Georges Le Fur

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Georges Le Fur - Exodes Du 9 septembre au 9 octobre 2011



L’Exposition

Exodes

Georges Le Fur Du 9 septembre au 9 octobre 2011 Galerie du Faouëdic Hôtel de Ville de Lorient

Page 18 80 x 80 cm


Prolégomènes Par Alain Le Beuze

« Nous ne reviendrons pas comme nous sommes partis » Mahmoud Darwich « La poésie ne comble pas, mais au contraire approfondit toujours davantage le manque et le tourment qui la suscitent », écrivait le poète Jacques Dupin dans L’embrasure en 1969. On pourrait volontiers substituer au terme « poésie » le mot « gravure » pour appliquer cette réflexion à Georges Le Fur, tant l’artiste creuse inlassablement le bois pour révéler les tourments du monde et notamment ses exodes. D’ailleurs le graveur parle des exodes, oblitérant volontairement le singulier pour aborder toutes les formes de nomadisme, sans circonscrire son travail à l’exode biblique, certes fondateur de sa thématique récurrente. L’exil est l’une des sources de la création. « L’homme qui est en harmonie parfaite avec la société, sa culture, avec lui-même, ne peut être un créateur. Il lui faut une forte tension intérieure pour transgresser les règles, conditions nécessaires à toute création », dit Mahmoud Dawich lors de ses entretiens avec le poète libanais Abbas Beydoun, dans La Palestine comme métaphore. Georges Le Fur fait partie de ces écorchés vifs, qui ne peut taire les violences faites aux peuples à la dérive, victimes des désordres économiques et de la cupidité de systèmes sans état d’âme. L’espoir d’une vie meilleure motive ces humiliés de la faim, qui s’aventurent sur des chemins que poudroie le vent de l’inquiétude ou sur des barques de fortune et que la voracité des flots n’épargne pas toujours. Georges le Fur aussi est en marche, comme ces exilés et ces réfugiés dont il grave la tragédie dans l’aubier des jours. Sa thématique abordée depuis de nombreuses années est comme une métaphore de son travail artistique. Il faut y voir une collusion entre le sujet abordé et l’acte du graveur. Georges Le Fur est en déshérence, comme ces nomades. Lui aussi est à la recherche d’une terre, d’une forme qui conjugue dextérité et enjeu. Le vent de la création le pousse sur des pistes inexplorées, comme ces fugitifs, dont il grave la précarité de l’errance. On pourrait y voir aussi la figure de Sisyphe, dont le travail réitéré traduit l’impossible ascension et l’infinie révolte contre la souffrance des exilés. Ses gravures fuient toute anecdote, même si elles font référence en filigrane à des événements bibliques ou historiques. Ainsi il leur accorde une dimension universelle et intemporelle. Dans ses œuvres récentes presque abstraites et qui suggèrent une foule concentrationnaire de visages anonymes, le graveur démasque l’horreur de la condition humaine accentuée par un encrage en noir et blanc. Il réaffirme ici son souci de l’universel, qui induit une filiation avec les errants de tous les temps.


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L’Artiste

Quand l’estampe rejoint le tableau

Georges Le Fur

Né à Dakar de parents bretons, Georges Le Fur a d’abord parcouru le monde à bord de bateaux, petits ou gros, traversant les océans à la quête de nouveaux horizons et de rencontres insolites… Revenu à Lorient après un beau voyage et une périlleuse traversée de l’Atlantique sur un voilier de 7 mètres, Georges Le Fur a choisi de s’exprimer, en autodidacte doué, par la peinture. Sa rencontre avec Claude Huart, directeur des Beaux-Arts de Lorient, est fondatrice et le pousse à s’orienter définitivement vers la gravure sur bois. L’ancien marin retrouve avec bonheur cet élément qu’il connaît bien, le bois, et qu’il travaille avec la force d’un aventurier et la finesse d’un artiste sensible. Progressant rapidement dans son art, il s’installe dans son atelier-laboratoire et repousse les limites de la technique et compose des estampes multicolores d’une symbolique étonnante. Là, entre joies éphémères et doutes, entre créativité et impatience, il se met à la quête d’une écriture artistique novatrice et d’une œuvre originale. Sa persévérance force l’admiration, tant il a mis de lui dans cette succession de tableaux, qui le voient évoluer du graphisme vers l’écriture, pour, finalement, adopter un style où des personnages énigmatiques se mêlent à des composions graphiques éclatantes. C’est dans cette perspective qu’il entame, dès 1997, son étonnant travail sur les exodes, quand, retraçant des années d’errance prolifique, il a voulu incarner ces êtres à la recherche d’une vie meilleure, un parcours intérieur qu’il a lui-même expérimenté et qui s’exprime, avec force et sagesse, dans les 70 oeuvres de cette exposition majeure. Pas encore un testament artistique mais, incontestablement, une œuvre de très grande maturité !


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La Technique Du bois à la couleur…

Dès l’origine, la xylographie, ou gravure sur bois, est un procédé de reproduction multiple d’une image sur un support plan, papier ou tissu, en utilisant une tablette de bois gravé comme empreinte pouvant être reproduite par estampage (ou impression), à meilleur prix que le travail réalisé à la main par des copistes. Ce terme tend à être utilisé pour désigner les gravures produites avant l’invention et la diffusion de l’imprimerie. Il s’agit peut-être de la plus ancienne technique de reproduction. Depuis l’invention de l’imprimerie, cette technique a été abandonnée comme moyen de reproduction pour devenir une technique très prisée des artistes, qui y voient un moyen d’exprimer leur sensibilité, tout en restant en contact avec la matière, pour produire une sorte de sculpture en deux dimensions. C’est dans cette filiation que se situe le travail de Georges Le Fur, qui a repoussé la technique au-delà de ses limites habituelles, mêlant les couleurs et les formes dans une écriture captivante. Sa technique, celle du bois perdu, lui impose d’imaginer son œuvre dès le début de travailler, couche par couche, couleur par couleur, et de travailler la matière à l’aide de gouges. A chaque couleur, le bois est creusé, si bien que dès la première étape du processus de création, il est « perdu »… Heureusement, l’œuvre est éternelle !

QUELQUES INFORMATIONS PRATIQUES

Bois utilisés : planches de fruitiers, pommiers cerisiers, poiriers, ou planches de charme. Grands formats : planches de médium, faites de particules de bois.

Outils : les gouges (petits ciseaux à bois), les mêmes depuis 20 ans. Papiers : Vélin d’arches ou BFK Rives 300 gr.

Encres : encre typographique, mélangée à d’autres produits, ce qui oblige l’artiste à travailler avec un masque. Ces mélanges permettent aujourd’hui d’avoir des oeuvres où la matière est visible et très présente. Une fois appliquée sur le papier, le séchage de l’encre se fait par oxydation. Et la gravure devient tableau…


Page 19 - 70 x 35 cm

Matrice – Page 19 Bois travaillé par l’artiste, à l’issue du processus de création et d’impression…


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Exodes

Page 7 80 x 80 cm En couverture Page 21 80 x 80 cm

Galerie du Faouëdic Hôtel de Ville de Lorient Tél. : 02 97 02 22 57 www.lorient.fr www.georges-lefur.com


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