FOTOLOFT #14

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L’homme qui a trop vu de Trisha ZIFF UN FILM SUR ENRIQUE METINIDES

le photographe Mexicain, Enrique Metinides

Notes de Trisha ZIFF

E

l Hombre Que Vio Demasiado (L’homme qui a trop vu) aborde le travail « culte » du photographe mexicain Enrique Metinides qui a maintenant plus de quatre-vingts ans. À travers ses photographies, nous décou­ vrons une culture du sensationnalisme, qui est un fait Mexique beaucoup plus important que dans d’autres pays. Les images qui apparaissent quotidiennement sur la première page des journaux, l’attrait de voir les mal­heurs des autres forme un cocktail de sexe et de violence pour vendre des journaux. Metinides se concentre sur la fragilité de la vie, sur « l’imprévisible ». Il a commencé à photographier dès l’âge de 9 ans les accidents dans les rues de Mexico ainsi que le public qui assiste à ces « spectacles ». Notre film raconte l’histoire d’un homme dont les photos sont actuellement vendus en milliers de dollars et font partie des collections de musées internationaux et collectionneurs privés, mais pas encore considéré comme un artiste, à l’époque on vendait ces images au journal pour cinq pesos (25 cents). C’est un homme qui continu à se déplacer en métro malgré les moyens dont il dispose, car il est toujours en train de calculer la possibilité d’assister à un désastre. C’est un homme qui a toujours envisagé sa carrière comme un travail simple ! Au delà de l’oeuvre de Metinides, nous découvrons à travers ce film,

divers personnages qu’il a rencontrés tout au long de sa vie en quête d’accidents et d’images ; des sauveteurs de Mexico aux conservateurs de musée en passant par des collectionneurs internationaux, des proches des victimes que l’on retrouve dans les photo­graphies, des rédacteurs des journaux et autres photo­graphes qui voient aujourd’hui son travail comme celui d’un visionnaire. Il s’agit d’un film sur la vision, la fasci­nation du regard, l’impact de ces images et un discours sur la vie dans la rue. Ce film soulève des questions liées à l’intime et à la transgression de la vie privée au domaine public. Qui a le droit de prendre ce genre de photographies ? Prendre ces photos alors que leur sujet se trouve dans la plus grande fragilité, lorsque la personne n’a plus sa propre voix, est-ce juste ? Ce film attend cela de son public, d’une analyse sur pourquoi nous arrêtons-nous de regarder et pourquoi aussi nous regardons, quel attrait y-a-t-il à contempler le malheur des autres ? Est-ce de l’empathie, de la compassion ou une confrontation à notre propre fragilité ? Enrique Metinides a plus de 80 ans. En son temps les photographies étaient faites d’une manière différente de celle d’aujourd’hui. En effet, de nos jours, nous avons tous la possibilité de documenter le moment devant nous avec nos téléphones. Le rôle du photographe a changé, actuellement la plupart d’entre nous quittons la maison avec un appareil photo en main, souhaitons nous l’utiliser ou non. Faire ce film maintenant,

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