Les Spécialistes | Automne 2024

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Les Spécialistes

LES MULTIPLES FACETTES DE LA CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE

Également dans ce numĂ©ro

RelĂšve inspirante : la Dre Isabelle Ferdinand

La cryoablation, une solution prometteuse contre le cancer du sein

GĂ©riatrie : le Dr TamĂ s FĂŒlöp avance hors des sentiers battus

LAB persée : redéfinir les soins de demain

Les Spécialistes est publié par la Fédération des médecins spécialistes du Québec

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DÉPÔT LÉGAL

4e trimestre 2024

BibliothÚque nationale du Québec

ISSN 1206‑2081

Dans cette édition

Orthopédie

LAB persĂ©e : valoriser et dĂ©mocratiser l’innovation en santĂ© en faisant rayonner le

LE MYSTÉRIEUX SYNDROME DOULOUREUX RÉGIONAL COMPLEXE

Le syndrome douloureux rĂ©gional complexe se manifeste gĂ©nĂ©ralement Ă  la suite d’un traumatisme, mais pas nĂ©cessairement. Il se caractĂ©rise par une douleur d’une intensitĂ© disproportionnĂ©e par rapport Ă  la lĂ©sion initiale. Selon le Dr Pablo Ingelmo, dans 95 % des cas, les enfants qui en sont atteints guĂ©rissent rapidement. Pour les autres, c’est une longue traversĂ©e du dĂ©sert. Afin d’aider les petits patients Ă  retrouver une vie normale, l’anesthĂ©siologiste et spĂ©cialiste de la douleur chronique Ă  l’HĂŽpital de MontrĂ©al pour enfants travaille en Ă©troite collaboration avec les membres de son Ă©quipe.

Les Spécialistes

CAS CLINIQUE

Le syndrome douloureux rĂ©gional complexe (SDRC) est aussi complexe que l’est son nom. En 2011, Gabrielle Lalande a neuf ans lorsque son cheval lui marche sur un pied, la laissant avec une toute petite fracture dont, en principe, il ne restera plus de trace aprĂšs trois ou quatre semaines. Pourtant, alors que les radiographies confirment sa guĂ©rison, Gabrielle continue de souffrir le martyre. Perplexe, son mĂ©decin de l’hĂŽpital communautaire la dirige vers le Centre hospitalier universitaire SainteJustine. AprĂšs avoir subi une batterie de tests, le verdict tombe : c’est le SDRC, et la fillette prĂ©sente dĂ©jĂ  des signes Ă©vidents d’ostĂ©oporose.

Pendant un an, Gabrielle est suivie en physiothĂ©rapie, mais rien n’y fait, la douleur persiste. Une douleur Ă  la limite du tolĂ©rable, voire au-delĂ , en dĂ©pit de la mĂ©dication. Sa mĂšre, Isabelle Gonthier, est une directrice d’école rompue Ă  la recherche sur Internet. Elle tente par tous les moyens de comprendre le phĂ©nomĂšne. Elle dĂ©couvre ainsi que l’HĂŽpital de MontrĂ©al pour enfants, du Centre universitaire de santĂ© McGill (CUSM), a acquis une expertise en la matiĂšre auprĂšs de ces patients. « Nous y sommes allĂ©es trois Ă  quatre fois par semaine pendant des annĂ©es et avons reçu un accompagnement global. Ils nous parlaient des trois P : physiothĂ©rapie, psychologie et pharmacologie
 mais aucun mĂ©dicament n’arrivait Ă  la soulager rĂ©ellement. » Gabrielle ajoute : « Enfant, je disais que c’était comme si un ver se promenait dans ma jambe ; plus tard, j’ai dĂ©crit la douleur comme une sensation de brĂ»lure. »

Au bout de quatre ans, la douleur s’est attĂ©nuĂ©e, et l’adolescente a enfin pu commencer Ă  marcher sans bĂ©quilles ni canne. Pour y arriver, il a fallu l’acharnement et la compassion de plusieurs physiothĂ©rapeutes, mais plus particuliĂšrement les efforts inouĂŻs de la jeune fille, de mĂȘme que l’accompagnement indĂ©fectible de sa mĂšre : « La lutte Ă©tait constante, raconte cette derniĂšre. Le seul temps oĂč Gabrielle n’éprouvait pas de douleur Ă©tait lorsque l’anesthĂ©siologiste lui faisait une Ă©pidurale ou un

« Nous

avons le devoir d’aider ces enfants Ă  revenir Ă  une vie normale le plus rapidement possible. Ceux qui ne guĂ©rissent pas complĂštement ont au moins une vie fonctionnelle malgrĂ© la douleur. »

Le Dr Pablo Ingelmo

bloc nerveux dans la salle d’intervention. » L’anesthĂ©sie locale permettait alors de faire faire Ă  sa jambe des exercices plus poussĂ©s qu’en salle de physiothĂ©rapie, sans qu’elle ait mal.

De 9 Ă  18 ans, Gabrielle Lalande a beaucoup souffert non seulement physiquement, mais aussi psychologiquement. Il a fallu des heures et des heures de consultation avec des psychologues de l’hĂŽpital avant qu’elle rĂ©ussisse Ă  surmonter ses idĂ©es noires. « Imaginez une fillette de 9 ans vouloir mourir tellement elle souffre, dit la jeune femme aujourd’hui ĂągĂ©e de 22 ans. Ça semble inconcevable, mais c’est pourtant la rĂ©alitĂ©. Quand je m’ouvre sur ce que j’ai vĂ©cu, je rĂ©entends mes cris et mes pleurs. J’avais des douleurs qui m’empĂȘchaient littĂ©ralement de fonctionner. La souffrance Ă©tait tellement prĂ©sente et persistante que je n’aurais jamais cru qu’elle pourrait s’arrĂȘter un jour. »

Le Dr Pablo Ingelmo et son équipe récompensés

Le Dr Pablo Ingelmo, anesthĂ©siologiste, professeur Ă  l’UniversitĂ© McGill et membre du RĂ©seau quĂ©bĂ©cois de la recherche sur la douleur, a reçu le prix American Iron & Metal de la Fondation de l’HĂŽpital de MontrĂ©al pour enfants pour l’excellence de son travail et celui de l’équipe qu’il dirige au Centre interdisciplinaire de la famille Edwards pour la douleur complexe. Reconnu Ă  l’international comme l’un des principaux centres de traitement pour ce type de douleur chez l’enfant, il obtient des rĂ©sultats remarquables, notamment en aidant plus de 75 % de sa jeune patientĂšle Ă  terminer leur traitement sans souffrance ni mĂ©dicament, et en rĂ©duisant de maniĂšre considĂ©rable leur consommation d’opioĂŻdes et leurs visites Ă  l’urgence.

Crédit Centre universitaire de santé McGill

Comprendre

le SDRC chez

l’enfant et l’adolescent

Le SDRC est un phĂ©nomĂšne plutĂŽt connu en ce qui concerne les adultes. Comme il demeure un mystĂšre lorsqu’il frappe les enfants et les adolescents, le Dr Pablo Ingelmo s’investit dans plusieurs programmes de recherche, certains en Ă©troite collaboration avec l’ensemble des hĂŽpitaux pour enfants au Canada. « Tous nos patients sont systĂ©matiquement invitĂ©s Ă  faire partie d’un protocole de recherche, et la plupart acceptent. »

Apprendre Ă  vivre avec la douleur

Aujourd’hui, Gabrielle s’entraĂźne souvent au gym, a un large rĂ©seau social, habite en appartement et travaille tout en poursuivant ses Ă©tudes au cĂ©gep en technique d’éducation spĂ©cialisĂ©e. Elle a mĂȘme jouĂ© au dek hockey pendant un certain temps. « En somme, j’ai une vie normale, mĂȘme si j’ai parfois des rechutes. La douleur est moins intense qu’auparavant
 Ă  moins que ce soit parce que j’ai appris Ă  vivre avec elle... »

« On ne peut rĂ©ellement savoir ce qui a fini par fonctionner au bout du compte, conclut Isabelle Gonthier. SĂ»rement l’ensemble des soins exceptionnels qu’ont donnĂ© Ă  ma fille la Dre Joelle Desparmet en premier lieu, et ensuite le Dr Pablo Ingelmo, ainsi que tous les autres professionnels de la santĂ©. MalgrĂ© la rotation de personnel, l’esprit d’équipe Ă©tait incroyable ; ils nous ont donnĂ© du soutien pendant toutes ces annĂ©es. Nous n’y serions jamais parvenues seules. Toujours, ils nous donnaient de l’espoir. »

L’indispensable interdisciplinaritĂ©

Le Dr Ingelmo se rappelle trĂšs bien le cas de Gabrielle Lalande, qui Ă©tait dĂ©jĂ  traitĂ©e Ă  l’HĂŽpital de MontrĂ©al pour enfants lorsqu’il est arrivĂ© au QuĂ©bec, en 2013. « Le CUSM est venu me chercher pour mettre sur pied le Centre pour la douleur complexe pĂ©diatrique, car j’avais fondĂ© trois centres de la douleur en Argentine, mon pays d’origine. LĂ -bas, Ă  l’époque, seuls les anesthĂ©sistes prenaient en charge la douleur des patients ; j’avais donc la formation requise. » Depuis qu’il est au QuĂ©bec, il a conçu un programme de formation sur les douleurs chroniques qui s’adressait d’abord aux mĂ©decins de famille et qui, par la suite, a Ă©tĂ© offert Ă  quiconque s’intĂ©resse au traitement de la douleur. Il a aussi créé le premier programme de formation au Canada sur le traitement de la douleur pĂ©diatrique destinĂ© spĂ©cifiquement aux Ă©tudiants en mĂ©decine.

Chef d’orchestre de son Ă©quipe, le Dr Ingelmo prĂ©cise que les 17 personnes qui en font partie travaillent en interdisciplinaritĂ© et non en multidisciplinaritĂ©. Autrement dit, les interventions des mĂ©decins, physiothĂ©rapeutes, psychologues, pharmaciens, travailleuses sociales, infirmiĂšres, psychoĂ©ducatrices et chercheurs se font en complĂ©mentaritĂ©, car chacun aspire Ă  faire en sorte que la vie des enfants et des adolescents atteints du SDRC revienne Ă  la normale le plus rapidement possible.

La physiothĂ©rapie doit ĂȘtre entamĂ©e dĂšs qu’on soupçonne un cas de SDRC. La thĂ©rapie comportementale, quant Ă  elle, vise Ă  contrĂŽler la perception de la douleur.
Gabrielle Lalande et sa mĂšre, Isabelle Gonthier Pendant quatre ans, Gabrielle n’a pu marcher autrement qu’à l’aide de bĂ©quilles ou d’une canne.
Gabrielle Lalande et le Dr Pablo Ingelmo
Le Dr Pablo Ingelmo

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CAS CLINIQUE

« L’origine de ce syndrome n’est pas claire, et personne ne comprend encore pourquoi des patients prĂ©sentent rapidement une amĂ©lioration de leur condition, alors qu’il faudra parfois plus d’un an pour d’autres. »

Fort heureusement, dans 95 % des cas, soutient le mĂ©decin spĂ©cialiste de la douleur pĂ©diatrique, leur histoire ne ressemble pas Ă  celle de Gabrielle : « L’origine de ce syndrome n’est pas claire, et personne ne comprend encore pourquoi des patients prĂ©sentent rapidement une amĂ©lioration de leur condition, alors qu’il faudra parfois plus d’un an pour d’autres. Certains auront mĂȘme des douleurs chroniques toute leur vie. » D’oĂč la nĂ©cessitĂ© d’avoir recours Ă  la mĂ©decine personnalisĂ©e. Chaque personne qui vient au Centre subit d’abord un test sensoriel quantitatif. En 2016, le Centre est devenu le premier, et le seul, Ă©tablissement pĂ©diatrique pour la douleur complexe au Canada Ă  utiliser cet outil clinique pour tous ses patients afin d’analyser le systĂšme nociceptif, c’est-Ă -dire le systĂšme responsable de la perception des stimulations qui produisent la douleur.

En ce qui a trait aux mĂ©dicaments, les bisphosphonates, gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©s dans le traitement de l’ostĂ©oporose, donnent de trĂšs bons rĂ©sultats, mĂȘme si la plupart des jeunes patients ne prĂ©sentent pas de symptĂŽmes de cette maladie. Par ailleurs, la physiothĂ©rapie doit ĂȘtre entamĂ©e dĂšs qu’on soupçonne un cas de SDRC, insiste le Dr Ingelmo. La thĂ©rapie comportementale, quant Ă  elle, vise Ă  contrĂŽler la perception de la douleur. Enfin, une autre Ă©tape essentielle consiste en l’amĂ©lioration de la qualitĂ© du sommeil des patients.

« Nous traitons uniquement des cas complexes, trĂšs complexes mĂȘme ; des enfants pour lesquels plus personne ne peut rien faire. Nous avons le devoir d’aider ces enfants Ă  revenir Ă  une vie normale le plus rapidement possible. Ceux qui ne guĂ©rissent pas complĂštement ont au moins une vie fonctionnelle malgrĂ© la douleur. Ils peuvent s’amuser, Ă©tudier, travailler, passer du bon temps avec leur famille, bref, ce ne sont pas des personnes handicapĂ©es. » Le Dr Ingelmo s’inquiĂšte toutefois pour l’avenir du centre qu’il dirige, car 80 % de son budget provient de dons privĂ©s dont la source sera tarie d’ici la fin de 2025. Un financement public Ă  100 %, comme c’est le cas dans les autres provinces canadiennes, permettrait de soutenir les efforts de son Ă©quipe.

Gabrielle s’est pliĂ©e Ă  divers types d’exercices pendant des annĂ©es avant que son pied redevienne fonctionnel.
La fracture était guérie. Pourtant, le pied droit de Gabrielle restait enflé et lui causait des douleurs intolérables.

LA D re ISABELLE

FERDINAND

À L’ORIGINE DU SERVICE DE RHUMATOLOGIE DE L’HÔPITAL

NOTRE-DAME

FraĂźchement diplĂŽmĂ©e, la Dre Isabelle Ferdinand s’est vu confier le poste de cheffe du Service de rhumatologie de l’HĂŽpital Notre-Dame, en 2018. Ce service, elle a dĂ» le crĂ©er de toutes piĂšces Ă  la suite du dĂ©part des Ă©quipes d’un des hĂŽpitaux qui avaient composĂ© le Centre hospitalier de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al au cours des quelque vingt annĂ©es prĂ©cĂ©dentes.

« J’avais libre cours pour crĂ©er un service Ă  mon image. Le dĂ©fi Ă©tait grand. »

Par Suzanne Blanchet, réd. a.

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RELĂšvE INSPIRANTE

FondĂ© en 1880, l’HĂŽpital Notre-Dame est le premier hĂŽpital francophone laĂŻc en AmĂ©rique du Nord. Il a fait partie du Centre hospitalier de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al de 1996 Ă  2017, jusqu’à ce que cet Ă©tablissement rassemble ses Ă©quipes sous un mĂȘme toit, rue Saint-Denis. Dans un article annonçant que l’HĂŽpital Notre-Dame devenait alors une installation du CIUSSS du Centre-Sud-del’Île-de-MontrĂ©al, La Presse Ă©numĂ©rait les spĂ©cialitĂ©s mĂ©dicales qui y seraient offertes. La rhumatologie n’était pas du nombre. « Historiquement, la rhumatologie Ă©tait rĂ©servĂ©e aux centres universitaires. Puis, il y a eu une volontĂ© ministĂ©rielle d’en inclure dans les hĂŽpitaux communautaires. Comme il n’y avait qu’un rhumatologue Ă  temps partiel Ă  l’HĂŽpital de verdun, qui fait partie du mĂȘme CIUSSS que nous, j’avais libre cours pour crĂ©er un service Ă  mon image. Le dĂ©fi Ă©tait grand », se souvient la Dre Isabelle Ferdinand, Ă  qui cette lourde responsabilitĂ© a Ă©tĂ© attribuĂ©e, alors qu’elle n’était diplĂŽmĂ©e que depuis quelques mois.

« Je me suis battue pour qu’un infirmier fasse partie de notre Ă©quipe Ă  temps complet, et j’ai eu gain de cause. »

La rhumatologue a mis Ă  contribution les forces et les compĂ©tences qu’elle avait fait valoir en entrevue de sĂ©lection : planification, organisation, coordination, sens de l’engagement. « Comme nous n’avions pas encore de patients, mes premiĂšres tĂąches ont exclusivement concernĂ© le volet administratif. Je suis vraiment partie de zĂ©ro ! J’ai fait de la recherche sur les meilleures pratiques, conçu l’offre de service, recrutĂ© mes collĂšgues, choisi l’emplacement de nos bureaux et commandĂ© le matĂ©riel. J’ai Ă©galement dĂ» annoncer l’existence de notre service non seulement aux mĂ©decins de Notre-Dame, mais aussi Ă  ceux de l’ensemble du CIUSSS. »

Cette campagne a Ă©tĂ© si efficace que les patients ont affluĂ© et qu’il a rapidement fallu intĂ©grer un quatriĂšme rhumatologue Ă  l’équipe initiale. La Dre Ferdinand a aussi fait des reprĂ©sentations auprĂšs de la direction des services professionnels et celle des soins infirmiers : « Pour offrir aux patients les meilleurs soins, il faut du soutien infirmier. GĂ©nĂ©ralement, une infirmiĂšre fait partie de l’équipe de rhumatologie Ă  temps partiel seulement, sauf dans les centres hospitaliers universitaires. Je me suis battue pour qu’un infirmier fasse partie de notre Ă©quipe Ă  temps complet, et j’ai eu gain de cause. »

Une femme engagée dans sa communauté

Pour comprendre la dĂ©termination de la Dre Ferdinand, il faut connaĂźtre son parcours. Elle a obtenu un baccalaurĂ©at en sciences de la nutrition Ă  l’UniversitĂ© McGill et travaillĂ© deux ans dans le rĂ©seau du Centre universitaire de santĂ© McGill. « J’ai ensuite dĂ©cidĂ© de m’inscrire en mĂ©decine parce que j’avais l’impression que la portĂ©e de mes actions auprĂšs des patients Ă©tait plutĂŽt limitĂ©e. » AcceptĂ©e Ă  l’UniversitĂ© Laval, elle dĂ©mĂ©nage Ă  QuĂ©bec.

Constatant qu’elle est la seule personne issue de la communautĂ© noire de sa cohorte et sachant sa cousine dans la mĂȘme situation Ă  MontrĂ©al, la future rhumatologue cherche Ă  comprendre le phĂ©nomĂšne. « Je n’étais pas encore consciente de l’ampleur de ce problĂšme de sous-reprĂ©sentation. Mes recherches et mes discussions avec mes collĂšgues m’ont permis de comprendre que ces Ă©tudiants ne posaient pas moins leur candidature que ceux d’autres origines, toutes proportions gardĂ©es, ni que la mĂ©decine ne les intĂ©ressait pas, mais qu’il y avait des biais conscients et inconscients rattachĂ©s Ă  cette problĂ©matique, ainsi que des barriĂšres culturelles et Ă©conomiques. »

De retour Ă  MontrĂ©al pour ses Ă©tudes mĂ©dicales postdoctorales, la Dre Ferdinand devient membre du conseil des gouverneurs du Fonds 1804 pour la persĂ©vĂ©rance scolaire. « Lors de la cĂ©rĂ©monie de remises de bourses Ă  des Ă©tudiants de derniĂšre annĂ©e du secondaire, je voyais des Ă©toiles briller dans leurs yeux lorsque je racontais mon parcours. J’ai servi de modĂšle et je le suis encore pour de futurs Ă©lĂšves qui caressent l’idĂ©e d’aller en mĂ©decine. »

La Dre Ferdinand s’investit aussi dans divers comitĂ©s et participe Ă  un forum citoyen, oĂč sont Ă©voquĂ©es des difficultĂ©s qui expliquent la sous-reprĂ©sentation de la communautĂ© noire en mĂ©decine. Souvent, l’entourage familial fera valoir que d’aussi longues Ă©tudes favorisent l’endettement et qu’un baccalaurĂ©at dans une autre discipline de la santĂ© donnerait rapidement accĂšs Ă  une profession bien rĂ©munĂ©rĂ©e. Des participants au forum ont Ă©galement observĂ© que peu de mĂ©decins responsables des entrevues de sĂ©lection dans les universitĂ©s Ă©taient issus de la diversitĂ©. Enfin, la Dre Ferdinand ne saurait passer sous silence l’absence de modĂšles en mĂ©decine, contrairement aux sciences infirmiĂšres, par exemple.

« J’ai servi de modĂšle et je le suis encore pour de futurs Ă©lĂšves qui caressent l’idĂ©e d’aller en mĂ©decine. »

Son engagement social attire l’attention d’un groupe de travail prĂ©sidĂ© par le D r Jean-Michel Leduc, un microbiologiste-infectiologue prĂ©occupĂ© par les problĂšmes d’équitĂ© et de diversitĂ© dans les programmes de sciences de la santĂ© Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. Il l’invite Ă  se joindre Ă  lui, et elle devient coresponsable du groupe, qui a pour mission d’élaborer un plan d’action Ă  partir des pistes de solutions proposĂ©es lors du forum.

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RELĂšvE INSPIRANTE

« Je rĂȘve d’une sociĂ©tĂ© encore plus juste oĂč chacun aura la chance de s’épanouir dans le domaine qui l’intĂ©resse, peu importe la couleur de sa peau, son orientation sexuelle ou son statut Ă©conomique. »

Des résultats immédiats

Deux ans plus tard, l’UniversitĂ© de MontrĂ©al lance son plan d’action (voir « Le 15 septembre 2022, une date Ă  retenir »). Certaines mesures entrent immĂ©diatement en vigueur.

Ainsi, la cote de rendement au collĂ©gial – la cote R – a Ă©tĂ© abaissĂ©e Ă  un seuil de 33 en mĂ©decine. « Longtemps, seuls les candidats ayant une cote R de 40 Ă©taient pris en compte, rappelle la Dre Ferdinand. Sans mettre en cause l’importance de l’excellence du dossier d’études, la candidature des Ă©tudiants ayant la cote R seuil est au moins considĂ©rĂ©e. Cette cote s’applique Ă  tous les Ă©tudiants, quelle que soit la couleur de leur peau », prĂ©cise la rhumatologue, ajoutant toutefois que celles et ceux issus de la communautĂ© noire qui se qualifient en fonction de cette cote R seuil peuvent remplir un formulaire d’autodĂ©claration. « Ils auront alors accĂšs Ă  des places rĂ©servĂ©es pour l’entrevue. Ce sera ensuite Ă  eux de faire valoir leurs qualitĂ©s et leurs compĂ©tences pour ĂȘtre admis : tout se joue Ă  l’entrevue. »

Les rĂ©sultats ne tardent pas Ă  se faire sentir : dĂšs la premiĂšre annĂ©e de la mise en Ɠuvre du plan d’action et du nouveau programme d’accĂšs, 19 Ă©tudiants issus de la communautĂ© noire ont Ă©tĂ© admis en mĂ©decine Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. « AprĂšs des dĂ©marches similaires, l’UniversitĂ© McGill a obtenu sensiblement les mĂȘmes rĂ©sultats. Ces deux cohortes Ă©taient les plus importantes en nombre jamais vues au QuĂ©bec. » Mieux encore, depuis deux ans, quelque 70 personnes issues de cette communautĂ© ont Ă©tĂ© admises en mĂ©decine Ă  MontrĂ©al. Plusieurs universitĂ©s canadiennes ont, elles aussi, instaurĂ© des passerelles pour les Ă©tudiants noirs (black student pathways).

Est-il permis d’espĂ©rer qu’un jour il ne sera plus nĂ©cessaire de concevoir des programmes visant Ă  aplanir les inĂ©galitĂ©s sociales ? « Je rĂȘve d’une sociĂ©tĂ© encore plus juste oĂč chacun aura la chance de s’épanouir dans le domaine qui l’intĂ©resse, peu importe la couleur de sa peau, son orientation sexuelle ou son statut Ă©conomique. »

Ce jour n’étant pas arrivĂ©, la rhumatologue a créé la bourse Isabelle-Ferdinand ; pendant cinq annĂ©es consĂ©cutives, une somme de 2000 $ sera offerte Ă  une Ă©tudiante ou un Ă©tudiant en mĂ©decine issu de la communautĂ© noire, afin de souligner son engagement scolaire, communautaire ou social. « C’est pour moi une façon de donner au suivant, de sceller mon engagement avec l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. »

Le 15 septembre 2022, une date à retenir

Le Bureau de la responsabilitĂ© sociale de la FacultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, en partenariat avec l’Association mĂ©dicale des personnes de race noire du QuĂ©bec et le Sommet socioĂ©conomique pour le dĂ©veloppement des jeunes des communautĂ©s noires, a lancĂ© son Plan d’action pour une meilleure reprĂ©sentation des Ă©tudiantes et Ă©tudiants issus des communautĂ©s noires dans les sciences de la santĂ©, le 15 septembre 2022. Les Drs Isabelle Ferdinand et Jean-Michel Leduc y participaient Ă  titre de coresponsables du groupe de travail de la reprĂ©sentation des races noires en sciences de la santĂ© Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al.

LA CRYOABLATION, UNE SOLUTION PROMETTEUSE CONTRE LE CANCER DU SEIN

La cryoablation consiste Ă  neutraliser une tumeur par congĂ©lation. La tumeur n’est donc pas retirĂ©e.

Outil thĂ©rapeutique qui a fait ses preuves dans le traitement de divers types de cancer, la cryoablation s’ajoute Ă  l’arsenal thĂ©rapeutique contre le cancer du sein. Le Centre hospitalier de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al est le premier Ă©tablissement au QuĂ©bec Ă  offrir cette solution aux femmes pour qui aucune autre approche ne convient.

Photomicrographie d’une biopsie du sein montrant un carcinome canalaire invasif de grade II, forme la plus courante de cancer du sein. Invasion lymphovasculaire : prĂ©sente.

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RECHERCHE MéDICALE

Depuis janvier 2024, le Programme quĂ©bĂ©cois de dĂ©pistage du cancer du sein est offert aux femmes de 50 Ă  74 ans. Une nouvelle rĂ©alitĂ© dont se rĂ©jouit le Dr Matthew Seidler, chef de section en imagerie du sein au DĂ©partement de radiologie du Centre hospitalier de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al (CHUM) : « En prolongeant de cinq ans l’ñge auquel les QuĂ©bĂ©coises peuvent bĂ©nĂ©ficier de ce programme, nous pourrons dĂ©celer plus de tumeurs Ă  un stade gĂ©nĂ©ralement prĂ©coce. »

À l’heure actuelle, l’intervention chirurgicale demeure la meilleure option dans le traitement du cancer du sein, soutient le Dr Seidler (voir « Cancer du sein et cryoablation : que rĂ©serve l’avenir ? »). NĂ©anmoins, le CHUM annonçait rĂ©cemment que son Ă©quipe multidisciplinaire en oncologie a commencĂ© Ă  proposer la cryoablation – aussi nommĂ©e cryothĂ©rapie ou cryochirurgie – aux patientes qui, autrement, ne se verraient offrir qu’un suivi d’observation : « Cette technique est accessible aux femmes qui sont inopĂ©rables, par exemple Ă  cause de problĂšmes cardiaques ou pulmonaires, explique le Dr Seidler. Pour certaines qui reçoivent uniquement des traitements de chimiothĂ©rapie ou de radiothĂ©rapie, la cryothĂ©rapie pourra venir en complĂ©mentaritĂ©. D’autres y seront admissibles lorsque non seulement la chirurgie mais aussi la chimiothĂ©rapie ou la radiothĂ©rapie sont contre-indiquĂ©es pour elles. »

Il est trop tĂŽt pour affirmer que cette technique est la solution de l’avenir, mais les rĂ©sultats de rĂ©centes Ă©tudes sont trĂšs prometteurs.
Le Dr Damien Olivié
TUMEUR
Le Dr Matthew Seidler

Neutraliser la tumeur en la gelant

La cryoablation consiste Ă  neutraliser une tumeur par congĂ©lation (voir « Cryoablation 101 »). La tumeur n’est donc pas retirĂ©e. Le Dr Damien OliviĂ©, radiologiste en imagerie interventionnelle oncologique au CHUM, utilise cette approche depuis longtemps dans les cas de cancers du foie, du rein, du poumon ou des os : « Cette intervention est reconnue comme une solution potentiellement Ă©quivalente Ă  la chirurgie pour les cancers logĂ©s en profondeur. Cependant, le cancer du sein a sa propre spĂ©cificitĂ©, la tumeur Ă©tant situĂ©e sous la peau. De nombreuses Ă©tudes multicentriques devront ĂȘtre menĂ©es avant que soit prouvĂ©e la pertinence d’instaurer la cryoablation Ă  large Ă©chelle pour cet organe. »

Le Dr Seidler mentionne la ICE3, une Ă©tude menĂ©e aux Ă©tats-Unis depuis une dizaine d’annĂ©es auprĂšs de quelque 200 femmes qui ont Ă©tĂ© traitĂ©es par cryothĂ©rapie dans 19 hĂŽpitaux, et dont les premiers rĂ©sultats ont Ă©tĂ© publiĂ©s rĂ©cemment : « Trois ans aprĂšs l’intervention, ils ont observĂ© un taux de rĂ©cidive de 2 %. Ce rĂ©sultat n’est pas trĂšs diffĂ©rent de celui obtenu avec la chirurgie.

Il est trop tĂŽt pour affirmer que cette technique est la solution de l’avenir, mais les rĂ©sultats de rĂ©centes Ă©tudes sont trĂšs prometteurs. »

Il ne s’agit pas de prĂ©senter la cryoablation comme une solution miracle qui pourrait ĂȘtre systĂ©matiquement offerte Ă  toutes les femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein. Pour l’instant, elle n’est proposĂ©e qu’en dernier recours ; cependant, elle pourrait un jour voir ses indications Ă©largies. Actuellement, trĂšs peu de femmes en ont bĂ©nĂ©ficiĂ© au CHUM, mais quelques dossiers sont en cours d’analyse. D’autres Ă©tablissements au QuĂ©bec souhaitent Ă©galement intĂ©grer cette technique dans leur offre de service pour le cancer du sein.

Pour l’instant, la cryoablation n’est proposĂ©e qu’en dernier recours ; cependant, elle pourrait un jour voir ses indications Ă©largies.

Cancer du sein et cryoablation : que rĂ©serve l’avenir ?

À l’instar de leurs collĂšgues radiologistes, les chirurgiens-oncologues Erica Patocskai et Rami Younan estiment que la cryoablation s’ajoute Ă  l’arsenal thĂ©rapeutique contre le cancer du sein mais qu’elle ne peut, pour l’instant, remplacer systĂ©matiquement une intervention chirurgicale. « Les patientes ne doivent pas voir cette technique comme un choix Ă©quivalent : en l’absence d’un rapport de pathologie, la tumeur n’étant pas retirĂ©e, nous n’avons pas la preuve absolue que toutes les cellules ont Ă©tĂ© dĂ©truites », observe la Dre Patocskai, cheffe du Service de chirurgie oncologique du Centre hospitalier de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. À l’heure actuelle, seul ce rapport peut en effet confirmer s’il reste ou non des cellules cancĂ©reuses. « C’est ce qui nous aide Ă  prendre nos dĂ©cisions pour la suite, Ă  savoir s’il faut ou non complĂ©ter l’intervention par des traitements adjuvants : chimiothĂ©rapie, radiothĂ©rapie, thĂ©rapie ciblĂ©e ou immunothĂ©rapie. »

Le Dr Younan ayant lui-mĂȘme contribuĂ© Ă  un projet de recherche sur la cryoablation auprĂšs d’une quinzaine de femmes atteintes d’un cancer du sein durant sa rĂ©sidence Ă  QuĂ©bec, dans les annĂ©es 1999-2000, il observe que cette approche n’est pas rĂ©cente. « Comme ces femmes allaient subir une mastectomie totale de toute maniĂšre, elles avaient acceptĂ© que leurs seins soient analysĂ©s aprĂšs la chirurgie. Nous avions alors pu constater que la balle de froid avait complĂštement dĂ©truit les cellules cancĂ©reuses. Malheureusement, le projet ne s’est jamais rendu Ă  l’étape clinique. D’ailleurs, il n’y a toujours pas d’études qui prouvent hors de tout doute l’équivalence entre la cryoablation et la chirurgie, en ce qui concerne le cancer du sein, car c’est un organe mobile et que la tumeur est souvent directement sous la peau. »

Si une patiente refuse catĂ©goriquement d’ĂȘtre opĂ©rĂ©e, les chirurgiens oncologues lui expliquent que, dans l’état actuel des connaissances, cette technique s’avĂšre un deuxiĂšme choix, et ils la dirigent vers les radiologistes de leur Ă©quipe, qui sont aptes Ă  prendre la dĂ©cision finale.

Les Spécialistes RECHERCHE

La Dre Erica Patocskai
Montréal
Le Dr Rami Younan

Cryoablation 101

Une biopsie effectuĂ©e Ă  la suite d’une mammographie, d’une Ă©chographie ou d’une imagerie par rĂ©sonnance magnĂ©tique confirme la prĂ©sence d’une tumeur cancĂ©reuse. Si la femme est dirigĂ©e vers un chirurgien-oncologue du Centre hospitalier de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, il pourrait soumettre son cas au comitĂ© multidisciplinaire, aprĂšs avoir analysĂ© son dossier et ses antĂ©cĂ©dents, puis conclu qu’elle n’est pas apte Ă  subir une intervention chirurgicale. « Toutes les dĂ©cisions liĂ©es Ă  un diagnostic de cancer sont prises en Ă©quipe », prĂ©cise la radiologiste Maude Labelle.

Il est impĂ©ratif d’expliquer chacune des Ă©tapes Ă  la patiente avant le jour J. « La procĂ©dure est simple et relativement similaire Ă  une grosse biopsie. D’ailleurs, les patientes peuvent mĂȘme nous parler pendant l’intervention, souligne la Dre Labelle. Une anesthĂ©sie locale de xylocaĂŻne 1 %, comme chez le dentiste, est d’abord administrĂ©e. Une ou plusieurs aiguilles sont ensuite positionnĂ©es sous Ă©chographie, puis un glaçon prĂ©dĂ©fini en taille suivant le type d’aiguille utilisĂ©e est gĂ©nĂ©rĂ© au bout de cette derniĂšre. Ă© tant donnĂ© que les cellules contiennent Ă©normĂ©ment d’eau, des cristaux de glace se forment dans les cellules visĂ©es, et elles Ă©clatent. Les petits vaisseaux sanguins qui alimentent ces cellules sont Ă©galement dĂ©truits par la cryoablation. »

Afin que la surface du sein soit protĂ©gĂ©e, de l’eau stĂ©rile tiĂšde est infusĂ©e sous la peau et de la chaleur est appliquĂ©e directement Ă  l’extĂ©rieur.

Le cycle de congĂ©lation dure dix minutes, puis le sein est graduellement ramenĂ© Ă  la chaleur du corps. Afin que l’éclatement cellulaire soit optimal et la tumeur dĂ©truite, les mĂȘmes Ă©tapes peuvent ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©es deux ou trois fois, selon l’étendue du tissu atteint. Toute l’intervention est monitorĂ©e par sondes Ă©chographiques.

Une partie des tissus sains en pĂ©riphĂ©rie de la tumeur est Ă©galement dĂ©truite, ce qui correspond Ă  ce qu’aurait Ă©tĂ© la marge chirurgicale. Cette façon de faire est d’autant plus importante que la tumeur n’est pas retirĂ©e et qu’il sera, par consĂ©quent, impossible de l’analyser en laboratoire. « Nous ne saurons donc pas s’il reste des cellules actives, reconnaĂźt la Dre Labelle. Nous espĂ©rons avoir guĂ©ri le cancer, mĂȘme si nous n’en avons pas la preuve absolue. Nous effectuons un suivi rĂ©gulier par imagerie et acheminons les rĂ©sultats au chirurgienoncologue, car la patiente ne perdra jamais son lien thĂ©rapeutique avec lui. »

L’intervention ne laisse aucune cicatrice apparente mais, pendant quelques mois, parfois mĂȘme jusqu’à un an, les femmes pourront palper la zone cicatricielle qui est Ă  l’intĂ©rieur du sein, la graisse situĂ©e dans la zone de congĂ©lation ayant durci. « Elles peuvent mĂȘme la sentir plus que la tumeur qu’elles avaient. Afin de prĂ©venir leurs inquiĂ©tudes Ă  ce sujet, l’infirmiĂšre pivot qui fait partie de notre Ă©quipe leur explique le phĂ©nomĂšne avant l’intervention, mais elle fait aussi un suivi tĂ©lĂ©phonique le surlendemain afin de rĂ©pondre Ă  leurs questions. »

Le CHUM est le premier établissement au Québec à offrir la cryoablation pour traiter le cancer du sein.
CrĂ©dit Centre hospitalier de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al
La Dre Maude Labelle

LES MULTIPLES FACETTES DE LA CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE

L’orthopĂ©diste, ou chirurgien orthopĂ©dique, est le spĂ©cialiste du systĂšme musculosquelettique. Il traite les maladies des os, des articulations, des ligaments, des muscles, des tendons ainsi que des nerfs, et prend en charge des fractures, des luxations, des entorses, des hernies discales et des tumeurs osseuses.

Il est appelé à effectuer diverses interventions chirurgicales, que ce soit pour réparer une fracture ou remplacer des articulations arthritiques douloureuses par des articulations artificielles.

Ce mĂ©decin spĂ©cialiste corrige aussi certaines malformations congĂ©nitales, des anomalies de croissance – scoliose, cyphose, lordose – et des sĂ©quelles de maladies infectieuses ou inflammatoires comme la poliomyĂ©lite et l’arthrite rhumatoĂŻde, de mĂȘme que celles liĂ©es Ă  une paralysie cĂ©rĂ©brale ou Ă  un traumatisme.

Chacun choisit la surspĂ©cialitĂ© qui correspond Ă  ses champs d’intĂ©rĂȘts et Ă  sa personnalitĂ©. Les Drs Norbert Dion et Robert Turcotte en sont la preuve.

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CHIRURGIE

LE D r NORBERT DION, CLINICIENENSEIGNANT DANS L’ÂME

Avant d’opter pour la chirurgie orthopĂ©dique, le Dr Norbert Dion avait d’abord pensĂ© se diriger vers la mĂ©decine interne. Il s’est forgĂ© une carriĂšre lui permettant d’allier ses champs d’intĂ©rĂȘt, qui font appel Ă  des compĂ©tences opposĂ©es, du moins en apparence, mais qu’il estime plutĂŽt complĂ©mentaires. Le Dr Dion est aussi un professeur qui veut faire des rĂ©sidents Ă  qui il enseigne des mĂ©decins sensibles aux besoins de leurs patients.

Les façons d’exercer la chirurgie orthopĂ©dique sont nombreuses. Un chirurgien prĂ©fĂ©rera se spĂ©cialiser dans la reconstruction des ligaments du genou, un deuxiĂšme optera pour la chirurgie de la main, tandis qu’un troisiĂšme se concentrera sur les problĂšmes liĂ©s Ă  la colonne vertĂ©brale. Le Dr Norbert Dion, chirurgien orthopĂ©dique oncologue au CHU de QuĂ©bec – UniversitĂ© Laval, a quant Ă  lui longuement hĂ©sitĂ© entre la mĂ©decine interne et la chirurgie orthopĂ©dique. Il estime que sa dĂ©cision de faire de la chirurgie orthopĂ©dique oncologique lui offre le plus beau des compromis : « C’est trĂšs satisfaisant. Tout le volet oncologique liĂ© aux mĂ©tastases osseuses ou aux diffĂ©rentes formes de cancer des os et des tissus mous, du diagnostic au traitement, correspond Ă  mon intĂ©rĂȘt pour la mĂ©decine interne. CĂŽtĂ© chirurgical, je ne pouvais m’imaginer ĂȘtre spĂ©cialiste d’un seul site anatomique. Or, grĂące Ă  l’oncologie, je peux, dans une mĂȘme journĂ©e, voir un cas de tumeur dans les tissus mous de l’épaule, enlever une partie d’un fĂ©mur atteinte d’un sarcome et la remplacer par une endoprothĂšse, ou encore, procĂ©der Ă  l’amputation d’un pied. »

« Je ne fais pas de grandes envolĂ©es philosophiques, je crois plutĂŽt que les enseignants doivent prĂȘcher par l’exemple. »

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Le Dr Dion se souvient du commentaire d’un de ses anciens patrons, lorsqu’il lui a racontĂ© les hĂ©sitations qu’il avait eues entre les deux spĂ©cialitĂ©s mĂ©dicales : « Il m’a dit que c’était un peu comme si quelqu’un Ă  la recherche d’un loisir ne se dĂ©cidait pas entre jouer aux Ă©checs ou pratiquer la boxe, tant les deux disciplines sont diamĂ©tralement opposĂ©es. » Quelle ne fut pas la surprise du Dr Dion de dĂ©couvrir un jour l’existence du chessboxing, un sport oĂč, dans une mĂȘme compĂ©tition, les participants alternent prĂ©cisĂ©ment les Ă©checs et la boxe. On peut dire qu’il a, en quelque sorte, adaptĂ© cette discipline sportive Ă  la chirurgie orthopĂ©dique oncologique !

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ORTHOPéDIQUE

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PrĂȘcher par l’exemple

Au contact du Dr Dion, les rĂ©sidents qui reçoivent son enseignement comprennent mieux l’importance de bien maĂźtriser l’anatomie, car l’approche chirurgicale peut varier, notamment selon l’emplacement de la tumeur : « Il faut parfois ĂȘtre crĂ©atif pour y avoir accĂšs ! » La chirurgie orthopĂ©dique exige toutefois beaucoup plus que de la dextĂ©ritĂ©. C’est pourquoi le professeur Dion met de l’emphase sur la nĂ©cessitĂ© de faire preuve d’empathie : « Je ne fais pas de grandes envolĂ©es philosophiques, je crois plutĂŽt que les enseignants doivent prĂȘcher par l’exemple. » Ainsi, quand les rĂ©sidents le voient saluer un patient en lui tendant chaleureusement la main, puis discuter avec lui en s’assoyant sur le bord de son lit, ils ne peuvent faire autrement que de constater le climat de confiance qui s’établit alors.

Se dĂ©finissant comme un clinicien-enseignant, le Dr Dion aime demander au rĂ©sident en stage de l’accompagner lorsqu’il doit annoncer une mauvaise nouvelle Ă  un patient ou lui expliquer qu’il devra subir une intervention complexe, voire mutilante, qui portera atteinte Ă  ses fonctions au quotidien. « C’est la meilleure approche pour apprendre Ă  aider les patients qui doivent surmonter une Ă©preuve. L’étudiant doit savoir comment les encadrer, ou mĂȘme les envelopper. Il doit aussi s’assurer qu’ils seront entourĂ©s de leurs proches et qu'aprĂšs la chirurgie, ils auront accĂšs Ă  de la physiothĂ©rapie et Ă  de l’ergothĂ©rapie, ainsi qu’à de l’aide psychologique, si nĂ©cessaire. »

Lorsque des Ă©tudiants sont bouleversĂ©s et au bord des larmes devant un patient, le Dr Dion prend ensuite le temps de discuter avec eux. « Les mĂ©decins ont le droit d’avoir des Ă©motions, mais ils doivent savoir les gĂ©rer, ĂȘtre empathiques tout en conservant une saine distance. S’ils prennent toute la souffrance de leurs patients sur leurs Ă©paules, ils devront vite abandonner la profession. »

Remises en question

Le Dr Norbert Dion est convaincu que l’ùre est aux remises en question de certaines pratiques. Le chirurgien orthopĂ©dique doit-il toujours intervenir, du simple fait que c’est techniquement faisable ? « Il n’y a pas que le rationnel ; d’autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Par exemple, avant d’intervenir chez une personne d’un certain Ăąge, il faut s’assurer qu’elle aura la rĂ©silience nĂ©cessaire et tenir compte de la prĂ©sence d’autres problĂšmes graves de santĂ©, comme une dĂ©mence. » Dans les cas oĂč il est plus difficile de trancher, le Dr Dion dirigera son patient en oncogĂ©riatrie, afin qu’il soit d’abord Ă©valuĂ© dans sa globalitĂ©. À l’occasion, il consulte ses collĂšgues des soins palliatifs sans que ce soit nĂ©cessairement dans un contexte de fin de vie, mais pour soulager un patient aux prises avec des douleurs qui ne rĂ©pondent plus Ă  aucun traitement habituel.

De fait, chaque cas est unique. Alors que certains patients choisissent de subir des interventions complexes pour des raisons qui leur appartiennent, d’autres ne se sentent pas la force de voir leur vie changer radicalement. « Ce n’est pas frĂ©quent mais, lorsqu’un patient met un frein, c’est moi qui ai du cheminement Ă  faire. AprĂšs des annĂ©es d’expĂ©rience et un peu de sagesse, on finit par se rendre compte qu’on ne dĂ©tient pas toute la vĂ©ritĂ©. C’est au patient de juger de ce qui est prĂ©fĂ©rable pour lui. La pratique du mĂ©decin est teintĂ©e par ses propres valeurs, mais elles ne doivent pas empiĂ©ter sur celles de ses patients. »

« C’est au patient de juger de ce qui est prĂ©fĂ©rable pour lui. La pratique du mĂ©decin est teintĂ©e par ses propres valeurs, mais elles ne doivent pas empiĂ©ter sur celles de ses patients. »

Des reconnaissances

En avril 2024, le CollĂšge des mĂ©decins du QuĂ©bec a attribuĂ© au Dr Norbert Dion la Distinction de la prĂ©sidence dans la catĂ©gorie mĂ©decine de spĂ©cialitĂ©, soulignant que ce passionnĂ© des humains et de la science a rĂ©alisĂ© des chirurgies oncologiques complexes. Le CollĂšge reconnaissait Ă©galement en lui de grandes qualitĂ©s humaines qui en font un mĂ©decin d’exception, qui sait accompagner ses patients Ă  travers les Ă©preuves de la maladie.

Bien que le Dr Dion se dĂ©fende d’ĂȘtre un spĂ©cialiste de mĂ©decine sportive, il compte parfois des athlĂštes parmi ses patients. Des mĂ©dias ont fait Ă©tat du courage de certains d’entre eux et, par la mĂȘme occasion, soulignĂ© la contribution de leur chirurgien orthopĂ©dique. Ainsi, Joannie Lebrun, athlĂšte en soccer, hockey, ringuette et CrossFit, a racontĂ© aux auditeurs de MaCoteNord.com qu’une masse cancĂ©reuse au mollet droit avait Ă©tĂ© complĂštement enlevĂ©e et qu’elle espĂ©rait retrouver toute la capacitĂ© de sa jambe. Elle en a profitĂ© pour exprimer sa gratitude envers le Dr Norbert Dion pour son humanitĂ©.

Le Journal de QuĂ©bec a relatĂ©, en fĂ©vrier dernier, le parcours du hockeyeur Mathieu Dorais, forcĂ© d’abandonner son rĂȘve de devenir gardien de but Ă  la suite d’un sarcome d’Ewing, une forme rare de cancer. Il a fait l’éloge du Dr Dion, qui a pratiquĂ© une amputation de Chopart ; cette intervention lui permet maintenant d’espĂ©rer participer un jour aux Jeux paralympiques en lancer du poids.

« Les mĂ©decins ont le droit d’avoir des Ă©motions, mais ils doivent savoir les gĂ©rer, ĂȘtre empathiques tout en conservant une saine distance. S’ils prennent toute la souffrance de leurs patients sur leurs Ă©paules, ils devront vite abandonner la profession. »

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LA SCIENCE SE RAPPROCHERAIT-

ELLE DE L’HOMME BIONIQUE ?

Dans les annĂ©es 1970, une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e mettant en vedette un homme bionique laissait prĂ©sager un futur dont la science semble se rapprocher de plus en plus. Ainsi, grĂące Ă  l’ostĂ©ointĂ©gration, le Dr Robert Turcotte, chirurgien orthopĂ©dique, et la Dre Natalie Habra, physiatre, permettent Ă  des personnes amputĂ©es d’une ou des deux jambes de recommencer Ă  vivre presque normalement.

Les personnes qui subissent une amputation de la jambe se font proposer un membre artificiel, grĂące auquel elles peuvent recouvrer leur mobilitĂ©. L’appareil orthopĂ©dique le plus couramment utilisĂ© Ă  l’heure actuelle est la prothĂšse Ă  emboĂźture rigide raccordĂ©e au moignon. La plupart des amputĂ©s s’y adaptent trĂšs bien, certains allant jusqu’à participer Ă  des marathons. D’autres Ă©prouvent un inconfort, qui peut varier en intensitĂ© d’une personne Ă  une autre, en dĂ©pit de l’appui reçu tant en rĂ©adaptation que par des organismes tels Les AmputĂ©s de guerre

Entrent alors en jeu le Dr Robert Turcotte, chirurgien orthopĂ©dique au Centre universitaire de santĂ© McGill (CUSM), qui effectue l’ostĂ©ointĂ©gration, et l’équipe de la Dre Natalie Habra, physiatre surspĂ©cialisĂ©e en rĂ©adaptation des amputĂ©s Ă  l’Institut de rĂ©adaptation Gingras-Lindsay-de-MontrĂ©al (IRGLM), qui assure le suivi des patients opĂ©rĂ©s. « Cet exemple de collaboration entre deux spĂ©cialitĂ©s mĂ©dicales est unique et inestimable », affirme le Dr Turcotte.

« Cet exemple de collaboration entre deux spĂ©cialitĂ©s mĂ©dicales – la chirurgie orthopĂ©dique et la physiatrie –est unique et inestimable. »

Le Dr Robert Turcotte

Qu’est-ce que l’ostĂ©ointĂ©gration ?

Qui n’a jamais entendu parler de la possibilitĂ© d’intĂ©grer un implant dentaire Ă  l’os de la mĂąchoire pour remplacer une dent ? NommĂ©e ostĂ©ointĂ©gration, cette technique a Ă©tĂ© adaptĂ©e Ă  l’orthopĂ©die en 1990 par le Dr Rickard BrĂ„nemark, fils de l’inventeur de l’implant dentaire. Elle consiste Ă  insĂ©rer une tige de titane dans l’os du moignon d’une personne amputĂ©e et d’y fixer une prothĂšse externe en un seul clic (voir « L’ostĂ©ointĂ©gration change la vie des personnes amputĂ©es »).

Le Dr Turcotte et un collĂšgue physiatre sont allĂ©s en SuĂšde, en 2002, afin d’évaluer cette nouvelle technologie. À l’époque, les autoritĂ©s avaient conclu qu’elle ne respectait pas les normes nord-amĂ©ricaines, notamment Ă  cause des risques perçus Ă©levĂ©s d’infection et parce qu’elle forçait les patients Ă  subir deux interventions chirurgicales. De plus, le coĂ»t de l’implant Ă©tait alors exorbitant.

Une quinzaine d’annĂ©es plus tard, des orthopĂ©distes australiens ont changĂ© la donne : une seule intervention devenait dĂ©sormais possible. Les Drs Turcotte et Habra se sont donc rendus Ă  Sidney, en 2017, afin d’en savoir davantage. « Leurs donnĂ©es Ă©taient probantes et rassurantes, sans compter que cette nouvelle façon de faire raccourcissait la pĂ©riode de rĂ©adaptation », souligne la Dre Habra. DĂšs leur retour au QuĂ©bec, les deux mĂ©decins spĂ©cialistes ont fondĂ© la Clinique d’ostĂ©ointĂ©gration de MontrĂ©al, qui a pour principale mission d’évaluer les candidats potentiels.

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CHIRURGIE

ORTHOPéDIQUE

ParallĂšlement, le coĂ»t de l’implant ayant considĂ©rablement chutĂ©, la voie Ă©tait ouverte pour que le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux accepte de financer un projet novateur pendant quelques annĂ©es. En novembre 2019, le CUSM annonçait, conjointement avec le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-MontrĂ©al, qu’une premiĂšre patiente amputĂ©e d’un membre infĂ©rieur avait reçu ce type de prothĂšse dans un Ă©tablissement public en AmĂ©rique du Nord. Depuis, le Dr Turcotte a effectuĂ© cette intervention une soixantaine de fois. Au Canada, des Ă©quipes d’Edmonton et d’Ottawa ont commencĂ© Ă  l’offrir Ă  leurs patients.

D’abord se qualifier

« Le patient est soumis Ă  un ensemble de critĂšres d’admissibilitĂ© trĂšs rigoureux Ă©tabli par la Clinique d’ostĂ©ointĂ©gration. L’équilibre doit toujours ĂȘtre atteint entre les risques et les avantages », insiste la Dre Habra. En premier lieu, le candidat doit avoir dĂ©jĂ  portĂ© une prothĂšse Ă  emboĂźture et montrer que, dans son cas, les inconvĂ©nients surpassent les avantages. En effet, la prothĂšse Ă  emboĂźture peut causer des plaies et des douleurs, ou encore glisser constamment, Ă  cause de la transpiration, au point d’empĂȘcher parfois une personne amputĂ©e de porter sa prothĂšse. Par consĂ©quent, elle ne peut alors pas marcher ni aller travailler. « On ignore si ça vaut la peine d’assumer les risques de l’ostĂ©ointĂ©gration si l’on n’a pas d’abord essayĂ© une prothĂšse Ă  emboĂźture, indique la physiatre. La situation changera peut-ĂȘtre mais, pour l’instant, avoir Ă©prouvĂ© des problĂšmes avec une prothĂšse Ă  emboĂźture est un prĂ©requis. »

L’ostĂ©ointĂ©gration est offerte aux personnes dont la croissance est terminĂ©e, donc gĂ©nĂ©ralement Ă  partir de 18 ans. Les femmes enceintes ne peuvent en bĂ©nĂ©ficier qu’au terme de leur grossesse. Les mĂ©dicaments immunosuppresseurs augmentant les risques d’infection, les personnes qui en prennent ne sont pas admissibles ; c’est le cas de celles qui prĂ©sentent un diabĂšte sĂ©vĂšre ou qui reçoivent des traitements pour un cancer. Pour la mĂȘme raison, les fumeurs doivent avoir cessĂ© leur consommation de tabac depuis au moins trois mois.

« Le

patient est soumis Ă  un ensemble de critĂšres d’admissibilitĂ© trĂšs rigoureux Ă©tabli par la Clinique d’ostĂ©ointĂ©gration de MontrĂ©al. L’équilibre doit toujours

ĂȘtre atteint entre les risques et les avantages. »

La Dre Natalie Habra

L’état psychologique du candidat doit ĂȘtre stable. « En nous appuyant sur des Ă©tudes menĂ©es auprĂšs de personnes qui ont subi une transplantation d’organe, nous savons que le taux de rĂ©ussite pourrait ĂȘtre moins Ă©levĂ© si la personne prĂ©sente une dĂ©pression ou un trouble anxieux important, car elle s’investira moins dans le processus de rĂ©adaptation, observe la Dre Habra. Nous lui demanderons alors de se faire traiter avant d’envisager l’intervention chirurgicale. »

Afin de prĂ©venir les risques d’infection, les candidats se doivent de respecter Ă  la lettre les consignes liĂ©es Ă  l’entretien de leur stomie, l’endroit oĂč la tige de mĂ©tal sort du moignon. « MalgrĂ© tout, prĂšs de 65 % des patients contracteront une infection au moins une fois, prĂ©cise le Dr Turcotte ; elle sera superficielle dans 70 Ă  80 % des cas, et se rĂ©glera habituellement en quelques jours Ă  l’aide d’antibiotiques oraux. »

La réadaptation

Quelque 24 Ă  48 heures aprĂšs l’intervention chirurgicale, le patient est dirigĂ© vers l’IRGLM. Il est reçu par une Ă©quipe composĂ©e de la physiatre, de physiothĂ©rapeutes, d’ergothĂ©rapeutes, de psychologues et d’une travailleuse sociale. « Une mise en charge progressive est essentielle, explique la Dre Habra. Ă©tant donnĂ© que ces personnes ne mettent pas autant de poids sur leur jambe amputĂ©e, une partie des forces allant Ă  l’emboĂźture, l’os de la majoritĂ© des amputĂ©s de longue date est moins dense, moins fort que la normale, ce qui favorise l’ostĂ©oporose dans le moignon du fĂ©mur ou du tibia ».

La plupart des patients restent Ă  l’IRGLM pendant environ deux semaines, le temps d’apprendre Ă  faire la mise en charge et l’entretien quotidien de la stomie. Ils continuent ensuite Ă  la maison et reviennent Ă  l’Institut pour des traitements en externe lorsqu’ils sont prĂȘts Ă  marcher, environ deux semaines plus tard. Ils apprennent alors Ă  marcher avec la prothĂšse et deux bĂ©quilles pendant six semaines, puis avec une seule bĂ©quille pendant six autres semaines, tout en faisant de l’entraĂźnement en physiothĂ©rapie ainsi que des exercices de renforcement et d’étirements pour amĂ©liorer leur façon de marcher. Les patients Ă©loignĂ©s de MontrĂ©al sont suivis dans leur rĂ©gion par une Ă©quipe de rĂ©adaptation qui reçoit du soutien de l’IRGLM. Ces Ă©quipes sont rassurĂ©es de recevoir de la formation Ă  distance. Au total, la rĂ©adaptation pour une amputation du fĂ©mur dure d’ordinaire quatre mois, celle du tibia, six mois.

Les patients sont tous enthousiastes de leur nouvelle vie qui commence. Ils sont Ă©merveillĂ©s de percevoir, Ă  travers leur nouvelle prothĂšse, une petite roche sur laquelle ils marchent, une sensation qu’ils n’éprouvaient plus avec la prothĂšse Ă  emboĂźture. Certains ont l’impression d’avoir retrouvĂ© leur jambe. « Cette ostĂ©operception amĂ©liore leur Ă©quilibre et la façon de marcher, mĂȘme sur un terrain inĂ©gal », estime la Dre Habra.

L’avenir de l’ostĂ©ointĂ©gration « Nous n’offrons pas d’emblĂ©e l’ostĂ©ointĂ©gration au moment de l’amputation, car il est impossible de prĂ©voir si une personne Ă©prouvera ou non des problĂšmes avec une prothĂšse Ă  emboĂźture, soutient le Dr Turcotte. Compte tenu des risques d’infection, nous prĂ©fĂ©rons adopter une conduite prudente pour l’instant, mais un jour, les prothĂšses seront sans doute toutes ostĂ©ointĂ©grĂ©es. C’est vraiment la technologie de l’avenir. Pensez aux prothĂšses de la hanche : il y a 40 ans, nous mettions d’abord une plaque et des vis ; maintenant, nous posons systĂ©matiquement une prothĂšse totale parce que les rĂ©sultats sont prĂ©visibles. Il en ira probablement de mĂȘme avec l’ostĂ©ointĂ©gration. Cette technique a considĂ©rablement Ă©voluĂ© depuis 20 ans, imaginez ce que ce sera dans 20 ans ! »

Actuellement, l’ostĂ©ointĂ©gration n’est rĂ©alisĂ©e que sur les membres infĂ©rieurs, mais des recherches sont menĂ©es pour que cette procĂ©dure soit aussi adaptĂ©e aux interventions effectuĂ©es sur les bras. L’avenir est rempli de promesses.

Les prothĂšses sont actuellement actionnĂ©es par les muscles rĂ©siduels. « En ce qui concerne une Ă©ventuelle prothĂšse bionique contrĂŽlĂ©e par la pensĂ©e ou le systĂšme nerveux, cette technique est encore au stade expĂ©rimental, mais les rĂ©sultats sont assez spectaculaires, particuliĂšrement en ce qui concerne les membres supĂ©rieurs, qui font appel Ă  la dextĂ©ritĂ© et Ă  la motricitĂ© fine », dit le Dr Turcotte. Le chirurgien orthopĂ©dique constate toutefois que l’avenir, c’est aujourd’hui, pour les patients qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’ostĂ©ointĂ©gration : « Il y a des gens chez qui ça fait un monde de diffĂ©rence. Certains rĂ©intĂšgrent le marchĂ© du travail. D’autres marchent 15 000 pas par jour, lĂšvent des poids et haltĂšres ou font de l’escalade
 des choses qu’on leur dirait de ne pas faire ! »

L’ostĂ©ointĂ©gration change la vie des personnes amputĂ©es

Dans un reportage diffusĂ© Ă  l’émission

DĂ©couverte, les Drs Robert Turcotte et Natalie Habra expliquent l’ostĂ©ointĂ©gration et la rĂ©adaptation qui s’ensuit, dĂ©monstration Ă  l’appui. Un patient tĂ©moigne de son expĂ©rience.

En entrevue Ă  Radio-Canada, MichĂšle

Forget, la premiĂšre patiente Ă  bĂ©nĂ©ficier de l’ostĂ©ointĂ©gration au Centre universitaire de santĂ© McGill, Ă©tait Ă©mue ; elle ne pensait pas avoir un jour une prothĂšse qui se rapprocherait autant du naturel.

Les Spécialistes

L’ostĂ©ointĂ©gration consiste Ă  insĂ©rer une tige de titane dans l’os du moignon d’une personne amputĂ©e et d’y fixer une prothĂšse externe en un seul clic.

Les Spécialistes

GéRIATRIE

LE D r TAMÀS FÜLÖP AVANCE HORS DES SENTIERS BATTUS

Par Suzanne Blanchet, réd. a.

GĂ©riatre le jour et chercheur la nuit, le Dr TamĂ s FĂŒlöp se dĂ©finit comme un bourreau de travail qui s’assume. FidĂšle Ă  sa philosophie, il s’est tenu hors des sentiers battus pendant toute sa carriĂšre, que ce soit pour chercher Ă  comprendre le vieillissement ou pour inciter ses Ă©tudiants Ă  se surpasser.

Pendant sa formation en mĂ©decine interne Ă  l’UniversitĂ© de GenĂšve, le Dr TamĂ s FĂŒlöp a eu le privilĂšge d’étudier avec le professeur Jean-Pierre Junod, premier directeur du Centre de gĂ©riatrie de GenĂšve et premier mĂ©decindirecteur de l’HĂŽpital de gĂ©riatrie de GenĂšve. « De ses cours, j’ai conclu qu’en tant qu’interniste ce serait une bonne idĂ©e de m’intĂ©resser aux personnes ĂągĂ©es. »

Le Dr FĂŒlöp est donc devenu gĂ©riatre, une profession qu’il a d’abord exercĂ©e dans son pays d’origine, la Hongrie. Il est ensuite retournĂ© en Suisse, puis s’est rendu en France et au Japon, au grĂ© des Ă©tudes hautement spĂ©cialisĂ©es qu’il continuait de poursuivre avec ferveur. Lors d’un congrĂšs Ă  Madrid, il rencontre le Dr RĂ©jean HĂ©bert, qui l’invite Ă  venir implanter le volet biologie du vieillissement au Centre de recherche sur le vieillissement qu’il a fondĂ© Ă  l’Institut universitaire de gĂ©riatrie de Sherbrooke. « C’est ainsi que je suis arrivĂ© au Canada, en 1993. Ce centre de recherche est l’un des rares au Canada qui tient compte de la biologie des personnes ĂągĂ©es, en plus de la recherche cognitive, nutritionnelle et psychosociale. »

Le Dr FĂŒlöp est aussi et surtout clinicien au CIUSSS de l’Estrie – CHUS, sa prioritĂ© Ă©tant de soigner des personnes ĂągĂ©es. Il est Ă©galement professeur au Service de mĂ©decine interne du DĂ©partement de mĂ©decine de la FacultĂ© de mĂ©decine et des sciences de la santĂ© de l’UniversitĂ© de Sherbrooke.

Partenariat avec les patients

Refusant de voir ses patients par Ă©cran interposĂ©, le Dr FĂŒlöp n’a jamais fait de tĂ©lĂ©consultations. « Leur langage corporel me permet de dĂ©celer, par exemple, s’ils ont de la difficultĂ© Ă  voir ou Ă  entendre, ou encore Ă  comprendre mes explications. La relation entre le mĂ©decin et la personne malade doit en ĂȘtre une de partenariat. »

Le gĂ©riatre s’inscrit en faux contre l’opinion gĂ©nĂ©ralisĂ©e selon laquelle il serait futile d’offrir certains traitements Ă  une personne ĂągĂ©e, notamment contre le cancer, en invoquant le concept de fragilitĂ© en gĂ©riatrie : « Si le patient veut recevoir le traitement et vivre, il ne faut pas s’arrĂȘter Ă  l’ñge. Ă©videmment, lorsqu’une personne souffre de dĂ©mence, nous ne devons pas intervenir, car le traitement exige la participation consciente des patients. Cette philosophie gouvernait ma conduite lorsque j’ai implantĂ© l’oncogĂ©riatrie au Service de gĂ©riatrie du CHUS. »

S’intĂ©ressant Ă  l’effet de la nutrition sur l’inflammation et le systĂšme immunitaire, le Dr FĂŒlöp soutient que les personnes malnutries ont beaucoup moins de rĂ©sistance aux infections. « Croire qu’en vieillissant nous avons besoin de moins de nutriments est un mythe : les besoins sont les mĂȘmes pour tous. Quand nous mangeons moins, nous maigrissons et, quand nous maigrissons, la masse musculaire disparaĂźt. Un peu d’embonpoint chez une personne ĂągĂ©e offre mĂȘme une certaine protection. »

Les Spécialistes

GéRIATRIE

Le gĂ©riatre s’inscrit en faux contre

l’opinion gĂ©nĂ©ralisĂ©e selon laquelle il serait futile d’offrir certains traitements Ă  une personne ĂągĂ©e, notamment contre le cancer.

Le Dr TamĂ s FĂŒlöp, gĂ©riatre et chercheur

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Le Dr FĂŒlöp s’intĂ©resse Ă  l’effet de la nutrition sur l’inflammation et le systĂšme immunitaire ; il soutient que les gens malnutris ont beaucoup moins de rĂ©sistance aux infections.

Comprendre le vieillissement

Pour bien comprendre le phĂ©nomĂšne du vieillissement, le Dr FĂŒlöp consacre Ă  la recherche ses week-ends et une partie de ses nuits. « Comme nous manquons de gĂ©riatres, je n’ai jamais voulu libĂ©rer de mon temps clinique pour la recherche, mĂȘme quand j’ai reçu une bourse du Fonds de recherche du QuĂ©bec – SantĂ©. » DĂšs le jour 1, il s’est intĂ©ressĂ© Ă  l’immunitĂ© chez les personnes ĂągĂ©es, et plus particuliĂšrement Ă  l’immuno-inflammation. « À l’époque, les chercheurs se concentraient sur les lymphocytes, donc l’immunitĂ© acquise. J’ai prĂ©fĂ©rĂ© Ă©tudier l’immunitĂ© innĂ©e, principalement les neutrophiles et les monocytes. J’ai toujours essayĂ© de faire ce que les autres ne faisaient pas ! » Un conseil qu’il donne d’ailleurs Ă  ses Ă©tudiants en recherche : « Si vous regardez uniquement ce que les autres regardent, vous ne serez jamais de bons chercheurs. Remettez-vous en question, voyez les choses autrement. Essayez de comprendre les tenants et aboutissants du courant de pensĂ©e majoritaire, puis portez votre rĂ©flexion plus loin. Surtout, n’abandonnez jamais, mĂȘme si certains vous le conseillent parfois. C’est une des leçons que j’ai tirĂ©es de toute ma vie. »

Le Dr FĂŒlöp se souvient d’avoir publiĂ©, en 1991, un article dans lequel il partageait sa propre thĂ©orie sur la maladie d’Alzheimer, une approche qui Ă©tait loin de faire l’unanimitĂ© : « Alors que tout le monde croyait que ce type de dĂ©mence Ă©tait une maladie du cerveau, j’étais dĂ©jĂ  persuadĂ© qu’il s’agissait d’une maladie systĂ©mique, c’est-Ă -dire qui affecte le corps en entier. Depuis, je m’applique Ă  faire la dĂ©monstration de cette thĂ©orie, Ă  laquelle adhĂšrent de plus en plus de chercheurs. Je ne suis plus seul, en dĂ©pit du courant de pensĂ©e majoritaire, qui tient pour responsable de cette maladie les protĂ©ines bĂȘta-amyloĂŻdes et Tau, prĂ©sentes dans les cellules cĂ©rĂ©brales. »

Un article sur les recherches du Dr FĂŒlöp et de ses collĂšgues, paru en 2017 dans Scientia, appuyait cette thĂ©orie : « L’échec de 413 essais thĂ©rapeutiques contre la maladie d’Alzheimer menĂ©s au cours des quinze derniĂšres annĂ©es indique clairement que la communautĂ© des chercheurs est prĂȘte Ă  accueillir de nouvelles idĂ©es. Le Dr FĂŒlöp fait partie de ceux qui proposent un examen plus approfondi des voies de traitement alternatives pour sortir de cette impasse frustrante. Le rĂŽle des agents viraux et autres agents infectieux dans la pathogenĂšse de la maladie d’Alzheimer pourrait constituer un dĂ©but prometteur. »

Contribuer Ă  l’avancement des connaissances Être membre du comitĂ© de rĂ©daction de plusieurs journaux scientifiques, dont le Biogerontology, Immunity and Ageing et PeerJ, ainsi qu’éditeur en chef de Gerontology, permet au Dr FĂŒlöp de se tenir Ă  la fine pointe des connaissances en gĂ©rontologie. Il a lui-mĂȘme contribuĂ© Ă  prĂšs de 400 articles et 200 chapitres de livres. Selon Expertscape, sa vaste contribution Ă  l’avancement des connaissances le place parmi les 25 plus grands spĂ©cialistes du vieillissement au monde. « Nous pouvons publier autant grĂące au travail de nos Ă©tudiants en recherche, qui viennent de divers horizons, entre autres l’immunologie, la physiologie, la gĂ©rontologie et la nutrition. Les Ă©tudiants, c’est l’avenir. Nous les formons pour qu’ils acquiĂšrent leur indĂ©pendance et poursuivent ensuite ce qu’ils ont appris au laboratoire. Par ailleurs, sans l’appui de mes nombreux collĂšgues d’un peu partout dans le monde, je n’aurais jamais pu rĂ©aliser mes recherches. »

Titulaire du Prix de la contribution en gĂ©rontologie 2022 de l’Association canadienne de gĂ©rontologie pour son apport au champ du vieillissement, le gĂ©riatre a Ă©tĂ© reçu membre de l’AcadĂ©mie canadienne des sciences de la santĂ©. Il ne tire toutefois aucune gloire de ces honneurs ; tout ce qui compte, pour lui, est de faire profiter ses patients de ses connaissances.

MalgrĂ© tous ses engagements, le Dr FĂŒlöp refuse de se considĂ©rer comme hyperactif. Il se dĂ©finit plutĂŽt comme un bourreau de travail mais, en bon philosophe, il paraphrase Confucius : « Lorsque nous faisons ce que nous aimons, nous ne sentons aucune fatigue, notre travail n’est pas un fardeau. »

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Québec 1900-2023.

Du chercheur isolé aux grandes équipes de recherche

Denis Goulet, avec la collaboration de Christian-Allen Drouin

Tournoi de golf des fĂ©dĂ©rations mĂ©dicales au proïŹt du Programme

Merci à nos partenaires et participants pour les 104 000 $ amassés !

Ce premier ouvrage de synthĂšse sur l’histoire de la recherche biomĂ©dicale au QuĂ©bec met en perspective trois phases qui ont marquĂ© ce dĂ©veloppement. La premi se situe entre 1900 recherche sont entreprises surtout par des cliniciens gĂ©nĂ©ralistes isolĂ©s. La seconde phase s’amorce vers 1930 et se poursuit jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 1960. Elle est caractĂ©risĂ©e par l’ Ă©mergence de cliniciens spĂ©cialisĂ©s qui mettent sur pied des instituts et de petits centres de recherche. La troisiĂšme phase commence avec la RĂ©volution tranquille, s’ Ă©tend jusqu’au dĂ©but du nouveau millĂ©naire et est caractĂ©risĂ©e par l’ Ă©mergence de grandes Ă©quipes de recherche multidisciplinaires et spĂ©cialisĂ©es, parfois internationales, soutenues financiĂšrement par l’état et l’industrie privĂ©e, oĂč se poursuivent des programmes de recherche planifiĂ©s Ă  long terme. Cet ouvrage prĂ©sente par ailleurs plusieurs grands chercheurs qui ont marquĂ© cette histoire sur la scĂšne internationale. Cette spectaculaire Ă©volution propulse le QuĂ©bec parmi les grands centres de recherche biomĂ©dicale dans le monde.

Denis Goulet, Ph. D., professeur invitĂ© Ă  la FacultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, est un spĂ©cialiste en histoire de la mĂ©decine, discipline qu’il a enseignĂ©e pendant sa carriĂšre universitaire. Il a publiĂ© plus d’une vingtaine d’ouvrages et de nombreux articles scientifiques. LaurĂ©at du Hannah Institute for the History of Medicine, SociĂ©tĂ© royale du Canada, il a Ă©tĂ© professeur invitĂ© Ă  l’école des Hautes Ă©tudes en Sciences Sociales de Paris.

Christian-Allen Drouin, M.D., est chef du Service de dermatologie du CISSS du Bas-Saint-Laurent. Chercheur en gĂ©nĂ©tique des populations et passionnĂ© d’histoire, il a rĂ©alisĂ© de nombreuses recherches sur les maladies gĂ©nĂ©tiques au Bas-Saint-Laurent dont la dĂ©couverte en 1992 du syndrome MEDNIK (syndrome MEDNIK de Kamouraska). Il s’est Ă©galement intĂ©ressĂ© au mystĂ©rieux mal de Baie-Saint-Paul, une syphilis endĂ©mique qui a touchĂ© la vallĂ©e laurentienne au 18e siĂšcle.

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Paru chez Septentrion en octobre 2024

DES ACTIONS CONCRÈTES

POUR AMÉLIORER LA VIE DES PROCHES AIDANTS

La Fondation de la FĂ©dĂ©ration des mĂ©decins spĂ©cialistes du QuĂ©bec continue de multiplier ses actions visant Ă  rĂ©pondre aux besoins fondamentaux des proches aidants de partout au QuĂ©bec. Visites d’organismes partenaires, organisation d’un Ă©vĂ©nement-bĂ©nĂ©fice et soutien renouvelĂ© pour les proches aidants en santĂ© mentale sont trois exemples qui montrent bien que la Fondation poursuit son engagement.

Les Spécialistes

FONDATION

DE LA FMSQ

Visites aux camps de répit

Au cours de l’étĂ© 2024, la Fondation de la FĂ©dĂ©ration des mĂ©decins spĂ©cialistes du QuĂ©bec (FFMSQ) a apportĂ© son soutien financier Ă  onze camps de rĂ©pit dans cinq rĂ©gions du QuĂ©bec, pour un total de 190 500 $. Ces camps offrent un environnement sĂ©curisĂ© et stimulant hors du quotidien aux enfants qui ont des besoins particuliers, tout en permettant Ă  leurs proches aidants de profiter de moments de rĂ©pit indispensables.

FidĂšle Ă  sa volontĂ© d’ĂȘtre prĂ©sent sur le terrain, le Dr vincent Oliva, prĂ©sident de la FMSQ et de la FFMSQ, a visitĂ© deux de ces camps en compagnie de plusieurs membres de l’organisation. Ces rencontres enrichissantes ont donnĂ© Ă  l’équipe l’occasion de mieux comprendre les rĂ©alitĂ©s locales et de constater sur place les retombĂ©es bĂ©nĂ©fiques des contributions de la Fondation sur les participants et leurs familles.

La premiĂšre visite a eu lieu Ă  la Maison des parents d’enfants handicapĂ©s des Laurentides, Ă  Saint-JĂ©rĂŽme.

Cet organisme offre des services essentiels aux personnes vivant avec une dĂ©ficience intellectuelle ainsi qu’à leurs familles, dont le camp de jour de rĂ©pit CamĂ©lĂ©on.

La deuxiĂšme visite s’est dĂ©roulĂ©e au Patro Villeray, Ă  MontrĂ©al, en compagnie de la Dre Marie-Claude Roy, prĂ©sidente de l’Association des pĂ©diatres du QuĂ©bec. Ce centre communautaire propose des camps de jour inclusifs, auxquels peuvent participer autant des jeunes neurotypiques que d’autres vivant avec un handicap ou un trouble du spectre de l’autisme.

Présenté par

COCKTAIL DU PRÉSIDENT

Changez l’horizon des proches aidants

Le cocktail du prĂ©sident permet d’amasser 172 500 $ pour les proches aidants

Le 3 octobre dernier, la FFMSQ a tenu sa troisiĂšme Ă©dition du cocktail du prĂ©sident, un Ă©vĂ©nement-bĂ©nĂ©fice qui a rassemblĂ© plus de 170 mĂ©decins spĂ©cialistes et partenaires engagĂ©s Ă  soutenir la cause des proches aidants. GrĂące Ă  leur gĂ©nĂ©rositĂ© et au prĂ©cieux soutien de fdp Gestion privĂ©e, de Sogemec Assurances, de MPA inc., sociĂ©tĂ© de comptables professionnels agréés inc., et d’Air Canada, la somme de 172 500 $ qui a pu ĂȘtre amassĂ©e sera investie dans des projets novateurs visant Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de vie et le bien-ĂȘtre des proches aidants de partout au QuĂ©bec. À ce jour, en 2024 seulement, la FFMSQ a soutenu 46 projets rĂ©partis dans 11 rĂ©gions, pour un total de prĂšs d’un million de dollars.

Un outil numérique pour soutenir les proches aidants en santé mentale

La FFMSQ a renouvelĂ© son soutien Ă  CAP santĂ© mentale, un organisme qui a pour mission de regrouper, reprĂ©senter, soutenir et mobiliser les organismes qui Ɠuvrent auprĂšs des proches de personnes ayant un problĂšme de santĂ© mentale, et de porter leur voix.

À l’occasion de la 30e Ă©dition de la Semaine de sensibilisation Ă  la rĂ©alitĂ© des proches en santĂ© mentale, l’organisme a lancĂ© CAP MieuxÊtre, un nouvel outil numĂ©rique d’autogestion. Cette plateforme vise Ă  simplifier et Ă  faciliter l’accĂšs Ă  l’information, ainsi qu’à soutenir les personnes touchĂ©es par la maladie mentale et leurs proches aidants. Une personne sur cinq au QuĂ©bec Ă©tant affectĂ©e par un problĂšme de santĂ© mentale, cet outil constitue une ressource essentielle pour amĂ©liorer la prise en charge et l’autonomie de ces personnes et de leurs familles.

Les Spécialistes

PERSéE LAB

L’innovation en mĂ©decine spĂ©cialisĂ©e

REDÉFINIR LES FRONTIÈRES DES SOINS DE DEMAIN

À la fois confĂ©rence et webinaire, le LAB persĂ©e s’inscrit dans une volontĂ© de la FĂ©dĂ©ration des mĂ©decins spĂ©cialistes du QuĂ©bec de valoriser et de dĂ©mocratiser l’innovation en santĂ© en faisant rayonner le leadership mĂ©dical.

Des mĂ©decins issus de diverses spĂ©cialitĂ©s se sont rassemblĂ©s le 3 octobre dernier, dans le cadre de la deuxiĂšme Ă©dition du LAB persĂ©e, pour discuter des innovations qui redĂ©finissent la pratique mĂ©dicale. Plus qu’une simple exploration, cette rencontre a mis en lumiĂšre des avancĂ©es qui transforment les soins grĂące Ă  l’innovation et Ă  la technologie, tout en conservant au centre de la rĂ©flexion le patient et la qualitĂ© des soins. De la compassion numĂ©rique Ă  la tĂ©lĂ©mĂ©decine en passant par la rĂ©animation pĂ©diatrique, cette Ă©dition du LAB persĂ©e a montrĂ© de quelle maniĂšre ces innovations façonnent l’avenir des soins spĂ©cialisĂ©s.

Le Dr David Wiljer, du dĂ©partement de psychiatrie de l’UniversitĂ© de Toronto, lors de sa confĂ©rence.
Le Dr Emmanuel Bujold a expliqué comment il a mis sur pied le projet Pyramide.
Le Dr Matthieu Vincent, Ă  gauche, spĂ©cialiste en mĂ©decine d’urgence, transforme la prescription de mĂ©dicaments en milieu pĂ©diatrique grĂące au recours Ă  une application, accompagnĂ© du Dr Sam Daniel, directeur du DĂ©veloppement professionel continu Ă  la FMSQ.

La compassion numérique

Le sujet avait matiĂšre Ă  piquer la curiositĂ©. Lorsque le Dr David Wiljer, du dĂ©partement de psychiatrie de l’UniversitĂ© de Toronto, est montĂ© sur scĂšne, la salle Ă©tait tout ouĂŻe et prĂšs de 300 personnes Ă©taient rivĂ©es Ă  leur Ă©cran pour suivre le webinaire. « Je vais vous parler de la compassion numĂ©rique, a-t-il lancĂ©, de ses concepts et du rĂŽle de la technologie de santĂ© dans un systĂšme de haute qualitĂ©. »

L’intĂ©gration des outils numĂ©riques bouscule et transforme la culture de la relation patient-mĂ©decin, d’autant plus qu’aucun mode d’emploi n’existe encore. Afin de faire Ă©voluer la compassion dans un univers numĂ©rique en expansion, l’équipe du Dr Wiljer travaille avec les mĂ©decins et le personnel soignant, tout en mettant Ă  contribution tant les patients que les dirigeants des Ă©tablissements. Dans le but de maintenir une pratique humaine et compatissante, ces acteurs sont appelĂ©s Ă  participer Ă  la transformation des mentalitĂ©s, des compĂ©tences et des outils, une transformation qui sera de plus en plus souvent guidĂ©e par des donnĂ©es et des algorithmes.

Le projet Pyramide et la télémédecine

ObstĂ©tricien-gynĂ©cologue et chercheur, le Dr Emmanuel Bujold a expliquĂ© comment il a mis sur pied le projet Pyramide, qui vise Ă  prĂ©venir la prééclampsie et les complications de grossesse. Il a aussi prĂ©cisĂ© la façon dont il a intĂ©grĂ© ce concept Ă  une tĂ©lĂ©mĂ©decine de pointe. En connectant des centres de soins en rĂ©gion au CHU de QuĂ©bec–UniversitĂ© Laval, le Dr Bujold et son Ă©quipe ont

Le vendredi 15 novembre Ă  19 h 30, le Doc Show offrira une prestation au bĂ©nĂ©fice de l’organisme Nova Soins Ă  domicile. Le spectacle sera prĂ©sentĂ© au Centre Leonardo Da Vinci et les billets sont au coĂ»t de 70 $.

Voir la billeterie

non seulement rendu accessibles des examens spĂ©cialisĂ©s en rĂ©gion, mais optimisĂ© la qualitĂ© de ces examens et favorisĂ© les diagnostics des spĂ©cialistes, sans imposer de dĂ©placements aux patientes. Actuellement, moins de 30 % des femmes ont accĂšs Ă  un dĂ©pistage minimal durant leur grossesse. L’approche de Dr Bujold permettra Ă  plus de 90% des femmes d’avoir accĂšs Ă  un dĂ©pistage optimal d’ici 2025, dans les rĂ©gions qui auront adoptĂ© ce virage innovant.

De la rĂ©animation pĂ©diatrique Ă  l’espace

L’innovation du Dr Matthieu vincent, spĂ©cialiste en mĂ©decine d’urgence, transforme la prescription de mĂ©dicaments en milieu pĂ©diatrique grĂące au recours Ă  une application qui facilite le calcul des doses pour les enfants, dont la taille et le poids varient grandement. Avec son Ă©quipe, il a transformĂ© un systĂšme complexe de calcul, de gestion de fiches et de mises Ă  jour des outils en une solution numĂ©rique simple et accessible. Ainsi, en situation d’urgence, l’application EZResus soutient les cliniciens pendant la premiĂšre heure de rĂ©animation et rĂ©duit le risque d’erreurs ainsi que le stress du personnel soignant, au bĂ©nĂ©fice du patient. Ce systĂšme de calcul ayant Ă©tĂ© Ă©tendu Ă  d’autres types de patients, la popularitĂ© de l’application a fait boule de neige et compte maintenant 5 000 utilisateurs dans 40 pays. En 2025, l’application sera testĂ©e sur la Station spatiale internationale.

Votre expertise est nĂ©cessaire !

La CNESST est à la recherche de médecins de diverses spécialités afin de réaliser des expertises auprÚs de travailleuses et de travailleurs ayant subi une lésion professionnelle.

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Pour plus d’information : cnesst.gouv.qc.ca/medecins soutienprofessionnelsante@cnesst.gouv.qc.ca

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