Faire triompher la France

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Etudes & Débats

cés sur les marchés de capitaux comme alternatives aux prêts bancaires, retrouvent grâce auprès des emprunteurs et mérites auprès des investisseurs. S’ouvre alors un festival d’émissions obligataires. Un record de mémoire de banquier. Car telle est la simple réalité du marché de la dette. Obligations et prêts sont des titres de créances. Nul pari sur la croissance pour valoriser son investissement mais sur l’analyse de la capacité d’un emprunteur à payer ses intérêts et à satisfaire ses échéances d’amortissement ou de refinancement.

M. Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas, et Mme Christine Lagarde, à Bercy, à l’issue d'une réunion entre la ministre et les banquiers français, le 11 février 2010.

allocation d’actif : actions et obligations. Sur cette période les actions affichent une performance de -13.7%, quand les obligations d’entreprises affichent une performance de 31.5%... Comme quoi certaines idées reçues ont la vie dure. Fréquemment limité dans sa perception grand public aux produits de taux (obligation d’Etat), le marché de la dette desintermedié est pourtant riche d’une grande diversité de supports, réservés, trop souvent, à des investisseurs avertis, voire institutionnels. Obligations d’entreprises, dette mezzanine, dette bancaire ou encore dette immobilière : l’univers des possibles est vaste mais malheureusement peu connu, car traditionnellement peu médiatisé. Pourtant, les événements des deux dernières années ont conduit à une médiatisation brutale, dans un amalgame consternant, de ce marché du crédit, source de tous les maux de la situation actuelle : des subprimes au crédit crunch, les marchés financiers paieraient aujourd’hui l’addition de « la crise du crédit »… Au printemps 2009, les liquidités des sociétés se sont raréfiées. Le guichet des billets de trésorerie était fermé depuis bien longtemps et les lignes bancaires confirmées non-tirées n’étaient plus que d’heureux souvenirs pour les trésoriers d’entreprises. Les émissions obligataires apparaissent comme les solutions de financement en dernier recours. Lafarge emprunte à 7.625% et Saint Gobain à 8.25%. Renault est dégradé par les agences de notation au rang de junk bond (obligations pourries). Mais Renault ce n’est pas pareil. D’ailleurs Pernod Ricard est déjà junk bond. Mais eux non plus ce n’est pas pareil...

Les actifs de rendement retrouvent leur légitimité. Dans un environnement ou les avertissements sur résultats s’accumulent et les annonces de suspension de dividendes sont légion, les coupons qui détachent tous les trimestres procurent satisfaction à l’investisseur échaudé… Certains observateurs y voient même une renaissance de cette industrie, comparant cette période à celle du début des années 80, âge d’or de la finance de marché moderne, où l’activité de courtier dans ce marché non centralisé fit la fortune et la gloire de nombreuses maisons pas toutes disparues... Le risque systémique a disparu. Il a pourtant bien existé. Le mérite en revient à la coordination volontaire des interventions publiques. Il est temps de redonner confiance à l’épargne populaire. L’emprunt EDF public en est un témoin précurseur. Dans un environnement économique incertain, où les signes de reprise macro-économique demeurent réellement fragiles, dans un contexte ou la rémunération de l’argent n’a jamais été aussi faible, les produits de dettes offrent le meilleur profil rendement / risque à l’investisseur privé et incarnent le renouveau des financements nécessaires aux entreprises françaises. Les champions nationaux, les sociétés du CAC 40, ont montré la voie. Mais elles ne doivent pas avoir le monopole de l’accès au financement populaire. L’opportunité est historique pour accélérer cette désintermédiation et réinventer certains paradigmes afin de prendre conscience que le passif peut être un actif… Mathieu Chabran I Co-fondateur de Tikehau Capital Advisors, Directeur général de Tikehau Investment Management

www.tikehauim.com

Comme si l’inconscient collectif d’un marché refroidi trouvait de la vertu aux noms qui rassurent, qu’il connait. Une société du CAC 40 qui lance une émission obligataire, ce ne peut pas être mal… Et voilà subitement que les instruments de dette désintermédiés, c'est-à-dire pla-

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