Lutter contre les stéréotypes filles garçons

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Lutter contre les stéréotypes filles-garçons

montrent que les stéréotypes pèsent plus spécifiquement sur les garçons et filles des classes populaires, en restreignant leurs possibilités de mobilité.

L’égalité hommes-femmes comme enjeu politique Faire de la lutte contre les inégalités femmes-hommes un enjeu politique, une catégorie du droit, n’est pas évident a priori. Comment le politique peut-il traiter cet écart entre aspiration à l’universalisme et politique de reconnaissance ? Le faut-il et est-ce vraiment efficace ? Si oui, comment passer des normes implicites aux normes explicites pour faire évoluer la société vers davantage de justice ? Rendre visible, dénoncer et lutter contre un ordre social sexué inégalitaire ne va pas sans difficultés. Des résistances et des freins individuels se font jour qui appellent une stratégie publique dans la durée. Premièrement, pour certains, bousculer l’ordre établi est inacceptable car cela reviendrait à « contester la vision consensuelle d’une harmonie entre les sexes 1 inhérente à la culture française » , prétendument égalitaire et aveugle aux différences. Deuxièmement, à court terme, il y aura des « coûts de transactions » personnels. En effet, hommes et femmes se construisant en partie sur des identités sexuées, ils peuvent être tentés de s’y replier, notamment dans une période de difficultés économiques. En particulier, l’asymétrie actuelle des positions masculines et féminines peut conduire les hommes à « perdre » dans un premier temps des positions jugées comme plus enviables au regard des normes sociales. Si, à moyen terme, hommes et femmes gagnent à vivre dans une société plus égalitaire, ces progrès-là sont lents, parfois à l’échelle d’une génération. Dès lors, se pose le problème de leur évaluation, en termes de pilotage de politiques publiques. Finalement, les inégalités entre les hommes et les femmes ne sont acceptées comme catégorie politique que depuis peu de temps, notamment depuis la loi instituant la 2 parité . D’une part, l’universalisme républicain n’est plus aveugle à ce questionnement ; d’autre part, les rapports sociaux entre les sexes ne sont plus considérés 3 comme relevant exclusivement de la vie intime . Pour que la « distinction de sexe », lorsqu’elle existe, ne soit plus stigmatisante, il s’avère nécessaire de renforcer sa prise de conscience, par les acteurs, et d’ouvrir le champ des possibles dès la jeunesse. Faut-il, dès lors, favoriser et accroître ce qui apparaît aujourd’hui comme des transgressions, à savoir l’adoption par les hommes de rôles sociaux traditionnellement féminins et vice versa, en tenant compte des asymétries de départ ? Au-delà de la conscientisation, susceptible d’alimenter des résistances identitaires, peut-être faut-il aussi défendre des actions permettant d’atteindre une mixité plus réelle et d’assurer une approche systémique jouant sur plusieurs leviers complémentaires.

1

Fassin É. (2009), Le Sexe politique, Éditions de l’EHESS, p. 61. Par opposition à la culture américaine, par exemple. 2 Loi n° 2000-493 du 6 juin 2000 tendant à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ; www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000400185&dateTexte=&categorieLien=id. 3 Fassin É. (2009), op. cit.

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Janvier 2014 26


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