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Les différentes formes attentionnelles Clé n° 1
L’attention est un terme qui, du fait de sa complexité, n’a pas vraiment de définition unanimement acceptée. À la base, elle sert de filtrage automatique de ce qui nous entoure (environnement visuel, sonore, olfactif…), nous aide à analyser des informations et à nous canaliser vers un but précis. En résumé, l’attention est une capacité à être sélectif et à nous concentrer sur ce que l’on veut recevoir. Ainsi, avoir un problème d’attention n’est pas toujours un manque d’attention mais une mauvaise orientation ou prise de conscience de son attention.
Et la concentration dans tout cela ?
Nous parlons de manière raccourcie d’attention pour parler de concentration, et vice versa. Même si ces deux notions se complètent, elles restent différentes. L’attention permet la construction de la concentration. La concentration n’est pas automatique, c’est pour cela qu’elle est très coûteuse. C’est une concentration d’énergie. Elle bloque notre conscience face à tout ce qui peut distraire notre esprit vers la tâche. Elle est donc limitée et très dépendante de la motivation. La concentration est connue surtout parce qu’elle manque, elle fuit, elle s'interrompt ou nous déconnecte le corps, les yeux et les oreilles de l’instant présent. Ainsi, l'attention au sens large n'est pas si naturelle ; elle doit être apprivoisée et se travailler. Elle est particulièrement mise à l’épreuve par trop de dispersion. Elle est comme une petite « Alice au pays des merveilles » qui, parce qu’elle s’ennuie avec sa sœur et ne fait rien, va s’embarquer dans un monde dans lequel elle va passer d’un personnage à un autre sans vraiment de ligne directrice.
Quelles sont les différentes formes attentionnelles ?
→ L’attention sélective est la capacité à répondre de manière sélective à une seule source d’informations (visuelles ou auditives) parmi d’autres. Elle sert de contrôle aux interférences et permet de filtrer les distracteurs pour se focaliser sur les informations pertinentes uniquement. Dans le quotidien scolaire de votre enfant, elle l’aide par exemple à repérer ses fautes d’orthographe, à rechercher un mot précis dans un texte, à écouter la maîtresse plutôt que le copain qui bavarde.
→ L’attention soutenue est la capacité à engager et à maintenir une attention dans un contexte de monotonie ou de vigilance de façon prolongée. Elle est dépendante d’une capacité à suivre et à mettre à jour des informations, mais aussi à engager un effort cognitif plus ou moins coûteux. Elle est donc fortement tributaire de la fatigue, de la motivation et de l’ennui.
Dans le quotidien scolaire de votre enfant, elle l’aide par exemple à écouter et à essayer de comprendre le cours d’histoire jusqu’à la fin, à démarrer et à terminer tous ses devoirs dans un temps raisonnable. Ou tout simplement à lire le chapitre d’un livre.
→ L’attention divisée est la capacité à être en double tâche et à pouvoir partager son attention sur plusieurs actions en même temps. Elle aide beaucoup au rendement et au suivi en classe. Elle peut de ce fait être assez coûteuse d’un point de vue cognitif. Dans le quotidien scolaire de votre enfant, elle l’aide par exemple à écouter le maître et à écrire ses devoirs, à écouter le copain de gauche tout en observant ce que fait la copine de droite.
Et les fonctions exécutives dans tout cela ?
Dans les modèles cognitifs, attention et fonctions exécutives sont intimement liées. Les fonctions exécutives permettent de réguler nos pensées et nos comportements de façon intentionnelle afin d’atteindre un but. Elles sont donc déterminantes dans nos capacités attentionnelles. Schématiquement, il existe deux grandes familles de fonctions exécutives.
→ Les chaudes : elles sont liées à notre capacité d’adaptation et d’autorégulation, comme le rapport à l’autre (habiletés sociales), la capacité de régulation des émotions et la prise de décision.
→ Les froides : elles interviennent à la mise en place d’action et correspondent à 3 grands processus : la planification et les stratégies organisationnelles permettent de mener à bien une action. Dans la scolarité de votre enfant, elle intervient dans l’organisation de son matériel, la hiérarchisation dans son agenda, l'efficacité dans le temps (faire un planning) ; la flexibilité mentale intervient dans la capacité à s’adapter au changement, à s’ajuster à l’autre à voir les choses sous un autre angle. Dans la scolarité de votre enfant, elle est essentielle pour faire des liens entre la théorie et la pratique, revoir son exercice en cherchant d’autres solutions ; l’inhibition aide à résister à la tentation, à réfléchir avant d’agir, à stopper un comportement inapproprié, et à réguler l’émotion. Dans la scolarité de votre enfant, elle permet d’écouter la consigne jusqu’au bout, de ne pas surréagir face à un échec ou au refus d’une demande, d'attendre son tour.
Mémoire de travail : une fonction transversale
La mémoire de travail est un support limité de quelques informations, qui permet de recevoir des informations et de les manipuler ou de les transformer. Dans la scolarité de votre enfant, elle est indispensable dans les activités comme la lecture ou le calcul, pour gérer l’ensemble des informations de la consigne.
Pour une vision plus large, je vous conseille de vous rapporter à une synthèse sur la neuropsychologie et les adaptations utiles pour les enfants scolaires : Pédagogie et neuropsychologie de Rémi Samier Sylvie Jacques dont le lien figure en fin d’ouvrage (page 47).
Matériel

Illustration de l’arbre ci-contre.
Pourquoi on y joue ?
Objectif
→ Faire baisser la tension du corps et retrouver un petit sas de décompression avant le retour au calme.
Quelques repères
Lors des moments en collectivité, les enfants ont souvent beaucoup de mal à évacuer toute l’excitation. Il leur faut parfois un sas de décompression pour que le corps et l’esprit ne se dispersent plus, un peu comme les sportifs. On peut leur proposer de pratiquer un rituel qui les plonge dans une sensation agréable et favorise la concentration en phase. Les ouvrages sur l’instant présent et sur la méditation avec l’enfant ne manquent pas. Ce sont des outils précieux pour lui permettre de se recentrer sur lui-même lors de moments de forte agitation et d’excitabilité. Il existe d’excellents exercices pour aider à se recentrer sur soi et faire redescendre la tension émotionnelle, le stress ou l’agitation motrice. L’exercice suivant est l’une des méditations que vous pouvez pratiquer avec votre enfant pour l’aider à se canaliser.
Les atouts de ce jeu
→ Il permet le retour au calme et à la déconnexion.
→ Il répond à l’état d’urgence d’un stress, d’une colère.
Comment on y joue ?
On commence ? Action !
Tout le monde se met debout, face à face, et, si vous le souhaitez, les yeux fermés. Dans un premier temps, focalisez votre attention sur vos pieds. Ils doivent être bien à plat, serrés l’un contre l’autre. Vous imaginez que vos pieds ont des racines qui vous ancrent dans le sol. Remontez ensuite par les chevilles, puis les jambes qui doivent aussi être bien serrées. Recentrez-vous ensuite sur votre bassin, votre buste qui est relié au bas du corps, comme une petite ligne invisible. Vous venez de former le tronc de l’arbre. Orientez ensuite votre attention vers les bras, puis les mains. Comme tout arbre, vous possédez des branches et des feuilles qui sont matérialisées par vos bras et vos doigts que vous allez lever, bien tendus, au-dessus de votre tête. Cet arbre immense et majestueux que vous devenez cherche les rayons du soleil. Alors, talons toujours bien ancrés au sol, tronc bien tendu (jambes et buste), votre arbre va prendre une grande respiration et dresser le plus haut possible ses branches et ses feuilles. Soyez très attentif à ce moment d’extrême tension (pendant quelques secondes balayez du regard chaque partie de votre corps) et à ce que vous ressentez (du froid ? du chaud ? une sensation agréable ? désagréable ?).
Lorsque vous aurez atteint le soleil (il sera bien chaud), faites tout retomber d’un coup vers le bas. Appréciez ce qui se passe dans le corps et verbalisez vos sensations. Reprenez pour le faire les cartes du chaud et du froid (page 53).
Et ensuite ? Inventons en famille !
Côté enfants
Laissez-le aussi s’investir dans ce jeu d’une façon plus libre en inventant d’autres matérialisations : une fleur, un personnage de dessin animé ou de manga. Demandez-lui à quelles occasions cet exercice de relaxation peut être utilisé. Entraînez-le à l’exploiter aussi dans d’autres contextes, comme l’école, les activités extrascolaires, le parc, ou bien lors d’une contrariété, d’une montée d’émotion…
Côté parents
Soyez attentif à la bonne position de son corps et faites-le verbaliser ce qu’il perçoit de lui. Interrogez-le sur son adhésion à ce type d’exercice et proposezlui d’autres exercices de méditation s’il aime cela. N’hésitez pas à lui proposer plusieurs fois cet exercice avant qu’il puisse réellement en parler et ressentir les bienfaits.
Dossier parent / On observe
Comment rentre-t-il dans l’exercice ? Ferme-t-il spontanément les yeux ? Percevez-vous un retour au calme avec ce type d’exercice ?