L'écume des jours

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« Comment est-ce que cela peut se faire ? demanda Alise. – Je ne sais pas… dit Chloé. Tiens, voilà un peu de lumière. » La souris à moustaches noires venait d’entrer, portant un petit fragment d’un des carreaux du couloir de la cuisine qui répandait une vive lueur. « Sitôt qu’il fait trop noir, expliqua Chloé, elle m’en apporte un peu. » Elle caressa la petite bête qui déposa son butin sur la table de chevet. « Tu es gentille d’être venue me voir, tout de même, dit Chloé. – Oh ! dit Alise, tu sais, je t’aime bien. – Je sais, dit Chloé. Et Chick ? – Oh ! ça va, dit Alise. Il m’a acheté un tailleur bordeaux en soie. – Il est joli, dit Chloé. Il te va bien. » Elle s’arrêta de parler. « Tu as mal ? dit Alise. Ma pauvre. » Elle se pencha et caressa la joue de Chloé. « Oui, gémit Chloé. J’ai si soif… – Je comprends, dit Alise. Si je t’embrassais, tu aurais moins soif. – Oui », dit Chloé. Alise se pencha vers elle. « Oh ! soupira Chloé. Comme tu as les lèvres fraîches… »

« Où pars-tu ? demanda-t-elle. – Pas loin, dit Chloé. Dans la montagne. » Elle se tourna sur le côté gauche. « Tu l’aimes bien, Chick ? – Oui, dit Alise. Mais lui aime mieux ses livres. – Je ne sais pas, dit Chloé. C’est peut-être vrai. Si je n’avais pas épousé Colin, j’aimerais tellement quece soit toi qui vives avec lui. » Alise l’embrassa de nouveau.


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