretsqui doivent paraîsecteur précis des qui cœurs de villeleà tre prochainement définiront une rueprécis près etdes la liste desdetravaux secteur cœurs ville à prisrue en compte dans cadre de la une près et la listeledes travaux rénovation.Etnotamment,silestrapris en compte dans le cadre de la vaux seront ou non conditionnés à rénovation.Etnotamment,silestraun objectif énerntfinal de rénovation ditionnés à gétique.

Dans quelles villes investir ? Parmi les 222 villes éligibles, celles où il est intéressant d’investir doivent proposer une rentabilité locative acceptable. Mais il faut également que la demande locative existe et que l’agglomération présente un bon potentiel de valorisation dans le temps. Ces deux derniers critères ne doivent en aucun cas être sous-estimés, au risque pour le bailleur de ne pas réussir à louer son bien (et donc ne pas percevoir de loyer mais aussi ne pas bénéficier de l’avantage fiscal). L’autre danger serait que le parc immobilier de la ville se dévalue au fil des ans, faisant perdre à l’investisseur tout espoir de réaliser une plusvalue à la revente. « Prudence ! Seule une trentaine de villes sur les 222 sont réellement de bons placements »,

alerteThibaultduRéau,avocatassocié chez Rivière Avocats Associés, spécialisé dans l’immobilier avec effetdelevierfiscal.Pourdéterminer les villes les plus intéressantes, nous les avons classées avec le site d’évaluation immobilière Meilleurs Agents en attribuant à chacune d’entre elles un score pour les critères essentiels : le rendement locatif brut, le risque de vacance locative et lepotentiel devalorisationdelaville. En couplant ces trois indicateurs, 20 communes sortent du lot : Limoges, Corbeil-Essonnes, Sarrebourg, Melun, Bastia, Besançon, Vesoul, M a r m a n d e , C o g n a c , To u l , Angoulême, Chalon-sur-Saône, Mulhouse, Belfort, Evreux, Sarreguemines, Saint-Michel-sur-Orge, Ajaccio, Boulogne-sur-Mer, Arpa-

jon. Attention, nous avons choisi de calculer la rentabilité locative brute des villes en fonction du loyer constaté dans la ville (loyer médian MeilleursAgents) et non du plafond de loyer « Denormandie », bien supérieur dans la très grande majorité des communes. Les rentabilités obtenues sont donc beaucoup plus faibles, mais réalistes. Ce qui est fondamental, puisqu’un bailleur qui fixerait un loyer bien au-dessus des standards de la ville aurait de faibles chances de trouver un locataire.

Les précautions à prendre Autre critère à regarder de près : la politique de la ville et la volonté du maire d’aller chercher des subventions d’aide à la rénovation auprès d’organismes comme l’Agence

nationale de l’habitat (Anah). « La ville de Mulhouse par exemple [dans le Top 20 ,NDLR], mais aussi Brivela-Gaillarde ou Tulle sont très actives à cetégardetpeuventdoncfaire bénéficier aux particuliers qui rénovent de subventions, de services d’aide pour trouver un locataire, etc. », explique Thibault du Réau. Maisilfautencoregarderunecertaine prudence face à ce Top 20. Dans un certain nombre des villes, lesprixontdégringolédepuis10ans. C’est le cas à Corbeil-Essonnes (–23,1 %), Mulhouse (–22,1 %), Limoges (–12,3 %), Besançon (–12,2 %), Saint-Michel-Sur-Orge (–11,8 %), Melun (–10,9 %). Autre risque à relever : « Dans quantité de ces villes où l’immobilier est accessible, presque tout le monde est propriétaire. Ceux

qui sont locataires ne sont donc pas toujours les plus fiables financièrement », prévient Guillaume Fonteneau, conseiller en gestion de patrimoine indépendant. Et au-delà de la ville, il faut faire très attention au choix de l’immeuble – pas trop dégradé – et du quartier. En tout cas, certaines villes sont à éviter absolument. Il s’agit de celles qui présentent une vacance locative importanteou un potentiel de valorisation nul ou négatif. Attention, car ce sont souvent ces mêmes villes qui présentent une rentabilité élevée, puisque les prix sont très bas.

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CLAP DE FIN

Il arrive parfois que des événements surgissent dans un contexte émotionnel particulier. De ce point de vue, la journée avait déjà été intense et pleine de contrariétés. Je revenais d’un îlot protégé de la Saintonge, fief du cognac, dévastée par l’agriculture extensive. Le terrain de la maison où je me trouvais est traversé par un cours d’eau et en arrivant j’y ai trouvé un pêcheur débonnaire. Je ne le connaissais pas, mais je me suis assis sur un banc de pierre et nous avons parlé, longtemps. Nous avons parlé de cette eau, sublime domaine public, pompée, pillée par les céréaliers du coin sur les terres desquels ne pousse plus un microorganisme qui ne soit du maïs pour le bétail. De fil en aiguille, il en est venu à me parler de sa famille, de son beau-frère atteint d’un cancer causé par des années d’exposition aux pesticides et d’autres encore, de tous les gars du coin, malades ou morts de n’avoir rien su de la dangerosité des produits qu’ils manipulaient. C’est le genre de conversation qui vous plombe une journée par l’impuissance qu’elle vous renvoie. Bref, dans l’ordre des choses qu’il reste à faire ce jour-ci, il y a ma chronique, mais j’attends Macron. Apparemment la déclaration qu’il

s’apprête à nous livrer est d’importance, certains disent même qu’il joue son quinquennat, ce quinquennat qui a démarré dans une lumière inhabituelle en politique pour se transformer en quelques mois en un étrange crépuscule, en une déception qui s’ajoute à notre dépression de Français, cette dépression qui nous tient à l’esprit depuis 14, qui nous plonge dans des hauts et des bas qui comptent plus de bas que de hauts. Me voilà à attendre le discours présidentiel lorsque surgissent à l’écran les couleurs d’un tableau de Turner. Notre Flamme de Paris, embrasée, livrant des bois presque millénaires

CETTE CATHÉDRALE, ELLE EST UN ÊTRE CHER QUE JE NE VEUX PAS PERDRE PARCE QU’IL DÉPASSE LE CADRE ÉTROIT DE MA SIMPLE MÉMOIRE.

LE TRAIT

82 – L E S E CHOS WE E K- E ND

à une destruction sidérante. Pas ça ! C’est tout ce que je trouve à dire à l’instant, alors que la violence du brasier laisse peu d’espoir que le monument en réchappe. Je sens confusément tout ce que cette cathédrale représente pour moi, mais elle est à cet instant un être cher que je ne veux pas perdre parce qu’il dépasse le cadre étroit de ma simple mémoire. Combien d’hommes et de femmes ont travaillé pour déployer chaque jour, devant les yeux des Parisiens, l’expression de l’élévation humaine par la spiritualité, cette spiritualité foulée aux pieds du matérialisme et des excès de la religion et dont la disparition nous condamne à terme. Cette cathédrale nous rappelle le temps où l’architecture était un art, un art rayonnant de beauté et de gloire. Et quand la flèche s’effondre, même si on la doit au regretté et regrettable Viollet-le-Duc, la symbolique qu’elle nous renvoie est puissante. Elle nous rappelle la simple médiocrité de nos intérêts dont le président s’apprêtait à nous livrer un nouvel agencement. Au moment où il allait nous expliquer comment dépenser notre argent, l’urgence lui a coupé la parole et cette urgence c’est de faire renaître Notre-Dame dans sa splendeur originelle.

ILLUSTRATION PORTRAIT : KIM ROSELIER

MARC DUGAIN FAIRE RENAÎTRE NOTRE-DAME



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