2016, à la découverte de la Grande Région

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Les suppléments du quotidien

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Découverte d’un nouveau territoire Gastronomie

Métropole Tourisme

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Supplément gratuit au journal du jeudi 21 mai 2015. Ne peut être vendu séparement


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Voici la grande rĂŠgion


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Editorial

Naissance d’un champion e rôle des Régions dans l’architecture politicoadministrative française reste encore à approfondir, alors que les exécutifs régionaux attendaient certainement plus de la réforme territoriale en termes de responsabilités et de compétences. Mais faut-il moins d’État pour libérer les énergies ? Ce vieux sujet français est encore une fois remis à plus tard. En attendant, un nouveau cadre géographique est posé. On ne sait pas encore si le redécoupage territorial en 13 « super-régions » suffira à donner l’élan espéré en matière de développement économique, mais la création de nouveaux ensembles n’est jamais neutre. Et à la lecture du supplément qu’ont confectionné les rédactions de « Sud Ouest », « Centre France » et « La Nouvelle République du Centre-Ouest », on devine que la nouvelle grande région, composée de l’addition de l’Aquitaine, du Limousin et de Poitou-Charentes, fera un bien beau pays. Comme si une unité cachée apparaissait. Comme si toutes les pièces du puzzle, enfin réunies, révélaient la totalité du paysage. Comprenez : un littoral désormais étiré sur 800 kilomètres et l’arrivée de La Rochelle dans l’économie côtière ; la création de la plus grande région agricole de France, où l’élevage et la forêt du Limousin viendront compléter la vigne girondine et le massif landais ; l’émergence d’une puissante force touristique du Marais poitevin aux Pyrénées, du Futuroscope de Poitiers aux rivages de la Côte basque : l’enrichissement industriel et commercial qu’apportent les

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Hors série édite par la SA de presse et d’édition du Sud-Ouest (SAPESO), société anonyme à conseil d’administration au capital de 268 400 €, siège social : 23 quai des Queyries, 33094 Bordeaux Cedex. Tel. 05 35 31 31 31. Principaux associés : GSO SA, SIRP, Société civile des journalistes, société des cadres.

bassins de Limoges et de Brive au complexe aéronautique bordelais et au pôle chimique de Lacq ; mais aussi la contribution décisive au dynamisme culturel de cette nouvelle région qu’offrent le Festival de la bande dessinée d’Angoulême, les Francofolies de La Rochelle, l’Opéra de Limoges et les nombreuses scènes nationales de Poitou-Charentes et Limousin sous-représentées en Aquitaine. Voilà, à bien des égards, la naissance d’un champion français dont l’atout numéro un sera l’attractivité. À la question « Où voulez-vous vivre ? », ce grand pays a toutes les chances de devenir la nouvelle frontière où voudront se fixer le plus de Français et de Franciliens. Un champion de civilisation, construite au fil des siècles à la frontière des pays d’oc et d’oïl, dans le périmètre de l’ancien Parlement de Bordeaux qui, au XVe siècle déjà, réunissait Bellac et Bayonne, le Limousin et la Gascogne. Bordeaux, promue au rang de capitale, va retrouver la position centrale qui fut la sienne. Déjà en vue, la métropole aquitaine est mise au défi de devenir ce qu’elle n’est pas encore : une ville qui compte parmi les grandes cités européennes. Elle peut compter sur la nouvelle grande région pour y parvenir. Les directeurs des rédactions de Sud Ouest, Nouvelle République du Centre Ouest et du groupe Centre France.

Président-directeur général : Olivier Gerolami Directeur général délégué et directeur de la publication : Patrick Venries Réalisation : Agence de développement Directrice et rédactrice en chef adjointe : Marie-Luce Ribot.

Chef de service : Pierre-Emmanuel Cherpentier Responsable de fabrication : Florence Girou Secrétariat d’édition : Thibault Seurin Mise en page : service technique Sud-Ouest. Imprimé par « Sud Ouest » Numéro de commission paritaire : 0415 C 86477


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Françoise Chander la pluralité com m

Photo AFP

Son premier ouvrage, « L’Allée du roi », est devenu un véritable bestseller international. Françoise Chandernagor a écrit une douzaine d’ouvrages, essentiellement historiques, ainsi qu’une pièce de théâtre. Elle a publié récemment « Vie de Jude, frère de Jésus ». Membre de l’Académie Goncourt, elle consacre sa vie à l’écriture depuis 1993, après avoir quitté son poste de fonctionnaire et une brillante carrière au Conseil d’État. Elle avait été la première femme à sortir major de sa promotion à l’École nationale d’administration. « Creusoise à 100 % », comme elle se définit ellemême, Françoise Chandernagor est issue d’une famille qui pourrait faire l’objet d’une véritable saga et qui a vu s’allier des maçons de la Creuse à des descendants d’un esclave indien. Mère de trois enfants, Françoise Chandernagor partage sa vie entre Paris et l’ouest de la Creuse, où son père, André Chandernagor, a été député.

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Propos recueillis par Olivier Chapperon

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uel regard portez-vous sur la future grande région regroupant l’Aquitaine, le Limousin et Poitou-Charentes ? Françoise Chandernagor : « La région prend tout son sens historiquement. Elle a existé à quelques petites choses près dans ces limites-là, il y a plusieurs siècles. À cette époque, l’Aquitaine était grande et puissante. Nous avons connu en Limousin des troubadours de langue d’oc. C’est un peu moins vrai pour Poitou-Charentes, où on parlait la

« Il faudra une région solidaire » langue d’oïl, et le Pays basque, où on parlait le basque. Mais on n’arrive jamais à faire coïncider les frontières administratives avec des frontières linguistiques ou historiques. Moi qui suis en Creuse, c’est-à-dire au nord-est de la zone, le patois que je parlais était basé sur la langue d’oc. Mais, hormis cette langue en commun, je dois quand

même dire que je ne me sens pas une proximité très étroite avec les Bordelais. Les maçons creusois allaient travailler vers l’est ou le nord, à Lyon ou à Paris. Mais c’est la situation géographique qui veut cela. En revanche, la Corrèze est plus tournée vers le Bordelais car les Corréziens assuraient le transport des vins de Bordeaux. Ceci dit, la région Limousin n’avait pas une extraordinaire homogénéité, les trois départements n’étaient pas orientés vers les mêmes pôles. C’était un peu artificiel. Pour Poitou-Charentes, ce n’est pas le même problème. D’abord, ils sont bien situés avec la ligne TGV Paris-Bordeaux et


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r nagor : « On a pensé me une force » Limoges-Toulouse, Bordeaux-Guéret-Lyon mais aussi aux axes transversaux et aux axes routiers qui permettent de rejoindre la façade atlantique plus facilement, alors que celle-ci n’est pas si loin du Limousin, par exemple. Il faudra également que cette nouvelle région s’appuie sur la solidarité. Que chacun accepte que les plus riches donnent un peu aux plus pauvres. Sinon, tout cela restera parfaitement artificiel. Sans ces éléments-là, pas d’unité réelle, à mon avis. Que peut-on imaginer d’autre pour générer une unité ? Je ne sais pas vraiment. Nous avons en commun les résidents britanniques. C’est peut-être cela qui va nous unir [rires]. C’est déjà cela qui nous avait unis à une époque de notre histoire. Il fallait faire effectivement de plus grandes régions. Mais tout dépendra aussi de ce que l’on donnera comme attributions à celles-ci. Le mariage s’annonce beau, la famille sera grande et diverse avec 5 millions d’habitants. Cette pluralité est une force… Pour avancer ensemble, il faut se connaître ou se comprendre ? FC : Je crois qu’effectivement on a pensé la pluralité comme une force. Et, pour avancer ensemble, il faut d’abord se connaître, et les infrastructures doivent nous y aider. Quand on fait du tourisme, on ne se dit pas : « Je dois d’abord découvrir ma région administrative », et pourtant un grand nombre des habitants de cette grande région le font chaque été sans y penser. Mais il ne faut pas que ce soit unilatéral. J’invite donc les Bordelais à venir découvrir la Creuse [rires à nouveau].

Le Parc naturel régional Périgord-Limousin, ici le château de Lastours, trait d’union entre deux régions bientôt réunies.

depuis longtemps je leur trouve une complémentarité avec l’Aquitaine. Des membres de ma famille qui vivent en Poitou-Charentes vont travailler à Bordeaux et je trouve même qu’il y a une forme d’unité dans différents points : le style architectural ou le climat. Mais on peut aussi soutenir qu’il n’y a pas forcément une complémentarité énorme entre la Haute-Savoie et le Puy-de-Dôme qui seront unis dans la région Rhône-AlpesAuvergne. Je comprends bien ce qui a animé les politiques là-dessus, ils ont voulu rééquilibrer les territoires, ne pas forcément marier les plus pauvres entre eux. Mais j’espère que les riches ne seront pas des poly-

games qui négligent certaines de leurs femmes… Il aurait peut-être fallu profiter de cette occasion pour redessiner de nouvelles régions en ne reprenant pas les anciennes dans leur intégralité. Mais, aujourd’hui, la question ne se pose plus. Ce n’est plus le débat. C’est fait, il faut avancer. » Que faut-il, au-delà des volontés politiques, pour créer une unité entre les trois régions rassemblées dans la grande région ? FC : Des infrastructures, et notamment ferroviaires. Elles seront les éléments fondamentaux. Je pense aux lignes Paris-Orléans-

Photo Éric Roger

N’est-ce pas excitant d’imaginer le défi qui s’ouvre aux jeunes générations et les espoirs que ces changements peuvent leur apporter ? FC : Il ne faut pas tout espérer, et notamment le salut économique, de Bordeaux qui est une ville dynamique, une belle ville, pleine d’histoire. On va demander beaucoup aux plus riches. Il faudra qu’ils participent, qu’ils montrent leur volonté de s’unir en apportant aux autres. Il est indispensable que cette dynamique profite à tous et partout. Il faut donc imaginer une autre force pour les régions ? FC : Pour le moment, ces structures sont des découpes administratives. Si je n’ai pas à aller à Bordeaux pour des démarches administratives, je pourrais dire que finalement cela ne me gêne pas plus que cela d’être dans cette grande région. Mais il ne faut pas imaginer revenir à l’époque d’Aliénor d’Aquitaine. Il faut proposer autre chose. Bordeaux joue déjà bien ce jeu par rapport à tous les départements qui l’entourent et même avec une partie des Charentes et du Poitou. Quels messages doivent faire passer les politiques, les intellectuels pour que l’adhésion soit maximale dans un monde où le repli sur soi est plus que jamais la tendance ? FC : La grande région a été plutôt bien accueillie. Il n’y a pas d’oppositions comme dans d’autres endroits en France mais il faudra autre chose pour qu’une véritable unité naisse. Je mets au défi tous les poli-

tiques de l’Ouest, du Sud, ceux qui sont plus riches, plus peuplés, de se retrouver et d’agir pour tous. Vous êtes très liée à la Creuse, comment naît justement un attachement à un territoire ? Faut-il craindre qu’il faille beaucoup de temps avant qu’une nouvelle identité émerge de cette grande région ? FC : Je me suis toujours sentie creusoise. Quand je vivais à Paris, je pensais sans arrêt à la Creuse et je n’avais qu’une envie : revenir. J’ai fini par y arriver à peu près en devenant écrivain. Je suis six mois de l’année ici, six mois à Paris. Je ne sais comment le dire : c’est mon pays, celui de mon enfance, de mon bonheur. Je connais tout ce coin, j’ai parlé le patois, mes ancêtres sont d’ici depuis longtemps. C’est très fort. C’est cela un attachement. Nous n’avons pas forcément la même culture que les autres habitants de la grande région. Mais il faut dépasser les querelles de clochers. Croire que du jour au lendemain, d’un coup de baguette magique, tous ces gens se découvrent une complémentarité, une unité, non évidemment. Cela viendra à la longue mais il faudra un vrai travail des politiques et des projets.

« Nous n’avons pas forcément la même culture que les autres habitants de la grande région. Mais il faut dépasser les querelles de clochers » Quel nom auriez-vous envie de donner à la grande région ? FC : L’Aquitaine me paraît être un nom tout à fait adapté. Ces régions qui portent trois noms avec des traits d’union, cela n’a pas de sens, c’est ridicule. Comment l’appeler autrement ? Le nom n’a finalement pas beaucoup d’importance, même si l’Aquitaine véhicule l’image d’une belle et prestigieuse région. Mais il y a longtemps qu’une grande partie de la population n’en faisait plus partie, et recréer des liens artificiellement, cela ne va pas être facile. Il faudra du temps et arrêter de changer sans arrêt les structures. Je veux croire en la réussite. Si vous deviez écrire un livre centré sur la grande région, quel en serait le fil conducteur ? FC : Je fais des romans plutôt historiques. Ce serait donc l’histoire d’un troubadour qui passe partout dans cette région. Il y a d’ailleurs eu une belle littérature occitane à une époque. Sinon, je travaillerais quelques beaux personnages médiévaux autour d’Aliénor d’Aquitaine. Elle a représenté l’unité de l’Aquitaine.

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Photo Pascal Lachenaud

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Photo Bertrand Lapègue

Photo Jean-Marie Tinarrage

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Nos atouts maîtres La région ne manque pas de talents et de savoir-faire. Elle gagne même en complémentarité. Tour d’horizon 1. Le développement de la technopole de Limoges Inaugurée il y a vingt-deux ans en zone nord à Limoges, la technopole Ester s’étend aujourd’hui sur un parc de 210 hectares et se développe autour de six pôles de compétences : céramiques, matériaux et traitements de surface ; électronique, optique et télécommunications ; eau et environnement ; biotechnologies, santé ; ingénieur ; services. Elle regroupe 130 entreprises, un incubateur technologique, quatre grappes d’entreprises (pôle environnement Limousin, Autonom’lab, pôle écoconstruction Limousin, Aliptic), deux écoles d’ingénieurs (ENSCI et Ensil) et des organismes de

formation continue. Quatre centres de transfert y sont également installés : le CTTC (céramique), le Citra (traitements et revêtements de surface), Cisteme (électronique) et Odessol (eau, déchets, sols). La technopole abrite également des laboratoires privés et quatre laboratoires publics. Deux pôles de compétitivité font également rayonner la technopole en France et à l’étranger : le Pôle européen de la céramique et le pôle Elopsys (électronique, photonique et numérique). Les pôles Viameca et Cancer Bio Santé sont également rattachés à la région Limousin. Au total, ce sont aujourd’hui 2 130 personnes qui travaillent dans le parc technologique d’Ester, qui devrait encore se développer ces prochaines années.

2. Les poids lourds de la viticulture française Les vignobles de Verneuil ou ceux du bassin de Brive ne feront pas, sans doute, beaucoup pencher la balance. Mais la discrétion des vins limousins n’empêchera pas la grande région de s’imposer comme un poids lourd de la viticulture française. Couvrant quelque 150 000 hectares entre le Saumur viennois, au nord, l’Irouléguy basque, au sud, et les côtes du Brulhois lot-et-garonnais à l’est, le vignoble régional tiendra la première place française en termes de nombre de signes d’indication de qualité et d’origine avec 155 signes, dont 62 AOC et 7 IGP de vins. C’est, au coude-à-

coude avec Champagne-Lorraine-Alsace, dans les deux premières places nationales aussi, qu’elle devrait se situer sur le plan des exportations, tirée par les performances de l’eau-de-vie de Cognac et des vins de Bordeaux.

3. Les ressources du littoral Un littoral étiré sur près de 800 kilomètres du Nord charentais au Sud basque, c’est l’échelle que la refonte de la carte des régions offre à Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Une côte fragile et attractive, dont les espaces de protection soulignent la diversité naturelle. Une côte dynamique aussi, marquée par la variété des secteurs de l’économie

GRANDE RÉGION EXPRESS n Formés à la source

n La plus grande région de France

n Un centre unique à Limoges

L’Office international de l’eau a repris l’activité de formation professionnelle qui existait depuis 1976 à Limoges, en Haute-Vienne, et à La Souterraine, dans la Creuse, en créant le Centre national de formation aux métiers de l’eau (CNFME). Avec plus de 6 000 stagiaires par an.

Avec 5,8 millions d’habitants, la nouvelle région sera la quatrième de France en termes de population. Pour une superficie de 84 100 km², qui fait d’elle la plus vaste de l’Hexagone, soit un septième du territoire français.

Le Centre de droit et d’économie du sport a été créé en novembre 1978 par François Alaphilippe et Jean-Pierre Karaquillo pour former des professionnels dans le domaine du sport, informer et conseiller les parties prenantes, développer la recherche dans le droit et l’économie du sport, participer à la gestion des organismes sportifs.

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Photo Xavier Léoty

Photo Arnaud Loth

Photo David Le Deodic

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Photo DR

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Photo David Le Deodic

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maritime, pêche, cultures marines et ports de commerce, qui la hissent au deuxième rang national, derrière la Bretagne.

4. L’équation gagnante du Futuroscope Depuis l’ouverture du parc du Futuroscope, en 1987, le modèle de développement imaginé par René Monory a été abondamment étudié et commenté. Trente ans plus tard, il est devenu une référence internationale. La locomotive du Futuroscope reste le parc dont le seul nom est évocateur d’avenir. Avec près de 1,7 million de visiteurs par an et des attractions uniques qui lui valent régulièrement des prix internationaux, il porte l’image de la technopole qui l’entoure. Le Centre national d’éducation à distance (Cned) et le réseau Canopé (exCentre national de documentation pédagogique) y ont leur siège, à côté de l’École de formation des cadres de l’Éducation nationale. L’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique et l’Institut de physique Pprime y ont implanté leurs laboratoires. Un tissu d’entreprises de technologies du numérique et de la communication en structure le

développement. Dernier venu, un investisseur indien, ICDI, a choisi le Futuroscope pour implanter le premier data center de type Tier IV en Europe. La raison de ce choix ? Pour ICDI, le Futuroscope est un modèle précurseur des « smart cities » de demain.

5. Universités : la région monte en chaires Bordeaux pèse lourd dans le paysage universitaire français. En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, ses différents campus accueillent environ la moitié des étudiants. Ils sont plus de 50 000, quand l’université de Pau et du Pays de l’Adour en compte 12 000, celle de Limoges environ 15 000 et celle de Poitiers un peu moins de 24 000. La quatrième de ces universités a la particularité d’être l’une des plus vieilles d’Europe (1431). Celle de La Rochelle est en revanche l’une des plus récentes. Les deux universités de Poitou-Charentes et celle de Limoges cultivent le travail en réseau de longue date au sein d’un pôle de recherche et d’enseignement supérieur devenu une communauté d’universités et d’établissements. Deux grandes écoles d’ingé-

nieurs lui sont associées : l’École nationale supérieure de céramique industrielle, à Limoges, maillon clé du pôle de compétitivité céramique ; l’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique, à Poitiers, l’une des quatre écoles d’ingénierie aéronautique et spatiale du groupe ISAE. Deux leviers forts pour la dynamique de la future grande région ? Lire en page 18

6. Lacq : reconversion réussie On l’avait dit inexploitable, il a fourni plus du tiers de la consommation nationale en gaz pendant soixante-six ans… En pleine reconversion, le bassin de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, est actuellement regardé comme le plus grand projet industriel chimique en France. Le formidable enjeu qui se joue depuis le tarissement de 97 % du gisement de gaz est non seulement celui du maintien des milliers d’emplois nés de la mutation des terres agricoles béarnaises en bassin industriel depuis les années 1950, mais aussi et surtout celui de l’avenir du 5e pôle chimique français. Le bassin de Lacq représente actuellement 24 donneurs d’ordre, 200 sous-

traitants et 7 500 emplois industriels. Considérée comme exemplaire, sa reconversion repose sur le projet « Lacq Cluster Chimie 2030 » et deux engagements principaux : l’exploitation durable des 3 % de gaz restants pour garantir l’approvisionnement des industries locales en énergie et en matière première soufrée ; et le développement d’une véritable « Carbon Valley » qui, dans le sillage de l’installation de l’usine japonaise Toray, en septembre 2014, pourrait voir la région prendre une place stratégique dans la très prometteuse filière de la fibre de carbone.

7. Le poids du secteur touristique La grande région Aquitaine-LimousinPoitou-Charentes est aussi une grande destination touristique. Mieux vaudrait d’ailleurs parler des destinations au pluriel tant l’offre est variée, du littoral aux Pyrénées, en passant par la Dordogne, les lacs du Limousin et les parcs de la Vienne. Le tourisme pèse lourd : 8,3 du PIB en Aquitaine, 7,9 en Poitou-Charentes et 7,2 % en Limousin. Lire en page 21

n Le vin retrouvé de Corrèze

n Clain Valley

n Aubusson, terre de tapisserie

Vers 1880, le phylloxéra a rayé de la carte viticole les vins d’Allassac, du Saillant ou de Voutezac. La renaissance de la viticulture corrézienne a commencé il y a une vingtaine d’années. Le département compte aujourd’hui 70 hectares plantés de vignes et une cinquantaine d’exploitants.

Implantée aux portes de la technopole du Futuroscope, sur la rive gauche du Clain, Serli fait référence dans le monde en perpétuelle évolution des sociétés de conseil et d’ingénierie informatique. Elle est l’une des rares sociétés à participer au Java community process.

En septembre 2009, la tapisserie d’Aubusson a été inscrite par l’Unesco comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité. En résonance avec cette inscription, le projet de Cité internationale de la tapisserie et de l’art tissé a été lancé en 2010. Ouverture au public au début de 2016.

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Photo Bruno Barlier

GRANDE RÉGION EXPRESS


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Photo Jean Rouziès

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Photo Dominique Jullian

Photo Frédéric Lherpinière

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8. Des trésors d’énergies renouvelables À chacune ses énergies renouvelables. De l’Aquitaine au Limousin en passant par Poitou-Charentes, la situation est très contrastée à quelques mois de la fusion des trois régions. Question de choix et de contexte. Ainsi l’Aquitaine at-elle un temps d’avance en matière de méthanisation, avec 22 sites, quand Poitou-Charentes n’en compte que 9 et le Limousin 7. Mais la donne est très différente en matière d’énergie éolienne. Le schéma de développement éolien est bloqué par la justice administrative en Aquitaine, faute d’évaluation environnementale. En revanche, Poitou-Charentes comptait déjà 35 parcs en fonctionnement, à la fin de 2014. Près de 50 autres ont décroché leur autorisation. Le Limousin en compte cinq. Par ailleurs, dix dossiers sont en cours d’instruction. Si PoitouCharentes a fait du développement durable son étendard, chaque territoire est fortement engagé dans ces logiques.

Ainsi l’Aquitaine soutient-elle Blue Shark Atlantique, fabricant d’hydroliennes implanté à Blanquefort, dont l’une des machines est promise au Verdon. Au-delà de la production, l’heure est aux économies d’énergies combustibles. Poitou-Charentes a lancé un plan de déploiement de bornes de recharge pour les véhicules électriques. L’Aquitaine a construit à Bègles le premier lycée de France à énergie positive. Des pas aussi significatifs que symboliques vers une transition énergétique.

9. Niort, royaume de l’économie sociale Une Maison de l’économie sociale, fraîchement inaugurée à Niort, véritable tête de pont qui donne la mesure du poids de ce secteur dans l’économie locale. On connaît évidemment la prédominance des mutuelles d’assurance. Une dynamique née de la charte de la mutualité, en 1898, qui allait promouvoir tout un écosystème dans le Niortais. Dès

les années 1930, le chef-lieu des DeuxSèvres deviendra une capitale. En 1934 est fondée la Maif, suivront après-guerre la Maaf et la Macif. Aujourd’hui, ces trois géants mutualistes totalisent aujourd’hui plus de 8 400 emplois. Plus tard la SMACL, assurance des collectivités locales, se structure et emploie 700 collaborateurs. Graviteront de nombreuses activités dont le fleuron sera la Camif, liquidée en 2008. Laissant un millier d’emplois sur le carreau. Dans l’intervalle, en 1981, apparaîtra Inter Mutuelles Assistance, qui a lui seul totalise 1 700 emplois localement. Plus largement, l’économie sociale et solidaire (mutuelles, associations, entreprises sociales, coopératives) concentre près de 13 000 salariés dans le Niortais, soit plus 38,5 % de l’emploi privé, avec une masse salariale de 446 millions d’euros.

10. A Brive, l’enjeu de la plateforme logistique La plate-forme logistique de Brive est née dans les années 1990. Elle com-

prend la zone d’Ussac, elle-même découpée en deux zones. Celle de la gare, qui s’étend sur 27 hectares et qui regroupe 14 entreprises employant 380 personnes, et celle de l’Aiguillon, où sont implantées 9 entreprises sur 5 hectares et où travaillent 95 personnes. Au total, 64 % des entreprises sont spécialisées dans la logistique, soit 88 % des emplois. La zone, qui à l’origine devait être reliée au rail, a profité de sa proximité avec l’autoroute A 20 pour se développer. Toutes les parcelles disponibles sont actuellement occupées. La zone de la Nau, à Saint-Viance, est plutôt centrée sur les activités agroalimentaires et industrielles. Elle s’étend sur 57 hectares au nordouest de Brive, où 400 personnes travaillent pour 27 entreprises, dont Silab (spécialiste des produits cosmétiques), Fruinov (fabricant de produit fruitiers), Francep (transformation et vente de champignons surgelés) ou encore UV Germi (spécialiste des technologies des ultraviolets). Des projets d’extension sont en cours.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Mieux accueillir les touristes

n Une biodiversité protégée

La grande région comptabilise 308 offices de tourisme. C’est le département de la Charente-Maritime qui détient le record, avec 46 points d’information. En tout, 74 sont labellisés Tourisme et handicap.

Le patrimoine naturel est également une grande richesse de la grande région. Elle comptabilise 21 réserves naturelles nationales, des espaces qui présentent un intérêt national ou international, faisant l’objet d’une gestion suivie par l’État.

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n Budget régional global


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Photo Stéphane Lefèvre

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Photo Arnaud Loth

Photo Jonathan Nockstrand

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11. L’excellence des savoir-faire En Limousin, pour ne pas rester isolés, les acteurs du luxe se sont regroupés pour constituer le pôle « luxe et excellence ». Il est aujourd’hui composé de 18 entreprises, qui emploient 495 personnes et réalisent un chiffre d’affaires de 44 millions d’euros. On y retrouve notamment des grands noms de la porcelaine (comme JL Coquet ou Laplagne) du cuir (comme Agnelle ou Chapal), des cosmétiques (Sothys) et de la haute couture (C2000, Lou Kasatché). Le Limousin n’est pas isolé dans sa volonté de promouvoir ses entreprises et ses artisans. À la fin de 2014, la région Aquitaine a par exemple inauguré le Pôle d’excellence des métiers du cuir et du luxe, à Thiviers, en Dordogne. Un pôle à vocation interrégionale, entre nos trois régions promises à la fusion, dont l’objectif est de répondre aux besoins des entreprises en matière de recrutement et de formation des salariés. En 2012, dans les trois régions, 74 entreprises travaillaient dans les secteurs de la chaussure

et de la maroquinerie et employaient 3 650 personnes, soit 78 % de l’ensemble de la filière cuir.C’est encore le cuir qui réunit quatre villes de Charente, Dordogne et Haute-Vienne (Montbron, Nontron, Saint-Junien et Saint-Yrieix). Elles se sont associées pour mettre en lumière la filière cuir et la diversité de ses savoirfaire. Depuis trois ans, leur association Les Portes du cuir, installée à Saint-Junien, en Haute-Vienne, où un projet de Cité du cuir doit voir le jour, organise un salon grand public et professionnel qui réunit l’ensemble des acteurs de la filière cuir : entreprises, professionnels, métiers d’art, éleveurs et établissements de formation. La troisième édition aura lieu du 2 au 4 octobre 2015 à Montbron, en Charente.

12. La plus grande forêt de France La grande région sera la plus grande forêt de France. Avec 3 millions d’hectares de surfaces boisées, les forêts représentent plus du tiers de l’occupation du sol (34 % pour une moyenne nationale de

28 %). Ces forêts, privées à plus de 90 %, appartiennent à plus de 600 000 propriétaires. Les massifs de la grande région seront complémentaires avec des feuillus au nord et à l’est (Poitou-Charentes, Limousin et Dordogne) et un triangle résineux au sud-ouest représenté par le massif des Landes de Gascogne, composé de 1 million d’hectares de pins maritimes. La grande région sera également la première région de France pour la production et la transformation du bois et se positionne au deuxième rang des régions exportatrices, avec 1,6 milliard d’euros en 2013. Elle rassemble 69 000 salariés, de la sylviculture à la commercialisation de gros (22 000 en Poitou-Charentes, 8 000 en Limousin, 39 000 en Aquitaine), soit 20 % des emplois en France impliqués dans la filière.

13. L’économie numérique tisse déjà sa toile Ils désespéraient. Les voilà ravis. Les acteurs des jeux vidéo et des films d’ani-

mation applaudissent des deux mains la création de la grande région. Angoulême et Bordeaux travaillaient jusqu’à présent dans leur coin. Un pont est jeté entre studios angoumoisins et entreprises bordelaises. Des complémentarités vont également naître dans l’e-santé, l’e-éducation et le commerce connecté. L’Aquitaine est la première région française en informatique de santé. Le groupe Legrand, à Limoges, est branché sur la domotique et travaille déjà avec les chercheurs bordelais de l’Inria. Selp Secure, à Angoulême, leader européen de la carte de fidélité et de la carte à puce, devrait naturellement se rapprocher des locomotives bordelaises du commerce connecté, Cdiscount en tête. Avec de nombreuses entreprises dans le domaine, Bordeaux et Poitiers devraient aussi collaborer sur la formation et la création de contenus pédagogiques. Schéma très haut débit et création de tiers-lieux seront aussi au cœur des préoccupations des nouveaux élus régionaux.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Des malles made in Poitou

n Chaos granitiques de la Gâtine poitevine

n Dix agglomérations de 100 000 habitants

Héritier d’une longue lignée de malletiers, le bien nommé Benoît Maltier porte haut les couleurs du grand luxe. Formé à l’ébénisterie chez Boulle et au design à l’école Saint-Luc, il a pignon sur rue à Paris, mais c’est à Neuville-de-Poitou, dans le berceau de sa famille, qu’il a implanté son atelier.

Situées dans les Deux-Sèvres, ces étranges et pittoresques roches résultent de la désintégration de vastes dalles granitiques à l’issue d’un processus géologique long et complexe. Ils se trouvent à la charnière du Massif armoricain et du Massif central.

Bordeaux est loin devant, avec 1,1 million d’habitants dans son aire urbaine. Bayonne et Limoges sont au coude-àcoude, avec 284 000 et 283 000 habitants. Alors que Périgueux franchit la barre, avec 102 000 habitants.

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Ils font rayonn Qu’ils viennent d’Aquitaine, du Limousin ou de Poitou-Charentes, ces hommes et femmes sont les précieux talents de la région.

Richard Texier : parfums d’ailleurs Il est exposé sur tous les continents. Son art de la peinture et de la sculpture se conjugue avec son goût pour les voyages. Ceux qu’il fait avec ses ateliers nomades comme ceux vers lesquels l’entraîne sa riche cosmogonie. Richard Texier est un artiste inclassable. Né à Niort, cet enfant du Marais poitevin ne rate d’ailleurs pas une occasion de rappeler que c’est le littoral charentais qui a nourri ses paysages imaginaires. Il y revient régulièrement, de Cordouan à Ré, en passant par Rochefort et La Rochelle.

Photo DR

Photo Thomas Jouhannaud

Photo Quentin Salinier

Le chef le plus étoilé du monde a pignon sur rue de Paris à Hong Kong en passant par Tokyo, Taipei, Las Vegas et Bangkok. Mais ses 28 étoiles au Michelin ne lui ont jamais fait oublier son Poitou natal. Il a fait son apprentissage au Relais de Poitiers. C’est à quelques dizaines de kilomètres, dans l’ancienne Maison-Dieu de Montmorillon, qu’il projette d’implanter son futur Institut de la gastronomie, pour lequel des investisseurs asiatiques sont sur les rangs. D’ores et déjà, il vient d’ouvrir un nouvel établissement, La Grande Maison, à Bordeaux.

Photo DR

Les étoiles de Joël Robuchon

Patrick Sobral, auteur à succès des Légendaires Patrick Sobral a travaillé douze ans comme décorateur sur porcelaine avant de se lancer dans la bande dessinée. C’était en septembre 2004 avec la parution du premier tome des Légendaires, « La pierre de Jovénia ». En septembre 2014, le Haut-Viennois a sorti le 17e tome, « L’exode de Kalandre ». En dix ans, il a vendu plus de 2 millions d’albums. Grisant ? Même pas. Patrick Sobral, 42 ans, a déjà annoncé la fin de la série pour le tome 25. « Si j’arrête, explique-t-il, ce ne sera pas faute d’idées. Mais il faut conclure un jour ».

Renaud Lavillenie toujours plus haut Mais jusqu’où ira-t-il ? Toujours plus haut, évidemment. Champion olympique à la perche et détenteur du record du monde, à 6,16 m, Renaud Lavillenie n’est pas homme à s’endormir sur son impressionnant palmarès. Le perchiste de 29 ans a reçu le prix du sportif européen de l’année en 2014. S’il est licencié du Clermont Athlétisme Auvergne, il est et reste avant tout charentais puisqu’il est né à Barbezieux-Saint-Hilaire.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Manuel Diaz, l’as du net

n L’enfant de Brive Patrick Sébastien

n Pierre Oteiza, l’ambassadeur

Né en 1978 à Limoges, en Haute-Vienne, il crée en 1997 avec son frère Carlos le Groupe Reflect, une agence spécialisée dans la création de sites Internet. L’agence évolue et se rapproche en 2007 du groupe de communication belge Emakina, déjà présent dans différents pays européens. Manuel Diaz en est aujourd’hui le président en France.

Né en 1953 à Brive, Patrick Boutot, de son vrai nom, a passé toute son enfance à Juillac en Corrèze. Il est imitateur, humoriste, acteur, réalisateur, chanteur, auteur-compositeur, écrivain, producteur-animateur d’émissions de divertissement de télévision et ancien dirigeant du club de rugby de Brive.

Il est l’ambassadeur du terroir basque. Éleveur dans la vallée des Aldudes, Pierre Oteiza a réintroduit la race du porc basque Kintoa dans les années 1980. Aujourd’hui, son entreprise produit, transforme et commercialise les saveurs du Pays basque aux quatre coins du monde.

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er le territoire Marc Prikazsky, un veto à la conquête de la Chine

Photo Bruno Barlier

Photo Stéphane Klein

À 56 ans, Marc Prikazsky conserve l’entrain du vétérinaire des armées qu’il était à ses débuts. Il a grimpé tous les échelons de l’industrie pharmaceutique, d’abord à Paris puis à Libourne, alors que Ceva Santé Animale était encore une filiale de Sanofi. Ce fils d’un immigré tchèque marié à une Orléanaise est à la tête du 8e laboratoire vétérinaire mondial, employant 3 500 salariés. C’est depuis Libourne, le siège de Ceva, que ce gros bosseur pilote cette croissance avec ses équipes. Il vise 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.

Gilles Clément, le cœur au naturel

Laurent Koscielny, le seul international de la Corrèze

Photo Agnès Gaudin

Comme beaucoup de petits garçons, le Corrézien Laurent Koscielny rêvait d’être footballeur professionnel. Un rêve devenu réalité… un jour de défaite. C’était en 2003, lors du quart de finale de la Coupe Gambardella Limoges-FC Lyon. Repéré par l’En-Avant Guingamp, le jeune Tulliste y commence à 18 ans une nouvelle vie. Pendant sept ans, le Corrézien progresse : Guingamp (L2), Tours (National et L2), Lorient (L1)... En juillet 2010, le défenseur intègre le club anglais d’Arsenal. Son parcours international lui a ouvert les portes de l’équipe de France : 22 sélections entre 2011 et début 2015.

Gilles Clément est un jardinier à l’origine du jardin en mouvement. Ingénieur horticole, paysagiste, il est également écrivain. Il s’installe en 1977 à Crozant, dans la Creuse, où il développe ses connaissances et laisse toute sa place à la biodiversité. Il mène en parallèle un projet politique d’écologie humaniste, qu’il fait découvrir via un essai, « Thomas et le Voyageur », en 1996. Avec son exposition à la Grande Halle de la Villette en 1999 et 2000, le grand public fait sa connaissance. Titulaire de la chaire annuelle de création artistique au Collège de France en 2011, Gilles Clément est le créateur de nombreux jardins, dont celui du quai Branly, à Paris, ou ceux de l’Arche, à la Défense.

Michel Haïssaguerre, l’as du cœur bordelais

Les deux amies sont championnes du monde de sauvetage côtier (l’une en 2000, l’autre en 2010) et rien ne les arrête ! Après avoir traversé l’Atlantique Nord depuis l’île canadienne du Cap-Breton jusqu’au Capbreton landais, leur ville d’origine, Stéphanie Geyer Barneix et Alexandra Lux ont réussi à rallier l’Antarctique en paddle via le cap Horn. Reconnues par le Guiness Book des records, le moteur de ces courageuses « givrées » (comme elles se surnomment elles-mêmes) est la sensibilisation du public à la préservation de l’eau.

Photo Quentin Salinier

Photo Stéphane Klein

Stéphanie Geyer Barneix et Alexandra Lux, généreuses « givrées »

Il est né en 1955 à Bayonne. Actuellement professeur de cardiologie, il exerce à l’hôpital du Haut-Lévêque de Bordeaux-Pessac et fait partie des chercheurs les plus reconnus au monde. Spécialiste de l’électrophysiologie cardio-vasculaire, Michel Haïssaguerre est à l’initiative de la création à Bordeaux de Liryc (Institut de rythmologie et modélisation cardiaque), un centre multidisciplinaire dédié à la compréhension des pathologies cardiaques électriques responsables de 300 000 décès chaque année en Europe.

GRANDE RÉGION EXPRESS Né en Corrèze, c’est à Libourne, en Gironde, que Clément Fayat fonde son entreprise de travaux publics en 1957. Elle est aujourd’hui implantée dans 120 pays et pèse 3,5 milliards de chiffre d’affaires. Elle participe à de grands projets, à l’instar de la construction du nouveau stade de Bordeaux.

n Francis Cabrel, fidèle au Lot-et-Garonne Né à Agen en 1953, il est une des figures emblématiques de la chanson française. Avec plus de 13 albums au compteur, Francis Cabrel a vendu près de 21 millions d’exemplaires. Il vit toujours à Astaffort.

n Gérald Dahan, faussaire de voix Ph.T. Daniel Vidal

n Le bâtisseur Clément Fayat

Il s’est distingué par ses imitations, en piégeant de nombreuses personnalités lors de canulars téléphoniques. Gérald Dahan est originaire de Cognac, en Charente. Il est aujourd’hui très présent à la radio.

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Les sept merveilles Les îles charentaises Des cabanes qui donnent à l’Île d’Oléron ses couleurs

Photo NR, Patrick Lavaud

Même les ponts qui relient les deux plus grandes d’entre elles au continent n’y ont rien changé. Les îles du littoral charentais exhalent un parfum d’ailleurs. Ré la plus chic, Madame la plus sauvage, Aix la plus étonnante et Oléron la plus authentique… Elles sont depuis le 4 avril dernier au cœur du tout nouveau parc naturel marin des pertuis. Un écrin officiel pour des bouts de terre dont la fragile beauté invite à la flânerie. Elle se conjugue au rythme du ballet des bateaux de pêche dans le port de la Cotinière et à la lumière blanche des ruelles de Loix-en-Ré. Elle pousse à la promenade dans les méandres des sentiers d’Aix, entre roses trémières et maison où Napoléon passa ses derniers jours en terre française, après Waterloo. A quelques encablures de Fort Boyard, l’histoire n’est jamais loin des plages et des parcs ostréicoles.

Le Bassin d’Arcachon Le banc d’Arguin est un banc de sable d'environ 4 km de long sur 2 km de large à marée basse

Photo Laurent Theillet

Echancrure presque triangulaire dans la ligne au cordeau de la côte d’Argent, la lagune du Bassin d’Arcachon offre les paysages parmi les plus changeants et les plus admirables de la région. Entre le Nord, où la presqu’île du Cap-Ferret résiste aux assauts parfois furieux de l’océan, et le Sud où s’alanguit la plus haute dune d’Europe, un petit accroc de 3 km environ laisse entrer et sortir de 250 à 500 millions de m3 d’eau à chaque marée. Imperturbables à ce manège, les 80 km de côte continuent d’alterner villages ostréicoles, roselières, prés salés, refuges ornithologiques et stations balnéaires aux architectures pleines de cachet. A l’entrée du Bassin, l’époustouflant banc d’Arguin s’astreint à ne jamais se ressembler. Au milieu, veille l’île aux Oiseaux et ses cabanes tchanquées. Tout autour, exhale l’air pur de la plus vaste forêt d’Europe.

Les Pyrénées Le pic du Midi d’Ossau s’élève à 2 884 mètres au cœur des Pyrénées

Photo Guillaume Bonnaud

Les parties basque et béarnaise des Pyrénées et leur piémont regorgent de splendeurs à couper le souffle. Les vallées d'Aspe, du Barétous et de l'Ossau conduisent aux légendaires pics d’Anie, du Midi d’Ossau et aux arêtes dolomitiques du cirque de Lescun ; mènent aux mythiques cols de l’Aubisque, de Marie-Blanque, ou du Somport. La Rhune signe l’horizon des stations balnéaires du sud. Les gorges de Kakuetta étourdissent. La grotte de La Verna entretient son record de plus grande salle souterraine ouverte au public au monde, comme Artouste s’enorgueillit de celui du petit train touristique le plus haut d’Europe. Les plus belles randonnées croisent les chemins de pâture et la transhumance se perpétue au printemps à deux pas des domaines des stations de sports d’hiver.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Crozant

n Un trésor de peintures

La gare des Bénédictins, inaugurée le 2 juillet 1929 est considérée comme une des plus belles gares d'Europe. Ce bâtiment est apparu dans plusieurs films de cinéma dont « Ceux qui m'aiment prendront le train » de Patrice Chéreau.

Situé dans la Creuse, Crozant a inspiré de nombreux peintres comme Armand Guillaumin et Paul Castans à partir du XIXe siècle. D'autres les rejoindront et donneront naissance à l'école de Crozant, une école sans maître qui désigne ceux qui ont trouvé l'inspiration sur les rives de la Creuse.

André Malraux la considérait comme « la Sixtine de l’époque romane ». Aux confins du Poitou et du Berry, l’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe abrite un précieux trésor : 460 m2 de peintures murales réalisées à la fin du XIe siècle et au début du XIIe siècle. Cet ensemble unique lui a valu d’être classé au patrimoine mondial par l’Unesco en 1983.

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Photo Eric Roger

n Gare de Limoges


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Photo Jean-Christophe Sournalet

de la région

Photo Francis Compagnoni

Lascaux La grotte de Lascaux reçoit 270 000 visiteurs chaque année

La Vallée de la Dordogne Le gouffre de Padirac est considéré comme l’une des plus grandes curiosités géologiques de France

Elle avait tout pour devenir légendaire… Son voisinage avec Cro-Magnon, au berceau de la Préhistoire, sa découverte romanesque par un quatuor de mômes courant après un chien perdu, ses peintures polychromes. La grotte de Lascaux est considérée comme l’une des plus importantes des grottes paléolithiques par le nombre et la qualité des peintures et gravures qu’elle présente. Pour des raisons de protection, c’est, depuis 1983, dans son fac-similé tout proche, que peuvent s’admirer les fidèles chevaux, aurochs, bisons, cerfs, bouquetins et autres ours qui sont la copie exacte de leurs modèles de 17 000 ans.

Entre Sousceyrac et Souillac, sur 55 kilomètres, la Vallée de la Dordogne fait la belle dans le Lot. Elle regorge de trésors. On y trouve des plus beaux villages de France (Loubressac, Autoire et Carennac), des châteaux (Castelnaud-Bretenoux,Montal), des cités charmantes comme Martel, la ville aux sept tours et des sites d'exception comme le gouffre de Padirac. Les premiers hommes ont laissé dans cette vallée des traces de leur passage notamment à travers de magnifiques exemples d'art pariétal et de dessins préhistoriques que l'on peut admirer encore aujourd'hui dans les grottes de Lacave, de Presque, de Cougnac...

Collonges-la-Rouge Photo Centre France

Collonges-la-Rouge est une étape du pèlerinage de Saint-Jacquesde-Compostelle C'est en 1969 que Collonges, en Corrèze devient « la Rouge », la couleur de ses pierres. L'explication est géologique : la faille reliant le bassin de Brive à Meyssac marque la rupture entre les sols calcaires et les sols de grès que l'oxyde de fer a rendus rouge. Dès le VIIIe siècle, le village est une étape du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Lieu de prédilection pour les nobles de la Vicomté de Turenne, véritable État dans l’État, l'activité de Collonges décline avec la crise du phylloxéra suivie de l’exode rural. Aujourd'hui Collonges vit de ses richesses patrimoniales.

Le Marais poitevin Photo NR Jean-André Boutier

Promenades en barque, vélo ou canoë, de nombreuses activités sont proposées dans le Marais poitevin Il aura fallu dix-huit ans pour que le Marais poitevin redevienne « Parc naturel régional », en mai 2014. Par la grâce d’un décret ministériel qui rend ce label à ce riche et prestigieux patrimoine à cheval sur les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime et la Vendée. La qualité de ses paysages et la biodiversité de la deuxième zone humide de France sont reconnues à l’échelle européenne. Le Marais poitevin abrite plus de 150 espèces de faune et de flore.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Le chalet Mauriac de Saint-Symphorien

n Château de Bonaguil

n L’église d’Aubeterre-sur-Dronne

Dessinée entre 1889 et 1891 par Marcel Ormière, cette maison a été voulue par la mère de l’écrivain. Elle est devenue un lieu de résidence pour des auteurs contemporains, abordant toutes les formes d’écriture : écriture numérique, dramatique, cinématographique…

Erigé fin XVe sur trois assises de roche, Bonaguil, en Lot-etGaronne, est l’archétype du château fort. Toujours admiré pour l’extraordinaire sophistication de ses défenses (deux enceintes, sept ponts-levis, treize tours…), ce château-modèle voulu imprenable a eu la cocasse coquetterie de n’être jamais attaqué !

L'église monolithe Saint-Jean d’Aubeterre-sur-Dronne a la particularité d’être creusée sous le château probablement au début du XIIe siècle dans des proportions exceptionnelles : 20 mètres de hauteur. Unique en Europe, elle possède une nécropole de plus de 160 sarcophages.

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Trois regards sur leur ville Ces personnalités nous ouvrent les portes de leur cité et nous en livrent un récit personnel et intime de ces rues, lieux et ambiances qui en font le charme

L’autre Bordeaux de Delphine Gleize Réalisatrice bordelaise Carine Arribeux

La perspective d’un Bordeaux à deux heures de Paris, la proximité de la mer, l’altière élégance du XVIIIe, la dynamique d’une métropole en pleine expansion… Aucun des arguments habituellement avancés pour justifier l’installation des néo-Bordelais ne semble avoir pesé aux yeux de Delphine Gleize. Il y aura trois ans que la réalisatrice a déballé ses cartons à la jonction des vieux quartiers de Sainte-Croix et Saint-Michel. Elle vient de finir d’écrire là son cinquième longmétrage, « Lily of the Vally », qu’elle tournera à l’automne. Avec Bordeaux, tout s’est fait peu à peu, après une arrivée aux airs de coup de foudre. « J’ai vu une photo de l’appartement alors que je cherchais un fauteuil sur Le Bon Coin, raconte-t-elle. Deux jours après, je l’ai visité. En repartant, je ne me m’imaginais plus vivre ailleurs. » Il n’avait pas été question de quitter Paris. Quelques mois plus tard, Delphine Gleize et sa famille s’installaient… De Bordeaux, la jeune femme ne se rappelait que la façade noircie des quais longés tous les étés lors de la migration des grandes vacances chez ses grandsparents montois. « C’était un Bordeaux du David Lynch d’“Eraserhead”, dit-elle. Un endroit de passage et de fantasmagorie. J’avais envie de voir derrière. » Mais c’est d’abord hors du temps qu’elle a pris ses appartements. Dans un ancien hôtel de la monnaie de 1755 dont la porte cochère abrite un jardin caché. Sensible aux lieux de l’enfance comme à l’enfance des lieux, elle est convaincue que « les endroits qu’on aime sont ceux dans lesquels on inscrit une histoire ». La sienne dans Bordeaux s’est faite par petites touches. Elle cite la base sousmarine, où elle a vu un concert de Melody Gardot peu après être arrivée. « La part monstrueuse de la ville est là, dit-

elle. Avec cette végétation qui lutte. Ce n’est pas confortable, et ça me plaît. » Le marché des Capus, qui a accueilli l’essentiel de sa vie sociale pendant dixhuit mois.

Elle cite la base sous-marine : « La part monstrueuse de la ville est là. Cette végétation qui lutte, ce n’est pas confortable, et ça me plaît. »

Delphine Gleize dans le jardin suspendu des douves. Photo Carine Arribeux

Sans oublier le jardin suspendu des Douves, que même bien des Bordelais ignorent. Elle y retrouve les mêmes clochards sur les mêmes bancs, cela la rassure. La boucherie du Rif, « dont on ne sait pas si c’est une pouponnière ou une boucherie ». Et puis elle parle encore du Muséum d’histoire naturelle, dont elle guette la réouverture, des portes qui s’entrouvrent en laissant apparaître des décors fascinants. « C’est très facile, insiste-t-elle, même si ça prend du temps de s’habituer – surtout, au changement de rythme. J’ai l’impression que je ne sais plus traverser la rue à Paris ! » Et quant à Paris, justement, bientôt à deux heures de Bordeaux… « C’est trop court, tranche-telle. On n’a plus l’impression de voyager. Mais ça ne fait rien. Je trouverai un moyen. Je prendrai le train de nuit ! »

Balade à Limoges avec Laurent Bourdelas Médiéviste et écrivain Anne-Sophie Pedegert La visite intime de Limoges de Laurent Bourdelas commence dans le quartier de la cathédrale. Normal, il a fait ses premiers pas juste à côté, dans les jardins de l’Évêché. « C’est un endroit que j’aime beaucoup, parce que de la cathédrale on peut aller au BAL, le musée des Beaux-Arts de Limoges, puis traverser les jardins et des-

cendre jusqu’aux quais pour faire une promenade sur les bords de la Vienne, qui ont été aménagés. » Fils d’un conducteur de trains, Laurent Bourdelas nous emmène ensuite dans le quartier de la gare des Bénédictins, où il a aussi habité enfant. Face à la gare, le Champ de Juillet et le début de la rue Aristide-Briand. « C’est une rue

GRANDE RÉGION EXPRESS n Périgueux

n Angoulême

La capitale du Béarn cultive de plus en plus ses ambitions de « slow city ». Renouant avec l’art de vivre qui avait fait d’elle l’une des stations climatiques les plus courues, elle aspire à faire découvrir le panache de sa douceur de vivre.

Ville d’art et d’histoire se targuant d’avoir établi l’un des plus vastes secteurs sauvegardés de France, Périgueux promène ses visiteurs de l’époque gallo-romaine au Moyen Âge et à la Renaissance.

Capitale de la bande dessinée et préfecture de la Charente, Angoulême a hérité d’un patrimoine historique, religieux et urbain remarquable qui attire de nombreux visiteurs.

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Photo Luke Laissac

n Pau


6bis-Visite intime.qxp_Mise en page 1 23/04/15 21:19 Page 15

rement la richesse culturelle de la ville : « Depuis les années 1970, j’aime beaucoup la programmation des centres culturels municipaux. Je trouve qu’elle est vraiment très variée, de qualité, à la fois pointue et populaire. » Notre guide aime les petits théâtres, La Passerelle, Expression 7 – « deux théâtres ouverts sur les écritures contemporaines » –, mais aussi le Théâtre de l’Union, l’Opéra Théâtre. Il mesure aussi le rayonnement de la ville à ses entreprises emblématiques. « Quand on parle de Limoges, on pense d’abord à Bernardaud, explique-t-il. C’est une entreprise familiale qui a su passer d’un savoir-faire traditionnel à la modernité, en fai-

sant appel à des designers mondialement reconnus. Je pense aussi à Weston et à ses chaussures encore fabriquées à la manufacture de Limoges, et puis à Legrand, qui est passée de la fabrication de pièces en porcelaine à l’appareillage électrique. Une entreprise du CAC 40 qui a fait le choix de garder son siège social à Limoges et dont le nom brille dans le monde entier. » Laurent Bourdelas aime sa ville. Il rêverait de voir le centre-ville devenir entièrement piéton et que les lignes de chemins de fer qui entourent la ville puissent être utilisées pour un tram-bus. L’occasion de voir, là aussi, la ville d’un autre œil.

Franck Ferrand et Poitiers l’histoire au cœur Laurent Bourdelas a grandi à deux pas du quartier de la gare. Photo Thomas Jouhannaud

Historien et journaliste Baptiste Bize

Franck Ferrand est le « monsieur Histoire » d’Europe 1. Photo A. Detienne/Capa Pictures/Europe 1

« J’aime beaucoup la programmation des centres culturels municipaux, à la fois pointue et populaire. » que j’aime beaucoup, confie-t-il. C’est la plus longue de la ville. Côté ville, on remarque l’urbanisme du XXIe siècle puis, en longeant la ligne de chemin de fer, on

passe devant d’anciennes devantures de commerces avant d’arriver progressivement à la campagne. » Après la promenade, Laurent Bourdelas propose aux visiteurs de rejoindre le centre-ville pour se restaurer. « J’aime beaucoup manger au cœur des halles, place de la Motte, ou dans les restaurants qui sont autour. Tout près se trouve Le Versailles, qui existe depuis 1832. On peut aussi rejoindre la rue Charles-Michels, que l’on surnomme “la rue de la soif” – elle a été refaite, et l’on peut y manger en terrasse. Il y a aussi l’incontournable Brasserie Michard, où l’on peut boire des bières, place Denis-Dussoubs, à côté du cinéma. » Mais Laurent Bourdelas aime particuliè-

Poitiers, ville marquée par l’histoire. Poitiers, ville qui a marqué l’histoire. « C’est là que j’ai passé les dix-huit premières années de ma vie », raconte Franck Ferrand, le fils du boucher de l’étroite rue de la Tranchée, devenu le Monsieur Histoire de France 3 et d’Europe 1. « J’étais fasciné par la statue du comte de Blossac, surintendant du Poitou, dans le jardin anglais du parc de Blossac, où je jouais et où je faisais du vélo, derrière chez moi. Déjà, j’avais le goût de l’histoire. Et j’ai très vite compris que je vivais dans une ville d’exception. » La ville de l’église Notre-Dame-la-Grande, joyau de l’art roman, mais pas seulement. « Il y a aussi la cathédrale Saint-Pierre, une des premières cathédrales prégothiques, avec sa verrière unique, le baptistère SaintJean, le plus vieil édifice chrétien d’Occident, sans oublier l’église Saint-Hilaire, à l’ombre de laquelle j’ai grandi, avec son chevet divin qui est un des sommets de l’architecture, s’enthousiasme Franck Ferrand. Et puis on parle de Poitiers à chaque chapitre d’un livre d’histoire, avec Clovis, Jean le Bon, Rabelais, l’examen de Jeanne d’Arc… » L’historien se paie même le luxe d’oublier Aliénor. Franck Ferrand a grandi. Il est parti, et il est revenu. La ville a changé. Son regard aussi. « J’ai redécouvert un autre Poitiers en tant que Parisien en goguette le weekend, avec les petits commerces de la rue de la Cathédrale et de la Grand’Rue. Les restaurants, les bars et les terrasses de son magnifique ensemble piéton à l’urbanisme très réussi. Sans oublier ses étudiants, puisque l’université s’est développée de façon formidable. » Mais Poitiers

est aussi une ville marquée par la géographie. Le Plateau, son centre-ville dressé sur un promontoire découpé au fil des millénaires entre les vallées du Clain et de la Boivre, offre une magnifique position défensive. Il peut aussi isoler.

« Poitiers se cache. Si vous êtes un simple touriste et que vous n’êtes pas guidé par des Poitevins, il y a des chances que vous passiez à côté. » « C’est une ville très réservée avec ses grandes familles, ses magistrats, sa bourgeoisie catholique… Poitiers n’a ni le punch de Tours, ni la joie de vivre de La Rochelle », reconnaît objectivement son ambassadeur. « Poitiers se cache. C’est finalement une ville où il faut être invité. Si vous êtes un simple touriste et que vous n’êtes pas guidé par des Poitevins, il y a des chances que vous passiez à côté. » Comme dans les meilleurs musées.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Biarritz

n Bergerac

Sous-préfecture de la Corrèze et ville de la plus peuplée du Limousin, Brive-laGaillarde est célèbre pour sa collégiale Saint-Martin, qui possède une crypte du Ve siècle, et son musée d’Art et d’Histoire, de style Renaissance.

La plus élégante des cités balnéaires sud-atlantiques continue d’exercer son charme à part entre la luxueuse atmosphère hors du temps, mais pleine du souvenir de l’impératrice Eugénie, et l’art de vivre basque, attirant chaque année des centaines de milliers de touristes.

Trouvant son origine dans l’existence d’un château construit au XIe siècle en bord de Dordogne, Bergerac est aujourd’hui une ville active grâce au tourisme et à la viticulture.

Photo J.-D. Chopin

n Brive-la-Gaillarde

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06-Bordeaux metropole.qxp_Mise en page 1 23/04/15 21:17 Page 16

Hier endormie, Bordeaux est la métropole de la future Grande région Sud Ouest. D’autant qu’elle a accompli une transformation spectaculaire depuis dix ans. Un renouveau à confirmer sur le plan économique Jean-Bernard Gilles

Bordeaux, comme une évidence Centre touristique incontesté, la ville mise sur son image de marque pour attirer les investisseurs . Photo Laurent Theillet

A

chaque fois, la même remarque. Le visiteur qui retrouve Bordeaux après s’en être éloigné tombe sous le charme. La courbe de la Garonne, débarrassée de ses hangars portuaires, et le tramway franchissant avec régularité le pont de pierre offrent un spectacle gracieux que les habitants de l’agglomération bordelaise prennent plaisir à contempler. Mais le renouveau de Bordeaux offre bien d’autres surprises. Il faut avoir connu la Bastide rive droite de la Garonne, hier quartier industriel et ferroviaire, pour évaluer aujourd’hui la réussite du projet urbain de Bordeaux. Pour comprendre comment une volonté collective peut changer le destin d’une ville. Il faut se souvenir de l’aéroport de Mérignac il y a 20 ans pour se rendre compte de l’impact croissant de l’aéronautique dans une agglomération qui ne rougit plus de la comparaison toulousaine. Il faut s’être promené sur la zone du Lac il y a mois de cinq ans pour apprécier le développement urbain au nord de la ville. Qui a connu Lormont, Cenon, Bassens et Floirac dans les années 1980 ne reconnaîtra pas ces hauts de Garonne aujourd’hui bel et bien arrimés à sa ville-mère. Celle qui a su faire, ou refaire, de son fleuve le cœur de sa nouvelle attractivité. Il faut avoir vu la fierté universitaire bordelaise d’être reconnue, la seconde en France, comme pôle d’excellence, pour se convaincre du rebond de ces dernières années.

Les quais à la Fête Bordeaux accumule les prix. Embarquée à point nommé dans la vague déferlante du tourisme urbain, elle multiplie les records de fréquentation. Et vient de rejoindre le club fermé des « european best destination ». Pour trois heures ou pour trois jours, le touriste venu de Limoges, de Zurich ou de Lille s’y arrête désormais. « Il y avait le 15 août dernier rue Sainte Catherine autant de monde que la veille de Noël » confie ce vieux bacalanais, un peu ébahi. Alors que les bordelais justement l’avaient déserté. Elle est devenue la ville tendance des années 2000 comme Lyon ou Nantes ont su, en leur temps, en tirer parti. La plus visitée, la plus entreprenante, la plus numérique…. Quelque soit le sérieux de ces enquêtes aux ambitions marketing mal dissimulées, les succès de Bordeaux sont tangibles. Le label Unesco a dopé sa capacité de séduction. Celui de French Tech, décerné par l’Etat il y a quelques mois, a révélé un foisonnement de l’économie numérique que les décideurs eux même ne soupçonnaient pas. Agora la biennale de l’architecture, l’évènement urbain que l’agglomération s’est longtemps cherché mobilise désormais. Bordeaux a mis du temps à accepter ces transformations. Les travaux du tramway, la boulimie de construction et de rénovation ; mais également la réduction drastique de la place de la voiture dans

l’hyper centre et la construction du grand stade furent autant de sujets de discorde et de contentieux dans une ville de robe, fière d’elle-même et de son droit. Peu à peu, l’agglomération s’est prise au jeu de ces transformations. Les quais redessinés par le paysagiste Michel Corajoud attirent à nouveau les foules. Pour la Fête du vin que la ville a su enfin se réapproprier. Pour celle du Fleuve qui lui dispute en alternance ses affluences. Le label Unesco chèrement négocié a été fêté dans toute la ville. Plus de 1000 entrepreneurs du numérique ont trinqué ensemble pour le label French Tech qui avait autant mobilisé les girondins que la candidature, avortée celle là, de capitale européenne de la culture. Si le foisonnement des musiques actuelles n’est pas encore pleinement assumé dans les agglomérations, Bordeaux se dote d’une Cité des civilisations du vin de première importance. Le bâtiment émerge non loin des Ateliers du Port, l’activité historique de la ville. Pas de sièges sociaux Mais le pari économique n’est pas encore gagné. Toulouse dispose toujours de plus de chercheurs et de cadres supérieurs que sa rivale de Garonne. Lyon ou Lille voient se dresser les sièges sociaux d’entreprises nationales que Bordeaux peine encore à attirer. Le Mucem de Marseille draîne 1 million de visiteurs chaque année. Aucun site

bordelais n’atteint aujourd’hui la moitié. Le volet économique du renouveau de l’agglomération est encore à concrétiser. Euratlantique, quartier d’affaires XXL qui doit émerger autour de la gare Saint Jean à compter de 2017, date de l’arrivée de la Ligne à Grande Vitesse qui mettra Bordeaux à deux heures de la gare Montparnasse, traduit cette attente. Il attire aujourd’hui des acteurs locaux ou régionaux (Fayat, Caisse d’Epargne, Mazars, peut être la direction des retraites de la Caisse des Dépôts…) mais qui ne font que déménager. Quelques investisseurs nationaux sûrs de leur placement. Bordeaux parade chaque année au Mipim de Cannes, rendez vous européen des professionnels de aménagement et des investisseurs. Mais la concurrence est rude. Les décideurs vont à Londres, Bruxelles et à Paris pour convaincre des nouveaux atours et des atouts économiques bordelais. Dès janvier 2016, Bordeaux sera déjà la métropole de la Grande région, Cœur Atlantique ou Nouvelle Aquitaine. Les rochelais, corréziens et charentais ne lui contesteront pas le titre même s’ils ne sont pas fâchés, à l’occasion, de faire chuter l’équipe locale de Rugby à Chaban-Delmas, son nouveau chaudron. Cet adoubement sera une étape supplémentaire sur le chemin de métropole européenne que Bordeaux cherche désormais à conquérir. Elle ne l’est pas encore. Et doit se convaincre parfois qu’elle le peut.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Limoges au centre

n Poitiers et ses atouts

n La Rochelle, la belle

Limoges Métropole regroupe 19 communes et compte 212 000 habitants, soit près de la moitié de son département, la Haute-Vienne. Par sa situation géographique centrale, elle est située sur un axe de transport dynamique qui permet de relier nord-sud, est-ouest par la route, le train ou l’avion.

Si Bordeaux va lui ravir la place, Poitiers reste une capitale régionale à forte identité. Une « ville aux cents clochers », lieu de patrimoine et de culture. Elle a accueilli 15 000 personnes lors de la « Gamer Assembly » en avril 2015, un salon entièrement dédié aux jeux-videos.

Cette cité millénaire est un port, une forteresse et un lieu de culture. Forte de 79 000 habitants, elle rayonne sur l’ensemble de la Charente-Maritime et devient chaque été l’épicentre de la musique francophone grâce au festival des Francofolies.

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07-Aeronautique.qxp_Mise en page 1 24/04/15 19:56 Page 17

Aéronautique, des entreprises en pointe Le secteur aéronautique des trois régions pèsera lourd au 1er janvier prochain. Dans la maintenance, la nouvelle entité affiche de solides ambitions Jean-Bernard Gilles

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oulouse domine le pôle de compétitivité Aerospace Valley, qui réunit l’Aquitaine et Midi-Pyrénées. Le renfort de la région Poitou-Charentes dans la future entité régionale amorce un rééquilibrage. Il faut dire que trois poids lourds animent le secteur. Stelia Aerospace a toujours son siège social à Rochefort, même si son centre de gravité s’est rapproché de la Ville rose. Créée le 1er janvier dernier, elle est filiale à 100 % d’Airbus Group, fruit de la fusion de la Sogerma, basée à Rochefort et Mérignac, et d’Aerolia. Ce numéro un européen des aérostructures fabrique des sièges de pilotes pour avions et hélicoptères, des fauteuils de passagers mais aussi des éléments de fuselage. Il pèse 1,65 milliard d’euros de chiffre d’affaires et emploie plus de 6 000 salariés. Dassault l’Aquitain Le deuxième poids lourd, Dassault Aviation, n’a pas son siège dans la région mais son histoire industrielle est indissociable de l’Aquitaine. L’entreprise s’installe en Gironde au sortir de la guerre. Elle y a conçu et assemblé plusieurs générations d’avions militaires français, du bon vieux Flamand qui trône encore à l’entrée des hangars de Mérignac jusqu’au Rafale, l’avion de combat de l’armée française, qui s’exporte aujourd’hui. Dassault emploie en Aquitaine quelque 2 800 salariés dans ses usines de Biarritz, de Martignas et de Mérignac. Il y assemble ses Rafale et sa gamme d’avions d’affaires Falcon, dont le marché, déprimé après la crise de 2008, reprend des couleurs. L’entreprise Safran est plus discrète, mais elle est le premier employeur industriel de toute la grande région avec 8 500 salariés. Présent à Bordes et Tarnos au sud de la région,où il produit ses turbines d’hélicoptères, elle fabrique ses trains d’atterrissage à Bidos. Safran est un des acteurs majeurs du secteur spatial girondin avec sa filiale Herakles, 2 200 emplois, qui fournit les moteurs et

les carburants des lanceurs de la fusée Ariane, mais aussi des missiles. Poitiers Sagem, également filiale de Safran, emploie plus de 400 salariés. Snecma dispose à Châtellerault d’une importante unité de maintenance des moteurs d’avion militaires. Le poids croissant de la maintenance La filiale de Safran y réalise des opérations de maintenance des moteurs militaires que l’armée confie à l’Atelier industriel de l’aéronautique de la Défense, l’AIA de Bordeaux. La maintenance sera sans doute un des pôles d’excellence de la filière aéronautique de la grande région. « Dans les vingt prochaines années, les compagnies qui achètent devront fortement investir dans leur entretien et maintenance, la valeur ajoutée est là », affirme Alain Rousset, président du Conseil régional aquitain. La collectivité qu’il préside a eu du nez lorsqu’elle a racheté à la Direction générale de l’armement, en 2010, son centre de formation de Latresne, rebaptisé Aerocampus. En peu d’années mais au prix de nombreux investissements, celui-ci est devenu une référence nationale de la formation initiale et continue aux métiers de la maintenance. Sabena, Dassault, Sogerma, Eurocopter, Airbus y forment apprentis et salariés. La toute récente création à Bordeaux rive droite du nouvel établissement national de Snecma conforte cette orientation. Le motoriste du Rafale, qui y regroupe ses divisions d’élite de maintenance des moteurs militaires, vient amplifier ce rebond et cette diversification. Une réussite à la fois civile et militaire. Car c’est à Mérignac, en Gironde, que sont venus ces dernières années s’implanter le commandement des forces aériennes (CFA) et la structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la Défense (Simmad). Près de 3 000 militaires au total qui font de l’agglomération bordelaise aujourd’hui une tête de pont incontournable de l’aéronautique française. L’ensemble de la grande région saura en profiter.

Les grandes entreprises du secteur forment leurs recrues sur l’aérocampus de Latresne, en Gironde. Photo Laurent Theillet

La Sogerma, basée notamment à Rochefort, a fusionné avec Aérolia. Photo Xavier Léoty

GRANDE RÉGION EXPRESS n Intérieurs de jets à Poitiers

n Lisi investit à Marmande

n La Mecanic Vallée, bassin dynamique

Ses concurrents se comptent sur les doigts d’une main et ne sont guère qu’une dizaine en Europe. A Poitiers, ACH dessine et aménage les intérieurs d’avions. Outre des compagnies aériennes, elle compte parmi ses clients des propriétaires de jets privés pour lesquels elle fait du sur-mesure.

Le groupe Lisi Aerospace, basé à Belfort, investit plus de 20 millions d’euros dans son usine de Marmande, rachetée à la famille Le Creuset en 2011. L’entreprise qui produit des fixations et des composants de structures pour Airbus et Boeing est dopée par la montée en puissance des commandes de l’aviation civile.

À cheval sur la Corrèze, le Lot et l’Aveyron, s’est construit peu à peu un ensemble cohérent de plus de 210 entreprises et 14 000 emplois autour d’entreprises leaders spécialisées dans la mécanique et le travail du métal. Que ce soit Borg Warner à Tulle, AD Industrie à Brive ou Ratier Figeac à Figeac.

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08-Les ports.qxp_Mise en page 1 23/04/15 21:24 Page 18

Le littoral prend le large Une façade étirée sur près de 800 kilomètres du nord charentais au sud basque, c’est l’échelle que la refonte de la carte des régions offre à l’Aquitaine-Limousin-PoitouCharentes. Une côte à la fois fragile et dynamique Philippe Baroux

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u port de Charron qui s’adosse au sud de la Vendée, à celui d’Hendaye qui regarde vers l’Espagne, le Poitou-Charentes et l’Aquitaine réunis offrent à la future grande région Aquitaine-LimousinPoitou-Charentes sa vue sur mer. De la Côte basque, au pertuis Breton, en passant par l’estuaire de la Gironde, c’est un territoire d’une exceptionnelle variété. Il déroule ses paysages entre franges rocheuses et cordons dunaires, mêle terre et eau dans les marais, pour s’ouvrir vers la haute mer dans le panache turbide des eaux de la Gironde, piqué en son cœur par le roi des phares, Cordouan, dont le feu monumental garde cet estuaire. Cap sur la protection Un littoral riche et convoité. Attractif, et donc fragile. Près de la côte, la grande région subit la pression foncière, la poussée résidentielle, les menaces sur l’environnement. Les équilibres y sont menacés. Treize sites Natura 2000 en mer soulignent la vigilance dans la préservation des habitats naturels, caractérisant la variété de la faune et de la flore. Les créations du Parc naturel marin du bassin d’Arcachon (420 km2), puis dans la foulée de celui de l’estuaire de la Gironde et des Pertuis charentais (6500 km2), appuient aussi l’idée d’un développement raisonné des activités. Il ne s’agit donc pas de placer, ici, la nature sous globe. Le champ de l’économie maritime est vaste qui, par la réunion des régions d’hier, hisse cet ensemble au deuxième rang des régions maritimes de France, après la Bretagne. Et au premier rang, même, s’agissant de la production de coquillages. 53 000 tonnes d’huîtres et 17 000 tonnes de moules sont expédiées principalement depuis la Charente-Maritime, avec le renfort du bassin d’Arcachon. Pour les producteurs girondins, le marché est avant tout régional, tandis que les ostréiculteurs charentais utilisent le renom de l’appellation Marennes-Oléron, pour vendre sur le marché national, et expédier quelques tonnes à l’international.

La croissance rochelaise Autre pivot de l’activité, la marine marchande prend appui sur les deux Grands Ports maritimes de La Rochelle et de Bordeaux, des établissements publics dont les trafics cumulés, à près de 16 millions de tonnes, représentent l’équivalent du cinquième du Grand Port maritime de Marseille. Passé sous la tutelle de l’Etat en 2006, le Grand Port rochelais a connu la plus forte expansion ces dernières années. Les 80 millions d’euros d’argent public injectés entre 2007 et 2013 dans de lourds travaux d’infrastructures ont encouragé et accompagné une hausse constante et régulière des trafics, notamment céréalier. La Rochelle tire du grain 45% de son volume d’activité, au deuxième rang national derrière Rouen, sur cette filière. Atout du site ? Un accès nautique facile. Cette question de l’accessibilité maritime, très sensible dans l’estuaire de la Gironde, a motivé l’investissement récent du Grand Port de Bordeaux pour creuser une nouvelle passe dans l’embouchure de la Gironde. 5,5 millions de mètres cubes de sable ont été dragués. Le trafic d’hydrocarbures caractérise le port de la capitale d’Aquitaine, à 50% des volumes. Mais, en confiant en début d’année l’exploitation du Verdon à Europorte, filiale du groupe Eurotunnel, le Grand Port bordelais affiche l’ambition de relancer ce terminal, notamment avec les conteneurs. Fragilité de la filière pêche Bien que de moindre échelle, l’activité des ports de commerce de Bayonne (2,6 millions de tonnes), au Pays basque, et de Rochefort-Tonnay-Charente (800 000 tonnes), en Charente-Maritime, est aussi un baromètre de l’activité des territoires auxquels ils se connectent. Les céréales, les engrais et la ferraille fondent le socle du port de la Charente, tandis que l’acierie Celsa reste le premier acteur du port bayonnais dont les trafics d’engrais, et de bois sont aussi significatifs. S’il est une filière maritime dans laquelle le regroupement des anciennes régions permet d’atteindre un seuil intéressant pour

De la côte basque au nord de la Charente, le littoral régional représente 720 kilomètres, sans compter les pourtours des îles charentaises. Photo Nicolas Tucat

Le port de La Rochelle a généré un trafic de 9,4 millions de tonnes en 2014. Photo Xavier Leoty

être entendu des autorités européennes, c’est bien la pêche. Le secteur est en proie à des tensions multiples : vieillissement de la flottille artisanale (certaines embarcations ont près de 30 ans), difficulté de recrutement des équipages, politique des quotas particulièrement crispante pour la sole, le thon, la civelle, trois espèces emblématiques. La grande région constituée devient

cependant la deuxième de France, après la Bretagne. Maintenir la pêche en l’état est un enjeu majeur, face au joug réglementaire que l’Union européenne pose sur la filière. De ce point de vue, les 51 millions du fonds que la même Europe réserve aux activités maritimes de la grande région jusqu’en 2019, pourraient redonner quelques couleurs à la pêche.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Une région de pêche

n Huîtres et moules, un marché qui pèse

En tout 528 navires de pêche sont armés dans les régions Aquitaine (297) et Poitou-Charentes (231). Ces unités font travailler 1809 marins. En termes d’emploi la région se classe deuxième, derrière la Bretagne.

La grande région a aussi de nombreux atouts dans la pêche et la conchyliculture. Elle représente par exemple 27 % de la production national d'huîtres. La région PoitouCharentes est le premier centre européen de captage naturel et commercialise la moitié de la production nationale, du fait de son statut de bassin d'affinage

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n Des ports importants, malgré une baisse du trafic Le Grand Port maritime de Bordeaux a réalisé un trafic de 8,5 millions de tonnes en 2014, en recul de 5,9%. Il génère 7 800 emplois directs et induits.


09-Lagriculture.qxp_Mise en page 1 23/04/15 21:25 Page 19

Une région agricole plus forte Au dernier Salon de l’agriculture de Paris, les trois présidents de région Alain Rousset, Gérard Vandenbroucke et Jean-François Macaire étaient unanimes : « Ensemble, nos trois territoires seront plus forts » Anne-Sophie Pedegert

L

Produits de niche Les trois départements regorgent par ailleurs de « produits de niche ». Le secteur de production le plus emblématique est sans aucun doute la truffe puisque le territoire de la nouvelle région produit environ 25 % de la production française, qui est comprise entre 20 et 40 tonnes selon les années. Ce sont principalement les départements de la Dordogne et de la Charente qui produisent le plus de truffes. La grande région est également le premier producteur mondial de foie gras, avec une activité très importante en Aquitaine et Limousin, notamment en Corrèze, ainsi que dans les cantons limitrophes de la Haute-Vienne (Saint-Mathieu, Chalus, Saint-Yrieix-laPerche). Le safran est lui aussi très présent dans la nouvelle région, avec l’une des plus

La région brille par la qualité de son élevage. Ici un bovin de race blonde aquitaine. Photo André Dossat

Les chiffres de la grande région agricole Avec ses 884 000 vaches, la nouvelle région dispose du premier cheptel allaitant de France. Elle a produit 185 000 tonnes de viande bovine, soit environ 13 % de la production française. Les ovins représentent 25 % du cheptel national avec plus de 1,3 million de brebis mères. Les éleveurs de la région détiennent 36 % de l’effectif national de chèvres, dont 85 % en Poitou-Charentes. Côté viticulture, la nouvelle région possède 236 000 hectares de vignes, dont 150 000 en Aquitaine. Pour les productions végétales, la nouvelle région se place au 2e rang français pour la surface (1,33 million d’hectares) et au 3e rang en volume produit (près de 9 millions de tonnes). C’est également la première région française productrice de maïs, loin devant les autres régions françaises, et la première région productrice de tournesol à la fois en surface et en volume.

grandes safranières de France qui se trouve en Limousin, dans la Creuse. Autre niche, l’élevage de lapins est par ailleurs très présent en Poitou-Charentes, avec 95 000 lapins, soit près de 11 % des effectifs nationaux. Leader dans la pisciculture Les industries agroalimentaires constituent le premier secteur industriel de la grande région en termes de valeur ajoutée, d’exportation et d’emplois avec 54 000 emplois et 20 % de l’emploi industriel régional. À l’export, la région Aquitaine réalise un chiffre

d’affaires de 3,6 milliards d’euros dans ce seul secteur. En 2013, le produit le plus exporté en Aquitaine était le vin. Les produits des industries agroalimentaires sont les premiers produits exportés de Poitou-Charentes. Ils représentent plus de 36 % des ventes régionales. En progression ? Les produits agricoles, de la pêche et de l’aquaculture. La grande région est première dans la pisciculture. Le cognac est le produit de la future région qui sera le plus exporté en valeur devant les vins de Bordeaux. Il représente à lui seul 25 % des exportations des produits de Poitou-Charentes.

Photo David Le Deodic

a grande région se hissera au premier plan européen, avec plus de 9,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Elle deviendra également la plus importante région agricole de France pour les signes officiels de qualité, l’élevage caprin, la viande bovine ; mais également les surfaces en maïs et tournesol, la production d’huîtres, de truites, de caviar et pour de nombreux fruits et légumes. Notre grande région est aussi très bien placée dans d’autres filières, notamment l’agriculture biologique et la viticulture. De fait, avec ses 12 départements, elle est la plus vaste des nouvelles régions. C’est la première région en nombre d’exploitations avec plus de 83 000 unités et en maind’œuvre avec près de 130 000 UTA (unités de travail annuel). Il existe une forte complémentarité entre les trois ex-régions avec une dominante viticole pour l’Aquitaine, l’élevage pour le Limousin et les grandes cultures pour le Poitou-Charentes.

GRANDE RÉGION EXPRESS n Nos plus beaux cèpes

On dénombre 14 340 exploitations qui commercialisent en circuits courts dans la nouvelle région. Elles sont 10 000 en Aquitaine, 2 900 en PoitouCharentes et 1 400 en Limousin. Avec un souci constant de produire et consommer localement.

La Corrèze et plus largement le Limousin sont devenus des zones de forte production de cèpes dans les années 80 et 90 à la suite de plantation d’épicéas dans les années 60 et 70. Une production qui a baissé depuis la tempête de 1999. La faute au douglas, variété avec laquelle le cèpe refuse de nouer toute relation…

n Le Poitou tourné vers l’export Photo P. Chareyron

n Priorité aux circuits courts

Poitou-Charentes est la 4e région céréalière de France. Les 8 400 exploitations de cette filière en produisent environ 5,2 millions de tonnes. Cette production a la particularité d’être orientée à 80 % vers l’exportation. De l’agriculture à la transformation en passant par la collecte, la filière génère 17 000 emplois.

La grande région • 19


10-La gastronomie.qxp_Mise en page 1 23/04/15 21:26 Page 20

Des spécialités ancrées dans les terroirs

Le Landais Michel Guérard, ici dans sa nouvelle école de Cuisine de Santé®, est le seul chef triplement étoilé de la région. Photo Corentin Mossière

Bâtir une identité : tel est l’un des enjeux de notre future région. À la fois richesse patrimoniale et composante économique, la gastronomie est, et sera, l’atout d’un vaste territoire qui devra valoriser ses produits et ses savoir-faire Fabrice Varieras

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u littoral atlantique jusqu’aux plateaux du Limousin, des sommets pyrénéens au Marais poitevin, en passant par le Périgord, la géographie de la future grande région prendra la forme d’un patchwork de paysages, de climats, de cultures et de traditions. Aussi, sans doute faudra-t-il du temps avant que cette nouvelle entité administrative ne trouve son équilibre et ne se forge une identité. Composante essentielle d’une tradition, la gastronomie résulte à la fois des singularités de son terroir, de sa sociologie et de son histoire. Au fil des siècles, les hommes l’ont façonnée comme un précieux patrimoine que les générations se sont attachées à conserver et à transmettre. Son importance est telle que la gastronomie s’affirme comme un élément de communication incontournable pour vanter l’art de vivre, les savoir-faire et la notoriété d’un territoire. Mais, au fait, à quoi ressemblera l’identité gastronomique de notre future région ? De par l’hégémonie que semble posséder l’actuelle Aquitaine dans la future entité, il y aurait fort à parier que la cuisine du Sud-

Ouest serve de référence. Position dominante facilitée par le fait que ni le Limousin ni Poitou-Charentes ne possèdent d’identité gastronomique aussi clairement identifiée. « N’ayant aucune recette emblématique dans le Limousin, nous nous sommes toujours concentrés sur la valorisation de nos produits », explique Pierre Bertranet, chef haut-viennois qui n’a pas attendu la réforme territoriale pour ouvrir en 2014 un bistrot sur les quais de Bordeaux. Grande région, produits locaux D’un autre côté, y a-t-il un intérêt à vouloir abriter la gastronomie autour d’une appellation générique ou d’un dénominateur commun, au risque de tomber dans un formatage ? Au contraire, la richesse de cette future région réside plutôt dans sa capacité à permettre à chacun de ces territoires de conserver ses traditions ancestrales et préserver son authenticité. Là où la nouvelle organisation administrative joue du grand-angle en s’affranchissant des micro-particularismes, la gastronomie, elle, affiche depuis des années une volonté de réduire sa focale. La conjugaison de ces

deux mouvements opposés a redéfini le rapport entre le cuisinier et le produit. En effet, le souci grandissant de respecter la saisonnalité et de souscrire à une approche locavore encourage les chefs à travailler avec des producteurs du cru. « Les chefs travaillent aujourd’hui avec une carte de plus en plus réduite en valorisant les produits de saison. Tous les matins, je vais acheter mes produits à la criée et ce n’est pas parce que ma région va s’agrandir que je vais me détourner du magnifique terrain de jeu gastronomique que m’offre l’Océan », témoigne Richard Coutanceau, le chef rochelais. À défaut d’une unité gastronomique, cette nouvelle grande région prendra des airs de garde-manger prospère et riche. Foie gras, truffes et cèpes, vins de Bordeaux et Cognac, huîtres et caviar, viandes et fromages : on ne compte plus les trésors de nos terroirs. Cette richesse, la région la doit à une diversité bioclimatique et géologique bénie des dieux, mais aussi à son agriculture. Au gré des siècles, l’homme a su tirer le meilleur parti de cet immense potentiel, en sélectionnant des races et essences

adaptées aux contraintes. Limousine, parthenaise ou blonde d’Aquitaine, agneau Baronet, Diamandin ou de Pauillac, porc cul-noir ou du Pays basque, volailles, canards, oies : nos campagnes sont encore le sanctuaire de races qui contribuent à la richesse du patrimoine alimentaire. Il ne faudrait pas oublier, dans ce panorama, plusieurs centaines de kilomètres de côtes, l’estuaire, les fleuves, lacs et rivières, qui participent à cette abondance de biens. À la veille d’une nouvelle donne administrative, nul doute que la gastronomie restera le lien indissociable aux racines tout en étant un élément fédérateur, pour une région en devenir. C’est ce que veut croire Michel Guérard, qui voit dans ce rapprochement une occasion d’aller de l’avant. « Si nous voulons que notre région devienne un véritable pôle gourmand, nous devons fédérer tous les acteurs, repenser notre terroir, devenu plus vaste, et inventer la cuisine de demain », prône le chef emblématique d’Eugénie-lesBains, le seul triplement étoilé du Grand Sud-Ouest.

n Les signes de la qualité

n Cagouilles ou lumas ?

n Spécialités

Avec 155 signes de qualité tout confondu, la nouvelle région est leader en ce domaine. Elle possède 10,3 % des AOP (appellation d’origine protégée) françaises et 19,8 % des IGP (indication géographique protégée) françaises (hors vins).

A l’heure de la grande Aquitaine, il subsiste des frontières difficiles à gommer. Cagouille en Saintonge et en Angoumois, le petit gris devient luma en Aunis et en Poitou. Luma ou cagouille, il se cuisine en revanche de la même façon, qu’il soit charentais, deux-sévrien ou poitevin : en sauce, avec de l’ail et du vin blanc.

Des grands crus bordelais au bœuf limousin, en passant par le chabichou du Poitou, sans oublier canelé, pastis landais, foie gras, creusois, grillon charentais… la nouvelle entité territoriale regorgera de multiples spécialités locales.

20 • la grande région

Photo É. Despujols

GRANDE RÉGION EXPRESS


11-Le tourisme.qxp_Mise en page 1 23/04/15 21:27 Page 21

Tourisme, la carte charme Les grilles d’analyse ne sont forcément pas les mêmes, aujourd’hui, d’une région à l’autre. Mais une évidence s’impose : la grande région AquitaineLimousin-Poitou-Charentes sera l’une des grandes régions touristiques de France Alain Defaye

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on littoral reste le premier de ses atouts. Du Pays basque aux îles charentaises en passant par les plages landaises, c’est ici que se concentre l’essentiel des nuitées et de l’activité de la filière. Entre grands sites de baignade, spots de surf et thalasso, l’Aquitaine Atlantique a comme principale carte la diversité d’une offre caractérisée par une orientation vers le bien-être et un fort potentiel sportif. Mais c’est à l’intérieur des terres que s’affirme sa différence. D’abord en Périgord. Haut lieu du tourisme vert et patrimonial, avec ses sites préhistoriques et ses châteaux, la Dordogne est, de loin, le premier département de France pour les séjours à la campagne. Lascaux et Castelnaud en

Après son périple américain, « L’Hermione » sera de retour à La Rochelle en août. Photo Xavier Léoty

telle la Vallée des Singes, « savane » poitevine devenue terre d’asile pour gorilles, bonobos ou lémuriens. C’est aussi à quelques

Dans la Vienne comme en Dordogne, le tourisme pèse lourd : 700 millions de chiffre d’affaires et 10 000 emplois. tête, ses sites accueillent 3 millions de visiteurs par an. Ici, le tourisme génère 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. L’autre exception régionale se situe dans la Vienne, département qui, jusque dans les années 80, n’avait guère d’autre carte à jouer que celle de ses exceptionnelles églises et abbayes romanes. Le Futuroscope a changé la donne. Deuxième parc de loisirs de France, il est désormais la pierre angulaire d’un modèle économique fondé sur un maillage de parcs animaliers,

kilomètres du Futuroscope, aux portes du village de Dienné, qu’est né le plus grand site d’hébergements insolites d’Europe. Châteaux ou maisons dans les arbres et cabanes de farfadets à la clé. Dans la Vienne comme en Dordogne, le tourisme pèse lourd : 700 millions de chiffre d’affaires et 10 000 emplois. « L’Hermione » en tête de pont Ces chiffres sont appelés à évoluer fortement. Après le Club Méditerranée, implanté

à La Palmyre, sur le littoral charentais, un autre grand opérateur du tourisme a choisi le Poitou-Charentes pour se développer. Filiale de Pierre et Vacances, le groupe Center Parcs ouvre cet été 2015 un nouveau village dans le nord de la Vienne, aux portes de l’Anjou et de la Touraine. Avec ses 800 cottages qui se fondent dans les bois, le Domaine du Bois aux Daims, nom choisi en écho aux animaux présents sur le site, accueillera jusqu’à 4 000 personnes par semaine en haute saison. L’initiative la plus originale en matière de tourisme n’en revient pas moins au chantier de « L’Hermione ». Portée depuis dix-sept ans par une association avec le soutien des collectivités locales, la reconstruction, à l’identique, de la frégate avec laquelle le marquis de La Fayette a traversé l’Atlantique pour soutenir les Américains dans leur guerre d’indépendance contre l’Angleterre, a donné à Rochefort les couleurs d’un haut lieu du tourisme. À tel point que le départ du bateau vers les États-Unis, pour les fêtes du 4 juillet à New York, a créé un vide…

qui devrait être vite comblé avec le retour de la frégate, en août. Le tourisme patrimonial a le vent en poupe. Et les technologies du numérique renforcent ses attraits. Dans le Périgord, Lascaux joue pleinement cette carte avec la prochaine introduction de la 3D pour mieux plonger ses visiteurs dans le monde de l’art rupestre. Poitiers vient de mettre en service une application mobile permettant de plonger dans les différents âges d’un urbanisme qui remonte à l’époque gallo-romaine. Réfractaire au numérique, aux monuments et aux foules du littoral ? Alors c’est en faisant de l’œnotourisme en Bordelais et en Cognaçais qu’il vous faudra savourer la grande région. À moins que vous ne préfériez vous promener dans la nature préservée du Limousin et de ses lacs ou bien profiter de la montagne. En faisant du ski à Gourette, une sortie spéléo à la Pierre-SaintMartin ou encore, pour les amateurs de balades dans les grands espaces, en chaussant des skis de fond sur le plateau de Millevaches. Vaste programme.

n L’art roman en Poitou Les façades sculptées dans le calcaire de ses églises ont fait leur renommée : Poitou-Charentes est l’un des berceaux de l’art roman. Ses monuments les plus emblématiques sont Saint-Pierre d’Aulnay en Charente-Martime, Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, Saint-Hilaire-de-Melle et Sainte-Eutrope de Saintes.

n Les sites touristiques les plus fréquentés

En millions de visiteurs par an

n Saint-Émilion, la cité médiévale En plein cœur du vignoble bordelais, Saint-Émilion demeure une étape incontournable du circuit touristique aquitain. Elle accueille 1 000 000 de visiteurs en moyenne chaque année.

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Photo AFP/Nicolas Tucat

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Ensemble, dans le sens d En fusionnant, nos régions renouent avec leur passé. Lorsque le Parlement de Bordeaux rayonnait jusqu’à la Haute-Vienne. Explication avec l’historienne Josette Pontet Textes Jacky Sanudo

«L

’Aquitaine, ça n’existe pas ! » La boutade lancée lors des élections régionales de 1992 par Jean François-Poncet, alors président du Conseil général du Lotet-Garonne, est un brin provocatrice. Mais il est indéniable que l’ancien diplomate connaissait bien l’histoire. Dans l’introduction à l’« Histoire de l’Aquitaine » (édit. Privat, 1971) qu’il a dirigée, Charles Higounet écrivait : « Il n’existe pas une Aquitaine, mais il y a eu tant d’Aquitaine, d’Auguste à la Ve République, qu’il était impensable de pouvoir enserrer une histoire dans une notion territoriale aussi fluctuante. » La région Aquitaine telle qu’on la connaît aujourd’hui avec ses cinq départements (Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Landes, Pyrénées-Atlantiques) est une réalité récente qui est apparue avec le projet de région-programme en 1956 et finalisé en 1959 avec le rattachement des BassesPyrénées, qui étaient jusque-là dans la région Midi-Pyrénées et le choix de Bordeaux

début 2016, on comprend mieux les tâtonnements des experts gouvernementaux pour en tracer les contours. Le plus amusant dans l’affaire est dans le constat que le découpage actuel se rapproche d’assez près du duché d’Aquitaine, constitué au XIe siècle par la maison de Poitiers. Il s’étendait des approches de la Loire et de l’Auvergne jusqu’aux Pyrénées. « Quant à son héritier, le duché aquitain des Plantagenêts, il a subi entre 1154 et 1453 de si fréquentes variations, des environs de Bordeaux ou de Bayonne à l’immense État du Prince Noir, qu’on ne saurait le considérer non plus comme le cadre statique d’une histoire régionale », assure Charles Higounet. N’empêche, et n’en déplaise à certains, l’immense région sud-ouest qui a pris forme a du sens. Pas toujours en tant que frontières administratives qui sont contestables par nature, mais à coup sûr d’un point de vue historique. Ce que nous confirme Josette Pontet, professeur émérite d’histoire moderne de l’université de Bordeaux 3 et présidente de la Société des sciences, let-

« Ce qui me frappe dans ce découpage, c’est que les régions reviennent, que ce soit pour le Midi, le Languedoc ou l’Aquitaine, aux parlements qui ont été créés au XVe siècle. » comme métropole. Ce sont cependant la réforme Chaban de 1972 et la loi Deferre qui vont porter sur les fonts baptismaux la région Aquitaine. À ce moment-là, c’est une véritable renaissance pour le terme même d’Aquitaine, qui était tombé en désuétude depuis plusieurs siècles au profit de Guyenne et n’était utilisé que par les géologues et les géographes. L’État du Prince Noir À l’heure où vient d’être dessinée la nouvelle carte de la région qui entrera en vigueur

tres et arts de Bayonne. Parmi ses nombreux travaux, on note une étude et un colloque sur le thème de l’identité aquitaine. « Ce qui me frappe dans ce découpage, c’est que, en gros, les régions reviennent, que ce soit pour le Midi, le Languedoc ou l’Aquitaine, aux parlements qui ont été créés au XVe siècle. Pour l’Aquitaine, nous avons, à peu de chose près, le ressort du parlement de Bordeaux, qui comprenait le Limousin et qui allait de Bayonne à Bellac (Haute-Vienne), le point le plus au nord. » Ce parlement est une institution fondamen-

tale qui a finalement été très peu modifiée au fil du temps. « Pour l’Aquitaine, le problème, c’est que, par exemple, Pau et le Béarn, qui appartenaient au royaume de Navarre, n’ont pas été affiliés au parlement de Bordeaux quand Louis XIII les a rattachés au royaume de France. En revanche, la Saintonge, Poitiers, le Limousin en font partie et La Rochelle et l’Aunis par intermittence. Si on prend ces territoires et qu’on y ajoute les cinq départements actuels, on obtient étrangement la nouvelle carte qui nous est proposée à ce jour », poursuit Josette Pontet. Déjà sous Auguste Les similitudes troublantes remontent bien plus loin dans l’histoire, très précisément à – 16 avant Jésus-Christ, à l’époque romaine, quand Auguste crée l’Aquitanique, province qui était une vaste région administrative. Elle contenait les Bituriges, les Lémovices, les Pictons, les Santons et Burdigala (Bordeaux) et le sud de la région, même si celui-ci, dénommé la « Province des neuf peuples » (NDLR : Novempopulanie allant de la Garonne aux Pyrénées avec Eauze pour capitale), a été le plus souvent relié à Auch. « Cette Aquitaine, dont l’étymologie est contestée (Pays de l’eau ? Pays des eaux ? Pays de rivières ?), a une existence très

fluctuante avec l’arrivée des Barbares à l’époque du Haut Moyen Âge. Mais l’important est que cette organisation qui était administrative va se retrouver dans les circonscriptions religieuses. La province ecclésiastique d’Aquitaine, dont l’archevêché, disputé par Bourges, est à Bordeaux depuis le XIVe siècle, comprend le Poitou, les Charentes, la Gironde, la Dordogne et le Lot-et-Garonne. Il faudra attendre 2002 pour que le pape Jean-Paul II mette fin à certains découpages et que les Basses Pyrénées quittent l’archevêché d’Auch pour rallier celui de Bordeaux », explique Josette Pontet. Dans l’identité commune à la nouvelle région, puisqu’il est question de religion, il convient de ne pas omettre la forte présence protestante dès le XVIe siècle. Celleci s’étend d’Orthez à La Rochelle en passant par Cognac, Nérac ou Bergerac et allant jusqu’à Châtellerault. Impossible non plus de ne pas signaler le lien le plus évident qui est la langue d’oc, le gascon au sud, le limousin au nord. La Rochelle et l’Aunis ont, elles, basculé vers la langue d’oïl dès le XIIIe siècle. « La Gascogne seule a traversé le temps, mais comme concept linguistique », écrit Charles Higounet. On n’oublie pas que le premier troubadour identifié est Guillaume IX de Poitiers. C’était le temps où le cœur de l’Aquitaine battait

GRANDE RÉGION EXPRESS n « La Petite Russie »

n Les rumeurs sur Diane de Poitiers

n Des noms historiques peu plébiscités

C’est le surnom que donnaient les soldats allemands au Limousin pendant la Seconde Guerre. Une terre très active dans la résistance, où le Parti communiste était fortement enraciné. De Gaulle appelait Limoges « la capitale du maquis ».

Selon une légende qui perdure jusqu’au XIXe, Diane de Poitiers se serait offerte à François Ier pour sauver son père, coupable de trahison envers le connétable de Bourbon. L’anecdote est croustillante, mais fausse.

D’après la consultation réalisée par « Sud Ouest » auprès de 4 732 internautes, les noms qui font écho à l’histoire de la région sont peu appréciés. Seulement 1,12 % pour « Aliénor » et 1,72 % pour « Guyenne ».

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e l’histoire

s

s Le règne du Prince Noir aura duré dix ans. Dessin de Laureline Mattiussi

Carte de la Gaule romaine avec l’immense espace aquitanique. Document Johannes Janssonius (1657). CarteFrance.fr

Une question à… L’occitan limousin et le gascon réunis vous font-ils espérer un renouveau ?

La duchesse d’Aquitaine meurt en 1204, à l’âge de 82 ans

Limousin. L’attirance vers Bordeaux suit naturellement la pente des fleuves que sont la Dordogne et la Garonne. Il ne reste plus qu’à trouver un nom à ce territoire immense qui vient de voir le jour sur la carte. Il conviendra de ménager les susceptibilités. Mais « Nouvelle Aquitaine » ou « Sud-Ouest Atlantique » auraient du sens. Garder « Aquitaine » ne serait pas non plus une hérésie. Ce nom désigne les trois régions concernées depuis l’empereur romain Auguste.

Le lien culturel entre le Limousin, le Poitou et l’Aquitaine, c’est la langue. L’occitan y était parlé sur tout le territoire au Moyen Âge et l’occitan n’a reculé, au XIVe siècle, que dans une partie, à savoir le Poitou et la Saintonge. Cela s’expliquerait par une forte dépopulation de ces régions après la guerre de Cent Ans et une recolonisation venant d’un peu plus au nord. Depuis, le Poitevin-Saintongeais est considéré comme une langue d’oïl, mais avec un fort substrat occitan. Sur le plan linguistique, nous espérons donc beaucoup. Ce qui se fait pour la langue occitane en Aquitaine, sans être exceptionnel, nous paraît, à nous, mirifique. Pas la peine de se leurrer, notre langue est en mauvaise posture, avec de moins en moins de locuteurs. Nous ne rêvons pas de hordes d’Aquitains et de Limousins bilingues, mais espérons une réappropriation de la langue (ne serait-ce que par le double affichage) par les institutions. Cela ne va pas enrayer le déclin de l’occitan en tant que langue de communication, mais peut faire prendre conscience aux populations sur place de leur culture, de leur originalité. Et ça, c’est une force, trop importante pour qu’on la camoufle.

Photo DR

Bordeaux, ville phare Il ne fait pas beaucoup de doutes que Bordeaux restera dans la nouvelle région la ville phare. La polarisation de l’Aquitaine passera par cette ville aux ambitions de grande métropole qui est la zone d’influence depuis le XVIIIe siècle pour le Périgord, l’Agenais, l’Angoumois, la Saintonge et le haut et bas

Jean-François Vignaud, enseignant à l’Institut d’études occitanes du Limousin à Uzerche (Corrèze)

Photo DR

au nord avec la cour d’Aliénor à Poitiers et le couronnement du duc Richard Cœur de Lion, qui eut lieu à Limoges. Josette Pontet écrit quant à elle : « Le duché de l’Aquitaine anglaise est une histoire qui dure trois siècles. En 1154, quand Aliénor l’apporte en héritage, le duché inclut La Rochelle, Poitiers, Limoges mais pas le Béarn et l’Armagnac. Après 1259, le territoire perd le Poitou, les Charentes et Limoges, qui y reviendront. En 1328, avec la guerre, le duché se réduit comme une peau de chagrin et n’a plus que la façade atlantique, du sud de La Rochelle à Bayonne. La période la plus euphorique pour l’Aquitaine, quoique courte, correspond à la principauté du Prince Noir de 1362 à 1372. Il s’agit là du vaste ensemble comprenant l’Aunis, le Poitou, le Limousin, l’enclave de la Marche, jusqu’à Cahors et Montauban. Bordeaux est la capitale et c’est un des moments les plus prospères de son histoire. »

GRANDE RÉGION EXPRESS n Un hymne du Poitou

n Pey Berland, dernier archevêque gascon

n Le saviez-vous ?

Le professeur de musique Paul Rougnon a composé un hymne poitevin intitulé « Les Enfants du Poitou ». Il fut longtemps joué par les élèves du conservatoire de Poitiers. En voici le refrain : « Marchons, marchons, en avant dans la vie, Sans nous lasser, l’esprit tout enflammé. Chantons, chantons notre chère patrie, Chantons, chantons le Poitou bien-aimé. »

Archevêque de Bordeaux entre 1430 et 1456, il prend position en faveur des Anglais lors de la guerre de Cent Ans. Pey (« Pierre », en gascon) est contraint de se retirer après la victoire des Français. Il est à l’initiative de la création de l’université de Bordeaux et de l’hôpital Saint-André.

L’expression « Se faire limoger » a bien pour origine la ville de Limoges, là où étaient assignés à résidence les officiers d’étatmajor du maréchal Joffre pendant la Première Guerre mondiale.

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