Dossier
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Syndicats #3 MAI 2022
ANGELA DAVIS
« Le syndicalisme dans les luttes ant « LIBÉREZ ANGELA DAVIS ET TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES » « Meurtre », « Non coupable ». « Kidnapping », « Non coupable ». « Conspiration », « Non coupable ». Pourtant, cette femme au sourire sincère et à la voix douce a été jadis parmi les 10 personnes les plus recherchées par le FBI aux États-Unis. En 1970, Angela Davis fut arrêtée à New York suite à une tentative d’évasion, lors du procès des frères de Soledad, prisonniers, noirs et révolutionnaires, qui a mal tourné. Quatre personnes sont mortes. Selon les autorités, les armes utilisées lui appartenaient.
Femme noire, féministe, syndicaliste, communiste, intellectuelle. Dans les années 60-70 aux États-Unis, Angela Davis incarnait tout ce qui dérangeait les conservateurs. Aujourd’hui, elle est le visage féminin de la libération du peuple noir. Avec sa fameuse coupe afro désormais grisâtre, du haut de ses 78 ans, elle continue à défendre les droits des plus opprimés. De passage en Belgique, nous avons eu la chance de l’interroger sur le rôle des syndicats dans son pays. Retour sur la vie et les combats de cette révolutionnaire infatigable.
Dès l’annonce de son avis de recherche, Angela entre en clandestinité. Deux mois plus tard, elle est arrêtée et emprisonnée. En prison, malgré l’isolement auquel les autorités l’ont condamnée, elle bénéficie de la solidarité des autres détenues, à 95% afrodescendantes ou portoricaines. Et même de certains membres du personnel. Ensemble, elles s’organisent pour défendre leurs droits. Le mouvement de solidarité s’étend également à l’extérieur de la prison, dans tous les États-Unis et même à travers le monde. De multiples manifestations en faveur de sa libération sont organisées. « Free Angela Davis » est le cri du cœur. « C’est de là que je tire la force de mener ma campagne contre ce qui est devenu une véritable industrie aux États-Unis : le système pénitentiaire. » Angela est extradée en Californie, où la peine de mort est encore en vigueur. Mais en 1972, deux années après son arrestation, elle est acquittée. Par un jury entièrement blanc.
UN MILITANTISME QUI DÉRANGE
Nos différences pourraient être la colle qui nous tient ensemble.
Durant les années qui précèdent son arrestation, Angela Davis est professeure de philosophie à l’université de Californie. Elle ne cache pas son appartenance au parti communiste, ni son attachement aux Black Panthers, organisation politique noireaméricaine qui prône la libération du peuple noir à travers la lutte armée. La répression policière est importante, le système judiciaire injuste. On arrête les personnes qui distribuent des tracts dans la rue pour « obstruction à la circulation piétonne ». (C’est « l’entrave méchante à la circulation » de l’époque… toujours utilisée pour criminaliser l’action syndicale en Belgique aujourd’hui.) Angela milite pour la libération de prisonniers politiques. Elle participe à de nombreuses manifestations contre la guerre au Viêt-Nam. Dans la rue, dans sa classe, à travers l’organisation de cercles étudiants afro…
















