Magazine Saumon 78

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S aumons

Volume 30, numéro 1

Été 2007

illimités 78

Dossiers : Canada investit 30 millions $ pour le saumon Le saumon en danger ? Nos régions : Les rivières Malbaie, Sainte-Anne, Pabos, et la Nouvelle-Écosse

500$

Convention Poste-publications 40063917

Championnat de montage de mouches 2007

FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE


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Sommaire

Numéro 78

Le mot du président..........................................................................................4

Photo couverture :

Dossiers de l’heure............................................................................................6

Louis Fournier

Les secrets de Salmo - La structure génétique du saumon atlantique dans l’est du Canada et les implications pour sa conservation........10

Prochaines dates de tombée o

N 79, automne 2007 : 15 août 2007

Écho des régions - La rivière Malbaie dans Charlevoix...........................................................13 - Le secteur aval de la rivière Sainte-Anne ...............................................16 - L’expérience de la mer ...............................................................................19 - Les rivières Pabos.......................................................................................20

No 80, hiver 2008 : 15 novembre 2007

École de pêche - L’action des cannes....................................................................................22 Écho d’ailleurs - La Nouvelle-Écosse....................................................................................24 La relève ............................................................................................................28 Histoires de pêcheurs - Séjour au Camp Bonavanture .................................................................29 - La p’tite histoire de passionné .................................................................30 - Prise et surprise d’une méprise...............................................................33 Babillard..............................................................................................................36 Reportages - La FSA honore un saumonier Québécois.............................................36 - Truites arc-en-ciel recherchées...............................................................37 - Daniel Girard reçoit le prix François de B. Gourdeau..........................38 - La Serge-Vincent ou la S.-V. ....................................................................39 Rubrique nécrologique...................................................................................40 Mouche-au-logis - Montage d’une mouche sèche sur un tube.........................................41 - Les catégories de mouches ....................................................................43 - Colorez vos hameçons .............................................................................45 - Résultats du championnat mondial de montage de mouches.......46

Index des publicités Atelier du moucheur ...................................................................................43 Camp Bonavanture.....................................................................................29 Corporarion de Gestion des rivières Matapédia et Patapédia ............31 Fondation de la faune du Québec ...........................................................48 Hydro-Québec ...............................................................................................7 L’Atelier du moucheur .................................................................................41 Latulippe ..........................................................................................................2 Motel Restigouche ......................................................................................37 Normand Jalbert, Agent immobilier agréé...............................................17 Québec Pêche .............................................................................................15

Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@saumon-fqsa.qc.ca hthibault@saumon-fqsa.qc.ca Site FQSA : www.saumon-fqsa.qc.ca Éditeur : FQSA • Coordonnateurs : Sébastien Turcotte et Marc-Antoine Jean Collaborateurs : Louis Belzile, Gérard Bilodeau, Bernard Beaudin, Gilles Shooner et Richard Sirois Tirage : 4 000 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 10 $) Abonnement au magazine Saumons illimités 25 $ (hors Canada ajouter 10 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n'est utilisée que pour alléger les textes. LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FQSA Président : Yvon Côté Secrétaire : André Baril Trésorier : Georges Malenfant Vice-présidence à la pêche sportive : Claude Hamel, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : Yannick Chuit, François Chapados, Marc Dancose • Québec et Saguenay : Marc Sélesse, Michel Ouellet Vice-président aux affaires autochtones : Jean-Marie Picard

Le conseil des Gouverneurs 2006-2007 Membres corporatifs Hydro-Québec Boralex inc. Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Fondation Blairmore Société de restauration du saumon rivière Betsiamites Membre individuel M. John E. Houghton

Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Jean-Claude Villeneuve

Vice-présidence à la gestion des rivières : Pierre-Paul Turcotte, président de la Société de gestion de la rivière Matane • Rive sud : Eric L'Italien, directeur général de la société de gestion de la rivière madeleine Marco Bellavance, administrateur à l’Association des pêcheurs sportifs de saumon de la rivière Rimouski • Rive nord : Georges Gagnon, directeur général de la Société d’aménagement de Baie-Trinité poste vacant

Représentant de la FPQ : Dominic Dugré Représentants de la FGRSQ (2) : vacants Délégués externes : • CIRSA : Gilles L. Duhaime • FSA : Charles Cusson • CIFQ : Yves Lachapelle • Relations extérieures : Pierre Tremblay Directeur général : Michel Jean Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina 3

Saumons illimités Été 2007


La chronique Photo : Guy Tremblay

du président

Par Yvon Côté, président

Les orientations stratégiques de la Fédération La FQSA se veut le trait d’union entre les pêcheurs sportifs et les gestionnaires de rivières à saumon, que ces derniers soient des associations à but non lucratif ou qu’ils soient des corporations privées dirigeant des clubs privés ou des entreprises de pourvoirie. Dès sa naissance, il y a plus de 20 ans, la Fédération s’est dotée d’une double mission : contribuer à la conservation de la ressource ainsi que de son habitat et promouvoir le développement de la pêche sportive comme moyen de mise en valeur de cette ressource.

En début d’année, le Conseil d’administration de la Fédération a passé en revue les fondements même de notre corporation et s’est questionné sur les principales orientations qu’il entend se donner pour réaliser sa mission au cours des quelques prochaines années.

Tenant compte de ces différentes considérations, le Conseil d’administration de la FQSA a retenu deux grandes orientations pour les années à venir : l’augmentation de la présence et de la visibilité de la FQSA auprès de tous ceux qui sont concernés directement et indirectement par la ressource saumon et la révision des modes de gouvernance de notre mouvement.

La raison d’être de la FQSA, dans ses termes généraux, n’a pas à être remise en cause. La conservation de la ressource continue d’être le point de mire principal de notre action. Le meilleur moyen d’y arriver est de faire partager ce point de vue avec le plus grand nombre de personnes possible, que ce soient des pêcheurs sportifs, des gestionnaires de rivière ou toute personne ou corporation pouvant avoir une influence sur la conservation de la ressource. La FQSA doit continuer d’être la « référence » et « l’organisme parapluie » au Québec en ce qui a trait à la conservation de la ressource saumon et à sa mise en valeur.

La première orientation pourra se réaliser en adoptant les moyens suivants : mieux diffuser notre message, accroître l’adhésion à notre mouvement, améliorer nos relations avec les gestionnaires de rivières, et accroître notre capacité d’influence auprès des organismes décideurs. La seconde orientation, quant à elle, vise à utiliser de la façon la plus efficace possible la base de participation bénévole qui a été la force de notre organisation et qui doit continuer de l’être.

Toutefois, différents phénomènes à caractère socio-économicopolitique se passent dans notre milieu de vie. Que ce soit le vieillissement des populations, l’appauvrissement des régions dites de ressources, le retrait de l'aide de l'État de certains secteurs d'activité, la dévolution conséquente de responsabilités vers les organismes du milieu, les tensions entre les différents groupes d’intérêt liés au saumon, l’attrition naturelle du nombre de pêcheurs, l’essoufflement des bénévoles engagés dans notre mouvement, et bien d’autres. Tous ces facteurs peuvent avoir une influence directe ou indirecte sur notre action.

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L’adhésion volontaire à notre groupement associatif, la force exercée par ce membership auprès des instances décisionnelles et l’implication des membres dans les différents comités et activités de la Fédération ou encore au Conseil d’administration font de la FQSA un organisme incontournable à l’égard de la ressource saumon.

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Strategic Orientations of the FQSA The FQSA aims to serve as an effective link between the interests of salmon anglers and those of river managers, including non-profit associations, private clubs and outfitters. From its beginning, more than twenty years ago, the Federation has pursued a twofold mission: to contribute to salmon conservation both from a resource and habitat point of view, and to promote sport fishing as a means of developing the value of this esteemed resource.

At the beginning of this year, the Federation’s Board of directors met to review the fundamental mission of our organization and to determine the strategic orientations that should be adopted in the future in order to accomplish our mission.

Taking the above into consideration, the FQSA Board of directors has decided to focus on two strategic orientations in the coming years: to increase the FQSA’s presence and visibility among Atlantic salmon stakeholders, and to review the corporation’s ways of selfgovernance.

As was determined, the “raison d’être” of the FQSA remains valid and unchanged in its general terms. Conservation of the salmon resource will remain the primary target of our cooperative effort. The best way to achieve this aim will be to involve the greatest possible number of stakeholders in the achievement of the aim, including all anglers, river managers or any person or corporation that may have an influence on salmon conservation. The FQSA should also continue to be the “main reference” and “umbrella organization” on all issues dealing with Atlantic salmon conservation and the socio-economic development of this valuable resource in Quebec.

The first strategic objective may be reached by diffusing our message more effectively, by increasing our membership, by improving our relationships with the various river managers and by expanding our influence on decision makers at all levels. The second orientation can be addressed by striving to make the most efficient use possible of our base of volunteers which forms the strength and the legitimacy of our action and organization. Together, our widely based associative membership, the influence exercised by our members on decision-makers, as well as the involvement of our members in the Federation’s various committees and activities or even on our board of directors will ensure the FQSA to remain a key organization in the field of Atlantic salmon conservation in Quebec.

This notwithstanding, many social, economical and political changes are emerging in our environment, which may have a direct or indirect influence on our common objectives. Those include the ageing of the population, the growing economic deterioration of remote and resource-based regions, the withdrawal of the government from many programs, the devolution of responsibilities from central government to local governments and non-profit organizations, tension or lack of synergy among salmon-related interest groups, decrease in the number of anglers, erosion of the volunteer base among volunteers involved in our movement, and way more.

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Le congrès 2007 Par Marc-Antoine Jean

Le 14 avril dernier au Motel Blanchet à Drummondville a eu lieu le congrès annuel de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. L’événement a regroupé près de cent membres de la fédération qui ont tous bien apprécié leur journée.

Pendant la journée, plusieurs intervenants y sont allés avec d’intéres-

JeanClaude Villeneuve (à droite) recevant le Makhila d’honneur

santes présentations dont monsieur Serge Tremblay du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) sur l’état des stocks de saumons au Québec et sur les prévisions pour la saison de pêche 2007. Par ailleurs, M. Marc Simoneau, du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, a présenté l’état de la problématique concernant l’algue didymo. Les membres ont également pu assister à une clinique sur le lancer à la mouche donnée par M. Jean-Pierre Martin, un instructeur certifié à la Wulff School of Fly Fishing. Le sous-ministre adjoint, M. Gilles Desaulniers, a présenté le plan de réorganisation régional du MRNF, ce qui a amené les membres, en Assemblée Générale, à faire une requête au premier ministre monsieur Jean Charest. Dans la soirée, les participants ont été conviés à un cocktail suivi d’un banquet durant lequel Le Makhila d’honneur fut remis à monsieur Jean-Claude Villeneuve de la rivière Sainte-Marguerite. Il fut l’un des initiateurs de la présence de fédérations telles la FQSA

Les pêcheurs de la relève! Un club de pêche a été formé par des jeunes de la maison des jeunes de Verdun.

dans la gestion de la subvention du gouvernement fédéral pour le plan de commercialisation des rivières à saumon. De plus, son travail de gestionnaire de la rivière Sainte-Marguerite l’a amené, depuis les trois dernières années, à assurer à cette dernière une santé renouvelée.

À mettre à votre agenda Le vendredi 12 octobre 2007 L’événement annuel le plus couru des saumoniers, le souper-bénéfice de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, aura lieu au Hilton Québec encore cette année. Pour information, consultez le site Internet www.saumon-fqsa.qc.ca

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Dossiers de l’heure Le nouveau gouvernement du Canada investit 30 M$ dans l’établissement du Fonds pour la conservation du saumon de l’Atlantique CHAMCOOK (N.-B.) – L’honorable Greg Thompson, ministre des Anciens combattants et responsable du Nouveau-Brunswick, au nom de l’honorable Loyola Hearn, ministre des Pêches et des Océans (MPO), a présenté le 23 janvier dernier un chèque de 30 millions de dollars à la Fondation pour la conservation du saumon de l’Atlantique (FCSA). Cet argent servira à l’établissement du Fonds de dotation pour le saumon de l’Atlantique, qui financera des projets de rétablissement et de conservation du saumon dans les rivières et les cours d’eau des provinces de l’Atlantique et du Québec.

L’honorable Greg Thompson, ministre des Anciens combattants et ministre responsable du Nouveau-Brunswick, remet à Rémi Bujold de la Fondation pour la conservation du saumon de l’Atlantique, un chèque de 30 millions de dollars pour l’établissement du Fonds de dotation pour le saumon de l’Atlantique.

« Une des premières déclarations du ministre Hearn devant la Chambre des communes a été que le nouveau gouvernement du Canada respecterait son engagement de créer ce nouveau Fonds, a déclaré le ministre Thompson. Le gouvernement est sérieux quand il parle d’environnement et est tout aussi sérieux à respecter ses engagements. La présentation d’aujourd’hui est l’expression de ces deux états de fait. »

Dans un souci de responsabilité, l’accord de financement entre le MPO et la FCSA a été soumis à l’examen du Conseil du Trésor, qui a jugé qu’il respectait les exigences des fonds de dotation autonomes.

« Mais, nous ne pourrions pas y arriver seuls et je tiens à souligner à quel point je suis heureux que la FCSA se soit manifestée pour administrer le Fonds », a ajouté le ministre.

POUR PLUS D’INFORMATION :

La FCSA est un organisme sans lien de dépendance, composé de six membres : un représentant pour chaque province de l’Atlantique, un pour le Québec et un autre pour les Premières nations.

Sophie Galarneau, Relations avec les médias Pêches et Océans Canada 613 990-7537

La FCSA investira les 30 millions de dollars. Les produits tirés de ce placement serviront à financer des projets destinés à aider des organisations communautaires et des bassins-versants; il s’agit de diverses initiatives portant sur la préservation de l’habitat, la conservation, la surveillance et la mise en valeur des stocks sauvages du saumon de l’Atlantique.

Richard Roik, Adjoint spécial-Communications Cabinet du ministre des Anciens combattants et ministre responsable du Nouveau-Brunswick 613 995-6264

La FQSA demande à la ministre Line Beauchamp la tenue d’audiences publiques dans le dossier de la rivière Mitis saumon, en a été une de surprise. Le saumon est une espèce que l'on peut qualifier de préoccupante, ces rivières nécessitent donc le plus haut niveau de protection qu'il est possible de leur accorder.

À la suite de l’annonce par la MRC de la Matapédia et de la Mitis de l’aménagement d’un site d’enfouissement sanitaire à moins de 400 mètres de la rivière Mitis, la Fédération québécoise pour le saumon atlantique a exprimé son désaccord à un tel projet par l'envoi d'une lettre du président de la FQSA Yvon Côté, à la ministre de l'Environnement Line Beauchamp. Voici un extrait de cette lettre.

Il nous apparaît aussi primordial de tenir compte d’observations faites ailleurs au sujet d’équipements semblables, dans la région de la rivière Rimouski. Les pêcheurs remarquent néanmoins sur cette rivière, où les eaux de lixiviation sont rejetées, qu’il y a eu apparition d’algues là où on n’en voyait pas auparavant, et aussi un déplacement marqué des saumons vers

« Notre première réaction face à l’installation d’un tel équipement à quelques centaines de mètres d’une rivière qui possède le statut de rivière à Été 2007 Saumons illimités

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l’amont de ce secteur. Les eaux de lixiviation sont rejetées à environ trois kilomètres de l'embouchure ne constituant pas une menace à l'ensemble de l'habitat du saumon, alors que sur la rivière Mitis, elles seront rejetées en amont de sites de fraie de la partie supérieure de la rivière.

Concernant l'impact économique, la pêche au saumon entraîne des dépenses de 537 $ par jour de pêche. En 2006, la rivière Mitis a généré 1146 jours de pêche, ce qui représente pour la région, un apport économique non négligeable de 615 000 $ annuellement.

Dans les nombreuses documentations écrites sur ce dossier, on parle peu de l'ensemble des investissements qui ont été faits sur cette rivière pour qu'elle puisse être développée. Au cours des années 1964 à 1972, 250 000 $ ont été investis pour construire une passe migratoire au barrage hydroélectrique. Annuellement, on investit encore de 25 000 $ à 30 000 $ pour son opération. Au cours des années 1990, le PDES (Plan de développement économique du saumon) a investi près d'un demi-million de dollars en aménagement uniquement sur la rivière Mitis.

Finalement, la majeure partie de la vocation touristique régionale a été développée en fonction de la rivière. A-t-on le moyen de la voir s'effondrer ou de voir son environnement visuel pollué par la présence d'un site d'enfouissement? »

Enquête à l’échelle canadienne sur la valeur économique attribuée à des espèces à statut précaire

L’enquête a été faite en utilisant le réseau Internet. L’échantillon s’établit comme suit : 3 983 répondants ont visité le site d’enquête : 2 796 de ceuxci ont complété le questionnaire et 2 787 se qualifiaient en fonction de la méthodologie d’analyse. De ce nombre, 2 199 répondants ont été finalement retenus pour obtenir un équilibre en fonction du sexe et de la province d’origine des répondants. Dans cet échantillon, afin de mettre en relief les opinions des canadiens des provinces de l’Atlantique, les sondeurs ont choisi de sur-représenter délibérément cette région du Canada.

baleine bleue. En ce qui concerne la priorité à accorder à la sauvegarde de l’espèce, le saumon atlantique vient au second rang au niveau canadien, cédant le pas à la baleine bleue. Il vient également au second rang dans les provinces de l’Atlantique, la première place étant occupée par la morue atlantique. L’enquête a également permis d’identifier que les citoyens canadiens sont prêts à consentir un coût additionnel afin que soient mis en place des programmes de conservation d’une espèce ou d’une autre. Ces résultats peuvent varier selon les groupes de personnes sondées. Par exemple, des jeunes citoyens affirment qu’ils sont prêts à accepter un coût additionnel de seulement 1,58 $ par ménage pour ce genre de programme. À l’opposé, des groupes de citoyens amateurs de plein air de la région du Canada atlantique accepteraient de payer, en coûts additionnels, une somme de 80,82 $ par ménage pour l’implantation de programmes de conservation d’espèces de faune aquatique en situation de risque.

L’analyse a porté sur deux thèmes : (1) l’importance de conserver une espèce et (2) la priorité à accorder à la conservation des espèces. Bien que les deux questions soient interreliées, les réponses varient légèrement d’une question à l’autre. Les analystes ont également fait une distinction entre l’opinion des résidents des provinces atlantiques et les résidents des autres provinces. Ils ont utilisé des méthodes statistiques non paramétriques et tout à fait novatrices, dans la mesure où l’échantillon, bien que représentatif de certaines dimensions, n’était pas un échantillon tiré au hasard.

La cause du saumon atlantique, à l’échelle canadienne – et ceci est un fait notable – retient donc l’attention d’une majorité de gens concernés par la sauvegarde des espèces. La population des personnes sondées regroupent différentes catégories de citoyens : des personnes jeunes, âgées, des chasseurs et des pêcheurs, des amateurs de plein air et de citadins « ordinaires » de tout le Canada. Les citoyens canadiens sont prêts à accepter des augmentations de coût, variables certes selon les caractéristiques des groupes, pour la mise en place de programmes de conservation.

Au niveau canadien, le saumon atlantique vient au second rang des espèces d’importance à conserver, immédiatement après la baleine bleue. Par contre, il vient au premier rang dans les provinces de l’Atlantique, juste avant la

Ce sondage procure à la Fédération de bons arguments pour faire des pressions auprès des instances gouvernementales afin d’accroître les investissements pour préserver le saumon atlantique.

Une enquête menée à l’échelle du Canada par le ministère des Pêches et Océans sur la valeur économique, autre que la valeur au marché, des espèces de faune aquatique classées espèces à statut précaire révèle l’importance du saumon atlantique pour l’ensemble des citoyens canadiens. Pour l’instant, les résultats ne sont que préliminaires. En voici néanmoins les faits saillants.

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Secrets de Salmo Par Mélanie Dionne, Julian J. Dodson et Louis Bernatchez, Département de biologie, Université Laval et Centre Interuniversitaire de Recherche sur le Saumon Atlantique (CIRSA).

Des paysages régionaux aux tributaires locaux : la structuration génétique du saumon atlantique dans l’est du Canada et les implications pour sa conservation

Les rivières de la Gaspésie, sauf quelques exceptions, regroupent des populations de saumons plus homogènes.

Le saumon, un colonisateur capable d’adaptation locale Le saumon atlantique possède une vaste distribution en Amérique du Nord. Il est retrouvé dans les rivières du Connecticut au sud jusqu’à celles de la Baie d’Ungava au nord. Cette vaste région a été colonisée par le saumon de façon graduelle à la fin de la dernière glaciation, il y a de 8 000 à 12 000 ans. En effet, durant cette longue période glaciaire, le saumon aurait trouvé refuge plus au sud, près des côtes de la Nouvelle-Angleterre. Lors du réchauffement du climat, à la fin de la période glaciaire, le saumon aurait graduellement colonisé les rivières de l’Amérique du Nord, du sud vers le nord. Ces étapes de colonisations progressives peuvent laisser des traces au niveau génétique et il peut en résulter des différences génétiques marquées entre saumons de régions différentes. Mais l’histoire de la colonisation n’est pas le seul élément pouvant créer des différences génétiques. En effet, nous savons que le saumon est capable de s’adapter à sa rivière natale grâce, entre autres, à son comportement de « homing» qui lui permet de retourner à sa rivière d’origine pour la reproduction. Ainsi, des saumons qui possèdent de bonnes adaptations à leur milieu auront de meilleures chances de survie et de reproduction. Ceux-ci pourront ensuite transmettre ces adaptations locales à la descendance qui occupera le même environnement que celui des parents. Des caractéristiques biologiques et génétiques propres aux saumons de chaque rivière peuvent donc se développer et faire en sorte que des différences génétiques marquées peuvent apparaître entre les saumons de différentes rivières.

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La rivière Moisie (Moyenne Côte-Nord) comprend un système hydrographique complexe dans lequel on retrouve plusieurs variantes génétiques chez les populations de saumons qui la fréquentent.

par une petite population composée principalement de grands saumons ayant passé plusieurs années en mer avant de se reproduire. C’est également le cas de la rivière Corneille sur la Moyenne Côte-Nord, plus similaire génétiquement aux rivières de la région voisine, la Haute Côte-Nord. La rivière Ouelle, située sur la rive sud du Saint-Laurent, est une autre exception, car elle se rapproche génétiquement davantage des rivières de la région Québec/Saguenay. Mais de façon générale, ces résultats suggèrent qu’il existe des différences génétiques importantes et que les rivières peuvent êtres regroupées globalement en régions géographiques entre lesquelles les saumons ont des caractéristiques génétiques différentes. Mais qu’en est-il de la différenciation génétique entre rivières d’une même région géographique?

La structure génétique des populations de saumon : un projet de recherche en cours de réalisation Afin de mieux comprendre le lien et les différences génétiques entre les saumons des différentes rivières dans l’est du Canada, un projet de recherche à grande échelle, piloté par les chercheurs du Département de biologie de l’Université Laval et du Centre interuniversitaire de recherche sur le saumon atlantique (CIRSA) a débuté en 2004. Ce projet, financé par le Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada (CRSNG) (principal organisme subventionnaire de la recherche au Canada), est effectué en collaboration avec des partenaires du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF) et de Pêches et Océans Canada (MPO). L’objectif? Analyser la génétique des populations de saumon sur 55 rivières localisées dans les provinces du Québec, Terre-Neuve et Nouveau-Brunswick (Figure 1, page 12). Cette étude a donc pour but d’identifier les différences génétiques non seulement d’une rivière à l’autre, mais également d’une région géographique à l’autre à travers l’aire de distribution canadienne du saumon atlantique.

2. Le saumon : d’une rivière à l’autre Plusieurs rivières se regroupent à l’intérieur de chacune des sept régions géographiques, mais ces rivières ne sont pas identiques du point de vue génétique pour autant. De façon générale, même à l’intérieur d’une région, les rivières à saumon montrent assez de différences génétiques pour qu’elles soient considérées distinctes. Par contre, l’ampleur de ces différences génétiques entre rivières varie selon la région. Par exemple, la région d’Anticosti comprend des rivières très similaires génétiquement entre elles, voire pratiquement indiscernables génétiquement. La région du Sud du Québec, incluant la Gaspésie, bien que plus hétérogène, comprend elle aussi des rivières à saumon peu différenciées génétiquement. À l’autre extrême, les régions de la Basse Côte-Nord, de l’Ungava et du Labrador sont des régions qui incluent des rivières à saumon beaucoup plus différenciées génétiquement l’une de l’autre. En somme, de façon générale, chaque rivière présente des caractéristiques génétiques distinctes, mais l’intensité des différences génétiques entre rivières est propre à chaque région géographique, certaines régions étant plus homogènes que d’autres du point de vue génétique.

Les informations recueillies jusqu’à maintenant Plus de 3000 saumons ont été analysés génétiquement dans le cadre de ce projet grâce à la participation des zecs, des pourvoiries, des clubs privés, des exploitants et des pêcheurs des différentes rivières à saumon à l’étude. Un petit morceau de nageoire adipeuse, la nageoire située entre les nageoires dorsale et caudale, a suffi pour obtenir l’ADN et la signature génétique de chaque poisson.

1. Le saumon : d’une région à l’autre

3. Le saumon dans sa rivière : une rivière possède-t-elle une seule population?

À la suite de l’analyse génétique des saumons de chaque rivière, il est possible de déterminer un indice de distance génétique entre chacune des rivières à l’étude. Cet indice génétique nous a permis de mettre en évidence sept régions géographiques bien différenciées : Ungava, Labrador, Basse Côte-Nord, Moyenne/Haute Côte-Nord, Anticosti, Québec/Saguenay et Sud du Québec (Figure 1, page 12). Ces sept régions géographiques sont d’ailleurs différentes des douze régions salmonicoles utilisées pour la gestion du saumon au Québec actuellement. Mais parmi ces régions, certaines rivières se distinguent des autres rivières de la région géographique à laquelle elles appartiennent. C’est le cas, par exemple, de la rivière Laval qui se distingue génétiquement des autres rivières de la région de la Moyenne et Haute Côte-Nord. Cette rivière est d’ailleurs caractérisée

Est-ce à dire qu’à chaque rivière est associée une population de saumon distincte? Pas nécessairement. Nous avons effectivement poussé nos analyses génétiques pour mieux comprendre la dynamique de certains systèmes hydrographiques plus complexes comme celui de la rivière Moisie sur la Moyenne Côte-Nord. Le système de la rivière Moisie comprend plusieurs tributaires, dont la rivière Nipissis et la rivière Ouapetec. Il est légitime de se poser la question si nous avons une ou plusieurs populations de saumon dans ce système, ce qui pourrait 11

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Nous avons observé que les saumons de chaque rivière, et même de chaque tributaire dans les systèmes plus complexes, sont distincts génétiquement. Ce constat fait donc ressortir l’importance d’ensemencer des spécimens issus de géniteurs provenant de la même rivière que celle où ont lieu les ensemencements et ce, afin de maintenir les adaptations locales et de conserver ces différences génétiques essentielles à l’évolution de l’espèce. De plus, nos résultats indiquent qu’il serait idéal de tenir compte également de la diversité génétique intra-rivière dans les systèmes plus complexes.

Figure 1. Rivières échantillonnées dans le cadre du projet sur la génétique du saumon. Chaque point représente une rivière et chaque couleur représente une région géographique regroupant des rivières plus similaires génétiquement.

Et l’avenir… Les prochaines étapes du projet viseront à identifier les facteurs responsables du maintien des différences génétiques observées, un domaine de recherche appelé « génétique du paysage». En effet, plusieurs causes peuvent expliquer des différences génétiques observées, tant historiques que contemporaines. Par exemple, du point de vue historique, des facteurs comme l’origine distincte associée à des refuges glaciaires différents, la route de colonisation empruntée par le saumon et la proximité géographique des rivières entre elles peuvent influencer les différences génétiques entre rivières. Également, de façon plus contemporaine, d’autres facteurs comme la dispersion des saumons dans des rivières autres que leur rivière d’origine, la taille des populations, le type de migration effectué (une ou plusieurs années en mer) et le type d’habitat peuvent aussi jouer un rôle important dans la structuration génétique des populations de saumon. Ce sont donc les questions auxquelles nous allons tenter de répondre au cours de la prochaine année…

influencer grandement les méthodes de gestion actuelles qui assument la présence d’une seule population. Des juvéniles ont donc été échantillonnés à plusieurs sites sur le cours principal et sur les tributaires avec l’appui financier additionnel du «Moisie Salmon Club». Les résultats démontrent qu’il existe une différenciation génétique importante entre le cours principal de la rivière et les tributaires de la rivière Moisie, ce qui suggère la présence de plus d’une population de saumon dans ce système. Des données préliminaires indiquent qu’il en serait de même pour le bassin de la Restigouche situé en Gaspésie et au Nouveau-Brunswick, ce qui rejoint également les résultats obtenus précédemment pour la rivière Sainte-Marguerite au Saguenay par les chercheurs du CIRSA. En somme, une rivière peut être fréquentée par une seule population de saumon, mais pour les systèmes hydrographiques plus complexes, tels que ceux de la Moisie, de la Restigouche et de la Sainte-Marguerite, il peut en être autrement.

Implications pour la gestion et la conservation Quelles sont les implications de ces résultats pour la gestion et la conservation de cette espèce? D’abord, lorsqu’une espèce sauvage est en déclin, comme c’est le cas du saumon atlantique sur l’ensemble de son aire de répartition, il est important de bien connaître les similarités et les différences génétiques entre populations afin d’orienter les plans de gestion et de conservation à long terme. Les régions géographiques ayant des rivières à caractéristiques génétiques plus similaires, comme c’est le cas de la région du sud du Québec, auraient avantage à orienter et à coordonner leurs méthodes de gestion et de conservation dans la même direction (effort de pêche, remise à l’eau, protection de l’habitat, etc.), puisqu’une décision ponctuelle pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble des rivières de la région à long terme. Ces résultats ont également des répercussions au niveau des activités d’ensemencement.

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L’auteure lors de la cueillette de données.

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Écho des régions

À la découverte de la rivière Malbaie dans Charlevoix Par Pierre Dion

Il fut une époque où je tenais secret tous mes bons coins de pêche. À force de côtoyer des saumoniers, j’en suis venu à faire montre de la même générosité qu’ils m’ont toujours témoignée. C’est avec plaisir que je partage maintenant mes résultats de pêche et que j’accompagne Photo: Jean-Pierre Huard

mes contacts sur ma rivière de prédilection, la rivière Malbaie dans Charlevoix.

C’est une longue rivière de 160 km, mais l’organisme qui la gère, Le Saumon de la Rivière Malbaie, n’autorise la pêche au saumon que sur les dix premiers pour l’instant. Il n’en reste pas moins qu’on peut taquiner les quelque 300 saumons qui la remontent, sur l’une ou l’autre des 16 fosses bien aménagées qui composent ce secteur de pêche.

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La fosse contingentée La seule fosse contingentée de la rivière, la fosse numéro 16, se situe au pied du barrage de Clermont, sur le terrain de la papetière AbitibiConsolidated qui en accorde l’accès à quatre pêcheurs par jour en tirage 48h. C’est actuellement la fosse la plus productive et la plus convoitée, vu son tarif plutôt abordable à 65 $/jour (½ tarif pour les détenteurs d’un forfait saisonnier individuel à 180 $, ou étudiant à 70 $ ou familial à 235 $).

Photo : Pierre Dion

Cette fosse livre ses premiers saumons à la fin juin, la saison s’étendant du 15 juin au 31 août. On assiste alors aux luttes épiques avec de gros saumons qui sont très souvent vainqueurs et ceux qui réussiront à être « sauvés » devront être remis à l’eau, le règlement permettant la capture d’un madeleineau par jour. Qu’à cela ne tienne, ces combats mémorables attirent une clientèle fidèle et heureuse de se mesurer avec Salar en début de saison. Toutes les mouches à saumon connues sont efficaces en juin et juillet tandis que le pêcheur d’août devra utiliser les trucs de deuxième moitié de saison pour leurrer des poissons qui se montrent plus méfiants. La fosse se pêche des deux côtés de la rivière et les pêcheurs se mettent en rotation à deux par coté. Un conseil, il faut prospecter d’abord près des berges car les saumons y sont très preneurs. Voici une anecdote qui le démontre. Le 15 juillet 2006, pour montrer ma grande « courtoisie », j’ai laissé le privilège aux deux autres moucheurs de notre groupe de quatre de commencer la journée sur la rive de leur choix. Résultat, ils ont ferré un grilse entre 6h00 et 7h00 du matin à quinze pieds de la berge sur la rive gauche au pied de la fosse.

L’auteur avec un magnifique saumon d’environ 25 livres remis à l’eau à la fosse numéro 15, sous le pont de Clermont.

Et le reste de la rivière ? Le reste de la rivière ne doit pas être laissé pour compte. Les fosses 1 à 14 du cours inférieur de la rivière présentent aussi des chances de capture de saumon, mais elles sont souvent désertes pour une raison que j’ignore. Elles coulent dans un milieu rural à bande riveraine boisée qui offre un décor enchanteur. La faune ne manque pas et on peut être surpris par la présence du cerf de Virginie, de belettes curieuses (ne pas laisser traîner ses poissons!), de canards, de bernaches et de hérons; même qu’un jour j’ai pêché trente minutes à proximité d’une aigrette blanche qui me « faisait la barbe ». J’y ai initié plusieurs nouveaux moucheurs qui ont été ravis par leur expérience. Même s’ils n’ont pas capturé de saumon, ils ont pu récolter des truites mouchetées et arcen-ciel, ces dernières atteignant parfois la taille de madeleineaux. Ces fosses poissonneuses peuvent vraiment servir d’école pour la relève, car elles offrent de larges espaces libres pour moucher, et ce, à prix dérisoire. Mes fosses préférées portent les numéros 1-2-3-4-5-6-7-8-910-11-12-13-14 (!) et il y a de nombreuses entre-fosses à découvrir.

Facile à pêcher et bien aménagée, cette fosse disposant même d’un long et large trottoir en bois sur la berge la plus accidentée, les moucheurs pêchent souvent en souliers, mais ils pourront enfiler leurs bottes et pêcher à gué lorsque les conditions d’eau le permettent.

La fosse du pont de Clermont (ou la fosse numéro 15) De Clermont à La Malbaie, quinze autres fosses sont réparties sur 10 km de rivière non-contingentée et il n’en coûtera que 12,40 $ par jour pour y pêcher. La plus fréquentée se pêche en ville, à Clermont, à la tête du très populaire Parcours Des Berges, une piste cyclable qui longe la rivière entre les fosses 9 et 15, et où déambulent marcheurs et cyclistes qui ne dédaignent pas assister à un rodéo avec le roi de nos eaux. Le kiosque d’accueil de la CSRM se situe justement le long de ce parcours, au 35, rue de la Rivière, à environ un demi-kilomètre du pont de Clermont.

La rivière Malbaie est aussi « pêchable » à la mouche en amont de Clermont jusqu’en amont de Saint-Aimé, sans droit d’accès à acquitter. Les fosses sont d’une beauté sublime et on y récolte de jolies mouchetées. Quelques pêcheurs de lacs voisins se rabattent sur ce secteur quand frappe la canicule d’été. Ils devront cependant remettre obligatoirement à l’eau tout saumon, au risque d’attraper la « piqûre » en retour. Un jour, j’y ai croisé deux moucheurs qui avaient rempli un panier plein de mouchetées en deux heures de pêche. J’ai voulu voir leur mouche et j’ai alors compris pourquoi on avait donné le nom de mouche « Miracle » à celle qu’ils avaient utilisée.

Plusieurs captures de saumons ont lieu chaque année au pont de Clermont, de la mi-juillet à la fin de la saison. Probablement parce que les saumons y sont faciles à repérer, du haut de la berge ou du haut du pont. On arrive à en prendre à toute heure du jour et les badauds traversant le pont jetteront tous un regard dans la rivière dans l’espoir de voir un saumonier attelé à une formidable torpille. Ici aussi, toutes vos mouches préférées peuvent être présentées en appât, même les nouvelles parures ne sont pas dédaignées. À preuve, j’ai leurré le gros saumon de la photo avec un Wooly Bugger tigré. À une autre occasion, j’étais sur le pont et j’aidais un saumonier à présenter sa mouche sur le nez d’un gros saumon. C’est sur un Bomber Aqua que le saumon a le plus réagi, suivant la mouche sur près de vingt pieds avant de la refuser au dernier instant. Le plus important, selon moi, est de présenter une mouche qui travaille bien (vitesse, agitation, passage adéquat). Ici encore, on peut pêcher en souliers, même si on se mouille parfois les pieds dans l’euphorie d’un combat.

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Enfin, plus haut, le visiteur attiré par les beautés de Charlevoix pourra aller se délecter des fantastiques panoramas du Parc national des Hautes-Gorges-de-la-rivière-Malbaie, les deux pieds dans l’eau ou au sommet de la grandiose Acropole des Draveurs. La pêche à la truite mouchetée est permise en rivière à la mouche seulement du 1er juillet au 4 septembre au coût de 20$ par jour. Plusieurs ont hâte que la pêche au saumon ouvre dans ce secteur pour le charme des lieux et le potentiel de ses fosses mais, en attendant, ils peuvent taquiner les mouchetées en admirant les marsouinages de maître Salar !

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Au pied du barrage, la fosse contingentée offre un très bon potentiel de pêche. L’aménagement des deux rives y facilite grandement la pêche.

Photo : Pierre Dion

Simon Tremblay est un monteur local qui fait sa marque malgré son jeune âge.

Il profite de la présence de deux rivières à saumon dans Charlevoix pour relever un autre défi. Il a pris ses premiers saumons sur la rivière Malbaie et il fréquente aussi la rivière du Gouffre.

Simon Tremblay : un petit gars de Charlevoix qui se distingue Simon Tremblay est natif de Charlevoix où il a vécu à La Malbaie puis à Saint-Irénée. Son père l’initie à la pêche à la mouche vers l’âge de 13 ans et aussitôt, il veut monter ses propres mouches. Il tente de monter sa première mouche en utilisant quelques poils de son chien et les bobines de fil de sa mère, mais il se rend vite compte que son attirail laisse à désirer et que la tâche n’est pas si facile! Puis, il se documente et il obtient l’aide d’autres monteurs locaux pour développer son talent. Tant et si bien qu’il s’inscrit au championnat mondial de la FQSA en 2003 et y décroche le bronze pour une Rusty Rat dans la catégorie « La Relève » alors qu’il avait 17 ans. Il récidive en 2005 avec l’or et l’argent dans la catégorie « Création ailes en poils » avec la Dame Nature et L’Élégante. Et encore en 2006, la FQSA lui décerne l’or pour sa création L’Orage dans la catégorie « Ailes multi-composites ».

Félicitations à Simon pour son exemple qui démontre que le succès n’attend pas toujours le nombre des années. Il vient joindre les rangs d’une relève prometteuse et précieuse pour l’avenir du saumon au Québec. Au plaisir, Simon, de se croiser bientôt sur nos belles rivières ! Pour plus d’informations, on peut contacter Le Saumon de la Rivière Malbaie par téléphone au (418) 439-0672 ou par courriel à saumonriviere-malbaie@hotmail.com. L’auteur peut être joint sur le forum « Le coin des saumoniers » du webzine Québec Pêche à l’adresse www.quebecpeche.com. Il intervient sous le pseudonyme « Riviera ». D’autre part, le pseudonyme de Simon Tremblay est « stremblay77 ».

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Le secteur aval de la rivière Sainte-Anne; être un nain aux pieds des géants! Par : Pierre Manseau, Québec

Chaque fois que je reviens sur cette rivière, d’impérissables souvenirs se bousculent dans ma tête. Son décor est sans doute l’un des plus spectaculaires en Gaspésie. Lorsqu’on pêche le secteur aval, on se sent comme un nain, blotti à l’ombre des impressionnants massifs des Chic-Chocs. La rivière serpente au travers des montagnes, en rapides, fosses et cascades, offrant un spectacle toujours différent d’une fosse à l’autre, mais tout aussi grandiose. Été 2007 Saumons illimités

Tout le monde se souvient de la première fois… La première fois, c’était le 2 juillet 1980. En compagnie d’un ami de la famille peu familier avec les aléas de la pêche au saumon, nous avions fait un aller-retour éclair d’une journée, après un trajet effectué en un temps record (c’est qu’il conduisait bien vite l’ami…). Oh là là! Aller à la pêche au saumon en Corvette… c’était pour le moins spécial, surtout pour l’ado que j’étais. Le genre de « trip » où tu aimerais croiser tes « chums ». Cette fois-là, sans trop savoir où aller, nous nous étions retrouvés sur la fosse au Fer. Le temps de traverser la rivière et de prendre position à la sortie du rapide, et hop, un splendide dibermarin s’était laissé tenter, suivi par son compagnon de voyage quelques minutes plus tard! Malheureusement, cette fosse a bien changé depuis… L’année suivante, j’avais fait une courte escale d’une journée accompagné de mon père, pour qui c’était l’initiation à la pêche au saumon. C’était en fin juillet, la rivière était gonflée par d’abondantes pluies reçues les jours précédents. Que j’aimerais revoir ce genre de conditions aux mêmes dates, avec la connaissance de la rivière que j’en ai aujourd’hui…Nous étions revenus bredouilles côté saumon, mais avec tout de même une bien belle truite de mer, dans les trois livres. 16


L’auteur redonne à la rivière Sainte-Anne le fruit de sa pêche.

Par la suite, j’y ai fait quelques visites sans grand succès, si ce n’est un grilse avec mon ami Jean-Pierre Deschênes, lui-même ayant réussi la capture d’un mâle dans les 8-9 lbs. Puis la date de fermeture de la rivière fût retardée à septembre. Jean-Pierre m’avait déjà mentionné que lors de l’installation d’une barrière de comptage les années précédentes, on avait observé d’importantes montaisons en septembre. Cette année-là, accompagnés de Pierre Tremblay (le mouchologue), nous avions connu un week-end automnal pour le moins fantastique! Nous nous étions partagés plus d’une douzaine de captures en trois jours, la plupart graciées. Décidément, la pêche de septembre sur cette rivière était TRÈS intéressante. Sans connaître de tels succès à chaque année, disons que, depuis, plusieurs sorties à cette période tardive de la saison m’ont procuré des sensations aussi fortes que nombreuses. Je pense entre autres à ce beau samedi de la Fête du travail, il y a trois ans, lorsqu’en compagnie de Sandra, nous avions capturé quatre saumons et un stealhead de près de douze lbs en une seule journée. La capture de cette espèce est par contre exceptionnelle et un événement isolé. En ce qui concerne les fosses productives à cette période de l’année, les fosses classiques de rétention telles que la Castor, la Pins ou la Wilson sont toujours productives. Mais avec des conditions d’eau automnales parfois gonflées par la pluie, la plupart des fosses peuvent donner un succès intéressant, de sorte que leur prospection est toujours judicieuse. Des fosses telles que Bouleau, Islet, Pierre Blanche, Phyllis, Low, Beaumont, Roche, Petit Islet, Ret, Cécile, etc. Pour les mouches, celles qui m’ont toujours rendu de bons services sont les Black Dose, Undertaker, Rimouski Spéciale, Green Machine dans des tailles variant de 4 à 10. La présence de truites de mer parfois imposantes incite à l’utilisation de streamers de manière à être efficace pour les deux espèces. Dans ce cas, mon choix se porte généralement sur les Tiger Ghost, Magog Smelt et Muddler Minnow, de tailles variant entre 2 et 6. L’utilisation de Woolly Bugger peut aussi s’avérer productive, tant pour la truite que pour le saumon. À la sèche, les « oiseaux » de teintes aqua/badger, blanc/badger, brunes et blanches ainsi que vert foncé/brun sont parmi mes préférés. 17

À vendre Les chalets du Pont Couvert

Site exceptionnel Sur le bord d’une fosse à saumon de la rivière Matane Pourvoirie complète, 190 acres, 3 chalets en bois rond de style scandinave et beaucoup plus à développer; prix 425 000$ Les chalets peuvent être vendus séparément : prix 79 000 à 97 000$ La paix absolue à St-René-de-Matane Normand Jalbert Agent immobilier agréé Tél. : 514 727-2700 adresseimmobiliere.com

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Côté hébergement, quelques chalets sont disponibles pour location près de la rivière, entre autres près des fosses Castor, Wason et Jean. Destination Chic-Chocs a aussi des chalets disponibles au Petit Sault et offre depuis quelques années la « Vielle École » en services tout inclus (hébergement avec guide).

Une fois sur place, vous croiserez sans doute le très sympathique Michel Leclerc, propriétaire d’un chalet sur la fosse Castor, guide et assistant à la conservation sur la rivière. N’hésitez pas à vous entretenir avec lui, il est généralement très généreux de ses conseils. Pour plus d’informations sur la rivière Sainte-Anne, vous pouvez contacter Destination Chic-Chocs inc. au 1-888-Ste-Anne (1-888-783-2683) ou par courriel à l’adresse info@rivieresteanne.com

Le secteur aval de la Sainte-Anne est contingenté sur toute sa longueur. Quatorze pêcheurs y sont admis quotidiennement, soit huit grâce à des réservations hivernales obtenues via le tirage au sort du 1er novembre, et six disponibles par un tirage tenu 48 heures avant la pratique de la journée de pêche. En août et septembre, il peut tout de même être judicieux de vérifier avec l’accueil, puisqu’il est fréquent que des perches du contingent pouvant être réservées en hiver soient disponibles.

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Bonne pêche! L’auteur peut être joint sur le forum « Le coin des saumoniers » du webzine Quebec Pêche à l’adresse www.quebecpeche.com. Il intervient sous le pseudonyme « Salar36 ».

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L’Expérience de la mer Véritable fenêtre sur le fleuve, Exploramer est le lieu privilégié pour découvrir le milieu marin du Saint-Laurent. Directement situé sur le quai de Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie, Exploramer est une institution muséale intégrée à un complexe d’activités qui permet la découverte de l’écosystème marin et met en valeur la biodiversité du Saint-Laurent.

Une salle des bassins qui vous en mettra plein… les mains L’exposition permanente Un Jardin sous la mer regroupe une vingtaine de bassins et d’aquariums abritant une collection vivante d’organismes marins du Saint-Laurent : poissons, crustacés, mollusques, échinodermes, cnidaires et algues. En parcourant les différentes profondeurs, les visiteurs découvrent l’univers mystérieux du Saint-Laurent. Des poissons de fond jusqu’au rivage, les guides-naturaliste dévoilent les mille et un secrets de la vie animale et végétale. Un Jardin sous la mer présente également cinq bassins tactiles (bassins de manipulation) où les visiteurs peuvent plonger leurs mains et y caresser diverses variétés de crustacés, de mollusques et d’échinodermes vivants. Une chance unique de faire leur connaissance. De plus, une aire de démonstrations scientifiques ainsi qu’un laboratoire animés par les guides-naturalistes permettent aux visiteurs de mieux comprendre l’environnement du Saint-Laurent, du plancton à la baleine. Les démonstrations scientifiques démystifient les phénomènes marins les plus questionnés par le biais d’expériences interactives. Quant au laboratoire, il permet de s’introduire dans la peau d’un chercheur et d’observer la vie de petits organismes tel le plancton, la nourriture favorite des baleines à fanons.

et ressentent comment le milieu marin transforme nos perceptions sensorielles : toucher comme un homard, voir comme un cachalot, goûter l’eau salée comme le golfe, sentir les effluves marins à la marée basse, entendre les cris des bélugas et bien d’autres. Une expérience SENSationnelle.

Pour amuser vos petits explorateurs, l’exposition-aventure Le trésor de Stella invite les petits de 4 à 8 ans à faire connaissance avec Stella l’étoile de mer et ses amis. Ensemble, ils partent à la recherche du trésor, parcourant une mer de jeux, de défis et d’apprentissages. Parviendront-ils à mettre le grappin dessus ?

Les visiteurs peuvent aussi parcourir l’univers obscur des fonds marins dans l’exposition d’ambiance « Yeux ouverts dans la mer ». Tel un scaphandrier, ils réaliseront une apaisante promenade sous-marine, de la plage aux grands fonds, et pourront découvrir les merveilles du Saint-Laurent en toute intimité. Une véritable fenêtre sur le monde sous-marin comme on en voit rarement, pour le plaisir de vos yeux.

Des excursions en mer pour amateurs d’authenticité Le JV Exploramer est un navire de type Zodiac Hurricane, couvert, pouvant accueillir jusqu’à 18 passagers. En mer, les visiteurs peuvent découvrir l’univers authentique et méconnu de l’écosystème du Saint-Laurent. Lors de ces excursions, les participants collaborent à la levée de casiers de pêche (crabes tourteaux, crabes des neiges et bourgots), assistent à l’interprétation de la récolte, aident à la prise de données scientifiques et admirent le magnifique paysage du littoral gaspésien.

Le Carrefour de la mer À l’extérieur, le site Exploramer, nommé Carrefour de la Mer, propose toute une gamme d’activités. Il comprend notamment un parc de jeux pour enfants, un jardin de sculptures uniques sur bois flottés (pièces créées lors du Symposium de bois flottés de Sainte-Anne-des-Monts, un événement annuel se déroulant sur le site), une aire de pique-nique et une tour d’observation haute de 15 mètres.

En tout, quatre excursions sont offertes chaque jour : Découverte du SaintLaurent, Gaspésie, le pays de la pêche, Laboratoire sur la mer et Coucher de soleil sur la Haute-Gaspésie.

De plus, la proximité du quai invite les visiteurs à observer les pêcheurs taquiner la truite de mer ou tout simplement à y tenter leur chance. Une bonne occasion de participer à une activité gaspésienne à l’état pur.

Des expositions épatantes Doté de trois salles d’expositions, Exploramer présente le Saint-Laurent de manière interactive et instructive. L’exposition « La mer dans tous les sens » dévoile la relation de l’Homme avec la mer via ses cinq sens. À travers de nombreuses expériences scientifiques et manipulations, les visiteurs voient

Avec la vague écologique qui déferle actuellement au Québec, de plus en plus de visiteurs prennent le temps de s’arrêter à Exploramer pour y vivre l’expérience maritime. C’est un excellent moyen de découvrir ce qui vit, loin de nos yeux, dans la fabuleuse immensité bleue du Saint-Laurent. 19

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Les rivières Pabos : une destination incontournable Texte et photos : Gérard Bilodeau, Lévis

À Chandler, en Gaspésie, coulent trois rivières tellement petites qu’elles passent presque inaperçues lorsqu’on circule sur la route : la Grand-PabosOuest, la Grand-Pabos-Nord et la Petit-Pabos. Le saumon, lui, les a trouvées depuis longtemps et il les fréquente année après année en raison de la qualité exceptionnelle de leurs eaux. Pour le saumonier et sa famille, ces rivières représentent de belles occasions de pratiquer leur activité favorite dans des sites enchanteurs. Je me souviens très bien de ma première expérience de pêche du saumon sur la Grand-Pabos-Nord. C’était en juillet 1997, en pleine période de vacances de la construction. En ce début de matinée, au bureau de la zec, j’apprends avec étonnement que je serai le seul pêcheur dans le secteur 2. Je me dis intérieurement que la pêche doit être bien mauvaise. Mais René Giroux, chef guide de la zec, que je connais depuis plusieurs années, m’encourage et me donne quelques judicieux conseils.

L’eau cristalline de la Grand-Pabos-Nord permet un repérage facile des saumons dans la fosse.

Après avoir roulé une demi-heure dans un chemin forestier bien entretenu, je découvre avec ravissement la fosse no 20 de la Grand-Pabos-Nord. L’eau cristalline, comme j’en ai vu rarement, révèle son contenu : près d’une vingtaine de beaux saumons se prélassent dans l’eau lisse en queue de fosse, sans compter les nombreuses « barres grises » que je distingue dans les eaux vives en tête de fosse.

que les rivières Pabos ont connu leurs heures de gloire du temps des clubs privés et que des actes de braconnage répétés ont par la suite réduit presque à néant leur population de saumons. En 1989, Michel Larrivée, Jules Quesnel, Gilles Roussy, Gaétan Soucy, Armand Soucy et René Giroux ont conçu et mis en oeuvre un programme de restauration portant sur trois points : • ensemencements massifs et soutenus afin de reconstituer les stocks de saumons de chaque rivière ; • protection adéquate de chaque rivière afin d’assurer que le plus grand nombre possible de géniteurs survivent jusqu’à la fraieson ; • réalisation de travaux d’aménagement, principalement sur la Petit-Pabos, afin d’améliorer l’accès aux rivières.

Quelques nuages en altitude se découpent sur un fond de ciel bleu. Les montagnes environnantes reflètent dans les eaux de la rivière la couleur verte des arbres qui les habitent. Sans aucune hésitation, j’attache une petite Green Highlander. Je couvre méthodiquement la fosse sans qu’aucun saumon ne manifeste un quelconque intérêt. Je change de mouche, encore une noyée, mais cette fois ce sera une Black Bear Green Butt. À mi-parcours, un saumon saisit violemment la mouche. La forte tension exercée sur ma soie me fait penser que j’ai affaire à un gros saumon… ce que son premier saut me confirme. « Au moins 20 livres » que je me dis. Après quelques minutes de courses folles en tous sens dans la fosse, ponctuées de coups de tête énergiques, le grand saumon recouvre sa liberté.

Parlons pêche Voici une brève description de chaque rivière. La Grand-Pabos-Ouest est une petite rivière à l’eau légèrement foncée qui compte huit fosses. La pêche est contingentée dans le secteur 2 où on ne retrouve qu’une seule fosse : Farm Pool. On y retrouve là de grandes concentrations de saumons, surtout quand l’eau est basse, ce qui arrive malheureusement trop souvent ces années-ci. La pêche est alors plus difficile, mais le saumonier tenace pourrait connaître des moments exaltants en raison de la faible pression de pêche. Lors d’un séjour avec André A. Bellemare, ce dernier faisait bouger les saumons de

Un rappel Avant de vous parler de pêche sur les rivières Pabos, laissez-moi vous rappeler que ces trois rivières ont été restaurées grâce au travail acharné de gens du milieu, passionnés de pêche au saumon mais aussi convaincus de l’impact important d’une telle richesse sur l’économie locale. Il faut savoir Été 2007 Saumons illimités

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René Giroux (à droite), un guide passionné et dévoué à ses clients, discute des qualités de la mouche sèche avec André A. Bellemare.

Partout sur les abords de ces rivières, la signalisation est présente et très claire.

Quand René guide un pêcheur, il s’attend à ce que ce dernier fasse preuve d’ouverture et aussi d’une certaine humilité. Malheureusement, trop de pêcheurs ont des comportements désagréables vis-à-vis leur guide puisqu’ils croient tout connaître. Ils se privent ainsi d’enrichir leurs connaissances à partir de celles que le guide a acquises durant des centaines de jours de pêche étalés sur de nombreuses années et dans différentes conditions.

Farm Pool en retirant sa mouche par saccade, un peu comme il le pratiquait sur certaines rivières d’Anticosti quand le courant était très lent en raison de l’eau basse. La Grand-Pabos-Nord a un débit d’eau plus important que sa voisine. Son eau d’une clarté étonnante fait penser à la Grande-Rivière ou à la Bonaventure. C’est plus facile dans ces conditions de repérer les saumons dans l’une ou l’autre des vingt fosses que contient la rivière, mais il ne faut pas oublier que le saumon peut lui aussi détecter plus facilement la présence du saumonier. La discrétion doit être à l’honneur particulièrement quand l’eau est basse. Cette rivière contient aussi une intéressante population de truites de mer dont le poids varie entre trois et six livres. La pêche se fait dans deux secteurs, dont l’un est contingenté.

René constate que depuis les dernières années, les saumoniers sont de plus en plus conscients des bienfaits de la graciation des grands saumons, d’autant plus qu’elle est obligatoire dans les rivières Pabos. René a de très bons commentaires concernant la présence de plus en plus grande des femmes à la pêche au saumon. « Les femmes démontrent beaucoup d’intérêt à apprendre » me souligne René, « elles écoutent attentivement mes conseils et maîtrisent très rapidement le lancer à la mouche ».

Enfin, la Petit-Pabos compte soixante-trois fosses réparties dans sept secteurs. Quatre d’entre eux peuvent recevoir un nombre de pêcheurs illimités. Lors d’un séjour sur cette rivière, René Giroux m’a accompagné dans les secteurs 5 et 6 où on découvre des décors époustouflants ! La rivière coule au fond d’un véritable canyon où les rapides violents et les chutes forcent les saumons et les truites de mer à s’arrêter quelques temps. J’ai encore frais à la mémoire l’énorme truite de mer qui s’est élancée sur mon streamer lors de son passage en travers du courant au pied d’une chute et qui a malheureusement choisi de retourner au fond de la fosse sans avoir touché au Magog Smelt.

Au sujet des techniques de pêche, René observe que beaucoup de saumoniers adoptent une approche trop traditionnelle, qui manque de variété. Par exemple, à la pêche à la noyée, les pêcheurs ont tendance à toujours lancer leur mouche de la même manière, dans le même angle. « Le saumon aime la variété, il faut le surprendre en lui présentant différentes mouches; de plus, comme le saumon aime le mouvement, il devient primordial de varier les angles de présentation de la mouche, selon la vitesse du courant, afin d’imprimer à la mouche la vitesse qui fera réagir le saumon » de me rappeler René. Ce dernier me souligne avec insistance que 90% de ses captures (les siennes et celles de ses clients) sont faites avec des approches non traditionnelles. René tient compte scrupuleusement des conditions ambiantes (vitesse de l’eau, température de l’eau, ciel nuageux ou ensoleillé…) avant de commencer à pêcher. Deux autres trucs que me confie René : éviter de lancer trop loin et changer de mouche régulièrement.

René Giroux : un guide hors du commun René Giroux de Saint-François de Pabos travaille pour la ZEC Pabok, gestionnaire des rivières Pabos. Il agit comme chef guide pour cette jeune organisation. René a développé une relation unique avec le saumon : il est né dans une maison située près de la rivière Petit-Pabos. « La rivière coulait au bout de la terre » qu’il me dit. Il a donc passé sa jeunesse à observer les ébats des magnifiques saumons dans les eaux claires et vives de la Petit-Pabos. Pas étonnant donc que René ait capturé son premier saumon à l’âge de dix ans.

Au cours des dernières années, René a observé, comme bon nombre d’entre vous, que des conditions extrêmes sont de plus en plus présentes. Des étiages sévères combinés à des températures de l’eau qui dépassent parfois vingt degrés celsius rendent le saumon amorphe et il boudera alors les plus belles présentations de mouches. Les coupes de bois en amont des cours d’eau sont aussi une autre cause de la dégradation des conditions de pêche. Heureusement que la pêche en septembre est bonne. René me rappelle qu’il y a des montaisons de saumons frais dans les rivières Pabos durant ce mois coincidant avec un rafraîchissement des températures et des épisodes de pluie plus réguliers. On retrouve alors des conditions équivalentes à celles qui prévalent à l’ouverture en juin. La pêche de septembre est un secret que René n’hésite pas à partager avec ses clients.

Cette passion pour le saumon ne s’est jamais éteinte. Depuis quinze ans, René guide les pêcheurs désireux de retenir ses services. Bien sûr, il connaît à fond les rivières Pabos, mais il a aussi arpenté d’un bout à l’autre les rives de la Grande-Rivière. Le métier de guide permet à René de faire découvrir aux saumoniers non seulement les rudiments de la pêche mais aussi les habitudes du saumon. Durant ses moments libres, René déambule le long de la rivière en s’arrêtant longuement sur le bord des fosses afin d’observer les saumons. Pour ce faire, il choisit un endroit légèrement surélevé qui lui permettra de voir plus facilement les saumons. Comme l’eau des rivières est exceptionnellement claire, René va aussi chercher à se camoufler le long de gros cèdres. Il peut ainsi passer des heures à observer les saumons, s’amusant même à leur lancer des objets afin de voir leur réaction. Pour lui, il n’y a rien de plus excitant que de regarder pêcher un saumonier, à suivre attentivement le déplacement de la mouche, à observer attentivement les réactions du saumon.

Fiche technique Gestionnaire : ZEC Pabok Adresse : 10, boul. Pabos, C.P. 381 Téléphone : 418-689-4912 ou 1-888-374-8437 (sans frais) Site web : www.3rivierespabos.com Courriel : zecpabok@globetrotter.net

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Saumons illimités Été 2007


École de pêche L’action des cannes Par Jean-Pierre Martin, instructeur certifié : Wulff School of Fly Fishing.

Lorsque vient le moment de choisir une nouvelle canne, nous devons déterminer quel type d’action est le plus avantageux. Le choix qui s’offre à nous est assez vaste et va, pour un même numéro de soie, de très souple à très rigide avec, entre les deux, toute une gamme de possibilités. Bien comprendre les avantages et les limites de chaque action nous permet de faire un choix éclairé pour trouver la canne qui va vraiment répondre à nos besoins et nous apporter le plus de satisfaction.

Classification des cannes

Photo : Marc Robitaille

Bien qu’il existe des normes de l’AFTMA (American Fishing Tackle Manufacturers Association) pour la classification des soies, il n’y a aucune norme établie en ce qui concerne l’action des cannes. Les manufacturiers sont libres d’inscrire ce qu’ils veulent sur leurs cannes. Ainsi, le numéro de soie suggérée est parfois sous-évalué ou surévalué. Bien sûr, cela a des conséquences sur l’action. La seule façon d’avoir une idée juste du comportement d’une canne avec une soie donnée est d’effectuer un lancer, ce qui n’est malheureusement pas toujours possible.

Été 2007 Saumons illimités

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Un américain, le Dr William Hannemam, a mis au point une méthode simple pour pouvoir mesurer et comparer les caractéristiques de différentes cannes, le « Common Cents Systems ». Sur le site www.common-cents.info/caq.htm vous pouvez trouver l’explication de sa méthode, ainsi qu’une banque de données sur différentes cannes.

Les cannes rigides ou à action rapide Ces cannes ne laissent pas indifférent. Ce sont les Formule 1 des cannes et la performance est au rendez-vous. Leur principal avantage est de propulser la soie à grande vitesse. De plus, l’amplitude réduite de leur flexion va aussi favoriser une boucle plus étroite. Une grande vitesse de la soie ainsi qu’une boucle étroite sont des éléments indispensables pour réussir de très grands lancers. C’est la canne idéale pour ceux qui recherchent la distance à tout prix. Cependant, il y a un prix à payer pour ces performances et ce prix n’est pas seulement un coût plus important. Ces cannes nécessitent un geste plus compact et un effort physique plus grand pour faire fléchir ce puissant ressort. Pour faire quelques lancers lors d’une compétition de distance, il n’y a pas de difficultés, mais fournir un effort physique constant pendant plusieurs heures de pêche a pour conséquence une plus grande fatigue. Parfois, lorsque la technique n’est pas au point, des douleurs et des problèmes d’articulations se manifestent, pouvant même se traduire par l’interruption d’un voyage de pêche. Il est fréquent d’augmenter le numéro de la soie sur une canne trop rigide pour réussir à la faire fléchir convenablement. Cette solution est, d’après moi, loin d’être idéale. Cela équivaut en fait à rajouter du poids pour... ralentir... une canne trop rapide. Le résultat est un ensemble plus lourd avec des performances diminuées. Il est préférable dans ce cas de choisir une canne moins rigide et mieux adaptée à sa technique de lancer. Si la canne est vraiment sous-évaluée, alors il vaut mieux commencer par choisir d’abord le numéro de la soie et ensuite la canne qui propulse le plus efficacement cette soie. Pour pouvoir profiter pleinement des possibilités de ces cannes, la technique de lancer doit être supérieure parce que tout est amplifié, les performances comme les erreurs.

Les cannes souples ou à action lente Souvent méprisées ou sous-estimées, ces cannes ont pourtant de grandes qualités. Il faut manipuler une bonne canne en fibre de verre, qui se classe dans cette catégorie, pour goûter et apprécier la douceur du lancer d’une canne souple. Les amateurs de cannes en bambou savent tirer profit des qualités et avantages propres à cette action. Pour bien les utiliser, on doit ralentir le mouvement, ce qui dans notre société va à l’encontre du rythme de vie qui nous est proposé. La pêche à la mouche peut être autre chose que la compétition et le monde des records « Guinness ». Cette canne est l’outil par excellence des adeptes de l’art de prendre son temps et du « Slow Living ». Elles ne sont pas des vestiges du passé et on trouve sur le marché des cannes haut de gamme pour satisfaire les amateurs. Bien sûr, elles ne se comparent pas avec les Formule 1 de la distance, mais il ne faut pas se méprendre : entre les mains d’un pêcheur habile, elles peuvent offrir des performances respectables. Non seulement il faut être un peu zen pour apprécier cette action, mais il faut aussi... savoir lancer!

Cela ne signifie pas pour autant que c’est une canne de pêcheur moyen. C’est peut-être la canne du plus sage, novice ou expert, celui qui a clairement identifié ses besoins et fait un choix en conséquence. En résumé, on ne peut dire qu’un type d’action est meilleur qu’un autre. Cela dépend de la façon dont on aime pêcher. Mais peu importe son action ou son prix, seule une bonne technique de lancer nous permet de tirer profit du potentiel d’une canne. La canne la plus dispendieuse, mal utilisée, devient un simple bâton et la plus banale des cannes, entre les mains d’un bon lanceur, peut donner de magnifiques lancers. Il faut donc tenir compte non seulement des caractéristiques propres d’une canne, mais aussi de notre habileté à exploiter ces caractéristiques. Une fois que l’on a trouvé la canne idéale, il peut être amusant de vérifier si on est suffisamment habile pour s’adapter à tous les autres types d’équipement, de la vieille canne en bambou à la dernière innovation technologique. « L’auteur peut être joint sur le forum « Le coin des saumoniers » du webzine Québec Pêche à l’adresse www.quebecpeche.com. Il intervient sous le pseudonyme « Jean-Pierre Martin ».

Les cannes intermédiaires ou à action moyenne-rapide Ces cannes sont celles qui conviennent le mieux à la grande majorité des pêcheurs. Elles offrent de bonnes performances tout en étant faciles à utiliser. Elles ont suffisamment de rigidité pour donner une bonne vitesse à la soie sans exiger un effort soutenu ou une technique impeccable. C’est le meilleur compromis entre les deux types d’action précédents.

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Illustration réalisée par Jeannot Ruel, tirée du livre Saumon Atlantique, édité par le magazine Sentier-Chasse-Pêche et dont les auteurs sont: Gilles Aubert, André A. Bellemare et Gérard Bilodeau.

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Écho d’ailleurs La Nouvelle-Écosse Deux fosses types de la rivière Margaree donnant un bon aperçu des couleurs d’automne.

Et si on rajoutait un mois au calendrier !!! Texte et photos : André Baril, l’Association du saumon de la rivière Margaree (MSA)

Avec le réchauffement de la planète et les hivers qui raccourcissent, il peut être permis de songer que notre actuel paradis de la pêche au saumon soit un jour modifié pour nous offrir l’opportunité de pêcher un mois de plus par année. Mais pourquoi donc seulement en rêver alors qu’en Nouvelle-Écosse (N.-É.), ce paradis a déjà un mois de plus à son calendrier. Dans le cadre automnal avec lequel je suis familier, seules les rivières de la moitié Est de la Nouvelle-Écosse (N.-É.) ont une montaison d’automne et offrent un choix aux saumoniers : nombreuses sont les rivières qui s’échelonnent de la frontière Nord de la Nouvelle-Écosse (rivières Wallace et Philip à douze heures de route de Montréal) jusqu’au milieu du CapBreton (seize heures de route de Montréal). J’aimerais vous faire connaître mes préférées, qui sont littéralement assises sur la « Cabbot Trail » et toutes à moins de vingt minutes de route l’une de l’autre (rivières Margaree, Middle et Baddeck ). Et si jamais vous préférez l’avion, des navettes journalières vous amèneront de l’aéroport d’Halifax à la ville la plus proche de votre pourvoyeur pour quelque 40 $, trajet de trois à quatre heures. Finalement, si jamais les Maritimes font partie de vos destinations de vacances familiales, n’hésitez surtout pas à apporter votre équipement au cas où, car un simple petit détour ou un simple arrêt vous amènera à croiser une rivière à saumon pouvant héberger Scotia Salar. Été 2007 Saumons illimités

Le village de « Margaree Centre » Un charmant petit village de quelque 20 maisons, peuplé de gens au caractère et au charme touristiques innés qui sont dévoués et qui honorent presque religieusement leur rivière pour les bienfaits qu’elle leur procure. Un seul dépanneur, garage et station d’essence tout en un : c’est là qu’il faut se procurer le permis de non-résident et c’est d’ailleurs là que tous, habitants et pêcheurs, se rencontrent très tôt le matin. Le simple plaisir de jaser et de partager leurs connaissances pour les locaux, alors que pour nous, pêcheurs, il s’agit d’acquérir de précieux renseignements, trucs et conseils – un arrêt obligatoire pour toutes ces raisons. Une fois le permis acheté, il n’y a plus rien d’autre à faire ou presque : pas de ZEC, pas d’enregistrement des prises (cela se fera plus tard par la poste), pas d’achat de droits d’accès, pas d’obligation pour les nonrésidents d’avoir un guide comme c’est le cas ailleurs (malgré que cela soit souhaitable et 24

recommandé aux non-initiés, surtout au début du séjour afin de mieux connaître les caprices de la rivière) mais, il y a toujours un mais, il vous faudra toutefois mettre une mouche à l’eau. Sur cela, malheureusement, personne ne peut vous aider, alors vite ! Au travail mes amis... Les pourvoyeurs d’hébergement ne sont pas très nombreux à offrir leurs services, mais la variété ne manque pas : hôtels, chalets, motels avec cuisinette, couette & café et camping (même en octobre). Leurs services sont de qualité et leurs tarifs plus que raisonnables (environ 30 $ en camping, 60 $ en gîte, 80 $ en chalet) et, pour ces raisons, il serait de mise de réserver à l’avance. Les pourvoyeurs ne sont pas esclaves du dollar, sont très honnêtes et très loyaux envers leurs clients. Le garage du coin sera laissé portes ouvertes sans aucune surveillance sur l’heure du lunch, en cas de malchance, on réparera votre voiture pour le tiers du prix habituel en métropole, on vous demandera rarement une avance pour réservation et finalement, rien ne


Une journée ensoleillée sur cette rivière qui héberge une bonne population de truites arc-en-ciel de bonne taille et de saumons. Impossible de trouver une carte des fosses qui, de mémoire, ne portent pas de noms ni ne sont identifiées le long de la route.

La seule boutique de pêche et de matériel de montage du coin se trouve juste en face du musée du saumon atlantique. Elle est impossible à manquer de par ses couleurs attrayantes.

Parfois les conditions semblent s’acharner sur les pêcheurs ; bien qu’il pleuve souvent, le soleil revient vite au rendez-vous.

sert de tenter de faire monter les enchères pour obtenir les dates de votre choix, car le dollar est très secondaire par rapport à la loyauté vouée aux clients réguliers, souvent devenus amis au fil du temps.

Un 28 octobre typique... 5h30 sonnent mais il fait toujours sombre. Avec les histoires de pêche et le petit vin dégusté la veille pour célébrer la capture d’un énorme 35 livres dûment catalogué par la suite dans les annales de Morphée, il faut admettre que la nuit a été difficile. Dur, dur, la vie de saumonier et il faut se lever rapidement, pour ne pas perdre une minute de ces si courtes journées d’automne, mais aussi d’un pas léger pour ne pas réveiller Princesse qui, ne pêchant pas, profitera plus tard de ce nirvana celtique de tranquillité rappelant les hautes terres de mère Écosse. Reste peu de temps avant l’aurore : il faut faire couler le café, vérifier à l’extérieur question de voir s’il y a du frimas sur le pare-brise de la voiture ou même s’il n’a pas neigé durant la nuit, prendre une petite douche après avoir débarrassé la baignoire des imperméables, bottes-pantalon, chandails, gants de laine, bas de laine et les nombreuses mouches utilisées la veille qui y avaient été laissées à ventiler et/ou à sécher (il pleut continuellement depuis deux jours), préparer le déjeuner tout en restant connecté avec le reste du monde via le seul

moyen disponible, soit la radio (pas de câble, pas d’ExpressVu, une seule station télé qui n’a aucune programmation avant 7h00, pas d’Internet et aucune disponibilité de cellulaire) : si vous ne pêchez pas, amenez donc vos loisirs avec vous. Le temps presse aussi parce qu’il faut être le premier sur la fosse, et ce, malgré que l’on sache bien que cela ne constitue aucun réel avantage dans ces froides et hautes eaux de cette magnifique vallée tout en couleurs. On roulera les phares éteints au départ des chalets pour ne pas réveiller les voisins et à l’approche des stationnements menant à notre fosse pour ne pas être repérés : enfin, pour plus d’assurance, vous aurez compris qu’on doit aussi camoufler le véhicule hors de vue de la route. Je ne suis généralement pas égoïste mais parfois, l’âme est faible. Ne feriez-vous pas de même cependant, considérant que durant les crues automnales, ces trois rivières regorgent d’eaux hautes et froides et offrent de multiples fosses aux nombreux saumons parmi lesquelles, il y en aura sûrement une qui attend d’être baptisée de votre nom. 6h30. On est habillés très chaudement. Il pleut et vente fort et on a très peu de possibilités de bien pêcher les fosses aux grandes dimensions de la rivière Margaree, reconnue pour ses gros saumons : on la délaissera donc pour se concentrer sur la rivière 25

Middle ce matin et peut-être pêcherons-nous la rivière Baddeck en après-midi. La remise à l’eau des grands saumons est de mise sur toutes les rivières de la Nouvelle-Écosse, mais en plus, la graciation totale est de mise sur les plus petites comme la Middle et la Baddeck. Ce n’est pas un gros problème pour nous, car il nous semble que les saumons y sont plus preneurs et en plus grand nombre. Mais, comme dirait l’autre, le nombre plus élevé de captures est-il la raison de nos fréquentions accrues, ou bien y prenonsnous plus de saumons parce que nous y allons plus souvent? Toujours est-il que ce matin, on prendra deux voitures, dont l’une sera laissée en aval pour récupération, ce qui nous permettra de mieux prospecter à pied la rivière sur un petit kilomètre et demi, peut-être deux. Ce véhicule-là, évidemment, sera laissé à la vue de tous… 7h00. Le véhicule est bien camouflé, on revêt nos imperméables (mieux connus sous le nom de BONHEUR), on endosse le sac à dos qui inclut aussi quelques habits chauds au cas où quelqu’un tomberait dans ces eaux froides (40 degrés F et moins), on ferme les portières en toute douceur sans utiliser le « remote control » Saumons illimités Été 2007


Le décompte des rivières se fait uniquement par plongeurs en apnée dans des eaux froides.

Réalisation communautaire visant à protéger les berges de la rivière : le volontariat est le seul mode de gestion de cette rivière.

qui émet un indésirable bruit de klaxon et, finalement, on se tape une petite marche de dix minutes où l’odeur de terre gorgée des pluies d’automne vous décongestionne les narines pour enfin arriver à la fosse AJ, notre petite fosse secrète qu’on se complaît à savoir, ou peut-être imagine, être totalement nôtre. À notre arrivée, il fait encore un peu sombre et il est difficile de percevoir les saumons. Qu’à cela ne tienne, on l’attaque avec nos cannes de neuf pieds, soies calantes intermédiaires numéro 9 utiles pour contrer l’effet du vent et auxquelles on prendra soin d’attacher de grosses mouches streamer de grosseur 1/0 et 2/0 de tous styles. Personnellement, je préfère les mouches montées aux plumes de marabout et les muddler, mais chacun a ses préférences et je ne suis pas le seul à être chanceux en captures. Depuis la crue des eaux du 15 octobre environ, les cannes plus légères (numéros 6-7), les soies uniquement flottantes et les petites mouches sont rendues presque inutiles et on déjà été remisées. En ce matin particulier, l’eau est froide (38 degrés), l’air ambiant est sous le degré de congélation, les gants de laine sont portés par les moumounes alors que les moins moumounes mouchent très mal et l’on doit régulièrement nettoyer les guides de la canne afin d’enlever la glace qui s’y accumule avec les nombreuses tractions de la soie. Il fait frais, on respire bien et on ne s’ennuie aucunement de l’atmosphère ni de l’air chaud et microbien de nos cubicules de travail. Nous ferons trois petites « drops » dont seulement la première sera fructueuse et nous comblera d’un petit 27 pouces, ce qui n’est pas mal selon la norme de la région (27-32 pouces). On poursuit notre descente. Il y a, 200 mètres plus bas, une autre fosse qui nous a bien Été 2007 Saumons illimités

récompensés par le passé, mais, encore rien cette année, malheureusement. Deux petites « drops » quand même, mais sans résultats : il faut donc croire que le lit de la rivière a changé.

l’on bouge que de jours où l’on ne bouge pas. On ne peut jamais rien garantir en matière de succès au saumon, mais mon expérience démontre que très rares sont ceux qui reviennent bredouilles d’une semaine de pêche d’octobre.

10h00. On marchera beaucoup plus pour se rendre à la prochaine fosse, mais le sentier se parcourt très bien sur les berges non escarpées de cette petite rivière. C’est notre première excursion pédestre cette année et la rivière nous apparaît sous un nouveau jour : un petit retour au Moyen-Âge où l’on renaît littéralement parmi chevreuils, canards, aigles à tête blanche, castors, visons, etc. Que demander de plus ? Ça nous appartient...

Merde… des visiteurs !

On arrive à une coulée « run » que l’on avait pêchée sans succès l’an dernier mais, avec les crues récentes, cette coulée nous semble prometteuse. Il ne faut quand même pas se presser : la rivière est à nous et on n’a encore vu personne ce matin. Une petite collation, café et cigarette, évacuation des eaux usées et l’habituelle petite reconnaissance visuelle. « Yahoo » : il y en a des beaux. Une première « drop » : beau 33 pouces qui doit être épuisé et qu’on ramène assez vite. Une deuxième « drop » : rien! Une « drop » de confirmation: un petit grilse avec puces de mer qui livre un combat de moindre intensité certes, mais toutefois intéressant. Une « drop » additionnelle : rien. Une « drop » de confirmation : rien! En vertu du CDPMM (code de déontologie de pêcheurs malades et maniaques), deux « drops » consécutives sans succès signifient qu’il faut bouger. Ainsi soit-il ! Ce matin, on a quand même été chanceux et on ne se plaint pas car statistiquement, il y a bien plus de jours où 26

On a presque terminé notre « drop » et on est sur le point de partir lorsqu’on est interpellés. Le moral n’est pas ébranlé, car ce sont des plongeurs en apnée du ministère qui nous avertissent de leur descente; ils font un décompte physique de la rivière. C’est une source de renseignements qu’on ne troquerait pour rien au monde et vous aurez compris qu’on ait choisi de vivement rester sur place. On prend mentalement des notes et on visualise tous les détails qu’ils nous fournissent : ils en ont long à dire sur la rivière, mais nous on ne s’en plaint pas et, à preuve, leur présence seule a suffit à mettre un terme à notre odyssée matinale sans même qu’aucune parole ne soit échangée entre mon partenaire et moi. Une fois la sauvegarde des données d’apnée effectuée dans notre mental, juste à côté du fichier Morphée, on quitte aussitôt la rivière et on prend le bois pour rejoindre la route principale afin de récupérer le véhicule le plus près de nous. Un tantinet fatigués, on retourne au chalet pour dîner. La voiture semble se conduire seule, alors que les passagers sont de nouveau dans le monde des rêves : une chance qu’elle connaît bien le chemin. 14h00. Départ du chalet. On est un peu en retard sur notre horaire habituel car on s’est payé une petite sieste bien méritée, après tout on est au Cap-Breton depuis la mi-octobre. Les vents semblent s’être calmés et, avec le léger


De plus en plus nombreux sont les membres du sexe féminin qui s’adonnent au magnifique sport de la pêche et plus souvent qu’autrement ce sont des expertes et non des débutantes

retard, on décide donc de pêcher la Margaree : on devrait être assez bien en mesure d’atteindre efficacement la cible. On ne prend qu’une voiture qu’on stationne à la fosse Swimming Hole, à cinq minutes de route. De là, on a accès à quatre fosses au total et d’où, au retour de l’aval, on n’aura qu’une marche de vingt à vingt-cinq minutes tout au plus. Cette pêche sera différente de celle du matin. Il y a beaucoup plus de pêcheurs (sept ou huit dans la fosse en même temps) et très souvent il y aura même une ou deux personnes devant nous en attente de rotation : c’est le temps de pratiquer votre anglais US, votre français de France ou votre allemand de la Bavière. Les fosses y sont plus profondes et longues, avec des lancers plus difficiles physiquement, d’où l’intérêt d’une canne à deux mains pour ceux qui en possèdent une. Les saumons sont plus sollicités mais aussi, généralement, plus gros. Pour se reposer un peu le bras propulseur, pour avoir plus de variété de fosses et comme ces dernières sont plus longues, nous ne ferons qu’une « drop » par fosse. Petit train va loin, les heures passent et sans avoir observé de manifestations ni observé une seule tache argentée, nous sommes déjà rendus sur la troisième fosse lorsque le vent se relève. La fatigue réapparaît de plus belle dans le bras propulseur et on décide de mettre un terme final à l’activité physique de la journée, bien que tout ne soit pas encore joué.

17h00. Sur le chemin du retour, on s’arrête à la seule boutique de pêche de la région, question de prendre des nouvelles de la rivière, du nombre de captures et des conseils techniques : on en ressort toujours avec du matériel, bien qu’il n’était initialement pas question d’acheter. Mack Stratdhee, propriétaire de la boutique est courtisé de toutes parts. Ce Montréalais d’origine, anciennement mordu des rivières de la Gaspésie, a visité le Cap-Breton au début des années 1980, est tombé en amour avec la région et a décidé de s’y installer pour de bon afin de vivre une passion personnelle et professionnelle. Un autre arrêt obligatoire, mais aussi un contact à ne pas négliger les semaines précédant votre départ, surtout son site Internet qui nous offre des comptes rendus des conditions d’eau et des mouches à utiliser sur ces rivières. Encore sur la route du retour, on fait de nouveau un arrêt au dépanneur-garage-poste d’essence tout en un (le même qu’au matin), histoire de connaître les dernières nouvelles locales. Tout le monde y est, mais là l’ambiance est différente : les conseils et trucs ne sont plus chuchotés mais exprimés à voix haute par ceux dont le destin aura récompensé les efforts de pêche de la journée et qui seront inscrits au tableau d’honneur « the daily hall of fame ». Avant d’arriver au chalet, et question de se donner bonne conscience de saumonier, on visite sans grande espérance et, en voiture, les trois 27

fosses de la propriété de notre pourvoyeur d’hébergement, fosses que l’on se réserve souvent pour la pêche de fin de journée : aucune veine car le vent fait toujours ses ravages. Ça ne nous en prend pas plus pour retourner au chalet, faire sécher notre équipement pour le lendemain, s’ouvrir un petit vino et regarder les photos et vidéos des prises de la journée sur le portable dont c’est la seule utilité. Ah, que ça passe vite... la première bouteille est vide... Et le même cycle euphorique (repas, montage, rêves, renseignements, captures, renseignements, vino…) se répétera jusqu’au 31 octobre, dernière journée officielle de la saison. Notre odyssée automnale nous aura comblé de bonheur mais cela n’aurait jamais été rendu possible sans le superstitieux arrêt obligatoire numéro 1 qu’il faut habituellement faire tôt durant votre séjour. Pour ce faire, il vous faudra disposer d’une de vos mouches préférées (ne soyez pas « cheap ») que vous piquerez à la croix tombale d’un pêcheur local enterré sur la berge escarpée de la fosse Red Bank, rivière Margaree. Il n’en tient qu’à vous de profiter des attraits du calendrier de treize mois…Bon voyage !!! L’auteur peut être joint sur le forum « Le coin des saumoniers » du webzine Québec Pêche à l’adresse www.quebecpeche.com . Il intervient sous le pseudonyme « Vandoo ». Saumons illimités Été 2007


La relève

Initier ses enfants à la pêche, du rêve à la réalité Par Geneviève Roy, Québec

Tout saumonier, dès qu’il devient parent, rêve d’initier son enfant à la pêche au saumon. Il s’imagine les deux pieds dans la rivière, lançant sa mouche sous le regard admiratif et intéressé de son rejeton… Les pêcheurs de saumon sont généralement bien pourvus de patience. Toutefois, l’impatience de partager sa passion avec son enfant constitue un tout autre défi à surmonter ! Car repérer les saumons, arpenter les fosses pendant de longues journées sous le soleil brûlant ou la pluie battante, accepter de moucher toute une journée sans voir le moindre bouillon, manipuler sans danger pour les autres une canne à moucher, maîtriser le lancer, etc. , cela ne s’apprend pas en un jour ! En plus de grandes doses de patience, cet enseignement demande beaucoup de persévérance à l’entraîneur et à son élève. Les enfants sont souvent découragés par les subtilités de la pêche à la mouche en rivière, par les efforts à y mettre pour acquérir une certaine autonomie, ainsi que par les Sur la rivière, les occupations varient selon redoutables kilomètres de route à parcourir. Mais en revanche, ces voyages de pêche avec nos les âges… (Grand Grand-Pabos Pabos-Nord). enfants sont des occasions privilégiées de découvrir de magnifiques régions du Québec et de passer du bon temps en famille dans la nature. Si les rivières offrent aux enfants roches, bouts de bois, insectes, papillons, cachettes et ruisseaux pour s’amuser, elles peuvent aussi nous inviter à des activités inattendues, comme ce fut le cas lors de notre passage sur la rivière Grand-Pabos Pabos-Nord en Gaspésie. Après un avant-midi de leçons de pêche sur cette petite rivière à l’eau claire, alors que les saumons n’étaient pas au rendez-vous et que nous étions le seul groupe de pêcheurs, nous avons décidé de partir en exploration vers l’aval. Comme c’était une chaude journée d’été, les enfants se sont délestés de leur attirail de pêche et ont adopté le maillot de bain et les sandales « qui vont dans l’eau ». Nous autres parents, encore confiants, avons conservé nos bottes et nos cannes et, marchant devant, nous tentions notre chance dans chaque nouvelle fosse rencontrée. Les enfants avaient un plaisir fou à marcher dans la rivière, à se laisser porter par le courant et à se baigner dans les fosses qui ressemblaient souvent à des piscines naturelles. Leur plaisir a été tellement contagieux que nous nous sommes bien vite retrouvés tous les 5 à faire saucette dans le plus simple appareil... Antoine, 9 ans, sur la Grand Grand-Pabos Pabos-Nord.

L’initiation à la pêche nous réserve parfois de bien agréables surprises !

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Histoires de pêcheurs Séjour au Camp Bonaventure Par David St-Laurent

Pour faire suite à la parution du texte de David et Goliath (automne 2006), je vous reviens, tel que promis, 25 ans plus tard, soit les 7, 8 et 9 août 2006. Il y avait un tirage à la Zec Nouvelle qui, rappelons-le, consistait à vendre cent billets à cent dollars l'unité, pour recueillir des fonds pour celle-ci. Il y avait donc deux voyages à gagner pour les deux premiers prix et un ensemble de pêche à la mouche pour le troisième prix. Mon nom est sorti comme premier gagnant pour le forfait 3 jours/ 3 nuits en plan américain au Camp Bonaventure (Valeur de 4000 $). Quelle joie!! Je pris le téléphone et réservai sans attendre. Pas besoin de vous dire que les huit mois d'attente par la suite furent longs! La date fatidique enfin arrivée, mon grand ami Michel Thivierge et moi quittâmes Thetford Mines pour la Bonavanture. Quel beau site!... Nous avons été bien accueillis par le personnel sur place. Jour 1 : Nous avons pêché, Michel et moi, dans le secteur B de la Bonaventure avec notre guide Bruno. Malheureusement, pas beaucoup d'eau,

ni de poissons pour cette première journée de pêche. Nous avons vu une vingtaine de saumons à la fosse Snake. Selon Bruno, j'aurais manqué un saumon à la sèche. J’ai pourtant fait comme à l’habitude, c'est-à-dire compter 1, 2, 3 dans ma tête mais voilà, la mouche m’est revenue. Selon mon guide, j’aurais eu plus de succès à ferrer dans le bouillon comme à la pêche à la truite. Bruno nous laissa vers 18h30 et nous avons continué jusqu’à la noirceur. Ce fut la seule action de la journée. Nous avons tout de même été récompensés par un excellent repas que les cuisiniers nous avaient préparé. La soirée fut très agréable ; nous avons jasé avec les dix autres pêcheurs du camp. Donc, douze est la capacité maximale qu’offre le Camp Bonaventure. Nous avions un choix de menu pour le déjeuner que nous remplissions la veille pour le lendemain. La nourriture était excellente ! Pour un glouton comme moi, c’était le paradis.

Notre guide nous a amenés voir le musée de la Cascapédia qui, soit dit en passant, est une vraie merveille. Je recommande fortement à tous ceux et celles qui s’intéressent à la pêche de faire un petit détour, cela en vaut la peine.

Jour 2 : Pour cette journée, nous sommes allés sur la Grande Cascapédia, dans le secteur de la branche du lac, qui se situe environ à une heure trente du camp. Nous devions faire les fosses 9091-97 en avant-midi et la fosse Alder Ilsand en après-midi. Étant donné le niveau très bas de la rivière, l’horaire de l’avant-midi a été modifié.

Notre visite étant terminée, nous retournâmes donc sur la rivière pour commencer notre journée de pêche. Tout se déroule dans une atmosphère si agréable et détendue, que mon ami Michel en profite pour se donner en spectacle. Ce dernier nous a surpris en se

Non, ce n’est pas le paradis, mais presque.

CAMP BONAVENTURE S

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www.PeterLeverman.com

1-800-737-2740

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campbonaventure.com

gaspesalmon.com

Saumons illimités Été 2007


Je suis un peu déçu mais je retrousse mes manches, il me reste encore trente minutes avant la noirceur. Je remonte le haut de la fosse et installe sur ma canne une mouche MB Héron que mon copain Daniel Duval a confectionnée. Cette fois, c’est la bonne.

déguisant en Rateau ; personnage connu de Jean-Michel Anctil. Inutile de vous dire qu’on a bien ri ! Bon gré mal gré, mon collègue a remis sa canne à l’eau mais n’a eu qu’une petite touche, sans résultat. Pour ma part, les dés étaient lancés. Pour ceux qui se rappellent l’article de David et Goliath, paru à l’automne 2006, eh bien, ma capture a été de vingt-quatre livres le 8 août 1981 ! Donc, nous voilà vingt-cinq ans plus tard à la même date dans une fosse d’où je peux voir des saumons de quatre pieds de long. Tout est en place pour enfin battre mon record personnel. Vers la fin de la soirée, j’eus enfin ma première touche. Je ferrai à souhait, mais pas de chance. Après seulement quelques secondes de combat, Salmo prend la fuite.

Après quelques minutes de combat, la bête fait un saut hors de l’eau et je constate que mon record n’allait pas être menacé cette foisci. Un beau saumon de treize à quatorze livres qui a atterri au fumoir Grizzly de Québec. Avec cette belle prise, j’ai célébré mes 25 ans de pêche ! Si je peux me permettre tout de même une critique à cette journée mémorable, ce serait sans aucun doute le niveau pitoyable de l’eau causé par la chaleur. Les gros saumons restaient dans le grand lac de cette fosse. Jour3 : Après avoir dégusté notre petit déjeuner, nous nous sommes rendus sur le secteur public de la Bonaventure. Pour ma part, ce fut assez tranquille. Pour Michel, il a tout fait sauf une capture…Il a effectué une levée, une tirette et il en a même manqué un à la sèche. Tout s’est déroulé dans la fosse de La Roche, secteur A.

Nous savions que d’énormes saumons étaient dans cette fosse, car nous les avions vus au « look » à tout. Ils étaient environ une quinzaine ; blancs et frais. Nous avons également patrouillé les secteurs amont C et D, mais sans succès. On peut parfois gagner à des tirages au sort ou bien à la loterie, mais rien ne pourra altérer le goût de la pêche du Roi. Il est certain que si mon budget me permettait davantage ou si j’étais mieux nanti, je me gâterais beaucoup plus, et cela avec mon épouse (pour qu’elle ne dise rien de mes fréquentes sorties de pêche !) J’irais probablement visiter les rivières d’Europe ou celles de la Nouvelle-Écosse. D’ici là, le rêve se poursuit et je garde la tête froide avec mon budget de cent dollars par jour de pêche. P.-S. – Je continue d’acheter des billets de loterie David St-Laurent

La p’tite histoire d’un passionné

Par Benoit Deslandes

Les lignes qui suivent ne traitent pas d’un pêcheur à la mouche venu au monde avec une canne à mouche dans la main, la soie dans l’autre et un magnifique paradis de la pêche au saumon à ses pieds. Elles traitent plutôt d’un amateur de pêche du (450) où régnait en roi et maître le traditionnel « lancer léger », avec comme paysage des champs de maïs et quelques rivières polluées... J’ai bien un « mononcle » (ce cher Jean-Luc) qui a voulu me faire connaître le bonheur de la pêche à la mouche, mais…

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Je n’avais rien à branler de balancer de si petits appâts! Moi, c’était le gros Rapala pour le gros poisson! Fallait être un illuminé pour penser attraper autre chose que des menés avec de si petites imitations de « bibittes »! Ce n’est que plusieurs années plus tard que la pêche à la mouche m’a mis le grappin dessus! Assis un soir pas trop « mordeux » sur le bord de la rivière Yamaska, je vois un vieux « bonhomme » faire voler gracieusement ce bout de corde au-dessus de l’eau. C’était beau, calme, apaisant. Ça m’a appelé, j’ai essayé et je n’ai jamais cessé depuis! Après quelques mouches piquées dans le dos et le croquant de l’oreille, j’ai eu le bonheur de rencontrer un être très spécial : Pierre Grégoire (ou Pépère, c’est pareil!). Ce personnage m’a fait un des plus beaux cadeaux; le partage d’une passion, de connaissances, de trucs, de matériel de montage, etc. Il est celui qui m’a permis d’acquérir les bases nécessaires et d’apprécier pleinement cet univers de la pêche à la mouche. Mille mercis! C’est aussi de sa « faute » si je suis atteint de l’incurable maladie de la pêche au saumon!

Mon premier voyage s’est passé il y a huit ans sur la rivière Ste-Marguerite, que j’avais vue une fois auparavant lors d’un voyage de pêche à la truite de mer. On part une gang de chums pêcher les rivières Ste-Marguerite et Trinité. Pour quelques-uns d’entre nous, c’est le baptême de feu! Notre chum Pépère (connaissant pas mal de monde sur pas mal de rivières) nous organise un petit contrat là-bas… Ayant quelques musiciens dans notre gang, nous devions jouer de la musique deux soirs dans le cadre de « La fête de la vallée du saumon » qui se tenait à Bardsville, le poste d’accueil de la rivière. Notre « groupe » (faut le dire vite!!) était annoncé comme « Le métèque et ses musiciens »… En échange, nous avions des droits d’accès pour la pêche. Ce qui nous a permis de pêcher les secteurs contingentés. Bref, c’était la pêche le jour et la musique (et le party!) le soir. Des journées bien remplies, quoi! C’est ainsi que l’on entame notre premier jour de « contrat ». On se divise en équipe de deux et on fouille quelques fosses ici et là. Le soleil brille de tous ses feux et il n’y a pas grandchose qui bouge. Il y a cependant une fosse

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qui attire notre attention durant la journée; Glass pool. Une belle grande fosse peu profonde, où un belvédère la surplombe. On pouvait y voir quelques « flèches d’argent » de l’autre côté de la rivière, très bien placées pour recevoir une sèche! C’était l’idéal, car c’est la situation de pêche que j’adore par-dessus tout! On décide donc d’y faire la « passe du soir », ce moment magique où le ciel semble vouloir nous dire « à demain » alors que les eaux semblent nous souhaiter la bienvenue. Nous sommes deux (mon chum Ti-blanc et moi) à se partager tranquillement cette courte rotation. Un gardien de la rivière est perché un peu plus haut (un camp de gardien est situé à cette fosse) et nous jase des « humeurs » de la rivière. Le soleil baisse et on entre dans la période la plus propice… Mon chum Ti-blanc fait sa « run » avec un Whisker brun numéro 4. On devient de plus en plus fébrile car, même si nous en sommes à notre première véritable tentative de pêche au saumon, notre expérience de pêcheur fait que nous savons pertinemment que c’est « la » période de la journée pour la pêche. Cette

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et ça y est, il est piqué! Ça décolle pesant et ça se promène allègrement dans la fosse. Imaginez! Nous en sommes à nos débuts, mon chum réanime son saumon tandis que je bataille avec un autre! Ça fait une belle entrée en matière! Le combat se déroule bien, mais il commence à faire noir. Je réussis tant bien que mal à garder le saumon dans la fosse, mais au moment où il commence à être fatigué, il se colle le nez dans la ligne de courant et s’y laisse descendre… J’ai eu beau essayer de le retenir dans la fosse, quand il a senti l’augmentation du courant dans le pied de la fosse, il a eu un regain d’énergie et s’est mis à dévaler le rapide! Ouhhh… Là, il faut que je commence à courir sur la berge (car avec mon huit livres de résistance, pas question de bloquer le moulinet pour tenter de lui virer le nez de bord), à sauter de roche en roche, en pleine noirceur, afin de suivre le fugitif! Et ce sans me péter la fiole! Pas évident, mais c’est fort l’adrénaline!

affirmation ne met d’ailleurs pas trop de temps à se révéler. Quelques lancers dans la zone payante et... Flouch, un bouillon!! Mais la mouche reste là… Les genoux nous claquent et c’est à peine si l’on ne fait pas dans nos culottes!! Après quelques dizaines de secondes, Ti-blanc replace son Whisker. Cette fois-ci, ça y est!! On dirait un grisle, mais pas de saut ni de course folle… Quelques minutes ont suffit pour sortir cette bête; une belle truite de mer de cinq livres! C’est un bon début, mais ce n’est pas ce que nous venions chercher! Alors mon chum reprend sa place et continue sa « drop ». Quelques lancers plus tard, bang!! Une autre bête, mais cette fois-ci, c’est plus sérieux! Le combat est plus vigoureux et plus long. Il en résulte une belle prise d’environ 6 livres, à la limite du grisle. En effet, sa longueur semblait dépasser de 34 mm la mesure du 64 cm pour un grisle… En pêcheurs inexpérimentés que nous sommes, nous ne prenons pas de chance et Ti-blanc le remet à l’eau. Alors pendant qu’il réanime son « saumon-grisle », je m’installe pour faire ma « drop », pas très confiant en me disant que la fosse avait été pas mal brassée… Même mouche, même itinéraire, même résultat! Après quelques lancers, pow!! C’est mon tour! Une belle levée bien franche et le saumon prend la mouche sans laisser aucun reste à la surface! Je sens la tension, un p’tit coup d’bras

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Pendant ce temps, mon chum Ti-blanc laisse la réanimation de sa prise au gardien, prend la puise et se lance à ma poursuite. Cette petite « balade » dure un bon 15-20 min. et le saumon, fatigué, s’est laissé amener quelques fois à portée de puise, mais le problème, c’est que la noirceur rendait la manœuvre pratiquement impossible. On n’y voyait rien!! La seule chose que je voyais, ce sont les reflets de la lune sur mon avançon, qui pointait directement vers les bottes de mon chum! J’avais beau lui dire qu’il avait le saumon dans les pattes, il était incapable de le puiser! On a bien fait 2 ou 3 tentatives de la sorte, mais la queue du saumon touchait probablement la puise et c’est le « p’tit boost » que ça lui prenait pour aller se remettre le nez dans le courant et redescendre d’une autre cinquantaine de pieds! À la quatrième tentative, mon chum décide de tenter sa chance et de lever la puise (après avoir entendu une fois de plus ma toune du « y’é dans tes pattes, tu l’as, y’é là!! »). Je devais avoir quelques lampions d’allumés quelque part puisque le saumon se retrouve enfin dans la puise!! Le rêve se concrétise, mon premier saumon dans les mains… Un moment spécial pour un pêcheur de saumon! Le temps de quelques clichés, je réanime ce beau spécimen, une femelle d’environ quinze livres (selon les dires du gardien). Je lui « flatte » la bedaine durant une bonne quinzaine de minutes et la laisse retourner à ses amours…

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Pas facile de laisser filer sa première prise à vie! Mais à bien y penser, c’est peut-être un geste comme celui-là qui m’a permis de vivre ce premier combat mémorable! Bon! C’est bien beau tout ça, mais il ne faut pas oublier que j’avais un engagement à respecter! J’avais des chums qui jouaient de la musique pendant que je vivais ces moments exaltants! On retourne donc directement à « Bardsville » où la soirée avait lieu. Je me présente là avec mes bottes encore sur le dos… Mes chums ont vite compris ce qui s’était passé! Le temps de quelques accolades et félicitations, je retourne me changer à notre chalet et reviens avec ma guitare. Disons que j’étais attendu (particulièrement par mes chums musiciens Bob, Carl et Pépère, qui avaient eu le temps d’épuiser passablement leur répertoire). C’est donc une bière à la main, l’esprit particulièrement détendu et le cœur à la fête que je m’installe au micro et que j’honore ma partie de contrat!! Un beau gros party pour fêter mon premier grand saumon, que demander de mieux!! C’est donc dans la joie et l’allégresse que s’est terminée ma première journée fructueuse de pêche au saumon. De beaux moments gravés à tout jamais! Je pêche le saumon à chaque été depuis. C’est pour moi un pèlerinage, un « must ». Dix jours de pur bonheur. Je fréquente la rivière Bonaventure et ses eaux claires, c’est magnifique! Au fil des années, je me suis trouvé quelques recettes de mouches efficaces, j’ai expérimenté différentes approches et présentation, notamment pour la pêche à la sèche (que je monte sur des tubes). Je cherche constamment à créer, innover, modifier, découvrir de nouvelles techniques et approches de pêche. Cette passion me nourrit, me permet de faire le vide et de faire des rencontres très intéressantes! Enfin, j’aimerais profiter de ces quelques lignes pour remercier les gens qui ont contribué à mon évolution dans ce domaine, tels Pierre Grégoire, Robert Sanders, le défunt Wayne Taylor, Claude Bédard et j’en passe. Merci aussi à tous ceux qui ont et qui partagent encore cette passion avec moi. Au plaisir de vous rencontrer un jour sur le bord d’une rivière, à saumon si possible! Bonne saison à tous!


Prise et surprise d’une méprise…

Par Patrick Thibodeau

L’hiver dernier, je reçois la revue Saumons Illimités. Comme à mon habitude, je m’empresse de la parcourir rapidement avant d’en faire une lecture plus approfondie. À ma grande surprise, une photo, que j’avais fait parvenir à la FQSA l’été dernier, illustre un article écrit par David Saint-Laurent. De plus, le texte sous la photo indique que c’est l’auteur qui y figure. À mon insu, on avait usurpé mon identité. Afin de donner le change, j’ai décidé d’écrire l’histoire du saumon montré sur la photo et de publier... la photo qui aurait dû accompagner l’article de M. Saint-Laurent. Donc… À la fin de l’hiver 2005, les discussions vont bon train sur QuébecPêche au sujet de montaisons hâtives, avec la présence de plusieurs grands saumons en début juin. Plusieurs y vont de leurs prédictions concernant les premières prises de l’année. Puisque je n’ai pas de voyage prévu pour le début de saison, ça commence à me travailler un peu. Je m’informe donc à la Corporation de gestion des rivières

Matapédia et Patapédia (CGRMP) des disponibilités de début de saison sur la Patapédia, une rivière que j’affectionne particulièrement. Évidemment, le secteur 3 est complet, mais il reste des disponibilités pour le secteur 2, les 11, 12 et 13 juin. On m’avertit toutefois que c’est très tôt en saison et qu’il n’y aura peut-être pas encore de saumon dans le secteur. J’hésite. Quelques jours plus tard, au Forum de pêche à la mouche Québec-Maritimes de Granby, je fais part de mes intentions à monsieur Patapédia (Pierre Manseau). « Prends ça comme une belle descente en canot. À ces dates, le saumon sera un 33

bonus dans le secteur 2. » Me retrouver en canot sur une rivière sauvage après un trop long hiver me fera le plus grand bien et, un appel plus tard, les dates sont réservées. Francis, mon habituel « partner » sur la Pat, m’accompagnera pour ce périple. À notre arrivée, nous sommes accueillis chaleureusement par Gaston au camp du 23 Mille. Des captures ont déjà été enregistrées dans le secteur 3. Ça augure bien. Le lendemain, après de fortes précipitations, la rivière est haute mais toujours claire. Elle a monté de près de douze pouces sur Saumons illimités Été 2007


demi-tour et reprend sa course folle vers l’aval avec moi qui suis en arrière. Prochain arrêt, un autre pot, puis re-rapide et re-pot. Lors de la première escapade du saumon, j’avais réduit la tension du frein afin de compenser la variation du diamètre de la bobine. Entre deux pots, le saumon se paye un sprint digne d’un « dragster » et s’arrête aussi rapidement qu’il avait détalé. N’ayant pas réajusté le frein, je me retrouve avec une magnifique perruque dans le moulinet. Rapidement, je fais une petite prière pour que Salar se tienne tranquille; du moins, le temps que je sorte toute la soie emmêlée et rembobine le tout. Mes souhaits sont exaucés, il n’a pas bougé pendant toute la manœuvre. La course recommence dès que je réapplique une tension.

la règle de la fosse Chevreuil au cours de la nuit. Il pleut toujours, mais avec moins d’intensité. Après avoir chargé le long canot de cèdre de nos victuailles et équipements, c’est le départ. Avec de longues pôles de bois, nous propulsons le canot, en route vers la frontière qui sépare le Québec du NouveauBrunswick. Dès la première fosse (Frontière), je ressens une tirette, Salar ne reviendra toutefois pas sur la mouche et nous continuons notre descente avec optimisme. La rivière est magnifique, le dépaysement total, impossible d’avoir la moindre pensée pour le bureau. Nous pêchons toutes les fosses jusqu’à la première escale, le chalet du 19 Mille. Un bon souper, quelques verres de vin et des histoires de pêche accompagnent notre soirée. Le lendemain matin, le ciel est toujours couvert et notre optimisme est toujours au rendez-vous. Nous repêchons Glover et BasGlover en vitesse avant de nous diriger vers 19 Mille, où c’est à mon tour de faire la première passe. Alors que je m’installe à gué pour débuter la fosse, Francis me nargue en me disant « Tu serais ben niaiseux si tu ne prenais pas de saumon dans une si belle fosse ». Sans répondre, je lance dans le rapide et je descends, descends, descends vers le pied de la fosse jusqu’à ce que je m’accroche… à un cèdre derrière moi!!! Le pied de la fosse, qui compte quelques blocs, est prometteur et un peu plus lent que la partie amont. Je remplace le streamer Tiger Ghost par une Rusty Rat, ma mouche fétiche, puis je poursuis la pêche. Quelques lancers plus tard, un beau bouillon. La ligne se tend et je ferre. C’est réglé, chose certaine je ne suis pas niaiseux, mais Francis...

Été 2007 Saumons illimités

Le saumon fait du sur place quelques instants puis se dirige vers l’extrémité aval de la fosse. Avec une bonne pression, je le convaincs de faire demi-tour et le remonte jusqu’à l’endroit où il a pris la mouche. Francis arrive à mes côtés à ce moment-là; le saumon fait alors un saut et retourne vers le pied de la fosse. Cette fois-ci, c’est le saumon qui mène. Il est bien décidé à prendre le chemin du rapide et s’y engage à toute vitesse. La soie, puis la ligne de réserve sortent du moulinet à toute vitesse. Ce dernier chante, crie, hurle même. La ligne continue de sortir, le saumon ne ralentit pas le moins du monde et exécute plusieurs sauts tout en poursuivant sa descente. Une course dans le rapide est requise car bien que j’aie une quantité importante de fil de réserve, il y a une fin à tout. Devant moi, la force de l’écoulement, les roches glissantes et les aulnes que je devrai contourner ou bien traverser sont autant d’obstacles qui augmentent le défi qui s’annonce. Je cours dans le rapide, en tentant de suivre la torpille mais la ligne file toujours du moulinet. Quant à Francis, il remonte au canot pour aller récupérer l’appareil photo. Enfin, quelques centaines de pieds plus bas, le saumon fait un arrêt dans un petit « pot », au milieu de la rivière. Je rembobine toute la ligne, reprends mon souffle, me positionne à sa hauteur, à environ une vingtaine de pieds de lui et place la canne pour appliquer une pression latérale. Rien à faire, il refuse obstinément de bouger. Je le vois bien se déplacer afin d’utiliser le courant pour résister à chaque fois que j’applique une pression sur la ligne. Il faut changer la tactique, je m’installe alors directement en aval du poisson et retends la ligne. Yahouuu, le saumon fait

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Enfin, il s’arrête dans une zone de courant plus faible près de la berge, sous de gros cèdres. Francis arrive à ce moment. Bien que le saumon soit encore vaillant, nous tentons de le capturer à cet endroit puisqu’il semble le seul propice avant la prochaine fosse que nous voyons en aval. Mon « partner » se prépare et je fais faire un petit tour au saumon afin de le faire passer à sa portée. D’une main ferme, il saisit le poisson par la queue et me le remet pour immortaliser le moment. Après la photo, le poisson retourne à sa rivière en prenant bien soin de m’éclabousser en guise d’au revoir. La marche vers le canot prend ensuite plusieurs minutes et me permet de constater l’ampleur de la distance parcourue, soit, foi d’ingénieur, plus de 500 m. Après que Francis eut passé sans succès une ou deux mouches dans la zone où le saumon se tenait, nous reprenons notre descente en canot. Plus tard en journée, nous croisons trois autres magnifiques saumons sur le pied de la Hewitt. Malgré que nous n’ayons pas recroisé le fer avec Salar, le reste de la descente fut parfait. Des paysages à couper le souffle, une tranquillité inégalée, un dépaysement total, des fosses splendides, une magnifique rivière à canoter et un combat mémorable avec Salar sont ce que le secteur 2 de la Patapédia m’a offert en ce début d’été 2006. J’ai eu la chance d’être pigé au tirage au sort pour la saison 2007. Est-ce que le saumon en bonus sera au rendez-vous cette fois-ci? Je l’ignore mais tout le reste sera encore là, ce qui, d’emblée, est suffisant pour me faire apprécier ce prochain séjour.


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rivière Matapédia, M. Patrice L’Écuyer. Pour plus d’information ou pour réserver vos places, prière de contacter Annie Tremblay au 418 756-6174.

JUIN

AOÛT

Le samedi 16 juin aura lieu le souper-bénéfice de la rivière SainteMarguerite. Les billets sont au coût de 70 $. Vente des billets au 418 236-4604. Pour information : ste-marguerite@arsm.qc.ca.

Le samedi 25 août, le souper-bénéfice de l’Association des pêcheurs sportifs de la rivière à Mars se déroulera à 18 h sous le chapiteau du camping Au jardin de mon père.

La ZEC de la rivière Godbout informe les pêcheurs qu’il existe encore plusieurs perches non allouées pour son secteur contingenté Cap-Nord dit Molson. Les disponibilités sont en juin (28 perches), en juillet (55 perches) et en août (16 perches). Les réservations se feront par téléphone selon le principe premier arrivé, premier servi. 418 568-7565. Pour information consulter le site internet: www.rivieregodbout.ca Également, à partir du mois de juin, un décompte des captures et des montaisons du saumon se fera hebdomadairement en cours de saison.

L’Association des pêcheurs sportifs de la Bonavanture vous invite à la dernière session de pêche à la mouche durant la saison 2007. Cette session aura lieu les 24, 25 et 26 août. Pour plus d’information, composez le 1 888 979-1818 ou écrivez à apsb.rc@globetrotter.net. Pour plus d’informations concernant les cours de montage, les invités et les ateliers de L’Association des moucheurs du Montréal métropolitain (MMM), appelez sur le Mouche-O-Phone au 514 721-8695 ou consultez le site Internet: http://moucheurs-mtlmetro.org.

Les 8-9-10 juin, c’est la fête de la pêche au Québec et le 10 juin, il y a aura une activité d’initiation gratuite de pêche à la mouche pour les moins de 18 ans sur la rivière Saint-Jean-du-Saguenay. Des guides instructeurs seront présents avec des équipements de pêche à compter de 9h00. Les participants pourront taquiner les premiers saumons avec des mouches usagées sans ardillons. Réserver votre place avant mardi le 5 juin au 418 272-2199. Apporter votre lunch, un chapeau et une bouteille d’eau!

Forfaits disponibles sur la Jupiter Quelques perches sont encore libres sur la rivière Jupiter au début d’août aux tarifs de 4 500 $ par semaine par pêcheur et 1 400 $ par semaine par accompagnateur. Pour profiter de cette occasion exceptionnelle de séjourner à Jupiter-XII en 2007, réservez dès maintenant auprès de la Sépaq Anticosti au 1 800 463-0863.

La Corporation de gestion de la rivière Saint-Jean-Saguenay organise des séminaires de pêche à la mouche d’une durée de 2 jours, les week-ends sur demande pour des groupes variant de 2 à 6 personnes, selon les disponibilités des participants. Réservation avant le 1er juillet. Ces séminaires s’adressent aux débutants et aux intermédiaires. Les tarifs varient selon vos besoins et la taille de votre groupe. Pour plus d’information, téléphonez au 418 272-2199 ou écrivez à riviere@royaume.com pour connaître le plan de cours.

SEPTEMBRE Selon les dernières volontés de madame Jacqueline Lecompte, les saumoniers qui la connaissaient bien sont invités aux abords de la fosse Cameron, sur la rivière Cap Chat en Gaspésie, le 27 septembre prochain pour une petite cérémonie commémorative où sera déposer dans l’eau un souvenir d’elle-même. Jacqueline aurait fêté ses 70 ans ce jour-là cette année. Pour information, écrivez à marcdancose@hotmail.com

JUILLET

OCTOBRE

Le samedi 7 juillet se tiendra souper bénéfice de la Fondation Richard Adams à la polyvalente des Deux Rivières de Matapédia. Le cocktail sera servi à compter de 17h30 avec la présence du parrain de la

Le 12 octobre aura lieu le souper-bénéfice de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. Information : www.saumon-fqsa.qc.ca

Un Québécois à l’honneur pour son engagement envers le saumon atlantique Pionnier des relations publiques, officier de l’Ordre du Canada et conservationniste extraordinaire dévoué à la cause du saumon atlantique, Pierre Tremblay, de Québec, s’est vu décerner le prix canadien le plus prestigieux pour la conservation du saumon atlantique présenté par la Fédération du saumon atlantique (FSA). Le prix lui a été remis par le sénateur Michael Meighen, président de la FSA (Canada), à l’occasion de l’assemblée générale annuelle tenue à Montréal le 19 avril dernier. M. Tremblay a contribué à convaincre le gouvernement d’éliminer la pression exercée sur la ressource saumon en déclin en rachetant les permis de pêche commerciale au saumon vers la fin des années 1990 et a participé à l’élaboration d’un plan de gestion du saumon pour le Québec de 1992 à 1996. Un des premiers à avoir pratiqué la graciation, il en fait la promotion avec assiduité auprès des pêcheurs sportifs au Québec et ailleurs en tant qu’importante mesure de conservation du saumon. Il est administrateur de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique depuis quinze ans et a rempli plusieurs mandats en tant que secrétaire. La FQSA est un conseil régional de la FSA, représentant le Québec. Pierre est devenu membre de la FSA au début des années 1990 et a été nommé membre du conseil d’administration de la FSA (Canada) en 1995 puis vice-président en 1998, rôle qu’il contenue d’assumer aujourd’hui. Été 2007 Saumons illimités

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Le sénateur Michael Meighen remet le Prix T. B. « Happy » Fraser pour la conservation du saumon atlantique à Pierre Tremblay, de Québec. En plus de recevoir le magnifique saumon bondissant créé par l’artiste et sculpteur de la faune renommé DeCourcey Taylor, le portrait de M. Tremblay sera sculpté dans du bois et exposé à la galerie internationale Cullman du Centre interprétatif du saumon atlantique de la FSA à St. Andrews.


Avis aux pêcheurs : truite arc-en-ciel recherchée Par Isabel Thibault, Université Laval

L’an dernier débutait un projet de recherche sur l’invasion de la truite arc-en-ciel au Québec. Comment ce salmonidé indigène a-t-il réussi à s’implanter dans les eaux du Québec? Quelles sont les lignées que l’on retrouve dans l’est de la province, là où l’ensemencement et l’élevage de cette espèce sont interdits? Quel impact la truite arc-en-ciel pourrait-elle avoir sur nos salmonidé indigènes comme le saumon atlantique et l’omble de fontaine? Telles sont quelques-unes des questions que nous cherchons à répondre avec ce projet. L’atteinte de nos objectifs nécessite la récolte de truites arc-en-ciel provenant des diverses régions bordant le Fleuve et le Golf Saint-Laurent, routes présumées de la colonisation. En 2006, nous avons pu recueillir 175 spécimens grâce à la collaboration des pêcheurs sportifs, auxquels se sont ajoutés cinquante autres individus provenant d’inventaires et de la pêcherie commerciale. À partir des analyses génétiques que nous effectuons actuellement sur ces spécimens, nous espérons être en mesure de mieux comprendre le processus de colonisation de cette espèce.

la faune (MRNF) et dans les zecs-saumons. La campagne d’échantillonnage débutant le 15 mai prendra fin le 15 septembre 2007. Chaque capture rapportée donnera droit à un billet pour le tirage qui aura lieu le 25 septembre. De nombreux prix sont à gagner. Toute l’information concernant la campagne d’échantillonnage, de même que la liste des stations de cueillette et le détail des prix pour le tirage seront disponibles au www.bio.ulaval.ca/labdodson (cliquez sur le logo du projet).

Toutefois, pour que les résultats soient concluants, il nous faut encore davantage d’individus, principalement des régions de l’est du Québec. C’est pourquoi, suite au succès de 2006, nous avons décidé de relancer la campagne d’échantillonnage pour une deuxième année. Nous invitons donc tous les pêcheurs à nous conserver congelées la tête et les viscères de TOUTES leurs captures de truite arc-en-ciel, et de les rapporter à l’une des quelques 70 stations de cueillette mises en place pour l’occasion, notamment dans les bureaux du ministère des ressources naturelles et de

Alors pêcheurs, à vos lignes!

Votre forfait vers une aventure unique! Piscine et terrasse • Bar Salon • Salle à diner • Salle de conférence Cuisine renommée • Pêche au saumon • Chasse à l’ours Sentier international des Appalaches 5, rue des saumons, route 132, Matapédia (Québec) G0J 1V0

Tél.: (418) 865-2155 • www.matapedia.com

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Daniel Girard reçoit le prix François de Beaulieu Gourdeau Texte : Marc-Antoine Jean Photos : Gilles Shooner et Daniel Girard

Le 14 avril dernier à Drummondville lors de son congrès annuel, la Fédération québécoise pour le saumon atlantique a honoré Daniel Girard de Sept-Iles en lui remettant la médaille François de Beaulieu Gourdeau, La médaille François de Beaulieu Gourdeau est la plus haute distinction décernée annuellement par la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. Le prix est remis à une personne qui s’est illustrée de façon exemplaire, pendant de nombreuses années, à la défense du saumon et des rivières à saumon du Québec. Il s'agit d'une médaille d'argent massif sur laquelle apparaissent les profils de François de Beaulieu Gourdeau et de Philippe Piétacho à qui nous devons la mention Uitshitun. Uitshitun est un symbole de paix, d'espoir, d'entente et d'amitié qui s'allie à celui de François de Beaulieu Gourdeau qui se veut un phare pour guider nos pas dans la conservation et la mise en valeur du saumon. Daniel Girard (au centre) reçoit du président de la FQSA, m. Yvon Côté, la médaille François de Beaulieu Gourdeau sous le regard de Gaston Lepage.

Gilles Duhaime a eu la charge, et aussi le plaisir, de rédiger et de présenter le panégyrique du candidat retenu par le comité de sélection. Le discours était visiblement empreint d’une grande émotion démontrant les liens d’une étroite amitié entre les deux personnes qui furent partagés par m. Duhaime à tous les convives présents lors du banquet. Saumonier de longue date, M. Girard a reçu ce prix pour son implication dans la gestion de la rivière Moisie dont il fut le président pendant onze années durant lesquelles il fut un modèle de gestion. C’est poussé par son ambition pour un meilleur partage de la ressource saumon et une plus grande accessibilité pour tous à cette ressource qu’il s’est illustré tant par la négociation d’une entente sur les quotas réservés pour la pêche de subsistance avec les autochtones que par le combat qu’il a mené avec acharnement avec son organisation contre le détournement de deux affluents majeurs de la rivière Moisie (sa rivière!) par Hydro Québec. C’est notamment grâce à ses actions que le tout le territoire du bassin hydrographique de la rivière Moisie est désormais reconnu comme réserve aquatique par le gouvernement du Québec et qu’il s’en trouve donc protégé à jamais contre toute industrialisation.

Monsieur Daniel Girard présentant son prix avec fierté.

Daniel Girard fut également récipiendaire du Prix Environnement du Québec également pour son travail actif sur la protection de la rivière Moisie et en 2003 il s’est mérité, pour son leadership, une mention sur le tableau d’honneur de la FQSA.

À mettre à votre agenda Le vendredi 12 octobre 2007 L’événement annuel le plus couru des saumoniers, le souper-bénéfice de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, aura lieu au Hilton Québec encore cette année. Pour information, consultez le site Internet www.saumon-fqsa.qc.ca

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La Serge-Vincent ou la S.V. C’est le 22 février 2007, à l’âge de 63 ans, que monsieur Serge J. Vincent nous a quittés. Il a été l’un des grands pêcheurs à la mouche que le Québec ait connu et l’un des tout premiers membres de l’Association des pêcheurs sportifs de saumon du Québec (APSSQ), maintenant devenue la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. La FQSA lui a rendu hommage l’été dernier en lui décernant un trophée Salar en reconnaissance de son œuvre.

Parure

Je vous présente aujourd’hui, avec amour et beaucoup de respect, une nouvelle création qui est dédiée à un ami, M. Serge J. Vincent, pour sa passion de la pêche à la mouche ainsi que son dévouement à l’éducation.

Queue : Plume de couleur rouge du corps du faisan doré.

Hameçon simple ou double. Fil : Uni de couleur noir 6/0. Ferret : Petite laminette ovale argent. Cul : Filoselle de couleur chartreuse.

Corps : Frange de plume du paon. Côtes : Laminette ovale moyen argent. Palme : Hackle de selle de couleur chartreuse.

Les couleurs et les matériaux utilisés pour la fabrication de cette mouche sont simples et connus de tous. J’ai cherché avant tout la simplicité en créant une mouche qui paraît bien tout en étant efficace à la pêche. La prédominance du vert exprime sa passion de l’environnement et de la nature ; l’aile et la collerette rappellent sa barbe sans laquelle je ne l’ai jamais vu…dans nos excursions de pêche.

Aile : Poil de garde du renard gris avec de la bourre. Sur la photo, j’ai laissé plus de bourre qu’à la normale. Réduire sensiblement la bourre sans quoi la mouche flottera. Collerette : Plume de poule de Guinée. Joue : Plume du coq de Sonnerat.

Je tenais à rendre un hommage particulier à celui qui m’a pris sous son aile quand j’étais plus jeune en me transmettant sa passion pour la pêche à la mouche ainsi que le Serge J. Vincent en compagnie montage, il y a de cela plusieurs de son épouse Nicole lors d’un lunes déjà. voyage de pêche.

Tête : De couleur noire.

« Une petite mouche qui portera ton nom et qui fera rejaillir de très bons souvenirs. Voici la Serge-Vincent (SV), en ton honneur. Merci Serge » André Bélaieff

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Hommage à Carol Aubin Jacqueline nous a quittés pour un monde meilleur. Samedi, le 3 février dernier, au moment où je suis arrivé au Forum de pêche Vive Jacqueline! à la mouche Québec-Maritimes à Granby, j’ai appris la douloureuse nouvelle Par Gérard Bilodeau

du décès de mon ami Carol Aubin.

Jacqueline Lecomte 1937-2007

J’ai connu Carol dès les débuts de la Confrérie des pêcheurs à la mouche ATOS, dont il a été un des trois cofondateurs en 1975. Au cours des 32 années qui ont suivi, Carol a travaillé avec acharnement, bien souvent dans l’ombre, à promouvoir la pêche à la mouche et à apporter son soutien à des associations œuvrant dans ce domaine. Il pratiquait la pêche à la mouche avec passion, le saumon étant une de ses espèces préférées. Imaginez les échanges qu’on a eus ensemble ! Travailleur infatigable et engagé, Carol a toujours fait preuve d’une grande générosité à l’endroit des gens qu’il côtoyait. Il fait partie des travailleurs « dans l’ombre » malheureusement trop souvent oubliés, sans lesquels des gens, des groupes et des projets n’auraient pas connu le succès. Le Forum annuel tenu à Granby en est un exemple parmi tant d’autres.

Texte et photo : Marc Dancose, Montréal

Cette grande dame du monde de la pêche à la mouche est arrivée dans notre univers des pêcheurs à la mouche vers les années 1980. Toutefois, sachez qu’elle fut une adepte de la pêche dès son enfance, initiée alors par son père et son grand-père, la famille Lecomte ayant domicile aux abords de la rivière Saint-François à Drummondville. Vous apprendrez, à votre grande surprise qu‘elle fut, jeune femme dans la vingtaine, championne de saut en ski nautique, représentant même le Canada aux J.O. de Vichy, France, en 1963. À force de ténacité exceptionnelle, elle reprit ses études qu’elle avait délaissées et réussit à atteindre les plus hauts sommets dans son domaine, en obtenant un Ph.D. en virologie de l’Université de Londres en Angleterre. Jacqueline Lecompte alors âgée de 6 ans. Cette grande détermination l’accompagna et fut sa marque tant dans sa carrière professionnelle à l’Institut Armand Frappier, jusqu’en 1997, que dans son implication dans le monde de la pêche à la mouche. Jacqueline s’est dévouée à la cause, d’abord au sein des Moucheurs du Montréal Métropolitain; à ce sujet, un article très touchant et très éloquent, écrit de sa main, est d’ailleurs paru dans la revue souvenir du 20e anniversaire des MMM (1984-2004). Durant plusieurs années, elle fut membre très active et influente au sein du CA de la FQSA, y représentant le Chapitre de Montréal. Un Salar lui fut décerné pour souligner sa contribution à la cause. Elle faisait partie du Club des Vingt depuis ses tout débuts, il y a près de 20 ans, y partageant avec des amis passionnés comme elle, ses expériences et ses connaissances de la pêche à la mouche. Elle imposait par ses connaissances, son érudition et surtout sa grande sagesse, tant dans la vie de tous les jours que dans ses interventions dans le milieu de la pêche. Son dernier cheval de bataille fut le Musée de la Pêche à la Mouche de Montréal (Montreal Fly Fishing Museum), projet qu’elle chérissait avec Jean-Guy Riendeau des MMM depuis déjà le début des années 2000. Elle faisait partie du comité organisateur du musée et elle participa même à la dernière réunion de février, quelques jours à peine avant son décès. Faut-il en dire plus sur sa passion?! Avec l’accord de la succession de Jacqueline, sa mémoire sera immortalisée par la mise sur pied de la Fondation Jacqueline Lecomte, qui parrainera le Musée.

C’est pourquoi j’ai été à la fois ému et soulagé d’apprendre que Carol avait reçu la mention d’honneur Paul Plante. L’annonce en a été faite lors du banquet du samedi soir au Forum de Granby. Ce prix honore la mémoire de Paul Plante, un sympathique et talentueux pêcheur à la mouche qui a été une source d’inspiration pour les jeunes comme moi qui ont débuté dans les années soixante-dix. C’est la Confrérie des pêcheurs à la mouche ATOS qui a créé ce prix en 1985. Carol n’aura malheureusement pas entendu les applaudissements chaleureux des participants au banquet suite à l’annonce de sa nomination. Toutefois, quelques jours avant son décès, lors d’une visite à l’hôpital, son ami Gérald Lefebvre lui a annoncé qu’il recevait ce prix. Un grand sourire est alors apparu sur le visage de Carol, traduisant à la fois la fierté et la satisfaction du devoir accompli.

Un monteur de mouches exceptionnel est parti John Warren Duncan (1948-2007) John Warren Duncan, né à Campbellton au Nouveau-Brunswick en 1948, est décédé le 10 février dernier alors qu’il travaillait dans son atelier. Monteur de mouches à saumon depuis 1962, il a, au fil des années, popularisé plusieurs mouches comme la The Undertaker et la Picture Province dans les années 1970. En 1993, il a créé la mouche emblématique du Nouveau-Brunswick, la Picture Province qui fut remise à tous les dirigeants ayant participé au sommet du G-8 à Halifax en 1995. Il affectionnait aussi particulièrement la Rusty Rat, une mouche historiquement liée à la rivière Restigouche. Ayant opéré sa boutique à Saint-John’s pendant les deux dernières décennies, il y a reçu comme clients et visiteurs plusieurs personnalités telles les membres des groupes Judas Priests et Iron Maiden, l’acteur William Hurt, le joueur de baseball Ted Williams, le premier ministre d’Irlande et bien d’autres. Il a également monté des mouches pour le président George W. Bush et pour le Prince Charles.

Jacqueline, Lady Jacqueline, nous te saluons tous avec grand respect, admiration et surtout avec une profonde affection. Dors en paix, Jacqueline, ta mémoire ainsi que tes derniers rêves pour le monde de la pêche à la mouche seront immortalisés à travers le musée auquel tu tenais tant. C’est une promesse que tous nous nous engageons à respecter, en ton honneur. Bonne pêche là où tu es, Jacqueline! De tes amis, compagnes et compagnons de la grande famille de la pêche à la mouche.

Le décès de John Warren Duncan a attristé les monteurs de mouches à saumon du monde entier. Chez les Nouveau-Brunswickois, où le nom de Duncan est si familier, la commotion fut encore plus forte. Ses proches se souviendront de lui comme d’un homme simple au cœur d’or. Été 2007 Saumons illimités

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Mouche-au-logis

Les catégories de mouche Texte : Denys Poirier, Québec Photos : Marc-Antoine Jean Mouches montées par François Juliano

C’est la température des eaux, leur hauteur, leur vitesse et leur limpidité qui décident de la taille de la mouche à utiliser. Il n’existe cependant pas de taille de mouche unique qui corresponde à des conditions particulières données, car des vitesses de déplacement différentes de leurre de tailles dissemblables peuvent créer chez le poisson une impression visuelle identique. reste en éveil la plupart du temps. Les périodes d’inactivité sont peu fréquentes et rarement de longue durée. Le saumon peut attaquer la mouche à n’importe quel moment de la journée. Lorsque les eaux sont propices, c’est à cette période de la saison que sont réalisées la grande majorité des prises.

De manière générale cependant, il semble que l’on ait tendance à pêcher à tout moment avec des mouches inutilement trop petites, bien qu’en eau douce on puisse concevoir que le saumon ne s’empare pas de notre leurre dans le but de s’en nourrir. Ce n’est pas la faim qui incite un saumon à s’emparer d’une mouche en eau douce car, si tel était le cas, plus long serait le séjour du poisson en rivière. De plus, il serait mordeur, or, c’est l’inverse qui se produit. Il semble raisonnable, si l’on veut faire jouer le réflexe d’attaque qui sommeille sans doute en lui, de lui présenter un appât qui, par sa taille, rappelle les proies qu’il a chassées dans l’océan, vraisemblablement plus présentes à son souvenir que les insectes dont il se nourrissait alors qu’il n’était encore qu’un tacon.

Si la taille de la mouche a une importance certaine, le modèle en soi en a une beaucoup moindre. Certes le saumon distingue les couleurs, mais cela ne signifie pas qu’il se rue sur certains modèles présentant telle ou telle teinte ou qu’il s’en écarte avec effroi. Des expériences menées par des spécialistes ont démontré que l’œil du poisson est très sensible à la région rouge orangée du spectre. La présence de cette couleur dans une mouche attirera donc vraisemblablement davantage son attention que le feraient les bleus et les verts par exemple, sans déclencher nécessairement pour autant un réflexe d’attaque ou de fuite.

Quoi qu’il en soit, on peut considérer que, du début de la saison de pêche jusqu’à la fin du mois de juillet, c’est la température des eaux qui décide de la taille de la mouche la plus propre à créer l’illusion désirable, compte tenu évidemment des conditions locales.

La sensibilité du saumon aux couleurs est intimement liée à la durée de sa présence en eau douce et diminue au fur et à mesure que cette dernière augmente. Sa capacité de différenciation est contrôlée par des réactions chimiques complexes au sein de la rétine, gouvernées par un apport de protéines tirées de sa nourriture marine. Fraîchement venu de l’océan, un saumon peut être attiré par le jaune, l’orange ou le rouge vif, mais, au fur et à mesure que le temps passe, il distingue de moins en moins les teintes et, après un mois, les mouches les plus sombres

Je pense qu’avec l’entrée en rivière des saumons frais, les grandes mouches seraient de nature à provoquer l’agressivité du poisson, devenue motif dominant. Elles seraient souvent plus efficaces et devraient généralement être plus utilisées, quelle que soit la température des eaux. Elles peuvent prendre du poisson à n’importe quelle profondeur, du fond à la surface, selon la hauteur et la température de la rivière. Jusqu’à mi-juillet, il semble que le poisson

L’Atelier du moucheur

Photo - Pierre Manseau

Sur la route 20, sortie 614 Sur le chemin de votre destination saumon ! Tout pour le montage de mouche et pour la pêche à la mouche

382, boul. Jessop Rimouski (Québec) Tél. : 418 722-6993 1 800 707-3528 Téléc. : 418 722-4790 atelierdumoucheur@ globetrotter.net

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Mouche-au-logis sont meilleures. Finalement, l’effet de silhouette d’une mouche entièrement noire est le plus efficace. Des recherches ont également montré que le saumon discernait particulièrement bien tout objet portant des rayures, ce qui est confirmé par le fait que son œil est adapté à distinguer les contrastes. Ce ne serait donc pas l’effet du hasard si tant de modèles de mouches comportent des plumes aux dessins bien marqués, Sarcelle, Coq de Sonnerat, Dindon sauvage, faisan, etc., et un cerclage du corps à l’aide de laminettes ou de lames dorées ou argentées.

Lors que l’on pêche dans un éclairage très ardent, en contrejour, vaut mieux miser sur des mouches de type silhouette, comme la Black Dose.

D’une manière générale, les couleurs voyantes seront utilisées avec discrétion et seulement dans la mesure où elles sont indispensables pour mieux faire apercevoir la mouche, compte tenu des conditions particulières d’éclairage, de transparence des eaux et de luminosité. C’est ainsi qu’en début de saison, par eaux fortes et faible luminosité, des mouches de grande taille, à dominance jaune-orangé, comportant du noir pour faire contraste, ainsi que celles qui sont susceptibles de réfléchir le mieux le peu de lumière disponible auront la préférence. Par eaux très froides, une mouche comme la Garry Dog est un des modèles susceptibles d’éveiller l’attention d’un poisson en état de semi-léthargie. Du point de vue de leur visibilité respective, les mouches peuvent se ranger en quatre grandes catégories, selon les conditions particulières où elles sont utilisées:

Par forte luminosité, le matin ou le soir, les rayons très obliques ne créent pas toujours un fond éblouissant et laissent percevoir une image très distincte de la mouche. Dans ces cas, vaut mieux utiliser une mouche ni trop sombre ni trop claire comme la Silver Rat

Type silhouette: dans le cas où l’arrière-plan sur lequel se profile la mouche est éblouissant (éclairage en contre-jour violent), une mouche dense, de tonalité à dominance noire, est nécessaire, surtout en eau rapide, afin de créer suffisamment vite l’effet visuel nécessaire. Ces modèles paraissent aussi les mieux appropriés pour la pêche crépusculaire et pour celle qui est pratiquée par ciel très couvert lorsque la lumière réfléchie est insuffisante et que les modèles de teintes plus claires risquent de se fondre dans la grisaille ambiante. Dans les eaux fortement tintées, une silhouette plus dense que la normale, comme la Black Dose, est également nécessaire pour attirer l’attention du poisson. Type translucide: par forte luminosité, particulièrement dans la matinée et la soirée, les rayons très obliques ne créent pas toujours un fond éblouissant et laissent percevoir une image très distincte de la mouche. Un modèle peu sombre peut alors créer une image trop bien définie, tandis qu’une autre tonalité très claire, dont les daguettes (hackles) et les ailes sera perçue en transparence, peut apparaître plus floue et ainsi mieux tromper le poisson. Un coloris légèrement plus soutenu est cependant nécessaire pour pêcher dans des eaux d’une très faible profondeur, car le poisson ne peut voir de loin une Silver Rat dans son champ visuel.

Dans de petites fosses rocailleuses, où la vue du saumon est restreinte par des obstacles, l’utilisation d’une mouche aux couleurs éclatantes est de mise pour favoriser son repérage par le saumon.

Type image normal: ce groupe comprend les mouches de tonalité moyenne à utiliser lorsqu’une luminosité qui n’est pas excessive permet au saumon une perception nette des objets ou lorsque, par fort ensoleillement, les eaux sont légèrement teintées. C’est le cas de la March Brown. Type brillant: ces mouches allient à un corps de lame (tinsel) métallique des couleurs très soutenues ou éclatantes. Leur emploi est particulièrement recommandé pour la pêche dans des endroits confinés où la mouche ne peut avoir une dérive normale, comme les petites fosses profondes et rocailleuses où le poisson n’a qu’une vue fugitive d’une mouche comme la Silver Doctor se déplaçant rapidement et dont l’effet visuel doit être suffisant pour déclencher une attaque immédiate.

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Montage d’une mouche sèche sur un tube Par Benoît Deslandes Après quelques années de pêche assez intensive de la truite, de l’achigan, du brochet et du maskinongé, j’ai eu l’occasion d’essayer la pêche au saumon… Et me voilà piqué pour de bon! Mon premier saumon, une femelle d’environ 15 livres prise à la sèche… que j’ai dû remettre à l’eau sur la rivière Ste-Marguerite (le quota de grands saumons était atteint)! J’ai toujours été plus attiré par la pêche à la mouche sèche. Dès que l’occasion se présente, je passe toujours une sèche en premier (même si la convention veut que l’on débute avec une noyée). De fil en aiguille, j’ai accumulé des connaissances et des informations sur les techniques et les stratégies de la pêche du saumon à la sèche, par l’entremise de conseils de pêcheurs aguerris, de lectures et d’ateliers portants sur le sujet.

qui pousse littéralement la mouche au bout. Il agit alors vraiment comme un prolongement de la soie. Sa rigidité me permet de pêcher avec une longueur de 15 à 18 pieds. Ça peut paraître long, mais sa raideur fait en sorte qu’il se manie très bien. Ma recette est la suivante, toujours avec du fil pour avançon de manque Maxima : 6 pieds de 30 livres de résistance, 3 pieds de 20 livres, 2 pieds de 15 livres, 1,5 pied de 12 livres, 1,5 pied de 10 livres et 2 à 5 pieds de 8 livres, selon les conditions de pêche (vent, grosseur de la mouche, niveau de l’eau). Cette recette est également très efficace pour la pêche à la noyée.

C’est justement lors d’un atelier portant sur la pêche du saumon à la sèche présenté au Salon provincial de la pêche à la mouche qu’un détail m’a réellement accroché : le rôle primordial de la portance de la mouche à la surface de l’eau. Selon les animateurs de l’atelier, les pêcheurs de la rivière Matane qui avaient le plus de succès à la sèche durant la période d’étiage étaient ceux qui réussissaient à faire porter leurs mouches très haut sur l’eau. Autrement dit, les mouches qui portaient seulement sur les hackles et dont le corps était au-dessus de l’eau (et non sur ou dans l’eau) étaient plus productives… C’est ce détail qui m’a amené à mettre au point mon système de sèche montée sur un tube.

La description du montage se fait en trois étapes; la fabrication du dispositif de montage, le montage de la mouche et la confection de l’hameçon.

Le principe repose sur le fait que la mouche est montée sur un tube de plastique qui est beaucoup plus léger qu’une hampe d’hameçon en métal. Ce tube s’insère ensuite dans un hameçon modifié. En étant plus légère, la mouche peut être portée par les hackles seulement, elle n’a donc plus besoin d’un matériau flottant pour la confection du corps. J’utilise encore du poil de chevreuil pour la confection du corps de mes mouches, mais pour des raisons esthétiques et non de flottabilité. Je peux me permettre de tailler mes corps très fins, sans perdre de flottabilité. J’aime bien utiliser aussi de la fourrure de phoque. Le poil est très brillant, il donne du volume au corps et si la mouche plonge sous l’eau lors d’une récupération, le poil ne s’imbibe pas. Mais il y a plus. Non seulement la mouche flotte mieux; sa déposition est sans pareille. À ma connaissance, aucune mouche conventionnelle, à grosseur égale, ne se dépose mieux que celles montées sur un tube. Selon plusieurs, la déposition de la mouche est un facteur critique pour la réussite de la pêche à la sèche. Un autre facteur non négligeable est le fait qu’un hameçon brisé (sur une roche, par exemple) ne signifie pas que la mouche est bonne pour la poubelle! C’est là un avantage très grand : la mouche, montée sur le tube, peut être enlevée de l’hameçon brisé et remise sur un nouvel hameçon. Il s’agit donc d’une économie de temps (de montage) et d’argent. Ceux qui montent des mouches sèches comprennent très bien la portée de cet avantage!

1. Fabrication du dispositif de montage : La tige de montage Cette tige est essentielle puisqu’elle soutiendra le tube lors du montage de la mouche. Cette tige sera enlevée une fois la mouche montée et ne fait donc pas partie intégrante du travail final J’utilise un hameçon Partridge Carey Stevens #1/0 duquel je coupe l’œillet et la pointe. Il pourrait tout aussi bien s’agir d’un substitut; ce qui importe, c’est que la tige en question puisse être fixée solidement dans l’étau et avoir un diamètre variant entre 1 et 1,5 millimètre.

Fixation du tube sur la tige de montage On utilise deux épingles pour fixer le tube (qui est en fait une gaine recouvrant une aiguille de la compagnie « Abbott » servant à l’installation d’un soluté pour bébé) sur la tige de montage. En premier lieu, le tube (coupé à la longueur désirée) est enfilé sur la tige; on insère d’abord la première épingle à l’arrière du tube et la deuxième par la suite. Les épingles doivent être insérées sur une distance d’au minimum 8 à 10 millimètres, depuis l’arrière du tube. Deux faits justifient cette étape : de un, le tube doit nécessairement être fixé solidement sur la tige pour procéder au montage; de deux, l’étirement de l’extrémité arrière du tube, provoqué par l’insertion de ces épingles,

Par contre, ce système n’est pas parfait, il faut l’admettre. La légèreté de la mouche peut occasionner quelques problèmes au niveau de sa poussée. En effet, elle a tendance à être freinée plus facilement par l’air, elle peut donc être plus difficile à propulser au bout de la ligne. Pour contrecarrer cet effet, j’utilise un avançon beaucoup plus raide, 43

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Photos : Benoît Deslandes

Le Whisker brun, la Wolf Brown Chocolate et le Whisker Chocolate Hornback : trois mouches sèches montées sur des tubes et réalisées par l’auteur.

Application le la laque : On en applique évidemment sur la tête mais il est très important d’en appliquer également sur le ferret. La partie arrière de la mouche est la plus vulnérable. Ceci s’explique en partie par l’étirement provoqué par les épingles insérées à l’arrière du tube. Lorsqu’on retire ces dernières, le tube reprend sa forme initiale et les tours de fil effectués à cet endroit deviennent plus lâches. L’application d’une bonne couche de laque évitera donc le glissement du ferret sur le tube. Il faut aussi prendre conscience que l’arrière de la mouche sera sollicité lors de la pose et du retrait de l’hameçon.

permettra ensuite l’insertion de l’hameçon lors de l’utilisation de la mouche. Cette étape est donc cruciale pour l’efficacité de la mouche. Pour finaliser cet étape, on fait pivoter le tube afin que les épingles se retrouvent en dessous (pour ne pas nuire au montage). Le tube est maintenant prêt pour le montage.

2. Montage de la Wolf Brown Chocolate : On applique un fond de fil sur toute la longueur du tube de la même façon que sur un hameçon, en prenant soin cependant de ne pas approcher le fil à moins d’un millimètre des extrémités car le fil pourrait glisser hors du tube. Queue : J’utilise du poil de corps de chevreuil naturel foncé et assez long afin d’éviter qu’il ne flair trop, ce qui résulterait en une queue trop large. La longueur équivaut au ¾ de la longueur du tube et la queue doit être assez touffue. Ce fait est important puisque le poids de la mouche sera réparti surtout sur l’arrière de celle-ci; une queue dense sera plus efficace pour bien supporter la mouche à la surface de l’eau. Il est à noter que je fixe le poil au moins jusqu’au milieu du tube et j’y applique une goutte de laque. Ceci pour assurer la solidité de la queue. Ailes : J’attache une pincée du même poil de chevreuil que je sépare en deux et que je relève. Les ailes se situent au ¾ du tube et sont un peu plus courtes que la queue; des ailes trop longues exercent une trop forte traction dans l’air et la propulsion de la mouche est alors beaucoup plus difficile. Ferret : Je le confectionne selon la méthode conventionnelle : 3 tours à l’arrière et je barre le tinsel avec deux tours de fil assez serrés. Je replie l’excédant vers l’arrière. Ce dernier servira à la confection des côtes. Corps : Il occupe les 2/3 arrières du tube et est composé d’un substitut de fourrure de phoque teint brun foncé. On peut la rouler directement sur le fil et tourner le corps ou utiliser la méthode de la loupe. C’est selon votre goût. Côtes : On fait 3 tours de tinsel médium or (celui que l’on avait replié vers l’arrière lors de la confection du ferret). Hackles : On sélectionne des plumes d’une selle noire et d’une selle brune, que l’on tourne ensuite une par-dessus l’autre de façon à faire une collerette brune et noire. La qualité des plumes est un facteur déterminant dans la flottaison de la mouche. Trois facteurs sont à considérer à mon point de vue. Par ordre d’importance : • la raideur des fibres de la plume car plus elles sont raides, plus elles supporteront efficacement la mouche au-dessus de l’eau; • le moins de duvet possible au centre de la plume afin d’éviter qu’elle ne se gorge d’eau; • un rachis le plus fin possible qui évitera d’écraser les fibres de la plumes posée précédemment. Été 2007 Saumons illimités

3. Confection de l’hameçon : J’utilise surtout un hameçon Partridge Bartleet traditional (CS10/1) de grosseur 4 ou 6 (dépendant de la grosseur de la mouche) que je coupe au 1/3 avant. L’idée est d’utiliser un hameçon léger, qui a une hampe relativement fine (mais assez solide pour tenir un saumon!) et dont l’ouverture est assez large pour faciliter le ferrage. Un avantage intéressant de ce système est que l’on peut plier légèrement l’hameçon (en l’ayant préalablement chauffé), de sorte que l’ouverture sous la mouche sera plus grande (« gap » plus large), donc plus de chance de piquer le saumon. J’utilise du fil Gordon Griffith 14/0 de 20 livres de résistance pour fixer la loupe de baking sur l’hameçon. C’est à l’intérieur de cette loupe que le pêcheur vient attacher son avançon. Autrement dit, cette loupe remplace l’œillet qui est trop gros pour entrer dans le tube. Je tourne deux à trois tours de fil que je barre à l’arrière de l’hameçon, plus précisément là où la courbure de l’hameçon se forme. J’attache par la suite la loupe de baking avec deux ou trois tours au plus et je coupe l’excédent arrière. J’applique ensuite de la laque pour tête de mouche sur la hampe de l’hameçon et je tourne le fil bien cordé sur la hampe jusqu’à l’avant et je reviens vers l’arrière où j’effectue le nœud. J’étends finalement la laque uniformément sur la hampe de l’hameçon à l’aide d’un cure-dent, en prenant soin d’en laisser une mince couche, particulièrement vers l’avant de l’hameçon, car c’est cette partie qui doit être insérée dans le tube. On laisse sécher et l’hameçon est prêt à être inséré dans la mouche (le tube). Sur ce, bon montage et… Bonne pêche! Pour plus de renseignements, vous pouvez rejoindre l’auteur à l’adresse Internet suivante : moucheaben@hotmail.com

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Innovez : colorez vos hameçons Par Bernard Beaudin, Québec

La mouche doit avoir comme premier attribut de titiller le saumon afin de déclencher chez lui un réflexe de prédation. nature intègre ce principe et vous l’aurez observé, j’en suis certain, sur les oiseaux marins qui ont généralement le ventre blanc pour être moins visibles de leur proie ou de leur prédateur.

Mais ce réflexe, dépendamment de différents facteurs, s’exprimera ou non. Vous connaissez ces facteurs : le saumon est arrivé depuis peu dans la rivière ou il y est déjà depuis des semaines, des mois; l’eau est froide ou chaude, elle est transparente ou brouillée; l’eau est vive ou lente, haute ou basse et souvent, on trouve un amalgame de toutes ces conditions. La mouche doit, malgré toutes ces différentes situations, stimuler le réflexe de prédation et non celui de la peur.

Ainsi, pour une mouche montée sur un hameçon « low water », ce dernier devrait être de couleur claire afin d’être plus discret, surtout lorsque le montage de plumes et de poils ne couvre que le tiers du corps. Par contre, si l’eau est haute et manque de transparence, une mouche colorée, comme l’« Orange Blossom », la « Mickey Finn » ou la «General Partition », aurait intérêt à posséder un hameçon très visible (rouge, orange ou vert fluo) qui contribuerait ainsi à sa performance visuelle.

Le pêcheur moucheur, grâce à son habileté, saura surprendre l’animal qui est sous le miroir, s’il a une mouche appropriée aux conditions de l’eau. Malheureusement, ce qui ne change jamais dans nos leurres, c’est l’hameçon, toujours foncé, soit noir ou bronzé pour les sèches. Pourtant, si on y pense un peu, l’hameçon devrait contribuer au subterfuge afin de rendre plus visible et attirante la mouche ou encore la rendre plus discrète quand les conditions de pêche l’exigent.

Je vous invite à essayer cette approche innovatrice, mais tout à fait dans la logique des attentes que nous avons vis-à-vis d’une mouche, soit stimuler le saumon à prendre la mouche. Dans la prochaine chronique, je vous donnerai mes trucs pour peindre vos hameçons de façon durable. Mais dois-je vous dire que la couleur ne tient pas plus que les plumes ou les poils lorsque le passage à l’eau de la mouche est précédé d’un violent frottement sur les galets !

Il y a de très nombreuses années, dans un numéro du Salmo salar, j’avais organisé une petite expérience sur la visibilité des soies. Ainsi, deux observateurs, en plongée sous-marine, ont examiné différentes soies de couleurs diverses qui flottaient au-dessus d’eux. Conclusion : la soie blanche et les soies pâles étaient les moins apparentes. La

Bonne pêche et communiquez-nous vos essais.

Bernard Beaudin Engagé pour le saumon depuis 25 ans Au cours des dix dernières années, Bernard Beaudin a été présidentdirecteur général de la Fondation de la faune du Québec (1996-2006) et a fait de cette organisation le principal contributeur d’aide pour plus de mille organismes de conservation de la nature partout sur notre territoire.

Bernard Beaudin reçoit de Pierre Manseau, vice-président de la FQSA, une lithographie en souvenir de sa nomination à titre de membre honoraire à vie de la FQSA

Depuis juin 2006, il est au Siège social du réseau de l’Université du Québec à titre de directeur du développement et des relations publiques. Bernard Beaudin a aussi contribué bénévolement à la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA) depuis longtemps. Il a été un de ses fondateurs en 1984 et président de la Fédération de 1989 à 1994, entre autres. Son engagement pour le saumon ne s’est jamais démenti, ce qui lui a valu plusieurs reconnaissances.

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Saumons illimités Été 2007


Cette année encore le championnat mondial de montage de mouches à saumons organisé par la Fédération a donné la chance à plusieurs monteurs d’y présenter leurs plus belles réalisations. Malgré une forte participation canadienne (surtout du Québec) et américaine, les Finlandais ont néanmoins démontré qu’ils étaient très sérieux tant dans leur démarche artistique que dans la qualité technique des pièces qu’ils ont présentées.

The Boiling Glacier, Tero Memonen, Rovaniemi (Finlande)

Le Championnat de montage de mouches 2007 CATÉGORIES CRÉATIONS

Texte : Marc-Antoine Jean Photos : François Beauchemin

Les mouches de créations présentées sous le thème de « l’effervescence » (bouillonnement produit pas le mélange de certaines substances, agitations extrêmes) nous ont permis de contempler toute l’agitation artistique sommeillant à l’intérieur de ces monteurs de grand talent. The Boiling Glacier, mouche de création à ailes en plumes, du Finlandais Tero Memonen se présente comme entrelacs de mouvement violent de vagues frappant la banquise aux couleurs de l’abîme marin. Ces couleurs témoignent du dernier lieu de repos où ces glaces se mêleront finalement à l’immensité de l’océan.

Timo Kontio François Juliano Edward Davis

Or Argent Bronze

Créations à ailes multi-composées Joël Penttilä Imatra, Finlande François Juliano Québec (Québec), Canada François Juliano Québec (Québec), Canada

Or Argent Bronze

Tero Memonen Joni Haapanen Brian Van Erem

Créations à ailes en plumes Rovaniemi, Finlance Tampere, Finlande De Père, É.-U.

The Mixed Wave Vague Pacifique East Branch

Air Bubble Raz-De-Marée Le Flot

The Boiling Glacier Fizzy Mixture Tiny Bubbles

CATÉGORIES IMPOSÉES

La catégorie des maîtres monteurs n’était pas du concours cette année mais reviendra en force dès l’an prochain. De plus nous n’avons pas eu la chance d’ajouter un nouveau maître monteur au panthéon déjà bien impressionnant. Cependant, nous avons eu la chance d’avoir plusieurs nouveaux participants dont ceux de la catégorie de la relève où la qualité des mouches est bien impressionnante. Cela nous laisse entrevoir un futur prometteur pour la qualité des mouches présentées au championnat qui reviendra, bien entendu, en force l’année prochaine. Été 2007 Saumons illimités

Créations à ailes en poils Espoo, Finlande Québec (Québec), Canada Etobicoke (Ontario), Canada

Or Argent Bronze

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Or Argent Bronze

Orange Parson : ailes en poils Ari-Hekki Rintaniemi Espoo, Finlande Joni Haapanen Tampere, Finlande Tero Memonen Rovaniemi, Finlance

Or Argent Bronze

Missouri Charm : ailes en plumes Timo Kontio Espoo, Finlande Ari-Hekki Rintaniemi Espoo, Finlande Brian Van Erem De Père, É.-U.

Or Argent Bronze

Copper Killer : Dave Fréchette Patrick McKinnon Joël Penttilä

La relève Princeville (Québec), Canada Québec (Québec), Canada Imatra, Finlande


Or

Air Bubble, Joël Penttila, Imatra, Finlande

The Mixed Wave, Timo Kontio, Espoo (Finlande)

Copper Killer, Dave Fréchette, Princeville (Québec)

Orange Parson, Ari-Hekki Rintaniemi, Espoo (Finlande)

Missouri Charm, Timo Kontio, Espoo (Finlande)

Argent

Le flot, François Juliano, Québec (Québec)

Fizzy Mixture, Joni Haapanen, Tampere (Finlande)

Raz-de-marée, François Juliano, Québec (Québec)

Bronze

Tiny Bubbles, Brian Van Erem, De Père (États-Unis)

East Branch, Edward Davis, Etobicoke (Ontario)

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Vague pacifique, François Juliano, Québec (Québec)

Saumons illimités Été 2007


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