Migrantour, le monde entier dans une seule ville

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bengalaise, et échangeront sur les usages et traditions féminines. Toujours au même instant, à Florence cette fois-ci, Erii aussi accompagne la promenade Migrantour pour une édition spéciale à l’occasion de la journée du 8 mars: ses origines japonaises lui permettent d’expliquer mieux que quiconque et avec beaucoup d’émotion, la cérémonie complexe de l’enfilage du kimono, le rôle particulier des geishas dans la culture japonaise, et l’image de la féminité orientale dans l’imaginaire occidental. Et, tandis que toutes ces promenades se déroulent en Italie, à Lisbonne cette fois, capitale du Portugal, un groupe de femmes se promène au fil des rues et des places du quartier de la Mouraria, où Argentina et les autres accompagnatrices interculturelles, formées grâce au projet Migrantour, guident la ballade “A Mulher no Bairro da Mouraria”, un itinéraire illustrant les nombreux aspects de l’existence féminine dans le monde. Il s’agit en fait d’un parcours partant de l’histoire locale du fado pour finalement aboutir au Mozambique, et grâce auquel on apprend par exemple comment enfiler une capulana, le tissu traditionnel que les femmes utilisent pour se vêtir et pour porter leur enfant sur le dos; ou encore en Inde, pour apprendre à préparer un chai, le thé typique aux épices. Ce n’est pas un hasard si, le même jour, à quelques milliers de kilomètres les unes des autres, Sara, Mirela, Madhobi, Erii et Argentina ont accompagné plus d’une centaine de femmes et leur ont fait découvrir l’aspect interculturel de leurs quartiers, et que ce même événement ait eu lieu également dans d’autres villes italiennes et européennes. Cette journée spéciale, qui a suscité un grand intérêt de la part du public, est le fruit d’une histoire qui a débuté il y a quelques années, et qui est devenue aujourd’hui le projet européen, auquel le livre que vous tenez entre vos mains est dédié. C’est l’histoire d’une façon nouvelle de faire visiter les villes, et celle des migrations qui ont transformé ces dernières: c’est l’histoire des parcours urbains interculturels du réseau Migrantour.

Villes, touristes, immigrés: du slumming au tourisme responsable A la fin du XIXème siècle à Londres, et peu de temps après à New-York, une nouvelle mode se développa parmi les classes aisées: le slumming. Gentilshommes et gentes dames prirent l’habitude de “visiter les slums”, curieux d’observer comment vivaient les immigrés, “des gens dont on avait entendu parler, mais que l’on méconnaissait complètement, comme s’il s’agissait d’habitants d’un de ces pays étranges et lointains”. Ainsi débuta le processus qui allait rapidement transformer les quartiers des grandes métropoles sujettes à des flux d’immigration importants sur leurs sites touristiques. Ce genre de tourisme urbain fût immédiatement caractérisé d’ambigu, problématique, mais aussi potentiellement doté d’une grande force transformatrice sur le

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