Petit journal "De belles sculptures contemporaines"

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de belles sculptures contemporaines Scoli Acosta, Saâdane Afif, Wilfrid Almendra, John Armleder, Becky Beasley, Karla Black, Katinka Bock, Claire Fontaine, Melanie Counsell, Johan Creten, François Curlet, Stéphane Dafflon, Koenraad Dedobbeleer, Dewar & Gicquel, Erik Dietman, Braco Dimitrijevic, Thea Djordjaze, Jimmie Durham, Aleana Egan, Armen Eloyan, Nick Evans, Geoffrey Farmer, Hans-Peter Feldmann, Peter Fischli & David Weiss, Barry Flanagan, Andreas Fogarasi, Karim Gheloussi, Dan Graham, Raymond Hains, Rebecca Horn, Udo Koch, Ann Veronica Janssens, Jacques Julien, Anish Kapoor, Karen Knorr, Jiri Kovanda, Torsten Lauschmann, Bertrand Lavier, Goshka Macuga, Vincent Mauger, Genêt Mayor, Andrew Miller, Juan Muñoz, Gina Pane, Patrice Gaillard & Claude, Bruno Peinado, Giuseppe Penone, Mick Peter, Falke Pisano, Cameron Platter, Présence Panchounette, Lili Reynaud Dewar, Fred Sandback, Jean-Michel Sanejouand, Bojan Sarcevic, Ernesto Sartori, Joe Scanlan, Lucy Skaer, Pierrick Sorin, TTrioreau, Gary Webb, Raphaël Zarka œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire dsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqbjkhjhkhhkhkhkjhkhkjhkhhhjhjhckqjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqbjkhjhkhhkhkhkjhkhkjhkhhhjhjhckqsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqbjkhjhkhhkhkhkjhkhkjhkhhhjhdlddsmdkdkfjjhckq

>->> exposition du 1er mars au 5 mai 2013 Hab Galerie, Nantes Exposition du Frac des Pays de la Loire sur invitation de la SPL Le Voyage à Nantes


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murales en noyer, acier et cuivre, confèrent-ils à ces formes mutiques une dimension narrative. Souvent puisés dans la littérature, ou concentrés en un seul mot, les titres sont également importants dans les œuvres d’Eleana Egan. Réalisée en simple carton découpé et peint, Interior conserve la mémoire de sa géométrie initiale mais, soumise à l’action de la pesanteur, devient souple et organique. Les œuvres de Beasley et d’Egan témoignent en outre de la grande attention que ces artistes portent envers des matériaux souvent communs, dont elles révèlent les qualités plastiques. Dans a.i.b. de Melanie Counsell, une grande structure architectonique minimaliste dessine un espace géométrique À l’occasion des 30 ans des Frac, De belles semi-ouvert. L’œuvre de Thea Djordjadze joue quant à elle d’une échelle domestique sculptures contemporaines réunit une centaine d’œuvres de la collection du Frac et de matériaux simples, dont la qualité graphique est accentuée par le fond bleu Pays de Loire, et propose, dans les vastes sur lequel ils se détachent. Cette mise en espaces de la Hab Galerie, une approche scène produit un espace singulier, presque panoramique et ouverte de la diversité théâtral, une sorte de lieu en attente, et des multiples enjeux de la sculpture énigmatique. aujourd’hui. L’exposition emprunte son titre à une œuvre de Pierrick Sorin, qui y figure : une brêve séquence, tournée en 1988 en Super 8, dans laquelle l’artiste « met en pratique » des définitions de la sculpture, tantôt canoniques et péremptoires (« ce qui définit la sculpture, c’est qu’on peut tourner autour »), tantôt ouvertement loufoques (« les belles sculptures contemporaines, prétend-il, se nourrissent de lait »). Aux antipodes de l’approche de Pierrick Sorin, Sans titre de Fred Sandback offre une autre entrée : prenant appui dans l’angle du sol et du mur, cette sculpture ne permet pas au visiteur de « tourner autour » — pas plus, d’ailleurs, qu’elle ne se « nourrit de lait »… Elle présente en revanche nombre de caractéristiques à partir desquelles il est possible de réfléchir à ce que peut être la sculpture : sa qualité d’épure d’abord, son refus de l’allusion anthropomorphe, son caractère mutique ; sa relation à l’espace qui l’entoure, qu’elle contient et qui la traverse, son rapport à l’architecture ; le rôle joué par le dessin et la couleur, et le dialogue qu’elle entretient avec la peinture ; l’attention portée au matériau, la réflexion dont elle témoigne quant aux moyens propres à la sculpture — et donc à 03 son histoire et son essence. Suites du Minimal Art Bien qu’elle ne vise pas à produire des effets « minimalistes », l’œuvre de Sandback est généralement assimilée au Minimal Art, dont sont diversement héritières les œuvres de Katinka Bock, Ann Veronica Janssens, Melanie Counsell, Bojan Sarcevic… Die Zone (Boden) de Katinka Bock — un simple câble tendu en travers de l’espace par la seule force d’un aimant attirant une pièce de fer — partage le caractère graphique et la simplicité de mise en œuvre de la sculpture de Sandback, et déplace la verticalité du fil à plomb vers une tension toute sculpturale. Le vocabulaire minimaliste fait aussi fréquemment l’objet d’associations littéraires, qui réintroduisent du contenu — autobiographique, narratif, poétique… — là où les pionniers du Minimal Art revendiquaient une forme de retrait silencieux. Ainsi les titres-phrases données par Becky Beasley à ses pièces

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Déplacement d’enjeux picturaux La sculpture est également traversée de questions et d’enjeux issus de la peinture : en témoignent les dispositifs en plexiglas coloré de Stéphane Dafflon, les volumes de pigment d’Anish Kapoor, les reliefs de Joe Scanlan… Ce mouvement hors des limites traditionnelles de la peinture est également illustré par Bloc-cuisine de Jean-Michel Sanejouand. Cette œuvre de la série Charge-objet témoigne de ses recherches d’une issue lui permettant de sortir de sa propre pratique picturale et se confronter à l’espace et aux matériaux communs. Par la combinaison inattendue d’objets ordinaires « déchargés » de leur caractère fonctionnel, l’œuvre transporte la peinture hors de ses propres conventions, renouvelant le regard critique à son encontre en la mesurant à l’espace réel. Ce passage de la peinture à la sculpture — et réciproquement — est au cœur de la démarche d’Ernesto Sartori, dont les expositions associent des peintures sur des supports polygonaux et des constructions en bois peintes. Chez G&D, grosse maquette est une cellule architecturale ouverte, partiellement destructurée et fragmentaire. Comme les autres constructions de l’artiste, elle semble faire partie d’un ensemble plus vaste, qui constitue le motif récurrent de ses peintures, décrivant des fictions de mondes cristallins. Jouer avec les modèles La sculpture est aussi le terrain de jeu d’artistes qui élaborent leurs œuvres à partir de téléscopages, de collisions d’éléments empruntés à l’abstraction picturale moderniste, au registre du

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pop, au design, aux objets anonymes de la classe moyenne : Bertrand Lavier (Sculpture moderne) opère ainsi sur le mode du ready-made détourné ; John Armleder pratique l’appropriation distanciée des formes archétypales des avant-gardes historiques, qu’il combine à du mobilier kitsch dans ses Furnituresculptures ; Bruno Peinado croise des références multiples issues de champs hétérogènes, voire incompatibles, qu’il recycle, mixe et hybride dans un processus de créolisation des signes. Dans Black Alphabet (after Brancusi), Lucy Skaer aligne une série de répliques de L’oiseau dans l’espace de Brancusi, réalisées en poussière de charbon comprimée. Opérant un brouillage par le déplacement d’un emblème de l’histoire de la modernité, elle aborde de front la question de l’authenticité et de l’autorité des modèles canoniques. Pérennité et impermanence de la sculpture La sculpture a, en effet, fort à faire avec les conventions historiques dont elle est héritière, et avec lesquelles elle joue pour mieux se renouveler. Sans titre (La sculpture anglaise) de Raymond Hains dresse ainsi l’inventaire d’improbables sculptures « ready-made » observées à l’occasion des déambulations urbaines de l’artiste. Ces œuvres, antimonumentales, précaires, ne commémorent rien. La pérennité de la sculpture est aussi mise à l’épreuve dans Le cours des choses, du duo Fischli & Weiss. Dans cette série de photographies, la sculpture est abordée moins comme un objet physique stable que comme une situation, une séquence parcourue de flux, de transferts et de pertes d’énergie, illustrant la tendance générale suivie par les systèmes construits vers toujours plus de désordre, d’indétermination, d’entropie. gina pane, avec Souvenir enroulé d’un matin bleu et Action, pierres déplacées, rend sensibles la temporalité et le caractère performatif de la sculpture. Cette dimension temporelle renvoie

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elle-même à deux échelles de temps très différentes : celle du corps (son énergie, sa pulsation), celle de l’Histoire (la charge qu’elle nous lègue, mais aussi l’impermanence des choses). Face à l’Histoire L’évocation de l’Histoire occupe une place centrale dans les œuvres de Braco Dimitrijevic et de Jiri Kovanda. Status Post Historicus de Dimitrijevic confronte deux bustes en bronze : une figure célèbre de l’histoire de l’art, Michel-Ange, et le visage d’un inconnu, Mario Orsini. Dans cette série commencée en 1971, la multiplication des bustes et leur dispersion composent un monument aux contours incertains qui interroge la place de chacun dans l’Histoire. Jiri Kovanda met en œuvre une autre forme de disparition : il ne subsiste que des traces photographiques de ses interventions discrètes (I Play Marbles… ; Sugar Tower), au caractère faussement dérisoire, qui résonnent particulièrement avec le contexte politique tchèque d’avant la chute du Mur. L’Histoire est aussi présente dans les œuvres d’artistes plus jeunes, qui empruntent des thèmes et des formes caractéristiques des utopies modernistes, telles qu’elles se sont exprimées, en particulier, à travers la peinture, l’architecture et l’urbanisme. Dans Silent Element (Figures of Speech) de Falke Pisano, des motifs issus de la modernité picturale sont dispersés au sol, entre abandon et composition soigneusement réglée, comme pour souligner leur disponibilité à être réappropriés, reconfigurés. De même, l’œuvre de Bojan Sarcevic procède de l’appropriation de l’épopée formelle du modernisme, même s’il s’agit chez lui davantage d’une évocation que d’une citation : la silhouette, gracile et ample à la fois, de sa sculpture de cuivre et d’acier, oscille entre élément de mobilier, maquette et fantôme architectural.

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des relectures critiques de l’Histoire… les artistes dont les belles sculptures contemporaines sont évoquées ici démontrent, par la diversité de leurs pratiques, que la sculpture est peut-être le lieu par excellence des porosités entre tous les médiums ; que sa grande plasticité s’en trouve sans cesse renouvelée. Cédric Loire, Mars 2013 dsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqbjkhjhkhhkhkhkjhkhkjhkhhhjhjhckq

commissariat de l’exposition : Laurence Gateau, Directrice du Frac des Pays de la Loire dsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqbjkhjhkhhkhkhkjhkhkjhkhhhjhjhckq légendes : couverture- Bruno Peinado, Pump Up the Rhizome, 2007. Cliché Marc Domage. Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 01- Pierrick Sorin, De belles sculptures contemporaines,1988 Cliché Bernard Renoux. Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 02- Fred Sandback, Sans titre, 1968 - 1983. Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 03- Anish Kapoor, 1000 Names. De la série 1000 Names. Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 04- Jean-Michel Sanejouand, Bloc-cuisine, 1963 de la série Charge-objet Cliché Bernard Renoux. Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 05- Mick Peter, Not Mary, 2011 Cliché DR Cliché : DR. Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 06-gina pane, Souvenir enroulé d’un matin bleu, 1969 cliché Cécile Clos, Musée des Beaux-arts de Nantes Collection Anne Marchand 07- Lili Reynaud Dewar, What a pity you’re an architect, Monsieur. You’d make a sensational partner (After Josephine Baker), de l’ensemble Some Objects Blackened and A Body Too, 2011 Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 08- Ernesto Sartori, Chez G. et D. grosse maquette, 2010 Cliché Vaida Budreviciute. Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 09- Stéphane Dafflon, Silent Gliss, 2002 Cliché Vaida Budreviciute. Œuvre du Fnac en dépôt au Frac des Pays de la Loire

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Qu’ils se réapproprient les formes d’utopies ou de mouvement artistiques passés, qu’ils déplacent des problématiques picturales ou développent une approche réflexive de la sculpture et de ses conventions, qu’ils élaborent

Les Frac ont 30 ans Depuis leur origine, les Frac ont trois missions fondatrices : - collectionner les artistes vivants - favoriser l’accès aux démarches majeures de l’art contemporain - permettre la rencontre entre des œuvres et des populations parfois éloignées des grandes métropoles. Structures légères et réactives, les Frac sont résolument un dispositif d’aménagement culturel du territoire. Ils ont su répondre tant aux mutations de la création contemporaine et aux projets des artistes qu’aux attentes et besoins de chaque contexte régional en inventant des manières efficaces et uniques de « conquérir les territoires ». Les Frac ont permis la constitution de collections singulières d’envergure internationale. Elles témoignent de leur activité artistique propre et aussi de celles des centres d’art et des musées avec qui les Frac entretiennent des relations soutenues. En retour, leurs œuvres ont nourri les programmations de chacun et les regards de tous. Si les Frac participent de l’écriture d’une histoire mondiale de l’art de ces trente dernières années, ces collections sont les premiers outils d’actions dans des établissements scolaires, universitaires, des communes rurales, des prisons ou encore des hôpitaux. En 30 ans, les 23 Fonds régionaux d’art contemporain ont acquis plus de 26 000 œuvres réalisées par 4 200 artistes (dont 56,5% français) et chaque année, l’ensemble de leurs projets (environ 600) atteint plus d’un million de personnes.

La manifestation s’organise selon deux grands mouvements : >>->23 invitations à des créateurs en régions chaque Frac donne une carte blanche à un ou plusieurs créateurs pour, à partir de sa collection, imaginer des expositions ou inventer des dispositifs pour les présenter. >>->une exposition collective aux Abattoirs Frac Midi-Pyrénées à Toulouse Les Pléiades du 28 septembre 2013 au 5 janvier 2014 07

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de belles sculptures contemporaines œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire Hab Galerie Quai des Antilles, Nantes horaires d’ouverture de l’exposition : du mercredi au dimanche de 13h à 18h Visites commentées de l’exposition : les samedi et dimanche à 16h visite enfants le samedi à 15h Conférences : Guillaume Desanges, Signs an wonders >->>mercredi 27 mars à 19h Cédric Loire, De belles sculptures contemporaines >->>mardi 9 avril à 19h renseignements et réservations : 02 28 01 57 62 www.fracdespaysdelaloire.com dsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqbjkhjhkhhkhkhkjhkhkjhkhhhjhjhckq

Frac des Pays de la Loire Fonds régional d’art contemporain La Fleuriaye, Bd Ampère 44470 Carquefou T. 02 28 01 50 00 www.fracdespaysdelaloire.com dsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqbjkhjhkhhkhkhkjhkhkjhkhhhjhjhckq

De belles sculptures contemporaines a reçu un soutien exceptionnel de la Région des Pays de la Loire et de la SPL Le Voyage à Nantes. HAB Galerie est gérée par la SPL Le Voyage à Nantes a qui accueille chaque année deux autres partenaires œuvrant pour l’art contemporain : le musée des Beaux-Arts à l’automne, le Frac des Pays de la Loire au printemps. Le Voyage à Nantes propose lui aussi une exposition consacrée à un artiste durant tout l’été. Hab Galerie est gérée par la SPL Le Voyage à Nantes, avec le soutien de la Samoa. Le FRAC des Pays de la loire est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, DRAC des Pays de la Loire, et la Région des Pays de la Loire.

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30 ans du Frac des Pays de la Loire

2 expositions, 160 œuvres du Frac des Pays de la Loire pour fêter les 30 ans des fonds régionaux d’art contemporain

De belles sculptures contemporaines

>>->exposition du 1 er mars au 5 mai 2013 à la Hab Galerie, Nantes horaires d’ouverture : du mercredi au dimanche de 13h à 18h fermé le 1er mai

En suspension…

une proposition de Marc Camille Chaimowicz >>->exposition du 7 avril au 1er septembre 2013 au Frac, Carquefou horaires d’ouverture : du mercredi au dimanche de 14h à 18h fermé le 1er mai


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