Qui vole un oeuf vole un boeuf

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mame Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sophie Cluzel Édition : Marie Rémond Direction artistique : Armelle Riva Direction de la fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Axelle Hosten Mise en page : Pixellence © Mame, Paris, 2020. www.mameeditions.com ISBN : 978-2-7289-2802-6 MDS : MM28026 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. »


Sophie de Mullenheim

, F U Œ N U QUI VOLE ! F U Œ B VOLE UN Illustré par Marine Gosselin

mame



Ă€ Juliette et Valentine.


Classe 6e au Collège Paul Claudel Profession du père Policier Profession de la mère Policière Qualités

Discipliné et observate ur. Trop précipité

ANNÉE 2019-2020

Défauts

Nom Holmes

Devise Au nom de la loi !

Prénom Eliott Âge 11 ans

Carte n°

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l 6e au Co llège Paul Claude Professeur de français Profession du père re Artiste peintre Profession de la mè sensible Qualités Gentil et

Classe

ard

Rêveur et toujours en ret

Défauts

ANNÉE 2019-2020

GALAXOS Prénom Mathis Âge 11 ans

Devise

Il n’y a pas de problème

Nom

6

Carte n°

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!


5 e au Collège Paul C laudel Profession du pè re Trom pett ist e professionnel Profession de la mère Médecin urgentiste Qualités Observateur et plein d’imagination Défauts Mauvais musicien et mauvais artiste. Devise L’écriture sinon rien ! Classe

ANNÉE 2019-2020 Nom

DUPAIN Octave 12 ans

Prénom Âge

Carte n°

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laudel 6e au Collège Paul C professionnel te re Tr om pe tt is Profession du pè urgentiste mère M éd ec in Profession de la e et têtue. Qualités O rig in al

Classe

Défauts

ANNÉE 2019-2020

DUPAIN e Prénom Pl um Âge 11 an s

Devise

Originale et têtue ! Rien ne m'arrête !

Nom

Carte n°

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1 PRÉPARATIFS

Je vérifie une nouvelle fois les affaires de mon sac grâce à la liste qui nous a été donnée. ; Un blouson. ; Un pantalon ou salopette de ski. ; Un bonnet. ; Une écharpe. ; Une paire de gants de ski ou moufles. ; Des après-ski. ; Des lunettes de soleil. ; Deux pulls type polaires. ; Un pull, autre. ; Un tee-shirt ou sous-pull par jour. Æ 8 tee-shirts. ; Des sous-vêtements propres pour chaque jour. Æ 8 slips. ; Une paire de chaussettes de ski par jour. Æ 8. ; Une paire de chaussettes par jour. Æ 8. ; Un collant, legging ou caleçon long. ; Un pyjama chaud. ; Des chaussons.

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; Une serviette de toilette. ; Une trousse de toilette avec brosse à dents, dentifrice, gel douche et shampoing. ; De la crème solaire. ; Une enveloppe timbrée à votre adresse pour écrire à vos parents. ; Un peu d’argent de poche (pas plus de 10 euros et en petite monnaie de préférence). Æ 10 euros. Téléphones portables, tablettes, mp3 et autres objets électroniques interdits. Dommage, Papa venait de m’acheter des talkies-walkies.

Demain matin, je pars pour huit jours au ski avec le collège, je veux être sûr de ne rien oublier. À tout cela, j’ai ajouté, de ma propre initiative : ; Un carnet. Un futur écrivain ne part jamais sans de quoi écrire.

; Deux stylos. Pour le cas où j’en perdrais un. Sans oublier, le plus sympathique : ; Friandises. Sur ce point, je n’ai pas fait les choses à moitié. Maman a acheté une réserve de barres chocolatées ou aux céréales, de compotes à boire, de berlingots de lait concentré et j’ai

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largement pioché dedans. C’est important pour ne pas faire un malaise sur les pistes, c’est surtout très bon. J’ai aussi dépensé un peu de mon argent pour m’acheter quelques bonbons pour le voyage en car, au cas où. Je ferme mon sac, satisfait, quand une tornade entre dans ma chambre sans frapper. – Tu as terminé, Octave ? me lance Plume en traînant derrière elle une valise presque aussi grosse qu’elle. J’ai trop hâte, ajoute-t-elle en sautillant dans tous les sens. Ah ! j’oubliais… ; Ma petite sœur. Onze mois de moins que moi quand même.


2 ATTENTION AU DÉPART

Près des cars, tout le monde se bouscule. Chacun veut mettre son sac ou sa valise en premier dans le coffre. C’est Plume qui gagne, bien sûr ! Il lui a suffi d’un sourire à tous ses concurrents pour l’emporter haut la main. Personne ne résiste au sourire de ma sœur. Pas même moi. Surtout pas moi…

– Octave, regarde ce que j’ai apporté. Je sursaute. Je n’ai pas vu Eliott s’approcher de moi par derrière. Il me tend une fiche plastifiée. On y voit plein de petits bonshommes qui agitent des drapeaux. – C’est un code pour communiquer, m’explique Eliott. Le sémaphore.

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Ce nom me dit vaguement quelque chose mais je ne me rappelle plus où je l’ai entendu. – Regarde, chaque position des bras représente une lettre. Effectivement. Sous chaque personnage, il y a une lettre correspondante. – Nous pourrons communiquer entre nous à la montagne grâce à ça. Ce sera facile. – À condition d’avoir des drapeaux, je fais remarquer. Eliott s’esclaffe. – Les bras suffisent. Ou les bâtons de ski. Il a l’air de me prendre de haut mais j’avais compris. Ou presque.

– J’ai fait une fiche pour chacun de nous, ajoute Eliott en m’en montrant trois autres. Quand il dit « nous », je comprends Eliott, Mathis, Plume et moi. Depuis le début de l’année, nous sommes tous les quatre inscrits à l’activité extrascolaire Enquêtes et Filatures qui, nous l’espérons, fera de nous de futurs agents secrets comme Yvain, notre professeur. Rien n’est moins sûr pour le moment mais j’adore cette activité – en plus, j’ai échappé au taekwondo, ouf !

– Le mieux, c’est encore de l’apprendre par cœur, continue Eliott, ravi de sa trouvaille. C’est plus pratique et plus discret.

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À défaut de talkies-walkies, nous utiliserons donc nos bras. L’idée n’est pas mauvaise. Même si, question discrétion, je ne suis pas certain que bouger les bras dans tous les sens soit ce qu’on ait fait de mieux. Mais ce que je préfère dans

l’initiative d’Eliott, c’est ce que ce code sous-entend : il ne compte pas rester inactif (« agentsecrètement » parlant) pendant ces quelques jours au ski. Si nous pouvions nous trouver une petite enquête à résoudre, cela lui irait bien, et à moi aussi. Je suis toujours en quête d’inspiration pour mes romans policiers à venir.

Eliott me tire dans un coin et commence à faire des figures en écartant les bras dans tous les sens. – Tu as compris ? me demande-t-il, fier de lui. – Alors là, pas du tout. Je me penche sur la fiche qu’il m’a donnée. Recommence. Eliott reprend sa gymnastique. S’il n’avait pas l’air aussi concentré, j’éclaterais de rire mais je me retiens. Eliott manque parfois un peu d’humour.

– E…, je déchiffre en consultant ma fiche. N… Attends, attends, pas trop vite ! Eliott s’arrête, lève les yeux au ciel et reprend un peu plus lentement. Je suis un élève décevant. – Entre deux mots, je place mes deux bras en bas, m’explique-t-il.

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– E… N… R… – En route ! lance Plume dans mon dos. Eliott écarquille les yeux de surprise. – Tu connais le sémaphore ? demande-t-il à ma sœur. Plume le regarde sans comprendre. – Le quoi ? dit-elle. – Le sémaphore. – C’est quoi ce truc ? – Un code. – Aaah. Non. Pourquoi ? – Tu as dit « en route ». – Et alors ? Nous partons. – C’est ce que j’étais en train de coder. Eliott n’en revient pas. Moi, encore moins. Ma sœur m’épate.

– Je ne sais pas ce que tu racontes, s’agace finalement Plume. En tout cas, moi, j’y vais. On part ! Je regarde soudain en direction des cars. En effet, les professeurs et les animateurs sont en train de faire monter tous les élèves dans les cars. Il est temps de se mettre… en route ! Tout compte fait, ma sœur n’est pas si épatante que ça. Elle est juste pressée de partir.

– Tu as vu Mathis ? je lui demande pour changer de sujet. – Non.

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– Il va sans doute arriver en retard, comme d’habitude. – En revanche, j’ai aperçu quelqu’un d’autre… ajoute Plume d’un air mystérieux. – Qui ? Elle tend le cou et regarde en direction de l’entrée du car. Un homme est debout, un bonnet sur la tête, en train de faire monter les élèves. – Tu as vu ? L’animateur ne me dit rien jusqu’à ce qu’il relève un peu la tête. Je reconnais aussitôt son regard si particulier où un seul œil est mobile, le deuxième étant en verre. Yvain ! Yvain Zible, notre professeur d’Enquêtes et Filatures. Incroyable ! – Qu’est-ce qu’il fait là ? demande Eliott qui l’a reconnu, lui aussi. – Il nous accompagne, annonce Plume. Comme il manquait des animateurs, le collège a lancé un appel auprès des associations et Yvain s’est proposé. – Comment tu sais ça ? j’interroge Plume, un peu jaloux d’être passé à côté d’une information de cette importance.

– J’ai mes sources… Cette fois-ci, Plume m’épate. En réalité, je me moque

bien de savoir comment Yvain a atterri dans notre classe de neige. Ce qui compte, c’est qu’il soit là. Avec un peu de

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chance, il nous apprendra de nouveaux trucs d’agent secret. Ou il nous racontera quelques anecdotes de sa vie passée. Décidément ce séjour s’annonce très bien. Reste juste à me remettre au ski mais ça, c’est une autre affaire…


3 BIENVENUE À LA MONTAGNE !

Finalement, Mathis n’est pas arrivé en retard, il était déjà installé dans le car – je suis mauvaise langue – et nous sommes partis. Sept heures de voyage plus tard, en arrivant au chalet, je suis bilingue français/sémaphore ! Je suis capable de coder n’importe quoi avec des drapeaux, des bâtons ou mes bras. Et mes voisins de voyage ont des envies de vengeance à cause des coups que je leur ai donnés.

Le chef du centre de vacances dans lequel nous arrivons nous accueille avec d’impressionnants moulinets de bras. – Qu’est-ce qu’il dit ? je demande à Eliott, incapable de décoder aussi vite. – Je ne sais pas. Je n’arrive pas à suivre. À côté de nous, Plume pouffe de rire. – Il nous indique les bâtiments où se trouvent les chambres. Ces grands gestes, c’est donc ça…

– Je le savais, je réponds en haussant les épaules. Elle est vexante ! C’est juste que je ne l’entends pas d’ici.

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Plume ne relève pas et fait comme si elle me croyait. Vexante mais pas blessante, c’est déjà ça.

Aussitôt ce ballet de bras terminé, nous récupérons chacun nos bagages et marchons vers les bâtiments qui nous ont été indiqués. Avec Mathis et Eliott, nous sommes dans le même dortoir et au même étage qu’Yvain. Plume est avec les filles, à un étage supérieur. Elle râle de se retrouver toute seule, même si elles sont une douzaine dans son dortoir. Elle aurait voulu être avec nous mais on ne mélange pas les filles et les garçons. Nous rangeons vite nos affaires – ranger est un bien grand mot –, enfilons nos tenues de ski et nous ruons dehors. Nous avons tous repéré le grand champ de neige à l’arrière du centre et il ne faut pas longtemps avant que nous nous y retrouvions tous pour une gigantesque bataille de boules de neige. C’est amusant. Tout le monde a sorti son matériel et il y en a pour tous les goûts et de toutes les couleurs. Il y a ceux qui sont en fluo – ils ont certainement peur de se perdre. Ceux qui ont une tenue si neuve qu’il reste encore une étiquette. Pour certains en effet, ce séjour au ski est une grande première. Je sais aussi que le collège a aidé quelques familles à financer le voyage pour éviter que des élèves ne

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puissent pas partir. Ceux-là se sont fait prêter des affaires la plupart du temps. Un peu comme moi mais pas pour les mêmes raisons. – Vous êtes presque jumeaux, m’a rétorqué Maman quand j’ai râlé parce qu’elle récupérait des affaires auprès de ses amies. Je ne vais pas tout acheter en double. Non mais, j’ai onze mois de plus que Plume !

Résultat des courses, j’ai un pantalon de ski proche du vert pomme – c’est pire que le vert fluo – et un blouson jaune, tandis que Plume s’en sort admirablement bien avec mon ensemble bleu de l’année dernière. Eliott m’a consolé en me disant que j’étais aux couleurs du Football Club de Nantes. Pour un « grand » sportif comme moi, c’est un comble.

Heureusement la neige me fait vite oublier mes vêtements trop colorés. Et quand je regarde autour de moi, je ne suis pas forcément le plus mal loti. Yvain, par exemple, a un étrange bonnet. Je n’y avais pas fait attention plus tôt mais il est rayé jaune et vert – ce doit être des couleurs d’agent secret finalement – avec un énorme pompon sur le sommet. Absolument ridicule ! La bataille de boules de neige fait rage lorsque le directeur du centre agite une cloche et nous rappelle tous. Le loueur de ski est arrivé pour nous faire essayer le matériel. Nous

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avons donné nos pointures avant de partir en classe de neige mais il s’agit de voir si nous entrons bien dans nos chaussures. Il nous faut aussi une paire de skis pour chacun, des bâtons et un casque. Pour nous éviter d’attendre trop longtemps, le directeur forme plusieurs petits groupes. Tandis qu’un groupe essaye, les autres peuvent retourner dans leur chambre ou bien jouer dans l’immense salle au sous-sol avec des jeux de société, trois baby-foots et un distributeur de bonbons et de boissons. Je sais déjà où je vais dépenser mes sous. Avec Eliott, Plume et Mathis, nous préférons répéter notre sémaphore. Dans le car, ça semblait simple mais quand il s’agit de faire les gestes pour de vrai et assez rapidement, c’est plus compliqué. Postés deux par deux, chacun à un bout du couloir, nous essayons de nous faire passer des messages. De la plus haute importance, il va sans dire. – CA JA ? code Plume. – OVI, répond Eliott. ET TOU ? – DONNE BI DONNE BA, répond Plume qui fait du zèle pour se tester. Nous ne sommes pas très regardants sur l’orthographe et la précision des messages. L’essentiel c’est que nous nous comprenions… grossièrement. Soudain, Eliott s’agite :

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– AKKENKIOM ! ON VIANT ! À peine a-t-il terminé son message approximatif qu’un petit groupe de filles de sixième remonte dans les étages. L’une d’entre elles semble avoir pleuré. – Ce n’est pas grave, la console une de ses amies. Tu as dû en oublier une partie chez toi. – Ou bien tu n’as pas bien compté, suggère une autre. Celle qui a pleuré secoue la tête.


– Non. J’ai recompté trois fois avant de fermer mon porte-monnaie. J’avais 17,50 euros. Et là, il ne me reste que 15,50 euros. Quelqu’un m’a volé deux euros ! Ses amies tentent de la raisonner mais elle ne veut rien entendre. – Je sais ce que je dis quand même ! Sa voix monte dans les aigus. Ses amies haussent les épaules, impuissantes. – 15,50 euros, c’est déjà bien, tu sais… Alors Eliott se lance dans un codage compliqué, presque sous le nez du groupe de filles qui continuent leur chemin jusqu’aux dortoirs en nous regardant de travers et sans comprendre. C’est bon de se sentir « invisible ». – DE TAUTE FASON ILS AVAUENT DUT DIX EURAS… Plume et moi nous regardons et nous sourions, ravis. Nous avons parfaitement compris ce qu’Eliott nous a dit, même si nous sommes loin de la perfection. Et le mieux, c’est que personne d’autre que nous ne soupçonne qu’il nous a envoyé un message. Ça, c’est du vrai langage d’agents secrets.

– BIAN FOIT ! je réponds, hilare.



TABLE

1. Préparatifs ..........................................................................................9 2. Attention au départ ....................................................................12 3. Bienvenue à la montagne ! .......................................................19 4. Premiers cours...............................................................................25 5. C’est parti ! ......................................................................................30 6. Remue-méninges .........................................................................38 7. À la première heure.................................................................... 44 8. Sur le terrain....................................................................................51 9. Au rapport.......................................................................................57 10. Nuit blanche ................................................................................ 65 11. Désillusion .......................................................................................73 12. Suspicion ........................................................................................79 13. En alerte ......................................................................................... 87 14. Panique........................................................................................... 94 15. Suspect numéro un .................................................................100 16. Raisonnement ............................................................................108 17. Nouvelle nuit blanche ............................................................. 112 18. Surveillance .................................................................................. 115 19. Interrogatoire .............................................................................120


20. Révélations.................................................................................128 21. Cas de conscience ....................................................................137 22. Margot .......................................................................................... 144 23. Expédition nocturne ..............................................................150 24. Réveil difficile ............................................................................ 157 25. Une nouvelle enquête ? .......................................................164 Dossier de l’enquêteur ................................................................. 167



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