14. Paola Adamo - Ici et au delà du soleil

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Paola Adamo Ici et au-delà du soleil. 1


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Maria Domenica GRASSIANO

Paola Adamo Ici et au-delà du soleil. “Si tu crois en Dieu, le monde est dans tes mains”

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Paola Adamo Ici et au-delà du soleil. “Si tu crois en Dieu, le monde est dans tes mains” (Maria Domenica GRASSIANO)

Le ciel sourit : une fillette est née Le 24 octobre 1963 naissait à Naples une belle petite fille : Paola. Son père Claudio et sa mère Lucia la regardaient comme un miracle. Ils s’étaient mariés le 2 juin 1962, après avoir fréquenté à Naples la même faculté d’architecture, mais ils habitaient à Tarente. Et maintenant ils contemplaient ce petit prodige comme on regarde les étoiles et tout était centré sur elle. Avant tout ils l’avaient fait baptiser, mais pas seulement parce que cela est d’usage chez les chrétiens. Ils avaient aussitôt décidé de l’élever et de l’éduquer chrétiennement, sans ménagement ni tralala. Il leur semblait que la science la plus importante était celle que la Sainte Écriture appelle “la science du Christ”. En effet, tout en étant enseignants tous les deux au Lycée Artistique de Tarente, ils mettaient en premier lieu la science de la foi, don de Dieu à travers lequel ils étaient sûrs d’avoir les portes ouvertes sur la vie éternelle... Paola vécut, grandit en respirant cet air oxygéné par le Christ ! Encore toute petite dans son chariot, elle regardait papa et maman au travail dans leur grand bureau et gazouillait heureuse. Entretemps elle grandissait, prenant conscience de la prière : dans cette petite famille la prière était l’oxygène ! Claudio et Lucia décidèrent d’amener Paola à l’école maternelle quand elle avait quatre ans, mais elle y resta 3


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seulement un jour, disant aux parents qu’elle n’entendait pas perdre son temps : elle voulait apprendre à écrire ! Et ainsi, à cinq ans elle entra dans la première élémentaire avec grand succès. Arriva le temps de la première communion. Le curé, un salésien, Don Giuseppe Schiavarelli, indiqua comme catéchistes de Paola, Claudio et Lucia. Par après, quand il posa son examen à Paola, il dit : “Son âme s’est ouverte à la grâce comme une fleur parfumée”. Et il lui donna le maximum ! Comme tous les enfants, Paola aussi cependant avait parfois ses caprices et ses petits côtés... Puis elle courait chez Don Giuseppe pour se donner tort ? Ou elle voulait avoir raison ? Ils réfléchissaient ensemble et le curé trouvait que cette fillette avait une âme plus grande qu’elle ! Puis la bonté affectueuse de la mère mettait les choses au point et Paola reprenait son air jovial. Elle embrassait sa maman et puis courait embrasser son papa qu’elle aimait démésurément. Ce fut le temps de la confirmation et, sous l’égide de Don Giuseppe, elle se prépara toute seule, apprenant joyeusement ce qu’il fallait savoir sur le sacrement de confirmation qui nous rend des “chrétiens parfaits”. Arborant cette sainte armure, elle ne recula jamais, et jamais pour elle ne se vérifia cette terrible parole de Jésus : “Qui aura honte de moi, j’aurai aussi honte de lui” ! Le cycle élémentaire se conclut de façon splendide pour Paola, qui ne s’enorgueillit pas : elle avait ouvert les yeux et l’esprit sur la famille, l’école, la société, sur les problèmes personnels, familiaux, sociaux, nationaux et mondiaux, parce qu’elle pensait beaucoup. Elle aimait penser. Et écrire. Et s’abandonner à la poésie... “Le bonheur n’est pas l’argent Le bonheur est une fleur qui éclôt Un oiseau qui vole 4


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C’est pouvoir se dire l’un l’autre, d’avoir réussi ensemble, à vaincre les adversités de la vie. Voilà le vrai bonheur”. (Paola Adamo) Son père Claudio note : “Paola avait un sens religieux élevé ; sa vie spirituelle était vraie et sainte. Sa communion avec le transcendant était si spontanée et si pleine, si simple et si totale, qu’elle ne modifiait en rien son caractère extroverti et sanguin, qui était plutôt exalté dans la prière”. Dans les années de l’école moyenne, la salle de classe fut pour elle comme la planète entière : elle n’excluait jamais personne. Elle ne fut jamais craintive : une compagne de classe fille d’un “grand” - disait des jurons éhontés ; Paola la reprenait sévèrement à haute voix, tout en sachant qu’elle se mettait contre l’enseignante très complaisante vis-à-vis du père. Mais Paola aimait tout le monde (moins que les chats) et aimait en particulier les pauvres. Elle écrivit dans son carnet : “Seigneur, fais aussi que les pauvres aient une maison, la nourriture et une vie sereine et tranquille comme la mienne et qu’ils puissent être heureux sans être rejetés par les gens qui les entourent...”. Dans sa classe il y avait deux soeurs (peut-être jumelles) extrêmement timides au point de sembler arriérées, raison pour laquelle elles furent isolées et oubliées même par l’enseignante. Paola s’en rendit compte ; elle s’allia avec elles, formant un trio qui dura pendant les trois ans de l’école moyenne. Elle n’aurait dû jamais le faire ! Elle dut subir des railleries et des provocations même de la part de l’enseignante : elles étaient malmenées, mais elle souriait ! Giuliana De Sinno, une des deux soeurs, écrivit : “On nous regardait avec ironie, presque avec mépris, Paola cependant 5


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sans peur abandonna le groupe des meilleures et se rangea de notre côté”. Comment Paola eut-elle ce courage ? Elle, une des premières de la classe ? Parce qu’elle était pure, limpide, bonne, pleine d’amour, capable de sacrifice : elle formait un nouvel anneau dans cette merveilleuse chaîne d’or dont font partie Sainte Agnès, Sainte Lucie, Maria Goretti et beaucoup d’autres saintes martyres vierges de Dieu ! Peut-être était-elle aussi capable du sacrifice sanglant ; très semblable à Saint Dominique Savio, fruit de cette sainteté que Saint Jean Bosco demandait à ses jeunes... Et pourtant Paola n’est pas une fille exceptionnelle ; elle aussi, comme nous, se décourage, elle a ses moments d’exaspération, elle se dispute avec l’une ou l’autre de ses amies, elle a ses antipathies. Mais elle ne garde pas de rancoeur et pardonne de tout coeur. Elle reconnaît honnêtement ses erreurs, s’attribue la faute, présente ses excuses. Claudio écrivit, quant Paola était déjà parmi les anges du Ciel : “Elle était intelligente et ne s’en vantait pas, elle était belle, mais pas vantarde, elle était religieuse mais pas bigote, elle était forte mais elle ne cessa pas d’être aimable, elle était extravertie et espiègle, mais elle ne commit guère de gestes d’indélicatesse ou d’indécence”. C’était une jeune fille moderne : elle aimait le sport, la musique (elle jouait de la guitare), l’art, la beauté, la plaisanterie, l’amitié. Un garçon du Lycée l’attirait (dans son journal elle l’appelait Niki Lauda), mais elle l’écrivit seulement dans son journal et “Niki” n’en sut rien. Enfin, et cela est très beau, elle 6


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refusa toujours de se laisser entraîner par le conformisme. Elle voulut - et elle sut - être elle-même, libre de tout conditionnement de mode et de vie : libre ! ... Quelqu’un écrivit d’elle : “Elle avait l’art d’exprimer la sagesse chrétienne même avec un humour qu’on pourrait qualifier de symphonique”. Dans la petite famille tout le monde travaillait, même l’élève, qui écrivit dans son journal : “... D’abord j’ai épousseté les meubles de ma chambre, puis j’ai lavé les vitres et le pavement, et quand commencera le film à la télévision, je le verrai”. Les parents ainsi n’en firent jamais une “déesse”, bien au contraire ! Son père le lui répétait au besoin : deux gifles ne tuent personne, mais elles te remettent en place. Et elle pleurait parce qu’elle avait les larmes faciles. Je dirais que cela était dû au fait qu’elle avait un coeur tendre et qu’elle était sentimentale. Mais même quand, contrariée, elle se mettait à pleurer, les nuages passaient vite et le soleil de son sourire brillait de nouveau. Résumons-nous en disant que, étant donné son très jeune âge, elle avait un comportement idéal. Et - chose rare - ses confidents étaient ses parents. Elle écrivit en effet en tête de son journal : “... je me suis décidée à mettre par écrit les principales choses secrètes que seuls papa et maman peuvent savoir...”. Lycée “Lysippe” - Tarente Pour l’école supérieure, Paola avait librement choisi le Lycée Lysippe où enseignaient papa et maman, qui essayèrent de l’orienter sur une autre route, mais sans la contrarier totalement : ils consultèrent Don Giuseppe. Même Paola recourut à son cher confesseur et directeur spirituel. La réponse fut la suivante : “Essaie de t’appliquer dans les études de telle sorte que tu arrives 7


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aux premières places sans aucune aide extérieure”. Et elle, heureuse, se donna à fond ! La raison pour laquelle elle choisit cette branche du savoir, elle la consigna dans un écrit : “Cette profession (l’architecture) est pour moi la meilleure manière de m’exprimer, dans la mesure où elle n’est pas une fin en soi comme les autres manifestations artistiques, mais étroitement liée aux besoins et aux nécessités de l’homme, unique pivot autour duquel je crois doivent tourner le sentiment et les efforts de chaque artiste”. Elle n’avait pas encore treize ans, ce qui signifie que son but était déjà de “se mettre au service de l’homme” ! Ou de ce “prochain” dont Jésus dit : “Tu aimeras ton prochain comme toimême”, et il en fit un commandement pour ses disciples. Naturellement son objectif était de faire une maîtrise en Architecture. Et elle franchit le seuil du Lycée Lysippe. Alors, ça va bien, pas de problème ? Non. Dans cet auditoire qu’elle fréquenta avec succès elle souffrit beaucoup aussi. Toutes ses compagnes de classe étaient plus âgées qu’elle et celles qui redoublaient étaient sur les dixhuit ans... De plus, la plupart avait déjà connu quelque expérience malheureuse dans la vie. Elle au contraire, limpide comme l’eau de source et très intelligente, devenait gênante : elles se moquaient d’elle et la mettaient en quarantaine. Une compagne de classe écrivit par après : “Pour moi Paola était une incomprise, dans ce sens qu’elle vivait dans un milieu familial merveilleux et avait un rapport de vraie amitié avec ses parents, elle résolvait ses problèmes psychologiques, émotionnels, sentimentaux à la maison, mais nous ne l’avons pas acceptée et c’est nous qui nous sommes trompées, faisant obstacle à son don de soi plein de zèle amical et apostolique... Aujourd’hui il ne nous est resté que des remords” ! 8


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Une autre, Angela Calabrese, qui fit les trois ans du collège et les deux ans du Lycée avec Paola, renchérit au même propos : “J’ai remarqué qu’en nous elle trouvait toujours et de toute façon un appui sûr, même quand nous étions ouvertement opposées à elle”. Bref, à l’école Paola fut toujours admirée et haïe : on digérait mal que cette “fillette” eût des idées élevées et une grande conscience et sûreté de vie... Ces jeunes, peut-être inconsciemment, agissaient selon une expression du livre biblique de la Sagesse : “Mettons-le à l’épreuve pour connaître et éprouver sa résignation” (Sg 2, 19). Elles la piquaient à coup d’aiguille. Nous croyons, toutefois, qu’il n’y avait pas d’éléments “méchants” dans cette classe, mais des méchancetés si : les plus âgées par orgueil ; les autres par incapacité d’aller à contrecourant. Ainsi érigèrent-elles un mur contre elle. Et elle resta seule, seule avec son regret, avec sa déception, avec le refus de son amour offert toujours à coeur ouvert. Et elle pleura. Mais la jeune Paola Adamo, objet d’ironie et de mépris, ne se ferma pas sur elle-même ; elle ne renonça pas à la bataille du bien contre le mal, parce que la clé de sa vie était “servir”. Combien de fois avait-elle entendu lire à la messe festive : “Moi, le Maître, je suis venu pour servir” ! Les parents comprenaient sa souffrance, ils souffraient aussi, mais ils n’intervenaient pas : aucun protectionnisme ! Le papa commente : “Nous voyions clairement son chagrin et sa souffrance pour la solitude dans laquelle elle était réduite à l’école, cela malgré le fait qu’elle était sereine et 9


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joyeuse, sans griefs psychologiques ou moraux, sans ressentiment contre quelqu’un, sans réaction d’orgueil. Elle se battait pour la diffusion et la défense des principes moraux ; pour la construction d’un monde meilleur. Elle était contre le divorce, l’avortement, les soi-disant “expériences”, l’immoralité, bref contre chaque vice” ! Si jeune encore, Paola analysait les drames de ses contemporains ; son âge était fait pour chanter la vie et au contraire, elle apprenait des journaux et de la TV avec douleur les suicides des jeunes. Ce n’étaient pas tant les privations et la pauvreté qui avaient créé le dégoût de la vie, mais - comme elle l’écrit elle-même - les drames familiaux, quant la famille en est à l’effondrement, ou plutôt à la simple vie en commun, quand ce n’est pas la séparation ! Et elle dit : “Dans ce cas les jeunes en sortent introvertis et taciturnes, ou révolutionnaires, agressifs, nerveux”. Et elle continue, en connaissance de cause : “Par réaction, ne trouvant pas une bonne situation en famille, les jeunes commencent à contracter des vices” (Drogue, maudite discothèque et jusqu’au vol... jusqu’au suicide...). À la mort de Paola quelques-unes des compagnes qui se définissent comme des “canetons tristes”, lui écrivent - au Ciel mais en s’adressant à la famille Adamo. Elles la définissent comme un caneton devenu un cygne merveilleux (ce qui fait penser au “Jonathan Livingston seagull” de Richard Bach). Elles disent : “Pauvre de toi, tu étais toujours à l’écart, avec quelques canetons comme toi (par exemple les deux soeurs De Sinno) qui t’aimaient. Mais tu t’efforçais d’être gentille avec tous, rien à faire cependant, on ne voulait pas de toi dans leurs groupes...”. Remarquons que dans certains groupes on parlait “sale”. Mais quand arrivait Paola, il y en avait toujours qui disait : “Taisez-vous, Polly est là” (c’est ainsi qu’on l’appelait). 10


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C’est un fait que les taupes n’aiment pas le soleil : et toutefois il restait dans ces filles un oeil pour la lumière, parce que “Polly” était lumière. Réfléchissons : avant tout Paola fut combattue pour des futilités : elle était si diverse des “champions” de la classe ! Et puis il y avait aussi une jalousie inconsciente (non pas pour la position des parents : mais parce qu’elle était ce qu’elle était), toute vérité, toute beauté, qui de l’intérieur rayonnait sur le visage, dans le sourire, dans la gaieté, dans sa feminité séduisante. En plus Paola était croyante et ne faisait pas mystère de sa foi ! Que voulez-vous, il y a une mode qui fait aussi dire aux plus jeunes : “Je ne crois pas”. Et ils te font seulement de la peine... L’eau qui jaillit limpide et pure de la source vive, fascine d’un côté, et de l’autre elle met mal à l’aise, parce qu’en se regardant dans la glace on est contraint d’avoir honte de soi.

Dieu les fit homme et femme Le grand jeu de la vie est ici. Jésus dit du mariage ou du célibat : “Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne”. Et il précise qu’avec “le célibat”, il veut dire “pour le Royaume”, autrement dit une vocation ; mais la norme concerne le mariage, c’est pourquoi les deux époux deviennent coopérateurs de Dieu dans la procréation. Claudio et Lucia Adamo auraient voulu une belle nichée d’enfants qui, malheureusement, ne vinrent pas. Et cela aussi appartient au mystère : chez Lucia tout était normal, parfait, mais 11


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sa maternité s’arrêta à Paola. Et ce fut une douleur acceptée humblement de la part de la main de Dieu. Aujourd’hui on tue les enfants dans le sein maternel ; on parle de “mariage de fait”. Et cela, même en dehors du christianisme, est effroyable depuis toujours, c’est mortel. Après avoir accepté la situation de l’enfant unique, les époux Adamo investirent en Paola toute l’énergie de leur amour ; ils n’élevèrent pas une poupée ; ils voulurent en faire une femme dans le sens proprement dit et le modèle était Marie, la Mère de Jésus ! Les moyens ? Des trois, faire un ! Et, avec beaucoup d’amour, mais non sans une judicieuse sévérité : à côté de la petite plante en croissance, on met un piquet de soutien ! Un jour, Claudio donna, sans préavis, une claque à la fillette, qui, peut-être, avait désobéi. Et elle ne la digéra pas et alla le confier à son journal. La Bible nous apprend à louer le père qui “se sert du bâton” pour faire de son fils un homme (certainement pas parce qu’il est nerveux !). Ainsi Paola, avec la joue qui brûle, écrit : “Mon papa est l’homme le plus méchant que l’on puisse trouver dans le monde, puisqu’il me dit qu’il me prévient et après la seconde fois, il me donne une raclée ; au contraire cette fois-ci il m’a chargée sans me prévenir...”. Il y a dans notre monde européen une certaine nostalgie de ce temps où une certaine sévérité construisait des hommes et non des épouvantails, des mollusques ou des fantoches. Le jour de la claque précisément, le soir, Claudio était parti à Rome, étant membre d’une commission ministérielle d’architecture auprès du Ministère de l’Instruction Publique. Paola est dans sa chambre et ne peut pas dormir, descend du lit et rouvre son journal. Elle marque surtout l’heure : 22 h 12


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57’ ! Puis : “Papa est parti et tout ce qu’il a dit avant, je ne le ressens plus absolument, et même j’éprouve une tristesse infinie dans mon coeur”. Nous voyons dans cette tranche de vie le tempérament ardent de Paola mais qui se calme tout de suite ; et, pressée d’amour, elle reconnaît son tort. L’amour vrai réside dans la vérité. Mais d’où lui est venu ce grand sens de la vérité, même quand elle doit s’humilier ? De la famille. Don Ruggero Coin dit d’elle : “Si c’est vrai comme il est vrai, qu’à la fin de la vie d’ici-bas, l’homme révèle - ne fût-ce que pour un léger balbutiement - le tissu de toute son existence terrestre, il faut dire que la pensée et les actions de Paola étaient enracinées dans la famille. Mais soulignons que si Paola était très attachée au papa, la plus proche d’elle était certainement la maman”. Il y a une lettre d’une dame - Maria Grazia Bidoli - écrite après la mort de Paola, qui trace le portrait de la maman ; cette maman qui doit être avant tout MAMAN. “Lucia, tu as réussi à accomplir de manière parfaite ta mission de maman. Combien de réalité on trouve dans ce mot ! Il n’appartient pas à tous d’accepter un petit être - don de Dieu - en renonçant à soi-même. Tu es parvenue à modeler ta Paola exactement selon le dessein de Dieu... Tu as fait l’addition la plus parfaite qu’aucun mathématicien ne réussira jamais à faire, en associant au mieux la meilleure part de toi-même et celle de Claudio. Cela a donné lieu à un ange merveilleux (Paola) qui continue à parler avec nous tous, souriante, enjouée, douce, remplie d’amour, comme en témoigne le ‘baiser-à-trois’”. 13


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C’est Paola qui avait inventé ce “baiser-à-trois” : maman, papa et elle, les lèvres unies. Une originalité, mais aussi belle qu’aucun tableau d’aucun grand peintre du passé, présent et futur ne pourra reproduire... Mais quel était le secret de cette famille à trois ? C’était Dieu ! Laissez-nous dire - entre parenthèses si vous préférez que les enfants à qui Dieu est nié sont ou seront toujours malheureux. Malheureusement, et bien loin de la vision biblique comme des moeurs d’aujourd’hui, se multiplient les séparations matrimoniales. Et quelqu’un a dit, et cela fait mal au coeur de l’écouter : “Le monde d’aujourd’hui ? Un clapier !” Mais les enfants, les jeunes, à quoi rêvent-ils ? Ils rêvent, même au-delà du christianisme, la stabilité de l’amour consacré par un rite solennel et contraignant. Ils rêvent la famille chaleureuse, nid d’amour ; une famille simple, une famille ouverte, une famille rayonnante, une famille humaine, quelque chose de sublime sur la terre ! Paola était l’amie idéale mais aussi l’objet de jalousie et peut-être précisément parce que avec spontanéité et joie elle donnait son amour, son aide à n’importe qui et à tous. Il y avait une fillette, dans une rencontre d’amitié entre parents et enfants, dans une pinède en face de la mer : les parents discutaient, les enfants s’amusaient. Paola proposa un jeu, les yeux bandés : se faire conduire à travers un parcours semé d’obstacles. La fille à laquelle plaisait le garçon qui dirigeait le parcours, suggéra - et cela se fit - de faire un trou dans le sable pour y faire tomber l’“aveugle”. Puis elle proposa que la première fût Paola. Et celle-ci se fit une distorsion à la cheville droite et beaucoup d’égratignures... Parmi les pères de famille il y avait un médecin qui lui mit une bande. Tout le monde était pris 14


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de dégoût. Elle pleurait, non pas à cause de la douleur physique. Elle demanda au papa : “Mais pourquoi m’ont-ils fait ça ?” Claudio commente : “Malgré cela elle ne cessa pas de s’engager dans la construction humaine, convaincue que c’était une exigence constante de l’amitié vraie et sincère”. Paola avait appris de Don Giuseppe la sagesse de Don Bosco (qui est recueillie en 19 gros volumes). Don Bosco disait : “Rappellez-vous que ce sera toujours pour vous une belle journée, quand vous réussirez à vaincre un ennemi par vos bienfaits et à le transformer en ami” ! Le Seigneur est mon Seigneur Ce titre est un vers d’un psaume biblique très antique. Les psaumes, que nous chrétiens avons hérité des Hébreux, sont au nombre de 150 dans l’Ancien Testament. Paola les connaissait, mais connaissait plus particulièrement le Nouveau Testament et surtout les Lettres de Saint Paul. Nous pensons que l’on peut dire que son attitude mentale concordait avec celle du fil de l’épée (= radicale) de Saint Paul : couper les cheveux en quatre ! Oui, nous pouvons attribuer à Paola Adamo le passage suivant de la lettre que Paul (anciennement Saül) écrivit de Rome aux Ephésiens : “Ne constristez pas l’Esprit Saint de Dieu, qui vous a marqués de son sceau (Baptême, Confirmation) pour le jour de la rédemption. Faites disparaître de chez vous aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, avec la malice sous toutes ses formes. Montrez-vous au contraire bienveillants et compatissants les uns envers les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonnés dans le Christ” (Ep 4, 30-32). 15


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Ces dernières recommandations de l’apôtre Paul mettent précisément au premier plan Paola. À neuf ans seulement elle écrivit : “Pour vivre éternellement il faut prémunir la part la plus importante contre les péchés et les fautes, et cette part est l’âme. Voilà la clé de la vraie vie”. Elle écrivit cela. Elle vécut cela ! Elle avait lu, au deuxième dimanche de Noël, que Dieu nous a créés “pour être saints et immaculés en sa présence dans l’amour”. Et en effet elle ne fut jamais aigre. Mais décidée oui. Un jour à l’école (deuxième année de Lycée) elle était au tableau et effaçait un dessin avec un chiffon crayeux. Non loin se trouvait une sorte d’énergumène, redoublante et insolente qui proféra à haute voix un blasphème. Depuis des siècles et des siècles, pour les Juifs et pour les chrétiens tout comme dans toutes les religions, le blasphème contre Dieu - l’ÊTRE suprême - est sévèrement interdit au point d’entraîner la peine de mort pour celui qui s’en rend coupable. Entendant ce blasphème, Paola se retourna rapidement comme le vent et lui envoya dans la bouche le chiffon... L’autre, furibonde, cracha de la craie. Et elle débita des paroles courroucées : “Mais que fais-tu, tu deviens folle ? Qu’est-ce qui te prend ...?” Droite, fixe et indignée, Paola lui répondit : “Je le ferai une autre fois si tu blasphèmes encore !” Et Lippo (c’était l’une des meneuses du pire) se mit de nouveau à blasphémer. Et Paola lui enfonça encore le chiffon dans la bouche dans un silence stupéfait de toute la classe. Nous avons déjà dit que penser était un plaisir pour Paola ; mais l’objet de pensée le plus fréquent et le plus profond sur le versant intérieur était Dieu ! Et, en pensant à Lui, il s’élevait dans son âme une force libératrice qui la conduisait audelà des mondes visibles, la rapprochant du Créateur dans des moments plus réceptifs, dans une lueur de lumière et de vérité 16


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éternelle qui l’amenait, dès son jeune âge, à l’équilibre et à la stabilité. On pourrait même utiliser le terme de “plénitude” qui est intégrité, totalité. En elle il n’y avait pas d’ombres ni subterfuges, vraiment pas d’obscurité ni de ténèbres. Elle était sûre que la mesure de toute chose - la valeur - c’est Dieu, à qui elle pensait joyeusement, particulièrement dans son auto-communication, dans le don de son Fils Jésus à nous, pour notre salut. Cependant elle n’était pas étrangère aux choses belles et bonnes de la vie, comme un beau vêtement, un voyage à l’étranger par exemple, ou une motocyclette de gros cylindre. Et cela est normal, juste. Mais il y a toujours un “au-delà” ; quelque chose de plus parce que nous, les hommes, nous sommes insatiables. Paola avait toutefois été rassasiée depuis qu’elle avait appris que Dieu s’était fait homme (son partenaire, ami, sauveur). Et, par exemple, elle avait renoncé à ses beaux cheveux longs parce qu’ils ne plaisaient pas à sa marraine. Elle était allée au salon de coiffure et puis avait écrit à la tante-marraine : “... Zac, un coup seul et tous mes cheveux sont par terre”. Ça semblera être peu de chose mais en fait cela ne l’est pas : condescendance, renoncement, détachement, victoire sur la vanité si l’on peut parler de vanité ici. Nous avons dit : forte, décidée. Pour cela elle aurait voulu - et elle y serait parvenue si la mort ne l’eût emportée si prématurément - être la “Révolutionnaire du Christ” ! Elle discutait parfois avec quelques compagnes qu’elle invitait à passer l’après-midi à la maison. Elle cherchait à les éloigner de la video et, là, sur la grande terrasse du onzième étage de l’édifice elle disait, avec paix et sûreté : “Si Dieu est la source de toute chose, Lui seul pourra nous rendre vraiment heureux ; pas l’argent, ni le pouvoir, ni le plaisir qui est fallacieux”. 17


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Aujourd’hui ces compagnes de classe disent avec mélancolie : “Mais nous ne la comprenions pas...” Pour elle au contraire, immergée en Dieu, elle comprenait de plus en plus ce qui s’appelle “le scandale de la Croix”, jusqu’au point d’assumer ou de faire siennes les paroles de Paul : “Ma vie, c’est le Christ et Jésus-Christ crucifié, et mourir pour moi est un gain”. Et la mort l’épiait. Et elle ne le savait pas... Elle vivait le moment heureux de la jeunesse, qui est un vrai printemps, une vraie trille, une vraie découverte de la beauté. Sa mère Lucia dit que, au-delà de la gaieté toute humaine, “sa joie était toute chrétienne, toute paulinienne...” Et c’est une affirmation qui va jusqu’au fond de l’être, au centre de la vie. Paul dit : “Réjouissez-vous dans l’espérance, forts dans la tribulation, persévérants dans la prière, pleins de sollicitude pour les nécessités des frères, prévenants dans l’accueil” : c’était cela son modèle. Mais l’amour était Notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi Lucia affirme-t-elle que sa joie était toute chrétienne... Et que disent d’elle ses professeurs quand elle est “transférée ailleurs” ? “... Paola, mon élève la plus intelligente !” (prof. Cosimo Fornaro). “Paola n’est pas passée en vain à côté de nous. Elle a laissé un souvenir fait de jeunesse, de rêves, d’espérances terrestres, mais aussi d’une foi profonde. Et je peux affirmer avec fierté qu’elle a été quelque chose d’important dans ma carrière d’enseignante de Religion” (prof. Maria Grazia Saliva). Espérances terrestres ? Certainement. Dans les discours amicaux avec quelques compagnes, elle disait à propos de l’avenir : “J’irai à l’Université de Naples... Et peut-être là je 18


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trouverai mon homme”. Ainsi se dessinait clairement sa vocation au mariage, à la famille... Mais la mort la guettait ! Continuons cependant à écouter les enseignants : “Cette merveilleuse petite femme vive, joyeuse, très intéressée par tout ce qu’elle voyait et écoutait, quand en classe elle s’adressait à moi ou aux compagnes avec la spontanéité qui la caractérisait, je pensais : voici une jeune fille parfaitement insérée dans la famille. Paola est restée dans mon esprit comme une des élèves les plus turbulentes et à la fois une des plus naïves et des plus précoces” (prof. Pinuccia Merico). “Paola avait tout ce qu’une jeune fille de son âge devait avoir : honnêteté envers les compagnes, sens de l’amitié, application continue dans l’étude même au prix des sacrifices dont elle ne semblait même pas se rendre compte” (prof. Rosaria De Vittorio). Et la même enseignante renchérit encore : “... Dans les accrochages (à l’école avec les compagnes), quand elle se rendait compte qu’elle n’était pas comprise, elle souffrait en silence, sans se défendre (et cela vous semble-t-il peu ? !). Son intrépidité était inflexible et tenace dans la défense des valeurs (vraies) et de ces principes auxquels son âme ne pouvait renoncer...” Peut-être une petite Jeanne d’Arc ? ! Encore une considération de l’enseignante Maria Gaudio : “Paola m’a toujours été sympathique à cause de son caractère extraverti et sensible, à cause de son sérieux et de sa simplicité. Je me rappelle que, malgré son très jeune âge, elle essayait de faire prévaloir ses idées (excellentes) avec une fermeté et une certitude telles qu’à certains moments elle paraissait plus âgée que ses compagnes... Dans la période critique de l’adolescence, 19


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dotée comme elle était de contrôle intérieur, elle ne se laissait pas tenter par l’exhibitionnisme facile, commun aux jeunes filles de son âge. Simple, joyeuse et vive, elle laissait transparaître le bonheur quand elle était comprise et acceptée. À l’école, dans une société qui n’accorde souvent aucune valeur au fait d’être studieux et appliqué, elle a servi d’exemple à toutes les compagnes”. ... Ces compagnes qui dans la suite, après sa mort - le premier jour de classe de la troisième du Lycée, son banc était inoccupé - éprouvèrent un remords de conscience. Et le regret les accompagna pendant longtemps... Paola donc, élève modèle, avec la séduction d’une jeunesse limpide. Mais à l’évidence, la base de ses vertus était sa solide foi chrétienne. Nous devons ajouter que son christianisme solide - salut dans le temps et pour l’éternité - était greffé sur un tronc authentique : la famille ! De la “Radio Don Bosco” de Bova Marina, Don Coin dit d’un ton solennel : “Paola, dont le visage de femme tournée vers l’intérieur, est celui d’une chrétienne, parce qu’elle vivait du Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie. Et se conformant au prêtre, elle se réjouissait en entendant répéter, durant la messe, quand on élevait l’hostie consacrée : ‘... Par Lui [Christ], avec Lui, en Lui’”. Vivre et mourir en Lui était pour elle la confirmation que Dieu est la vie, et que la vie ne peut mourir. C’est “aller au-delà”. La mort est aussi appelée trépas, alors que dans l’impénitence finale elle s’appelle l’enfer !... Mais Paola savourait le “nous ressusciterons” au son de la dernière trompette. Dans son livre “Dialogo con Paola”, Claudio pouvait écrire “cette fille inoubliable, et pas seulement pour moi et pour Lucia, par sa transparence, sa simplicité, sa fermeté, sa franchise, 20


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son christianisme total, vivait son jeune âge dans une exubérance pleine de charmes !”. Oui, une jeune fille de ce type pouvait chanter comme l’alouette, cet oiseau chanteur par excellence : Le Seigneur est mon Seigneur. Je ne manque de rien. Que s’écroulent les montagnes et les mondes, Le Seigneur est mon Seigneur.

La mort sournoise se fit précéder par la maladie Paola avait commencé à pratiquer le volley-ball, dirigé par le prof. Giuseppe Caputo. Et cela lui plaisait beaucoup. Les vacances étaient proches : l’année scolaire 1977/78 se terminait. Précisément un des derniers jours de classe, elle sentit un mal de dos du côté droit. On appela le médecin qui, l’ayant visitée, dit : “Fatigue à cause du volley-ball : rien de préoccupant”. Et elle alla à l’école, même si elle avait déjà fini et bien fini les devoirs et les interrogations. Elle ne mettra plus pied dans cette classe ! Claudio, dans le tragique moment “après”, relira plusieurs fois les compositions de sa fille qui étaient étudiées, fouillées, rédigées presque comme des lettres. Il relisait surtout (et les larmes lui embrouillaient la vue) le développement sur la fantaisie, que Paola avait commencé ainsi : “C’est vrai, la fantaisie est la plus grande alliée de nous 21


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tous ; elle nous permet de nous évader de la réalité et de nous construire un monde entièrement à nous, etc.”. Puis elle rentre en elle-même : “Je crois qu’un bon début consiste dans le fait de ne pas avoir honte de soi ; de savoir lire en soi-même ; de parler avec des mots simples et fidèles à la pensée ; de s’efforcer de décrire les sentiments avec les mots adaptés et précis. Mais l’unique manière de mettre en évidence la fantaisie est l’Art, etc. La fantaisie, la petite fantaisie (pas celle des grands artistes) mais tout aussi importante, appartient à tous. On la trouve chez le pauvre qui rêve d’une grande maison chaude, bien éclairée et pleine de confort... On la trouve chez le saint qui dans la gloire de Dieu rêve d’un monde entier rempli de méchants afin de mieux se mesurer avec les défis de la catéchisation et de la rédemption des pécheurs et acquérir ainsi plus de mérites devant le Seigneur et le posséder éternellement”. On a l’habitude de dire que la langue se porte là où la dent fait mal. Ici le proverbe peut vouloir dire “présence amoureuse de Dieu” ou, comme dit le catéchisme, “union avec Dieu”. Et nous croyons, documents à l’appui, que Paola vécut l’union avec Dieu à la manière de Don Bosco ; “union avec Dieu” précisément, alors que Don Bosco s’occupait de mille choses, assailli, absorbé par ses jeunes, par d’innombrables personnes... être tous de Dieu et être tous en tout... Pas facile ! Paola conclut psychologiquement : “LA FANTAISIE ! cette grande alliée. Mais attention à ne pas la transformer en habitude, puisque l’on finit par vivre hors du monde réel en aboutissant à de grandes délusions et en ouvrant les portes à de grands drames. ALORS : fantaisie OUI, mais avec modération, ou beaucoup de coeur dans toutes les choses mais dans toutes les choses beaucoup de cerveau”. Les compositions scolaires de Paola ne sont pas des “devoirs” ; ce sont des études du passé lointain et du présent. Elle 22


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dissèque, elle scrute l’argument ; elle en discute avec son père et avec sa mère, trie, choisit, exclut. On avait donné un thème sur la mode. Et elle partit de très loin : antique mode en Perse, en Egypte et puis en Europe jusqu’à nos jours. Et ici elle donne son jugement : “Aujourd’hui les ateliers de mode fonctionnent à plein régime grâce aux services publicitaires parfaits, développant l’esprit de consommation de notre époque historique. L’homme devrait pouvoir personnaliser son mode d’habillement, évitant que tout le monde soit pareil (comme des marionnettes) dans une uniformité avilissante et monotone”. Celui qui a du bon sens lui donne raison. Et elle passe maintenant de l’habit à l’homme qui “apparemment semble transformé, mais en fait, avec toutes les mystifications de nos jours, il se rebelle devant la banalisation générale et la mode ne fait rien pour alléger cette frustration qui, justement parce qu’elle est supportée par tout le monde ou même recherchée, est passée sous silence par tous et, ce qui est pire, est niée”. Paola a raison, même si elle ne veut pas nous dire qu’aujourd’hui on doit porter les longues jupes à crinoline des grands-mères et arrière-grands-mères... Libre choix n’est pas refus ; le fléchissement (comme tout le monde fait) est étourdissement. Ce thème pourrait être une leçon à conclusion étroite. Elle exclut simplement les extravagances de la mode, l’excentricité, la servitude. Elle aime la simplicité, non la platitude ; elle n’accepte pour le moins du monde qu’un habit ayant une marque soi-disant importante l’effleure même... Revenons au mal de dos. Claudio dit que dans les tout premiers jours des vacances, avec le repos qui s’ensuivit, toute 23


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douleur cessa, même si avec Lucia il ne perdait pas de vue l’état général de la fille. Elle rêvait de vacances napolitaines où l’attendait le poulain Falchetto de l’oncle pour quelque belle chevauchée ; et puis ils seraient allés à Trieste chez l’oncle paternel, où il y avait deux cousines avec qui elle pouvait se divertir. Rêve, ô homme, rêve... Mais au tournant de la route tu ne sais pas ce qui t’attend... ! La Famille Adamo était à la maison. Et Paola s’était mise au lit, alors que se jouait la coupe du monde de football (10 juin 1978) et elle aussi se leva vers 22 heures, s’assit dans le fauteuil devant le téléviseur. Mais elle se sentit traversée par des frissons. Lucia lui prit la température : quelque trace de fièvre. Le matin suivant on partit pour Naples ; la petite fièvre était disparue. Mais, à l’arrivée chez les oncles (frères de Claudio), la fièvre éclata violemment et en augmentation constante. Vint un médecin qui diagnostiqua la bronchite. Claudio se mit en contact avec leur médecin de Tarente et entretemps Paola eut envie de retourner à la maison. Il y eut une discussion entre les parents, et on décida de rentrer. Paola - peut-être pour ne pas impressionner les parents se vêtit de manière sympathique à la chilienne avec un grand chapeau sur la tête et, droite comme un cierge elle monta dans la voiture, sans laisser transparaître aucun signe d’épuisement. À Tarente, juste après l’arrivée, vint le médecin qui diagnostiqua une pleurésie liquide. D’autres amis médecins vinrent, la visitèrent et confirmèrent le diagnostic. Un spécialiste sanctionna le verdict. On commença des soins intensifs, mais la fièvre ne s’arrêtait pas : l’ancienne hépatite virale retournait de plus belle. Claudio écrivit après : “Je me sentis mourir !” 24


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Médecins tous les deux, l’oncle Corrado et sa femme Giulia arrivèrent de Potenza, et déjà Paola était en état comateux... On décida de l’amener à l’hôpital “Cotugno” à Naples. En deux heures de course folle ils arrivèrent à “Cotugno”. Et Paola demanda : - Mais papa, pourquoi sommes-nous de nouveau à Naples... ? Papa, est-ce que je guérirai ? On fit toutes les tentatives pour la sauver durant trois jours de spasmes. Puis les médecins furent contraints de dire la vérité : la partie était perdue. Le dernier espoir résidait dans l’hémodialyse, à risque, et il fallait la signature du père de la malade pour intervenir. Et Claudio signa. Il dit : “Je me sentis confirmé comme père et ... assassin par amour !” Puis écrira Claudio : “Ma délicieuse, vive, tendre, joyeuse, bien-aimée, douce, très sensible, très courageuse Paola, parfum de vie, notre tendresse, était en train de s’en aller brisée, foudroyée... Elle s’éteignait lentement dans nos bras... Elle appelait faiblement : “Maman, papa !”. Ensuite elle regarda autour d’elle : il y avait tous les oncles et la marraine, tante Maria. Avec une voix à peine perceptible elle les salua un à un, chacun par son propre nom : “Salut oncle... salut tante Maria !”. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus au moment de l’agonie avait demandé : “Mère, est-ce la fin ? Comment mourrai-je ... ?” Paola non, elle ne demande rien ; elle sait qu’elle est en train de mourir. Et elle salue les siens un à un, chacun par son nom. Puis elle fut amenée dans la salle de réanimation complètement consciente. Elle regardait intensément la maman ; ses grands yeux disaient des mots jamais entendus par une oreille humaine. Et la maman répondait aussi avec des mots sans son. Le temps s’arrêta. Lucia fut transpercée par cette lance qui déchira la 25


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poitrine du Christ mort... Avec Claudio elle confia à Dieu son enfant. Et les anges l’emportèrent. Vous les jeunes, qui lirez ces lignes, vous sentirez le souffle glacial de la mort dans le coeur. Mais en nous tout ne meurt pas.

Début de l’année scolaire 1978/79 - En Troisième du Lycée C’est le premier jour de classe de la troisième année de Lycée au Lysippe. L’enseignant fait l’appel. Mais en tête de la liste il n’y a plus le nom de ADAMO PAOLA. Les filles se toisent d’un regard interrogateur. L’une d’elles dit : “Elle est morte”. Silence absolu, suspense incrédule. À l’intervalle, une fille qui avait été à la messe d’enterrement à la paroisse Saint Jean Bosco (et Don Giuseppe Schiavarelli avait célébré non avec la chasuble violette, mais blanche, non la messe des défunts, mais celle des Anges) raconta... Il y a un mauvais proverbe dans la langue italienne qui dit : “Le mort repose et qui reste se tranquillise”, ce qui veut dire : oublie. Mais ici c’est le contraire : même ces compagnes de classe qui l’avaient contrariée, tremblèrent de douleur et de remords. Giuliana De Sinno sanglotait. En juin elle avait écrit à Paola une lettre que nous rapportons partiellement. “Chère Paola, ... quand je te téléphone personne ne répond. J’ai su que tu as été à Naples, mais que tu as été malade à l’improviste... Comme vas-tu maintenant ? Quand rentreras-tu ?... Si tu veux, viens me trouver et tu nous feras un très grand plaisir : je t’envoie une petite carte que je dessine au verso de la lettre afin 26


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que tu puisses mieux reconnaître la petite villa du village touristique (c’était en montagne)... Je t’envoie par poste une grosse bise. Ta Giuliana”. Il y a aussi une lettre d’Angela Calabrese (qu’à l’école on appelait “Calabrone”) adressée à Claudio et Lucia : “Celle qui écrit est une compagne d’école et amie de Paola... J’ai senti le besoin de vous écrire quelque chose qui puisse vous assurer que nous aussi nous sentons très fort le souvenir de Paola... J’ai participé à la sainte Messe à Tarente et je suis restée émue devant votre douleur... Certainement la mienne n’est pas comparable à la vôtre, mais la perte d’une amie si chère a été aussi grande pour nous, les filles... Je ne voudrais pas vous blesser outre mesure par mes souvenirs. Souvenirs ? Est-il possible que ce soit déjà des souvenirs à une si brève distance ? ! Je ne réussis pas à me convaincre que Paola n’est plus !”. Vers la fin de la lettre Angela écrit quelques mots surprenants : “J’ai pris Paola comme ange gardien et je la prie chaque soir”. Combien de lettres pourrions-nous rapporter ? Aujourd’hui elles sont plus de mille : condoléances, affection, regret, admiration, désir d’imitation (je voudrais être comme elle). Ce sont des garçons et des filles qui écrivent mais aussi des mères qui aimeraient soulager cette grande douleur... Mais qui pourra sonder le déchirement de Claudio et de Lucia ? Ils burent le calice amer jusqu’à la lie, seuls ! À partir de ce jour ils vécurent attachés à la croix du Christ. Elle dans une mer de larmes. Lui nous avoue que, à la fin de cette Messe, il demanda de mourir ! Un jour où il était seul à la maison et que Satan lui suggérait de se jeter à corps perdus de la terrasse, il écrivit : “Je vis et j’en ai honte, terriblement honte. J’ai honte d’avoir survécu 27


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à une si grande douleur. À une douleur aussi déchirante, aussi bouleversante, aussi lancinante et destructive, oui, j’ai honte de vivre. J’ai honte de devoir mener une vie qui n’a plus l’“autel” sanctifiant. J’ai honte de ma bonne santé ; je vis et j’en ai honte”. Lucia était pétrifiée : elle aussi, comme la Madone de Michel-Ange, tenait sur les genoux sa créature, déjà morte, comme quand elle était née. Elle se réfugiait chez Claudio et avec lui dans le Christ : réfugiés dans le Christ, ils méditaient leur mésaventure terrestre. Claudio se disait intérieurement : “Avant nous étions des parents fiers et satisfaits, confiants en Dieu. Maintenant désemparés et pauvres, nous nous retrouvions comme des “réfugiés” dans le Christ, des “barricadés” dans le Christ. C’est grâce à lui que nous savons que celui qui donne beaucoup, reçoit beaucoup. Et Paola - sciemment - a donné le maximum, la vie ! Nous, pauvres de nous, notre tout : Paola”. Et, presque halluciné : “C’est dur de renoncer à la vocation de père. C’est dur même avec le Christ dans le coeur, c’est dur ! Mais même vaincu, je peux dire abattu, je l’affirme : heureux sommes-nous d’avoir eu le don et la joie de te mettre au monde, mon ange”. C’est un homme vrai qui parle, un vrai chrétien. Et lui et Lucia allèrent à Jérusalem (certainement pas comme touristes) et parcoururent la “Voie douloureuse” ; ils s’agenouillèrent sur la roche blanche du Gethsemani, ils montèrent au Calvaire et arrosèrent des larmes le Saint Sépulcre... Ils rentrèrent à trois : le troisième était le Christ presque palpable, qu’ils avaient aimé plus que jamais. Ils n’avaient pas dit à Gethsemani : “... Éloigne de nous cette heure” qui était toujours devant leurs yeux. Claudio pria ainsi : “Père, tu dis que tu es le Dieu des vivants et je le crois. Accorde alors à moi et à Lucia la vie des vivants (il voulait dire celle des morts). Fais en sorte que 28


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pour nous deux se conclue ensemble la répétition générale. Commence aussi pour nous, comme pour Paola, la représentation éternelle... !”. Après ce voyage, unis dans un amour jamais terni, les deux se sentirent comme délivrés de ce terrible chagrin qui menaçait de les conduire vers l’épuisement psychique. Puisqu’ils étaient tous les deux enseignants au Lycée Lysippe, ils voyaient comme un film fantastique, et dans chaque jeune leur propre fille. Mais, au-delà de la fantaisie, ils aimaient leurs élèves comme leurs enfants... Ils ne s’étaient pas révoltés contre la mystérieuse volonté de Dieu ; leur coeur ne s’était pas durci. Ensuite tout fut comme avant, mais pour Claudio et Lucia les jours étaient une cascade impétueuse et fracassante qui les étourdissait. Chaque fois une ancienne compagne de Paola faisait un saut, à l’intervalle, pour les saluer ou leur écrivait un petit billet, comme avait fait Paola de par le passé. Et le chiffonnier des effets de Paola les conservait... Écoutons par exemple Tonia Marsella : “Nous commençons maintenant à comprendre ce qu’était vraiment Paola : pleine de joie et d’esprit, amie, et amie en particulier de ses parents. J’avoue cependant que j’aurais préféré ne pas comprendre tout cela, mais t’avoir encore ici avec nous, croismoi Paola !”. Brunella Turco : “L’amitié avec Paola m’a laissé beaucoup de choses, surtout le souvenir d’une jeune fille qui aimait beaucoup la vie et qui avait en tête beaucoup de projets qu’elle espérait réaliser, et qui nous laisse ses rêves incomplets”. Angela Lupoli : “Même si Paola n’est plus physiquement avec nous, je la sens au-dedans de moi, je la sens proche”. 29


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On fit au Lycée Lysippe un concours avec prix pendant trois ans successifs sur Paola Adamo, l’élève défunte. Et il est écrit que ce concours suscita “un fleuve inimaginable d’amour”. Les lauréats furent six chaque année. Et c’est Claudio et Lucia qui offraient les prix. Dans le passé, à Noël, Claudio devenait “Père Noël” et, avec les cadeaux, il écrivait avec la main de la maman une lettre affectueuse à Paola. Eh bien, à Noël 1978, même si elle n’y était plus, il écrivit... Elle lisait du Paradis ! “Mon trésor, une salutation, une salutation encore, la dernière ; une salutation tous ensemble comme nous le faisions habituellement ; une salutation en nous échangeant notre baiser rituel à trois, en disant : Louange à Dieu pour la grâce de ta naissance. Louange à Dieu pour la grâce de ton amour. Louange à Dieu pour la grâce de ta pureté. Louange à Dieu pour la grâce de ton intelligence. Louange à Dieu pour la grâce de ta bonté. Louange à Dieu qui, l’année du malheur qui t’a arrachée de notre maison, a décrété l’année de grâce pour la ‘sainte’ qu’il nous a donnée dans ‘Sa Maison’”. Le 9 juillet 1979, Eva Rossi écrivit aux amis Claudio et Lucia : “Très chers, Il ne m’a pas été possible de vous écrire avant parce qu’après Tarente, j’ai été à Bari chez une amie et chez les parents. Je voulais vous dire que le livre reçu de vous en souvenir de la chère Paola est charmant et émouvant...”. Interrompons la lettre d’Eva pour des explications : Claudio, au lieu de l’habituelle image-souvenir de la personne défunte, avait écrit un livre de grand format (30 x 22, 140 pages), épanchant son âme déchirée en paroles qui, des fois, font couler du sang. Il l’avait fait pour lui-même, pour Lucia, pour les 30


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parents et les amis, pour les amis de Paola aussi... Mais il l’avait dédié à elle, à Paola. On lit à la page 67 : “Paola, notre ange, petite étoile, nous sommes convaincus que si tu peux encore te démener pour notre oeuvre, tu accepteras bien volontiers ce don (le livre) qui suscitera dans ces frères les ferments et les ardeurs nouvelles que tu as toujours recherchés et vus dans chaque compagne ou compagnon et pour lesquels tu as toujours et depuis toujours combattu, en dépassant toute amertume, tout découragement, grâce à tes forces limitées, simples et tenaces. À toi, très chère Paola, le dernier cadeau, au moment où nous offrons à eux tes pensées, à eux tes sentiments, à eux tes écrits, tes projets, tes modèles ; mon trésor, à eux ta foi chrétienne, ton humanité, ta joie ; à eux ton sérieux, ta joie de vivre. ... Tu as déchaîné en tous un fleuve ineffaçable d’amour et d’offrande qui est déjà, et s’élève au-delà de toi-même”. Don Giuseppe avait été transféré à Bova Marina. Il manqua beaucoup à Claudio et Lucia : il avait conduit Paola à travers les voies de l’esprit presque comme son “père” et continuait à être le directeur (ou père) spirituel de Claudio et Lucia. Ce fut une nouvelle souffrance. Peut-être ce fut à cette heure que Claudio écrivit : “Et maintenant ? 31


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Maintenant plus rien. Complètement seuls ! Nous deux seuls, tout en étant unis plus qu’avant...”. Et maintenant continuons à lire chez Eva : “...Ses pensées (celles de Paola) et son amour pour vous étaient sublimes et les vôtres pour elle étaient merveilleux. Votre union était parfaite. Je ne pourrai jamais vous oublier tous les trois... Dans son attitude religieuse, Paola était une âme d’élite ! Le Seigneur a voulu à côté de lui une petite SAINTE. Le vide est atroce, je le sais, mais elle est toujours présente... Une amie à moi qui a lu le livre (Dialogo con Paola) me dit : “Je prie Paola maintenant qu’elle est proche de Jésus. Je suis sûre qu’avec le temps, la chère Paola aura les honneurs de l’autel”... Je vous embrasse. Eva”. Oh, si c’était une prophétie ! Les jeunes et les époux, les familles en ont tellement besoin !

Le Pape Jean-Paul II s’émeut lui aussi À propos des lettres, ajoutons qu’un jour, seul à la maison (Lucia était à Bologne) et assailli d’une douleur déséspérée, Claudio s’assit à la table et écrivit au Pape, et lui envoya le livre “Dialogo con Paola”. Le pape fit répondre par voie officielle, autrement dit par l’intermédiaire de l’archevêché de Tarente. Un matin le téléphone sonna dans la famille Adamo. Lucia prit le récepteur. À l’autre bout du fil il y avait la voix paternelle de l’archevêque Guglielmo Motolese : - Mais qu’est-ce que vous nous avez fichu là ? Vous avez ému même le pape ! Et il ajouta qu’il y avait une lettre pour eux. Claudio et Lucia se rendirent à l’archevêché et retournèrent à la 32


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maison avec cette lettre qui est un des joyaux plus précieux de leur collection. En bref, la lettre, au-delà de toute la compréhension et participation du Vicaire du Christ, contenait une invitation à une messe privée de Jean-Paul II, avec préavis. Vous pouvez imaginer la surprise, l’exultation des deux “orphelins” qui les liait toujours plus à Paola ? ! Ils répondirent immédiatement. Claudio dit ainsi : “Voilà, c’est elle - Paola - qui ne “parlait” plus seulement à eux deux, mais aussi à Lui, au cher Jean-Paul II !” Naturellement le premier à être informé fut Don Giuseppe, lui aussi heureux et presque incrédule. De Bova Marina il écrivait à intervalles rapprochées à ses deux pénitents désolés. Parfois il ajoutait quelque extrait tiré d’un livre, pour adoucir leur grande blessure. Et ils lisaient, ils relisaient, versant des larmes moins amères. Relisons nous aussi au moins une de ces pensées en forme de poésie d’Amedeo Hervo : Je t’offre, ô mon Seigneur, ma douleur. C’est tout ce que me laissa le destin. Tu me donnas un amour, un seul amour, un grand amour. La mort l’emporta. Et il ne me reste plus que ma douleur. Accepte-le, Seigneur. C’est tout ce que me laissa le destin. Claudio et Lucia appartenaient à l’Association des “Coopérateurs Salésiens”, fondée par Don Bosco lui-même. Et leur écrivant, Don Giuseppe reprit cette phrase de Don Bosco : “Je donnerai tout pour gagner le coeur des jeunes et ainsi je les offrirai à Jésus”. Et il ajouta : “Nous devons penser aux jeunes au nom de Paola”. 33


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Il en parla avec Don Coin, son vicaire qui avait installé un émetteur radiophonique salésien à Bova Marina. Rendons-nous compte ! Une fillette comme Paola qui parlerait aux jeunes de sa génération sur les ondes qui atteignaient presque tout le sud de l’Italie. Et Don Ruggero Coin s’y mit à corps perdu... Le samedi 6 octobre 1979, il parla d’elle, ayant dans les mains le “Dialogo con Paola”. Immédiatement après, il écrivit à Claudio et Lucia, leur demandant pardon d’avoir commencé sans leur accord préalable. Sa lettre finit ainsi : “Merci pour le bien que vous m’avez fait (il en était déjà passionné). Merci pour la “petite-fille” de Saint Paul !”. Après ce premier samedi, il y en eut neuf autres et, naturellement, Claudio et Lucia ne perdirent pas un seul mot. Très brièvement, prêtons oreille nous aussi aux émissions du samedi. Don Coin, au micro, dans la première transmission, à un certain moment, adresse la parole aux parents de Paola : “... Dans les larmes entonnez pourtant l’Alléluia de l’amour intégral. Votre Paola répétait souvent : ‘Qui croit en Dieu a le monde en main’”. Avec son “CREDO”, oui, elle avait vaincu le monde ; elle ne s’était jamais laissée dominer par ce monde dont le Christ dit : “Je ne prie pas pour le monde”. Après avoir entendu lire cela à l’ambon de l’Évangile, elle savait que “le monde est dans les mains du malin...”. Dans la deuxième émission, il dit en s’adressant à Claudio et Lucia : “Votre douleur s’associe à la foi dans la grandeur de l’existence de Dieu dans laquelle vit Paola”. Troisième émission : “Aimer parfaitement, c’est habiter dans l’autre. Je voudrais que puissent m’écouter ces mères qui 34


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s’exclament avec angoisse : ‘Mon fils, ma fille ne me parlent jamais. Je leur semble une étrangère...’. Chères mamans, les enfants sont la chair de votre chair, de votre sang ; en vertu de cette loi ils habitent en vous et vous en eux. Ouvrez vous-mêmes le dialogue”. Quatrième émission. Don Coin répète aux auditeurs de la radio quelques mots de Claudio, comme si c’était une sincère et vraie confession : “Heureux sommes-nous (heureux ?), heureux sommes-nous, chère Paola, parce que dans sa bonté Dieu t’a ravie et emportée pour que le mal ne change pas tes sentiments, qu’il ne fasse pas dévier l’âme ; afin que la séduction du vice et le déchaînement des passions ne ruinent pas ton âme simple”. Sixième émission. Paroles de Paola : “Attends avec patience et tu auras tout ce que tu désires” (je pense qu’elle veut dire qu’il ne faut pas brûler les étapes ; ne pas goûter prématurément ce que la nature dispose dans le temps selon ses lois, autrement on récolte seulement la désillusion et la tristesse). Septième émission : “Oui, c’est vrai, pour nous chrétiens la mort est une naissance ; naissance à la nouvelle vie, à la vraie vie (...). Oui, Paola est chez Toi, je le sais. Tu nous as donné ton Bien, le Christ ! Tu dis que tu es Dieu des vivants, et je le crois. Donne-nous alors, à moi et à Lucia, la vie des vivants...”. (Ici, l’on retrouve le désir de Claudio - tout comme celui de sa femme - de mourir, tant était grand le déchirement de son âme). Huitième émission. Don Coin lit des extraits de lettres de Tonia Marsella et d’Angela Calabrese comme remerciement : “Merci à ces deux amies de Paola qui ne veulent pas faire taire la harpe de leur chant et qui de leur coeur touchent notre coeur, 35


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nous transportant hors du temps, nous faisant oublier ce qui passe comme du sable et nous faisant penser à l’éternité”. Neuvième émission. Parlant à Claudio et Lucia, il affirme : “... Votre amour, qui vous fait pleurer ensemble le départ de Paola, se gonfle d’espérance et vous dit que tout en étant ravie dans l’extase de Dieu, elle vous a laissé une tendresse si vive que vous n’aviez jamais connue avant, et qu’elle vit en attente de votre venue...”. Dans la dixième et dernière émission, la régie fait le point : “Nos collaborateurs sont contents de la grande admiration positive qui nous parvient en retour, pour cette jeune - Paola sage et passionnante sur le plan humain et sur le plan chrétien. ‘Vita mutatur, non tollitur...’ (La vie est transformée, elle n’est pas détruite)”. C’est un acte de foi, mais c’est aussi l’exigence la plus profonde de l’homme, pouvoir “monter jusqu’aux étoiles”, plonger dans l’éternel... La vie de Paola est différente, elle est ailleurs, mais elle n’est pas détruite ! Il y eut une soirée de clôture avec une grande participation, spécialement de jeunes, avec un spectacle musical, en présence de Claudio et Lucia. La présentatrice - Concetta Toscano - aurait dû signaler la présence des parents de cette fille, qui, d’au-delà des étoiles, avait élu domicile pendant près de deux mois dans leur Radio, mais elle se sentit très émue ; elle n’eut pas envie de parler. Et Don Coin la remplaça. Disons, en passant, que les salésiens de Rome, avec leur station émettrice, refirent l’expérience et y réussirent très bien comme à Bova ou à S. Giorgio Jonico de Tarente, dont la station est dirigée par le prêtre diocésain Don Domenico Morciano. 36


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Les lettres qui arrivaient déjà très nombreuses augmentèrent encore. Beaucoup de lettres de jeunes, mais aussi de mamans. Nous rapporterons quelques extraits parce que l’amour de chaque maman, à l’écoute de Radio Bova Marina, avait rêvé (ou rêvait) d’un fils ou d’une fille comme Paola Adamo. “Je percevais (chez l’auditeur) combien votre douleur était grande et combien robuste votre foi, ainsi que votre disponibilité à l’égard des projets de Dieu (toujours mystérieux) et je me rendais compte combien mes préoccupations étaient quelconques... J’ai compris que votre témoignage de vie à trois, était la proposition d’un style de vie” (Maria Teresa Leone à Claudio et Lucia). Eh bien, tout en allant à contre-courant, permettez-moi de vous dire à vous les jeunes : “Adoptez un style de vie d’hommes vrais, de chrétiens vrais, non de pantins ; vous serez “quelqu’un”, et non “quelque chose” qui s’achète et se vend. Et il y a une autre maman que j’ai lue, qui écrit textuellement à Lucia : “Lucia, je ne sais pas si c’est Paola qui continue son discours par l’intermédiaire de sa mère, mais je n’ai pas de doute : ton moi et le sien sont en symbiose parfaite, de telle sorte qu’en écrivant à propos d’elle, nous pouvons lui demander : Paola, jeune fleur coupée au sommet de sa splendeur, aide-nous à comprendre le secret de votre bonheur pour pouvoir en jouir au moins partiellement et en faire profiter à nos enfants, toi qui as pu chanter, même après la mort, le triomphe de la vie”.

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Revenons à Don Giuseppe : à la vue des résultats merveilleux de Bova Marina, il imagina plus grand encore : proposer un concours avec un prix grâce aux Filles de Marie Auxiliatrice (la branche féminine des fondations de Don Bosco). Il se sentait poussé par Paola. Les Filles de Marie Auxiliatrice avaient dans le sud d’Italie (Pouilles, Calabre et Basilicate) 26 maisons (en 1982) avec 310 soeurs et un nombre considérable de jeunes dans les écoles de tous les niveaux, plus les oratoires et les centres des jeunes. Leur slogan était celui de Don Bosco : “Da mihi animas”, autrement dit “donne-moi les âmes et tout le reste n’est rien pour moi” (pour nous). La Supérieure provinciale, Soeur Lucia Rizzo, se dit tout à fait d’accord pour le lancement du concours qui eut comme nom “UN PRINTEMPS APPELÉ PAOLA”, et toutes les trois provinces y participèrent. Le jour d’ouverture de l’année scolaire 1982/83, à Tarente, on distribua à chaque participant un fascicule pour faire son propre portrait, en se regardant dans celui de Paola Adamo. Et ce fut une année grandiose toute dédiée à elle. Les participants étaient si nombreux que, à la fin de l’année scolaire, on dut procéder à deux jours de clôture. Une des participantes nous décrit ce que fut la finale, en présence de Claudio et Lucia. Détachons un passage : “... Ici (à Martina Franca) une foule de jeunes, espérance et avenir ; une réalité vivante ; un millier de jeunes heureux de se rencontrer, de mettre ensemble les expériences de groupe issues du Concours PAOLA ; récitals, montages de diapositives, montages de photos, rébus, dessins, poèmes, chants, dédicaces ont été des modes d’expression. Les filles et les groupes récompensés furent très nombreux”.

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Rapportons ici un cas particulier, mais qui en dit long : un jeune d’Alessandria (Piémont) se trouva, nous ne savons pas dans quelle circonstance, à Martina Franca, où il entendit parler de Paola Adamo. Le 24 octobre 1982, exactement le jour d’ouverture du Concours Paola, tandis que dans la famille Adamo on accueillait comme convives Mgr Michele Traversa, Don Osvaldo Traversa et Don Giuseppe Schiavarelli, tous revenus de la grande journée de fête, le téléphone sonna et l’inconnu d’Alessandria dit quelques mots sur lui-même, sur l’occasion qui lui fit connaître à Martina Franca l’histoire de Paola et sur son émotion ; il ajouta qu’il voulait être appelé Giuseppe, et qu’il avait écrit une lettre aux parents de cette extraordinaire fille dont le nom - Paola avait rempli son coeur. Il espérait qu’ils en seraient contents. La lettre arriva. Nous en reproduisons les traits saillants : à Martina Franca, ce jour-là, il avait eu en mains un livret qu’il avait conservé. Quelques jours après, alors qu’il était sur le point de rentrer à la maison, ce livret lui était tombé sous les yeux : il l’avait de nouveau rangé, et il avait couru à la gare. Il continue lui-même : “C’est incroyable, mais Paola m’a tenu compagnie durant ce voyage ; en plus elle est désormais devenue mon amie partout, parce que pour des motifs de travail je suis obligé de vivre toujours hors de la famille, loin de mes parents, de mes frères, de mes amis, des affections les plus intimes. Mais maintenant je ne suis plus seul ! Ce petit livret a réveillé en moi la fraîcheur de la vie, la joie du don de soi, la force de résister ; il m’a ouvert des voies inexplorées et mon petit être s’est découvert une dimension inconnue, où la matière et l’esprit, l’être et l’ÊTRE par excellence, le tout et le toujours s’attirent et se confondent. Et c’est dans ce lieu (situation existentielle) unique, enchanteur, resplendissant, mystérieux mais 39


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passionnant que j’ai rencontré cette petite fille qui ne m’a plus laissé seul. Mes amis, de la lucarne à ma droite, je parviens à observer la demi-lune qui me fait méditer sur ce que la vie et la VIE (“Moi je suis la vraie vie”) réservent à chacun de nous : moi et Paola sur la Terre, sur un point lumineux suspendu dans l’espace, nous avons dû nous rencontrer et contracter une amitié réelle, même si nous sommes plongés dans une autre dimension... Je vous ai téléphoné, mais maintenant je vous écris parce que les mots s’évanouissent dans le temps, une lettre par contre ne meurt jamais, défie le temps et les distances, unit passé, présent et futur...”. Si, à Martina Franca, Paola avait été une petite lampe indiquant le juste chemin pour une multitude de jeunes, pour ce Giuseppe, dont nous ne savons plus rien puisqu’il n’a pas laissé d’adresse, fut une étoile, peut-être comme celle des Rois Mages. Et aujourd’hui, il avance, la main dans la main de Paola, il arpente encore ce chemin rectiligne qui conduit vers les hauteurs, vers le salut ! Qui sait... Combien d’autres furent “frappés” par une lumière supérieure dans ce concours ? Dieu le sait.

Récepteurs - Mystérieuse voie du ciel Par l’intermédiaire du journal “Primavera” des FMA (les Soeurs salésiennes de Don Bosco) un jeune, fils de médecin, élève de Lycée, avait recueilli - comme Giuseppe à peu près - le parfum céleste de Paola et avait écrit lui aussi à Claudio et Lucia, sans cacher cependant son prénom, nom et adresse... Il vivait à Rome. 40


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Il était né entre lui et les parents de Paola une amitié qui dure encore aujourd’hui. Dans sa chambrette d’étudiant, il afficha un grand poster de Paola... Plus encore, Paola était “au-dedans de lui”. Don Savino Losappio, curé salésien de la Basilique Saint Jean-Bosco à Rome, dit en effet que la vie de Paola avait retenti dans le coeur de Germano et de beaucoup d’autres jeunes assoiffés de vraies valeurs, capables de donner un sens à la vie, mais il ajoute, et avec raison, que “le pouvoir de Paola, la lumière de Paola, la vie de Paola est entrée tout droit dans la vie de Germano...”. Et nous ajoutons, quant à nous, qu’elle est entrée au point de devenir semence, puis petite plante, enfin arbre feuillu... Au point que, avec l’audace propre à la jeunesse, Germano écrivit et publia un livret (hors commerce) de 53 pages sur “ce splendide chef-d’oeuvre de fille”. Il le dédia à Claudio et Lucia, et Don Savino Losappio en fit la présentation. Dans son petit livre, il confesse candidement que Paola est devenue pour lui “motif d’élevation à Dieu”. Puis il continue : “Souvent je pense à elle et je lui parle avec le coeur”. Il dit à Claudio et Lucia : “... Vous ne pouvez pas imaginer le grand travail de perfectionnement intérieur et donc spirituel Paola a accompli en moi”. Et il devient lyrique quand il écrit : “Paola vit dans l’au-delà sublime, mais elle vit et vivra toujours dans le coeur de tous ceux qui, comme moi, l’ont connue et aimée (idéalement) et la sentent proche... Souvent je me demande pourquoi parmi tant de choses qui arrivent dans le monde, la disparition de cette fillette inconnue m’a bouleversé : c’est comme si je l’avais connue depuis toujours !”. À la réception du livret, Claudio et Lucia eurent un coup au coeur. Et ils répondirent aussitôt. Claudio essaya d’expliquer à Germano la raison pour laquelle il a été touché, cristallisant son 41


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explication dans cette foi “belle, immortelle et bienfaisante” que Manzoni chanta dans ses lyriques. À la Radio Don Bosco de Rome : “... S’il est permis d’interpréter le dessein du Seigneur, nous pouvons humblement penser que la mission de Paola s’ajoute à celle d’Agnès et de Maria Goretti : un grand pont de pureté depuis l’Église des persécutions, qui s’appuie sur le pilier de la vierge-martyre d’aujourd’hui qui éclaire notre siècle”. Voici donc à la fin du XXe siècle un autre message, en particulier pour la jeunesse : Paola ! Ensuite le discours se fait plus incisif : “La sainteté ne se révèle pas seulement par le martyre sanglant, mais aussi dans une vie de pureté vécue avec amour, en communion continue avec Dieu, sous la conduite de l’Esprit Saint”. Puis la Radio Don Bosco de Rome se laisse aller à ce triste constat : “Aujourd’hui dans ce climat général de désacralisation de la famille et de la femme, Paola vient nous répéter que la base de toute éducation chrétienne est la famille, la seule qui puisse, avec l’Église, cultiver et faire éclore les fleurs les plus belles de la foi et de l’amour”. Dans son livre, Germano avait aussi essayé de chanter Paola en poésie, ayant eu la drôle impression que, sur le grand poster qu’il avait dans sa chambre, elle remuait ses yeux un peu bridés s’ils étaient vivants. Cela avait été pour lui une expérience dramatique. Détachons quelques-uns de ces vers que l’on appelle d’habitude “péchés de jeunesse” : ... Le sourire dans les yeux tu avais le sourire pur et sincère ; ... Ce regard est encore présent 42


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ce regard d’un rêve si doux ! ... Mais frappée par une maladie mortelle tu fus ! Douce étoile envolée. ... Ô douce Paola Adamo maintenant que tu es dans l’autre réalité regarde-nous encore, un peu, où nous sommes et puis contemple la vérité. Et Don Losappio fait un commentaire qui va comme un gant sur l’aujourd’hui si difficile à vivre, où trop de familles s’effondrent. Et les enfants ? La rue ou “paquets postaux”, laissés tantôt ici tantôt là... Il dit alors : “Certainement Paola a eu de la chance parce qu’elle a trouvé l’humus favorable à son développement dans sa famille ; sa vie en exalte les dons, la beauté, l’unité”... “Le fruit est ce filon d’or qui fait resplendir et admirer la jeunesse non souillée, non flétrie, non fourvoyée”. Germano chante longuement Paola. Mais nous pouvons l’associer aux jeunes du “Concours Paola” de Martina Franca, dont il faudrait tout un livre pour raconter l’aventure. Mais nous voulons encore raconter quelque chose, à grands traits au moins. Les étudiantes de la 4e Normale s’étaient unies au Concours et avaient écrit une longue lettre à Paola directement. Nous qui critiquons facilement les jeunes de notre temps, nous devons souvent nous raviser. Tenez plutôt : “Chère Paola, nous voulons dialoguer un peu avec toi... Tu savais bien que la vie d’aujourd’hui n’est certainement pas facile avec ses vices et ses violences de tout genre et malgré cela 43


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tu parlais d’insouciance, de bonheur, de joie, d’amour, en espérant changer le monde par tes gestes simples et concrets. Nous savons aussi que beaucoup de fois tu n’as pas été comprise et que cela t’a fait souffrir, mais de façon silencieuse et discrète, alors que pour nous un rien suffit pour nous mettre en colère et être désobligeants et impolis... Tout en ayant eu tes moments d’incertitude et de souffrance, tu as su dire : “Dans la vie tout est possible si l’on persévère ; et à tous arrive un moment de joie et de rachat qui fait oublier les déceptions...”. D’autres participants au concours : - Pour Paola, c’est la foi en Dieu et l’amour du prochain qui lui a permis de régler son existence sur le modèle chrétien. Quant à nous, disons que ces filles ont su voir, non seulement en Paola, mais aussi en elles-mêmes, l’importance de leur baptême... - Pour Paola, c’est la disponibilité qui lui a permis de faire fructifier les grands dons reçus pour le bien de la communauté. (Chaque homme est mon frère). - Pour Paola, c’est la résistance au monde qui nous a laissé un patrimoine moral que nous ne saurons jamais oublier. - Pour Paola, c’est la grande force d’âme et l’intense vie intérieure qui l’ont aidée à faire face aux difficultés jusqu’à la mort... Certes, la mort de Paola si jeune fit impression sur ces filles, mais sa vie tout comme sa mort - et nous pouvons déduire cela même des phrases rapportées - furent de petites étincelles qui allumèrent - nous l’espérons vivement en toutes - un grand feu d’amour, beaucoup de lumière dans le coeur de beaucoup et pas seulement des jeunes... Claudio et Lucia, toujours inconsolés, oui, mais soutenus par tant de “fils et filles” (adoptifs), faisaient de leur douleur un 44


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“offertoire” au Christ Crucifié, devenant ainsi avec le Christ une “offrande agréable à Dieu”. Tous les vainqueurs et les vaincus du Concours étaient repartis de Martina Franca avec un grand poster de Paola et une écharpe de soie bleue qui leur rappellerait ce jour “différent”... Claudio et Lucia, à la fin du Concours, se rappelant de ce qu’ils avaient écrit dans le “Dialogue avec Paola”, envahis par ce fleuve limpide de la jeunesse, pensèrent de nouveau : “à toi très chère Paola le dernier don, au moment où nous offrons à eux (les participants au Concours) tes pensées, à eux tes sentiments, à eux tes écrits, tes projets, tes modèles mon trésor, à eux ta foi chrétienne, ton humanité, ta joie ; à eux ton sérieux, ta joie de vivre”. Ce concours fut un simple épisode, naturellement, mais qui sait combien d’amies inconnues et secrètes de Paola, sorties précisément de ce concours, sont devenues aujourd’hui des femmes merveilleuses, qui ne font pas parler d’elles, mais qui sont l’“oxygène” de ce pauvre monde asphyxié et incolore... ou sont des mères exemplaires qui ont transmis à leurs enfants la “semence” de Paola. Nous ne pouvons pas clore le “Concours Paola Adamo” sans écouter le Dr Egidio Carano, un ami de Claudio qui s’était 45


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trouvé à Martina Franca le premier dimanche de clôture. Laissons-lui le stylo tout de suite, en résumant malheureusement, comme d’habitude. La lettre est datée du 28 mars 1984. “Très chers Claudio et Lucia, il est difficile à un ami comme moi qui vous aime beaucoup, de me confier au stylo pour parler de Paola... Mais je veux rapporter un rêve... un rêve vrai que j’ai eu deux jours avant la rencontre à Martina Franca chez les Soeurs de “Marie Auxiliatrice” en mémoire de Paola Adamo... (Nous ne devons pas être trop crédules vis-à-vis des rêves, mais non plus les rejeter. L’Écriture Sainte dans le livre de Joël, au chapitre 2, verset 28, dit : “Vos aînés auront des rêves ; vos jeunes des visions”). Dans ce jour, j’ai retrouvé la Foi parce que j’avais déjà vu en rêve deux jours avant cette scène, avec au centre la table et la Croix où a été célébrée la Sainte Messe. Je me rappelle parfaitement d’une grande place pleine du brouhaha des personnes que je ne distinguais pas bien... et au centre la table comme celle qui représentait “La dernière Cène” et derrière une grande Croix en bois... et elle, Paola, souriant comme d’ordinaire derrière cette table, qui parlait avec vous deux : elle au centre, toi Claudio la tête droite et le regard en avant avec un sourire à peine esquissé sur les lèvres, et toi Lucia, rayonnante dans ton sourire plein de joie tournée vers Paola ; tu souriais de tes yeux, de toute ta personne... Quand nous fûmes invités à participer à la Sainte Messe dans la salle de théâtre et que je vis sur la scène cette table et ce Crucifix, croyez-moi, je me sentis sursauter et je dis : mais tout cela je l’ai vu en rêve, il y avait elle, Paola, avec les parents, et je fis instinctivement le signe de la Croix pour la première fois avec conviction. Et ce rêve m’est revenu à l’esprit ce premier jour de printemps tiède (28, jour de la mort de Paola) et j’ai voulu vous le raconter”. 46


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Merci Gutenberg Quelle chance que la mère de J. Gutenberg n’aie pas avorté ! C’est à lui que nous devons la possibilité de raconter l’histoire de Paola, qui dans sa vie fut comme une mine, dans laquelle nous descendons maintenant en espérant trouver du pur diamant. Et ainsi nous continuons à parler d’elle et de ce que les autres ont dit et écrit. Jeune, réservée, elle laissa - nous ne savons pas comment - une trace indélébile. C’était une jeune fille d’aujourd’hui, mais sans fioritures, et nous pourrions dire qu’en elle brillait l’absolu ; elle voulait aller au-delà des frontières communes ; elle voulait le plus, aller au-delà et toujours vers le mieux, vers la lumière. Observons-la de l’intérieur et de l’extérieur : elle était vraie, sincère, pure d’âme et de moeurs, d’esprit, de sentiments, d’intention, candide. Et sur elle on pourrait graver un écusson héraldique “Potius mori, quam foedari” (Mourir plutôt que se salir). Et encore : honnête, pudique, polie, joyeuse, enjouée, désinvolte même. Le premier écrivain qui nous offrit un petit fascicule fut Franco Solarino, salésien. Il n’y a que 42 pages, mais elles se lisent bien. Le titre est “Un printemps appelé Paola”. Quand on l’a lu d’un trait, on le relit, on le médite et l’on finit par avoir Paola dans le coeur comme une soupape de sûreté. Puis l’écrivain salésien Adolfo L’Arco rédigea et publia “Un météore vivant”, splendide volume de 116 pages, chaleureux 47


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et dense d’intuitions et de vérités qui finit dans la bibliothèque de Don Giuseppe Costa, un autre salésien. Je crois que vous savez que pour les Salésiens - comme pour Don Bosco -, la jeunesse constitue le premier champ d’apostolat. Don Costa introduisit Paola dans la collection intitulée “Vita più”, en 1986. Les pages étaient au nombre de 140, et le titre : “Nous l’appelions Polly”, mais inutile de le chercher dans les librairies : il est épuisé comme les précédents. Des livres aux revues, aux quotidiens, Paola parcourut le monde, sans être vue mais active : agissant en profondeur. Comment le savons-nous ? À partir des liasses de lettres. Ne pouvant pas correspondre avec elle par écrit, les lecteurs écrivirent (et écrivent) à ses parents. Mais, chers lecteurs, qu’est-ce que l’on peut finalement écrire d’une jeune fille qui n’a même pas atteint 15 ans ? Pourtant en 1995 on publia encore un livre de 210 pages. Titre : “Salut les amis... c’est moi Paola”. Et maintenant, elle a dépassé les frontières de l’Europe et, par exemple, elle va au Brésil, alors qu’elle a déjà conquis le Japon. Mais restons en Italie. Avec une flopée de garçons, Don Franco Solarino rencontre en montagne Claudio et Lucia. Assis sur l’herbe, ces garçons pendent aux lèvres de Claudio, tandis qu’ils jettent un coup d’oeil, qui les secoue intérieurement, à Lucia qui ne se rend même pas compte des larmes abondantes qui baignent son visage. “Paola - dit Claudio - était un dialogue vivant, un dialogue continu, serein, engagé (c’est-à-dire : pas à tort et à travers, chers amis) ; un dialogue qui s’exprimait de mille manières, avant tout par les mots, on le sait, mais aussi avec ses longs et lumineux 48


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sourires, avec des sauts de joie, avec des élans, avec la lutte qu’elle engageait avec moi et avec... les poèmes”. Les jeunes ne soufflent mot. Et Claudio continue : “Paola aimait la vie, elle aimait se donner, elle aimait faire de sa jeunesse un cadeau. Elle aussi jouait de la guitare, comme vous... Et pendant que je regarde vos guitares, je dis : comme ils savent se donner aux autres ! Comme il est beau de mettre sa propre voix au service de la joie... au service de la prière !”. La nuit est tombée. Les jeunes sont allés au lit, s’endormant tout de suite : peut-être rêvent-ils de cette fillette qui n’est plus et qui est encore. Ils se sont sans doute rappelés le “Mot du soir” de Don Franco avec les paroles que Don Bosco répétait à ses “polissons” : “Que personne n’aille au lit avec le péché mortel dans l’âme”. Et - qui sait -, ils pensent à cette Paola qu’ils connaissent depuis peu, laquelle ne perdit jamais son innocence baptismale ! Il est permis de le penser d’autant plus que son confesseur Don Giuseppe célébra sa Messe d’enterrement en chasuble blanche et choisit la Messe des anges. Don Franco et Claudio ne sont pas allés au lit ; ils se promènent sous les arbres qui semblent être des sentinelles sous un flot d’étoiles. Ils se promènent et discutent. “Vois-tu, Don Franco, Paola observait tout et choisissait de façon raisonnée ce qui pouvait servir à la formation de son ‘moi’”. Question : Discothèque ou non, aujourd’hui combien seront les jeunes qui veulent faire de leur moi un vrai homme, une vraie femme... ? Beaucoup, j’espère, au-delà des apparences. Qu’il en soit ainsi. Claudio continue : “... de son moi, Paola, grâce à une construction bien assurée elle voulait devenir meilleure, chrétiennement meilleure... (la voix de Claudio devient rauque à 49


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cause des larmes retenues)... Elle se préparait à être un chefd’oeuvre divin et humain : elle n’en eut pas le temps”. Don Franco éprouve la nécessité de l’encourager : “Mais les projets de Dieu se réalisent aussi même si ici-bas ils sont interrompus à 14 ans et demi seulement”. Puis il révèle à Claudio : “Ta fille a traumatisé mes garçons (qui avaient lu son livre bref mais dense) par sa forte personnalité, par sa bonté faite de naturel, sans superstructures ou autres complications... Et même en elle nous saisissons une forte croissance spirituelle, un chemin de foi tout à fait naturel...”. Claudio reprend : “Elle était heureuse de sa rencontre avec Jésus dans l’eucharistie ; Il était le dépositaire de ses secrets et de ses problèmes qu’elle résolvait à la lumière de Dieu”. Jetons maintenant un regard furtif au “Météore vivant” de Don L’Arco, qui eut l’honneur d’être préfacé par l’Archevêque de Tarente, Mgr Guglielmo Motolese. Don L’Arco a fait un résumé en recueillant tout l’essentiel de Paola, le prenant de Saint Paul : Tout ce qui est vrai, tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, pur, aimable, tout ce qui a une bonne renommée, tout ce qui est vertueux, tout ce qui mérite la louange. C’est cela, PAOLA ! De tout ce qui est délicieusement excellent et désirable comme ci-dessus, reprenons encore quelque chose grâce à Don L’Arco, qui utilise un adjectif singulier parce qu’il l’associe au mot prière : une prière affectueuse. Il dit que “Paola priait avec ‘amorevolezza’ qui a pour synonymes bienveillance, bénignité, 50


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affection, cordialité, amour, ardeur et aussi dévotion...”. Nous employons tous ces termes plutôt “entre nous”. En général nous aimons Dieu avec dévotion. Au contraire Paola l’aimait d’amour, plus par le coeur que par les mots. Elle avait aussi un coeur aimant à l’égard du prochain (que nous devons aimer comme nous-mêmes) mais elle aimait Dieu “par flux d’amour”. L’affection est un langage psychologique, elle est chose de l’âme. Un de ses anciens élèves, devenu professeur (Maranzana), disait de Don Bosco : “Je l’ai toujours vu tellement recueilli en lui-même, qu’il semblait être en continuelle contemplation des choses célestes ; il était sur cette terre pour faire le bien, mais son esprit était dans une autre vie : et sa vie était Jésus Christ”. Toute proportion gardée entre homme et femme, entre jeune et vieux, entre contemplatif comme par exemple la petite Thérèse de Lisieux qui, à treize ans, rêvait déjà du cloître, et une jeune fille de quatorze ans plongée dans le désordre de notre vie corrompue, il nous semble que nous pouvons appliquer à Paola les mots du professeur Maranzana, sans rien d’extatique ; tout dans la simplicité, comme l’or est simple... Paola se faisait toute à ses parents, toute au prochain même hargneux, même méchant à son égard ; et surtout elle se faisait toute en Dieu et pour Dieu, sans avoir rien d’exaltée ou de visionnaire, mais tellement remplie d’amour de Dieu au point de communiquer l’amour. Et la communication d’amour est un art rare ; Paola était artiste en cela.

Avec Karol Wojtyla, le Pape Jean-Paul II Nous avons dit à un certain moment de notre belle histoire que Claudio au comble de la douleur et de la souffrance pour la 51


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mort de Paola, fut tenté de se jeter du onzième étage de sa maison, et qu’au contraire par la grâce d’en haut, il se jeta à genoux. Puis il se mit à la table de travail et écrivit au Pape, que Sainte Catherine appelait “le doux Christ sur la terre”, lui envoyant “Il dialogo con Paola” précisément comme si c’était LUI, le Seigneur. La lettre fit son chemin. Elle arriva à destination. Et Claudio et Lucia, par surprise, furent invités à une Messe privée du Saint-Père. Après avoir reçu l’invitation à travers l’Archevêché par lettre personnelle, les deux parents “orphelins” se préparèrent fébrilement au voyage. Lucia alla s’acheter l’habit adapté à la circonstance et Claudio pensa à un cadeau à offrir au Pape : à partir d’une ébauche faite par Paola, représentant un Christ très particulier, il fit réaliser une céramique splendide qui fut prête en temps utile. Un peu abasourdis après une nuit sans sommeil dans un hôtel à Rome, le couple Adamo se rendit, à l’aube (6 h 25’), au Vatican près du portail de bronze comme on leur avait indiqué. Un garde suisse les fit entrer et leur demanda les noms. Sur la liste il y avait : famille de trois personnes ! Et ils étaient seulement à deux. Ce garde ne connaissait pas l’italien, ni les autres stationnés de salle en salle : une difficulté qui donna des sueurs froides à Claudio qui portait avec peine le grand coffret contenant le Christ en céramique... Lucia s’était avancée très tranquillement et se sentait comme au paradis. Claudio continuait par contre à prier en demandant que s’éclaircît la situation. Mais comment arriva-t-il que l’on inscrivit “trois” personnes ? Permettons-nous une interprétation libre : le “trois” voulait dire (voix d’en haut) : “Maman, papa, j’y suis aussi”. À la grande salle qui précède la Chapelle privée du Pape, Claudio déposa sur une table son gros coffret. Et les deux se retrouvèrent 52


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à l’intérieur, agenouillés sur un banc et si proches du Saint-Père comme ils ne l’avaient jamais rêvé. Et puis Claudio, homme à la plume facile, ne sut (ou ne voulut ?) extérioriser ce que son âme et celle de Lucia éprouva, spécialement au moment où ils reçurent la Sainte Hostie de la main du Saint-Père, Vicaire du Christ... Aux questions qu’on lui fit par après, il répondait simplement qu’il s’agissait d’une expérience unique : “Certaines choses sublimes ne peuvent pas être racontées...”. Nous avons cependant su quelque chose d’une lettre, adressée à Germano après l’événement extraordinaire. “Très cher, le 07.07.1982 nous étions au Vatican les hôtes de Jean-Paul II, avec un cadeau conçu par Paola mais qu’elle ne put réaliser, et achevé finalement pour Lui, le Pape, par le professeur Orazio Del Monaco, notre cher ami. Dans sa Chapelle privée, à trois (autrement dit Paola présente invisiblement), le Pape célébra la Sainte Messe pour notre réconfort. L’appréciation du grand cadeau, de sa signification particulière, la participation du Pape à l’événement stupéfiant de la vie de notre Paola, nous les laissons à ta libre interprétation... Paola dans le Seigneur, vrai et très pur amour, comme une perturbation subtile qui lentement attire, fascine et fait exploser les sentiments dans un engagement total qui s’enracine dans le moi et devient force irrésistible de l’esprit, avait enveloppé d’infini même Sa Sainteté !”. Revenus à Tarente après tant de consolation, Claudio et Lucia ne s’attendaient pas à autre chose. Ils continuaient certainement à souffrir, à pleurer, mais seuls, en silence, nous dirions avec pudeur, attachés toujours plus au Christ en prière “en sachant bien - dit Claudio - que les ‘orphelins’ comme nous, les mutilés comme nous, ne sont pas abandonnés par le Père qui est dans les cieux”. 53


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Entretemps ce Dieu omniprésent, avec le souffle de l’Esprit Saint, par l’intercession de Paola devenue “ange”, continuait à les conduire sur le chemin de la sainteté qui est, en fin de compte, le but de chaque chrétien ; en effet dans les premiers siècles de notre Sainte Église Catholique, les chrétiens étaient appelés “les saints”. Non, pour Claudio et Lucia, les gloires du monde, les réussites magnifiques, les grandeurs d’ici-bas ne les touchaient pas du tout : c’étaient au contraire la compréhension et l’amourcharité qui grandissaient en eux à l’égard de toute personne. Il leur vint à l’esprit, en voyant les jeunes universitaires, faisant la maîtrise ou l’ayant finie (comme cela aurait été le cas de Paola si elle était restée ici-bas), qu’il y avait trop de chômeurs : beaucoup de souffrance, beaucoup de dépenses et puis “la galère”(le chômage)... Que faire ? Peut-être se confièrent-ils à Don Giuseppe. Le fait est qu’ils posèrent un geste que très peu de personnes, ou peut-être personne ne pose : après avoir accompagné leurs propres élèves jusqu’à la maîtrise, ils quittèrent l’école pour faire place aux jeunes professeurs... ! Don Giuseppe avait dit dans l’introduction au “Concours Paola” : “Du ciel Paola revient dialoguer non avec quelques personnes, mais avec des centaines et des milliers de jeunes”. Vrai. Mais nous voulons nous-mêmes insinuer que c’était sans doute encore elle qui suggéra à l’oreille de l’âme de maman et de papa ce geste courageux... Lucia se contenta de rester à la maison et dans le bureau avec Claudio pour travailler et s’occuper avec lui des projets. Claudio obtint des résultats prestigieux dans des concours et commissions et projeta la construction de belles églises à Tarente. Et - pourquoi pas ? - dans chacune il rêvait à une chapelle pour sa 54


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Paola... Laquelle, entretemps - comme l’affirme Don Giuseppe “devenait une amie, une réalité palpable dans chaque région d’Italie, d’Europe et du Monde, là où arrive le “Bulletin Salésien” (la revue mensuelle des Salésiens) et aussi “Radar”, une autre revue salésienne pour jeunes et adolescents, et “Primavera”, une revue pour jeunes filles publiée par les Filles de Marie Auxiliatrice, ainsi que des opuscules divers publiés ici et là. En effet, en Paola on trouvait un modèle de jeune fille que chaque mère aimerait avoir, espérance de demain pour la reconstruction de la famille “une et indissoluble” comme la veut mère nature et, pour nous chrétiens, comme la stipule la Mère Église”. Et cela jusqu’aujourd’hui, avec la revue “Insieme per” des Pieuses Maîtresses de Notre-Dame des Sept Douleurs de la Maison de Rimini, qui diffuse et accroît sa présence vivante parmi les jeunes et les familles. Puisque nous avons parlé de Don Giuseppe Schiavarelli qui continuait, même de loin, à être le Père Spirituel de Claudio et de Lucia, comme il l’avait été pour Paola, nous notons avec plaisir qu’il suivait par écrit ces deux pauvres parents pour les renforcer dans la foi et essayer de les consoler, dans la mesure du possible. Il y avait naturellement échange de correspondance. Entretemps ils avaient trouvé dans la petite chambre de Paola un coffret avec ses épargnes. Et ils pensèrent... Lisez la suite et vous saurez : “Très cher Don Giuseppe, nous avons reçu bien volontiers votre lettre qui nous est allée droit au coeur : une caresse dans notre grande souffrance. Quand il vous sera possible, faites-le encore et cela nous apportera sûrement un grand réconfort. L’occasion que vous nous offrez nous permet de vous remercier pour votre grande affection et de vous envoyer cette offrande ci-jointe. Prélevée sur les petites épargnes de Paola, nous voudrions qu’elle soit convertie en chasuble blanche que 55


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vous vous acheterez, et que vous dédierez à elle en y mettant son prénom et son nom, pour la célébration de la Messe de Pâques, si nous sommes encore à temps... En attendant de vous avoir parmi nous pour pouvoir ensemble parler de notre Paola et la pleurer, nous vous embrassons avec affection filiale...”. Don Giuseppe acheta la chasuble et célébra la Messe Pascale parmi les “Alléluia” qui font exulter le coeur des chrétiens. Et la chasuble blanche dans cette mer de lumières paraissait tissée des fils inconnus ici-bas, exactement comme dit l’Évangile de la Transfiguration de Jésus sur la montagne : “Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une telle blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte” (Mc 9, 3). Claudio et Lucia étaient spirituellement présents, contents. Mais bien que ce fût le temps de la Résurrection, Don Giuseppe quant à lui ne réussissait pas à chanter l’Alléluia... Revenu à la maison, il vida son coeur en Dieu pour se libérer de la crampe qui le tenaillait. Toi, ô Dieu, tu nous fais venir au monde et nous ne savons pas d’où nous venons. Toi, ô Dieu, tu nous appelles à quitter le monde et nous ne savons pas où nous allons. Oui, Paola est chez Toi, je le sais, mais je ne la vois pas ! Oui, Paola est en moi, je la sens, mais cela ne me suffit pas ! Et avec espérance je pense... Oui, je pense à Toi, je T’appelle, je T’invoque, je Te supplie même si je Te connais seulement par ouï-dire. Tu nous as donné Ton bien, le Christ, J’y crois, je Le prie, mais peut-être par routine et sans comprendre je pense, je pense en embrassant mon gibet 56


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en escaladant mon Calvaire. C’est un acte de foi nu, dépouillé de tout prétexte, douloureux et magnanime.

L’architecture. Choix motivé Il y a une lacune dans notre enquête sur Paola, la vraie Paola, et c’est son génie créatif, sa faculté créative, sa fantaisie, son art spécifique : l’architecture avec ses modelés, les dessins, les grandes lignes, les petites courbes... Mais nous sommes aidés ici par un critique d’art, le docteur Nino Bixio Lo Martire, du “Corriere del Giorno” avec l’article “Activité et culture”. Il a pris la photo d’un arbre nu, dessiné par Paola, et l’a intitulé “Automne”. Nino Bixio intitule l’article “Souvenir d’une très jeune artiste” et choisit comme sous-titre “Une brève histoire du sentiment et de la solidarité dans les dessins d’une jeune fille arrachée trop tôt à la vie”. Et grâce à cela nous avons comme l’ébauche photographique de Paola. Quelques extraits de l’article : “Notre propos est celui de parler des “tableaux” (dessins) de Paola Adamo qu’une maladie inopinée arracha à l’affection des parents et à l’estime de ceux qui à Lysippe (le Lycée Artistique de Tarente) furent “empathisés” par son mode de sentir et de transmettre (par des lignes) son sentiment. Nous cherchons donc dans ses dessins ce sentiment qui lui faisait éprouver de la sympathie pour les affligés, les déshérités, les abandonnés. Il ne semble pas, en effet, qu’elle ait jamais 57


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dessiné une reine, une princesse, quelque ‘star’, un homme d’État...”. Ce Nino connaît l’art du crayon, du pinceau et sait lire les signes et les lignes comme un spécialiste lirait les hiéroglyphes égyptiens. Il dit que Paola, en délinéant le contour des figures, “est dotée d’une spécifique force suggestive”. Il affirme encore : “En exprimant l’harmonie du corps humain, Paola exalte l’esprit cosmique compris dans la cohérence structurale d’un corps capable de dégager des énergies”. Il y a des gens qui croient et qui disent inconsidérément que les chrétiens méprisent le corps. Ils ont tout à fait tort, même s’il est vrai que Saint François l’appelait “frère âne”. Bien sûr, parce que parfois le corps se précipite et, sans retenue, va de travers et déraille. Pour Paola - telle que nous l’avons étudiée et vue - la corporéité, comme dit le Pape Wojtyla, était “sacrée”. C’est triste de constater qu’aujourd’hui pour beaucoup le corps est... pain et saucisson, sexe et c’est tout... Cette “sacralité” du corps humain remonte jusqu’au premier homme, comme on le lit dans la Genèse : “Dieu créa l’homme à son image, à son image il le créa, homme et femme il les créa. Il les bénit...” (Gn 1, 27-28). Cette “sacralité” est originelle mais elle nous dit qu’aucune beauté n’est seulement matérielle. Et si nous passons de l’art à la sculpture, nous rencontrons chez Paola malgré la brièveté de sa vie une limpidité que beaucoup ont comparé à la fleur, au lis ou à l’ange”. Paola avait le sens des proportions, du rythme grâce à la philosophie du réel, de la mesure du juste, de la moralité : elle était droite, irréprochable, honnête, bonne. Tout cela est une gorgée d’eau pure et c’est tout elle sans réserve ; elle qui aime tout le monde ; elle qui d’un coeur joyeux et comme une explosion crie : “Salut les amis... salut le monde !”. 58


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Le nom, l’histoire de Paola arriva aussi à Vérone et germa. Elle frappa l’Éditeur Ampelio Valentini qui lut quelque chose sur elle, nous ignorons si ce fut dans un livre ou dans un article, de toute façon il en fut impressionné. Il était en train d’imprimer le livre “La venditrice di castagne” (La vendeuse de châtaignes), un titre modeste mais solide. Les pages de ce livre progressaient par épisodes et il y introduisit Paola Adamo dans “Amitié et dialogue”, ce qui est un titre assez heureux puisque tout chez Paola, et Paola tout entière est amitié et dialogue, ou un pont de ciment armé entre deux rives du fleuve de la vie, créant non seulement un passage pour les personnes mais aussi une union. Don Giuseppe Schiavarelli, dans une de ses lectures, fut attiré par la citation du nom de Paola Adamo dans une recension d’un volume qu’il ne connaissait pas. “La venditrice di castagne”, précisément. Il en informa immédiatement Claudio et Lucia. Il naquit entre Vérone et Tarente, autrement dit entre l’Éditeur et Claudio et Lucia, une amitié sans le moindre obstacle entre nord et sud ! Émerveillés et étonnés de ces huit pages, Lucia et Claudio s’émurent et écrirent aussitôt à Ampelio une longue lettre dont nous rapportons seulement ce qui suit : “Grâce à toi, aujourd’hui Paola naît et vit aussi à Vérone et de là elle communique et parle encore, en continuant l’oeuvre d’évangélisation humaine, un engagement assumé de sa part avec désinvolture depuis sa petite enfance et avec une telle simplicité qu’il faut le considérer comme un acte nécessaire comme la respiration”. Et ils signèrent ainsi : “Tes très récents frères de toujours, qui depuis peu ont appris à t’aimer depuis toujours”. Un jeu de mots sympathique dans une réalité hors commerce, qui réjouit le coeur. 59


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Ampelio Valentini répondit : “Merci pour votre cordialité, votre amitié, votre prière, et pour le don de Paola !”. Et il termina par une courte phrase digne d’une “Cause de béatification” : Paola se montrait “Témoin du Christ” ! Nous avons rapporté le jugement d’un éditeur et nous le trouvons positif à cent pour cent, estimant que sous les yeux des éditeurs passent des milliers et des milliers de pages... Mais voici une petite fille tout à fait inconnue qui, en lisant, en a eu le coeur plein. Et qui déclare candidement : “Paola m’aime”. Comment le sait-elle ? Pas par les journaux. Pas par le caractère extraordinaire du récit : il n’y a rien d’extraordinaire. Chez Paola il n’y a pas de scandales, il n’y a pas de faits éclatants et sensationnels... Elle lui est allée droit au coeur comme un baume : un fruit savoureux provenant d’une plantation inconnue. Passant de-ci de-là, descendons maintenant à Messine, plus précisément à Barcellona di Messina, dont le Diocèse publia un bel article sur Paola Adamo dans la revue catholique. Qui était l’auteur ? C’étaient les garçons qui s’étaient entretenus avec Claudio et Lucia en montagne, si vous vous rappelez, pendant l’été. Certainement Don Franco l’avait retouché un peu. Mais nous savons aussi déjà que ces garçons avaient conservé Paola Adamo dans une partie de leur coeur. Pas dans une “partie”, mais dans toute l’étendue du coeur d’une jeune fille, Paola régnait comme souveraine d’amour. Rentrée à Barcellona, elle s’était mise en relation épistolaire avec Claudio et Lucia qui l’avaient invitée à aller les visiter à Tarente. Ainsi est-elle restée deux jours avec eux, occupant la chambrette de Paola et se sentant vraiment leur “fille”. 60


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Une fois retournée en Sicile, elle avait écrit à ses “parents adoptifs” : “Très chers Claudio et Lucia, souvent j’ai pris en main le stylo pour vous écrire, mais une grande nostalgie et les larmes m’en empêchaient. Que puis-je vous raconter ? J’ai passé avec vous des jours qui me semblaient être une vie, des jours heureux remplis d’amour et de bonheur. Quand le train est parti je me suis retrouvée le visage plein de larmes... Lucia, tu as été une maman merveilleuse ; tu as su donner cet amour qui est indispensable à chaque créature pour grandir en harmonie, sans déséquilibres... Seule ta douceur, Lucia, et l’amour de Claudio pouvaient engendrer un être comme Paola. Je m’engagerai à faire connaître Paola à tous, même à mes professeurs à qui j’ai déjà parlé d’elle... Ce nom m’est soudain devenu cher ; un nom qui semble être le reflet du sourire de Dieu”. Quel impact ! Mais c’est mieux de dire : rencontre d’âme, plénitude de coeur... À Tarente le curé de l’Église de Notre-Dame des sept douleurs, Don Giovanni Colello, écrit ses impressions sur le “Dialogo con Paola” encore en rédaction : en tant qu’ami, Claudio lui en a fait voir les épreuves. Et Don Colello donne son appréciation : “Très chers Claudio et Lucia, je vous envoie mon modeste écrit en guise de remerciement pour le bien que vous m’avez fait en m’envoyant les épreuves du “Dialogue”. Cher Claudio, depuis nos premières rencontres, nous avons parlé beaucoup de Paola ; eh bien, depuis ce moment-là, j’ai pensé que je me trouvais devant une créature exceptionnelle. Aussi au fur et à mesure que je lisais tes notes, mon impression se renforçait toujours plus... Il est étonnant qu’une fillette de 12/14 ans ait pu avoir des concepts si précis et si nets à propos des choses quotidiennes et des attitudes de la société : cela montre que Paola 61


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était parvenue à une maturité intérieure supérieure à son âge et qu’elle voyait des événements de la vie, non dans l’optique humaine, mais avec l’âme pleine de Dieu”. Faisons une petite pause méditative : vous ne vous rendez pas compte que ceux qui parlent de Paola découvrent aussitôt son âme et voient que celle-ci est totalement acquise à Dieu, plongée dans l’océan de l’amour de Dieu, même quand elle roule en motocyclette ou joue au ballon ? Maintenant deux mots d’une mère : Salvatorina Santaniello, de Naples, amie de la marraine de Paola, tante Maria, soeur de Claudio. Elle écrit : “... Je connus Paola quand j’avais neuf ans... C’est le troisième livre que je lis sur elle. Je suis mère de trois fils et je leur ai fait lire les trois livres, leur demandant ce qu’ils en pensaient, ce qu’ils en avaient éprouvé. Ils m’ont répondu (attention, ce sont des garçons modernes !) que cette joie de Paola décrite dans les livres ne pouvait être donnée que par une force surnaturelle, parce qu’elle aimait Jésus... Paola nous fait savoir que pour elle il était nécessaire de sentir dans chaque action et dans chaque moment la présence de Dieu”. Ici et là, toutes les déclarations ou lettres sur Paola évoquent Dieu : son “aiguille magnétique” était orientée toujours au Nord : toujours à Dieu ! Mais comment expliquer autant d’enthousiasme un peu sous tous les cieux, pour cette jeune fille ? Par sympathie ? Oui, mais d’où naît cette attraction ? S’agit-il de la conformité des sentiments, des sensations ? Y a-t-il convenance, affinité ? Le dictionnaire donne cette définition de la singularité : “Inclination naturelle qui attire une personne vers une autre”. Juste, mais incomplet. 62


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Nous avons un exemple à portée de main (et non l’unique). L’Institut Normal Pédagogique Linguistique de Rimini dirigé par les “Pieuses Maîtresses de Notre-Dame des Sept Douleurs”. La directrice, Soeur Rina Dellabartola, se rendit un jour de 1996 dans une librairie pour voir les dernières parutions. Et elle en vit une avec une couverture attrayante : elle montrait une jeune fille assise sur un gradin d’un escalier en colimaçon, les bras ouverts et le meilleur sourire possible, séduisante. Soeur Rina l’acheta, en espérant offrir à ses garçons joie, allégresse par ce livre. Le soir, quand elle put se retirer dans sa petite chambre, finalement seule, elle se coucha mais n’éteignit pas la lumière : elle lut ce livre (Ciao gente... sono Paola) d’un bout à l’autre. Le lendemain elle ne put s’empêcher de parler de Paola Adamo, au rassemblement du commencement de la journée. Nous ne savons pas ce qu’elle a dit : probablement a-t-elle fait un résumé de ce que le livre lui avait montré et donné. Attraction naturelle ? De jeunes gens et de jeunes filles avec des caractères, une origine sociale, un milieu familial très diversifiés, furent saisis par les paroles enthousiastes de la directrice. Non, ce n’était pas seulement l’attraction naturelle. Cela ressemblait à un “ravissement” : Paola était là avec eux, avec et en chacun d’eux... Nous ne voulons pas dire que pour tous et en tous l’impact arriva au zénith dans la même mesure. Mais l’institut en question commença à s’intéresser à Adamo : les uns achetèrent le livre et le prêtèrent aux autres ; d’autres recopièrent quelques pensées de Paola ; certains écrivirent à Claudio et Lucia, avec l’accord de la directrice. 63


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Au printemps, quand arriva le moment des promenades scolaires, Suor Rina proposa comme destination Tarente et l’enthousiasme des élèves fut à son comble. Claudio et Lucia préparèrent une réception digne d’un papa et d’une maman en attente de leurs enfants (adoptifs). Don Giuseppe se mit à leur disposition. Tarente mérite d’être visitée pour son centre antique, que ce soit pour ce qui concerne la “Petite Mer” que pour le magnifique golfe. Et ces jeunes allèrent aussi visiter l’église salésienne qui avait été celle de Paola. Don Giuseppe, de nouveau à Tarente, fit un petit discours, puisqu’il avait connu Paola quand elle trottinait autour de papa et maman sous les échafaudages de la paroisse en construction. Et puis tout le monde chez les Adamo ; tous à la visite de la chambrette de Paola, silencieux, émus. Tous éblouis sur la grande terrasse d’où l’on contemple la “Grande Mer”. Embrassades et bises exactement comme les enfants de ces parents qui distribuaient à chacun un petit cadeau-souvenir, extrêmement émus. Pas seulement par galanterie, mais du fond du coeur, Soeur Rina et les jeunes, après avoir offert leur cadeau, invitèrent Claudio et Lucia à aller chez eux à Rimini. Ils acceptèrent l’invitation, et un beau jour, les voici là. Claudio avait promis de parler aux jeunes des classes réunies pendant une heure. Il commença à 9 h et termina à 12 h 30’ avec une intervalle durant laquelle il fut “confesseur” de ceux qui voulurent s’adresser à lui en aparté. C’était le 11 octobre. Et ce fut une journée inoubliable. Dans la suite, Soeur Rina en parla par écrit à l’auteur de ce livret : “Magnifique ! La rencontre aura lieu sans doute de nouveau l’année prochaine à la demande des jeunes”. Elle explique que pour la rencontre du 11 octobre, les jeunes avaient précédemment envoyé aux époux Claudio et Lucia une série de 64


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questions profondes, auxquelles Claudio et Lucia répondirent de façon détaillée, ample et exhaustive. Soeur Rina continue : “La référence à la chère Paola, que nos jeunes connaissent bien, a été fréquente, spontanée, naturelle, émouvante. Je peux ainsi affirmer que Paola était toujours directement ou indirectement présente parmi nous, parmi les jeunes qui écoutaient attentivement et activement Claudio qui parlait avec grande compétence, clarté, sûreté et professionnalisme...”. La lettre devrait être entièrement rapportée, mais... hâtons-nous vers la conclusion “impressionnante”. Soeur Rina dit : “Remercions tous ensemble le Père qui est dans les Cieux et la Vierge Marie et prions afin que Paola soit officiellement proposée à toute la chrétienté, en particulier à la jeunesse, comme MODÈLE à suivre”. Pourquoi avons-nous dit “impressionnant” ? Parce que ces derniers mots de Soeur Rina signifient “ouverture, de la part de la Sainte Mère Église, de la Cause de béatification... !”

Comme dans la fournaise ardente. Souvenir Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Les choses passées peuvent nous servir de leçon. À Babylone, parmi les déportés de la Judée, c’est-à-dire les Hébreux, il y avait trois jeunes gens, parfaits en tout. Et le roi Nabuchodonosor les avait choisis et fait instruire pour les mettre parmi les grands du règne. Par après ils devinrent effectivement des chefs de province, très appréciés par le roi. 65


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Nabuchodonosor se considérait comme un dieu et s’était fait construire une statue toute d’or, ordonnant qu’au son de tous les instruments musicaux connus alors, à une heure donnée, le peuple entier se prosternât, face à terre, et adorât la statue, sous peine de mort. Shadrak, Méshak et Abed Nego (les trois Hébreux) ne se prosternèrent pas même une seule fois, parce qu’on adore Dieu seul. Ils étaient épiés par jalousie et furent dénoncés au roi qui les convoqua, les interrogea et eut cette réponse décidée : “Sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux et nous n’adorerons pas ta statue d’or”. Fou de colère, le roi ordonna de faire chauffer la fournaise (correspondant à nos fours crématoires de la seconde guerre mondiale) sept fois plus que d’ordinaire et d’y jeter les trois Hébreux chaussés et vêtus. Et tout le monde s’attendait à les voir réduits en cendre. Il y avait une grande foule et le roi avec ses serviteurs. Mais - raconte le livre sacré de Daniel au chapitre 3 - : “L’Ange du Seigneur était lui aussi descendu dans la fournaise et repoussa loin d’eux les flammes et rendit l’intérieur de la fournaise comme un lieu où soufflait une brise fraîche de rosée... Le roi - fort surpris - demanda à ses serviteurs : “Mais n’avonsnous pas jeté trois hommes tout liés au milieu du feu ?” Ils lui répondirent : “Assurément, ô roi”. Et il dit : “Je vois quatre hommes en liberté qui se promènent dans le feu, et l’un d’eux a l’aspect d’un fils des dieux” (c’était l’Ange). Alors le roi s’approcha de l’ouverture de la fournaise et cria : “Shadrak, Méshak et Abed Nego, sortez”. Cela est arrivé il y a très très longtemps, dans le pays que l’on appelle aujourd’hui l’Irak.

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La civilisation actuelle a construit des fournaises bien pires que celles de Nabuchodonosor ! Aujourd’hui nous avons des fournaises qui exhalent une odeur de soufre infernal, où se brûle de préférence la jeunesse... Mais tous ne s’approchent pas de ces fournaises camouflées sous des noms attrayants, flatteurs. Et ils sont - c’est l’espérance qui nous le fait croire - beaucoup plus que trois... La quatrième personne qui est descendue et descend du Ciel comme un ange, mais qui fut une créature de chair et d’os comme nous, qui est-elle ? Quelle est cette créature sans tache ? Quelle est la personne qui descend pour éteindre les flammes d’un monde dominé par Satan ? ! C’est Paola Adamo ! Elle qui fait désormais partie de cette multitude immense que personne ne peut compter, de toute nation, peuple, race et langue. Et tous sont vêtus de blanc, offrent la louange à l’Agneau immaculé (Jésus) et portent à la main les palmes en acclamant à grande voix : “Le salut appartient à notre Dieu”. Amen, louange, gloire ! Salut, les amis ! C’est moi, Paola.

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Table des matières Le ciel sourit: une fillette est née

pag. 01

Lycée “Lysippe” - Tarente

" 06

Dieu les fit homme et femme

" 10

Le Seigneur est mon Seigneur

" 14

La mort sournoise se fit précéder de la maladie

" 20

Début de l’année scolaire 1978/79 - En Troisième du Lycée. " 25 Le Pape Jean-Paul II s’émeut aussi

" 32

Récepteurs - Mystérieuse voie du ciel

" 40

Merci Gutenberg

" 47

Avec Karol Wojtyla, le Pape Jean-Paul II

" 52

L’Architecture. Choix motivé

" 58

Comme dans la fournaise ardente. Souvenir

" 67

A cura dell' “(E) laboratorio Amici di Paola ADAMO” Istituto Salesiano “D. Bosco” 74100 TARANTO Viale Virgilio, 97 – tel. 099/7369171 fax 099/7369173 68


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Bibliographie • • • • • • • • • • • •

Claudio et Lucia ADAMO, Dialogo con Paola (documenti di vita), Editrice Grafischena SPA, Fasano di Puglia 1979 1. Franco SOLARINO, Una primavera chiamata Paola, Collection “Ragazzi al traguardo”, Editrice Elledici, Torino 1981 - 2e édition 1983. Adolfo L’ARCO, Una meteora viva - PAOLA ADAMO, Edizioni Dehoniane, Napoli 1981. Germano SPLENDORE, Incontro con Paola Adamo, Typographie “Giovanni Paolo II”, Roma 1984. Ampelio VALENTINI, La venditrice di castagne (50 episodi veri), Typographie “La grafica”, Vago di Lavagna (VR) 1983 2e édition 1988. Giuseppe COSTA, La chiamavamo POLLY (Vivere quindici anni), Collection “Vita più”, Edizioni Paoline 1986. M. Domenica GRASSIANO, Ciao gente... sono Paola, Editrice Città Nuova, Roma 1995. M. Domenica GRASSIANO, Paula ADAMO aqui e para là do sol, Typographie Città Nuova, Roma 1998. M. Domenica GRASSIANO, Paola ADAMO here and beyond the sun, Editrice Istituto Missioni Consolata, Kenya (sous presse) -1999. M. Domenica GRASSIANO, Paola ADAMO qui e al di là del sole. "Collana Campioni", Editrice ELLE.DI.CI. Torino 1999. Rosa SINISI, Paola. Una meravigliosa storia d'Amore. - A cura dell' "(E)laboratorio Amici di Paola Adamo "- Taranto Marzo 2000 Gaetano D'ANDOLA Nuovi traguardi di santità - Paola Adamo un "modello" riuscito. cura dell'"(E)laboratorio" Amici di Paola Adamo "-Taranto Ottobre 2001

Publication hors commerce. La personne intéressée peut s’adresser directement aux parents : Claudio e Lucia Adamo - Viale Virgilio, 117 74121 Taranto - Italia. 1

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