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Les bienfaits de la vie en plein air
Selon une étude de février 2022, 96 % de la population française perçoit « la nature comme un lieu de bien-être et de ressourcement ». Et si on pouvait faire d’une pierre deux coups : améliorer sa santé tout en profitant de ce que la nature a à nous offrir ? Cela tombe bien, car les Français sont particulièrement préoccupés par leur santé. Comme pour la cueillette, l’idée n’est pas de débouler dans la forêt pour tout piller, mais de profiter, avec raison et respect, des richesses de la nature.
Pour la vie en plein air, une règle d’or s’impose : « On n’y prend que des photos, on n’y laisse que ses traces de pas . » Vous vous demandez si vous pouvez jeter ou non par terre votre pelure d’orange ? La réponse est non, et pour trois raisons :
▶ bien que la pelure soit biodégradable, si aucun oranger ne pousse autour de vous, c’est que la faune locale n’est pas habituée à assimiler ce nouvel aliment . Vous risquez de lui causer des complications physiologiques ;
▶ un déchet alimentaire jeté au bord du chemin devient un objet de nourrissage pour les animaux sauvages . À force de se nourrir de déchets, ils prennent l’habitude de compter sur ce type d’approvisionnement qui ne leur coûte pas trop d’énergie, ce qui sera contreproductif pour eux . Malheureusement, ils peuvent s’habituer à ce confort et perdre leur instinct et leurs réflexes pour chercher de la nourriture ailleurs .
Si la ressource « humaine » vient à manquer, ils peuvent ne pas avoir accumulé suffisamment de vivres pour l’hiver ;
▶ tout simplement pour éviter la pollution visuelle à ceux qui viennent après vous .
J’ai encore en mémoire cet instant gâché après une randonnée de trois heures en raquettes dans la neige pour profiter du paysage réputé incroyable d’un lac gelé . Le sol était jonché d’écorces de clémentines Frustrant et très énervant quand on n’a pas prévu de s’y rendre pour ramasser les déchets des autres…
De la répétition naît l’habitude
J’ai hérité de ces principes du Canada où j’ai longtemps vécu . Au Québec, mais aussi chez nous, en quelques kilomètres à peine, on peut vraiment se couper de la frénésie de la ville . Là-bas, je passais le plus clair de mon temps dehors, dans les forêts boréales, où se promènent également les ours noirs, les loups ou encore les pumas La notion de danger m’explosait en plein visage car je ne connaissais rien de ce qui m’entourait, ni du mode de vie des habitants de la forêt . À cette époque, je percevais la nature comme un endroit très challengeant et plutôt menaçant . Balade après balade, mais toujours seul, j’ai appris à reconnaître les bruits, les sons, les reliefs, les ombres, et peu à peu, j’étais de moins en moins stressé lors de mes sorties . Je me sentais faire de plus en plus partie de cet environnement . De la répétition de mes sorties en pleine nature, est née une habitude de la nature, et un éloignement de ma peur de cette nature comme endroit étrange, inconnu, hostile .
Savoir
Il faut au cerveau humain une moyenne de 21 répétitions pour qu’un changement devienne une habitude. Par exemple, le brossage de dents n’était pas un acte spontané quand vous étiez enfant. Pourtant aujourd’hui, je doute que vous oubliiez de vous les brosser au moins une fois par jour. Il en est de même pour les personnes qui veulent se mettre au sport tout comme pour celles qui veulent arrêter de fumer. Modifiez votre comportement chaque jour et après trois semaines, vous vous apercevrez que vos nouvelles habitudes sont devenues normales pour vous.
Connaître et reconnaître les sons de la nature
Vous êtes en situation de survie, le soleil se couche . Bientôt, la nuit va envelopper votre lieu de bivouac et avec elle, vos craintes les plus anciennes peuvent ressurgir . Votre cerveau se met en mode survie en misant sur l’activation de sa partie reptilienne Ce n’est pas une mauvaise chose, rassurez-vous ! Vos cinq sens font directement écho aux réflexes reptiliens . Dans l’obscurité, votre vue, sens le plus utilisé au quotidien, perd en efficacité C’est alors votre ouïe qui va prendre le relais
En situation de stress, pour confirmer une information, votre cerveau peut effectuer d’incroyables raccourcis qui ne vous rendent pas toujours service . Si vous entendez un craquement, en temps normal, vous allumez votre lampe frontale pour « valider » visuellement que ce son provient de la source que vous aviez imaginée . Mais en situation de survie, la nuit risque de vous envelopper Faute de confirmation visuelle, vous confronterez le son perçu aux souvenirs que vous avez emmagasinés et le recouperez avec vos émotions Si vous avez entendu un son similaire ou approchant dans un film d’horreur, je vous laisse imaginer le raccourci que fera votre cerveau ! Pour lutter contre ce mécanisme, prenez un temps de pause sur votre bivouac .
Conseil
Tant qu’il fait jour, tendez l’oreille, scrutez les bruits qui vous entourent et trouvez leur cause du regard. En créant dans votre cerveau ces relations son-image, vous intégrerez dans sa mémoire à court terme ces données. Ainsi, au beau milieu de la nuit, un craquement ne devrait plus vous faire paniquer outre mesure.
Des Sons D Multipli S
Ma première nuit dans un nouvel écosystème est toujours un nouvel apprentissage. Les animaux peuvent être différents, les insectes également. Les croassements, les stridulations, les cliquetis et les cris varient de la jungle à la forêt boréale ou encore au désert (qui n’est pas forcément des plus silencieux). La nuit, avec notre inactivité, la privation de la vue et la diminution des bruits ambiants, nous entendons
« mieux ». Il m’est ainsi parfois arrivé d’être convaincu d’entendre une « grosse bête » marcher non loin de moi alors qu’il ne s’agissait que d’un scarabée luttant pour se frayer un passage à travers un amas de feuilles mortes ! C’est notre cerveau qui nous joue toujours des tours : la réalité est souvent moins effrayante que notre imagination. Comme le disait si bien Sénèque, « nous sommes souvent plus effrayés que blessés ; et nous souffrons de l’imagination plus que de la réalité ».