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is magazine dE tenn 100% GRATUIT Juillet-Ao没t 2014

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Alternative. Illustrations : F. Desbois.


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On peut imaginer que le natif de Belgrade présentera, d’ici sa retraite sportive, un bilan à deux chiffres en Grand Chelem, ce qui en ferait définitivement une légende du tennis. C’est sûrement à ce moment précis que les plus sceptiques comprendront comme Novak Djokovic a, lui aussi, participé à l’âge d’or que l’on est en train de vivre. Et que son style, et certaines de ses plaisanteries, ne sont pas des calculs pour attirer les foules, mais l’expression simple d’un bonheur accompli. Novak Djokovic, ou la force d’y croire

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« Avec le temps, je dirais que le gazon a pris encore plus de place dans mon esprit, surtout depuis qu’il existe une indéniable uniformisation des surfaces. Le gazon change la donne, car il faut savoir s’adapter, modifier son jeu, son approche, sa tactique. C’est pour cela que cette surface est essentielle et qu’elle fait partie de l’histoire de ce sport. Il a été acté que la saison sur gazon allait durer une semaine de plus l’année prochaine ; c’est une très bonne nouvelle, j’aimerais même qu’elle soit rallongée davantage. » Arnaud Clément, dans notre dossier « Gazon maudit, gazon béni »

« Sur gazon, pas le temps de temporiser, tout se passe au sol, devant soi et, au cours d’un échange, il est très dur de se relaxer. Outre la possibilité plus élevée que sur les autres surfaces d’avoir une balle à la trajectoire surprenante, le gazon vous oblige à être constamment placé au millimètre. »

Nous avons testé, pour vous, le jeu sur gazon... Inoubliable !

« Je suis avant tout Ukrainien. Ma fortune, je l’ai construite en Europe et en Russie. Mais, mon argent, je le réinvestis quasi-exclusivement en Ukraine. En combinant l’amour de mon pays et mon amour pour le tennis, ma plus belle satisfaction serait de voir l’Ukraine l’emporter en Fed Cup. Une rencontre contre la Russie. Elina (Svitolina) battrait Sharapova au terme du cinquième match décisif. Après cela, je donnerais ma démission avec le sentiment du devoir accompli. »

Nole, l’herbe et l’abnégation Wimbledon reste et restera un tournoi à part, comme une énigme, une parenthèse. En ajoutant une semaine à la saison sur gazon dans le calendrier, l’année prochaine, les instances du tennis ont pris conscience qu’il fallait revaloriser cette surface et la remettre au premier plan. Alors, certes, une semaine, ce n’est pas grand chose... mais c’est déjà ça. Car comment rester insensible à cette ambiance, à ce bruit... à cette incroyable idée qu’un sport comme le tennis puisse se jouer sur un sol gazonné, une herbe coupée à ras ? Qu’il puisse se pratiquer sans rebond, juste sur les genoux ? Novak Djokovic et Roger Federer nous l’ont confirmé en nous offrant une finale splendide au All England Club, haletante, offensive. Une finale qui l’affirme : oui, il est encore possible de faire du chip and charge, de voir le tennis se gagner là-bas, au filet, où l’on oublie ce facétieux rebond, tout simplement. Et, même si à la fin c’est le « défenseur » qui l’emporte, cette victoire est aussi le triomphe d’une attitude. Celle d’un Novak qui ne lâche rien, qui se concentre sur l’instant présent et maîtrise ses émotions pour combattre ses démons. Et retrouver sa place de numéro un mondial. laurent trupiano

Monsieur Yuri Sapronov, bienfaiteur du tennis ukrainien, notre Guest Star

Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France • Liste des points disponibles sur www.grandchelem.fr • GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis • Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) • Création artistique et mise en page : Séverine Béchet (SBDesign –Studio Graphique. www.sbdesign.pro) • Responsable Editorial : Rémi Capber (remi.capber@ grandchelem.fr)• Rédacteurs : Clément Gielly, Gwendoline Cordeliers • Site internet : http://www.welovetennnis.fr • Responsable Business Development : Valérie Fernandez (valerie.fernandez@grandchelem.fr) • GrandChelem est édité par la société Convergence Media appartenant au groupe The TENNIS FACTORY (www.thetennisfactory.fr), 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin-Jallieu • Rédaction : 04 27 44 26 30 • Publicité : 06 60 26 37 76 • Photos : SportVision, Chryslène Caillaud

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WIMBLEDON 2014

Novak,

ou la force d’y croire... En remportant son septième titre du Grand Chelem, le deuxième à Wimbledon, au terme d’une finale de très, très haut niveau face à un Roger Federer des grands jours, Novak Djokovic a confirmé qu’il était définitivement un champion de tout premier ordre. Alors qu’il avait perdu ses trois dernières finales dans des tournois majeurs, le Serbe n’a jamais renoncé, prouvant, une fois de plus, qu’il possédait un mental d’acier. Aujourd’hui numéro un mondial, Novak Djokovic commence une deuxième carrière. Presque une deuxième vie, puisqu’il s’est marié et sera papa dans quelques mois. Résumé d’un début d’année crucial dans la carrière de ce joueur hors-norme.

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WIMBLEDON 2014

L’arrivée de Becker

Un mental d’acier

Inévitable numéro un mondial...

En choisissant Boris Becker comme « head coach » de son équipe, Novak Djokovic avait étonné tous les spécialistes, qui s’étaient d’ailleurs empressés d’expliquer que c’était un mauvais choix. La fameuse volée facile ratée face à Stanislas Wawrinka, en quarts de finale de l’Open d’Australie, allait même apporter de l’eau au moulin de ses détracteurs, parmi lesquels un certain Ion Tiriac, pourtant père spirituel et bienfaiteur de Boum-Boum. Mais, quand le Serbe a une idée en tête, il s’y tient et n’a que faire des ragots du trou ; seul compte le résultat. Et, comme il sentait que la mayonnaise avait du mal à à prendre, il demanda à l’ensemble de son staff de faire un effort, Marian Vajda en tête. « En fait, Marian ne devait pas venir à Rome, mais je le lui ai demandé, car je pensais que c’était important qu’on soit enfin tous ensemble, pour la première fois. C’est là que tout a commencé, au fond, et que l’apport de Boris a été quantifiable. Cela a cimenté notre groupe. A partir de ce moment, tout a été plus simple. » D’ailleurs, auparavant, Nole avait aussi envoyé un signe fort quand il avait enchaîné une finale à Miami et un titre à Indian Wells. « Je suis excité d’avoir une légende du jeu dans mon staff. Il peut m’apporter beaucoup. Mon titre à Indian Wells, mon bon parcours ici, à Miami, ce n’est pas seulement à mettre au crédit de Marian. C’est aussi le fruit du travail avec Boris ces deux derniers mois. » Ce travail, Boris Becker ne s’épanche pas souvent dessus, même s’il avoue n’avoir jamais planifié l’idée de devenir coach : « Ce n’était pas vraiment prévu dans ma vie et, plusieurs fois auparavant, j’avais été sollicité par certains joueurs. Lorsque j’ai reçu un coup de fil de Novak, j’ai d’abord été surpris, puis honoré. J’ai réfléchi et je me suis dit : « C’est quand même Novak Djokovic ! » Je savais que nous avions une approche du jeu assez similaire, mais je savais aussi que, si je venais à ses côtés, c’était pour gagner. » Et, comme un symbole, c’est à Wimbledon, dans le jardin de l’Allemand, que Novak Djokovic a définitivement fait taire les critiques sur son choix.

« Boris (Becker) croit en mon jeu. Il sait que j’ai les armes pour gagner des titres et ses conseils sont principalement centrés sur le mental. » Le mental, c’est aussi la clef de la victoire de Nole lors de ce Wimbledon, car nombreux sont les champions qui auraient baissé pavillon face à un Roger Federer de ce niveau, surtout après avoir obtenu une balle de match, comme Djokovic dans le quatrième set. « A l’inverse de Roland Garros, où je n’étais pas parvenu à maîtriser mes émotions, j’ai réussi à me canaliser lors de cette finale. Je me suis toujours concentré sur l’instant, sans me projeter. J’aurais souvent pu perdre ma concentration, mais je n’ai pas craqué. C’est pour cela que cette victoire est importante, pour moi, mentalement. Ce n’est pas qu’un succès face à mon adversaire, c’est aussi une victoire sur moi-même. J’ai su trouver des ressources au fond de moi pour parvenir à l’emporter. » Ceux qui ont vu l’intégralité de la finale ne contrediront pas le Serbe. Il fallait, en effet, beaucoup de courage et une vraie force mentale pour oublier et laisser derrière soi sans séquelles la fin d’un quatrième set totalement fou, où les breaks se succédèrent et où Roger Federer, dos au mur, confirmait que partir à l’abordage, le couteau entre les dents, pouvait permettre de renverser la tendance, sur gazon. Au lieu de se laisser emporter par une ambiance électrique et un public tout acquis au Suisse, Nole eut l’énorme mérite de faire un « reset-reboot » pour rester dans le rythme. « Je savais que, si je gardais mon engagement, Roger serait toujours derrière. Je me suis donc concentré sur cet objectif. » Logique, donc, que Novak n’ait été submergé par l’émotion qu’une fois après avoir vu le revers de Roger mourir dans la bande du filet, sur la balle de match. Logique, aussi, qu’il ait à nouveau mangé cette herbe, après l’avoir déjà dégustée quelques années auparavant, en 2011, lors d’une saison où il était imbattable.

Grâce à son succès sur les courts du All England Club, Nole a conquis la place de numéro un mondial, comme en 2011, lorsqu’il était devenu le 25ème homme de l’histoire à réaliser cet exploit. Cette place est amplement méritée, d’autant que le Serbe a fait preuve de régularité tout au long de ce début de saison. Finaliste à Roland Garros, vainqueur de quatre titres, Novak Djokovic a toujours répondu présent, seulement contraint de faire l’impasse sur le Masters 1000 de Madrid à cause d’une blessure au poignet. Cette place, Nole la connaît bien pour l’avoir déjà occupée pendant 101 semaines. Elle récompense un joueur complet, multi-surfaces, qui a aussi largement progressé dans son jeu vers l’avant. Il faudra désormais voir comment il va défendre cette position de leader d’ici la fin de l’année et s’il parviendra à augmenter son avance au cours de la fameuse campagne américaine qui se termine à l’US Open, et où il possède des statistiques plutôt satisfaisantes (quatre finales et un titre). L’autre donnée importante, c’est que ce titre à Wimbledon est déjà le septième de sa carrière en Grand Chelem, pour 14 finales, ce qui permet de mesurer la place que prend progressivement Djokovic dans l’histoire du tennis. Ils ne sont en effet plus que sept devant lui à présenter un palmarès plus prolifique (NDLR : Federer, Nadal, Sampras, Borg, Lendl, Agassi et Connors). On peut même imaginer que le natif de Belgrade présentera, d’ici sa retraite sportive, un bilan à deux chiffres, ce qui en ferait définitivement une légende du tennis. C’est sûrement à ce moment précis que les plus sceptiques comprendront comme Novak Djokovic a, lui aussi, participé à l’âge d’or que l’on est en train de vivre. Et que son style, et certaines de ses plaisanteries, ne sont pas des calculs pour attirer les foules, mais l’expression simple d’un bonheur accompli. Laurent Trupiano

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WIMBLEDON 2014

La raquette noire, la clef du succès ?

Méfiez-vous du lion qui dort !

Après sa victoire à Halle, Roger Federer a confirmé son retour en forme sur le gazon de Wimbledon, avant de buter 6-7(7) 6-4 7-6(4) 5-7 6-4 sur Novak Djokovic en finale. Tout proche du trophée, l’homme aux 17 Grands Chelems fait un joli pied-de-nez à ses détracteurs. Et montre qu’il ne fallait pas l’enterrer si tôt.

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près une année 2013 très nuageuse, l’horizon semble enfin s’éclaircir pour Federer et ses 32 ans bien sonnés. Ce tournoi de Wimbledon lui a permis de retrouver toutes ses sensations et ses fondamentaux : un service imbreakable, un coup droit intraitable, une volée imbattable. Des fondamentaux qui avaient déjà fait la différence en début de saison avec des performances radieuses, incitant clairement à l’optimisme. Durant cette quinzaine, Roger a, en effet, pu s’appuyer sur sa mise en jeu, ne la concédant qu’une seule fois dans son parcours jusqu’à la finale. Oubliant ses problèmes physiques et ce dos fragile qui lui avaient pourri la saison passée, il a traversé le tournoi comme un boulet de canon. Avec, en prime, une victoire aisée en demi-finale, face à Milos Raonic, et un message envoyé aux jeunes loups que sont le Canadien et Grigor Dimitrov : « Moi, j’avais 20 ans quand j’ai commencé à jouer mon meilleur tennis. Eux sont déjà plus vieux. Il y a plein de très bons joueurs, ils sont tous incroyablement forts, mais sont aussi un peu interchangeables, d’une certaine manière. Je sens que, si je joue bien, je peux toujours être en contrôle du match face à eux. »

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Puis la finale arriva et le combat fut rude. Federer arrache le premier set au tie-break, mais se relâche quelque peu dans les deux manches suivantes. Breaké et mené 5-2 dans le quatrième set, le Suisse se retrouve dos au mur. C’est alors que la magie opère. Sentant la fin proche, Federer lâche les chevaux et se montre encore plus agressif, multipliant les montées au filet. En face, même s’il se met au diapason, Djokovic ne peut contenir ce tennis flamboyant. Roger aligne cinq jeux d’affilée et remporte le set 7-5. Avant de se laisser, finalement, dépasser dans l’ultime manche de cet affrontement, abandonnant au Serbe le trophée. Avec, pour seul lot de consolation, un plateau d’argent... et des regrets. « Évidemment, j’ai été très triste en sortant du court les mains vides, sans la coupe du vainqueur. » Il s’agit néanmoins de voir au-delà du simple résultat sportif, qui lui permet, tout de même, de retrouver la troisième place au classement ATP. Pour certains, dont Nick Bollettieri, c’est clair : Roger Federer a laissé passer sa chance. « Je ne suis pas sûr qu’il ait encore la possibilité de gagner un tournoi du Grand Chelem », estime l’Américain. « Il était si près d’une nouvelle couronne à Wimbledon, sur la surface qui lui convient

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le mieux. C’est un grand raté pour Roger. » Mais d’autres soulignent avant tout le niveau de jeu affiché par le Suisse. Un niveau de jeu qui lui permet tous les espoirs et, ce, dès l’US Open, qui, dans son cœur, ne doit pas être bien loin du tournoi londonien. « Roger a été bon si longtemps... Je pense qu’il peut encore gagner un Majeur. » John McEnroe n’en doute pas, même s’il le concède aussi, « sa meilleure chance de titre était à Wimbledon ». « Mais il a bien mieux bougé que ce que je pensais. Et il a joué de façon incroyable. Vous êtes obligés de lui donner une nouvelle chance. » Cette nouvelle chance, le public la lui offrira allègrement, tant sa cote d’amour ne semble pas décliner. C’est peut-être ça, son 18ème Grand Chelem : le soutien de ses fans. Djokovic le faisait remarquer, à l’issue du match : « J’ai sans doute joué contre le joueur le plus aimé du monde. Il mérite ce soutien pour avoir été lui-même et avoir si bien réussi pendant toutes ces années. Je ne m’en plains pas. C’est totalement normal. »

Clément Gielly

Elle a fait énormément parler d’elle, et pour cause, puisqu’elle a permis à Roger Federer d’améliorer son jeu. Elle, c’est cette fameuse raquette noire, légèrement plus grande au niveau du tamis et avec une section différente de la précédente. Interrogé régulièrement sur la question, Federer a toujours tenu le même discours, expliquant que ce nouvel outil était devenu un allié de poids pour être plus performant. La première fois qu’il l’a utilisée, c’était il y a un an, à Gstaad. Suite à cet échec, ainsi qu’à celui de Hambourg, il était revenu à sa raquette blanche. Mais, dès Brisbane en début d’année, Roger Federer était bien décidé à apprivoiser sa nouvelle arme. D’ailleurs, les derniers réglages ont été effectués après l’Open d’Australie, comme il l’a confirmé à Wimbledon : « Les phases de test se sont terminées en Australie. Après, j’ai essayé d’autres raquettes, mais j’ai senti que j’avais trouvé la bonne avec celle-ci. Je n’avais plus besoin d’en tester d’autres ou de changer. Aujourd’hui, je suis très content d’avoir trouvé une raquette correspondant à ce que je recherchais. » Mais, la véritable info que Roger pouvait enfin livrer à ses fans était ailleurs : « Je pense que la production va se mettre en place et que l’habillage va venir dans la foulée. » Information confirmée le lendemain de sa défaite en finale de Wimbledon, par son équipementier, Wilson. La raquette sera mise en vente début octobre sous le nom de Wilson Pro Staff RF 97 Autograph. Alors, bien sûr, on ne peut pas résumer un niveau de jeu à une raquette. Beaucoup d’autres paramètres entrent en ligne de compte pour analyser le come-back de Roger, et sa collaboration avec Stefan Edberg ne peut pas être oubliée. Au final, ce sont tous ces changements qui ont permis à Roger Federer de se relancer. Maintenant, on attend avec impatience l’US Open, où le Suisse sera un vrai prétendant au titre.


WIMBLEDON 2014

Ce qu’il faut retenir

de Wimbledon Après une quinzaine londonienne rafraîchissante, la Rédaction de GrandChelem a décidé de décerner ses tops et ses flops de cette édition 2014. Clément Gielly

Les Tops

Les Flops

Eugenie Bouchard

Andy Murray

Bien qu’elle ait sèchement perdu en finale 6-3 6-0 face à Petra Kvitova, Genie – qui avait déclaré ne pas être surprise d’être arrivée jusque-là – est restée positive : « C’était difficile, aujourd’hui, mais je suis fière de mon parcours. C’est une étape de plus dans mon évolution. » À en croire Eugène Lapierre, Directeur de la Coupe Rogers, ce tournoi de Wimbledon a eu un réel impact sur le tennis canadien. « Les deux dernières semaines qu’on vient de vivre à Wimbledon, je crois qu’elles sont en train de changer le visage du tennis canadien du tout au tout. » Car Eugenie n’est pas la seule à avoir réalisé un bon parcours : son « grand frère » Milos Raonic a chuté aux portes de la finale. Sans parler de Vasek Pospisil, titré en double... Clairement, la Canadienne de 20 ans a confirmé tous les espoirs placés en elle. En 2014, elle est la joueuse la plus régulière, atteignant au minimum le dernier carré de chaque tournoi du Grand Chelem et remportant son premier titre à Nuremberg, en mai. Impressionnant.

Nick Kyrgios

« J’ai lu une interview où ma mère disait que Nadal était trop fort pour moi. Ça m’a un peu énervé et, finalement, ça m’a aidé. J’ai joué un tennis extraordinaire. » Voici ce qu’a déclaré Nick Kyrgios après avoir réussi l’exploit de battre Rafael Nadal en huitièmes de finale, ne montrant pas une once de peur. À seulement 19 ans, l’Australien, véritable surprise de cette édition 2014, s’est montré plein de culot. En témoignent ses neuf balles de match sauvées face à Richard Gasquet, au deuxième tour, avant de s’imposer en cinq manches. Kyrgios, que l’on peut qualifier de chien fou ou d’arrogant, n’a en tout cas jamais reculé face à des adversaires de taille. Son aventure londonienne se termine finalement par une défaite 6-7(4) 6-2 6-4 7-6(4) face à Milos Raonic, en quarts de finale. Une chose est sûre : ce jeunot n’a pas fini de faire parler de lui !

Grigor Dimitrov

Le Bulgare, vainqueur au Queen’s, est arrivé lancé au All England Club. Il parvient à se hisser jusqu’en demi-finale, après, notamment, une très sèche victoire face au tenant du titre, Andy Murray, qu’il ne sentait pas en grande forme. « J’ai eu le sentiment que quelque chose ne tournait pas rond (chez lui). Je me suis entraîné quelques fois avec Andy et je sais comment il tape la balle quand il est à son meilleur niveau. Je sais aussi comment il joue quand il n’est pas au mieux. C’est juste le sentiment que j’ai eu. » Dimitrov tombe, finalement, en demi-finale sur un solide Novak Djokovic et s’incline en quatre sets. Pour le principal intéressé, il n’y a absolument aucun regret à avoir. « Je peux vraiment tirer beaucoup de positif de tous les matchs que j’ai joués ici, en Angleterre. Il n’y a pas de regrets. A moi d’avancer ! »

La finale Djokovic-Federer

Qu’elle fut belle, cette finale ! Un affrontement au sommet entre deux joueurs en pleine confiance, dans une atmosphère électrique. Roger Federer et Novak Djokovic ont donné le meilleur d’eux-mêmes, le premier n’hésitant pas à se ruer au filet dans les moments critiques et balançant ace sur ace ; le second, intraitable dans le jeu, retrouvant un niveau où chaque diagonale est un gros uppercut et chaque long de ligne un direct du droit. Jimmy Connors, double vainqueur à Londres, n’a pas manqué de saluer leur performance avec sa gouaille habituelle : « Djokovic a montré des « couilles » et du caractère. J’ai pensé qu’il aurait un passage à vide après le quatrième set, mais ça n’a pas été le cas. Quant à Roger, on ne peut pas lui en demander plus. » Ce duel homérique a également enthousiasmé Patrice Dominguez, consultant bien connu, qui n’hésite pas à le placer très haut dans le panthéon des finales de Grand Chelem. « C’était une très grande finale, dans les règles de l’art. Tout était réuni et la qualité du tennis était assez impressionnante. Ce match restera dans les annales et l’histoire de ce sport ! »

Étrange édition de Wimbledon pour l’Écossais. « Pendant les quatre premiers tours, j’ai frappé la balle comme je l’ai fait à chaque match, ici, l’an passé », raconte-t-il après coup. « Mais je n’ai pas pu retrouver ce niveau en quarts contre Dimitrov, qui a réalisé une partie très solide du début à la fin. » Difficile de mettre en cause sa coach Amélie Mauresmo, qui n’a commencé à l’entraîner qu’au début du mois de juin. Néanmoins, la présence de la Française dans son clan ne semble pas avoir fait que des heureux, deux autres membres de l’équipe s’étant apparemment sentis menacés par son arrivée. Après le raté de Murray sur ses terres, il n’en fallait pas plus à la presse britannique pour lancer le débat... Et Virginia Wade, ex-championne britannique dans les années 70, de remettre en question cette association : « C’était très optimiste que de penser qu’elle (Mauresmo) aurait un impact en travaillant pendant deux semaines avant un tournoi du Grand Chelem. J’ai la sensation qu’il (Murray) a tellement appris de Lendl qu’il n’est pas essentiel pour lui d’avoir quelqu’un qui lui dise quoi faire. » Si les British ne sont pas convaincus de l’apport de Mauresmo... tant mieux ! Qu’ils nous la rendent ! Certains Tricolores seraient peut-être ravis de pouvoir profiter de son expérience, maintenant que l’Ecossais leur a montré la voie.

Serena Williams

L’Américaine a été tout simplement méconnaissable à Londres. Sortie dès le troisième tour par une Alizé Cornet toujours aussi combattante, elle a, surtout, retenu l’attention des observateurs par son comportement lors de son deuxième tour en double, quelques jours plus tard. Incapable de ramasser la balle ou de servir correctement, chancelante sur le court, la numéro un mondiale a été contrainte à l’abandon face à des adversaires médusées. Les rumeurs les plus folles ont fleuri sur le web à son sujet, évoquant une tendance un peu trop affirmée pour la boisson ou même une grossesse. Si ces différents scénarios ne restent que des bruits de couloir, une chose est sûre : la saison de Serena est à mille lieues de son année 2013. Elle n’a pas réussi à franchir ne serait-ce que le cap des huitièmes de finale en Grand Chelem... Inquiétant.

Jo-Wilfried Tsonga

Battu au quatrième tour, Jo-Wilfried Tsonga a tout de même laissé une meilleure impression qu’à Roland Garros, en poussant, notamment, Novak Djokovic au tie-break dans le dernier set. Il peut cependant regretter cet incroyable retour que le Serbe a réalisé sur la balle de match : « J’ai perdu un point qu’il ne fallait pas perdre sur un superbe retour... et voilà le match qui s’envole ! » Néanmoins, au terme de cette quinzaine encourageante, Jo a de quoi être motivé avec, en perspective, le retour sur ciment dans les prochaines semaines. « Je fais tout pour essayer d’être à nouveau ce que j’étais, voire mieux. Ce Wimbledon est très positif pour la suite. » La méthode Coué a encore de beaux jours devant elle.

Richard Gasquet

Un flop moins flagrant qu’il n’en a l’air. Gasquet a, en effet, été battu dès le deuxième tour par un Kyrgios en feu. Un Kyrgios qu’il a tout simplement qualifié d’« avenir du tennis » en conférence de presse. « Il a un potentiel de Top 5 et de vainqueur en Grand Chelem. Il n’y a rien à dire, même si c’est dur à avaler… » D’autant plus dur que le Biterrois a raté pas moins de... neuf balles de match ! Sans compter qu’il menait deux sets à zéro... Bref, Richard était abasourdi après sa défaite. Et l’avait un peu mauvaise par rapport à l’arbitrage : « C’est un match de folie. Neuf balles de match, je ne pense pas que ça m’était déjà arrivé. Je n’ai pas eu de réussite. Sur l’une d’entre elles, il y a une faute d’arbitrage. La juge de ligne n’aurait pas dû parler à ce moment-là du match. » En attendant, le Français n’a toujours pas passé le troisième tour en Grand Chelem, cette année. Ne lui reste plus qu’une chance pour y parvenir...

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GRANDCHELEM FRANCE

DOUBLE RATION DE BONHEUR !

La victoire d’Edouard Roger-Vasselin et Julien Benneteau à Roland Garros, 30 ans après celle de Yannick Noah et Henri Leconte, confirme que le double est ancré dans l’histoire du tennis français.

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n stade en liesse, une Marseillaise chantée a capella, des larmes et beaucoup d’émotions... Voilà comment la paire Julien Benneteau/Edouard Roger-Vasselin a fêté son titre à Roland Garros le samedi soir de la deuxième semaine, dans une pénombre de fin de journée. D’ailleurs, Julien Benneteau, qui a le malheur de posséder un triste record avec 12 finales perdues en simple sur le circuit, avait une analyse plutôt pragmatique de la situation à l’issue de cette victoire historique : « Pour rien au monde je n’échangerais ce titre contre un trophée dans l’une de mes anciennes finales. Je suis quasi-certain que si j’avais gagné cette balle de match lors de la dernière, à Kuala Lumpur, je n’aurais pas senti ce que j’ai senti là, avec Edouard, ici, sur le Central, à la maison. Comme je l’ai dit, quand j’avais 10-11 ans, lorsque nous allions à la Fédération pour nous entraîner avec tous les gamins et qu’on dormait ici, parfois, la nuit, moi, je m’asseyais tout seul sur le Chatrier et je rêvais, je rêvais de jouer sur ce court. » Le rêve est devenu réalité, confirmant que Julien, en compagnie d’Edouard, pouvait tenir le coup sous la fameuse pression. Là aussi, c’est une petite nouveauté que le sélectionneur, Arnaud Clément, a su apprécier à sa juste valeur : « Leur victoire est une très, très bonne nouvelle.

Pour l’équipe de France, bien sûr, mais aussi pour le tennis tricolore, cela met en avant le double et c’est positif en vue de notre demi-finale de Coupe Davis. Je suis certain que cette émulation obligera tous les prétendants à donner le maximum. Au final, je ne peux que me réjouir de cette situation. » Se projeter vers ce rendez-vous de septembre face à la République Tchèque n’était pas la priorité de notre paire victorieuse. Car cette quinzaine d’ocre avait déjà permis aux deux champions, dans un premier temps, de se connaître davantage : « Plus on jouera ensemble, plus on progressera. En gagnant à Roland Garros, on a confirmé qu’on pouvait aller chercher de gros titres. C’est aussi pour cela que l’on s’est associés, car on savait qu’on avait une vraie complémentarité », explique Edouard Roger-Vasselin. La genèse de cette paire, et c’est plutôt paradoxal, c’est un peu un choix par défaut. Edouard a dû se séparer de l’Indien Bopanna, qui voulait jouer le double de façon prioritaire, et a donc contacté son compatriote ; mais Julien, lui, devait continuer avec Zimonjic. « Attends quelques semaines », précise-t-il à ERV, « parce que je sens un peu les choses », sous-entendu, un revirement de situation possible. Et, en effet, après une fin de saison moyenne, le Serbe préfère s’orienter vers Daniel Nestor, libérant Benneteau. Résultat : un mariage de raison qui devient une vraie réussite avec un mode de fonctionnement bien

spécifique, sans concept de leader. « L’un et l’autre, on doit être capables de se dire les choses sur le terrain », confirme Julien. « Si c’est Edouard qui me les dit, c’est très bien aussi. Ces derniers matchs, c’est moi qui suis plutôt allé vers lui, mais ses réactions ont été parfaites. » Le double est donc une osmose et, quelque part, une discipline complètement à part, une vérité résumée parfaitement par ERV dans les colonnes du Parisien : « C’est toujours plus facile de prendre du plaisir en double parce que c’est un échange avec le copain. En simple, quand on arrive tout seul sur le court, on ne peut pas se cacher. En double, même si je ne me sens pas bien, Julien est là pour m’aider et vice-versa. Il y a moins de peur de mal faire, moins de peur que ça ne se passe pas très bien. Les repères sont moins complexes que dans le simple. Il faut servir, retourner... Les zones, c’est un peu plus carré. C’est un peu plus facile à aborder. » C’est peut-être cette facilité, ou cette idée du partage, qui fait que le fameux mental tricolore, souvent jugé friable, se transforme, là, en arme fatale. Car le drapeau bleu-blancrouge a toujours flotté régulièrement sur les plus hautes marches de la discipline, que ce soit en Grand Chelem ou en Coupe Davis, où le double reste le point de passage essentiel. D’autres diront, à juste titre, le point décisif. Laurent Trupiano

Le panthéon tricolore Roland Garros 1984 Yannick Noah/Henri Leconte

Open d’Australie 2003 et 2004 Fabrice Santoro/Michael Llodra

Wimbledon 2007 Michael Llodra/Arnaud Clément

Une victoire à Roland Garros, en 1984, l’année après le titre de Yannick, beaucoup d’explosivité entre la fougue de Noah et l’aisance technique de Leconte. Enfin, la fameuse complémentarité du droitier et du gaucher, ce qui, en double, reste une arme fatale.

« Mika » est sûrement l’un des plus grands spécialistes français de cette dernière décennie, puisqu’il a su remporter trois titres du Grand Chelem, plus de nombreuses autres grandes épreuves du circuit avec plusieurs types de joueurs et à des périodes différentes. Avec Fabrice Santoro, il y a eu une osmose efficace, notamment au pays des kangourous. Une osmose qui s’est concrétisée par deux titres consécutifs à Melbourne.

Associée en Coupe Davis, la paire décide de faire ses armes sur le circuit et c’est l’herbe qui lui sourit. Sauvant une balle de match au second tour, les Tricolores s’imposent face à la paire mythique des frères Bryan en quatre manches. Terrific !

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BRAVO AUX CROCODILES, LACOSTE FÉLICITE ÉDOUARD ROGER-VASSELIN ET JULIEN BENNETEAU POUR LEUR VICTOIRE À ROLAND-GARROS.


GRANDCHELEM FRANCE

Alexandra Fusai

« On surfe sur une belle dynamique »

Alexandra Fusai, responsable du haut-niveau féminin du département 16 ans et plus, dresse, pour GrandChelem, un bilan à mi-saison. Et elle a de quoi se réjouir ! Alexandra, votre plus grande satisfaction reste forcément le retour de l’équipe de France dans le Groupe Mondial, en Fed Cup... C’était un de nos objectifs ; il a été atteint – et avec la manière ! On savait qu’Amélie Mauresmo, par son expérience, allait apporter beaucoup à l’équipe. Cela s’est concrétisé sur le terrain, où nos joueuses ont osé et se sont montrées conquérantes, avec un état d’esprit irréprochable.

©Christophe Saïdi/FFT

Amélie semble, en effet, avoir trouvé les mots, notamment avec Caroline Garcia... Je dirais plutôt avec toutes les joueuses, même s’il est vrai qu’aux Etats-Unis, c’est Caroline qui a porté l’équipe. C’est une victoire collective et, cette année, chacune des filles a apporté sa contribution, que ce soit contre les Suissesses ou les Américaines. Mais la réussite de Caroline est aussi le fruit du travail qu’elle fournit au quotidien avec tout son staff. Il n’y a pas de hasard, elle bosse beaucoup et elle est arrivée en Fed Cup avec énormément de confiance, suite à un enchaînement de victoires et à son premier titre à Bogota, avec des performances face aux meilleures joueuses mondiales. C’est aussi le cas de Kristina Mladenovic et Alizé Cornet, qui ont toutes les deux réalisé de très grosses perfs à Roland Garros et Wimbledon... Une fois de plus, Kristina, à Roland Garros, a confirmé son potentiel et sa capacité à battre les toutes meilleures. C’était très émouvant de la voir sortir Na Li avec ce panache. Plus récemment, le succès d’Alizé

Cornet face à Serena Williams à Wimbledon ne m’a pas surprise, car Alizé est en forme, avec des victoires sur des joueuses du Top 10 mondial. Son tempérament de combattante se vérifie chaque semaine. Même si elle n’a pas pu, par la suite, confirmer sa performance face à Eugenie Bouchard, je suis certaine qu’elle n’est pas très loin d’une fin de deuxième semaine dans un tournoi du Grand Chelem. Puisqu’on parle de Wimbledon, c’est quand même assez surprenant de voir deux joueuses de la République Tchèque en demi-finale. Est-ce qu’on ne pourrait pas s’inspirer de leurs méthodes ? Bien sûr que le succès est toujours source d’inspiration, mais chercher à copier un modèle n’est pas un gage de réussite. Chaque nation a ses spécificités, sa culture. Cette réussite des Tchèques nous motive au quotidien et nous prouve que c’est possible. On a beaucoup parlé de l’élite... Qu’en est-il des filles qui se battent chaque semaine pour atteindre le Top 100 ? Ce n’est pas facile toutes les semaines pour elles. Elles s’investissent énormément, font beaucoup d’efforts, de sacrifices, mais sont bien moins médiatisées. C’est pour cela que nous sommes très heureux du parcours de Pauline Parmentier à Roland Garros. Elle a connu une période de doutes, suite à sa blessure l’année dernière, mais elle n’a jamais renoncé. Et, petit à petit, elle a retrouvé son niveau et a réussi à exprimer son jeu. Elle s’est comportée en patronne sur le court et cela a payé.

On avait suivi Claire Feuerstein de près il y a quatre ans. Sa victoire dans le tableau final à Roland Garros a dû être un petit aboutissement, tout comme sa sélection en Fed Cup... Je ne crois pas. Claire a plus d’ambition que cela, donc le mot « aboutissement » est mal choisi. Je dirais que c’est un point de passage, tout simplement. Il y a un grand chantier autour du tennis féminin afin de redynamiser la pratique. Toutes ces bonnes performances, cette visibilité, ce sont forcément des points positifs... C’est évident que cela peut être un accélérateur tant pour les clubs, que pour nos espoirs, car on connaît bien le phénomène d’identification qui peut avoir lieu dans l’ensemble des clubs du territoire. Avoir des résultats au sommet de la pyramide entraîne forcément un élan à la base. Mais on sent que ce mouvement est en place jusque chez nos joueuses espoirs. On surfe sur une dynamique positive, c’est certain. Alizé, Kristina et Caroline battent régulièrement les meilleures joueuses du monde dans des événements majeurs. C’est un signe fort et on peut donc s’attendre à d’autres belles aventures d’ici la fin de l’année. Après une période difficile, tous les voyants sont au vert ? Je vous rappelle juste, car vous semblez l’oublier, que, l’an dernier, à la même époque, on fêtait le titre de Marion Bartoli à Wimbledon...

Eric Winogradsky

« Il y a une véritable émulation chez la jeune génération »

©Christophe Saïdi/FFT

Pour Eric Winogradsky, responsable du haut-niveau masculin du département 16 ans et plus, les motifs de satisfaction sont nombreux après ces sept premiers mois de compétition. Avec, en toile de fond, une relève bel et bien présente ! Eric, on parle souvent du sommet de la pyramide du haut-niveau. Et, pourtant, ça bouge aussi pas mal derrière cette élite... Evidemment, et le parcours de Laurent Lokoli à Roland Garros l’a confirmé. Il y a, en effet, une jeune génération qui pointe le bout de son nez avec des évolutions et des progressions très intéressantes. Notre objectif est de les accompagner au mieux et de maximiser leurs chances de réussite. On sait aussi que tous n’y parviendront pas... C’est la dure réalité du haut niveau, mais l’ensemble des joueurs, quel que soit leur âge, ont intégré cette notion. Qu’ils soient à l’INSEP, au CNE ou en parcours associés, tous sont au contact du circuit, tous ont une vraie approche de cette réalité. A la DTN, notre objectif est d’ailleurs d’être en contact permanent avec ces athlètes, de les suivre au plus près et de leur apporter un accompagnement socioprofessionnel qui leur permet de jouer libérés, tout en préparant leur avenir. Les aider également avec certaines wild-cards qui peuvent faire la différence ? Les wild-cards servent de tremplin et donnent des coups d’accélérateur, d’où la nécessité d’un circuit international en France pour aider nos jeunes.

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A propos de la jeune génération, on se focalise quelques fois sur les tournois du Grand Chelem Juniors. Là aussi, il y a eu de beaux parcours avec la demi-finale de Quentin Halys à Roland Garros et celle de Johan-Sébastien Tatlot à Wimbledon... Un bon travail a été fait à l’INSEP avec ces deux joueurs. Je précise que les tournois du Grand Chelem Juniors sont très importants dans le processus d’apprentissage, même si il y a d’autres chemins. Quand vous parlez de la dureté du circuit adulte, vous pensez notamment aux Futures ? Oui, c’est un bon exemple. Il y a beaucoup de prétendants, le niveau est élevé et il y a peu de points et d’argent à gagner. C’est pour cela que je ne peux que me réjouir des succès acquis dernièrement par nos meilleurs espoirs dans ces catégories de tournois. Vous êtes donc satisfait des résultats de cette jeune génération ? Comme je le soulignais en préambule, nous savons qu’une bonne émulation et une concurrence saine permettent à nos meilleurs espoirs de progresser. J’ai aussi beaucoup aimé l’attitude d’Axel Michon,

qui a honoré de très belle manière sa wild-card à Roland Garros. Enfin, j’ai une pensée pour Guillaume Rufin, victime d’une nouvelle blessure aux abdominaux juste avant le rendez-vous de la Porte d’Auteuil. Et je reste très attentif aux performances de Pierre-Hughes Herbert ! Un petit mot sur Wimbledon : on a vu Nick Kyrgios, 19 ans, casser la baraque avec un service de feu du haut de son mètre 93. Ce joueur représente l’avenir du tennis ? Bien sûr, Kyrgios semble promis à un très bel avenir, mais je ne pense pas qu’il faille croire à un type de joueur unique. Surtout, il faut laisser sa chance à chacun. Bien sûr, être grand peut être un avantage, mais regardez Nishikori, ce n’est pas un géant et il est tout proche du Top 10.


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5ème Open de Nice Côte d’Azur

Ernests Gulbis, un vainqueur prestigieux Du 18 au 24 Mai, il y avait du beau monde sur la Côte d’Azur, et c’est le Letton Ernests Gulbis qui s’est imposé face à l’Argentin Federico Delbonis. Avec ce titre, le cinquième dans sa carrière pour cinq finales jouées, Gulbis avait donc prévenu ses adversaires juste avant le tournoi de Roland Garros. Et cela s’est bien passé pour lui par la suite puisqu’il a atteint pour la première fois le dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem.

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RENDEZ-VOUS juillet à sept. 2014 ATP

14 au 20 juillet

Hambourg (ATP 500) Bogota (ATP 250)

21 au 27 juillet Atlanta (ATP 250) Gstaad (ATP 250) Umag (ATP 250)

28 juillet au 3 août Washington (ATP 500) Kitzbühel (ATP 250)

4 au 10 août

Toronto (Masters 1000)

10 au 17 août

Cincinnati (Masters 1000)

17 au 23 août

Winston Salem (ATP 250)

25 août au 7 septembre US Open (Grand Chelem)

WTA

14 au 20 juillet

Bastad (International) Istanbul (International)

21 au 27 juillet Baku (International)

28 juillet au 3 août

Stanford (Premier) Washington (International)

4 au 10 août

Montréal (Premier)

11 au 17 août

Cincinnati (Premier)

18 au 24 août

New Haven (Premier)

25 août au 7 septembre US Open (Grand Chelem)

8 au 14 septembre Hong-Kong (International) Québec (International) Tashkent (International)

Coupe Davis

les petits potins

GENIE ET BEATRICE, ROYALES JUMELLES ! « Dans la famille Bouchard, je voudrais... la fille ! » « Euh... oui, mais laquelle ? » « Comment ça, laquelle ?! La seule, l’unique, l’irremplaçable... Eugenie, Genie pour les intimes, nouvelle coqueluche du petit monde du tennis ! » Et bien oui, Messieurs – Mesdames aussi, qui sait –, vous pouvez tenter votre chance avec Eugenie qui, aux dernières nouvelles, était un cœur à prendre. Les yeux dans ses yeux, vous lui susurreriez des mots dégoulinant d’amour, la main tremblotante et la truffe dans une rose. Mais la Canadienne n’est pas une fille facile... On ne la lui fait pas : une seconde, deux secondes. La gifle part. Trois secondes : vous êtes penaud, ridicule, la joue vous brûle, la rose, brisée, pendouille misérablement au bout de sa longue tige. C’est raté, vous n’aurez pas Genie. Mais, non, tout n’est pas perdu ! Car vous pouvez toujours tenter votre chance, dans la foulée, avec... Beatrice, sa sœur jumelle, plus vieille de six minutes. Oui, Eugenie a une sœur jumelle, histoire de pimenter vos parties électriques avec mamie au jeu des 7 familles. Et cette Beatrice commence à se construire sa petite renommée sur Twitter et Instagram, à coups de photos de bouffe et de tranches d’un quotidien... passionnant. Etudiante à la John Molson School of Business de l’université de Concordia, à Montréal, où elle passe un bachelor en gestion et management, elle est la première supportrice de sa « petite » sœur... et a ses argument aussi pour convaincre une gent masculine en mal de sensations. « Sur les réseaux sociaux, les gens ont découvert qui était ma soeur et j’ai des fans qui la suivent et qui vont sur Facebook », racontait Eugenie durant Roland Garros. Eugenie... Beatrice... Cela ne vous rappelle rien ? Bon, moi non plus, n’étant pas un spécialiste de la famille royale britannique. Mais, si-si, les deux filles ont été nommées en hommage aux Princesses Eugenie et Beatrice, progéniture de Sarah Ferguson et du Prince Andrew, Duc d’York, cinquième dans l’ordre de succession au trône. Une Princesse Eugenie qui, d’ailleurs, était dans les tribunes pour la finale de son homonyme face à Petra Kvitova. « C’était dingue, je l’ai vue dans la Royal Box ! » s’est enthousiasmée la Canadienne, malgré sa déception. « Je suis vraiment heureuse qu’elle soit venue. Triste de ne pas avoir réussi à lui montrer de meilleures choses, mais j’adorerais la rencontrer, bien sûr. C’est pour elle que je m’appelle Eugenie, c’est assez unique. » Car, si vous ne l’aviez pas compris, les parents Bouchard sont de vrais fans de la « royal family », certains diront « un peu toqués » quand même... mais on ne leur en veut pas. Ils ont fait du bon boulot avec leurs p’tiotes. Non ?

DJOKOVIC DIT « OUI » AU PARADIS

12 au 14 septembre

France-République Tchèque (½ finale) Suisse-Italie (½ finale)

Jaguar Trophy la dernière ligne droite ! Pour gagner le droit de défier la paire Llodra/Mahut, il va falloir suer ! D’autant que Mika et Nico sont en forme, après avoir atteint les demi-finales à Wimbledon. Visiblement, les participants ont compris le message et ils sont venus en nombre pour participer aux phases qualificatives du Jaguar Trophy, qui se sont déroulées, notamment, au Tennis des Pyramides, à Port Marly, à Avignon, Nancy, Marne-la-Vallée, Wantzenau, Orléans... D’autres rassemblements sont encore prévus du côté de la Corse, ainsi qu’à Tours et à Cabourg. A l’issue des ces épreuves qualificatives, les meilleures paires de double se retrouveront donc à St-Quentin-enYvelines le lundi 22 septembre. La fête promet d’être belle !

Novak Djokovic est un nouvel homme. Et oui, le Serbe s’est marié avec sa fiancée, Jelena Ristic, dans la très belle bourgade de Sveti Stefan, au Monténégro. Mariage civil le jeudi 10 juillet, mariage religieux le samedi 12 au monastère de Praskvica... Le Serbe n’a pas fait les choses à moitié pour l’occasion : il a privatisé le luxueux Aman Sveti Stefan, un hôtel qui occupe la presque-île idyllique où se tenait le village originel, avant que le lieu soit transformé en resort de luxe dans la première moitié du XXème siècle. Viktor Troicki, Janko Tipsarevic, Marian Vajda, Boris Becker... Les proches de Nole étaient évidemment de la noce. Une chose est sûre : le soleil était au rendez-vous ! De quoi augurer d’un avenir radieux pour les deux amoureux, avec une naissance à venir...

10 135 fans Mardi 14 juillet 2014, à 17h00

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Babolat Play, un lancement réussi !

Ca y est ! La Babolat Play est dans les rayons et elle suscite toujours autant de curiosité. Pour comprendre le phénomène, nous avons interrogé les spécialistes-tennis qui ont fait le choix de la distribuer et de participer à cette révolution. Une autre façon de vendre ? Jérôme Coing (Tennis Store, Nancy) : Il est certain que la Babolat Play change notre approche. C’est un produit à part, qui demande d’être capable d’en expliquer l’ensemble des particularités. Mais on a été formé au préalable et l’on possède tous un écran où l’on peut faire une démonstration en live au client. Cela change un peu de notre quotidien, au final, et ce n’est pas plus mal. Grégory Binet (Balle de Match, Metz) : Je dirais que j’ai accueilli trois types de clients dans mon magasin : ceux qui étaient au courant, car beaucoup d’articles sont parus sur le sujet, ceux qui la découvraient et, enfin, les fanatiques de technologie. D’ailleurs, ce sont eux qui ont été les premiers à l’acheter. Je les appelle les fans de « la pomme » (NDRL : Apple) (rires). Par ailleurs, pour permettre au produit d’être encore plus connu, j’ai organisé une journée de tests à l’ASPTT Metz, le plus gros club de la région. Cela a eu un vrai impact. Frédéric Cayssial (Draguignan Cayssial Tennis) : Il est évident qu’il faut un peu changer ses « techniques » de commercialisation, mais Babolat nous a donné des outils qui permettent tout cela, avec, notamment, le présentoir spécifique. Je dirais que, dans mon cas, la commercialisation a aussi eu lieu en-dehors de mon magasin. Par exemple, dans les clubs où j’ai prêté un cadre, lors d’animations. De mon côté, je me suis concentré sur cet axe, car j’ai considéré qu’un club pouvait acquérir une raquette, comme il le fait pour un radar ou un autre outil pédagogique. Et j’avoue que cela fonctionne bien. 399 euros, un prix trop élevé ? Jérôme Coing : C’est effectivement la première fois qu’on vend un produit à ce prix, donc il peut y avoir des freins. En même temps, il faut aussi comprendre que la Babolat Play est plus qu’une raquette classique, ce que les clients ont bien perçu. Elle arrive aussi à un moment ou le marché est un peu tendu. Et cela n’a finalement rien à voir avec son prix. Grégory Binet : Pour moi, si l’on sort de l’idée que c’est une raquette, il faut comparer le prix de la Babolat Play avec celui d’autres objets connectés de la vie de tous les jours. A partir de là, on est dans les standards pour ce type de produits. Je n’ai pas senti de freins de mon côté et je n’ai pas eu de remarques là-dessus.

Frédéric Cayssial : 399 euros, cela reste une somme importante. Il faut savoir gérer cette situation et cela dépend aussi de la nature de l’achat pour les clubs avec qui on travaille régulièrement. Dans le fond, cela ne peut pas être un frein, car beaucoup ont compris l’utilité de cette innovation au quotidien. Et maintenant ? Jérôme Coing : Le produit est jeune, donc il s’agit de le « travailler », comme on dit. Je ne suis pas inquiet, l’idée de la connexion est une tendance lourde. On sait aussi qu’il y aura bientôt d’autres modèles de la gamme qui vont être équipés de cette technologie. Grégory Binet : On est encore dans la première vague d’acheteurs. Pour la suite, je pense que ce produit est idéal pour la période des fêtes. Il va y avoir un élan, car, si on veut offrir un cadeau à un passionné, avec la Babolat Play, il sera comblé ! Frédéric Cayssial : Je dirais qu’il faut continuer à expliquer, à persuader, à convaincre. Prochainement, on va faire une journée de tests devant le magasin avec un petit court que l’on va mettre en place. Il ne faut pas relâcher la pression (rires).

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Un mot pour résumer ? Jérôme Coing : J’ai choisi le mot « communauté », car je suis convaincu de l’aspect ludique du produit, avec l’application. C’est dans l’air du temps de se comparer et cela correspond à une vraie vision du tennis de demain. Pouvoir progresser dans le classement mondial de la Babolat Play, c’est une source supplémentaire de motivation pour jouer. C’est positif pour la pratique du tennis. Grégory Binet : Le mot « spécialiste », car c’est notre réseau de spécialistes-tennis qui a été privilégié par Babolat pour distribuer cette innovation. Je trouve que c’est valorisant pour notre profession, cela nous donne un plus par rapport à la grande distribution. Et cela confirme qu’en termes de qualité de service et de conseils, on sera toujours là ! Frédéric Cayssial : « Progrès ». En effet, quand elle est associée à un programme de coaching, comme on le fait avec certains professeurs, la Babolat Play est un formidable outil d’évaluation pour prendre conscience des évolutions de son jeu.

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Patrice Dominguez

« L’Open de Biarritz se déroule dans un club historique, c’est sa grande qualité » L’Open GDF Suez de Biarritz (100 000$), qui s’est déroulé du 5 au 12 juillet 2014, est aujourd’hui bien installé dans le calendrier. Son Directeur, Patrice Dominguez, est donc un homme heureux, car, comme le bon vin, plus le temps passe, plus l’événement se bonifie. Interview. Organiser un tournoi féminin au sein du club du Biarritz Olympique, temple du tennis, cela doit être un challenge motivant, année après année ! C’est vrai qu’il y a pire comme lieu emblématique. Tous les spécialistes savent que Jean Borotra a été l’une des figures du club. Je me souviens d’avoir eu la chance de jouer avec lui, d’ailleurs. Ce fut un pur bonheur... Ce n’est pas anodin si je parle du Basque bondissant : ce tournoi reflète ses valeurs. C’est-à-dire celles de la tradition et de la convivialité. L’Open de Biarritz se déroule dans un club historique, ce n’est pas anodin, c’est sa grande qualité.

la municipalité dont le soutien est permanent. Il en va de même pour le Conseil Général et le Conseil Régional. Ces partenariats locaux très forts nous confortent dans notre positionnement. Nous sommes un événement de la côte basque, je dirais même un événement qui lance la saison estivale.

La grosse vague des touristes arrive les semaines suivant la finale. Il ne faudrait pas retarder le tournoi d’une semaine ? Pas du tout, cette date est idéale, elle nous convient parfaitement. On veut la garder et, ce, même si le tournoi de Wimbledon sera retardé d’une semaine en 2015.

Ce qui est d’autant plus important que la région valorise souvent des disciplines plus masculines, le rugby, la pelote basque... Exactement, c’est aussi l’un des axes de notre stratégie de communication. Pendant une semaine, au Biarritz Olympique, la féminité est au centre des préoccupations.

Le plateau est toujours assez relevé. Cela veut dire que vous activez votre réseau pour y parvenir ? Un peu, mais pas plus que cela. En fait, le tournoi jouit d’une belle renommée et le club se modernise chaque année. On peut donc s’appuyer sur un outil de plus en plus performant. J’en profite, d’ailleurs, pour remercier

Le tennis féminin est fortement soutenu par GDF Suez, mais rien n’est jamais gagné d’avance, comme on a pu le constater avec le tournoi de Coubertin... C’est vrai, mais, de ce côté-là, on est rassurés car GDF Suez nous a confirmé que notre événement n’était pas menacé. Cela aussi, c’est une récompense de notre travail.

C’est pour cela que l’accès est gratuit ? Pas seulement, mais il est vrai qu’on tient à cet accès libre. Cela donne une dimension populaire et ouvre aussi le club le temps d’une semaine. C’est une belle promotion du tennis féminin.

Avec tous ces atouts, est-ce que la solution ne serait pas de monter en gamme ? Pourquoi faire (rires) ? Pour être encore plus visible ! J’ai un peu d’expérience sur la question (rires). L’Open de Biarritz fonctionne très bien comme cela. Il remplit son cahier des charges et l’on peut encore et toujours améliorer des choses. Tenez, cette année, on a eu la chance d’accueillir, pour la première fois, Jean Gachassin et Martine Gérard, chargée du tennis féminin. Voilà une nouvelle marque de reconnaissance. On a beaucoup parlé de business, mais, au niveau sportif, où situez-vous le tournoi ? C’est une épreuve qui permet de révéler de futurs talents, même si elle se joue sur terre battue juste après une courte saison sur gazon. Elle est devenue une étape pour des joueuses qui veulent s’aguerrir. J’ai, notamment, en tête la victoire de l’Allemande Julia Goerges en 2010, qui a un peu lancé sa carrière. C’est également une date importante pour les Françaises, dont Pauline Parmentier, lauréate en 2011, qui est revenue cette année. Elle vient du nord, mais elle est presque devenue une régionale de l’étape !

Kaia Kanepi

s’impose sur la côte basque ! C’est une joueuse confirmée, Kaia Kanepi, qui a remporté la 12ème édition de l’Open GDF Suez de Biarritz. L’Estonienne, tête de série numéro un, a dominé la Brésilienne Teliana Pereira, tête de série numéro deux, en deux manches 6-2 6-4. Un succès logique, tant Kaia a semblé à son aise au fil des tours. Ce titre, le premier de sa saison, lance aussi son année, alors qu’elle avait débuté la semaine au 66ème rang mondial. On rappelle que cette joueuse était encore classée dans le Top 20, à la 15ème place pour être exact, en août 2012.

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Open GDF Suez de Cagnes sur Mer Alpes Maritimes Une 17ème édition haute en couleurs

La Canadienne Sharon Fichman a remporté l’Open GDF SUEZ de Cagnes-sur-Mer Alpes-Maritimes en battant en finale la Suissesse Timea Bascinszky 6-2 6-2. Elle succède ainsi au palmarès à la Française Caroline Garcia. Résumé d’une semaine réussie en 11 clichés .

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La Coupe Soisbault 2014 un rendez-vous à ne pas manquer du 4 au 6 Août

Le directeur de l’organisation de la Coupe Soisbault au TC Granville, Roger Davy, revient, pour GrandChelem, sur le pourquoi et le comment d’un tel événement au TC Granville. Véritable Fed Cup Junior, cette épreuve s’est décidément installée sur les bords de la Manche. Entretien. La Coupe Soisbault se déroule tous les deux ans à Granville. Mais pourquoi le club du TC Granville est-il attaché à cette compétition ? La Coupe Annie Soisbault-Reina Cup permet de faire découvrir le tennis féminin de haut-niveau aux amateurs de tennis de Granville, du département et de la Normandie. Ainsi qu’aux nombreux touristes présents dans cette période estivale ! Ce sont, tout simplement, les huit meilleures équipes européennes de moins de 18 ans qui participent à l’événement. Ce n’est pas pour rien qu’on dit de cette compétition qu’elle est un peu une Fed Cup Junior. Depuis 1995, une centaine de joueuses venues sur nos terres ont été, par la suite, parmi les 100 premières mondiales. Sept d’entre elles ont été classées dans le Top 10. Enfin, il y un coté un peu mystérieux à cette compétition, car les jeunes filles qui viennent à Granville ne sont pas encore très connues en-dehors de quelques-unes qui arrivent avec un titre de championne d’Europe Junior ou en ayant, par exemple, joué dans un tableau final à Melbourne, à Wimbledon ou à Roland Garros Juniors. Ce sont quelques années plus tard que se confirment ces talents. Je pense, notamment, à Amélie Mauresmo,Tatiana Golovin, Francesca Schiavone, Anastasia Myskina, Elena Dementieva, Sara Errani, Lucie Safarova et, plus récemment, Garbine Muguruza et Caroline Garcia. L’autre point important sur lequel je veux insister, c’est que cet événement permet de mobiliser une belle équipe de bénévoles, dont une dizaine d’adolescents et de jeunes ramasseurs des clubs du département, âgés de 8 à 16 ans. Et, bien sûr, de rassembler de fidèles partenaires ! Quelle est l’édition qui vous a le plus marqué, pour l’instant ? C’est très difficile de répondre à cette question, mais sûrement la phase qualificative de 1997, car l’équipe de France était composée d’Amélie Mauresmo, Nathalie Dechy et Emilie Loit, et très bien encadrée par Anne-Marie Rouchon. Elles ont ensuite remporté la phase finale à Lerida. C’est la dernière fois que la France s’est imposée dans cette épreuve. Je m’en souviens bien, car, cette année, nous avions la Coupe Davis en exposition, elle était arrivée en fourgon blindé. Cette épreuve révèle des talents... Il y a une joueuse qui vous a tout de suite impressionné quand elle est arrivée ? Ou un souvenir plus marquant que les autres ? L’édition 1996, avec la finale remportée par l’équipe slovaque face à l’Espagne au terme d’un double décisif qui avait duré 2h45. Le suspens était exceptionnel... On préparait l’hymne espagnol, puis l’hymne slovaque et les drapeaux au bon endroit, mais cela changeait toutes les trois minutes. Pour les joueuses, et c’est toujours plus facile de le dire après coup, Caroline Garcia m’a beaucoup plu par son envie d’aller vers l’avant, ainsi qu’Anna Schmiedlova, par sa ténacité. Quelles sont les difficultés pour parvenir à organiser une telle épreuve ? Bien évidemment, c’est toujours l’équilibre financier qui reste l’inquiétude première, mais nous avons très sincèrement de vrais partenaires qui nous soutiennent et, ce, qu’ils soient publics ou privés. Grâce à ces partenariats, je reste serein et toute mon équipe est encore prête à faire de belles choses pour promouvoir le tennis et notre belle région. Nous avions fait un gros effort financier en 2012, grâce à ces partenaires, pour loger les équipes dans un site exceptionnel. Et nous ne le regrettons pas du tout.

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C’est la 49ème édition, cette épreuve a lieu tous les deux ans, en alternance avec l’Espagne... mais où aura lieu la 50ème édition ? Effectivement, depuis 1995, la phase finale se déroule alternativement tous les deux ans entre Granville et Lerida, ville à 100 kilomètres à l’ouest de Barcelone. Mais cet anniversaire ne pouvait que se dérouler en France (NDLR : la coupe a été créée par Annie Soisbault, fille d’un ancien Président de la FFT dans les années 60) et à Granville, dans la Monaco du Nord. D’ailleurs, je tiens vraiment à remercier la fédération espagnole qui a donné son accord, comme en 2005 pour le quarantenaire. Celui-ci s’était déroulé au même moment que le centenaire de la naissance de Christian Dior, dont les jardins et la maison natale sont nos plus proches voisins. D’ailleurs, depuis quelques années, la cérémonie d’ouverture, la présentation des équipes et le tirage au sort ont lieu dans cet endroit verdoyant et magique. C’est une très belle nouvelle... On imagine que vous avez des idées pour en faire un événement important ? Nous y réfléchissons depuis quelques mois, mais je ne vais pas tout vous dévoiler ! Allez, je vous livre un indice... Le chiffre 50 est très important pour nous. 50 ans, dans la ville du département 50, la Manche. Nous aurons aussi une très grande pensée pour notre amie Annie qui nous a quittés en septembre 2012. Avec mon équipe, dont quelques fidèles depuis 1995, nous aimerions vraiment faire revenir les joueuses de l’équipe de France de 1997. Et, puisque nous sommes dans les rêves, nous pourrions aussi espérer une nouvelle venue de la Coupe Davis ou de la Fed Cup ! Revenons à cette édition de 2014 : vous avez prévu des animations spéciales autour de l’épreuve ? Nous partons dans l’idée que l’édition 2014 sera intermédiaire et assez « light » sur les animations. Plutôt une reprise de ce qui existait les années antérieures. Nous en gardons sous le coude pour 2015 (rires) ! La venue des enfants des centres aérés, le clinic pour les 50 petits ramasseurs... L’occasion de tirer un coup de chapeau à Catherine Coudrin et ses collègues qui gèrent tout ce petit monde depuis 1995 – et, croyez-moi, ce n’est pas une sinécure ! Enfin, une nouvelle découverte des 25 photos de joueuses de notre amie Chryslène Caillaud, du 14 juillet au 15 août, sur le Plat Gousset, point de départ de l’accès vers le jardin Christian Dior et le Tennis Club. Nous espérons aussi une visite surprise pour la finale et la remise de la coupe... Une dernière anecdote à raconter, qui symboliserait cette épreuve ? Anecdote, je ne sais pas, mais le point de départ de la création nonofficielle d’une commission de jeunes, en 2010, en laquelle j’ai une totale confiance. Cette compétition est une occasion sympathique de se retrouver, pour cette dizaine d’étudiantes et étudiants, qui participeront au plaisir d’une organisation sérieuse et conviviale, comme l’est l’ensemble de notre fonctionnement. Lors de l’édition 2012, ces jeunes ont travaillé en parfaite harmonie avec le jugearbitre et toute l’équipe : prise de photos pour envoi vers les médias et Tennis Europe, mise en place d’un concours-photo ouvert à tous, concours de pronostics... Cette année, ils ajouteront la remise d’un prix orange à une joueuse ou une équipe et ils travaillent actuellement sur le site internet et les nouvelles techniques de communication, comme Facebook.

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Roger Davy et Annie Soisbault


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Dominique Baudry « Il s’agit de soutenir le parcours de jeunes joueuses et de leur offrir un cadre exceptionnel pour une compétition... hors du commun ! » La Mairesse de Granville, Dominique Baudry, revient sur l’implication de sa ville dans la Coupe Soisbault et se projette déjà vers le cinquantenaire en 2015.

Dominique Baudry

Pourquoi avoir fait le pari du tennis féminin ? La Ville de Granville est résolument tournée vers le sport et l’excellence. Le sport, tout d’abord, puisque, par sa situation en bord de mer, au sein de la baie du Mont-Saint-Michel, Granville a su développer un large panel d’activités sportives en y adossant des infrastructures de qualité : le centre régional de nautisme, première école de voile de France en termes de fréquentation, la Cité des Sports, complexe multisports capable d’accueillir des compétitions d’envergure nationale, le golf, véritable links conçu par l’un des plus grands architectes de l’avant-guerre… Le tennis trouve naturellement sa place grâce au Tennis Club de la Falaise, installé à proximité du prestigieux musée Christian Dior et se distingue par l’organisation de nombreux tournois. L’excellence, par ailleurs, c’est le positionnement et l’ambition que je me donne, avec l’équipe municipale et mes collaborateurs, dans tous les domaines. A ce titre, fort de la Coupe Soisbault, le tennis féminin répond à nos objectifs : il s’agit de soutenir le parcours de jeunes joueuses internationales et de leur offrir un cadre exceptionnel pour l’organisation de cette compétition hors du commun. La maison Dior, la Coupe Soisbault... On peut dire que Granville sera la capitale de l’élégance en août ! Sans aucun doute, l’exposition proposée au sein du musée Christian Dior met à l’honneur la mode et la photographie et attire, chaque jour, un public plus nombreux, amateur de modèles de haute-couture et de clichés d’exception. La grâce et l’élégance caractérisent également les joueuses de tennis qui participent à la Coupe Soisbault, sans oublier, bien sûr, les élégantes Granvillaises qui flânent dans nos rues et le long de notre promenade bordant la mer, le Plat Gousset !

On connaît moins Granville que Deauville ou Trouville. Est-ce que le tennis peut être un axe de communication pour faire connaître la ville ? Naturellement, le tennis constitue un vecteur de communication très important et peut contribuer à promouvoir la destination Granville à l’échelle nationale. Nous ne sous-estimons pas cet axe, c’est la raison pour laquelle nous sommes attachés à cette compétition et continuons de la soutenir chaque année. Je n’oublie pas que de nombreuses championnes ont foulé les terrains de tennis granvillais avant de se lancer dans une carrière professionnelle. L’an prochain aura lieu les 50 ans de la Coupe Soisbault, à Granville. Est-ce que vous envisagez de mettre en place une édition un peu spéciale ? Nous sommes très fiers de porter cet événement que constitue le 50ème anniversaire et, oui, nous réfléchissons d’ores-et-déjà à la dimension que nous allons lui donner. Notre volonté est de médiatiser largement cet événement. Dans cette perspective, il nous faudra être innovants et créatifs pour attirer les médias et les personnalités auxquelles nous pensons… Mais je ne peux pas tout dévoiler maintenant... patience ! Le sport reste un formidable outil d’insertion qui permet aussi de réaliser des rêves. Des animations sont prévues dans ce sens, cette année ? Absolument. Nous proposons à près d’une centaine d’enfants de 6 à 12 ans, issus des accueils de loisirs du bassin granvillais, de venir découvrir la compétition lors d’une demi-journée qui leur est dédiée. Et les jeunes du club de Granville ont l’opportunité d’être ramasseurs de balles durant ces trois journées. L’occasion de côtoyer et d’échanger avec les championnes et de bénéficier d’un clinic avec le fournisseur de balles.

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LE JOURNAL D’ISP Bastien Fazincani est coach à l’ISP Academy. Il vous fait partager son quotidien dans le Journal d’ISP, à chaque numéro.

FOCUS Secrets d’agents... Le mois dernier, sur un tournoi international -12 ans, j’ai croisé un ami, entraîneur lui aussi (Tony M., si tu me lis, ça y est, te voici dans GrandChelem !), qui accompagnait des joueurs de sa Ligue. D’ailleurs, ma joueuse perdra au troisième tour contre une des siennes (Tony, pour la peine, ce sera ton dernier GrandChelem...).

Avec Tony, on a toujours des discussions interminables sur des sujets que seuls deux entraîneurs passionnés jusqu’à la moelle peuvent trouver intéressants. Bien sûr, on parle principalement du niveau international des Juniors, du genre : la formation dans les clubs s’en inspire-t-elle assez ? Développe-t-on suffisamment les qualités mentales dans les entraînements ? Les différences entre Français et étrangers, pourquoi (notre sujet préféré !) ? Au fil des échanges, je lui explique que certains agents nous sollicitent de plus en plus souvent pour approcher des joueurs évoluant chez nous. C’est un des aspects, concernant nos meilleurs jeunes, que nous gérons de très près à l’ISP, sachant qu’en France, un agent ne peut signer un contrat avec un joueur avant l’âge de 18 ans, contre 12 ans à l’étranger. Il me posa, alors, une question pertinente : « Tu penses que, pour un bon jeune qui atteint un certain niveau, s’entourer d’un agent est vraiment nécessaire ? Peut-il réussir sans ? » C’est vrai que, si l’on connaît bien l’utilité d’un agent pour les joueurs de haut-niveau (négociation de contrats en tous genres, gestion et développement de l’image du joueur, etc.), on a moins connaissance du rôle qu’il pourrait jouer auprès de jeunes ou très jeunes joueurs. C’est même souvent considéré comme un peu... malsain.

ISP AWARDS Li YUENU – CHINE

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n novembre 2013, pour la première fois depuis sa création, l’ISP a accueilli une joueuse chinoise au sein du Team Pro, un programme intensif spécialement adapté pour la formation au haut-niveau. Li Yuenu, 15 ans, s’entraîne tous les jours avec deux autres joueuses étrangères ayant le même projet. Les journées sont à l’image de sa motivation : quatre heures d’entraînement tennis et physique le matin, cours d’anglais et de français à l’école après le déjeuner, puis deux nouvelles heures d’entraînement au tennis, avant 1h30 de stretching en fin de journée. Malgré le changement de culture, elle a réussi à s’adapter très rapidement au rythme des entraînements ainsi qu’à la vie, ici, en France, pourtant si différente de ses repères natals. A son arrivée, elle ne parlait ni anglais, ni français, alors on communiquait par gestes. Je lui montrais ce qu’elle devait faire sur le terrain à base de « Okay, Li ? » « Okay ! » C’était comique, mais, en y repensant, elle n’en a qu’encore plus de mérite. Aujourd’hui, c’est plus facile, elle a vraiment trouvé sa place dans l’académie, parle très bien anglais et commence même à comprendre le français !

Consciente de son potentiel et soutenue à 200% par sa famille et ses sponsors, elle affiche clairement ses ambitions en ne souhaitant pas seulement être une bonne joueuse de tennis, mais en voulant devenir une des meilleures du monde. Bien sûr, nous ne pouvons pas lui promettre d’y arriver. Néanmoins, nous lui donnons tous les moyens nécessaires, avec un staff extrêmement complet, pour l’aider au quotidien. Elle dispose d’un préparateur physique, d’un coach mental, d’un kiné et elle joue presque chaque semaine des tournois en France, en plus de son programme de tournois internationaux. Yuenu vient d’ailleurs d’atteindre les quarts de finale d’un des plus gros tournois mondiaux -16 ans. Aujourd’hui, elle est aux alentours de la 400ème place chez les Juniors après seulement quatre tournois... Nous visons le top 100 avant janvier 2015, où elle commencera à jouer des tournois 10 000$ pour tenter de gagner ses premiers points sur le circuit WTA. C’est un bel exemple de volonté pour tout le monde ici et nous sommes fiers de l’avoir parmi nous, car elle correspond exactement aux valeurs que nous voulons transmettre à tous nos jeunes : respect, détermination et humilité. Bonne chance, Li !

Suivez l’ISP Academy sur • Facebook : ISP Academies / ISP Tennis-Golf Academies et tous leurs résultats sur le Forum : www.ispacademies.forumprod.com

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• Twitter : @ISP_Academies

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Le premier constat, c’est que cette pratique s’observe essentiellement dans les pays dont la fédération de tennis est sous-développée, voire inexistante. Ce que la FFT, fédération parmi les plus puissantes au monde, offre à ses meilleurs espoirs, les étrangers doivent eux, souvent, se débrouiller pour l’obtenir. C’est là que l’agent entre en jeu. Avec ses connaissances du milieu et ses contacts, il pourra trouver des sponsors (équipementiers, le plus souvent), des investisseurs pour payer les déplacements en tournois ou les frais d’entraînement et également donner certains coups de pouce pour entrer sur des tournois importants (en obtenant des wild-cards, par exemple). Le plus important reste son rôle éducatif, voire préventif, qui peut parfois faire la différence chez certains joueurs dans leur façon d’envisager et de gérer leur carrière. Entre 15 et 20 ans, nombreux sont ceux qui se perdent dans les travers du « sport-business ». Ils n’arrivent pas à gérer la pression soudaine de ces nouvelles sollicitations autour de leurs résultats : contrats, argent, interviews, fans (et détracteurs !). Un bon agent mettra le pied de ses joueurs à l’étrier petit à petit, mais assez tôt pour qu’ils grandissent et progressent autant sur le court qu’en-dehors. Les sensibiliser sur la façon de s’exprimer en public ou devant une caméra, à la nécessité d’apprendre des langues étrangères lorsque l’on voyage, d’accorder du temps et de la bonne humeur aux gens que l’on croise (fans, organisateurs de tournois...), tout cela pour leur ouvrir des portes qu’ils n’auront plus qu’à pousser le jour où... Tenez, j’ai deux joueuses en tête. Le constat est là : - Maria Sharapova (avec son agent depuis l’âge de 12 ans) gagne des Grands Chelems, atteint régulièrement la première place mondiale, est l’égérie de nombreuses marques de luxe, mais aussi chef d’entreprise accomplie, extrêmement présente sur les réseaux sociaux. Bref, elle réussit tout et partout. Elle était, en 2013, la sportive la plus connue et mieux rémunérée au monde ! - Eugenie Bouchard (en contrat avec le même agent depuis ses 13 ans), 19 ans et numéro sept à la WTA en juillet. Le public l’a d’abord connue par sa présence médiatique (réseaux sociaux et campagnes de pub), son aisance lors des interviews, sa personnalité et son image jeune, fraîche, spontanée... attachante, quoi ! Les gens l’ont aimée avant même qu’elle devienne une très bonne joueuse, et qui sait si ce soutien ne lui a pas donné ce petit plus de confiance pour passer le cap du Top 20 plus vite que les autres ?... Parce que, si avoir du talent ne s’apprend pas, faire d’un simple talent une personnalité accomplie est, en revanche, une mission des plus délicates…


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Joyeux Anniversaire

Novak

Le jeudi 22 Mai, c ‘est au nouveau magasin du Marais de son partenaire Uniqlo que Novak Djokovic avait décidé de souffler ses 27 bougies. Pour l’occasion, plus de 150 enfants passionnés de tennis de la région parisienne étaient venus fêter cet événement où Nole a une fois de plus confirmé qu’il était un champion accessible, proche de ses fans. Résumé de cette soirée mémorable en 12 clichés.

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Corner spécialistes

Spécialistes

tennis

« Bien à l’intérieur et ça se voit à l’extérieur ! » Avec le temps, les dispositifs mis en place dans les magasins spécialistes tennis ont considérablement changé et les enseignes essaient de maximiser leur espace de vente, tout en valorisant au mieux leurs produits. Souvent tenus par des passionnés, ces magasins gardent une âme propre. Nous avons donc interrogé deux d’entre eux qui connaissent bien les dernières tendances : Hugues Rivière et Grégory Binet. Entretiens.

Hugues Rivière Rivière Sports,Villeneuve d’Ascq

« Chaque mètre carré est précieux ; il faut savoir bien agencer son espace et mettre en avant les produits phare, ne pas se disperser. »

Hugues, je crois savoir que vous avez changé un peu la disposition de votre magasin, fort de votre expérience du métier. Vous pouvez nous en dire plus ? Je ne veux pas jouer le rôle de doyen, mais j’ai effectivement vu comment ont évolué les mentalités en ce qui concerne la valorisation des produits, mais aussi l’exploitation de la surface de vente. Aujourd’hui, force est de constater que chaque mètre carré est précieux ; il faut savoir bien agencer son espace et mettre en avant les produits phare, ne pas se disperser. Partant de ce constat, on a entamé un relifting avec, notamment, un nouvel éclairage, la pose de notre logo sur le plafond et l’abandon du concept de vitrine... L’abandon du concept de vitrine... C’est-à-dire ? A la grande époque, j’avais une personne qui venait régulièrement faire mes vitrines. C’était un véritable enjeu, il fallait trouver des thèmes, de la décoration... Aujourd’hui, tout cela est obsolète et je joue à fond le concept de la vitrauphanie. D’abord, parce que cela colle avec notre image d’hyper-spécialistes et parce qu’avoir un Roger Federer haut de trois mètres attire vraiment l’oeil. De toute façon, c’est une tendance lourde du marché chez tous les commerçants. Que pensez-vous de l’idée d’avoir des corners consacrés à des marques ? Je bénéficie de cet atout avec Asics, qui m’a

installé du mobilier, et c’est vrai que cela crée un environnement très attrayant, très valorisant pour les produits. Néanmoins, on ne peut pas faire cela avec beaucoup de marques car, en général, nos surfaces sont petites. J’ai fait le choix d’Asics, vu que c’est une marque leader chez moi. Les équipementiers tennis essaient aussi de délimiter leur emplacement sur les murs de raquettes. Pensez-vous que ce soit une réussite ? Quand c’est très qualitatif, cela amène forcément un plus. Je pense, notamment, à Tecnifibre et leur programme ATP. Mais, en général, de ce côté-là, les marques ont diminué leur investissement. Il fut un temps où, les PLV, c’était un peu le nirvana. On en est revenus. Car, je le répète, notre souci, c’est d’avoir une surface de vente maximisée. En ne faisant plus de vitrine, par exemple, on a gagné des mètres carrés et je peux vous dire que c’est précieux. Cela permet aussi, pourquoi pas, d’être plus complets en termes de marques. Même si, de mon côté, je préfère faire des choix.

client aime les nouveautés. Pour le reste, c’est notre expertise qui compte, notre capacité à bien conseiller. On le sait tous, c’est ce qui fait la différence sur le long terme. C’est votre credo ? C’est le credo de notre profession. Vous savez, quand je vois un client arriver avec une bobine achetée sur internet pour faire corder sa raquette, je ne fais pas la gueule. Au contraire, j’essaie, là encore, de savoir pourquoi il a choisi ce produit, comment il a été conseillé, quelle tension lui faut-il pour qu’il puisse bien exprimer son jeu... Et, souvent, le client comprend que le choix d’un cordage et, surtout, sa pose, ce n’est pas si anodin. Cela ne se fait pas d’un simple clic. Vous n’êtes donc pas inquiet quant à l’avenir de votre profession ? Je pense qu’on doit continuer à creuser notre sillon dans le conseil, la convivialité et l’expertise. Il faut juste le faire savoir et tout ira encore mieux.

Le spécialiste tennis ne devrait-il pas être la référence en termes d’éventail de marques ? Cela peut être une stratégie, mais ce n’est pas la mienne. Même si je n’ai plus les deux très grosses marques que tout le monde connaît en textile, je n’ai pas souffert plus que cela. Au contraire, cela donne la chance à d’autres et le

Les magasins partenaires du Corner Spécialistes Balle de match Responsable : Grégory BINET 17 av, Leclerc de Hauteclocque 57000 Metz

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w w w.per f-tennis.com

Perf Tennis Responsable : Thierry GRANIER 96, rue Vendôme 69006 Lyon www.perf-tennis.com

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RIVIERE SPORTS Responsable : Hugues RIVIERE 139, rue du 8 Mai45 (La Cousinerie) 59650 Villeneuved’Ascq www.riviere-sports.fr

String Box Responsable : Laurent LARDON 7 avenue Charles Flahault 34090 Montpellier www.stringbox.fr


Corner spécialistes

Grégory Binet Balle de Match, Metz Grégory, on sait que tu as du marbre au sol, dans ton magasin. Drôle de choix pour un spécialiste tennis ! Quand j’ai déménagé, je suis arrivé ici et le précédent magasin vendait des produits de mode. Au départ, tout le monde m’a fait cette remarque et j’ai bien failli tout casser. Aujourd’hui, plus personne ne voit le sol. Donc, je me dis que j’ai bien fait de le garder ainsi, même si cela peut paraître étrange.

« Un magasin doit être vivant et il y a plusieurs façons d’y parvenir. »

Dans ce deuxième épisode du corner des spécialistes, on essaie de comprendre comment gérer son magasin en termes de décoration, d’espace de vente... Tu es un peu une référence, non ? Cela dépend dans quel domaine, car, comme je suis toujours complètement débordé, il arrive que des clients trouvent le magasin inondé de cartons. Mais c’est vrai qu’étant un vrai collectionneur, je me prends encore parfois la tête pour faire une belle décoration, souvent liée à l’actualité. Je me souviens avoir fait une vitrine avec de la terre battue, une année, pour Roland Garros. Cela avait beaucoup plu, mais c’est énormément de travail. En fait, cela dépend un peu de mon humeur et, surtout, du temps que j’ai. Et, de ce côté-là, c’est généralement la course... Tu n’as donc pas de stratégie clairement définie... J’essaie de faire au mieux, de bien

connaître les produits et, surtout, de rester disponible. On a beau avoir les meilleurs « meubles », le premier atout d’un spécialiste, c’est le conseil, son savoir-faire, sa connaissance du marché, sa disponibilité. Pourtant, avec ta collection de produits vintages, tu pourrais presque faire de ton magasin un musée ! Ça, c’est une très mauvaise idée (rires), un magasin doit être vivant et il y a plusieurs façons d’y parvenir. Certains font le choix de mettre un écran avec les matchs, par exemple. Moi, j’ai toujours pensé que le gérant devait être au centre de l’animation. Si je fais ce métier, c’est, avant tout, parce que je suis passionné et que les relations que j’ai avec mes clients sont plus que cordiales. Il ne faut pas oublier qu’un spécialiste tennis n’est pas simplement un gérant de magasin, il est souvent sur le terrain avec ses clubs partenaires, il soutient des tournois... Souvent, mes clients viennent à Balle de Match pour parler de tennis, tout simplement. Il y a toujours des passionnés qui s’y retrouvent pour refaire les matchs, comme on dit.

fait, tout ira bien. Evidemment, certaines tendances se sont malgré tout dégagées et il faut en tenir compte... Lesquelles ? La vitrauphanie fonctionne bien, c’est une certitude. Aujourd’hui, et je rejoins Hugues (voir interview ci-contre), notre objectif est d’avoir une surface optimisée. Il faut faire des choix, il faut avoir du plaisir à vendre les produits que l’on a sélectionnés et qui ne nous ont pas été imposés. Même si, au final, c’est à nous de faire des choix en fonction de notre clientèle et de les assumer, en valorisant les produits adéquats avec ou sans PLV, avec ou sans présentoirs. On vous sent toujours aussi motivé ! Je le suis, et de plus en plus, car, nous, les spécialistes, nous avons une vraie carte à jouer. La proximité, notre expertise, notre qualité de service... Cela fait la différence, je le vois tous les jours, et c’est logique car on ne compte pas vraiment nos heures. En même temps, comme on aime ça... on ne peut pas se plaindre (rires) !

En clair, vous êtes en train de dire que le look du magasin n’est qu’un détail pour vous ? Non, je dis juste que, si un magasin est un peu mal rangé, mais que le gérant a le sourire, la banane, qu’il aime ce qu’il

L’avis de l’expert Franck Boucher

« Il est évident que les marques investissent moins dans les PLV, comme ce fut le cas par le passé. La PLV prend de la place et se détériore progressivement, quoi que l’on fasse, donnant, au final, une mauvaise image de la marque et du magasin. Logique que le choix se porte aujourd’hui sur la vitrauphanie. Elle ne présente que des avantages. Elle est, d’une part, souvent très esthétique et valorise le magasin spécialiste ; d’autre part, comme les marques collent généralement la sortie de leurs produits à l’actualité, elle crée l’événement. D’une manière générale, la surface moyenne des spécialistes tennis n’est pas très grande, donc le concept de corner me paraît inapproprié. Il s’agit plutôt de travailler par petites touches : la présentation du textile avec des cintres pour chaque marque, l’utilisation de réglettes présentoirs uniformes... Quant au concept de vitrine, il est obsolète. Le spécialiste est rarement situé dans une zone commerciale de centre ville où il faut attirer l’oeil. Il privilégie le parking pour ses clubs partenaires. Pour le reste, on peut aussi égayer sa surface de vente avec de petits gadgets, comme des stickers événementiels au sol, des poufs aux couleurs d’une marque... En quelques années, tout a changé, le renouvellement des produits est constant, donc le spécialiste doit essayer d’avoir la même réactivité. »

Extreme Tennis Responsable : Jérome Decock 33 rue Marceau Martin 59128 Flers en Escrebieux www.extreme-tennis.fr

Tennisland Responsable : Antony FACONDINI 2, quarter rue de l’Epinette 77340 Pontault-Combault www.tennisland.fr

Pro Shop Montreuil Responsable : Alexandre Ave/Lorenzo Schaeffer 158 rue de la Nouvelle-France 93100 Montreuil www.proshopmontreuil.fr

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dossier Gazon Maudit, gazon béni

Gazon Maudit, gazon béni... Cela fait bien longtemps que nous trottait dans la tête l’idée de rendre hommage à la surface ancestrale du tennis, le gazon. Hommage plutôt logique, puisque c’est lui qui a permis à notre tennis de devenir ce qu’il est. Et, comme le hasard est souvent avec nous depuis cette formidable aventure de GrandChelem et Welovetennis.fr, le déclic est venu de l’Est, quand un agent nous a proposé d’aller à la découverte d’un court en herbe, construit dans la plus pure tradition... bien loin du temple londonien, tout près de la frontière russe. A son retour, notre reporter nous a confirmé ce qu’on savait déjà : le gazon rend fou, totalement fou. Ceux qui essaient de l’apprivoiser, raquette en main, comme ceux qui tentent avec force de construire des courts pour perpétuer une tradition, mais aussi pour vivre, comme nous, un petit rêve de gosse : gazon maudit, oui, pour certains, mais gazon béni bien davantage pour d’autres.

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Arnaud Clément

« Le gazon, c’est tout sauf de l’exotisme ! » Le Capitaine de l’équipe de France, Arnaud Clément, est notre consultant en herbe pour décrypter le gazon, cette surface ancestrale qu’a foulée une bonne partie de l’histoire du tennis. Décryptage. Entretien réalisé par Laurent Trupiano On dit que le jeu à Wimbledon a été transformé lorsque les organisateurs, en 2002, ont décidé de changer la structure du gazon. C’est vrai ? Je ne serais pas aussi affirmatif que toi. J’ai joué pendant les deux périodes et je n’ai pas ressenti une telle différence. Même si je ne doute pas que le changement de gazon ait pu transformer les choses, on peut aussi imaginer que d’autres critères ont été modifiés, je pense aux balles, notamment. Et puis, il serait aussi peut-être utile de voir si cette période n’a pas coïncidé avec l’arrivée des cordages Luxilon, par exemple. Néanmoins, je dois reconnaître que je ne suis pas le meilleur client pour en parler, car, avec mon petit gabarit et mon jeu en contre, le changement de certaines conditions n’ont pas eu une véritable influence sur mon rendement sur gazon (rires). Que réponds-tu à ceux qui pensent que le gazon, c’est avant tout de l’exotisme ? Qu’ils se trompent (rires). Avec le temps, je dirais même que le gazon a pris encore plus de place dans mon esprit, surtout depuis qu’il existe une indéniable uniformisation des surfaces. Avant, il y avait de la moquette, du taraflex, du bois... Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Or, cela crée, selon moi, des joueurs-type, qui se ressemblent trop. Le gazon change la donne, car il faut savoir s’adapter, modifier son jeu, son approche, sa tactique. C’est pour cela que cette surface est essentielle et qu’elle fait partie de l’histoire de ce sport. Il a été acté, dernièrement, que la saison sur gazon allait durer une semaine de plus l’année prochaine ;

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c’est une très bonne nouvelle, j’aimerais même qu’elle soit rallongée davantage. On dit aussi que la balle de Wimbledon, la Slazenger, est un peu spéciale, plus grosse que les autres. Tu en gardes un souvenir ? Je sais que la balle de Roland Garros est traditionnellement un peu plus petite que les autres. Mais celle de Wim’, je ne sais pas trop, même si elle me semble, effectivement, plus grosse. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que je l’ai toujours trouvée plus molle, avec moins de pression. A un moment donné, j’ai même pensé que les organisateurs ouvraient les tubes un peu trop longtemps avant les rencontres, mais je n’ai pas pu vérifier. On dit que Wimbledon est le temple du tennis. Tu partages cette idée ? Mon parcours pour devenir un joueur de haut niveau n’est pas classique, donc je ne rêvais pas, à proprement parler, de Wimbledon étant plus jeune. Puis, avec mes performances, je me suis mis à rêver, oui, mais de Roland Garros. Ce qui est drôle, c’est qu’au final, n’ayant jamais été blessé au moment de Wimbledon, c’est le tournoi du Grand Chelem que j’ai le plus joué. 10 fois, au total (sic, en fait 15, à égalité avec Roland Garros). Avec le temps, j’ai pris conscience du poids de l’Histoire et, surtout, de l’ambiance si spéciale de ce stade. Si on regarde les statistiques et les performances de nos joueurs, c’est le meilleur tournoi pour les Français, non ? Je ne serais pas aussi catégorique. Mais c’est

vrai qu’on n’est traditionnellement pas très forts à l’US Open. Si Wimbledon est notre jardin, cela ne doit pas se jouer à grand chose. Cependant, selon moi, si on y réalise des exploits, c’est aussi parce que nos joueurs ont toujours eu une technique de base supérieure à la moyenne. C’est lié à la qualité de notre formation. Wimbledon étant placé juste après Roland Garros, cela peut favoriser une forme de décompression pour les Tricolores, qui engendrerait un relâchement positif ? Je ne crois pas, il n’y a pas de cause à effet. En revanche, enchaîner un bon Wimbledon après une belle performance à Roland Garros, c’est très difficile, presque impossible. Rafael Nadal et Björn Borg y sont parvenus, c’est pour cela que ce sont des monstres... Toi qui es le sélectionneur de l’équipe de France, est-ce que le gazon est évoqué lors de vos choix de surface ? Pas vraiment (rires), mais ce n’est pas une si mauvaise idée. Le souci, c’est qu’on n’a pas de courts en gazon dans un vrai stade, pour le moment, en France. Et créer un court de toutes pièces, ce n’est pas simple. J’ai le souvenir de la finale en Australie, en 2001, où le court était un petit désastre. Le gazon exige un savoir-faire de très haut niveau, c’est peut-être pour cela que ce n’est pas une surface plus utilisée en France. Puisqu’on parle de la Coupe Davis, on est encore loin de la demi-finale face à la République Tchèque mais je suppose que tu y penses déjà... Oui et non, je ne veux pas me mettre la


dossier Gazon Maudit, gazon béni Herbe, stats et performances... Nous avons mis en place un barème pour évaluer la réussite des Français et Françaises dans les tournois du Grand Chelem sur ces dix dernières années. Après analyse, le verdict est clair : Wimbledon réussit bien, très bien aux Tricolores. Évidemment, notre système de points est critiquable, car il privilégie les titres et s’étend sur une période plutôt courte, dix ans. Cependant, la densité des performances à Wimbledon est toujours forte, même lorsqu’on remonte un peu plus loin en arrière – on pense notamment aux finales de Pioline et de Nathalie Tauziat. Comme le révèle Arnaud Clément dans son interview (ci-contre), ces performances seraient sûrement liées à un bagage technique plus complet et, donc, plus adapté à ce gazon très exigeant sur ce plan-là. On pense à l’utilisation du slice au service comme dans le jeu et, bien sûr, à la volée. D’une façon générale, le gazon réclame une capacité à se faire sienne toute la panoplie des coups du tennis et, ce, d’autant que la filière serveur-volleyeur-frappeur, comme la symbolisait allègrement Boris Becker, s’est terminée un lundi avec la victoire de Goran Ivanisevic, roi de l’ace et du service gagnant et fossoyeur du tennis 100% d’attaque sur herbe. C’est à partir de ce moment-là que les instances ont pris conscience que la puissance avait été par trop favorisée. Et c’est donc en 2002 que le All England Club a décidé d’inverser la tendance en modifiant l’orientation des brins du gazon pour ralentir le jeu. Certaines mauvaises langues disent même que cela avait été mis en place pour aider ce brave Tim Henman, gentleman typiquement british, tombé plusieurs fois aux portes de la finale à cause d’un jeu certes léché, tout en variation, mais trop friable face aux premières balles de service adverses. A partir de cette année-là, le tennis sur gazon est devenu le territoire d’attaquants de fond de court venant seulement de temps en temps finir le point à la volée. Finis les jeux vierges d’échanges, place à du droite-gauche cadencé dont le meilleur symbole fut le succès de Lleyton Hewitt. Et puis, le Suisse Roger Federer décida de squatter les lieux avec un style qui lui est propre, régnant jusqu’en 2008 où le gazon, devenu terre grise, permettra, dans une finale légendaire, à Rafael Nadal de dompter ce trophée si désiré, chose impensable 10 ans auparavant quand Pistol Pete terrassait Goran en cinq manches lors d’un concours de « ball trap ».

2003 2004 2005 2006 2007 2008 pression plus qu’il ne faut. J’entends dire que c’est l’année ou jamais, mais je ne partage pas cette idée. C’est sûr qu’on avait été plus que déçus la saison dernière, c’était une vraie désillusion. Cette année, on a la chance de recevoir, c’est un point très positif. Il n’y a pas un risque à jouer à Roland Garros ? Pourquoi ? Pour la météo ! Non, on a déjà joué à Roland Garros en septembre, c’était en 2002, face aux Etats-Unis. J’y étais. Toutes les statistiques sont favorables au niveau de la météo. On n’a quand même pas fait ce choix comme ça, au hasard. Mais, pour ne pas inquiéter vos lecteurs (rires), je vais les rassurer en expliquant qu’on peut finir la rencontre le lundi, ce qui nous laisse une marge de manœuvre s’il y a des intempéries. Jouer une Coupe Davis sur le Philippe Chatrier, c’est plutôt logique au final, puisque le stade a été crée pour cette épreuve... Exactement, c’est le rêve de tous les joueurs français, c’est notre jardin à nous. Avec ses 15 000 places, on sait qu’on peut compter sur un public très présent. En Coupe Davis, ça peut faire la différence. Certains spécialistes te trouvent plutôt zen dans ton rôle de Capitaine, par

rapport à Guy Forget, par exemple... Je n’aime pas cette idée de comparer, cela n’a pas de sens. Guy a un palmarès dans cette fonction qui force le respect. Moi, j’essaie juste d’être le plus naturel possible. Si les joueurs m’ont désigné, ce n’est pas pour que je devienne un autre une fois que je suis sur le banc. Ils me connaissent depuis longtemps. Pour le reste, je dois savoir m’adapter à toutes les situations nouvelles. Aujourd’hui, je privilégie le dialogue, la communication, car cela me paraît essentiel. C’est aussi pour cela que je suis très présent sur le circuit, qu’on s’attache à regarder beaucoup de matches avec Lionel Roux (NDLR : l’entraîneur de l’équipe de France). Il faut que l’ensemble des joueurs français sentent que l’on est proches d’eux, à l’écoute. La victoire d’Edouard Roger-Vasselin et de Julien Benneteau à Roland Garros les mettent en position hyper-favorable en vue de la sélection... Edouard et Julien ont démontré qu’ils savaient supporter une certaine pression en jouant à leur meilleur niveau. C’est une bonne nouvelle pour le sélectionneur. Néanmoins, la rencontre est encore loin et je sais que tous les prétendants vont avoir à cœur de montrer qu’ils méritent une place en équipe de France. Cette concurrence est saine, elle tire tout le monde vers le haut.

2009 2010 2011 2012 2013 2014 Total Points Bareme

H D H D H D H D H D H D H D H D H D H D H D H D

Open d’Australie

Roland Garro

Wimbledon

¼ ¼ f + 1/8 (2)

1/8 f (3) ¼f 1/8 f Finale ¼ + 1/8 1/8 f

½f 1/2 f + 1/8 f ¼ f + 1/8 f ½ f + ¼ f + 1/8 f

½f+¼ ¼ (2) + 1/8 Vainqueur 1/8 f 1/8 f Finale + 1/8 f (2)

1/8 f ½ + 1/8 f (2)

¼ f (2) + 1/8 f ¼ f + 1/8 f ½f

¼ + 1/8 f 1/8 f (2) 1/8 f

1/8 (2)

½f ¼ + 1/8 f

¼ (2) + 1/8

½ + 1/8 (2)

1/8 (2)

¼ + 1/8 f 1/8 f

72

48

Vainqueur Finale ½ finale ¼ finale 1/8 finale

Vainqueur + ¼ f ¼ f + 1/8 f (2) Finale + 1/8 f ¼ f + 1/8 f 1/8 f 1/8 f (2) ¼ f + 1/8 f (2) 1/8 f ½ f + 1/8 f ¼f ½ f + 1/8 f

US Open ¼ f + 1/8 f 1/8 f ¼ f + 1/8 f 1/8 f Finale + ¼ f + 1/8 f 1/8 f (2) ½ f + ¼ f + 1/8 f (2) 1/8 f 1/8 f (2) 1/8 f (3) 1/8 f (2) ¼ f + 1/8 f ¼ f + 1/8 f

1/8 f (2) Vainqueur 1/8 f (2) 93

1/8 f ¼f ½f

50

16 8 4 2 1

Le gazon en chiffres

1

comme 1 seul servicevolée lors de la finale Hewitt-Nalbandian, en 2002

8

comme les 8 millimètres de la hauteur du gazon sur les courts du All England Club

13 000 10 litres d’eau sont utilisés lors de la quinzaine de Wimbledon

comme, en centimètres, la largeur de la ligne de fond du court.

En lâchant une balle à

184 cm

à l’aplomb de la surface, elle rebondit jusqu’à 1,34 m sur terre battue, quand elle doit se contenter d’un rebond de 94 cm sur dur et de 92 cm sur gazon.

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dossier Gazon Maudit, gazon béni

Nicolas Escudé « Jouer sur gazon, c’est magique ! » Performant sur herbe, le « Scud’ » a remporté presque à lui tout seul la Coupe Davis en 2001, en Australie. Raison de plus pour en faire l’un de nos experts de l’herbe. Entretien réalisé par Laurent Trupiano Te souviens-tu de la première fois que tu as joué sur gazon ? Cela devait être en Angleterre, chez les Juniors, et j’étais surexcité. Je me rappelle avoir été surpris par le rebond que je ne pensais pas si bas. Il m’est, d’ailleurs, arrivé de passer à côté de la balle (rires). L’autre point sympathique, c’est que le gazon était tellement propre que j’avais presque envie de plonger sur chaque volée. C’est un souvenir incroyable, une vraie découverte. C’est vrai, selon toi, que cette surface n’épargne pas les lacunes techniques ? Il est certain que le gazon ne pardonne rien. Il faut toujours se placer au millimètre près. En fait, le déplacement est périlleux si l’on n’est pas habitué au contact de l’herbe. Moi qui avait pratiqué le foot pendant un bon moment, mon expérience m’a énormément servi, je n’étais pas trop dépaysé (rires). L’idée, c’est de rester « léger », de pouvoir réagir vite en étant toujours assez bas sur les jambes. Comme toute surface, elle a ses qualités et ses défauts. Moi, je l’apprécie énormément car mon style de jeu et mon physique lui étaient très adaptés. C’est sur gazon que j’ai eu mes meilleures sensations.

Arnaud Clément nous a parlé de l’uniformisation des surfaces et, donc, des types de joueurs. Pourtant, ce Wimbledon 2014 a été, à ce titre, plutôt rafraîchissant, non ? Oui, c’est vrai, mais cela confirme aussi que, sur herbe, quand tu es grand et que tu as un gros service, tu possèdes des armes pour être performant. Reste que, pour moi, la vrai clef – et la victoire de Novak Djokovic l’a confirmé –, c’est la qualité du retour. Mais, heureusement, on remarque que cette surface permet encore le jeu vers l’avant, surtout si, au préalable, on s’est mis dans une situation favorable. Cela doit te tenir à cœur, cette idée de jeu vers l’avant ! Évidemment, car c’est ma marque de fabrique. Néanmoins, si la différence peut se faire à ce niveau, encore faut-il monter dans de bonnes conditions. Le défi est là, mais je crois que ce n’est pas impossible. Quand on évoque le gazon et Nicolas Escudé, on pense forcément à la finale de la Coupe Davis, en Australie. Arnaud nous a expliqué que la surface avait été mauvaise ? On était loin des billards de Wimbledon, c’est sûr, et je l’ai très vite compris. Je me suis adapté aux circonstances,

tout en étant super vigilant, car il y avait forcément des faux rebonds assez fréquents. Au final, cela nous a réussi. L’an prochain, la saison sur gazon va s’allonger d’une semaine. C’est une bonne nouvelle, non ? Cela n’a l’air de rien, mais, une semaine, c’est énorme pour la saison sur gazon. Donc, forcément, cela donnera plus d’importance à cette surface qui le mérite vraiment. Jouer sur gazon, je le répète, c’est magique ! Un mot sur Jo-Wilfried Tsonga, que tu coaches avec Thierry Ascione. Où en êtes-vous ? Je comprends parfaitement qu’on se pose des questions, mais on bosse dur. Il a fallu tout mettre en place, il faut donc être patient. La deuxième partie de saison va être intéressante, car Jo est en forme et il a une grosse envie. Avec la tournée américaine, l’US Open, mais aussi la demi-finale de la Coupe Davis, on n’a pas le droit de se louper. On met tout en ordre et, je vous rassure, le moral est bon. L’envie est toujours aussi grande, personne n’a renoncé ! Jo fait le maximum chaque jour pour avoir la possibilité d’aller le plus loin possible dans tous les tournois.

Frédéric Fontang « Tout peut arriver sur gazon... » Avec deux titres en tant que coach à Wimbledon, aux côtés de Jérémy Chardy en Juniors, en 2005, et, maintenant, Vasek Pospisil en double, Frédéric Fontang semble avoir quelques recettes pour bien appréhender le gazon. Il analyse ce qui fait les particularités de cette surface. Entretien réalisé par Laurent Trupiano

Quelle doit être la qualité première d’un joueur sur gazon ? Être adroit, avoir de la main... Mais encore... Je crois que c’est clair (rires). Le jeu sur gazon, c’est un autre tennis. Cela ne ressemble pas au tennis. Sur herbe, même si les conditions ont changé, le lift n’existe pas. De plus, même si on est bas sur les jambes, on ne peut pas dire qu’on soit physiquement mis à l’épreuve. Au niveau cardiaque, par exemple, ce n’est pas éprouvant parce qu’il n’y a pas d’échanges. Donc, je ne dirais pas que le jeu sur gazon est révélateur de lacunes techniques, mais plutôt qu’il s’agit quasiment d’un autre sport. Tout réside dans sa capacité à s’adapter. Evidemment, lorsqu’on voit évoluer de grands joueurs comme Novak Djokovic ou Roger Federer, cela ressemble à du « vrai » tennis, mais on parle quand même de champions exceptionnels. Je précise aussi que, même si le gazon a été ralenti, avoir un gros service reste un gage de réussite. C’est presque suffisant pour aller assez loin dans un tournoi et le gazon est la seule surface où, avec un seul coup, on peut faire très mal. C’est ce constat qui m’amène à penser que le gazon ne permet pas d’offrir toute la palette technique du tennis moderne.

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Oui, mais cela demande d’être fort mentalement, car on peut être frustré en permanence... Sur ce point, je suis d’accord, il faut contrôler ses nerfs, savoir s’adapter, car il y a des faux rebonds, la balle n’est jamais la même. Et encore, à Wimbledon, on est dans un cadre absolument hors-normes d’un point de vue technique. Le gazon est parfait, mais ce n’est pas vraiment le cas ailleurs. On est allé à Newport, l’année dernière, avec Vasek, et bien c’est simple : c’était impossible de s’entraîner, la balle faisait ce qu’elle voulait quand elle voulait... On a l’impression que le gazon n’est pas ta surface préférée... Je n’ai pas de surface préférée, mais je constate que, si le gazon, c’est la tradition, il ne demande pas les mêmes perfectionnements physiques et techniques que le dur ou la terre battue. Il n’y a que sept courts en gazon, en France. Pourtant, on a souvent de bons résultats au niveau international, sur cette surface. Ne faudrait-il pas la privilégier ? Je ne crois pas, car ce n’est pas la meilleure pour apprendre à jouer. Cela ne m’étonne pas qu’il y ait si peu de courts en France et, à vrai dire, je n’encouragerais pas son

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développement. Néanmoins, j’ai aussi beaucoup de respect pour ceux qui ont eu le courage de se lancer dans cette aventure. En 2005, on était allés au TC Moliets et j’en garde un bon souvenir. Les courts avaient été très bien préparés et cela avait plutôt porté chance à Jérémy, puisqu’il s’était imposé chez les Juniors. Du coup, toi, tu n’es pas partisan du rallongement de la saison sur gazon, comme cela a été fait par l’ATP... Même avec une semaine supplémentaire, ce sera toujours difficile de se préparer. D’ailleurs, se préparer sur gazon, pour moi, c’est un leurre, car tout peut arriver sur cette surface. C’est à la fois son charme et ce qui peut la rendre détestable. En fait, tu es en train de nous dire que, pour être performant sur gazon, il faut avant tout aimer y jouer... Oui, il faut adorer cela, car on se prend vite la tête autrement. Il y a beaucoup de joueurs qui détestent le gazon et qui n’arrivent pas à jouer dessus alors qu’ils ont des capacités techniques plutôt propices. Reste Wimbledon et l’image que ce tournoi donne à l’herbe auprès des professionnels. Wimbledon, c’est un tournoi très spécial, où tout est particulier. On y est dans un autre monde.

Une paire de chaussures spéciale « Scud’ » « Comme je coache Nicolas Mahut et JoWilfried Tsonga, je ne peux aller sur les courts sans des chaussures adaptées au gazon. Pis, à Wimbledon, je n’en n’ai tout simplement pas le droit. Les critères sont extrêmement précis, tout est clairement défini. La couleur, la semelle, son épaisseur, la longueur des picots... On ne peut pas faire ce qu’on veut, même en termes de design. Avec les ingénieurs d’Artengo, on a relevé ce défi pour faire en sorte que mes chaussures soient validées par le All England Club et que je puisse tranquillement donner mes conseils à mes joueurs sur le court. Artengo a ainsi développé une semelle très spéciale, extrêmement technique, formée de picots qui permettent l’accroche sur gazon. Cela a été une expérience assez étonnante, car il a fallu nous mobiliser alors même qu’on savait que ces chaussures n’allaient pas être commercialisées. Comme je le fais sur d’autres produits, j’ai donc donné mes conseils, une sorte de cahier des charges. J’ai notamment freiné les designers, car on est plus que limité de ce côté-là. Si le blanc doit être omniprésent, une couleur trop flashie, même sur un liseré, peut être recalée. Cela fait maintenant plus d’un an et demi que je collabore avec Artengo. Mon équilibre professionnel se situe entre le coaching et le développement produit avec les équipes d’Artengo. Cette aventure est très enrichissante et je suscite un peu la curiosité sur le circuit, car la marque est encore jeune. On me questionne beaucoup et j’en profite aussi pour faire tester des produits. »


dossier Gazon Maudit, gazon béni

La France en

gazon !

Il existe six courts en gazon en France, sept diront ceux qui comptent le court éphémère de l’Ambassade de Grande-Bretagne, à Paris. GrandChelem dresse un petit état des lieux, d’autant que les trois projets qui soutiennent ces courts sont totalement différents. TC Moliets, un centre qui ne demande qu’à être utilisé (2 courts) C’est en 2004 que deux courts en gazon ont vu le jour au TC Moliets, comme l’explique son Directeur, Dominique Breton : « Outre le fait que la Fédération y voyait une possibilité, par la suite, d’en faire un centre d’entraînement, nous avions trouvé plutôt original de pouvoir offrir toutes les surfaces des tournois du Grand Chelem dans notre complexe. Le TC Moliets fait partie d’un vaste ensemble qui comprend aussi un parcours de golf très renommé. D’ailleurs, l’expérience des greens nous a beaucoup aidé pour fabriquer ces courts et nos jardiniers n’ont pas eu de souci pour relever ce challenge. De plus, nous sommes l’un des seuls golfs, en France, à utiliser un compactomètre pour calculer la qualité de nos greens. En fait, ce procédé est celui utilisé, par exemple, pour les terrains de cricket en Angleterre. Grâce à cet outil, on a pu mener à bien la construction de nos deux courts. Chaque année, il suffit de les rafraîchir et de les tondre. Par rapport à des terrains en terre battue, l’entretien est vraiment minime. De plus, il est très adapté à une pratique saisonnière. L’hiver, votre court est en jachère www.tennismoliets.com (Tel: 05-58-48-54-65) et il suffit d’un petit lifting pour qu’il redevienne praticable. En revanche, au départ, on pensait voir venir plus de joueurs de haut-niveau pour leur préparation, mais ce n’est pas vraiment le cas. Je pense qu’on est un peu trop excentrés pour que notre complexe attire des champions pour leur préparation à la saison sur gazon. C’est dommage, car on est prêts à les accueillir dans des conditions optimales. Enfin, ces courts jouissent quand même d’un beau succès chaque été, donc, au final, on a réussi notre pari ! »

Château de Villandry, so british (1 court) Le gazon est une surface noble et il était logique qu’un château digne de ce nom accueille un court en herbe. C’est ce défi qu’a relevé Henri Carvallo, en 2010, le propriétaire du château de Villandry. « En fait, lorsque j’ai regardé les plans des jardins, je me suis aperçu qu’il y avait une aire de jeu. Et j’avais en mémoire qu’il s’agissait de tennis. Comme notre jardin est mondialement connu, il fallait que ce court s’intègre parfaitement dans notre paysage. Logiquement, on s’est tourné vers le gazon, plutôt que la terre battue. Au fur-et-à mesure, ce court est devenu une petite curiosité et on a organisé quelques manifestations de découverte, en collaboration avec le Comité d’Indre-et-Loire, lors des journées du patrimoine, par exemple. Pour marquer le coup, on a même fait un match exhibition avec Stéphane Robert, notre champion local, et Fabrice Santoro il y a deux ans. Un beau succès ! La particularité de notre court, c’est qu’il est entouré d’arbres et qu’on a sciemment évité les grillages qui ont été remplacés par des filets plutôt discrets. Trois de mes jardiniers jouent régulièrement et, quand j’ai le www.chateauvillandry.fr (Tel: 02-47-50-02-09) temps, je ne me prive pas de taper quelques balles. Tous ceux qui ont joué à Villandry sont surpris par l’atmosphère que dégage cet endroit, installé en plein milieu du jardin d’un château datant du XVIIème siècle entre labyrinthe de charmilles et potager créatif. »

Lagardère Paris Racing, pour le prestige et la compétition (3 courts) Inaugurés en 2008, les trois courts en gazon du Lagardère Paris Racing avait été créés, à l’origine, pour les joueurs du team Lagardère et, ceci, afin d’optimiser leur préparation pour la saison sur herbe. Aujourd’hui, ils font partie des meubles du plus grand club français et sont utilisés régulièrement par l’ensemble des membres, ainsi que les joueurs de très haut niveau. Idéalement situés, à l’entrée du club, ils donnent un cachet supplémentaire au LPR et confirment que ce club est une place forte du tennis tricolore.

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dossier Gazon Maudit, gazon béni

« C’EST WIMBLEDON QUI NOUS FAISAIT RÊVER ÉTANT GAMINS » Grégory Brussot, qui porte avec son ami, Martin Besançon, le projet d’un complexe sur gazon en Normandie, a bien voulu répondre à nos questions pour faire un point sur cette idée un peu folle, dont les premiers coups Entretien réalisé par Laurent Trupiano de pioche ont été donnés début juillet. et Jean Gachassin en premier lieu – nous a ensuite apporté son soutien avec la signature d’une convention de partenariat à Deauville, en octobre 2012. Pour vous lancer dans une telle aventure, je suppose que vous devez forcément être passionné de tennis... Oui, évidemment (rires) ! Nous sommes tous les deux passionnés de tennis depuis notre plus jeune âge. Même si nous sommes restés de modestes joueurs, avec, comme meilleurs classements, 15/1 pour Martin et 15/2 pour moi.

Comment vous est venue cette idée de créer un centre de tennis sur gazon en Normandie ? C’est avant tout une affaire de passion et d’amitié. Je développe ce projet avec mon ami d’enfance, Martin Besançon, avec qui je jouais au tennis sur la pelouse de mes parents à l’âge de six ans... puisque vous l’aurez peut-être compris, nous sommes plutôt « gazon et Wimbledon » que « terre battue et Roland Garros ». Nous avons toujours eu le fantasme de jouer sur gazon. C’est en cherchant à assouvir notre rêve, il y a déjà près de 20 ans, que l’on s’est rendu compte qu’il y avait un véritable manque en France, mais aussi une formidable opportunité de créer quelque chose d’unique. L’idée de construire ce club avec des courts en herbe remonte donc à longtemps. Il nous a fallu attendre que je revienne vivre en Normandie il y a cinq ans et que j’y crée une agence événementielle pour que ce projet puisse voir le jour. Consciemment ou inconsciemment, je pense que l’envie de développer cette idée a été un accélérateur de mon retour au pays, après plus de dix années passées à Paris à travailler dans le marketing sportif. On ne vous a pas pris pour un fou ? Un peu, oui, c’est vrai (rires). Au minimum, ce projet a pas mal surpris et intrigué notre environnement. Surtout parce que cela n’existait pas ailleurs, hormis quelques rares courts ici et là. Beaucoup de personnes pensaient que ce n’était pas possible de jouer au tennis sur gazon, que la balle ne rebondirait pas ou avec des faux rebonds... comme si cela ne pouvait exister qu’en Angleterre. Comme si Wimbledon et l’Angleterre ne pouvaient être que les seuls

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endroits où il serait possible de jouer sur herbe, comme par magie ! Vous avez senti que ce projet était soutenu dès le départ ou est-ce qu’il a fallu convaincre beaucoup d’acteurs ? A la base, ce projet n’est une commande de personne, mais bel et bien une idée et un projet que Martin et moi-même avons complètement porté. Donc il a fallu faire beaucoup de pédagogie, en effet. Expliquer que ce n’est pas parce que cela n’existait pas déjà que cela ne pouvait pas être fait. Persuader aussi qu’il y a une envie de la part des joueurs, à défaut d’un besoin à proprement parler. Plus fondamentalement, il a également fallu convaincre que le modèle économique du projet tiendrait la route, en misant sur l’événementiel et le public entreprises, bien au-delà des pratiquants. On parle tout de même d’un budget de quatre millions d’euros pour la construction d’un club-house de 800m² et de 14 courts... L’originalité de votre idée a dû constituer un plus dans toutes vos démarches auprès de possibles partenaires ? En fait, le caractère unique et innovant du projet a autant été un handicap qu’un point fort. Comme souvent en pareil cas, je pense. Mais nous avons tout de même fini par réussir à mobiliser des acteurs autour de nous, à force d’enthousiasme et de détermination. La ville de Deauville et son maire très dynamique, Philippe Augier, tout d’abord ; le Conseil Général du Calvados et le Conseil Régional de Basse-Normandie dans un second temps. La FFT – Gilbert Ysern, Patrice Hagelauer

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On parle tout de même d’un budget de quatre millions d’euros pour la construction d’un club-house de 800m2 et de 14 courts... Passionnés de Wimbledon ? En effet, même si nous adorons aussi Roland Garros et que nous y sommes allés à de nombreuses reprises, c’est plutôt Wimbledon qui nous faisait rêver étant gamins. Peut-être le côté inaccessible. A titre personnel, j’ai toujours été attiré par les joueurs offensifs, notamment Stefan Edberg, mon idole. Au point d’avoir modifié mon jeu à l’adolescence pour jouer complètement comme lui. Service-volée sur tous les points (rires). L’idée d’organiser un tournoi ATP ou WTA par la suite est à l’ordre du jour ? Oui, bien sûr ! Mais organiser un tournoi ATP ou WTA, ce n’est pas qu’une question d’envie. Il faut aussi trouver une date dans le calendrier. Et nous savons que ce n’est pas simple, d’autant que la saison sur gazon est courte, même si elle gagnera une semaine en 2015. Il y a aussi l’aspect économique à prendre en considération. Organiser un tournoi ATP coûte cher. Il faudra, là aussi, mobiliser tous nos partenaires autour de cette ambition. Mais nous ne sommes pas pressés. Nous pouvons aussi débuter par un tournoi Challenger, voire même une exhibition. Une fois la construction du complexe lancée cet été, nous nous pencherons sur cette question en mobilisant tous les partenaires intéressés autour de la table, à commencer par la FFT. Je n’oublie pas que Jean Gachassin a été le premier à émettre publiquement l’hypothèse d’un tournoi ATP à Deauville. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faudra

pas manquer les opportunités qui se présenteront à nous. Finalement, on pourrait presque vous prendre pour le Gerry Weber (Directeur du tournoi de Halle) tricolore.. Je ne connais pas bien son histoire, mais je ne suis pas sûr que nous ayons les mêmes moyens financiers que lui. Et puis, nous sommes vraiment deux, avec Martin Besançon, à porter le projet depuis le début. Ce n’est pas une aventure individuelle ! Vous avez travaillé chez Octagon, estce que cela a été un plus pour monter une telle entreprise ? Disons que cela a crédibilisé notre démarche lorsque nous avons pris contact avec Wimbledon pour leur présenter notre projet et demander leur soutien technique et moral. J’ai pu échanger avec Martin Guntrip, le Secrétaire Général du All England Tennis Club, via un ami de chez Octagon, Clifford Bloxham, qui est un agent de joueurs très réputé dans le milieu. Pour l’inauguration du complexe, si vous aviez un chèque en blanc, quel sont les joueurs et joueuses que vous aimeriez voir fouler votre court central pour une exhibition... Je crains de ne pas être très original ! Un Nadal-Federer serait le top, évidemment ! Mais Tsonga-Gasquet, ce serait très, très bien également. Si je pense aux anciens joueurs, je dirais Edberg-Becker, Sampras-Agassi, Forget-Leconte ou encore un remake de la finale de Wimbledon 80 entre McEnroe et Borg. Pas mal, non ? Chez les filles, je verrais bien Amélie Mauresmo et Marion Bartoli se défier. Et puis, pourquoi pas, un Navratilova-Graf ou Navratilova-Evert. Ce serait mythique. Bon, tout ça, c’est avec un chèque en blanc, on est bien d’accord ? Mais cela ne coûte pas cher de rêver ! Comme à Wimbledon, on n’aura pas le droit de jouer en couleurs, chez vous ? Non, ce n’est pas du tout l’esprit dans lequel on développe ce projet. Notre club est vraiment pensé pour faire découvrir le jeu sur gazon à tous les joueurs qui le souhaitent, en France, mais aussi à l’étranger. A notre connaissance, il n’existe pas de club de tennis sur herbe en Europe qui ouvre ses portes à tout le monde. Chez nous, licenciés ou non, il sera possible de venir louer une heure de court. Juste pour le plaisir de découvrir.


dossier Gazon Maudit, gazon béni

J’ai joué sur gazon... et j’ai adoré ! Quelques fois, certains petits privilèges permettent de réaliser des rêves de gosse. A l’occasion de ce dossier spécial « gazon », j’avais émis l’idée d’un match défi en double sur les courts du Lagardère Paris Racing. Le team de la marque Sergio Tacchini, partenaire du club, s’est donc démené pour permettre la rencontre. Restait à former une équipe et trouver des adversaires dignes de ce nom. Je décidais de jouer la carte de la gagne en m’associant avec Nicolas Raichon, le Directeur Commercial de la marque italienne sur Paris. Face à nous, une paire 100% EcoSport, avec Charles Viard et son fils, Adrien. Après trois heures de jeu, sous un soleil de plomb, Nicolas et moi même pouvions fièrement faire un « chest bump » à la Bryan Brothers : nous étions venus à bout de nos adversaires en trois manches, 4-6 6-2 6-4. Et, au cours de cette partie, j’ai pu constater que le tennis sur gazon est, effectivement, un autre sport. Un rebond qui ne rebondit pas... On m’avait prévenu, mais force est de constater que le tennis sur herbe exige des qualités différentes du tennis sur dur ou sur terre battue. Il s’agit de jouer tout le temps accroupi, très bas sur ses appuis – et ce sont les cuisses qui souffrent. Evidemment, le lift y est quasiment inutile. Enfin, le contact moelleux avec le sol et le son de la balle laissent une impression toute particulière. Unique. Là aussi, c’est une forme de confort qui n’existe nulle part ailleurs.

Toujours vers l’avant Pour ne pas être pris de vitesse, il vaut mieux aller vers l’avant et ne jamais attendre la balle. Naturellement, le jeu au filet est favorisé, ce qui n’est pas une surprise. Mais, alors que je m’attendais à ce que ça aille vite, le dur (NDLR : Greenset et béton poreux) me renvoie plus cette idée. Enfin, le jeu est très direct, tant en termes de trajectoires, que de sécurité vis-à-vis du filet. Paradoxalement, si un service puissant peut faire des ravages, j’ai vite compris qu’il fallait toujours y mettre une petite dose d’effet pour qu’il soit hyper-efficace.

Anticiper, toujours anticiper Sur gazon, pas le temps de temporiser, tout se passe au sol, devant soi et, au cours d’un échange, il est très dur de se relaxer. Outre la possibilité plus élevée que sur les autres surfaces d’avoir une balle à la trajectoire surprenante, le gazon vous oblige à être constamment placé au millimètre, car, un faux pas, et c’est souvent la glissade assurée.

Une Guest Star venue à l’heure de l’apéro Alexis Tetang, agent de joueur, a également voulu participer à la fête. « J’avais déjà joué sur herbe de l’autre côté de la Manche. Mais, là, c’est spécial, car c’est en France, à Paris. C’est un vrai privilège ! D’ailleurs, je trouve que le court 29 du Lagardère a beaucoup de charme avec les arbres qui l’entourent. Le soir, au calme, cela doit être plutôt sympathique d’entendre le bruit de sa balle. Le tennis sur gazon m’a toujours fasciné, peut-être parce que j’ai un gros service (rires). Je crois plutôt qu’à l’instar de nombreux passionnés, je me suis retrouvé en juillet, devant Wimbledon, à essayer de comprendre comment Boris Becker et consorts pouvaient envoyer de telles premières balles. »

TÉMOIGNAGES Nicolas Raichon,

Directeur Commercial de Sergio Tacchini « C’est super agréable. Moi, qui suis un passionné, j’ai vécu un moment d’anthologie. Et pas seulement parce que j’ai gagné (rires) ! Plus sérieusement, cela ne m’étonne pas qu’il s’agisse de la surface d’origine de ce sport, car elle oblige à développer toute la panoplie des coups du tennis. »

Charles Viard,

Directeur d’EcoSport « Je ne suis pas content, on menait 3-0 double break, dans la manche décisive... autant dire que je me voyais soulever la coupe. C’est incroyable de se faire remonter sur cette surface où je pensais qu’on était imbreakable quand on avait un bon service (rires). Reste que, pour une première fois, c’était vraiment agréable et très instructif. La prochaine fois, en plus des balles blanches, je viendrai avec de vraies chaussures à picots, car je tiens à ma revanche. »

Adrien Viard

« C’est surprenant... Combien de fois me suis-je retrouvé à terre ?! Mais c’est déjà un super souvenir, d’autant que j’ai failli y laisser ma peau (NDLR : Adrien a reçu une balle dans la tête dans le second set). Heureusement, j’ai la tête dure (rires) ! Maintenant, je vais pouvoir frimer un peu car en France, à mon âge, ils ne sont pas nombreux ceux qui ont eu la chance de jouer sur herbe. »

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dossier Gazon Maudit, gazon béni

ukraine

A la recherche du

court perdu... Chez GrandChelem, on ne recule devant rien. En pleine préparation de ce numéro spécial gazon, la Rédaction a appris qu’un court en gazon, réplique exacte des courts de Wimbledon, venait de voir le jour dans un endroit pour le moins inattendu : à Kharkov, en Ukraine. A l’initiative de ce projet un peu fou, Yuri Sapronov. Ce businessman ukrainien, féru de tennis et mécène de nombreux joueurs, avait un rêve : construire un court en gazon dans son immense et luxueux resort. Notre reporter est donc partie, passeport en poche, courage au cœur, en pleine zone de conflit. A la recherche du court perdu... Reportage. Reportage de Gwendoline Cordeliers

Jour 1

décollage... et hésitation Ambiance étrange à la porte D2 de l’aéroport de Genève-Cointrin. L’avion pour Kiev décolle dans 15 minutes et je suis encore désespérément seule dans la salle d’embarquement. Une petite vérification de mon boarding-pass... Pas de doute, c’est bien d’ici que je vais m’envoler pour l’Ukraine. Était-ce si inconscient de s’en aller vers ce pays en plein conflit ? Quelques passagers se joignent alors à moi. Nous serons 10 dans l’appareil. Kiev, c’est un trajet de quatre heures, le temps de peaufiner les interviews et de réviser les enjeux du conflit russo-ukrainien. Quelques articles plus tard, j’ai du mal à concevoir que le terrain en gazon dont on m’a parlé puisse dormir tranquillement dans cette région. Je retrouve mon fixeur à Kiev. Puis redécolle pour Kharkov, à quelques kilomètres seulement de la frontière russe. La nuit tombe, à quoi dois-je m’attendre ? A peine arrivée, je suis immédiatement prise en charge par un chauffeur. Direction le Superior Resort, hôtel où

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a été construit le fameux court. Les 30 minutes de route me laissent entrevoir quelques affiches du nouveau président par intérim, Alexander Tourtchinov. La ville semble calme. Il est déjà tard lorsque je parviens enfin à l’hôtel. La découverte des lieux sera pour demain. Pour le moment, c’est un lit king-size qui m’attend.

Jour 2

rencontres et découvertes Stéphane Gurov, agent d’Elina Svitolina, qui m’accueille sur place, m’a annoncé la couleur : « L’interview avec Monsieur Sapronov est fixée à neuf heures et Monsieur Sapronov est toujours à l’heure ». Je n’ai pas encore vu le court, mais je rencontre déjà le maître des lieux. A peine arrivé, il me commande un thé, s’installe sur la terrasse, allume un cigare... il est neuf heures pile. 45 minutes d’entretien plus tard (voir interview page 30), nous partons ensemble retrouver Elina, 33ème joueuse

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mondiale, qui s’entraîne sur le court « Superior », comprenez le fameux court en gazon. Sapronov investit dans la carrière de Svitolina depuis qu’elle a 11 ans et, ce court, c’est aussi pour elle qu’il l’a construit. Quelques mètres de golfette plus loin, je découvre enfin ce mini-Wimbledon. Et je dois avouer que le rendu est convaincant. Bancs en bois, herbe taillée au cordeau... On se croirait au All England Club. Quelques aces plus tard, je salue Elina et son staff et laisse place aux nombreux petits Ukrainiens venus découvrir ce terrain à l’occasion d’un clinic avec leur idole. La presse s’est déplacée en masse pour l’occasion. Les interviews s’enchaînent, les enfants jouent, testent et repartent des autographes plein les mains. Le court... a salement morflé. « Ça va encore me coûter quelques milliers d’euros », s’amuse Sapronov. Je profite de l’occasion pour partager un repas avec la joueuse, ses parents et son team. Tout le monde est soucieux de connaître mon point de vue sur la situation

actuelle en Ukraine. Que dire ? Hormis, un court magnifique, un golf dantesque et un hôtel 5 étoiles, je n’ai encore rien vu...

Jour 3

Kharkov, de jour et de nuit... C’est décidé, aujourd’hui, je m’extirpe de l’ambiance luxueuse et feutrée du Superior Resort. Je serai, certes, escortée Vsevolod Kevlych, le Directeur de l’hôtel, mais pourrai au moins voir le cœur de la ville. Je m’aventure à poser quelques questions sur la situation de son pays à mon accompagnateur du jour, le temps de rejoindre le centre ville. Le discours est policé, mais quelques pointes de patriotisme et d’exaspération laissent supposer une vérité différente. Je comprends vite qu’à Kharkov, on ne veut pas entendre parler de ce conflit qui n’aurait pas lieu d’être. Me voici, enfin, sur la Place de la Liberté. J’aperçois une statue de Lénine, l’occasion de relancer le débat...


dossier Gazon Maudit, gazon béni Une équipe « Made in France » pour Elina Svitolina On le sait, une joueuse, comme un joueur, c’est avant tout une équipe. En ce qui concerne Elina Svitolina, celle-ci est 100% française. Cocorico ! L’académie : ISP Academy Installée à Sophia-Antipolis, près d’Antibes, l’équipe d’ISP met à la disposition d’Elina Svitolina ses courts et son staff quand elle souhaite se préparer sur terre battue et sur dur. Elle est ainsi la meilleure joueuse du Team Pro de l’académie. L’agent : Stéphane Gurov A la tête de l’agence Top Five. Elina Svitolina lui faisait déjà confiance en 2010 lorsqu’elle a remporté Roland Garros Junior. Il vient de signer, pour sa joueuse, un partenariat exclusif avec Elesse. Elina est désormais l’ambassadrice mondiale de la marque. Le coach : Sébastien Matthieu Ancien joueur ayant évolué en marge de la Fédération Française de Tennis, « coach Seb » travaille depuis un an et demi avec Elina Svitolina. Sa référence, en termes de coaching, reste le Francais Sam Sumyk, entraîneur de Victoria Azarenka : « Ce qu’il a fait avec Vika, c’est très fort. Je suis allé voir plusieurs fois leurs entraînements, il se passe quelque chose sur le terrain. Je veux reproduire ça avec Elina. » Le préparateur physique : Tiroy Gensburger Préparateur physique de l’académie ISP, en charge du pôle féminin et WTA. Tiroy accompagne et prépare Elina dans les moments forts de la saison : « Avec elle, on y va doucement. C’est une joueuse qui a peur de se blesser. Elle est souvent tendue. Mon boulot, c’est de l’aider à surmonter tout ça et m’assurer qu’elle puisse jouer tous les matches sans crainte. »

Un terrain en gazon *et la quête du rebond parfait La construction de ce terrain a constitué un véritable défi, comme l’explique Yuri Sapronov : « Il y a une histoire derrière ce court. Je dirais même un pari. L’idée me trottait dans la tête depuis un bon moment. Le resort possédait déjà des terres battues, mais je trouvais la perspective d’avoir un terrain en gazon logique, surtout avec l’implantation de notre golf juste en face. Dans un premier temps, j’ai souhaité m’adresser aux spécialistes de Wimbledon, les fameux « greenkeepers ». Mais l’info est vite arrivée aux oreilles de notre responsable-conception du golf, Andrew Glen. Andrew, comme beaucoup d’Australiens, adore les défis. Alors, quand il a appris que j’avais le projet d’un court de tennis en gazon, il m’a appelé en me disant : « Moi, j’en ai construit des dizaines en Australie, je peux le faire ! » Comme j’avais encore des doutes quant à la faisabilité de ce projet, j’ai appelé mon ami, Shamil Tarpischev (NDLR : Président de la Fédération Russe de Tennis) pour avoir son expertise à ce sujet. Il m’a répondu qu’après trois tentatives de construction, lui avait abandonné l’idée, car la balle ne rebondissait pas du tout comme à Wimbledon. Quand je suis revenu vers Andrew avec ces informations, il a compris mon niveau d’exigence. On a alors passé un deal : si, par malheur, la balle ne rebondissait pas exactement comme à Londres, il pouvait s’asseoir sur six mois de salaire (rires). Je pense qu’il a pris un peu peur car, la semaine suivante, il s’est envolé pour Wimbledon où il a rencontré des jardiniers et des experts du gazon pour travailler sur ce fameux rebond de la balle. En revenant, il a construit un court magnifique, qui répond tout à fait à mes attentes. »

Clairement, la région de l’Oblast, dont Kharkov est la capitale, est tiraillée entre son passé soviétique et sa volonté d’être le symbole d’une Ukraine indépendante. La présence d’un militant pro-russe, arborant son drapeau orange et noir au pied de la statue, me rappelle l’existence du conflit actuel. La suite de la visite est très calme. Je découvre une ville à l’architecture intéressante, une douceur de vivre. Des artistes croquent la très belle cathédrale de l’Annonciation de la Sainte-Vierge, de veilles dames sans âge vendent des boîtes de conserve à la sauvette, des popes bénissent un enfant dans une église orthodoxe... C’est sous le charme désuet de Kharkov que je m’en vais rejoindre le staff d’Elina au restaurant. Au programme : match d’ouverture de la Coupe du Monde.

C’est finalement ici que je me sens le plus en danger... « Surtout, tu ne dis pas que tu es Française ! A cause de nous, il n’y sont pas, eux, à la Coupe du Monde... » plaisante Sébastien Matthieu, le coach de la joueuse. Pas de problème, ce soir, j’ai choisi : je serai Brésilienne !

Jour 4

retour au pays La nuit fut courte et six heures d’avion se profilent à l’horizon. Difficile de se plaindre quand j’apprends que Tiroy, le préparateur physique d’Elina, va, lui, mettre plus de 20 heures pour rejoindre Nice. C’est aussi ça, l’Ukraine... Je pars donc en compagnie de Miss Svitolina, son agent et son coach. Ils s’envolent pour Amsterdam. La saison sur gazon commence pour

la WTA, tandis que, de mon côté, je regagne l’aéroport de Genève dans un avion toujours aussi vide. Ma recherche du court perdu se termine. Mission accomplie, sans l’ombre du moindre conflit.

Le Superior Golf and Spa Resort

en chiffres

• 49 chambres dont 5 suites • Un golf 18 trous • Une norme standard 5 étoiles • 1 spa • 1 centre de remise en forme • 2 piscines chauffées (une intérieure, une extérieure) • 1 restaurant européen • 1 cave de plus de 1000 bouteilles • 15 km du centre-ville de Karkhov • 3 terrains de tennis en terre battue • 1 terrain de tennis en gazon

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guest star

MONSIEUR

Businessman redoutable et homme politique reconnu, Yuri Sapronov investit sans compter depuis bientôt 15 ans dans le tennis ukrainien. En vrai passionné, il rêve que son pays, secoué par des conflits internes persistants, renoue avec sa tradition tennistique. A la tête de nombreuses écoles de tennis et protecteur de plusieurs joueurs, Sapronov semble avoir un certain talent pour repérer les grands de demain. Après Dolgopolov ou les sœurs Bondarenko, c’est, aujourd’hui, sa protégée Elina Svitolina (19 ans et 33ème à la WTA) qui lui apporte entière satisfaction. Rencontre avec ce personnage charismatique, prêt à toutes les folies pour booster le tennis ukrainien. Entretien réalisé par Gwendoline Cordeliers

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Yuri Sapronov La dernière fois qu’on vous a interviewé, c’était en 2010, pour la victoire d’Elina Svitolina à Roland Garros Junior. Vous nous aviez alors confié : « Ça y est ! Maintenant, j’en suis certain, Elina fera partie des toutes meilleures joueuses mondiales. » Aujourd’hui, elle est presque Top 30... Pari réussi ? J’ai 20 ans d’expérience avec les joueurs. Je me suis occupé de beaucoup de filles, comme Tatiana Perebiyenis ou les sœurs Bondarenko. J’ai pu voir, au fil des années, les erreurs de management qui ont été commises avec ces joueuses. Avec Elina, on n’est pas pressés et on ne se presse pas. Son entourage est constitué exclusivement de personnes positives. Aujourd’hui, je suis déjà très fier de la voir évoluer au plus haut niveau. Je continue à penser que, même si elle n’atteint pas la première place mondiale, elle sera vite dans le Top 5. Être Top 5 signifie qu’elle devra dominer une nouvelle génération de joueuses qui s’annonce très talentueuse.... C’est vrai. La concurrence est impitoyable. Cette année, lorsque je suis allé à Roland Garros, je ne suis pas allé voir Serena Williams ou Maria Sharapova. Non, moi, je suis allé jeter un coup d’œil chez les jeunes. Les matins, j’espionnais les entraînements de filles en pleine progression comme Eugenie Bouchard, Madison Keys, Caroline Garcia ou Garbine Muguruza. Et j’ai été très impressionné par les progrès de toutes ces futures championnes. Aujourd’hui, l’exemple à suivre, c’est évidemment Bouchard. Cette fille a vraiment quelque chose. Elina l’a battue lors de leurs deux dernières confrontations. On en discute souvent ensemble et je n’arrête pas de lui répéter que, s’il elle l’a battue plusieurs fois, c’est qu’elle est capable de jouer comme elle – et même mieux. Et que l’objectif du Top 10 est donc réalisable. Maintenant ! En parlant d’Elina, vous avez signé un nouveau contrat de cinq ans avec elle. Quels sont les objectifs communs de cette collaboration ? Ce contrat a permis d’étendre son champ d’action, puisqu’elle est aujourd’hui l’ambassadrice de mon resort, l’hôtel Superior. D’ailleurs, elle en porte le badge pendant les matchs. C’est sa seule contrainte en tant que représentante de l’établissement. En contrepartie, quand elle arrive à Kharkov, tout est gratuit pour elle et son staff. Les courts sont mis à sa disposition, plusieurs chambres d’hôtel lui sont réservées et elle a un accès illimité au spa et aux structures de remise en forme. Alors, la construction de ce fameux terrain en gazon, c’est aussi pour Elina ? Oui. On a construit ce court pour elle, pour ses 10 jours de préparation qui précèdent Wimbledon. Mon rôle, c’est de mettre à disposition les meilleurs

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instruments pour qu’elle et son équipe travaillent au mieux. C’est mon champ d’action. J’avance les fonds et je prends les décisions. Ce matin, on a pu voir une vingtaine de jeunes joueurs échanger des balles avec elle sur ce court. L’idée, c’est aussi de créer des vocations ? Elina commence à être très connue à Kharkov et en Ukraine. Son exemple pousse forcément des enfants à rêver d’une carrière pro, d’autant qu’il existe quelques écoles de tennis avec une tradition de formation très forte. J’essaie de repérer ces talents à travers mon pays. Et quand j’en trouve un, je mets les moyens pour l’aider. Je fais des offres qu’on ne peut pas refuser (rires). Ça s’est passé ainsi avec Elina. Je l’avais repérée dans un tournoi à Odessa, elle n’avait que 11 ans. Je lui ai fait signer un contrat de sept ans où je prenais tout en charge financièrement. Imaginez le risque que j’ai pris !... Beaucoup de jeunes, même très talentueux, arrêtent le tennis ou s’évanouissent dans les profondeurs du classement entre 10 et 18 ans. Mais j’étais confiant, et je ne le regrette pas aujourd’hui. On a l’impression qu’il y a plus de filles que de garçons dans cette nouvelle génération ukrainienne... Je suis sans doute coupable de cette situation. En 2000, quand j’ai décidé d’investir dans le tennis – enfin, c’était plus du mécénat que de l’investissement (rires) –, j’ai commencé à faire des calculs. En bon businessman, j’ai comparé le coût de la prise en charge d’une joueuse et celui d’un joueur. J’ai constaté qu’il fallait investir deux à deux fois et demie moins pour une fille que pour un garçon. Pour une joueuse entre 11 et 14 ans, je devais sortir entre 20 à 25 000$ par an, alors que, pour un garçon, nous étions déjà à quasiment 50 000$. D’ailleurs, j’ai aussi sponsorisé Alexandre Dolgopolov entre 16 et 18 ans. Son cycle annuel me revenait à environ 75 000$. C’est une expérience purement empirique, mais c’est ce qui explique, à mon sens, l’éclosion plus importante de jeunes joueuses que de jeunes joueurs. A moins que je ne me sois trompé dans mes calculs (rires)... Quelle est le rôle de votre fédération dans la détection et l’aide aux joueurs ? En faites-vous partie ? Nous avons, depuis peu, un nouveau Président, Sergei Lagur. On me propose tout le temps d’être Vice-Président, mais je refuse systématiquement. De toute façon, je fais déjà plus que ne le ferait n’importe quel vice-président institutionnel. Lagur est quelqu’un de sage et un bon businessman. Il y a eu beaucoup de critiques envers la fédération ukrainienne, mais il est quelqu’un de très pragmatique, qui a une vision sur le long terme. Tout l’inverse de moi qui possède un côté plus

romantique, plus imprévisible... D’ailleurs, j’ai décidé de construire quatre autres courts en gazon sur le terrain du resort. On va essayer de monter un tournoi sur gazon en Ukraine. Il faut dire que j’ai encore des hectares de forêt à ma disposition, il faut bien que j’en fasse quelque chose ! Mais je m’emballe. Je dois encore faire des calculs. Avec l’argent des quatre nouveaux courts en gazon, tu peux monter à peu près cinq tournois de 10 et 25 000$, alors... Est-ce qu’un joueur emblématique, comme Andrei Medvedev, est impliqué dans le tennis ukrainien ? Ces dernières années, Andrei a passé son temps à Barcelone où il s’est occupé d’un joueur, Bogdan Didenko. Il travaille désormais avec l’équipe nationale junior ukrainienne. Mais j’ai le sentiment qu’il sera bientôt Capitaine de Coupe Davis. Il a du charisme et il bénéficie d’une très bonne aura au niveau international. Il n’a peut être pas encore de résultats en tant qu’entraîneur, mais je pense qu’il fera un très bon capitaine. Difficile de ne pas évoquer la situation actuelle en Ukraine. Vu de France, le conflit semble extrême. Comment peut-on assurer une sécurité optimale à la 35ème joueuse mondiale quand elle choisit de revenir s’entraîner dans son pays ? Les gens peuvent être très étonnés qu’une joueuse du niveau d’Elina revienne dans sa ville, Kharkov, alors qu’il y a des conflits armés à une centaine de kilomètres, c’est vrai. Il faut comprendre que Kharkov a une mentalité très différente. Kharkov, c’est une ville pro-ukrainienne. Non, qu’est ce que je dis, c’est une ville ukrainienne ! Et c’est surtout une ville intelligente. Il y a 1 500 000 habitants, dont 300 000 étudiants. Elle a été capitale du pays. Il y a un grand milieu poétique, théâtral, une vie culturelle très dense. J’espère, et je prie tous les jours, pour qu’il n’y ait pas d’exactions ici. On vous sent très patriote. Pour revenir au tennis, à choisir, vous préféreriez une victoire d’Elina Svitolina en Grand Chelem ou une victoire en Fed Cup ? Vous savez, je suis avant tout Ukrainien. Ma fortune, je l’ai construite en Europe et en Russie. Mais, mon argent, je le réinvestis quasiexclusivement en Ukraine. Et, en combinant l’amour de mon pays et mon amour pour le tennis, ma plus belle satisfaction serait de voir l’Ukraine l’emporter en Fed Cup. Une rencontre contre la Russie. Elina battrait Sharapova au terme du cinquième match décisif. Après cela, je suis désolé pour Elina et les autres joueuses, mais je donnerais ma démission avec le sentiment du devoir accompli.


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