Lutter contre les stéréotypes filles garçons

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Chapitre 5 – La santé des jeunes au féminin et au masculin : stratégies pour combler les inégalités

le fait d’être homosexuel étant un facteur de risques suicidaires plus important chez 1 les garçons que chez les filles . L’ensemble de ces différences en termes de rapport à la santé, de bien-être et de mal-être s’explique par la combinaison de plusieurs paramètres. D’une part, les garçons auraient moins tendance à faire attention à un symptôme passager et à considérer que celui-ci nécessite une prise en charge médicale que les filles, qui sont incitées très tôt à prendre soin d’elles (et des autres). En outre, l’expression différenciée des problèmes de santé alimenterait les écarts entre filles et garçons soulignés dans les enquêtes déclaratives. Alors que les filles sont plutôt encouragées à formuler leurs soucis, les garçons sont incités par l’environnement social à se conformer au modèle du masculin, viril et dur au mal. Ils sont ainsi moins enclins à exprimer une plainte liée à un problème psychologique ou somatique. Par ailleurs, en verbalisant moins leurs problèmes, ils ont davantage tendance à passer à l’acte et à adopter des comportements à risques. D’autre part, les filles pourraient être exposées à des facteurs de stress et à des 2 pressions qu’elles auraient plus de difficultés à surmonter .

Des comportements à risque plus masculins, mais une tendance au rattrapage Les filles et les garçons affichent des taux de mortalité et de morbidité différents : en 3 2010, les garçons représentaient 64 % des 0-24 ans décédés en France . La surmortalité masculine n’est toutefois pas vérifiée à tous les âges. Flagrante entre 0 et 1 ans, cette différence s’estompe ensuite pour disparaître autour de 4 ans. Un nouveau 4 différentiel se crée à partir de l’adolescence (14-15 ans) . Plusieurs explications 5 peuvent être avancées . Tout d’abord, chez les très jeunes enfants, les garçons nouveau-nés sont plus fragiles 6 d’un point de vue biologique . Ensuite, les représentations socioculturelles influencent d’une part l’attitude de l’entourage des jeunes et d’autre part celle des jeunes euxmêmes. Ainsi, la surveillance, parentale notamment, est plus souple lorsqu’il s’agit des garçons. Alors que les filles sont plus contrôlées, notamment sur les sorties, les garçons sont davantage laissés libres d’explorer leur environnement. Ils sont en conséquence plus victimes d’accidents, tant domestiques que de la vie courante en général, ou de la route. Ainsi, lorsqu’on interroge les jeunes de 18-24 ans sur leur droit 1

En population générale, la prévalence des tentatives de suicide au cours de la vie (selon la sexualité déclarée) est de 10 % chez les hommes homosexuels (3 % chez les hétérosexuels) et de 10,5 % chez les femmes homosexuelles (5,9 % chez les hétérosexuelles) ; Beck F., Guilbert P. et Gautier A. (dir.) (2008), Baromètre santé 2005. Attitudes et comportements de santé, INPES. 2 Escalon H. et Beck F. (2013), « Les jeunes et l’alimentation. Des comportements sexués, évoluant avec l’âge et socialement marqués », Agora débats/jeunesses, n° 63. 3 Calcul à partir des données 2010 INSERM-CépiDC. 4 INSEE, Taux de mortalité par sexe et groupe d’âges depuis 1975. 5 Peden M., Oyegbite K., Ozanne-Smith J. et al. (dir.) (2008), Rapport mondial sur la prévention des traumatismes chez l’enfant, Organisation mondiale de la santé et Unicef ; Lasbeur L. et Thélot B. (2012), Mortalité par accident de la vie courante chez les enfants de moins de 15 ans, MAC-15, InVS. 6 Drevenstedt G., Crimmins E., Vasunilashorn S. et Finch E. (2008), « The rise and fall of excess male infant mortality », Proceedings of the National Academy of Sciences.

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