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Ouvrir l'oeil… et se faire plaisir ! I

INSPIRATION

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S’INSPIRER

VOIR AUTREMENT, NOURRIR SON IMAGINAIRE, S’AIGUISER L’ŒIL ET SE SURPRENDRE SOI-MÊME, C’EST LE BUT DE CHACUN DE CES RENDEZ-VOUS.

PAR NOËLLE BITTNER

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© Rex features

Elsa et sa fille, Gogo, aux sports d’hiver

La bonne société se lance sur les pistes et fait la réputation de stations comme St Moritz et Megève. Elsa en est et en crée les tenues, cagoule camouflage et silhouette fuselée.

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DÉMOTIVÉ(E) ?

Prenez donc une dose de Schiap !

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Voilà une expo qui vous pousse à sortir, à vous exprimer et vous donne des ailes… Vous avez bien deux heures à consacrer à votre quotient créatif ?

Il s’agit de pénétrer dans le monde de la créatrice de mode la plus extravagante du XXème siècle. Ses inspirations sont autant de mondes dont elle nous ouvre les portes à la volée : astrologie, baroque XVIIème et Roi Soleil, commedia dell’arte, broderie, cirque… tout l’intéresse, rien ne l’indiffère. Quand elle conçoit un modèle, c’est avec Jean Cocteau, Man Ray ou Salvador Dali qu’elle dialogue. Elle disait que travailler avec eux avait «quelque chose d’exaltant (…) au-delà de la fabrication d’une robe à vendre » ! Paul Poiret la repère et l’encourage, les surréalistes lui ouvrent les ailes, Salvador Dali lui suggère la robe homard, elle inspire Man Ray, Leonor Fini dessine son parfum Shocking, Dali son autre parfum, le Roy Soleil, sorte de pétillement éblouissant en cristal Baccarat. Plus tard, elle lancera un jeune homme de 19 ans, Hubert de Givenchy. Elsa Schiaparelli nait à Rome en 1890 au Palais Corsini, arrive à Paris, goûte à New-York avant de revenir s’installer à Paris. On est en 1935 et à qui l’extravagante Elsa fait-elle appel pour aménager et décorer ses salons Place Vendôme ? Au très élégant et sobre Jean-Michel Frank. C’est toute l’étendue et la diversité de son talent ! Cette créativité qui ne « date » jamais – l’esprit Schiap n’a pas pris un pli et on le voit resurgir dans les looks du nouveau créateur maison, Daniel Roseberry, qui n’est pas le dernier des surréalistes. (Précisons : le surréalisme, c’est l’espace entre la vie rêvée et la vraie vie, un espace qui n’est pas de tout repos !)

« Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli », jusqu’au 22 janvier 2023, au MAD Paris.

1. Daniel Roseberry Look 06, 2021-2022, © Maison Schiaparelli. 2. Leonor Fini et Fernand Guéry-Colas. Flacon de parfum Shocking1937, © Archives Schiaparelli, © Adagp, Paris 2022. 3. Daniel Roseberry Look 25, 2021-2022, © Maison Schiaparelli. 4. George Platt Lynes, Salvador Dalí1939Photographie, © Estate of George Platt Lynes. 5. Marcel Vertès, Publicité pour le parfum Sleeping1945, © Archives Schiaparelli. 6. Salvador Dalí et Baccarat. Flacon de parfum Le Roy Soleil1946, © Archives Schiaparelli. 7. Salvador Dalí, Poudrier téléphone 1935 Résine et métal, © Archives Schiaparelli, © Fundació Gala - Salvador Dalí / Adagp, Paris.

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DU MOBILIER DE JEAN PROUVÉ

flambant neuf !

Vous avez remarqué comme le mobilier de Jean Prouvé que l’on voit exposé dans les galeries et musées a souvent l’air fatigué. Pieds de fauteuils griffés, plateaux de table ternis… On ne touche pas aux icônes ! Or Jean Prouvé se voyait comme un constructeur et concevait des meubles utiles. Qui ont donc bien vécu, beaucoup servi et mené une vie dure dans les chambres d’étudiant des résidences universitaires, les hôpitaux et les bureaux. D’autant plus que jusque dans les années 80, Prouvé était peu connu du grand public et en rénovant les cités universitaires on a jeté bien des tables « Cafeteria » et des lits « Cité ». C’est à cette époque que Rolf Fehlbaum, chairman de Vitra, se passionne pour ces productions caractérisées par leur économie de moyens : Prouvé utilisait aussi peu de matériau que possible, construisait aussi simple que possible et produisait en série. Rolf Fehlbaum voit en Prouvé le contrepoint français de Charles et Ray Eames et commence à collectionner son mobilier qui possède dit-il « l’expression créative de la beauté intemporelle ». Depuis une vingtaine d’années, Vitra développe un partenariat avec Catherine Prouvé, la plus jeune fille de l’ingénieur et réédite des pièces iconiques, choisies avec soin, fabriquées à l’identique, avec les couleurs d’origine, bleu Marcoule, Blé Vert, blanc Colombe… Dans cette édition, la lampe Potence à abat-jour conique (1947), un des bureaux Compas (1950), ou le fameux fauteuil Kangourou, si confortable et si résistant. En effet, ses pieds arrière sont plus développés puisque, assis, le poids du corps repose sur l’arrière. Chacune de ces rééditions en très petite série est un événement et l’occasion d’acquérir un vrai meuble de Prouvé… flambant neuf !

www.vitra.com 1

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Dans la très belle Villa Dollander dessinée et construite par Henri et Jean Prouvé en 1949-1951 au Lavandou : 1. Chaises Standard et Table EM, chêne naturel et structure metal brut. Potence blanc Colombe. 2. Fauteuil Kangourou, bleu Marcoule, Rayonnage Mural, Japanese red. 3. Chaise Standard et bureau Compas Direction. 4. Détail du fauteuil Cité, tissus Mello Canary, base Japanse red. 5. Table EM. Toutes les photos © Vitra

Trois réalisations de Dorte Mandrup, en mimétisme avec la nature : The Whale, comme un cétacé géant. The Wadden Sea Centre, en terre ocre et roseaux comme le marais environnant et Ilulissat Icefjord Centre, à 250km du cercle polaire.

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© Adam Mørk

COMME LE VOL

d'une chouette des neiges

Dans les pays scandinaves, «les bâtiments ne sont pas perçus comme des objets à part mais sont compris dans le contexte de leur environnement». Voici une petite phrase… ô combien riche de sens ! Donc, chacun doit ressentir que le bâtiment est à sa place et ne pourrait être nulle part ailleurs. Il doit se fondre dans le décor et cela ne brime en rien la créativité. La preuve, ces extraordinaires réalisations du cabinet d’architecture Dorte Mandrup. Chaque construction a une mission précise et s’accorde à l’écosystème : le centre d’études et de rencontres posé au milieu des glaces dans l’Arctique, est «comme le vol d’une chouette des neiges qui file à travers le paysage » , commente Dorte Mandrup. C’est une interprétation des maisons basses au toit de roseau balayées par un vent puissant qui a donné naissance au centre d’exposition dans les marais ocres de la mer des Wadden. En Norvège, sur un site réputé pour l’observation des baleines, un musée évoque la queue du cétacé. Certes, il ne s’agit pas de créer un habitat HLM sur la dalle d’une banlieue… mais, on peut rêver…

Place. Dorte Mandrup. Architecture et paysage en symbiose. Maison du Danemark, Le Bicolore, 142 av. des Champs Elysées, Paris 8e jusqu’au 6 novembre, entrée gratuite.

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FACE À FACE AVEC le design vivant

C’est une exposition où il faut se laisser porter, d’une œuvre à l’autre, d’une découverte émerveillée à, peut-être… un « refus de voir » parce que trop dérangeant. Le parcours chronologique et thématique est scandé d’arrêts sur images : le cabinet de curiosités avec l’étonnante Grotto, impresion 3D en sable, silice, peinture, les Rêveries urbaines des frères Bouroullec, les recherches lumineuses de Serge Mouille… Au fil des salles, s’exposent 400 pièces de design et 90 créateurs. Certaines célèbres que vous reconnaitrez tout de suite mais que vous découvrirez en vrai, comme le siège organique (1948) où l’on peut s’asseoir de cent façons de Charles & Ray Eames. D’autres tout aussi belles, étranges, spectaculaires, beaucoup moins connues où vous décèlerez vos futurs grands classiques. A chacun d’en décider ! Le choix des pièces reflète leur lien avec la nature et les processus de création qui traversent les époques : biomorphisme au 19eme, biomimétisme et aujourd’hui le « vivant » à l’ère du numérique, qui explore les « bio-matériaux » fabriqués à partir d’organismes biologiques, une sorte de naturalité numérique. Exemple, cette Corolised chair (2012), conçue numériquement comme une sorte de corail agrégeant des organismes vivants. Si c’est cette évolution des procédés qui vous intéresse, la visite guidée de 60’ n’est pas inutile pour comprendre les différents processus de fabrication !

Mimèsis, un design vivant, jusqu’au 6 février 2023. Visites guidées jusqu’au 31 décembre. Centre Pompidou-Metz, centrepompidou-metz.fr 2

1. Crystalized Chair, Tokujin Yoshioka © Venus Tokujin. 2. Vase Botanica III bis, Studio Formafantasma. 3. Mycelium Chair, 2019, Bio-impression3D Studio Klarenbeek & Dros. 4. Tree 5, 2010, bouleau et aluminum patiné, Andrea Branzi. 5. Vue d'une des salles d'exposition . 6. Fallen Tree, 2011, chêne et verre borosilicate, Ymer & Malta et Benjamin Graindorge. 7. Corolised Chair, 2012, Ross Lovegrov. Œuvres : © Centre Pompidou/MNAM/ADAGP

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MON CHALET HABILLÉ

de tweed irlandais

Qu’est ce qui fait le tweed le plus beau, moucheté de petits points de couleur vive ? Lorsque la laine tout juste récoltée et lavée est trempée dans des infusions de mousses et de lichens : orangée en automne, tachetée du jaune des ajoncs au printemps, du rouge des baies en hiver… La tradition persiste dans l’atelier familial de Mary Shaw dans le Donegal. Au bord des eaux claires de la rivière Eske, on teint, file et tisse la laine selon des procédés qui n’ont pas varié depuis un siècle et demi. Mary Shaw a un rare talent de coloriste et même ses tweeds unis aux tons neutres ont du caractère. Faits de pure laine chaude, souple et aérée les tweeds peuvent recouvrir tout le chalet, des couvre lits aux canapés et aux rideaux, ou créer de petites clairières chaleureuses de part et d’autre de la cheminée, autour d’un pouf et de deux fauteuils, dans un angle mystérieusement caché par un paravent tendu de tweed.

La marque Sequana, plus que centenaire, fait désormais partie de la maison Pierre Frey, www.pierrefrey.com

Rien de tel que le tweed pour communiquer sa chaleur à un intérieur!Chevrons, carreaux, rayures, tartans... les motifs sont traditionnels, l'audace vient des mélanges de couleurs de la créatrice Mary Shaw. © DD

© Agathe Clément © Killian

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