Quand les barbares envahissaient l'Empire Romain

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À

Par Alain Besançon, de l’Institut

murdusilence n’estpasencore tombé

La parution de la monumentale Histoire mondiale du communisme de Thierry Wolton vient tenter de percer le silence qui continue de régner sur les crimes du régime, et braver l’interdit qui a empêché, depuis la Seconde Guerre mondiale, sa condamnation.

Q

uand j’ai reçu les deux massifs volumes de Thierry Wolton, Une histoire mondiale du communisme, je lui ai dit aussitôt mon admiration. En effet, cette entreprise est extraordinaire. Quand l’auteur m’avait exposé son projet, il y a dix ans, je doutais fort qu’il en vienne à bout. Eh bien, c’est fait. Il faut féliciter Grasset d’y avoir cru, de l’avoir soutenu et édité très bien. L’ouvrage en vaut la peine. Et pourtant j’ai aussi transmis à Thierry Wolton l’avertissement suivant : le communisme, personne ne veut plus en entendre parler. Vous aurez peut-être des recensions de mauvaise foi – je n’avais pas encore lu l’ahurissant compte rendu, vraiment honteux, qu’un nommé Maxime Laurent, a fait paraître dans L’Obs –, mais votre immense travailn’aqu’unvéritableennemi,c’estl’oubli. C’est sur ce mystère de l’oubli du communisme que je voudrais hasarder quelques réflexions. La France a été longtemps occupée par un parti qui vivait spirituellement en URSS et qui de 1945 à 1969 a régné sur un quart de l’électorat. L’information sur ce qui se passait au pays des soviets était contrôlée par ce parti. Le monde universitaire et journalistique n’avait des opérations du communisme qu’une connaissance très sommaire. Il n’y avait que quelques personnes

DESSIN : FABIEN CLAIREFOND. © L’HUMANITE/KEYSTONE-FRANCE.

ACTUALITÉ DE L'HISTOIRE

Le

8 h

L’A F F I C H E

qui savaient la vérité, encore moins qui avaient le courage de la dire. Les manuels scolaires et universitaires qui obéissaient aux directives des syndicats ne l’eussent pas toléré. Le communisme était protégé par un secret très efficace, et la muraille qui l’entourait était presque impossible à percer. Les voyageurs peu nombreux qui entraient en URSS, ministres, diplomates, journalistes, bien pris en main, revenaient enchantés de ce qu’on leur avait montré. Un exemple : l’Allemagne avait à sa frontière la République démocratique allemande.EllecroyaitplusoumoinsquelaRDA

RETOUCHE PHOTO Ci-contre : Lénine haranguant des soldats à Moscou en 1920. Trotski apparaît ici à ses côtés, sur l’escalier de la tribune. Mais après son exclusion du Parti en 1927, sa figure, devenue dérangeante, sera tout simplement effacée d’un cliché de cette série, laissant l’escalier vide. Page de droite : Thierry Wolton. se développait à sa façon. Le Monde la présentait comme la dixième grande puissance industrielle du monde. Mais quand le rideau de fer fut crevé, l’Allemagne fédérale fut stupéfaite. Elle ne pouvait imaginer la désolation du paysage ni qu’elle eût été bluffée à ce point. Depuis, elle dépense cent milliards de dollars chaque année pour reconstruire des usines lamentables, réparer les routes, changer les prises électriques, les robinets, tout. Et que faire pour nettoyer la conscience des citoyens de la RDA surveillés tous les jours par la Stasi, trahis par leurs amis et leurs proches qui collaboraient avec elle, abrutis par la


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