Monologhi Francesi volume
24-03-2010
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Molière (1622-1673) Les Femmes savantes (1672)
S
ous les ressorts de la comédie, cette pièce ne laisse pas d’évoquer des sujets graves, comme le droit des femmes au XVIIe siècle à débattre de questions élevées, et le privilège inaliénable de suivre leurs inclinations dans le choix d’un mari. Les deux filles de Chrysale, bourgeois parisien, ont des aspirations divergentes : Henriette souhaite se marier, Armande professe au contraire la haine du mariage et exhorte sa sœur à devenir ”femme savante”, comme elle-même et leur mère Philaminte. Mais quel n’est pas son dépit, lorsqu’elle apprend que le futur époux d’Henriette n’est autre que Clitandre, un ancien soupirant qu’elle voulait maintenir au rang d’adorateur, sans rien lui accorder de plus. Cependant Henriette frôle le mariage forcé, car Philaminte qui régente tout dans la maison et ne tient aucun compte de l’avis contraire de Chrysale, son faible époux, a décidé de lui faire épouser Trissotin, rimailleur et coureur de dot qu’elle admire. Seule la fausse nouvelle de la ruine de la famille dissuade Trissotin d’unir son sort à celui d’Henriette, contrairement à Clitandre, plus que jamais décidé à l’épouser. Cette grandeur d’âme touche Philaminte, enfin consciente du manège du parasite. Les deux jeunes gens vont pouvoir convoler, laissant à Armande la consolation de la philosophie. L’affrontement cocasse de “clans” adverses dont l’enjeu est la main d’Henriette, est aussi prétexte à une sorte d’état de la question de l’instruction féminine, avec d’un côté le militantisme caricatural des précieuses et de l’autre le point de vue rétrograde de Chrysale et de la servante Martine, arbitrés par Clitandre qui, en admettant qu’une femme « ait des clartés 20