Sales fouteurs de merde

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1 Linda § Linda, la militante Coupe-vent, casse-croûte, chaussures de marche. Ce ne sont pas les outils de travail habituels de Linda Verheggen mais nécessité fait loi ! En ce deux décembre, exceptionnellement, la place de cette Beverenoise n’est pas parmi les bénéficiaires du « Regenboog » (l’Arc en ciel), un service d’aide et de soins à domicile de la région anversoise. Elle s’est levée tôt, a embarqué dans le train pour Bruxelles. Terminus à la Gare du Nord, pour une journée de manifestation « contre l’austérité ». Linda n’a pas hésité. À l’heure où les partis politiques préparent une série de coupes dans les budgets de l’État, « c’est à la capitale qu’il faut être pour défendre notre avenir. Notre avenir à tous ! » À 52 ans, cette technicienne de surface a déjà un bon bout de carrière derrière elle. Elle déborde d’énergie et elle aime son métier, mais le poids des années se fait parfois ressentir. « Je n’ai pas ménagé ma peine. Je voudrais un jour pouvoir profiter de la vie », dit-elle sobrement. Elle a quand-même pu se rendre à la manifestation le cœur léger : « Les gens chez qui on travaille (souvent des personnes âgées) ont des enfants. Ils nous soutiennent. » En préparant la journée, Linda n’avait qu’un souhait : « Que les rues de la ville soient rouges. » Du haut des escaliers de la Gare du Nord, elle a une vue plongeante sur la foule qui s’est mise en route. Le syndicat est très largement représenté. C’est bon signe ! Il y a des sifflets, des manifestants costumés, de la musique. Les marcheurs sont inquiets pour l’avenir mais pas question de sombrer dans la déprime. Les militants se sont regroupés par secteur, par entreprise. « Comme nous travaillons chez les gens, à domicile, nous ne nous voyons pas souvent entre collègues. Alors ce genre de rassemblement est un bon moment pour se retrouver et parler des problèmes que nous rencontrons au travail », explique Linda. Elle a quelques heures pour le faire : sur tout le parcours, des milliers de gens se serrent les coudes.

des personnes esseulées réclament plus que juste quelques soins ou un coup de balai. Le « secteur » a donc besoin d’investissement, en respect, mais aussi en moyens financiers. Toute une série de métiers sont indispensables au maintien de ce pan de notre État. Que ferons nous demain si, démotivés par de mauvaises conditions de travail, les gardes à domiciles, les aides aux

tâches ménagères vont voir ailleurs s’il y a moyen de gagner plus dignement sa vie ? Que ferons-nous si nous ne trouvons plus personne pour aider nos parents, nos proches à vieillir sereinement ? Dûment refinancé, ce secteur devrait offrir un accueil, public, de qualité et accessible à tous. La façon dont on anticipe le vieillissement de la population traduit aussi un choix de société.

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