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Les dieux, déesses & magiciennes antiques

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Préface

Préface

La sorcellerie remonte aux âges les plus lointains. Les dessins, au fond des cavernes obscures, n’étaient-ils pas déjà les signes de quelque magie chasseresse, piégeant les animaux en d’oniriques battues ? Avant le Dieu que nous connaissons, avant les religions mosaïques, existaient de nombreux dieux et déesses tout-puissants.

Le monde gréco-romain

On le situe de la naissance de la démocratie athénienne, en 507 av. J-C, jusqu’à la chute de l’Empire romain d’Occident, en 476 de notre ère. Ces deux civilisations régnèrent sur une bonne partie de l’Europe, s’entremêlèrent en s’illustrant dans tous les domaines: l’art, la science, la philosophie, la guerre… La magie de ce monde-là était guérisseuse ou empoisonneuse, servait à la divination, à la protection et parfois à l’évocation des âmes perdues. Cueillettes, potions et magie végétale tenaient un rôle prépondérant, toutes classes sociales confondues. Le sorcier, le mage, le devin était respecté et tenait une place à part dans la société. La sorcière, maîtresse des poisons, n’avait pas cette chance: elle était méprisée, souvent condamnée.

Isis,

une reine magicienne couronnée

C’est une reine du ciel dans l’antique Babylone, une déesse mère, Ishtar, chez les Assyriens, Astarté chez les Phéniciens et Isis en Haute-Égypte. Isis apparaît au xive siècle avant notre ère. La dévotion à cette divinité a essaimé dans tout le bassin méditerranéen. D’un culte à la seule déesse mère, il a évolué peu à peu en mystères initiatiques, des rituels ésotériques pratiqués dans le secret de la nuit. Isis a dix mille noms, de multiples représentations et sa célébration a perduré jusqu’aux alentours du ive siècle de notre ère. Fondatrice des rituels funéraires, à l’origine de la momification et de la navigation des morts sur le Nil, Isis est une divinité protectrice, une intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts. Son culte est intimement lié aux actes guérisseurs: elle sauve Ré, le soleil, d’une piqûre de scorpion et son fils Horus d’une morsure de serpent. Elle le fait à grand renfort d’incantations et de rituels magiques. Grande déesse chatte, sorcière ou magicienne, Isis est protectrice des enfants, prometteuse de vie éternelle et médiatrice entre les mondes.

Hécate, la sombre,

celle qui règne aux carrefours

Hécate est l’enfant de Persée et d’Astéria; elle est originaire de Thrace, terre d’enchantements. Elle est ainsi à la fois fille des nuits par sa mère, étoile, et fille de la lumière grâce à son père, héros solaire à l’épée d’or et ennemi des créatures abyssales. Ce côté ambivalent la suivra à travers les siècles. Au début, au temps de la Grèce antique, Hécate est une déesse protectrice liée au culte de la fertilité. Elle conduit les âmes trépassées et aide aux accouchements, elle est gardienne des mânes des ancêtres. Puis, à mesure que les dieux olympiens prennent corps et puissance, elle sera peu à peu reléguée aux seuls Enfers, devenant une sombre magicienne aux puissants artifices. Hécate est très souvent symbolisée avec trois têtes: lionne, chienne et jument. Ces représentations la rattachent à la triade lunaire. Elle y incarne la lune noire, part sombre et mystérieuse de la nuit, quand Séléné représente la pleine lune et Artémis le croissant de lune. Hécate, grâce à ses trois visages, regarde le passé, le présent et le futur. De même, sa force lui vient de trois principes: la terre, la mer et l’air. Déesse des carrefours, des chemins, des seuils, elle est parfois représentée avec un trousseau de clés, des serpents, des épées, ou toute figure liée au savoir ésotérique. La torche qu’elle tient à la main se rapporte quant à elle à la nuit qu’elle éclaire de sa magie. Hécate quitte peu à peu son trône de déesse pour devenir enchanteresse, sorcière habile à la divination sous toutes ses formes. Elle ne se rencontre plus que la nuit, devient protectrice des magiciens, amie des spectres. On lui fait des offrandes aux croisées des routes en lui sacrifiant des chattes noires ou des chiens (ceux-ci en raison de leurs hurlements à la lune). Elle rôde désormais dans les cimetières, entre les tombeaux. On lui consacre le peuplier noir et elle devient gardienne des portes, souvent identifiée à Perséphone. Son aspect chthonien* la rend dangereuse. Hécate guérit grâce aux herbes, mais son ambivalence va jusqu’à la lier à une plante de dualité, la ciguë blanche, qui sait soigner et tuer à la fois.

Médée,

sorcière triste & chaotique

Médée est l’archétype de la sorcière, elle apparaît en Colchide*, terre de magie. Son père est Eétès et sa mère une océanide*, Idyie. Elle appartient, comme souvent quand on approche de la magie, à la race déchue des Titans. Médée est d’abord déesse, puis se montre de plus en plus sauvage au fil des siècles pour finalement devenir, dans l’Empire romain, une sombre enchanteresse. Elle connaît les simples; son nom pourrait avoir d’ailleurs une racine commune avec le latin «medicus», signifiant «celui qui soigne». La route de Médée est jonchée de cadavres: elle tue son frère Absyrtos et les enfants qu’elle a eus avec Jason, se vengeant ainsi des infidélités du héros. Sorcière criminelle, elle semble connaître, en plus des charmes, des plantes et des poisons, les recettes de la vie éternelle. Elle est représentée avec une cassette emplie de drogues et de philtres magiques, à côté d’une vasque contenant l’élixir de jouvence, rendant aux animaux et aux hommes qui s’y plongent une apparente jeunesse. Peut-être est-ce là une des premières images du chaudron des sorcières.

Cernunnos

Cernunnos signifierait en langue gauloise «celui qui porte des cornes». Cette signification reste cependant une hypothèse en l’absence de textes ou d’inscriptions formelles. Il était le dieu cornu, celui des forêts, du chêne et des animaux sauvages. Cernunnos présidait les saisons et les cycles naturels. C’est l’un des dieux majeurs du panthéon celtique, reconnu du Danemark jusqu’au nord de l’Italie. Il est souvent dépeint assis en tailleur sur le chaudron de Gundestrup*, par exemple, le crâne couronné d’andouillers de cerf et portant un sac empli, un torque et un serpent à tête de bélier. Le sac signifie l’abondance, le torque est le symbole divin de la noblesse et le serpent à tête de bélier représente l’unification des différentes tribus et de leurs animaux totems. Il est parfois dépeint en jeune garçon, parfois en vieillard à longue barbe. Cernunnos favorisait la croissance de toutes les plantes, de la germination à la pourriture. Il était l’archétype de la puissance masculine fécondante. Dieu des saisons, souvent lié à Ésus*, présidant aux mouvements vitaux et aux transformations, il est tel le cerf qui brame à l’équinoxe, perd ses bois l’hiver venu et les retrouve quand la lumière du printemps renaît. Le cerf était un animal sacré chez les Celtes: ses bois, sa peau, et même l’os de son cœur étaient des amulettes de fertilité. On fêtait Cernunnos à Imbolc, le 1er février, et à Beltaine, le 1er mai. Comme le dieu Pan, Cernunnos symbolisait pour les chrétiens une divinité païenne abhorrée. Trop sauvage, trop libre, Cernunnos le cornu, le poilu, l’ardent fécondant, est devenu l’emblème du Malin, le Diable aux cornes de bouc, aux sabots pointus, emmenant les sorcières au sabbat.

« Le vieux dieu dort dans les sous-bois obscurs, humides, odorants, Attendant que nous y enfoncions nos racines » Sue Walker.

La Morrigane,

de sang et de plumes

C’est une déesse de la mythologie irlandaise. Son nom peut signifier à la fois «grande reine», «reine des mers» ou «reine fantôme». Elle arpente et danse au-dessus des champs de bataille, prenant parfois l’aspect d’un corbeau, celui du vol de trois corneilles ou encore l’apparence d’une grande louve grise. Pour l’appeler, il faut imiter le croassement de la corneille: la Morrigane apparaît alors sur un char rouge emmené par un cheval à une seule jambe. Déesse de la mort, de la fertilité et de la guerre, elle est annonciatrice des destinées guerrières et de l’issue des batailles qu’elle peut aussi parfois influencer. La Morrigane est une divinité chthonienne*, liée aux mondes d’en dessous. On lui offrait les têtes des ennemis morts au combat et la chair des braves, dont elle transportait l’âme dans l’au-delà, auprès des dieux, sous la forme d’une corneille. Elle est l’aspect sombre du féminin divin: puissante enchanteresse, amante redoutable, maîtresse des eaux fluides. Elle se tient fièrement entre le monde humain, mortel, et celui de la magie, immortel.

« Il y a au-dessus de sa tête, hurlant, Une vieille femme maigre et agile, qui vole Au-dessus des pointes de leurs armes et de leurs boucliers, Elle est la Morrigu aux cheveux gris » Extrait de la bataille de Magh Rath.

Les Sorcières sont-elles les vives émanations de cultes anciens, de mondes perdus où les sources sont fées, où les mousses chantent d’étranges chansons au clair des étoiles ? Ou, cavalières débridées de sombres sabbats, n’incarnent-elles que les peurs ancestrales cachées au cœur de nos contes d’enfance ?

Cette encyclopédie des puissances magiques vous ramène aux origines, en un lieu poétique, habité de créatures de lune, de cendres et de sortilèges, loin des masques grimaçants, et à la découverte de savoirs ancestraux.

Dans cet entre-monde, au grand vent des songeries, peut-être verrez-vous le vrai visage des sorcières, dames blanches et autres marcheuses des landes…

www.secretdetoiles.com

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