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L’Imitation de Jésus-Christ

Le premier livre donne des « avis utiles pour entrer dans la vie intérieure ». L’auteur met d’emblée en garde contre la vanité des biens du monde et l’orgueil de la science, se souvenant des propos de saint Paul : « Quand j’aurais toute la science du monde, si je n’ai pas la charité, à quoi cela me servirait-il devant Dieu, qui me jugera sur mes œuvres ? » (chap. II, § 1, cf. 1 Co 13, 2). Cette méfiance s’explique par le contexte de ce temps. Les universitaires du xve siècle s’étaient en effet empêtrés dans des discussions stériles, des débats intellectuels déconnectés du réel, et ne répondaient plus aux questions et angoisses des hommes de leur temps. Cependant, il ne faudrait pas prendre prétexte de ces propos pour négliger d’appliquer son intelligence aux vérités de notre foi et à la connaissance du monde créé par Dieu. D’ailleurs l’auteur le souligne dans ce passage du chapitre III : « Ce n’est pas qu’il faille blâmer la science, ni la simple connaissance d’aucune chose ; car elle est bonne en soi, et dans l’ordre de Dieu ; seulement on doit préférer toujours une conscience pure et une vie sainte » (chap. III, § 4). Humilité, obéissance, prudence, simplicité, charité, patience : autant de vertus qui permettent de vivre en vérité devant Dieu : « Au jour du jugement, on ne nous demandera point ce que nous avons lu, mais ce que nous avons fait ; ni si nous avons bien parlé, mais si nous avons bien vécu » (chap. III, § 5).

Dès lors, il est bon de lire l’Écriture sainte pour apprendre à vivre, et non pour accumuler un savoir. Il faut ordonner ses passions, autrement dit apprendre à ne pas se laisser entraîner par ses émotions, grâce à une attitude vigilante de chaque instant. Ces passions ne sont pas mauvaises en soi, mais elles le deviennent lorsqu’elles nous dominent et nous conduisent à commettre le péché. Dans ce combat spirituel, l’adversité et les tentations deviennent des épreuves bénéfiques qui nous rendent plus forts. Et si nous chutons, il nous reste à regretter nos fautes dans une attitude de componction salutaire, un regard réaliste sur notre misère humaine, la considération que notre vie aura une fin et qu’il y aura un jugement. Une paix inaltérable est le fruit de la bonne conscience d’être en vérité devant son Créateur, quand l’homme « s’abandonne tout entier, avec une pleine confiance, à Dieu, qui lui est tout en toutes choses » (chap. XXV, § 10).

Entrer dans la vie intérieure par le recueillement (Livre II)

Le deuxième livre propose d’« avancer dans la vie intérieure » et donne un enseignement qui prépare à la prière d’oraison par le recueillement. Dès le premier chapitre apparaît un verset déterminant de l’Évangile selon saint Jean sur la présence de Dieu dans l’âme fidèle : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure »

(Jn 14, 23). « Cherchez Jésus en tout, et en tout vous trouverez Jésus » (chap. VII, § 2). Le souvenir de Jésus est gage de paix et de repos ; il conduit à ne pas se laisser troubler par le bruit du monde, mais à rechercher les véritables consolations, celles qui viennent de l’Esprit Saint. Pour cela, il faut être pauvre, accepter de ne pas être comblé par les biens matériels de toutes sortes.

Sainte Thérèse de Lisieux était déjà frappée par cette interrogation : « Le véritable pauvre d’esprit, détaché de toute créature, qui le trouvera ? » (chap. XI, § 4). Le long chapitre XII, à la fin de ce livre, nous exhorte alors à prendre notre croix à la suite de Jésus, notre modèle.

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