The FIFA Weekly Edition #2

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1ER NOVEMBRE 2013

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

JOSEPH S. BLATTER : POUR LA TECHNOLOGIE SUR LA LIGNE DE BUT PALESTINE : GIRL POWER MARIO KEMPES : “L'ARGENTINE EST FAVORITE”

La Belgique veut réussir un gros coup en Coupe du Monde

SHOOTING STARS FOR THE

W W W.FIFA.COM

W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


DANS CE NUMÉRO

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Vu des tribunes L’Inter Milan rend hommage à son ancien propriétaire Massimo Moratti, le clásico espagnol a vu triompher le Barça, Manchester United se cherche et le Hertha Berlin montre au Bayern Munich de quel bois il se chauffe. Quatre grands championnats européens examinés à la loupe.

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Entretien avec le Matador Mario Kempes, champion du monde 1978 avec l’Argentine, évoque sa nouvelle patrie, les États-Unis, Lionel Messi et la manière dont les joueurs doivent se préparer à la compétition reine : “Quand la préparation finale commence, la fatigue n'a plus sa place, il faut l’éliminer.”

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Compte à rebours avant Brésil 2014 T hiago Silva, capitaine de la “Seleção”, est au sommet de sa carrière. “Je rêve tous les jours de brandir la Coupe du Monde”, confie le Brésilien à 32 semaines du début du tournoi.

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Top 11 Du Real Madrid à la sélection italienne championne du monde en 1982 : les meilleures équipes de l’histoire du football.

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Débat Le “but fantôme” d’Hoffenheim n'aurait pas été validé si la technologie sur la ligne de but avait été utilisée en Allemagne. Le Président de la FIFA Joseph S. Blatter a une opinion claire sur le sujet.

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Matches truqués dans le football Le directeur de la Sécurité de la FIFA Ralf Mutschke nous explique comment le monde du football lutte pour empêcher les manipulations de résultats et pourquoi les matches de qualification pour la Coupe du Monde sont difficiles à truquer.

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Amérique du Sud 10 membres 5,5 places en Coupe du Monde www.conmebol.com

Le tournant Alexi Lalas

Coupe du Monde 2014 En route pour le Brésil

Ambassadrice de la paix L’histoire passionnée et sans clichés de Honey Thaljieh, Palestinienne de 29 ans, montre que le football peut rassembler les peuples.

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Amérique du Nord et centrale 35 membres 3,5 places en Coupe du Monde www.concacaf.com

Enquête en Belgique L’équipe de Belgique est au sommet de la vague. La sélection de Marc Wilmots a brillé dans les qualifications pour Brésil 2014 et pointe au 5ème rang du Classement mondial FIFA. Comment la Belgique a-t-elle renoué avec le haut niveau ? Quel avenir l’attend ? Perikles Monioudis a enquêté sur place.

Netzer l'expert Dans cette rubrique régulière, Günter Netzer répond aux questions des lecteurs et des lectrices. Le Brésil possède-t-il les bons ingrédients pour remporter la Coupe du Monde ? Telle est la question de la semaine.

Entretien Mario Kempes

Qualifiés

Qualifiés

États-Unis

Brésil (pays hôte)

Costa Rica

Argentine

Honduras

Équateur

Barrage les 13 et 20 novembre 2013 Mexique – Nouvelle-Zélande

Chili Colombie Barrage les 13 et 20 novembre 2013 Jordanie – Uruguay

Le tournant Le voyage qui a lancé sa carrière : en 1990, Alexi Lalas s’est rendu en stop en Italie pour assister à la Coupe du Monde. Quatre ans plus tard, il entrait lui-même sur le terrain sous le maillot des États-Unis.

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L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 53 membres 13 places en Coupe du Monde www.uefa.com

Afrique 54 membres 5 places en Coupe du Monde www.cafonline.com

Asie 46 membres 4,5 places en Coupe du Monde www.the-afc.com

Océanie 11 membres 0,5 place en Coupe du Monde www.oceaniafootball.com

La grande enquête La Belgique en embuscade

1. NOVEMBER 2013

DEUTSCHE AUSGABE

Fédération Internationale de Football Association – Seit 1904

JOSEPH S. BLATTER: TORLINIENTECHNOLOGIE MUSS HER PALÄSTINA: GIRLPOWER MARIO KEMPES: “ARGENTINIEN IST DER FAVORIT”

Belgien hofft an der WM 2014 auf den grossen Coup

SHOOTING FORTHE STARS

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W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY

Très demandé Eden Hazard, international belge et star de Chelsea

Cover: Mareike Foecking   Inhalt: Getty Images, Marc Latzel

La championne Honey Thaljieh

Qualifiés

Barrages aller

Qualifiés

Italie

Burkina Faso – Algérie 3:2

Australie

Barrage les 13 et 20 novembre 2013

Pays-Bas

Côte d'Ivoire – Sénégal 3:1

Japon

Mexique – Nouvelle-Zélande

Angleterre

Éthiopie – Nigeria 1:2

Iran

Russie

Tunisie – Cameroun 0:0

République de Corée

Belgique

Ghana – Égypte 6:1

Suisse Bosnie-Herzegovine

Barrages retour

Allemagne

Algérie – Burkina Faso, le 19 novembre

Espagne

Sénégal – Côte d'Ivoire, le 16 novembre

Barrage les 13 et 20 novembre 2013 Jordanie – Uruguay

Nigeria – Éthiopie, le 16 novembre Barrages les 15 et 19 novembre 2013 Por tugal – Suède

Cameroun – Tunisie, le 17 novembre Égypte – Ghana, le 19 novembre

Ukraine – France Grèce – Roumanie Islande – Croatie

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À DÉCOUVERT

Le miracle de Bruxelles Le cuir magique : c’est avec ces chaussures qu’Helmut Rahn a signé le but de la victoire 3:2 contre la Hongrie en finale de la Coupe du Monde 1954. L’été prochain au Brésil, des pieds belges porteront-ils le fameux cuir magique ?

Thomas Renggli

É Spohler/laif

checs de grands favoris, triomphes d’out­ siders, morceaux de bravoure et revire­ ments sensationnels : les plus belles his­ toires du sport sont celles qui s’écrivent quand les pronostics sont déjoués, que le public est frappé de stupeur, que les ana­ lyses des experts sont réduites à l’absurde et que les commentateurs se perdent en superlatifs. “Le miracle de Berne” réalisé par la sélection ouest-allemande en Coupe du Monde 1954 fait partie de ces extraordinaires coups de théâtre, au même titre que le “miracle sur glace”, l’impro­ bable succès de l’équipe de hockey sur glace des États-Unis aux Jeux Olympiques de 1980 à Lake Placid, ou encore que l’incroyable victoire du boxeur Buster Douglas contre Mike Tyson, le champion invaincu et incontesté des poids lourds, en 1990. Dans le sport équestre, le triomphe du cheval Foinavon, lauréat du Grand National de Liverpool en 1967 malgré une cote de 100 contre 1, a même inspiré un livre. En football, les chapitres les plus in­ croyables de l’histoire moderne se sont dérou­ lés presque exclusivement sur la scène conti­ nentale, comme le triomphe de l’équipe du Danemark en finale de l’Euro 1992 et le succès des Grecs douze ans plus tard. En Coupe d’Afrique des Nations 2012 au Gabon, la Zambie

a créé l’une des plus grandes surprises de l’his­ toire du tournoi et rendu hommage aux joueurs de la sélection de 1993 qui avaient trouvé la mort dans un tragique accident d’avion. En Copa America – la plus ancienne des compéti­ tions entre équipes nationales à l’exception du Tournoi Olympique – le Pérou (en 1975) et le Paraguay (en 1979) ont joué le rôle de Cendril­ lon au bal des fédérations sud-américaines. Il faut souligner cependant que les deux équipes ont bénéficié d’un coup de pouce du destin : le Pérou a été qualifié pour la finale par tirage au sort. De son côté, le Paraguay a été sacré cham­ pion à la faveur d’une meilleure différence de buts, après un nul vierge lors du match d’appui contre le Chili. En Coupe du Monde, en revanche, l’époque des “miracles” semble révolue depuis la finale de 1954 au stade Wankdorf de Berne. Il y a ré­ gulièrement des surprises, certes, mais elles se limitent presque exclusivement à un seul match, comme la victoire des États-Unis sur l’Angleterre en 1950, l’exploit nord-coréen face à l’Italie en 1966 ou le triomphe incroyable de la Suisse contre l’Espagne, future championne du monde, en 2010, autant de sursauts d’orgueil d’outsiders. À la fin du marathon mondial, ce sont toujours les géants qui s’imposent, pas les Petits Poucets. Huit pays seulement se sont partagé les 19 couronnes mondiales mises en T H E F I FA W E E K LY

jeu jusqu’à présent : le Brésil, l’Italie, l’Alle­ magne, l’Argentine, l’Uruguay, l’Angleterre, la France et l’Espagne. Ce cercle privilégié accueillera-t-il un nou­ veau membre l’été prochain ? Le Classement mondial de la FIFA et les qualifications qui touchent à leur fin mettent en avant une na­ tion sur laquelle personne ne comptait jusqu’à récemment : la Belgique. Le royaume aux onze millions d’habitants dispose actuellement de l’une des meilleures équipes au monde. Le cu­ mul de la valeur des joueurs composant le groupe de Marc Wilmots atteindrait la somme de 350 millions d’euros, ce qui place la Belgique juste derrière l’Allemagne, le Brésil et l’Italie. Perikles Monioudis, rédacteur de The FIFA Weekly, est parti à la rencontre de la génération dorée du football belge et a découvert les rai­ sons de son essor : le travail de formation des jeunes, la culture du jeu, l’expérience accumu­ lée par les joueurs à l’étranger. Le pays des gaufres, des frites et des grands noms du cyclisme est-il prêt à recevoir le tro­ phée le plus convoité de la planète football ? Techniquement parlant, oui. Mais il y a un pro­ blème d’ordre psychologique : avec ses récentes prouesses, l’outsider est presque déjà sorti de l’ombre. La Belgique ne pourra donc peut-être plus jouer les discrètes à son arrivée au Brésil. Å 5



UN FAVORI T RÈ S DISC RE T

Marc Wilmots compte bien emmener la “génération dorée” des Diables Rouges le plus loin possible en Coupe du Monde. L’équipe de Belgique est actuellement au sommet de la vague. Comment a-t-elle renoué avec le haut niveau ? Quel avenir l’attend ? Nous avons enquêté sur place.

LE RÉVEIL DE L A BELGIQUE Romelu Lukaku, l’attaquant d’Everton, à la sortie d’un entraînement avec l’équipe de Belgique.

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UN FAVORI T RÈ S DISC RE T

“Il faut avancer à petits pas. C’est ainsi que le football belge se construira un avenir.” Marc Wilmots

Marc Wilmots est né le 22 février 1969 à Dongelberg (Belgique). Il fait ses premiers pas chez les professionnels à Saint-Trond, en 1987, en tant que milieu offensif. Son parcours le conduit ensuite à Malines et au Standard de Liège. En 1996, il rejoint Schalke 04. Avec le club de Gelsenkirchen, il remporte la Coupe UEFA 1996/97. En 2000/01, on le retrouve à Bordeaux. Sélectionné à 70 reprises en équipe de Belgique (entre 1990 et 2002), Wilmots termine sa carrière chez les Königsblauen en 2003. Suite à un mouvement de révolte dans le vestiaire du club allemand, il vit sa première expérience sur un banc de touche de mars à juin 2003, en tant qu’intérimaire. Avant de prendre en main la destinée de l’équipe de Belgique, Wilmots a entraîné Saint-Trond en 2004/05.

Perikles Monioudis (texte) et Mareike Foecking (images)

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arc Wilmots observe le ciel bruxellois. Il y a encore quelques mois, certains de ses compatriotes le considéraient comme une simple erreur de casting. Aujourd’hui, tout le monde veut savoir comment cette équipe au jeu léché, emmenée par un véritable chef de bande, a bien pu faire pour survoler ainsi son groupe de qualification. Son regard se perd dans les nuages. Deux ballons sous le bras, il porte l’anorak rouge officiel de la Fédération belge de football. L’entraînement au stade Roi Baudouin vient de prendre fin. Le sélectionneur serre ses joueurs contre lui, leur tape sur l’épaule. Les intéressés ont le sourire. Quelques instants auparavant, l’ancien international les poussait à accélérer toujours davantage le jeu lors d’exercices complexes. Bien entendu, des joueurs comme Fellaini, Lukaku, Hazard, Benteke, De Bruyne, Witsel ou Kompany n’ont eu aucun mal à appliquer la consigne. Le credo de Wilmots est simple : “Faire tourner le ballon rapidement pour trouver des espaces.” C’est la recette du plaisir, “pour les spectateurs mais aussi pour nous-mêmes”, précise notre interlocuteur. L’ancien Bordelais sait de quoi il parle. En 2009, il a occupé la fonction d’adjoint du Néerlandais Dick Advocaat à la 8

tête de la sélection belge. Bien entendu, la qualification de son équipe pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil l’a renforcé dans ses certitudes. Toutefois, l’exploit réalisé par ses joueurs ne suffit pas à expliquer sa satisfaction. Depuis plusieurs années, de nombreux techniciens estiment que la Belgique possède toutes les qualités requises pour remporter un titre mondial. Wilmots, lui, préfère garder un profil bas. “Je veux gagner”, assure l’entraîneur de 44 ans. “Quand tu gagnes, tu es heureux.” Cette idée simple est à la base de sa “mentalité”. Selon lui, cet état d’esprit est l’ingrédient indispensable à la recette du succès. “Quand tu entres sur le terrain, tu dois avoir envie de gagner. Tu dois avoir ce désir de battre tous tes adversaires.” Il y a encore peu de temps, de tels propos auraient prêté à sourire en Belgique. En 2007, les Diables Rouges occupaient une peu glorieuse 71ème place au Classement mondial FIFA. À cette époque, les supporters se contentaient d’un coup d’éclat occasionnel contre un poids lourd européen. Aujourd’hui, la Belgique pointe en cinqième position de la hiérarchie mondiale et au quatrième échelon continental. Seules l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie font mieux. La valeur cumulée des internationaux belges est estimée à 350 millions d’euros. Il n’y a que l’Allemagne, le Brésil et l’Italie qui puissent rivaliser dans ce secteur. T H E F I FA W E E K LY

“La bonne mentalité” “Je réfléchis au jour le jour. Pour gagner, il faut travailler dur et faire les choses dans l’ordre.” Son parcours en est la preuve. Ce n’est sans doute pas pour rien que l’ex-international belge a été surnommé le Taureau de Dongelberg. Infatigable, ce guerrier connu pour son froid réalisme a notamment remporté une Coupe UEFA avec Schalke 04, en 1997. Avec les Diables Rouges, Wilmots a disputé quatre phases finales de Coupe du Monde. Sa dernière apparition en équipe nationale lui a pourtant laissé un goût amer. Opposé au Brésil en huitième de finale de l’édition 2002 de l’épreuve suprême, notre homme s’était vu refuser un but par l’arbitre jamaïcain. Furieux, il était alors entré en guerre contre le corps arbitral, la FIFA et l’UEFA. Les années ont passé, mais l’amertume est toujours là. Wilmots n’a pas pardonné non plus aux journalistes qui ont raillé sa nomination au poste de sélectionneur. Si Jacques Brel était encore vivant, il écrirait sans doute une balade mélancolique sur notre héros.

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l y a pourtant un monde d’écart entre la combativité dont faisait preuve Wilmots sur le terrain et le jeu sophistiqué que pratique aujourd’hui la Belgique. Dès qu’Eden Hazard (22 ans, Chelsea) touche le ballon, les spectateurs retiennent leur souffle. En pointe, le sélectionneur dispose en Romelu Lukaku (20 ans, Everton) d’un attaquant rapide et puissant,


Il y a quelques années, Romelu Lukaku vivait ici même. Aujourd’hui, les jeunes espoirs d’Anderlecht suivent ses exploits à la télévision, confortablement installés dans le même salon.

Royal Sporting Club Anderlecht Fondé en 1908, le RSC Anderlecht a remporté le championnat de Belgique à 32 reprises. Les Mauves et Blancs ont connu leur âge d’or entre 1976 et 1983. Durant ces années, ils ont fréquenté l’élite du football européen. Au cours de cette période, ils ont remporté deux Coupes d’Europe des vainqueurs de coupe (1976 et 1978) et une Coupe UEFA (1983). De nombreuses stars ont porté le maillot du club bruxellois, dont Paul Van Himst (1959-75), Robert Rensenbrink (1971-80), Morten Olsen (1980-86), Franky Vercauteren (1975-87), Enzo Scifo (1982-2000), Marc Degryse (1989-95), Celestine Babayaro (1994-97), Pär Zetterberg (1986-91, 1993-2000, 2003-06), Lorenzo Staelens (1998-2001) ou encore l’actuel international Vincent Kompany (2002-06).

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Douze ans après, la Belgique retrouve la Coupe du Monde. À Bruxelles, les supporters laissent éclater leur joie.

L A BELGIQUE DANS LES QUALIFICATIONS POUR L A COUPE DU MONDE MJ G N P DIF PTS Belgique 10 8 2 0 +14 26 Croatie 10 5 2 3 +3 17 Serbie 10 4 2 4 +7 14 Écosse 10 3 2 5 –4 11 Pays de Galles 10 3 1 6 –11 10 ARY Macédoine 10 2 1 7 –9 7 Participations à la Coupe du Monde : 11 Meilleure performance : demi-finaliste de Mexique 1986 Champion olympique : 1920

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UN FAVORI T RÈ S DISC RE T

“Pour exister face à des adversaires de grande valeur, il faut développer son propre style de jeu.” Jean Kindermans

Jean Kindermans (à g.) aperçoit les terrains d’entraînement depuis son bureau. Les jeunes d’Anderlecht soignent leur image.

capable de marquer dans toutes les positions. À ses côtés, Christian Benteke (22 ans, Aston Villa) apporte son réalisme. Dans l’entrejeu, Axel Witsel (24 ans, Zénith Saint-Pétersbourg) et Kevin de Bruyne (22 ans, Chelsea) sont régulièrement associés à Marouane Fellaini (25 ans, Manchester United). En défense, Wilmots peut compter sur l’expérience de Vincent Kompany (27 ans, Manchester City), Thomas Vermaelen (28 ans, Arsenal) et de Jan Vertonghen (26 ans, Tottenham Hotspur). Thibaut Courtois (21 ans, Atletico Madrid) s’est quant à lui imposé dans le but des Diables Rouges. Mais contrairement à ses devancières, cette équipe de Belgique ne repose pas uniquement sur de fortes individualités. Elle possède également un collectif particulièrement affûté. Son style agressif porte la marque de la Premier League anglaise : un savant mélange de technique et d’abnégation. Enfin, elle affiche en permanence cette rage de vaincre si chère au sélectionneur. “La bonne mentalité”, corrige Wilmots. Les jeunes Belges s’en imprègnent “au jour le jour. Il faut avancer à petits pas. C’est ainsi que le football belge se construira un avenir.” Les internationaux belges ne viennent pas de nulle part. Bon nombre d’entre eux ont déjà fait leurs preuves au sein des sélections U-21 et U-19, quand ils ne fréquentent pas l’équipe nationale depuis les U-17. “C’est une chaîne qui demande beaucoup de travail”, poursuit notre homme. De fait, Wilmots est en contact per-

manent avec ses collègues en charge des autres sélections. Pour ces jeunes prometteurs, il est essentiel de faire l’expérience du très haut niveau en intégrant de grands clubs étrangers. Pour ce faire, il faut choisir le bon moment, mais la décision n’est jamais facile à prendre. Un travail en amont Habitué à côtoyer de jeunes footballeurs talentueux au quotidien, Jean Kindermans occupe le poste de directeur du centre de formation du RSC Anderlecht. Depuis son bureau, on peut apercevoir les terrains où s’entraînent les Mauves. La pluie tombe sans discontinuer sur le nord de Bruxelles aujourd’hui, aussi les espoirs sont-ils invités à peaufiner leur condition physique en intérieur. Kindermans évoque sans forfanterie le dernier joyau sorti de sa mine : Adnan Januzaj, 18 ans, est un pur produit de la formation belge. Pour ses grands débuts en Premier League avec Manchester United, le jeune prodige a signé un doublé. Depuis, toute l’Angleterre n’a d’yeux que pour lui. Le Belge d’origine albanaise est arrivé à Anderlecht à l’âge de dix ans. Six ans plus tard, il a quitté le club pour rejoindre les équipes de jeunes de Manchester United. Januzaj n’a pas encore annoncé quel pays il représenterait. Il suit pour l’instant la voie empruntée par Eden Hazard, parti pour Lille à 14 ans. Après cinq saisons au sein de l’équipe première, le jeune prodige s’est engagé à Chelsea l’année dernière, à 21 ans. T H E F I FA W E E K LY

“Januzaj représente en quelque sorte le cas idéal. Il ne faut cependant pas oublier que les jeunes qui pratiquent le football depuis leur plus tendre enfance ne sont pas nombreux à connaître un tel destin.” Dans ces conditions, les études sont évidemment appelées à tenir un grand rôle dans le cursus des apprentis footballeurs. C’est la raison pour laquelle Anderlecht a mis en place un partenariat avec trois écoles de Bruxelles dans le cadre du programme Purple Talents. Le terrain tient évidemment une place importante dans la vie de ces jeunes, mais les disciplines traditionnelles ne sont pas négligées pour autant. Lorsqu’il cherche à convaincre des parents d’inscrire leur enfant dans son centre de formation, Kindermanns n’hésite pas à mettre en avant ces avantages offerts sur le plan scolaire. En ce moment, neuf enfants vivent dans une famille d’accueil. Romelu Lukaku a suivi le même chemin bien avant de signer un doublé décisif contre la Croatie, synonyme de qualification de la Belgique pour le Brésil. Son portrait trône toujours fièrement dans le salon de son ancienne mère de substitution, qui n’a pu retenir ses larmes en le voyant jouer pour la première fois au plus haut niveau. Quatre de ses anciens protégés ont déjà fait leurs débuts parmi l’élite. D’autres grands clubs belges proposent des programmes similaires. Il convient également d’ajouter à cette liste cinq sections de sports-études d’élite, qui proposent à leurs élèves douze heures de football sur les 32 que comporte leur emploi du temps hebdomadaire. 11


UN FAVORI T RÈ S DISC RE T

Tubize : Quelle équipe nationale possède sa propre cafeteria ? Au premier plan, les arbitres belges poursuivent leur entraînement.

En outre, Anderlecht organise plusieurs fois par an des journées de détection, afin de permettre à de jeunes talents de se faire une place au sein de l’une des formations les plus titrées du pays. Les enfants s’initient à la pratique du football dès l’âge de quatre ans, dans le cadre du programme Foot and Fun. À partir de sept ans, ils travaillent leur coordination et leur sens de l’équilibre grâce à Multi Move Section. Les éducateurs insistent très tôt sur l’aspect psychologique du football. Ce travail de fond vise à développer la “bonne mentalité” et pas seulement sur le terrain. La philosophie d’Anderlecht se résume en dix points : “Un football offensif, créatif et académique”, précise le club. “Ne jamais céder devant la force de l’adversaire”, “toujours chercher à jouer dans la moitié de terrain adverse”, “transition fluide entre les rôles défensifs et offensifs”, “jouer vers l’avant en triangles” et enfin “la manière importe davantage que le résultat”. Ce dernier précepte a de quoi faire bondir un obsédé de la victoire comme Marc Wilmots. Il mérite pourtant que l’on s’y attarde. “Quand une équipe domine la compétition nationale, il ne suffit plus de chercher à gagner. Ça n’apporte rien”, explique Kindermans. “Pour exister face à des adversaires de grande valeur, Anderlecht doit développer son propre style de jeu, sans quoi il est condamné à perdre.” 12

Kindermans est évidemment conscient de se trouver face à un paradoxe, comme bon nombre de ses collègues : si son centre de formation est productif, ses jeunes pousses risquent de partir à l’étranger avant même qu’Anderlecht n’ait le temps d’en profiter. En effet, il faut attendre 16 ans pour signer un premier contrat en Belgique. Auparavant, les parents et “l’entourage”, c’est-à-dire les agents, sont seuls maîtres du destin du joueur. On ne peut cependant pas reprocher aux grands clubs leur pouvoir d’attraction, comme le souligne Kindermans. D’ailleurs, Anderlecht use des mêmes moyens lorsqu’il recrute de jeunes talents dans d’autres clubs belges. L’éducateur estime cependant que les indemnités de formation devraient faire l’objet d’une revalorisation. Rendez-vous à Tubize Les heureux élus convoqués dans les sélections U-15, U-17, U-19 et U-21 s’entraînent à Tubize, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale. Ce matin, deux arbitres, les numéros deux et trois nationaux, terminent leur entraînement quotidien au centre de la Fédération belge. Plusieurs surfaces sont disponibles, notamment une pelouse artificielle et un terrain de beach soccer. À l’issue de l’Euro 2000, organisé en Belgique et aux Pays-Bas, les dirigeants de la Fédération ont décidé d’utiliser une partie des recettes pour ouvrir un lieu capable d’accueillir les différentes sélections. L’équipe nationale A fréquente elle aussi ce centre technique. T H E F I FA W E E K LY

Ici, Wilmots n’a pas besoin de se répandre en commentaires sur la “génération dorée” dont les médias du monde entier ne cessent de lui rebattre les oreilles. Le calme de Tubize lui permet d’oublier que tout un pays promet déjà à son équipe un destin digne de la génération 86, même si ses Diables Rouges n’ont encore jamais disputé de grande compétition internationale. Lors de l’édition mexicaine de la Coupe du Monde, les Belges s’étaient inclinés en demi-finale face à l’Argentine, future lauréate de l’épreuve. Jusqu’à présent, le trophée le plus convoité de la planète n’a encore jamais échappé aux géants du football mondial. “La Belgique jouit maintenant d’un grand respect”, confirme notre interlocuteur. De toute évidence, il entend bien le faire fructifier. Les récents résultats des sélections de jeunes sont de nature à susciter l’espoir … ou l’inquiétude, selon le camp dans lequel on se place. Pendant la Coupe du Monde 2014, les Belges profiteront certainement d’une belle cote auprès du public. Pour le moment, Wilmots ne veut rien savoir de tout cela. On l’imagine pourtant sourire secrètement à la perspective de ce qui l’attend. Å


LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES

Décollage raté. Gareth Bale (ci-dessus) et le Real Madrid se sont inclinés (2:1) dans le clasico face au FC Barcelone, samedi au Camp Nou.

Primera División

Un c l á s i c o t r o p ord i na i re Jordi Punti est écrivain et auteur de nombreux articles sur le

sodes rocambolesques : défaites humiliantes, agressions et expulsions, doigt de Mourinho dans l’œil de Tito, piques dans la presse… Chaque nouveau match venait remettre en lumière le fossé entre les deux personnalités, les deux clubs, les deux clans de supporters. Il confirmait aussi à quel point les deux ennemis ont besoin l’un de l’autre.

football dans les médias espa-

AFP

gnols.

Aucune affiche de la Liga espagnole n’engendre autant de passion que le clásico, parfois appelé “le match du siècle” (même s’il y en a quatre ou cinq éditions par an). Ces dernières années, l’arrivée de Guardiola et Tito Vilanova sur le banc du Barça, puis celle de Mourinho sur celui de Madrid avaient donné au choc une nouvelle dimension. Cette rivalité semblait alors suivre un script digne de Spielberg. Mourinho et Guardiola représentaient deux maîtres prônant des philosophies diamétralement opposées du football. Quant à Messi et Cristiano Ronaldo, ils incarnaient cet antagonisme sur le terrain, dans un duel de superhéros. Cette atmosphère électrique donnait lieu à une kyrielle d’épi-

Par rapport à cet âge d’or, le dernier FC Barcelone - Real Madrid n’avait pas grandchose d’un clásico et encore moins d’un match du siècle. Nous avons assisté à une rencontre ordinaire, entre deux équipes ordinaires, un samedi trop ordinaire. Cette saison, le changement d’entraîneurs de part et d’autre est pour le moment synonyme de perte d’intensité. Gerardo Martino reste fidèle à la recette azulgrana, même s’il a ajouté une pincée de pragmatisme et enlevé une pointe d’esthétisme. Quant à Carlo Ancelotti, il tâtonne et cherche encore à intégrer certaines nouvelles recrues à une équipe qui a perdu son cœur : Mesut Özil. La série de James Bond a souvent permis de vérifier que les changements d’acteurs, de T H E F I FA W E E K LY

Sean Connery à Daniel Craig, influent directement sur la qualité des films. Cette saison, le Barça et le Real ont misé sur deux acteurs de premier plan pour alimenter leur intrigue : Neymar et Gareth Bale. Samedi, le Brésilien a tenu son rôle de vedette et il a polarisé le jeu catalan aux côtés d’Iniesta, d’autant plus que Messi n’est toujours pas au top de sa forme. Côté madrilène, Bale était lui aussi titulaire dans le dispositif expérimental d’Ancelotti. Pourtant, au vu de la pâle copie rendue par le Gallois, il y a de quoi se demander si son alignement d’entrée n’était pas le fruit d’une requête présidentielle, Pérez brûlant d’envie de voir triompher sa petite folie de l’été. Par effet de domino, Ancelotti a laissé sur le banc le jeune Isco, l’un des Madrilènes les plus en forme du moment, et Ronaldo s’est retrouvé bien seul à lutter aux avant-postes. Au final, le match s’est joué sur trois ou quatre temps forts, résidus des joutes de la belle époque : un but que Neymar doit davantage à son envie qu’à sa précision, une frappe sensationnelle de Benzema sur la transversale, deux parades de Valdés, un but d’Alexis qui a apporté dix secondes de folie au match, et un but en contre de Jesé, qui n’a pas suffi. 2:1. 13


Le FC Barcelone sort renforcé de cette victoire, mais sur le plan psychologique, une remise en question ne lui ferait pas de mal. Perdu dans son propre labyrinthe, le Real a décidé de mettre sa défaite sur le dos de l’arbitrage, une excuse qui rappelle les pires soirées de l’ère Mourinho. En tout cas, dans deux semaines, nous aurons tous oublié cette partie bien ordinaire. Aujourd’hui, il semble que la rivalité entre Barcelone et Madrid enflamme davantage les discussions de comptoirs que les confrontations sur le rectangle vert. Il y a quelques jours, une rumeur s’est propagée selon laquelle la Casa Blanca était arrivée à un accord financier avec Bill Gates pour que le stade soit rebaptisé Microsoft Santiago Bernabéu. Un ami supporter du Barça a tweeté : “Je ne sais pas ce qu’attend le président du Barça pour contacter Apple. Le nom est tout trouvé : iCamp Nou.” Å

“Berlin reste partagée en matière footballistique, à la fois du point de vue géographique, historique ou économique.” autre raison. Elle demeurait la seule capitale au monde à ne pas compter un club de football en première division de son pays. Dans quelques années, il est probable que plus personne ne voudra croire à cette histoire. Et pour cause : le Hertha Berlin, fraîchement promu en Bundesliga, totalise déjà 15 points après dix journées de championnat et pointe à la cinquième place du classement. N’oublions pas non plus l'Union Berlin, qui joue les premiers rôles en deuxième division allemande. Lundi prochain, les Berlinois, deuxièmes, affrontent Cologne, l’actuel leader du championnat.

Bundesliga

D et te s , m i r ac le a l lema nd et gob elet s en pla st ique Sven Goldmann est spécialiste du football au quotidien Tagesspiegel de Berlin

Dans les dernières minutes et dans leur propre stade, les Munichois se sont mis à balancer de longs ballons vers l’avant et à regarder la montre. Après le coup de sifflet final d’une rencontre finalement remportée 3:2, l’entraîneur Pep Guardiola évoquait "l’équipe la plus forte croisée depuis le début de la saison". Rappelons tout de même que le Bayern avait déjà eu à faire à Schalke 04, au Bayer Leverkusen et à Manchester City, dominant chaque fois ses adversaires de la tête et des épaules. Il aura donc fallu attendre ce fameux samedi pour que l’Espagnol apprenne le sens du délicieux mot allemand Arbeitssieg (victoire conquise de haute lutte), non pas face à l’un des cadors de la Bundesliga mais contre le Hertha Berlin. La capitale allemande se perçoit volontiers comme le pendant cosmopolite de Munich, la ville la plus passionnante de la planète et le carrefour entre orient et occident, là où s’invente la société de demain. Il y a quelques mois encore, Berlin se distinguait aussi pour une 14

attend maintenant avec impatience de voir combien de temps il faudra pour écouler les places, si le Bayern de Guardiola se présente ici la saison prochaine. Å

Premier League

P a s s at ion de p ou voi r David Winner est un écrivain et journaliste basé à Londres. Sa bibliographie dans le football comprend notamment Brilliant

Berlin reste partagée en matière footballistique, à la fois du point de vue géographique (est et ouest), historique ou économique. Le Hertha s’adresse à la population de l’ouest de la ville, où se concentre l’essentiel des richesses mais aussi des dettes. Au Hertha Berlin, ces dernières se montent aujourd’hui à 37 millions d’euros. Si pareille somme ne saurait inquiéter un cheikh arabe, elle représente beaucoup pour une entreprise berlinoise. Avec ses modestes moyens, Jos Luhukay est néanmoins parvenu à bricoler une équipe parmi les plus vaillantes et prolifiques de Bundesliga. Le Süddeutsche Zeitung, qui s'intéresse peu à Berlin, a même eu ce joli commentaire au sujet de la reconstruction opérée par le technicien néerlandais : "Une instance publique aura rarement aussi bien investi à Berlin." Ce n’est vrai qu’en partie, tant la réussite de l'Union est remarquable. Dans ce club de l’est de la ville, le football est encore mis en scène comme au bon vieux temps. Le président assiste aux matches dans le virage avec les fans et boit de la bière dans un gobelet en plastique. En 2005, au lendemain de sa relégation en quatrième division, l’Union était pourtant au bord de la faillite. Le club est désormais assaini et propriétaire de son stade. Les supporters ont même mis la main à la pâte pour faire de l’An der Alten Försterei l’une des enceintes les plus chaleureuses du pays. Il y a un an, lors du derby berlinois entre l’Union et le Hertha, toutes les places s’étaient vendues en quelques heures. On T H E F I FA W E E K LY

Orange et Dennis Bergkamp: Stillness and Speed.

Si l’on pouvait poser la question aux Ottomans, aux Incas ou aux Romains, tous s’accorderaient probablement à dire que rien ne dure éternellement. Tous les empires sont voués à s’écrouler un jour, indépendamment de leur puissance, de leur taille ou de leur grandeur. Tout passe. Le football ne fait pas exception à la règle. Aujourd’hui, la question se pose : après 20 ans de domination sans partage sur le football anglais, Manchester United est-il arrivé au bout de son cycle ? Durant son règne, Sir Alex Ferguson a accumulé près de 40 titres, dont 13 championnats d’Angleterre et deux Ligues des Champions. Aucun autre club n’a réussi à se maintenir aussi longtemps au sommet. Preston North End (dans les années 1880), Arsenal (dans les années 30) et même le grand Liverpool des années 70 et 80 n’ont pas résisté à l’épreuve du temps. Le charisme et les discours stimulants de Ferguson ont sans doute rapporté à eux seuls entre 10 et 20 points à Manchester United chaque saison. Malheureusement, de tels entraîneurs ne se trouvent pas à chaque coin de rue. L’Écossais a démissionné l’été dernier, pour laisser la place à son compatriote David Moyes. Cinq mois plus tard, les Red Devils ont déjà perdu beaucoup de leur lustre.


En voyant des équipes comme Southampton ou West Bromwich Albion repartir d’Old Trafford avec le sourire, les supporters mancuniens ont sans doute eu le sentiment de vivre le pillage de Rome par Alaric et ses hordes de Wisigoths. La situation se serait sans doute encore dégradée si Manchester United avait connu une nouvelle déconvenue contre Stoke samedi dernier. La panique et la frustration auraient atteint des niveaux inédits. Les buts inscrits par Wayne Rooney et Javier Hernandez en fin de match ont évité au club de plonger dans la tourmente. Pour autant, les problèmes demeurent. À Manchester, nul n’ignore que la courte victoire (3:2) arrachée aux Potters doit beaucoup à l’absence de Marko Arnautovic, sans doute le meilleur joueur dont dispose Mark Hughes. En outre, la réaction pour le moins hostile du public à la sortie de l’ailier portugais Nani n’augure rien de bon pour la suite. Pendant que les historiens discutent de la chute de l’empire romain, les experts et les fans scrutent le marc de café dans l’espoir d’y découvrir l’avenir de Manchester United. Compte tenu de sa réputation et de son assise financière, le club est loin d’être condamné. De son côté, l’expérimenté Moyes vaut certainement mieux que le portrait caricatural que dressent de lui médias et supporters en colère. Dans les derniers jours de son mandat, Ferguson avait lui aussi été confronté à des difficultés, qui éclatent maintenant au grand jour. En défense centrale, Nemanja Vidic et Rio Ferdinand commencent à accuser le poids des ans. Robin van Persie n’est plus que l’ombre du joueur qui affolait les défenses les plus hermétiques d’Europe la saison dernière. Pour ne rien arranger, Marouane Fellaini peine à combler le vide laissé par Paul Scholes au milieu du terrain. Manchester United va-t-il connaître la même traversée du désert que Liverpool ? Les Reds n’ont plus remporté le moindre titre depuis leur dernier sacre en 1990. Certains estiment que la situation actuelle de Manchester tient uniquement au changement de régime. Quelques recrues hivernales inspirées suffiront-elles à ramener le calme et la sérénité à Old Trafford ? En d’autres termes, sommes-nous témoins de la chute de la maison United ou assistons-nous au début d’une nouvelle aube ? Sommes-nous à un tournant de l’histoire du club et du football anglais ? Assisterons-nous bientôt à un passage de témoin entre deux superpuissances ? L’avenir nous le dira. Å

Serie A

La fin d’u ne époque Journaliste à la Gazzetta dello

dans le pétrole, permet à son équipe de se hisser au sommet du football européen et mondial, donnant ainsi naissance à la légende du Grande Inter. Il nourrit une affection paternelle pour son club et, à la fin de chaque match, il récompense les meilleurs joueurs en leur offrant une pièce en or.

Sport, Luigi Garlando est également l’auteur de nombreux livres pour enfants.

Dimanche dernier, le public du stade San Siro a réservé un accueil particulier à Massimo Moratti. À son arrivée dans les tribunes, avant le début de la rencontre opposant l’Inter Milan et le Chievo Vérone, les spectateurs se sont levés de concert, se sont tournés dans sa direction et l’ont longuement applaudi. Ce moment d’émotion intense ressemblait fort à une embrassade collective. Les supporters tenaient ainsi à témoigner leur affection et leur reconnaissance à leur président, qui vient de vendre 70 pour cent du club à Erick Thohir, un magnat indonésien de l’industrie, après avoir lui-même tenu les rênes des Nerazzurri pendant dix-huit ans. L’histoire entre le club milanais et Massimo Moratti débute en 1995. Ce jour-là, son épouse Milly est occupée à couper des légumes dans sa cuisine, lorsqu’elle apprend au journal télévisé

Son fils Massimo, qui comme son père a conquis les plus grands titres européens et mondiaux (2010), entretient lui aussi une relation étroite avec son équipe. Les nombreuses blessures de Ronaldo le touchent davantage que les victoires remportées sur le terrain. Malheureusement, les mécènes de ce type et les clubs dirigés à la manière d’une entreprise familiale sont en décalage avec l’importance des dépenses et des responsabilités qu’exige le football moderne. Après avoir investi au cours des 18 dernières années plus de 1000 millions dans son club et constaté que le dernier bilan faisait état d’une perte de 80 millions, Moratti s’est vu dans l’obligation d’ouvrir son capital à des investisseurs étrangers. Autre indice révélateur de l’évolution du football italien, la vente a eu lieu au moment même où l’AS Rome, seul club de Serie A à appartenir à un propriétaire étranger en la personne de l’Américain James Pallotta, surprend tout le monde en s’installant à la première place du tableau. Une telle décision est donc dans l’air du temps.

“La Signora Moratti redoute que cette passion trouble la paix de son ménage.” que son mari a acheté l’Inter Milan. Elle arrache alors son tablier et se rue vers son époux qui, se doutant qu’elle ne serait pas d’accord, s’était bien gardé de lui faire part de sa nouvelle acquisition. La Signora Moratti redoute effectivement que cette passion encombrante vienne troubler la paix de son ménage. Mais au fil des années, Milly se prend à son tour d’affection pour cet “intrus”. Elle ira même jusqu’à faire des pieds et des mains pour empêcher la revente du club à Thohir. Mais c’est une autre femme, prénommée Erminia, qui fait les présentations officielles entre le club nerazzuro et la famille Moratti, dès le milieu des années 50. Férue de football, Erminia transmet sa passion à son jeune époux Angelo, le père de Massimo. C’est un véritable coup de foudre et ce dernier décide en 1955 de s’offrir l’Inter Milan. L’industriel, qui a fait fortune T H E F I FA W E E K LY

L’AC Milan envisage lui aussi de s’ouvrir à des sociétaires étrangers. L’Italie semble aujourd’hui décidée à emprunter le même chemin que les autres championnats européens, Premier League en tête. La Juventus, propriété de la famille Agnelli, fait ici figure d’exception après avoir battu l’année passée un record en engrangeant 274,8 millions de recettes grâce, avant tout, aux événements organisés dans l’enceinte du Juventus Stadium, la seule enceinte moderne à appartenir à un club de Serie A. Le football a donc besoin d’idées nouvelles ou d’argent frais. Aujourd’hui, les pièces en or d’un président bienveillant ne suffisent plus à faire vivre un club. Å

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Nom : Mario Alberto Kempes Chiodi Date de naissance : 15 juillet 1954 Lieu de naissance : Bell Ville, Argentine

Taille : 1,84 m Position sur le terrain : attaquant Club formateur : Instituto Atlético Central Córdoba Carrière de joueur : 1970 – 1973 : Instituto Córdoba (Arg) 1974 – 1976 : Rosario Central (Arg) 1977 – 1981 : FC Valence (Esp) 1981 – 1982 : River Plate (Arg) 1982 – 1984 : FC Valence (Esp) 1984 – 1986 : Hércules (Esp) 1986 – 1987 : First Vienna FC (Aut) 1987 – 1990 : Sankt Pölten (Aut) 1990 – 1992 : Kremser SC (Aut) 1995 : Fernández Vial (Chi) 1996 : Pelita Jaya (Idn) Matches internationaux : 43 (20 buts), 1973 – 1982 Actualité :

Jeff Zelevansky/FIFA/Getty Images

Mario Kempes participera le 6 décembre au Tirage au sort final de la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014.

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T H E F I FA W E E K LY


L’ I N T E R V I E W

“Je suis heureux que Messi soit argentin” En 1978, Mario Kempes a fait le bonheur de l’Argentine en signant un doublé décisif contre les Pays-Bas, en finale de la Coupe du Monde. Aujourd’hui, El Matador vit aux États-Unis et attend avec impatience l’édition 2014 de la reine des compétitions. Mario Kempes, vous avez déclaré un jour que gagner était plus important que bien jouer. Pouvez-vous nous en dire plus ? Mario Kempes : Quand on joue bien, on a plus de chances de gagner. Mais on peut aussi mal jouer et gagner.

Votre entraîneur pendant la Coupe du Monde 1978, César Luis Menotti, serait-il d’accord ? C’était un défenseur de la beauté et de la pureté du jeu. Chaque entraîneur a sa propre conception du football. Mais sur le terrain, ce sont les joueurs qui sont maîtres du destin de la rencontre. Par ailleurs, on n’est pas appelé en équipe nationale parce qu’on pratique du beau football ou parce qu’on est quelqu’un de bien, mais pour faire partie du groupe. C’est à chacun de s’adapter.

Êtes-vous encore en contact avec Menotti ? Nous nous voyons rarement. Je vis aux États-Unis, je suis commentateur à la télévision pour la chaîne sportive ESPN et je ne vais en Argentine qu’à l’occasion des célébrations en l’honneur de l’équipe championne du monde de 1978. J’ai davantage de contacts avec mes anciens coéquipiers Osvaldo Ardiles, Leopoldo Luque et Daniel Bertoni.

Lors de la finale de 1978, vous avez inscrit les deux premiers buts de l’Argentine, contribuant ainsi à sa victoire 3:1 contre les Pays-Bas. Quels souvenirs gardez-vous de cette rencontre ? Mes plus beaux souvenirs sont ceux des jours qui ont suivi notre sacre. Nous avons donné beaucoup de joie aux gens. On le constatait partout. C’était formidable, cette joie sur les visages de nos compatriotes.

À l’époque, l’Argentine n’allait pas très bien sur le plan économique et politique. La pression qui reposait sur l’équipe nationale était énorme. Malgré tout, vous vous êtes imposés… Les Néerlandais sont arrivés sur le terrain déterminés. Ils se sont créé de nombreuses occasions, mais nous étions plus assoiffés de victoire qu’eux, même si nous avions moins d’expérience. Nous voulions absolument

remporter cette Coupe du Monde à domicile. Nous avons finalement réussi à imposer notre jeu et nous avons gagné en prolongation.

Vous avez été sacré meilleur buteur de la compétition. Pourtant, vous n’aviez pas marqué lors des trois matches du premier tour. Menotti vous aurait alors conseillé de vous raser la moustache… Oui, je me suis d’abord rasé la barbe, puis la moustache… et j’ai commencé à marqué. C’est vrai. Mais je ne saurais pas vous dire si c’est Menotti qui en avait eu l’idée ou moi. Je ne me souviens plus.

Revenons à la question de bien jouer ou de mal jouer : votre compatriote Lionel Messi fait le spectacle et le succès est au rendez-vous. Est-ce le joueur parfait, selon vous ? En club, Messi a déjà tout gagné. Il lui reste à connaître le même succès en équipe nationale. Il en est conscient et essaie évidemment de faire en sorte que ça change. Certains disent qu’il ne donne pas toute sa mesure sous le maillot argentin, mais c’est un faux.

Messi est arrivé en Europe très jeune, comme vous. Il a adopté le tiki-taka, le jeu de passes courtes barcelonais. Faut-il le considérer aujourd’hui comme argentin ou comme espagnol ? Messi est argentin et j’en suis heureux.

Est-il le meilleur joueur de l’histoire du football, à vos yeux ? À moins que vous ne soyez resté fidèle à Pelé ? Vous êtes l’un des rares Argentins à compter parmi les admirateurs du Brésilien… Tous ceux qui ont un jour vu jouer Pelé, ne serait-ce qu’une fois, savent qu’il était grandiose. Mais chaque joueur appartient à son époque et chaque époque a ses grands joueurs. On ne peut comparer Pelé ni à Di Stefano ou Maradona, ni à Cruyff ou Beckenbauer, ni à Messi.

Parlons de la Coupe du Monde 2014 : l’Argentine peut-elle malmener le Brésil sur ses terres ? L’Argentine est ma favorite dans la course au titre, pas seulement pour des raisons patriotiques. Je trouve que cette équipe joue T H E F I FA W E E K LY

très bien. On a vu de bonnes choses dans le cadre des qualifications, il n’y a pas grand-chose à changer. Il lui reste cependant une étape à franchir : elle devra surmonter sa nervosité au Brésil. Mais c’est valable pour toutes les équipes qui participent à la Coupe du Monde.

En 1982, quatre ans après son titre mondial, l’Argentine n’était pas prête et a perdu dès son premier match. En quoi la préparation est-elle déterminante, selon vous ? Elle permet de diminuer la fatigue. Les joueurs ont plusieurs dizaines de matches dans les jambes quand ils arrivent à la Coupe du Monde. Là encore, c’est pareil pour toutes les équipes. Mais quand la préparation finale commence, la fatigue n’a plus sa place. Il faut l’éliminer.

Vous pourrez suivre la Coupe du Monde de près et sans stress, puisque vous êtes aujourd’hui commentateur sportif à Cincinnati, aux États-Unis. Comment cela se passe-t-il pour vous ? La vie continue et la mienne est ici, aux États-Unis, le meilleur pays du monde à mes yeux.

Vous ne vous sentez pas bien en Argentine ? Si, si, mais mon travail est aujourd’hui aux États-Unis. Tant que ce sera le cas, les États-Unis seront pour moi le meilleur pays du monde. Si demain, je dois partir travailler dans un autre pays, alors ce pays deviendra à mes yeux le meilleur du monde.

Qu’attendez-vous de la Coupe du Monde organisée au Brésil ? Que ce soit une belle Coupe du Monde, que tout le monde puisse profiter de la compétition et de tout ce qui va avec. Le football rassemble les hommes. Entretien : Perikles Monioudis, avec l’assistance de Lefteris Coroyannakis (espagnol). 17


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EN ROUTE POUR LE BRÉSIL

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P L U S QUE 32 SEM A INE S Thiago Silva veut oublier l’Afrique du Sud “Est-ce que je rêve de brandir la Coupe du Monde au Maracanã ? Bien sûr. J’en rêve même tous les jours !” Par Sérgio Xavier Filho

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our Thiago Emiliano da Silva de Souza, plus connu sous le nom de Thiago Silva, brandir le trophée de la Coupe du Monde en tant que capitaine de l’équipe du Brésil à Rio de Janeiro – la ville où il est né le 22 septmbre 1984 – représente à la fois un rêve et une ambition. À une époque, Thiago Silva a pourtant bien cru que cet objectif ne se réaliserait jamais. En 2005, quand il quitte le FC Porto pour rejoindre les rangs du Dynamo Moscou, le jeune talent de 20 ans se voit diagnostiquer une tuberculose. L’ablation d’une partie de ses poumons est même envisagée, ce qui signifierait la fin de sa carrière. Mais au lieu de se soumettre à une intervention chirurgicale en Russie, Thiago Silva décide de rentrer au Brésil. Son retour au pays a non seulement

un impact positif sur sa guérison, mais s’avérera également être un grand pas en avant pour sa carrière. À Rio de Janeiro, Fluminense lui offre en effet, peu de temps après, une chance de se relancer. Percée à l’AC Milan Avec le Tricolor, il dispute en tout 117 matches et inscrit 11 buts. En 2007, il remporte la Coupe du Brésil avec son équipe. Ses brillantes prestations ne passent pas inaperçues, y compris au-delà des frontières du Brésil : en 2008, lorsque le sélectionneur de l’époque, Dunga, l’appelle à rejoindre la Seleção pour la première fois, Thiago Silva se retrouve sur les tablettes des dirigeants de l’AC Milan. Le défenseur signe avec eux un contrat de trois ans d’un montant de dix millions d’euros. En Italie, il devient une idole.

La première participation de Thiago Silva à la Coupe du Monde, en 2010, ne se déroule pourtant pas comme il l’espérait. Remplaçant, il doit se contenter de suivre depuis le banc la défaite de son équipe contre les Pays-Bas (2:1), en quart de finale. “Je déteste perdre”, souligne Thiago Silva. “Nous avions très bien joué en première période. Puis nous avons laissé filer la rencontre. Perdre de cette manière, c’est encore plus douloureux.” “Mon plus grand défi” L’an prochain, Thiago Silva aura l’occasion de faire oublier ce voyage décevant en Afrique du Sud. Étant données les performances qu’il livre avec le Paris Saint-Germain, il serait logique de le voir porter le brassard de capitaine du Brésil pendant le grand rendez-vous mondial. “La Coupe du Monde 2014 sera l’un des plus grands défis de ma vie. Mais ce sera surtout un rêve personnel qui se réalisera. Peu de joueurs ont l’opportunité d’être le capitaine de leur équipe nationale. J’en suis très fier.” Å

Nom : Thiago Silva Date de naissance : 22 septembre 1984 Lieu de naissance : Rio de Janeiro Taille : 1,83 m Position :

AFP

défenseur

Talentueux et ambitieux : le capitaine du Brésil Thiago Silva. T H E F I FA W E E K LY

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LE MIROIR DU TEMPS

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Port-au-Prince, Haïti

2010

Alex Ogle/afp

Un stade pour refuge. Suite au dernier le tremblement de terre qui a dévasté Haïti, le stade national Sylvio Cator de Port-au-Prince a accueilli de nombreux réfugiés. “Les Haïtiens ont une seule source de joie : le football”, confiait l’ancien sélectionneur Ernst Jean-Baptiste.

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LE MIROIR DU TEMPS

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Port-au-Prince, Haïti

Simon Bruty/FIFA

2012 Une nouvelle vie. Deux ans après la catastrophe naturelle, le ballon roule à nouveau. Entretemps, le football a joué un rôle important dans la reconstruction du pays. Les 32 pays qualifiés pour la Coupe du Monde 2010 ont contribué à l’effort par le biais de matches amicaux. De son côté, la FIFA a versé quatre millions de dollars par l’intermédiaire de son fonds de développement.

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TRIBUNE

L E T O P 11 D E L A S E M A I N E

Les meilleures équipes de l’histoire

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Le malade imaginaire 2 Thomas Renggli

“L

e ballon est une enflure”, déclara un jour Rudi Gutendorf pour exprimer sa colère à l’égard des impondérables et des injustices dans le football. Ce genre de répliques n’a peut-être pas permis à l’infatigable entraîneur (55 matches officiels à son actif depuis 1946) de se qualifier pour la Coupe du Monde, mais il l’a fait entrer dans les annales de citations sportives. Le fond de son propos reste cependant discutable et ce indépendamment des divisions ou des pays dont il est question. En règle générale, ce n’est pas le ballon que les joueurs ou les entraîneurs rendent responsable de leurs échecs, mais l’instance en charge du respect du droit et de l’ordre, à savoir l’arbitrage. Ce dilemme trouve son origine dans l’acceptation (quasi inexistante) dont jouit cette profession. Lothar Matthäus, ancien champion du monde à la vie professionnelle et privée quelque peu agitée, déclara au moment de raccrocher les crampons : “Devenir arbitre n’est pas une option pour moi. Je préfèrerais un métier qui soit en rapport avec le football.” En dépit des apparences, cette déclaration était le fruit d’une réflexion très poussée. Les chiffres le prouvent : le rapport effort-récompense d’un arbitre arracherait à peine un sourire à un joueur de ligue régionale un peu ambitieux. Les hommes en noir prennent en effet entre 150 et 180 décisions par match, se trouvant ainsi toutes les 30 secondes au centre de l’action, et parcourent une moyenne de 11,5 km, le tout en échange d’une indemnité qui suffit à peine à couvrir leurs frais de stationnement.

selon lequel “il n’y a hors-jeu que lorsque l’arbitre siffle”, il existe une autre règle fondamentale à ne pas oublier : “sans arbitre, pas de match.” Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Au 19ème siècle, alors que le football en est encore à ses balbutiements, l’arbitrage repose dans les mains des deux capitaines. En cas de faute, le capitaine de l’équipe incriminée interrompt la partie et donne le ballon à l’adversaire. Il faudra attendre 1880 pour voir les arbitres faire leur apparition dans le règlement. Outre une bonne forme physique, l’arbitre moderne doit également disposer de connaissances en ornithologie. Au cours de l’exercice de son activité, il côtoie régulièrement un genre d’oiseau particulier, l’hirundo. Il en existe quelque 75 espèces volantes, dont l’hirondelle rustique, et une espèce trébuchante. Pendant que les unes sont en pleine migration en direction de l’hémisphère sud, l’autre catégorie hiverne dans le monde entier. Son habitat est le terrain de football. Les personnes sans connaissance particulière en ornithologie – parmi lesquelles figurent de nombreux arbitres – qualifient de “simulations” ou de “plongeons” les maladroites tentatives d’envol de ces oiseaux-là.

Cristiano Ronaldo, tireur d’élite du Real Madrid et icône de la mode, n’ouvrirait même pas son placard à chaussures pour ce salaire-là. En parcourant 10,5 kilomètres par match, il gagne 46 575 euros par jour (garantis par contrat), auxquels s’ajoutent des revenus publicitaires du même acabit.

Des hommes qui, quelques secondes plus tôt, semblaient au meilleur de leur forme se roulent par terre en poussant des râles et des gémissements, manifestement à l’agonie, et on se met déjà en quête d’un curé pour leur administrer l’extrême onction. Mais avant qu’on ait pu mettre la main sur un ecclésiastique, de bons samaritains se précipitent déjà sur le lieu de l’accident et tentent d’éviter le pire à l’aide de bombes aérosols ou d’éponges humides, voire les deux, et le blessé échappe de justesse à une opération sans anesthésie sur le bord du terrain. Sans vouloir offenser Bernadette Soubirous, canonisée en 1933 pour ses guérisons miraculeuses, elle ferait bien pâle figue à côté de ces guérisseurs héroïques. Et Molière, sil vivait encore, serait obligé de reprendre sa plume pour réécrire son Malade imaginaire. Å

Sans les hommes en noir, le talent de Ronaldo n’aurait pourtant aucune valeur. Outre le principe

La rubrique hebdomadaire de la r é d a c t i o n d e T h e F I FA We e k l y T H E F I FA W E E K LY

Real Madrid. Entre 1956 et 1960, les Merengues réunis autour d’Alfredo di Stéfano remportent la Coupe d’Europe des clubs champions à cinq reprises. En finale de l'édition 1960, les Madrilènes s'imposent grâce à quatre buts de Puskás et trois réalisations de Di Stéfano. Le Onze d’or hongrois des années 50, invaincu pendant 31 matches, est la première équipe européenne à triompher de l’Angleterre sur ses terres, en novembre 1953.

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Liverpool. Entre 1964 et 1986, les Reds ont remporté 11 de leurs 18 couronnes nationales. Il convient d'ajouter à ces chiffres quatre succès en Coupe d’Europe des clubs champions.

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Manchester United. Malgré la catastrophe aérienne de 1958, qui a coûté la vie à huit des leurs, les Red Devils sont sacrés champions d’Angleterre en 1965 et 1967. En 1968, ils s'imposent en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions.

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Barcelone. Le tiki-taka marque le football de son empreinte et fait du Barça la référence absolue en Europe.

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Espagne. La culture du jeu barcelonaise profite à la sélection espagnole. Pour la première fois, une équipe nationale réussit le triplé Euro (2008, 2012) – Coupe du monde (2010).

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AC Milan. Les maîtres à jouer néerlandais se mettent au service des Rossoneri. À la fin des années 80, les Gullit, Van Basten et autres Rijkaard offrent deux triomphes en Coupe d’Europe des clubs champions à leur équipe.

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Brésil. Lors de la Coupe du Monde 1970, la Seleção domine la compétition comme aucune autre équipe auparavant. Sa victoire écrasante (4:1) sur l’Italie en finale confirme cette impression.

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Ajax Amsterdam. Entre 1971 et 1973, les Néerlandais sont sacrés champions d’Europe à trois reprises. Cruyff, Neeskens et Haan inventent le “football total”.

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Benfica Lisbonne. Le géant portugais remporte par deux fois la Coupe d’Europe des clubs champions (en 1961 et 1962). Eusébio, le joueur emblématique de l'époque, remporte le Ballon d’Or en 1965.

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Italie. Le troisième triomphe planétaire (1982) de la Squadra Azzurra est aussi le plus spectaculaire, grâce au talent du prolifique Paolo Rossi et au charisme des intraitables Zoff et Scirea. 23



LE PORTRAIT

L’attaquante Pionnière, ambassadrice pour la paix, capitaine de l’équipe de Palestine féminine … Honey Thaljieh a dribblé tous les obstacles politiques, renversé les frontières et prouvé que le football peut soulever des montagnes.

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Thomas Renggli

Marc Latzel

orsqu’elle présente son visa à la douane, son prénom suscite un étonnement teinté d’une légère méfiance : “Vous avez une autre pièce d’identité avec votre nom complet ?”, demandent souvent les fonctionnaires. Malheureusement, Honey Thaljieh ne peut rien faire pour eux. À l’image de toute son existence, son prénom est le fruit d’un hasard capricieux. “Au départ, mon père voulait m’appeler Annie, mais le médecin de la maternité de l’hôpital de Bethléem trouvait que Honey, ça sonnait mieux …” En dépit de ce choix de prénom, Thaljieh a dû attendre de longues années avant de découvrir les côtés les plus doux de la vie. En effet,

son enfance a été rythmée par le chaos des affrontements dans les territoires palestiniens : contrôles, murs, menaces d’attentat et la peur constante de se trouver pris entre deux feux. Membre de la minorité chrétienne, Honey a grandi dans un milieu simple. Son père travaillait dans la pose de sols, tandis que sa mère occupait un poste d’institutrice dans une maternelle. Elle partageait à Bethléem une unique pièce avec ses parents et ses quatre frères et sœurs dans une modeste maison située non loin du lieu de naissance du Christ. E n l ib e r té d a n s l e s r u e l l e s Le récit de ses jeunes années donne à réfléchir, mais Honey évoque son passé avec un regard rayonnant et un rire franc. Son énergie suffirait à alimenter toute une équipe de football : “Il ne faut pas se laisser dicter sa vie par le destin. Celui qui prend son avenir en main peut franchir toutes les frontières.” T H E F I FA W E E K LY

Honey Thaljieh a trouvé la liberté dans les ruelles étroites et les cours intérieures de la vieille ville de Bethléem, grâce à une activité habituellement réservée aux garçons : “J’ai vu des enfants courir derrière un ballon et je suis immédiatement tombée amoureuse de ce sport.” Toutefois, le scepticisme de son entourage était à la hauteur de son enthousiasme. Dans la culture locale, les filles et le football sont à peu près aussi éloignés que le Ramadan et la Fête de la bière. “On me traitait de garçon manqué et on me disait que je ne me marierais jamais. Personne ne comprenait que j’aime jouer en T-shirt et en short.” Mais il était dit que rien ne la détournerait de sa vocation. Faute de chaussures, la jeune fille pouvait compter sur un cœur de battante. Elle n’avait pour s’exercer qu’un énorme et pesant médecine-ball en guise de ballon, mais il en aurait fallu davantage pour réfréner sa passion. 25


LE PORTRAIT

F ÉDÉR AT ION PALE S T INIENNE DE FOO T BALL Année de fondation : 1928 Membre de la FIFA depuis : 1998 Terrains de football (taille standard) : 12 Clubs : 148 Équipes : 132 (hommes) – 16 (femmes) Entraîneurs : 477 (hommes) – 20 (femmes) Licenciés (18 ans et plus) : 3769 (hommes) – 120 (femmes) Licenciés (moins de 18 ans) : 2520 (garçons) – 330 (filles) Joueurs sans licence : 4200 (hommes) – 2240 (femmes) Joueurs de futsal : 980 (hommes) – 96 (femmes) Position actuelle au Classement mondial FIFA: 150ème (hommes) – 85ème (femmes)

LES CHIFFRES DU FOOTBALL FÉMININ Premier match international officiel : le 22 septembre 2005 (Championnat d’Asie de l’ouest) en Jordanie : Jordanie - Palestine 5:0 Premier match à domicile : le 26 octobre 2009 au stade Al Ram/Faisl Husseini (14 000 spectateurs) : Palestine – Jordanie 2:2 Plus large victoire : le 20 octobre 2010 en Jordanie : Palestine – Qatar 18:0

nation des personnes les moins favorisées, notamment les femmes et les enfants.” Au milieu du chaos ambiant, le football était devenu pour elle un refuge aussi indispensable que dérisoire.

D e s t i r s au b u t p o u r o u v r i r d e n o u ve l l e s p o r te s Les séances de tirs au but ont fini par lui ouvrir d’autres perspectives. Au fil du temps, Honey a compris que le football pouvait lui permettre de changer son existence. “Je luttais pour une vie meilleure. Je voulais prouver qu’en sortant de la norme, on pouvait envoyer un signal fort à desti-

Sa propre carrière de footballeuse a connu un premier tournant à l’université de Bethléem. Soutenue par son professeur de sport, Honey s’est risquée à créer sa propre équipe féminine. Malheureusement, le succès n’a pas été au rendez-vous : “Il y avait quatre autres inscrites. Nous jouions à quatre plus une gardienne, toujours contre des hommes, sur des

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Honey se souvient encore de la deuxième Intifada en 2002. Suite à l’éruption de violence, l’état d’urgence avait été décrété dans les rues de Bethléem. “Nous n’avions rien à manger ni à boire. Nous dépendions totalement des livraisons de la Croix Rouge. Un couvre-feu a rapidement été instauré. Alors, nous nous retrouvions tous dans une maison pour regarder les matches de la Coupe du Monde.”

T H E F I FA W E E K LY

terrains goudronnés.” Le projet a pourtant fait parler de lui. L’histoire de ces Palestiniennes jouant au football n’a pas tardé à faire le tour du monde, grâce aux médias et aux passionnés de football. L’affaire a également suscité un certain intérêt en Palestine. Grâce à un appel lancé en Cisjordanie, d’autres jeunes femmes ont rejoint l’équipe. La sélection palestinienne était née, avant même la fondation du premier club ou d’un championnat féminin. Un e v i c to i r e m a lg r é to u t L’attaquante et ses coéquipières ont vite trouvé leurs marques sur cette nouvelle surface. Dès leur deuxième sortie, les Palestiniennes ont obtenu leur premier point, à l’occasion d’un nul 1:1 contre Bahreïn. L’équipe nationale occupe actuellement la 85ème place du Classement mondial féminin de la FIFA, qui concerne un peu moins de 120 équipes. Hélas, même les événements historiques ne protègent pas les sportifs des tracas du

Privat

Elle dribblait ses camarades de jeu, marquait dans toutes les positions et se lançait sans hésiter dans tous les duels … au grand désespoir de son père. “Quand je rentrais à la maison avec un œil au beurre noir ou un orteil cassé, il me passait un savon. Je devais aller au coin et promettre que je ne jouerais plus au football”, se souvient l’intéressée. Bien entendu, aucune de ces promesses n’a jamais été tenue. Honey a continué à jouer et a rapidement découvert que le football était bien plus qu’un plaisir ou un passe-temps. “Je me suis rendu compte que je possédais un talent qui, en d’autres circonstances, n’aurait jamais pu s’exprimer.”


LE PORTRAIT

“Je devais aller au coin et promettre que je ne jouerais plus au football.”

Des faubourgs au firmament : Honey Thaljieh dans une cour de Bethléem (à g.) et en tant que capitaine de la Palestine (ci-dessus).

quotidien. Blessée au genou, Honey Thaljieh s’est retrouvée dans l’obligation de prendre du recul. Néanmoins, la révolution initiée par cette pionnière est désormais en marche et rien ne semble pouvoir l’arrêter. En 2011, le premier match du championnat de Palestine féminin a opposé le Sareyyet Ramallah au Diyar Women’s Soccer Team. Honey Thaljieh était évidemment présente, sur le banc des entraîneurs. Cette grande première à Al Ram a réuni 11 000 spectateurs. Le président de la Fédération palestinienne de football Jibril Rajub a présenté cet événement comme Emmenée par la capitaine et avantcentre Honey Thaljieh, l’équipe nationale a fait ses débuts en 2005 en Jordanie. “Nous avons perdu 5:0 mais, pour nous, c’était une victoire. C’était la première fois que nous jouions sur du gazon.” T r a n s g r e s s io n d ’ u n t a b o u Honey Thaljieh a reçu un soutien diplomatique important de la part de l’Allemand Willi

Lemke, conseiller spécial du Secrétaire Général des Nations unies pour le sport au service du développement et de la paix. Le président du conseil de surveillance du Werder Brême a en effet reconnu le rôle prépondérant joué par la jeune femme dans la progression du football féminin palestinien : “Sans elle, le football féminin serait encore un sujet tabou en Palestine. Malgré une condition modeste, elle a réalisé un exploit extraordinaire. Son courage, son engagement et son enthousiasme ont servi de moteur à tout un mouvement. Son exemple nous prouve qu’un seul individu peut accomplir de grandes choses.” Avec Denis Oswald, membre du Comité International Olympique, Lemke s’est démené pour permettre à Thaljieh de suivre le FIFA Master en management, droit et sciences humaines appliqués au sport à l’université de Neuchâtel (Suisse). Aujourd’hui, elle travaille au sein de la division Communication de la FIFA, à Zurich. Le Président de la FIFA Joseph T H E F I FA W E E K LY

S. Blatter souligne souvent son rôle essentiel dans les négociations sportives menées au sein du monde arabe : “Honey ne parle pas seulement la langue de nos interlocuteurs ; elle comprend leur mentalité.” Un e c h a m p i o n n e s a n s m é d a i l l e En mars dernier, Thaljieh a été désignée “Championne de la Paix” et ambassadrice du mouvement pacifiste Peace and Sport. Elle a ainsi intégré un cercle très fermé auquel appartiennent déjà la perchiste Yelena Isinbayeva, l’ancien champion du monde de football ­Christian Karembeu, ou encore le numéro un mondial de tennis Novak Djokovic. “Je suis la seule à ne pas avoir gagné de médaille d’or.” Å

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LE DÉBAT

La ligne est-elle franchie ?

La technologie sur la ligne de but s’impose : elle sera utilisée pour la première fois en Coupe du Monde l’été prochain au Brésil.

Peut-être le “but fantôme” d’Hoffenheim n’aurait pas été validé si la technologie sur la ligne de but avait été utilisée en Allemagne. Mais l’Allemagne a-t-elle vraiment besoin de cette

Le match entre l’Angleterre et la RFA s’est achevé sur un triomphe 4:2 des Three Lions, mais reste marqué par un but entaché de doutes. À l’inverse, en huitième de finale de l’édition 2010, l’Anglais Frank Lampard a signé face à la Mannschaft (1:4) une réalisation qui n’a pas été comptabilisée. Après avoir frappé la barre, le ballon a rebondi derrière la ligne de but, ce que l’arbitre uruguayen Jorge Larrionda n’a pas vu.

L e s d é b a t s d e T h e F I FA We e k l y Q u ’e s t - c e q u i v o u s i n t e r p e l l e ? D e quels sujets aimeriez-vous discuter ? Envoyez vos propositions à : feedbac k-T heWeek l y @ f i f a.or g.

Perikles Monioudis

Le “but fantôme” d’Hoffenheim a mis une nouvelle fois en lumière l’utilité potentielle de la technologie sur la ligne de but, 20 ans après le “non but” du joueur du Bayern Munich Thomas Helmer, qui, comme celui de Stefan Kiessling, avait été accordé à tort. L’arbitre suisse Gottfried Dienst jurerait avoir pris la bonne décision pour le fameux “but de Wembley” en finale de la Coupe du Monde 1966. 28

Les décisions arbitrales de ce type n’auront plus lieu d’être pendant le grand rendez-vous mondial 2014 au Brésil. En effet, les arbitres de la Coupe du Monde pourront avoir recours pour la première fois à la technologie sur la ligne de but. Certains arguments s’opposent à l’introduction de cette dernière, comme le fait que dans d’autres situations également, pour le hors-jeu par exemple, une aide technique pourrait s’avérer utile ; la technologie sur la ligne de but marquerait alors le premier pas d’une utilisation massive de la technologie au détriment du jeu. Quoi qu’il en soit, en Premier League, la technologie sur la ligne de but a été introduite cette saison. La Premier League cera imitée par d’autres championnats. Å

T H E F I FA W E E K LY

“D’après les règles de la Fédération allemande, l’état du terrain doit être contrôlé par les arbitres avant le début du match. Au bout du compte, c’est donc l’arbitre qui est responsable, pas le club qui reçoit. Mais un club qui prend le fair-play au sérieux se sentirait obligé de faire rectifier le résultat ou de rejouer le match. Tout le reste n’est qu’une farce. Le doute de l’arbitre est évident quand on regarde les images à la télévision et c’est justement pour cette raison qu’il n’aurait pas dû valider le but, conformément aux règles.” Jörg Denzler, Brême

“Le principe de la décision arbitrale est correct et juste, ce qui ne veut pas dire que je ne me réjouis pas de voir arriver la technologie sur la ligne de but. À mon avis, sur la question d’annuler ou pas le résultat, la

Getty Images

Le ballon a-t-il franchi la ligne de but ou pas ? Cette question se pose tous les jours sur les terrains de football aux quatre coins du globe. Sur les pelouses des amateurs, on règle le problème en donnant de la voix. Dans les championnats professionnels, une technologie venue d’Allemagne permet de lever les doutes.


LE DÉBAT proposition de Rudi Völler de rejouer les 22 dernières minutes en partant du score de 1:0 serait la plus équitable.” Markus Mayer, Innsbruck

“Personnellement, je trouve le jugement injuste. Mais je suis quand même satisfaite que le match ne soit pas rejoué, car il n’y a pas eu d’infraction au règlement. Dans le cas contraire, il aurait sans doute fallu attendre jusqu’à Noël 2015 pour que toutes les réclamations déposées contre une décision arbitrale soient traitées et pour enfin savoir qui est relégué et qui est le champion 2014. Pour ne parler que de la Bundesliga, plusieurs buts ont été inscrits suite à un hors-jeu, par exemple.”

LE BILLET DU PRÉSIDENT

se retourne en se grattant la tête ? On parle sans arrêt de fair-play, mais dès qu’ils sont concernés, les gens oublient le sens de ce mot. Je pense par ailleurs que la Fédération allemande a suffisamment de pouvoir pour prendre une décision de manière indépendante dans cette affaire.” Andreas Blum, Hanovre

“En termes de respect des lois du football, l’affaire n’est pas simple. Selon la règle 5 du règlement 2013/14 de la DFB, les décisions de l’arbitre sur des faits relevant du jeu (ce qu’on appelle les ”décisions de fait“) sont définitives. Néanmoins, cela ne s’applique qu’au terrain, d’après la règle 1 du même règlement. Dans ce cas précis, le ballon est entré de côté par

Fabienne Ehrler, Baden (Suisse)

“On ne doit pas dicter sa conduite à l’arbitre. La décision prise sur le terrain doit conserver sa validité. Où irions-nous si à chaque moment un peu délicat, il fallait analyser le jeu à l’aide d’un ordinateur ?” Sven Magnusson, Malmö

“Les règles qui régissent le football sont complètement obsolètes. Il n’y a qu’à regarder aux États-Unis pour voir comment fonctionne le sport moderne. C’est un scandale qu’aujourd’hui, on puisse encore marquer des points grâce à des trous dans le filet.” Vincenzo Carlino, Canicatti (Italie)

“C’est clairement le club d’Hoffenheim qui porte la responsabilité du ”but fantôme“. Il n’a pas vérifié soigneusement les équipements avant le match. Il n’a donc pas le droit de réclamer que le match soit rejoué.”

“C’est clairement Hof- E fenheim qui porte la responsabilité.”

n rejetant le recours du TSG Hoffenheim contre le “but fantôme” survenu pendant le match contre Leverkusen, la Fédération allemande de football a fait le bon choix. En effet, les décisions de l’arbitre sur des faits en relation avec le jeu sont sans appel. Ce point est clairement établi par les Lois du Jeu de l’International Football Association Board. Difficile d’imaginer les conséquences, si ce recours avait été accepté. Toute décision arbitrale pouvant être sujette à discussion, chaque journée de championnat connaîtrait alors des prolongations juridiques sans fin. De ce point de vue, il n’y a qu’une seule vérité : un but est un but et il y a hors-jeu quand l’arbitre siffle.

Frank Morel, Strasbourg

“Pour moi, il n’aurait dû y avoir qu’un seul jugement : que le match soit rejoué. Car il s’agit d’une erreur de l’arbitre. Il doit vérifier avant la rencontre l’état du terrain et des buts. Dans ce cas, il aurait dû constater le trou dans le filet. Depuis, tous les filets sont inspectés à la loupe en Bundesliga.” Dieter Barsch, Coblence

“Le match devrait être rejoué. Comment Kiessling peut-il dire qu’il n’a pas bien vu la scène alors qu’ont voit qu’après sa reprise, il

Pour l’utilisation de la technologie sur la ligne de but dans tous les championnats !

l’extérieur, via le filet, à l’intérieur du but, qui, comme on le sait, ne fait pas partie du terrain. Je trouve donc qu’il serait acceptable d’utiliser comme preuve les images de la télévision, d’autant plus qu’il arrive que des joueurs auteurs de fautes grossières que l’arbitre n’a pas vues et donc pas sanctionnées fassent l’objet de débats et soient sanctionnés après coup. En tout cas, la conduite de Kiessling est, à mes yeux, contraire à l’esprit du sport.” Harald Beisemann, Berlin

“Le jugement est injuste !” T H E F I FA W E E K LY

Mais d’un autre côté, cet incident devrait ouvrir les yeux des derniers sceptiques et balayer les doutes au sujet de l’introduction de la technologie sur la ligne de but. Moi-même, j’ai été longtemps opposé à l’utilisation d’outils techniques, quels qu’ils soient. Mais depuis la Coupe du Monde de 2010 et l’annulation du but de Frank Lampard contre l’Allemagne, j’ai changé d’avis. On a le droit de défendre un point de vue, mais on doit aussi être prêt à revoir son jugement. La balle est à présent dans le camp des championnats et des compétitions de premier plan : ils doivent introduire la technologie sur la ligne de but, sans plus attendre. Pour le football, l’avenir commence dès aujourd’hui.

Votre Joseph S. Blatter

29


Only eight countries have ever lifted the FIFA World Cup Trophy.

Yet over 200 have been winners with FIFA. As an organisation with 209 member associations, our responsibilities do not end with the FIFA World Cup™, but extend to safeguarding the Laws of the Game, developing football around the world and bringing hope to those less privileged. Our Football for Hope Centres are one example of how we use the global power of football to build a better future. www.FIFA.com/aboutfifa


L’ E X P E R T

“La clé du succès, c’est la prévention”

Ralf Mutschke

“J

’ai eu l’occasion de rencontrer une personne impliquée dans des affaires de matches truqués, ici à Zurich. Elle me l’a avoué sans détour : les organisations criminelles délaissent leurs activités traditionnelles comme le trafic de stupéfiants pour se livrer à la manipulation de résultats, car elles estiment que les risques sont faibles et les gains importants.

Daniel Bejar

La mission première de mon équipe est d’empêcher ce genre de manipulations. Il est essentiel que l’ensemble de la communauté FIFA s’implique dans cette lutte contre le crime organisé. C’est là mon objectif prioritaire, mais aussi mon plus grand défi. Il faut soutenir le monde du football dans son combat contre la corruption et les matches truqués. Nous tenons à montrer que la FIFA, en collaboration avec Interpol, est bel et bien mobilisée sur ce dossier. En février dernier, une ligne prioritaire accessible à tous par mail a été mise en place (http://www.bkms-system.net/FIFA) pour permettre de dénoncer ces pratiques. Cet outil permet à tous les acteurs du football de

signaler tout cas suspect à la FIFA sous couvert de l’anonymat, afin que celle-ci puisse mener une enquête.

En revanche, les matches amicaux internationaux sont beaucoup plus exposés à ce genre de pratique.

Mais nous allons encore plus loin en sensibilisant nos membres. Nous travaillons ici en partenariat avec Interpol. Ce programme prioritaire constitue l’une des mesures les plus importantes de notre arsenal. Il comprend des séances d’information en amont de toutes les compétitions de la FIFA, ainsi qu’une sensibilisation de l’ensemble des arbitres de la Coupe des Confédérations 2013 et de la Coupe du Monde 2014. Par ailleurs, des ateliers régionaux et nationaux sont mis en place au sein de toutes les confédérations afin d’assurer une approche homogène et systématique.

De nombreuses associations membres ont fait part de leur volonté de travailler avec la FIFA sur ce dossier et m’ont déjà soumis des questions concrètes. La FIFA entend mettre son équipe d’intégrité (FIT) au service de ces nations et lutter à grande échelle contre le crime organisé.

De manière générale, il est très difficile de manipuler le résultat des matches de qualification pour la Coupe du Monde. C’est la plus prestigieuse des compétitions, pour les équipes et surtout pour les joueurs, et tout le monde rêve de participer à cet événement qui n’a lieu que tous les quatre ans. Bien évidemment, nous suivons de très près ces rencontres, mais pour le moment, aucune irrégularité n’a été relevée. T H E F I FA W E E K LY

J’ai l’intention de mettre en place un réseau mondial de spécialistes de l’intégrité. La clé du succès, c’est la prévention. Mais pour parvenir à cet objectif, il est important que nous travaillions tous main dans la main.” Å

R A L F M U T S C H K E (54 A N S) e s t le directeur de la division Sécurité de la FIFA . 31


Lieu : Sittwe, Myanmar A n n é e : 19 95

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T H E F I FA W E E K LY


FIRST LOVE

Steve McCurry/Magnum Photos

THE FIF FA A W E E K LY

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GAL A DE L A FA

Sous des auspices royaux

Greg Dyke, le prince William Terry Venables, Roy Hodgson

Michael Owen

Joseph S. Blatter

Joseph S. Blatter, Greg Dyke, Jérôme Valcke

Howard Webb

June Kelly

Michel Platini

Geoff Hurst

Paul Potts

Cela fait maintenant 47 ans que l’Angleterre rêve de gloire planétaire. Pourtant, le pays a trouvé une raison de se réjouir avec le 150ème anniversaire de la Football Association (FA), célébré le week-end dernier à Londres.

AFP, The FA via Getty Images

Thomas Renggli

O

rganisée dans la Grand Connaught Rooms de Londres, la somptueuse fête du football anglais sous des auspices royaux. En effet, le prince William a assisté au gala marquant le 150ème anniversaire de la Football Association (FA). Le représentant de Buckingham Palace a même abandonné sa réserve royale, confessant ses préférences personnelles : “Le jour où Aston Villa, mon club de 34

cœur, triomphera de Manchester United à Villa Park, mon fils George sera présent dans les tribunes.” Dans un discours très juste, le président de la FIFA Joseph S. Blatter a ensuité souligné l’importance de la patrie du football en matière de politique sportive: “À ce jour, la FIFA a compté trois Anglais parmi ses huit présidents. Sir Stanley Rous a notamment joué un rôle décisif dans le développement de notre sport.” Quant à Paul ­Potts, révélé par une émission de télévision, il a donné le ton de la soirée avec son interpréT H E F I FA W E E K LY

tation du fameux Nessun dorma de Puccini. À table, autour du bœuf britannique et du vin français, le glorieux passé du football anglais a bien entendu fourni le principal sujet de conversation. L'auteur de son chapitre le plus essentiel trônait d'ailleurs au beau milieu de l'assemblée. Crédité du fameux “but de Wembley”, lors de la finale de la Coupe du Monde 1966, Sir Geoffrey Hurst s’est d'ailleurs félicité du fait que la technologie sur la ligne de but n’ait été introduite en Angleterre que quelque 47 ans plus tard. Å


LE CL ASSEMENT FIFA Classement Équipe Évolution Points

1 2 3 4 5 6 7 8 8 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 44 46 47 47 49 49 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 61 63 64 65 66 67 68 69 70 71 71 73 74 75 76 77

Espagne Allemagne Argentine Colombie Belgique Uruguay Suisse Pays-Bas Italie Angleterre

0 1 -1 1 1 1 7 1 -4 7

1513 1311 1266 1178 1175 1164 1138 1136 1136 1080

Brésil Chili États-Unis Portugal Grèce Bosnie-Herzégovine Côte d’Ivoire Croatie Russie Ukraine France Équateur Ghana Mexique Suède Danemark République tchèque Serbie Roumanie Slovénie Costa Rica Algérie Nigeria Honduras Écosse Panamá Venezuela Arménie Pérou Turquie Mali Cap-Vert Hongrie Japon Pays de Galles Islande Norvège Tunisie Paraguay Iran Égypte Burkina Faso Autriche Monténégro Ouzbékistan République de Corée Australie Albanie Cameroun République d'Irlande Libye Afrique du Sud Finlande Sénégal Slovaquie Israël Zambie Guinée Pologne Jordanie Émirats arabes unis Bolivie Sierra Leone Cuba Togo Bulgarie Maroc

-3 4 0 -3 -3 2 2 -8 -4 6 4 -2 1 -3 -3 -3 5 15 2 -1 2 -4 3 6 28 -1 -1 17 -5 9 -3 2 -13 -2 8 8 -8 -1 -8 -1 -1 -1 -6 -27 2 2 -4 -13 2 -1 9 7 -7 2 -5 3 4 8 -4 3 11 -9 -1 10 2 -12 -3

1078 1051 1040 1036 983 925 917 901 874 871 870 862 860 854 850 824 783 778 767 752 744 741 724 720 715 702 692 687 686 670 668 662 636 634 634 633 632 632 613 613 610 598 596 584 582 569 564 563 554 550 540 540 538 530 528 515 513 512 503 502 496 496 493 492 488 487 478

Rang

mai 2013

juin 2013

juillet 2013

août 2013

sept. 2013

oct. 2013

1 -41 -83 -125 -167 -209 1ère place   78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 103 105 106 107 107 109 110 111 112 112 114 115 116 117 118 119 120 121 121 123 124 125 126 127 128 129 129 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 141 143 144

hausse du mois

République dominicaine Nouvelle-Zélande Haïti Trinité-et-Tobago Jamaïque Belarus Gabon Ouganda ARY Macédoine RD Congo Azerbaïdjan Salvador Irlande du Nord Congo Oman Angola Bénin Éthiopie Moldavie RP Chine Botswana Estonie Géorgie Arabie saoudite Zimbabwe Lituanie Irak Qatar Liberia RDP Corée République centrafricaine Koweït Niger Canada Guatemala Antigua-et-Barbuda Guyana Mozambique Tadjikistan Lettonie Kenya Guinée équatoriale St-Vincent-et-les-Grenadines Liban Burundi Bahreïn Malawi Turkménistan Nouvelle-Calédonie Luxembourg Namibie Rwanda Tanzanie Suriname Grenade Afghanistan Chypre Kazakhstan Soudan Philippines Sainte-Lucie Gambie Malte Syrie Lesotho Thaïlande Tahiti

T H E F I FA W E E K LY

baisse du mois 9 -12 -2 4 -4 -3 -1 -4 -11 4 19 4 -4 1 4 -4 -4 -2 33 2 6 -11 -3 8 -1 9 2 3 8 6 -4 0 -8 -5 -12 -1 16 1 1 -2 0 -21 2 -1 3 -2 -2 0 -31 -1 -1 2 -2 4 -13 -1 0 -3 4 4 0 -3 2 2 6 -4 2

474 470 464 457 456 441 438 431 430 411 407 404 399 394 381 380 378 376 369 365 354 351 350 338 328 323 323 313 312 310 310 307 306 296 294 294 286 282 280 277 274 273 271 267 267 266 263 254 249 247 246 242 242 237 233 223 219 216 215 213 203 202 192 183 183 181 179

145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 162 162 165 166 167 168 169 170 171 171 173 173 175 176 177 178 178 180 181 182 183 183 185 186 186 188 189 190 191 192 193 193 195 196 197 198 199 200 201 202 202 204 204 206 207 207 207

Belize Palestine Saint-Kitts-et-Nevis Hong Kong Myanmar Kirghizistan Vietnam Mauritanie Nicaragua Inde Singapour Tchad Maldives Liechtenstein Porto Rico Malaisie Bermudes Indonésie São Tomé-et-Principe Bangladesh Népal Sri Lanka Laos Pakistan Dominique Curaçao Îles Salomon Guam Barbade Aruba Îles Féroé Chinese Taipei Yémen Samoa Maurice Madagascar Guinée-Bissau Vanuatu Swaziland Mongolie Fidji Samoa américaines Tonga Bahamas Montserrat Comores Îles Vierges américaines Îles Caïmans Brunei Timor oriental Érythrée Seychelles Papouasie-Nouvelle-Guinée Cambodge Îles Vierges britanniques Andorre Somalie Djibouti Îles Cook Soudan du Sud Macao Anguilla Bhoutan Saint-Marin Îles Turks-et-Caicos

0 3 -10 0 13 -6 2 -2 0 1 4 2 -5 -2 1 1 -4 8 1 4 -2 2 5 2 -2 4 -2 4 -22 -8 7 -1 -4 -1 -1 -1 -1 -1 3 2 2 2 2 3 4 3 -1 0 -11 -11 0 0 0 1 -2 0 0 1 1 1 -2 0 0 0 0

178 175 172 171 169 161 159 158 155 151 149 148 147 141 139 137 127 120 120 120 119 108 105 102 89 88 86 86 82 82 81 79 72 62 62 57 56 53 49 49 47 43 43 40 33 32 30 29 26 26 24 23 21 20 18 16 14 11 11 10 10 3 0 0 0

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N E T Z E R L' E X P E R T

L' O B J E T

Le Brési l possède-t-i l les bon s i ng réd ients pou r rempor ter la C oup e du Monde su r ses ter res ou le footba l l eu rop éen réu ssi ra-t-i l à i mposer de l'autre côté de l'At la ntique sa recet te à ba se de pu issa nce et de v itesse ? Question de Conny Müller (Göttingen) chatoyant. Le résultat n’était pas toujours concluant, au point que les Européens ont décidé de revenir vers un style de jeu plus physique. Ces deux cultures, jadis diamétralement opposées, se sont depuis considérablement rapprochées. La majorité des joueurs de la Seleção évoluent aujourd'hui dans les meilleurs clubs européens. Cela sous-entend bien évidemment qu’ils sont au niveau sur le plan physique. Mais revenons à la question de Conny. Il sera très difficile pour le Brésil de décrocher le titre mondial l’été prochain. Certes, la mission qui attend Luiz Felipe Scolari n’a rien d’impossible, car il dispose de joueurs de haut niveau. Dans l'optique d’une sixième couronne mondiale, l’avantage du terrain peut faire pencher la balance. En matière de jeu, l’Espagne et ­l’Allemagne possèdent cepen-

dant des arguments pour l’emporter. Pour cette Coupe du Monde, il faudra également compter avec les Italiens. N’oublions pas non plus l’Argentine. L’équipe du génial Messi n’a clairement rien à envier aux autres nations. Le fait d’évoluer à domicile a aussi un prix. Bien entendu, l’euphorie dans les tribunes peut permettre aux Brésiliens de se surpasser. Tout footballeur rêve de réussir le match de sa vie en Coupe du Monde, devant son public. Pour autant, il est impossible de sous-estimer la pression qui pèse sur l’équipe qui évolue à domicile. L’été prochain, près de 200 millions de Brésiliens exigeront de leur sélection qu'elle décroche le titre suprême. Même une place en finale serait considérée comme un échec. Pour une équipe, on peut difficilement imaginer situation de départ plus compliquée. Å

RETOUR Retour sur The FIFA Weekly n°1, 25 octobre 2013, p. 29 Perikles Monioudis Le “Billet du Président” rédigé la semaine dernière par le Président de la FIFA Joseph S. Blatter (“Égalité des chances pour l'Afrique !”) a provoqué une vague de réactions dans le monde entier. Le Telegraph de Londres écrit : “La proposition de Blatter va provoquer l'indignation des grands favoris traditionnels de la Coupe du Monde, du Brésil à l'Argentine en passant par l'Allemagne et l'Espagne. […] Ils vont être consternés à l'idée que le chemin qui 36

mène à la Coupe du Monde devienne plus difficile pour les Européens et les Sud-Américains.” La réaction du Daily Mail s'inscrit dans la même veine : “Tout changement du système de qualification condamnerait les Européens à une lutte sans merci pour participer à la Coupe du Monde. Or l'Angleterre a déjà subi un parcours du combattant pour arriver au Brésil.” CNN a confronté l'entraîneur de Chelsea José Mourinho au “Billet du Président”. “Je respecte son opinion, mais je ne la partage pas. L'histoire du football a été écrite par de nombreuses ethnies à parts égales. Les

joueurs de couleur ont apporté une immense contribution à ce qu'est le football aujourd'hui”, a souligné le Portugais. Mourinho est quant à lui en opposition avec Danny Jordaan, le président de la Fédération sud-africaine de football, qui a déclaré pour sa part au New Zealand Herald : “C'est un sujet important qu'il va falloir aborder.” Le Cameroun a été la première sélection africaine à atteindre les quarts de finale de la Coupe du Monde (en Italie en 1990). Depuis, seules les équipes du Sénégal (Corée/Japon 2002) et du Ghana (Afrique du Sud 2010) ont réitéré ce tour de force. Å T H E F I FA W E E K LY

Comme James Bond, qu'il incarnait pour la première fois en 1973, Roger Moore vivait alors au pays de Sa Majesté. À l'époque, cinq terrains de football entouraient sa demeure, située à quelques minutes seulement du centre de Londres… en Aston Martin. Bien entendu, il ne faut pas prendre cette histoire de terrains au pied de la lettre. Le football partage en fait avec le golf et le tennis sur gazon une même surface de jeu. Le ballon a dû attendre l'avènement de la classe moyenne pour conquérir autre chose que le cœur des jeunes mâles célibataires. Bond, lui, ne s'est jamais passionné pour le football. Récemment, Roger Moore a quant à lui vendu sa villa pour 4,5 millions de livres, à peine le prix d'un joueur médiocre de Premier League. À l'image de son personnage, l'acteur n'a jamais professé un grand intérêt pour le beau jeu, même s'il a assuré par le passé s'intéresser aux résultats de Reading. En 2002, Moore avait depuis longtemps remisé le costume du plus célèbre agent secret de la planète. Cette année-là, il a pourtant traversé la moitié du globe pour assister à la finale de la Coupe du Monde 2002 à Yokohama. Depuis la tribune présidentielle, il a assisté à la défaite d'Oliver Kahn et de ses coéquipiers face aux Brésiliens. Le sourire carnassier du gardien allemand a pu lui rappeler celui de Requin, la brute armée d'une dentition métallique du film L'espion qui m'aimait. Dans le film, James Bond était venu à bout de son adversaire à l'aide d'une lampe de chevet. La rencontre entre Kahn et Moore n'a pourtant pas fait d'étincelles. L'image de ses cinq terrains de football imaginaires a peutêtre fugitivement traversé l'esprit de Roger Moore, qui réside maintenant en Suisse et à Monaco. À la fin du match, Moore s'est levé pour applaudir les joueurs. Puis il est reparti, en laissant derrière lui l'enveloppe contenant son invitation. S'il avait été adressé à James Bond, ce document aurait sans doute été détruit par le feu. Au lieu de cela, il trône aujourd'hui fièrement au siège de la FIFA à Zurich. Å

Gian Paul Lozza

Voilà une question passionnante. Pourtant, je ne pense pas que les footballeurs brésiliens soient inférieurs à leurs homologues européens au plan athlétique. Autrefois, c’était effectivement le cas. La technique et la vivacité distinguaient alors le Brésil de l’Europe, où l’on était tenté de copier ce football

Perikles Monioudis


LE TOURNANT

“Une Une nuit à Florence Florence” En 1990, Alexi Lalas, alors étudiant, est allé en stop en Italie et a assisté à la Coupe du Monde. Quatre ans plus tard, il faisait lui-même sensation sur le terrain sous les couleurs des États-Unis. Aujourd'hui âge de 43 ans, l'ancien footballeur revient sur un moment marquant qui a lancé sa carrière.

“E

Nom :

n juin 1990, j’ai assisté avec des amis à une rencontre de la Coupe du Monde en Italie. À l’époque, j’étais étudiant et je n’avais aucune ambition en matière de football. Je n'imaginais pas une seule seconde que quatre ans plus tard, j’entrerais sur la pelouse avec le maillot des ÉtatsUnis sur les épaules. Mais laissez-moi vous raconter cette histoire depuis le début.

Alexi Lalas Date de naissance : 1er juin 1970 Lieu de naissance : Birmingham, Michigan (États-Unis) Taille : 1,91 m Sélections en équipe nationale : 96 Position : défenseur Fin de carrière : Los Angeles Galaxy, en 2003

J’ai grandi à Detroit, dans l'État du Michigan, à une époque où le football était loin de jouer les premiers rôles. À Detroit, tout tournait autour du hockey sur glace. Comme les autres, je me retrouvais chaque jour sur la glace. La musique aussi m'intéressait. Je jouais de la guitare dans un groupe (Lalas écrit toujours des chansons et il lui arrive de se produire en concert, ndlr.). Le football me plaisait également. La discipline avait beau ne pas être très populaire aux ÉtatsUnis, moi, j’aimais ça.

Privat

En 1986, à 16 ans, j’ai suivi la Coupe du Monde au Mexique à la télévision. L’ambiance, le football pratiqué, Diego Maradona au sommet de son art… c’était fabuleux. Avec le recul, je me rends compte que ces quatre semaines passées devant la télévision m’ont marqué et pourtant, l’équipe américaine n'était même pas qualifiée. À compter de ce moment, le football allait dicter toute ma vie. Quatre ans plus tard, je me suis retrouvé à Florence avec des amis pour assister à une rencontre de la Coupe du Monde 1990. En vérité, c’était plus un hasard qu’autre chose. À 20 ans, les étudiants épris de liberté que nous étions avaient autre chose en tête que le football. Nous voulions faire du stop, découvrir l’Europe, faire la fête. Le 19 juin 1990, nous avons donc pris place en tribune dans le stade de Florence. Nous avons assisté impuissants à la défaite 1:2 des

États-Unis face à l’Autriche, synonyme d’élimination. C'était un moment difficile, mais en même temps inoubliable. Nos visages étaient peints aux couleurs américaines, ce qui ne nous a pas empêchés de célébrer le football avec les supporters autrichiens assis à nos côtés. L'ambiance était grandiose. Je me rappelle avoir regardé le terrain et pensé : j’aimerais revivre un jour de tels instants. Depuis, j’ai eu la chance de connaître à nouveau ces émotions. Le 18 juin 1994, quatre ans presque jour pour jour après cette nuit inoubliable à Florence, j’ai pénétré avec mes dix coéquipiers de l’équipe des États-Unis dans un Silverdome plein à craquer, devant 80000 personnes. Pour ce match d’ouverture de la Coupe T H E F I FA W E E K LY

du Monde 1994, nous affrontions la Suisse à Detroit. Aujourd’hui, quand j’évoque cette rencontre, conclue sur un nul 1:1, j’en ai encore des frissons. Le stade était en ébullition. Le monde avait les yeux rivés sur nous. Les États-Unis découvraient le soccer et moi, j’étais au cœur de tout ça, dans ce stade, à dix minutes à peine de la maison familiale. La boucle était bouclée : je suis d'abord allé voir la Coupe du Monde, puis la Coupe du Monde est venue à moi.” Å

D a n s l a r u b r i q u e “ L e To u r n a n t ”, d e grands noms du football reviennent sur les moment s qui ont marqué leur vie. 37


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The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) Site Internet : www.FIFA.com/TheWeekly Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Postfach, CH-8044 Zurich, Tél. : +41-(0)43-222 7777 Fax : +41-(0)43-222 7878

Commençons par deux petites questions, en guise d’échauffement. C’est parti !

1

L’un de ces messieurs a récemment perdu son emploi. Il possède la particularité d’avoir déjà entraîné la sélection du Vatican. De qui s’agit-il ? A

H

Président : Joseph S. Blatter Secrétaire Général : Jérôme Valcke Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio

B

2

F

Quelle équipe nationale porte quatre étoiles (symbolisant quatre titres mondiaux) sur son maillot ?

Rédacteur en chef : Thomas Renggli

A

O

Conception artistique : Markus Nowak E

Rédaction : Perikles Monioudis (rédacteur en chef adjoint), Alan Schweingruber, Sarah Steiner Collaborateurs réguliers : Jordí Punti (Barcelone), David Winner (Londres), Roland Zorn (Francfort), Sven Goldmann (Berlin), Sérgio Xavier Filho (São Paulo), Luigi Garlando (Milan)

I

Nous passons aux choses sérieuses. Du sang-froid !

3

Service photo : Peggy Knotz

Cette image représente un Troglodytes musculus alias…

Production : Hans-Peter Frei (directeur), Richie Krönert, Philipp Mahrer, Marianne Crittin, Mirijam Ziegler, Peter Utz, Olivier Honauer

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Correction : Nena Morf

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I

N

Ont collaboré à la rédaction de ce numéro : Delia Fischer, Brian Alexander Secrétaire de rédaction : Loraine Mcdouall Traduction : Sportstranslations.com

4

Quelle Coupe du Monde a eu lieu en l’an XII ? Une célèbre affiche de la Coupe du Monde indique cette date à côté de la date “normale”… D 1934

Contact : feedback-TheWeekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “© The FIFA Weekly”, 2013. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. Le logo FIFA est une marque déposée. Produit et imprimé en Suisse.

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Bonne réflexion !

Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub Impression : Zofinger Tagblatt AG

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Faites-nous parvenir vos réponses le 6 novembre 2013 au plus tard à l’adresse suivante : feedback-TheWeekly@fifa.org. Les concurrents qui auront correctement répondu à toutes les questions jusqu’au 31 décembre 2013 participeront à un grand tirage au sort pour tenter de remporter deux billets pour assister au Gala FIFA Ballon d’Or 2013, qui aura lieu le 13 janvier 2014. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement de la compétition. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse : fr.www.fifa.com/aboutfifa/organisation/the-fifa-weekly/rules.pdf. Å Solution de l’énigme de la semaine précédente : FAIR. T H E F I FA W E E K LY

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DEM ANDE Z À L A F IFA !

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

Manchester United peut-il revenir dans la course au titre ?

Après neuf journées de Premier League, les Red Devils comptent huit points de retard sur Arsenal. Les champions d’Angleterre ont bien du mal à trouver le bon équilibre, à l’image de Javier Hernandez ( à g.), ici à la lutte avec Inigo Martinez (Real Sociedad) en Ligue des Champions. Envoyez vos réponses à : feedback-TheWeekly@fifa.org

Existe-t-il un footballeur qui a joué dans tous les grands championnats européens ? Hilde Scheppers, Utrecht

R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E :

35+25+2010 37 24

Oui, Florin Raducioiu. Le Roumain a joué en Italie à Vérone, Bari, Brescia et Milan ; en Allemagne au VfB Stuttgart ; en Angleterre à West Ham ; en Espagne à ­l’Espanyol Barcelone et en France à l’AS Monaco. Il a inscrit au moins un but dans tous les championnats. Quatre autres joueurs ont évolué en tant que professionnels en Italie, en Espagne, en Angleterre et en ­A llemagne : Abel Xavier, Gheorghe Popescu, Pierre Womé et Jon Dahl Tomasson.

Qui ramènera la coupe à la maison en juillet prochain ?

10%

10%

35%

20%

L A SEMAINE PROCHAINE Qualifications pour la Coupe du Monde : DERNIERS BILLETS POUR LE BRÉSIL

≠ LE BRÉSIL ≠ L'ESPAGNE ≠ L'ALLEMAGNE ≠ L'ITALIE ≠ AUTRES

25%

CHAMPIONNATS : Allemagne, Angleterre, Italie et Espagne FC BARCELONE : Histoire d'une légende Interview : PITURCA, SÉLECTIONNEUR DE LA ROUMANIE THE SOUND OF FOOTBALL : World in Motion À LA LOUPE : Le racisme dans les stades allemands

Disponible à partir du 8 novembre

Matthias Kunz, historien de la FIFA

ABONNÉS AUX TIRS AU BUT

licenciements d'entraîneurs ont été

équipes ont pris part à la première Coupe du Monde en 1930 en

prononcés (jusqu'à

Uruguay. C'est la seule édition de

la date de bouclage

l'épreuve suprême à s'être déroulée

de ce numéro)

sans qualifications. La sélection

par Christian

s'est faite naturellement :

Constantin, pré-

seules quatre sélections

sident du club

européennes (la Belgique,

suisse de Sion.

la France, la Yougoslavie

Le réservoir dont

et la Roumanie) ont eu

il dispose est

le courage d'entre-

cependant

prendre le voyage de

limité : l'entraî-

neur actuel, Laurent

bateau. L'Uruguay a

fois, l'équipe de Zambie a dû passer

la troisième fois à

par l'épreuve des tirs au but, soit

titre mondial et

plus qu'aucune autre équipe. La

l'Argentin Guillermo

sélection d'Afrique centrale en est

Stábile (photo) a été

sortie victorieuse à onze reprises.

sacré meilleur buteur du

(Photo : Emmanuel Mayuka)

tournoi. T H E F I FA W E E K LY

13

trois semaines en

Roussey, officie pour la tête de l'équipe.

40

LES PIONNIERS DE L A COUPE DU MONDE

décroché le premier Getty Images, afp

L A VAL SE DE S EN T R AÎNEURS


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