7 histoires de sorcières by Fleurus Editions

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Chut ! pas un bruit Lily l'apprentie Attention, fragile ! Sorcière contre sorcière Une recette très importante En voiture, la sorcière ! Le bal des sorcières

Direction générale : Guillaume Pô / Direction éditoriale : Sarah Malherbe / Édition : Anna Guével Conception graphique : Mathilde Dufau / Mise en page : La boîte à Pidoux

Direction de la fabrication : Thierry Dubus / Fabrication : Audrey Bord

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Chut ! pas un bruit

Bérengère la sorcière a un sale caractère. Elle ne supporte personne et un rien la dérange.

Car il lui faut le calme absolu pour pouvoir se concentrer et inventer de nouvelles potions magiques.

Ce jour-là, seule dans sa maisonnette biscornue, au cœur de la campagne déserte, elle marmonne :

— Voyons, que pourrais-je imaginer ?

Soudain, tip tip tip ! le léger trottinement d’une souris sur le plancher la fait sursauter.

— Bricabrac souricette motus trottinus ! s’écrie la sorcière en dressant son doigt tordu vers la souris. À ces mots, la souris se retrouve transformée en chauve-souris. Tout étonnée, elle volette sans un bruit à travers la pièce puis s’enfuit par la fenêtre.

— Parfait ! se réjouit Bérengère.

Et elle replonge dans ses sombres pensées. Mais bientôt, cric cric ! une bûche qui brûle dans la cheminée craque doucement.

— Saperlipopette ! grogne la sorcière. Bûchus plouf glouglou ! Le sort qu’elle jette fait dégringoler une averse de pluie dans la cheminée. Le feu est éteint, la bûche ne craque plus.

— Et tant pis si j’ai tout inondé, rouspète Bérengère. Mais voilà que le robinet de la cuisine se met à goutter, plic plic plic !

— Robinetam entortillam ! lance Bérengère. Le robinet s’entortille sur lui-même, avec un gros nœud au milieu. Bien, la sorcière est satisfaite : le silence est total dans sa maisonnette. Hélas, elle a beau gribouiller des notes sur son vieux carnet, elle ne trouve aucune bonne idée de potion à inventer.

— Misère ! soupire-t-elle. Elle va se coucher.

Au matin, un drôle de chant la réveille : — Roucoucouuu roucoucouuu ! — Hein ? Qui ose ? vitupère Bérengère. Un oiseau multicolore, aux plumes ébouriffées, est perché à sa fenêtre. Bérengère tente de lui jeter un sort pour le faire taire… Trop tard, dans un claquement d’ailes l’oiseau a filé. Mais il continue de chanter quelque part, tout près. Et c’est ainsi toute la journée ! — C’est infernal, impossible de me concentrer, se désespère la sorcière. Et tant que ce stupide volatile se tient caché, je ne peux pas l’ensorceler… Les jours suivants, l’oiseau poursuit son concert. Désormais, tous les matins, c’est lui qui réveille Bérengère à la place de son réveil cabossé : — Roucoucouuu roucoucouuu !

Un matin pourtant, pas de chant. L’oiseau n’est pas là. — Bon débarras, se dit Bérengère.

Toutefois, au cours de la journée, le silence lui paraît étrangement pesant.

— Où a-t-il bien pu passer ? se demande-t-elle, intriguée. Ce mystère empêche Bérengère de réfléchir. Elle fait les cent pas, lorgne dix fois par la fenêtre. Tout à coup, elle se sent très seule dans sa maisonnette. Bientôt, elle se surprend à chercher l’oiseau aux alentours.

— Bizarre, s’étonne-t-elle. On dirait que cet oiseau me manque… C’est vrai qu’après tout ses roucoucous n’étaient pas si désagréables…

Tout à coup, elle remarque un nid dans le grand chêne : l’oiseau est là, avec une compagne et des oisillons multicolores comme lui.

— C’est donc ça, lui dit Bérengère, tu étais parti fonder une famille ! Bonne idée, ma foi. Depuis ce jour-là, toute la famille d’oiseaux vient chanter en chœur à sa fenêtre. Et incroyable mais vrai, la sorcière apaisée trouve une foule d’idées : des potions magiques qui font danser les souris, transforment les nuages en barbes à papa ou Bérengère elle-même en douce bergère !