L'Espace public au sein de PREVI (LIMA)

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INTRODUCTION La dimension sociale de l’architecture a toujours été une question fondamentale, abordée déjà par Aristote selon qui, « l’homme qui est dans l’incapacité d’être membre d’une communauté, ou qui n’en éprouve nullement le besoin parce qu’il se suffit à luimême, ne fait en rien partie d’une cité, et par conséquent est ou une brute ou un dieu1.» » Au Pérou, dans un pays où l’auto-construction occupe une place majeure dans la construction des logements, où les bidonvilles sont si répandus qu’ils fabriquent la ville

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ARISTOTE, La Politique, nouvelle traduction par J. Tricot, Paris, Vrin, 1982, p. 23

parfois dans son entier et où de petites communautés solidaires s’installent sans aide de l’Etat, la question de la libre construction est fondamentale. Au-delà des problèmes économiques qui poussent les habitants à construire eux-mêmes leur logement, il semble que les péruviens soient attachés à un environnement urbain auto-fabriqué, évolutif, qui « s’organise » en marge des planifications urbaines. Quand John F.C. Turner, jeune architecte britannique, est invité en 1957 à poursuivre des recherches sur ces « barriadas » (bidonville) au Pérou, il conclut entre autres que « lorsque les habitants contrôlent les décisions majeures et contribuent à la planification de leur futur établissement, l’environnement produit et le processus inclusif de la participation stimulent à la fois le bien-être social de la communauté et celui de l’individu. A l’inverse, quand les gens n’ont ni contrôle ni responsabilité sur les décisions clefs concernant la construction de leur lieu de vie, alors l’environnement peut se révéler être une barrière à l’épanouissement personnel et un fardeau pour l’économie2. » Au Pérou, construire son logement relève donc de l’acte culturel. Les fers en attente

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TURNER, John, Freedom to Build: dweller control of the housing process, New York, Collier Macmillan Ltd, 1973, p. 241

qui émergent des toitures de ses principales villes et villages ne témoignent pas simplement de constructions archaïques, parfois insolvables car considérées comme inachevées. Ils évoquent également le passage d’une génération à l’autre, quand les plus jeunes posent les bases de leur logement au-dessus de celui de leurs aînés. Mêlant cette culture de l’auto construction à une planification organisée d’un vaste quartier de Lima, le projet PREVI, initié en 1968, visait à construire des logements incrémentaux, voués à se développer et à évoluer parallèlement à la croissance des familles : une problématique adressée à autant d’architectes péruviens qu’internationaux

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