Parcours de chercheurs

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Parcours de chercheurs

CARNET DÉCOUVERTE N° 1 année 2012



Edito

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uelle est la vocation du Carnet découverte ? Il est né de la volonté de la Mission Culture Scientifique de l’université de Bourgogne d’expliquer ce qu’est le travail quotidien des chercheurs. Il est conçu pour faire connaître la vie des laboratoires, les hommes et les femmes qui y travaillent chaque jour, découvrir leurs recherches, les débats et les projets qui les animent. Il s’adresse en priorité aux lycéens et aux étudiants arrivés depuis peu à l’université afin de dévoiler les coulisses de cet univers méconnu. Il est destiné aussi aux chercheurs eux-mêmes qui pourraient trouver là un objet précieux pour nouer le dialogue, « parler science », avec leurs proches ou leurs partenaires (collectivités locales, industriels, etc.) en quête d’explication. Bref, il est conçu pour offrir à chacun la possibilité de sortir de ses propres frontières pour découvrir et s’intéresser au travail, aux interrogations et aux attentes des autres. Ce premier carnet est consacré au parcours de jeunes chercheurs qui ont fait leur thèse à Dijon ou vont soutenir leurs travaux prochainement. Rares sont ceux qui, dès leur baccalauréat en poche, pensaient exercer le métier de chercheur. Cette idée a pris forme au cours de leur formation universitaire, au gré des rencontres et des expériences. À vous de les découvrir… Eric Heilmann Responsable de la Mission Culture Scientifique Carnet découverte n°1

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Une tête dans les nuages

Si Benjamin Pohl a les yeux braqués sur le ciel, c’est pour étudier les mécanismes complexes relatifs au climat. Son métier ? Il est chercheur au CNRS, spécialiste du climat africain.

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vec ses cheveux blonds ébouriffés, ses yeux bleu azur et sa barbe mal rasée, ce jeune homme de 31 ans a les caractéristiques physiques d’un poète des temps modernes. Intellectuellement, il partage d’ailleurs le même sujet d’inspiration - le climat - qu’une multitude d’artistes à travers le temps. Mais la comparaison avec le monde littéraire s’arrête ici. « J’ai montré qu’une oscillation atmosphérique connue sur l’Océan Indien pour apporter des pluies et des conditions sèches alternantes, agissait aussi en Afrique », explique-t-il. À l’entendre parler de sa thèse, plus aucun doute n’est permis le concernant. Avec sa voix claire


et précise, ses phrases concises, ses raisonnements méthodiques, Benjamin, sous ses faux airs d’Arthur Rimbaud, s’avère être un scientifique pur et dur. Pourtant, jeune, il n’a rien d’un petit génie en science. Il est bon élève en math et en physique mais son thème de prédilection demeure la géographie. S’il choisit un bac S au lycée, c’est plutôt dans une perspective d’avenir : « Enfant, j’ai voyagé dans tous les pays d’Europe avec mon oncle. Cela m’a donné le goût pour la géographie. Cependant, au lycée, ma famille m’a dit que si j’étudiais la géo, je finirai au chômage. Ce n’était pas bête comme argument, donc j’ai fait math sup au lycée Carnot de Dijon». Mais, et ce n’est guère une surprise, les choix rationnels en terme d’orientation scolaire perdent souvent de leur consistance quand la motivation disparaît. Même pour un esprit aussi scientifique que celui de Benjamin : « Je voulais travailler comme ingénieur dans l’aéronautique, mais dès les premiers cours en prépa, je me suis rendu compte que les maths, à ce niveau là, étaient trop abstraits pour moi. J’ai rapidement décroché et perdu ma motivation. Il fallait que je change ». Benjamin décide alors de revenir à son premier

amour, la géographie. Il s’inscrit en Deug à l’université : « J’avais alors le choix de me tourner vers une approche latine de la matière dans laquelle l’homme est au centre de tout ou de me diriger vers une approche scientifique et anglosaxonne de la géographie ». Le jeune étudiant n’hésite pas une seconde : « Mon tout premier jour à l’université, un prof a parlé de la géo scientifique et a prononcé le mot climatologie, ça a été magique pour moi. J’ai su que c’était dans cette voie que je voulais m’engager et aller le plus loin possible ». Le plus loin possible, cela signifie une thèse et deux post-doctorats dont l’un en Afrique du Sud. Aujourd’hui, il est jeune papa d’un petit garçon de 2 ans et compte passer une bonne partie de sa vie professionnelle à Dijon. « J’ai décroché ce poste au CNRS qui me convient très bien. J’espère rester ici un moment. Il y a encore plein de choses à faire sur l’Afrique. Après, dans 10 ans peut-être, j’aimerais m’intéresser spécifiquement à un autre climat, par exemple dans une région froide du globe », ajoute-t-il d’un air passionné. À Dijon ou sous d’autres cieux, cette tête bien pleine n’a donc pas fini d’étudier le ciel. Avec les pieds toujours bien sur terre.

Nicolas Gidaszewski

Benjamin en quelques dates... 1998 : Bac scientifique à Montceau-les-Mines (71). 2003 : Maitrise de géographie. Mémoire sur le changement climatique dans l’océan indien. 2007 : Thèse « Etude sur une oscillation climatique connue sur l’océan indien et ses conséquences en Afrique », sous la direction de Pierre Camberlin, Centre de recherches de climatologie. 2009 : Poste de chargé de recherche au CNRS à Dijon. Mariage. 2010 : Naissance de son fils Clément.

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De l’humanitaire à la recherche Alexandra Laurent n’imaginait pas suivre une voie toute tracée vers une carrière universitaire. C’est en venant en aide aux victimes de traumatismes qu’elle a pris goût à la recherche en psychologie.

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’étais une élève tout à fait moyenne au lycée. L’université a été pour moi une révélation ! » avoue spontanément cette charmante jeune femme devenue maître de conférences. Après son bac, Alexandra Laurent s’inscrit en psychologie à Dijon. Elle y enchaîne un parcours sans faute jusqu’en maîtrise où, parmi les différentes spécialisations possibles, le choix de la psychologie clinique s’impose naturellement. Chaque été, elle part deux mois à l’étranger : d’abord au Liban, puis aux Philippines, à Madagascar et enfin au Niger, pour des missions à caractère humanitaire et social. Elle y procure à des enfants défavorisés, des choses simples, mais essentielles, comme le goût du jeu pour ceux qui ont grandi pendant la guerre.


« Ces expériences m’ont apporté de la maturité. Déjà, à cette époque, je m’intéressais à la prise en charge des victimes », raconte-t-elle. En étudiant les théories sur le traumatisme psychique, elle découvre le réseau des cellules d’urgence médico-psychologique (CUMP) et s’enthousiasme pour les travaux du professeur Crocq, à l’origine de ce réseau. En DESS, elle postule dans son service : la CUMP du SAMU de Paris, à laquelle elle restera liée 5 ans, d’abord stagiaire, puis psychologue et enfin jeune chercheur. En intervenant auprès des victimes et de leurs proches dans des situations d’urgence diverses (incendies, suicides au travail, braquages de banque), elle s’y forge une solide expérience. Cet intérêt pour les situations catastrophiques, elle l’assume et l’explique : « En tant que psychologue, on ne peut pas tout faire. Il faut choisir le champ dans lequel on peut être efficace. Je me sens suffisamment solide pour recevoir la souffrance de ces personnes et les aider à retrouver leur équilibre psychique ». Une fois son DESS en poche, elle entame un DEA et trouve un poste de psychologue dans la police. Elle sillonne les commissariats bourguignons et apprend à se faire accepter dans un milieu d’hommes où solliciter de l’aide est plutôt mal perçu. « J’ai appris à gagner leur confiance. Cela m’a beaucoup

aidée ensuite, quand j’ai voulu mener des entretiens cliniques auprès des personnels du SAMU pendant ma thèse», déclare-t-elle. En effet, à force côtoyer ces professionnels confrontés quotidiennement à des évènements traumatiques, Alexandra Laurent s’interroge sur les mécanismes de défense qui leur permettent d’y faire face et décide d’en faire un sujet de recherche. Mais, rapidement, elle se retrouve face à un dilemme : poursuivre son doctorat ou s’investir à temps plein dans le poste de psychologue qu’elle occupe à la CUMP. Elle fait le pari de la recherche, pour la liberté qu’elle lui offre. Il en résultera une thèse originale, après laquelle elle poursuit ses travaux tout en exerçant en tant que psychologue dans un institut thérapeutique et éducatif (ITEP). C’est finalement cette dernière expérience auprès d’enfants présentant des troubles du comportement qui sera déterminante pour son recrutement en tant que maître de conférences, il y a deux ans, à Besançon, dans une équipe spécialisée dans la psychologie de la famille. Alexandra Laurent n’abandonne pas pour autant sa spécialité première, elle dirige actuellement une recherche sur le risque d’erreur en réanimation médicale. Pour le moment, sa pratique clinique est mise de côté. Temporairement ? Sans doute.

Delphine Gosset Alexandra en quelques dates... 1995 : Baccalauréat à Mâcon (71). De 1999 à 2001 : Séjours humanitaires en Afrique et en Asie. 2001 : Maitrise de de psychologie clinique et pathologique. 2002 : DESS de psychologie clinique ; rencontre avec le professeur Crocq (fondateur du réseau d’urgence médico-psychologique). 2003 : DEA de psychologie. 2004 : Psychologue clinicienne à la CUMP du SAMU de Paris. 2006 : Thèse de doctorat sur « Les répercussions psychologiques des interventions médicales urgentes sur les intervenants du SAMU » (dir. K. Charhaoui). 2009 : Maître de conférences à l’université de Franche-Comté.

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Objectif marche C’est un chercheur qui soulève l’enthousiasme. Brillant orateur aux allures de dandy, il rend parfois incrédule le public qui l’écoute expliquer ses travaux. « Est-ce un acteur ? » Oui, Grégoire Courtine est un acteur majeur de la recherche en neurophysiologie. 6

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ijonnais, Grégoire a fait des études en STAPS puis s’est passionné pour le cerveau. Après une thèse sur l’organisation neurale et le contrôle de la marche humaine à l’université de Bourgogne, il s’envole pour Los Angeles. Là-bas, il passe cinq années à développer des méthodes pour faire remarcher des rats paraplégiques. L’enjeu est de taille : chaque année, plus de 50 000 personnes dans le monde subissent des accidents de la moelle épinière. Elles sont très souvent condamnées à ne plus jamais remarcher car, lorsque la moelle épinière est lésée, l’information ne circule plus entre le cerveau et les muscles. Les avancées les plus probantes pour pallier ce dommage se font actuellement sur les rats. Les chercheurs orientent leurs travaux dans trois


directions : stimuler électriquement la moelle et les muscles ; injecter des substances pharmacologiques pour réactiver les neurones qui contrôlent les mouvements ; entraîner l’animal à remarcher. À Los Angeles, Grégoire investit ces trois pistes de recherche. Il apprend à opérer, à entraîner les rats et aussi à écrire des articles scientifiques avec une « précision d’orfèvre ». « J’ai travaillé auprès des plus grands spécialistes mondiaux » explique-t-il. En 2007, il est récompensé du prix du meilleur chercheur de l’université de Los Angeles (UCLA). En 2008, l’université de Zürich lui fait « une proposition en or » : on lui propose de monter son propre laboratoire. Il a alors 33 ans. Son objectif est de poursuivre ses travaux sur les rats. Les premiers résultats sont satisfaisants mais les rats lésés (puis réactivés et entraînés) ne remarchent que sur des tapis roulants. Comment les faire avancer par eux-mêmes ? Son équipe va alors concevoir un robot révolutionnaire : une structure de 8 m3 destinée à « accompagner » le rat dans sa marche, un robot qui s’adapte finement aux mouvements de l’animal tout en le maintenant debout. De nouvelles expériences peuvent débuter.

Après la mise au point des stimulations électriques et pharmacologiques, et surtout trois mois d’entraînement, un rat paraplégique se remet à marcher. Dans la salle d’expérimentation, une petite dizaine de chercheurs assistent à ce moment inouï. Des spécialistes de l’entraînement et du traitement des signaux envoyés par le cerveau, des biologistes qui scrutent la régénération des neurones et des ingénieurs. Leur enthousiasme est palpable et s’explique aisément : une intense émotion provoquée par une avancée scientifique probante. L’expérience est répétée avec succès ; un animal est baptisé « Usan Bolt ». Aujourd’hui, des rats sont capables de remonter des escaliers. Avide d’avancées, Grégoire Courtine reste tout de même prudent. « Même si l’adaptation de certaines techniques à l’homme est en cours, explique-t-il, notre objectif est d’améliorer la qualité de vie des victimes d’accident. Il faudra du temps et du courage pour arriver à une cure ». À côté de lui, une de ses collègues, Rubia van den Brand, déclare : « Si nous pouvons transposer ce type d’expériences à l’homme, j’aurai atteint le but de ma vie ».

Lionel Maillot

Grégoire en quelques dates... 1993 : Baccalauréat au lycée Charles de Gaulle (Dijon). 2001 : Il bat le champion de France d’escalade… 2003 : Thèse à Dijon. 2004 : Post-Doc à l’Université de Californie (UCLA). 2006 : nommé chercheur en Italie. 2007 : UCLA Chancellor Award. 2008 : Il dirige un laboratoire à Zürich. 2012 : Il déménage son laboratoire à Lausanne.

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Le comportement de cet animal, l’homme. Sébastien Doucet consacre ses recherches aux indices olfactifs qui influencent les hommes à leur naissance, quand ils sont les plus proches du monde animal. Les nouveaux-nés lui permettent d’exercer sa passion de la recherche. 8

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urant son enfance, il s’amusait à observer et analyser le comportement des personnes partageant son quotidien. « Pour des raisons familiales, explique-t-il, je changeais souvent d’école et je devais m’adapter plus que les autres. Je passais beaucoup de temps à observer le comportement de mes camarades. Devant ma télé, je dévorais les documentaires animaliers et j’analysais les hommes politiques lors des débats à l’Assemblée. Je m’amusais à comparer les comportements de ces derniers à ceux des animaux… ». Mais il a patienté jusqu’à l’université pour les étudier


méthodiquement. « Depuis tout petit, confiet-il, j’aime apprendre, découvrir. Mais, jusqu’au bac, il faut surtout savoir bachoter ; ce n’est pas mon truc de répéter les mêmes exercices plein de fois. J’ai donc étudié au lycée en fournissant le service minimum. C’est en arrivant à la fac de biologie que j’ai su que je voulais étudier les comportements des êtres vivants. J’avais des dispositions pour cela ». Ainsi, après une licence et un master brillamment obtenus, il enchaîne sur une thèse où il étudie l’éco-éthologie chez l’homme. « Dans ce domaine, on étudie la variation des comportements - quelles que soient les espèces par rapport à l’environnement. Chercher dans le lait maternel et les zones périphériques mammaires les odeurs qui attirent le petit, m’a permis de travailler sur l’espèce qui m’intéressait le plus : l’être humain. Mon post-doctorat est une suite thématique de la thèse. Je recherche la molécule qui attire le nouveau-né dans le lait maternel ». Limpide dans ses explications, passionné et passionnant, le doute ne semble pas permis concernant Sébastien Doucet. Sa place se situe au centre d’un amphithéâtre pour susciter l’attention d’étudiants en quête de savoirs.

« Le fait que je travaille sur le comportement animal chez l’homme, admet-il toutefois, pourrait me desservir pour trouver un poste de maître de conférences. Je me trouve coincé entre la psychologie et la biologie. Le poste que je recherche n’existe pas actuellement ». Est-ce une raison pour avoir le cafard ou le bourdon ? Que nenni. L’animal a des ressources et reprend vite du poil de la bête. Après avoir consacré de nombreuses années à la recherche, Sébastien a des fourmis dans les jambes et se verrait bien avoir un rôle plus concret au sein la société : « Je suis attiré par le monde de l’enseignement mais, dans le microcosme de la recherche, il faut parfois s’appauvrir intellectuellement pour faire carrière. Faire moins de sport, moins de musique, limiter ses loisirs. À l’avenir, je me vois bien changer et faire de la politique ». De la maternité à la mairie, de la science à la politique, n’est-ce pas sauter du coq à l’âne ? Pas si sûr. À écouter parler Sébastien, on se dit que cet excellent orateur pourrait convaincre les citoyens aussi bien qu’il étudie les nouveaunés… L’homme n’est finalement qu’un animal politique.

Nicolas Gidaszewski

Sébastien en quelques dates... 1997 : Bac scientifique à Riom (63). 2001 : Maitrise de Biologie des populations, option éco-éthologie. Mémoire sur la mise en place de la relation Brebis-Agneau. 2007 : Thèse de doctorat «Contribution à l’etude des glandes aréolaires chez la femme : description morphologique, et corrélats fonctionnels dans l’adaptation mère-nouveau-né». 2008 : Postdoctorant au Fraunhofer Institut de Freising (Allemagne). 2011 : Enseignant.

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FOLIO

PORT

Dans les laboratoires…

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arie Curie présentait ainsi son laboratoire : « Dans notre hangar si pauvre régnait une grande tranquillité. Nous vivions dans une préoccupation unique, comme dans un rêve, sans interrompre le cours des réflexions et sans troubler cette atmosphère de paix et de recueillement qui est la véritable atmosphère d’un laboratoire ». Aujourd’hui encore, les jeunes chercheurs y passent la moitié de leur vie et parfois quelques nuits. C’est le lieu de l’attention, de l’expérimentation, de la répétition des gestes mais aussi des surprises et des joies de la réussite. Son fonctionnement n’est pas toujours compréhensible à la première visite. On peut l’observer comme une fourmilière chez les biologistes, les chimistes ou les physiciens. Les chercheurs s’y affairent au milieu de tables de manips ou de paillasses bardées de pipettes, de verrerie ou de machines de plus en plus sophistiquées. Il peut être aussi un lieu original, composé de spécimens ou de prototypes, celui de l’invention. texte : Lionel Maillot photos : Valéry Maillot 10

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Cellules, protéines ou autres produits se manipulent sous des hottes. Attelée au travail, une chercheuse peut y passer plusieurs heures… Ici, Jessy Cartier étudie le rôle de la protéine cIAP1 dans les cancers.



Laetitia Huguet vit au milieu de milliers d’os ! Cette archéozoologue étudie les pratiques religieuses gallo-romaines. Pour reconnaître les restes de sacrifices et de repas ancestraux, elle compare les ossements récoltés avec des modèles d’espèces typiques. Ce travail se fait dans une « zoothèque » qui est aussi son bureau.


Carole Sester dans son bar-laboratoire. Elle y étudie l’influence du contexte dans lequel une personne se trouve au moment de choisir une consommation. C’est pourquoi elle a recréé un bar aux ambiances rigoureusement maîtrisées, où des volontaires sont invités à choisir et goûter des boissons.


Des odeurs stimuleraient la tétée ? Les relations entre les nourrissons et leur maman constituent toujours un champ d’étude exploré par les chercheurs, qu’il s’agisse de l’espèce humaine ou de souris. Syrina Al Aïn enquête sur ces animaux. Pour être présente les heures qui suivent la naissance, elle travaille parfois le week-end. C’est le cas ici.


Des souris et des hommes. Charlotte Sinding a choisi ces derniers pour tester leur capacité à analyser des mélanges d’odeurs. Programmée par ses soins, une machine diffuse méthodiquement différents produits odorants. L’objectif de la manip ? Comprendre les différentes stratégies de son cobaye pour décrypter des mélanges d’odeurs.


Qu’est-ce que chercher ? Après la formulation d’hypothèses et avant leur vérification, il convient d’abord mettre au point une manip. Coraline Fortier passe par toutes ces étapes pour tenter d’améliorer des réseaux de communication par fibres optiques.


Raphaël Bourillot est géologue, spécialiste des sédiments et des récifs. Quand il est sur le terrain, il parcourt la Méditerranée, les Baléares, l’Asie centrale ou l’Australie… De quoi, au retour, oublier la vétusté de son bureau !


Spécialiste de l’histoire des fleuves, Ronan Steinmann présente ses principaux lieux de travail : derrière lui, son laboratoire d’archéologie et à ses cotés son camion de pompier. Un véhicule indispensable : il y transporte les outils qui lui permettent de prélever des carottes dans les tourbières et les fleuves.


Petit abécédaire du doctorant La thèse se prépare après un master, durant trois à quatre années en moyenne. Le sujet d’étude est l’objet d’un accord entre le doctorant et son directeur de thèse. La rédaction d’un manuscrit de thèse et sa soutenance devant un jury de spécialistes conditionnent l’obtention du diplôme de « docteur ». Anglais « Faire une thèse m’a appris à parler anglais. » (Thomas, docteur en chimie) Argent On peut gagner sa vie en faisant une thèse. Différents organismes publics ou privés sont susceptibles d’apporter un financement au jeune chercheur (allocation ministérielle, bourse régionale, contrat avec l’industrie, etc.). À défaut d’une aide spécifique, le doctorant subvient lui-même à ses besoins en travaillant en plus de ses recherches. Inconnu Ėtudiant, il fait peur. Thésard, on se prend à jouer avec. Chercheur, il devient un moteur du travail. Méthodologie (de la recherche) « À l’opposé de toutes les images d’Epinal qui montrent la recherche scientifique comme un archétype de travail méthodique, conquête systématique et contrôlée de l’inconnu, c’est l’errance et la contingence qui y sont la règle. Précisément parce qu’il cherche ce qu’il ne connaît pas, le chercheur passe le plus clair de son temps à explorer

de fausses pistes, à suivre des intuitions erronées, à se tromper, jusqu’au jour où… » (Jean-Marc Lévy-Leblond, philosophe des sciences) Panique « La première année, je gère ; la deuxième année, je ne gère plus rien ; la troisième année, je fais au mieux… » (Elise, docteure en biologie) Pot de thèse Rituel incontournable qui suit la soutenance de thèse. Membres du jury, collègues, amis, famille : tous sont rassemblés pour fêter l’heureux diplômé. Thésard Expression doctorant.

familière

qui

désigne

le

Thèse (jeu de la) Jeu de plateau qui s’inspire du fameux jeu de l’oie. Conçu par un étudiant américain, il donne à voir au profane toutes les embûches qu’un doctorant doit surmonter avant de parvenir à la soutenance. Caricatural ou réaliste ? Les avis divergent. Ce jeu est accessible sur le web. Carnet découverte n°1

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Big Fish

Cyril Firmat est doctorant en biologie de l’évolution. Après un bac scientifique obtenu à Carcassonne et des études de biologie à Montpellier, Cyril s’est extrait de son Sud natal pour venir faire sa thèse à Dijon. Marie Albessard

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rand sourire et léger accent du sud, Cyril ouvre son bureau dans lequel s’entassent pêle-mêle une ossature de carpe, des piles de dossiers et des bidons de Tilapia, « la bestiole » qu’il étudie au laboratoire Biogéosciences. « C’est sans doute à la campagne, où j’ai grandi, qu’est né mon intérêt pour la nature, l’écologie et l’envie d’en savoir plus sur l’évolution », souligne-t-il. Un premier stage en master lui donne envie de poursuivre son chemin dans la recherche. Il s’est donc lancé, il y a trois ans, dans l’analyse du Tilapia du Mozambique, « une des 100 espèces les plus dangereuses au monde pour la biodiversité ». Ce poisson, qui s’adapte à de nombreux milieux, se reproduit rapidement et représente une menace pour les autres espèces locales dont il prend la place. « L’homme l’a exporté d’Afrique à la fin des années 1930, explique-t-il. Au fil du temps, il a été introduit aux 20

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quatre coins du globe, notamment en NouvelleCalédonie, en Jamaïque et en Guadeloupe ». Pourquoi un tel intérêt pour ce poisson ? Cyril évoque la famille des cichlidés en guise de réponse : « Ces poissons sont très étudiés car très diversifiés. Ils suscitent la fascination des biologistes et l’on a donc déjà de larges connaissances génétiques ». Pour sa part, il étudie l’évolution morphologique et génétique du Tilapia selon les endroits dans lesquels il vit. « Là où il y a beaucoup de prédateurs, des indices permettent de supposer qu’il est plus gros et musclé, pour mieux échapper à ses ennemis.» Il souhaite comprendre si certains gênes sont impliqués dans l’adaptation rapide du poisson à différents milieux. Mais la tâche est délicate. « La diversité génétique est faible et la sélection naturelle n’aurait, ici, que peu de possibilités pour agir ! ».


Avoir 24 ans au néolithique Qui a dit que la jeunesse fonçait droit devant elle, sans se retourner ? Jeune chercheuse en archéologie, Lucile Pillot s’est rapidement passionnée pour les architectures funéraires au néolithique. Rencontre avec une doctorante qui creuse un lointain passé. Lorette Faivre

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lors que l’archéologue explore plutôt le sol, ce sont les toits du bâtiment Gabriel qu’il faut atteindre pour trouver le laboratoire ARTeHIS et la discrète Lucile. Partie pour suivre une spécialité patrimoine en IUP, elle s’inscrit d’abord en archéologie afin d’obtenir un niveau de licence 2. De cours en cours, Lucile finit par poursuivre cette voie. « J’ai étudié différentes périodes, mais très vite, c’est le néolithique qui m’a plu » raconte-elle du bout des lèvres. Le néolithique, et plus particulièrement, les monuments funéraires de cette période. « En 4500 avant J-C, les nécropoles sont faites de monuments en terre et en bois, explique-t-elle. J’essaye de comprendre comment tout cela est construit et intégré à l’espace, quelle conception de la mort avaient les hommes préhistoriques, mais aussi le fonctionnement de leur société. Il y a une vraie dimension sociologique ».

Quand on dit archéologue, on pense terrain et truelle. Et pourtant, même si Lucile a participé à de nombreuses fouilles, son truc à elle c’est plutôt les plans et les données. « Je reprends des données brutes de fouilles anciennes, qui datent des années 1980. J’essaye d’aller plus loin dans les résultats afin de restituer les architectures funéraires. J’irai ensuite chercher d’autres informations sur le terrain, en fouillant un autre site ». Quand on lui demande pourquoi elle aime ce métier, le visage de Lucile s’éclaire : « Ce que j’aime, c’est découvrir des choses qui témoignent du passé. Se rendre compte qu’à partir de toutes petites traces, on peut faire de grandes déductions, je trouve ça passionnant et émouvant ». Et l’avenir ? Lucile se voit poursuivre les cours qu’elle donne déjà, et surtout, elle aimerait avoir sa propre fouille.

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« On guérit déjà des souris ! » Assouvir sa vocation de médecin quand on échoue au concours, c’est possible, Malika Trad l’a fait ! Aujourd’hui, biologiste en immunologie, elle étudie les cellules des personnes atteintes d’un cancer. Rencontre avec une jeune chercheuse bien dans sa blouse. Lorette Faivre

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tudiante en sciences de la vie, elle a choisi l’immunologie pour se rapprocher de la médecine. « Il a fallu que je retombe sur mes pattes. Au final, je suis très bien en immuno » raconte Malika avec un sourire. Après un bref passage à Strasbourg, elle revient à Dijon et intègre un laboratoire où les chercheurs étudient les cellules dendritiques qui fonctionnent mal lors du cancer. « Les cellules dendritiques ont un rôle de sentinelles. Elles se promènent dans l’organisme, prennent de l’information et la fournissent aux lymphocytes T, qui eux sont les soldats et détruisent les cellules malades » explique Malika. Dans son labo, elle ne fait pas que de la recherche fondamentale. « Mon directeur de thèse est un médecin, donc il y a aussi beaucoup de recherche appliquée. C’est intéressant parce qu’on apporte des solutions à des cas concrets ». Avec son équipe, Malika étudie les cellules du 22

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système immunitaire afin de mettre au point de nouvelles thérapies plus douces, pour lutter spécifiquement contre les tumeurs. « L’application future serait un vaccin qui active les cellules dendritiques. Pour le moment, les produits qu’on utilise ne sont pas applicables à l’homme. Cela dit, on guérit déjà des souris ! » s’exclame-t-elle en riant. Malika Trad songe à poursuivre ses études par un post-doctorat aux États-Unis. « Pas forcément en cancérologie, pourquoi pas d’autres pathologies comme les maladies auto-immunes ou le VIH ». Son objectif est de revenir en France faire de la recherche en immunologie. « J’aime la complexité du système immunitaire : des petites cellules qui arrivent à communiquer entre elles, à se comprendre, à favoriser une maladie comme à en détruire une autre. Je trouve ça génial ! »


« Penser sa recherche autrement »

Tous les chercheurs présentés dans ce carnet ont un point commun : ils sont passés par l’Expérimentarium de l’université de Bourgogne. Mohamed Haddad et Charlotte Beltramo évoquent cette expérience singulière…

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ès le début de sa formation à l’université, Mohamed Haddad repère l’Institut de recherche pour le développement (IRD), un organisme qui a pour vocation de mener des recherches pour les pays du Sud. Il oriente son cursus pour rejoindre cet organisme de recherche. « Je ne souhaitais pas rester en France mais devenir chercheur pour ces pays. L’IRD était pour moi le seul moyen d’y parvenir tout en ayant les moyens nécessaires pour faire de la bonne recherche » confie Mohamed. Après une maîtrise de chimie des biomolécules, un DEA en sciences de l’alimentation, une thèse sur l’usage pharmaceutique des

substances naturelles, et plusieurs post-doc en chimie des substances naturelles et leurs applications thérapeutiques, le voici fin prêt pour postuler à l’IRD. Recruté en octobre 2006, il rejoint une unité de recherche à Toulouse*. Aujourd’hui, il est affecté à un laboratoire de l’université Peruana Cayetano Heredia à Lima. Son objectif ? Trouver de nouvelles substances issues de plantes médicinales péruviennes afin de lutter contre la leishmaniose et les cancers dans les pays du Sud. Mohamed Haddad ne cache pas que sa réussite au concours d’entrée à l’IRD – 15 minutes pour présenter son cursus, sa vie et son projet Carnet découverte n°1

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de recherche – a été grandement facilitée par les entraînements intensifs reçus à l’Expérimentarium. « Un des réflexes fondamentaux que j’ai acquis est de toujours essayer de me mettre à la place de l’autre, confie-t-il. Il est alors nettement plus facile de faire une présentation claire et synthétique, donc tout à fait percutante sur la forme ». Mais ce n’est pas tout. Expliquer son sujet de recherche à des collégiens oblige à emprunter de nouveaux chemins de réflexion, à voir et penser différemment son sujet d’étude, en un mot, à mieux le comprendre. « L’Expé m’a forcé à structurer mon cerveau, ma façon de penser. C’est un exercice qui demande un certain investissement mais au final, on voit son objet d’étude plus complétement, d’une façon plus globale. Je pourrais rentrer dans mon sujet de recherche avec mon cursus, c’est-à-dire la chimie, mais l’objet réel n’a pas cette logique : il est d’abord une plante, puis des molécules chimiques, puis des activités biologiques, puis, dans l’idéal, des substances médicamenteuses. Cette vision plan large permet d’entrer plus efficacement dans le détail par la suite ». Rendre accessible ses propos et les articuler entre eux, fait partie désormais du quotidien de Mohamed Haddad qu’il s’adresse à des collègues, des collaborateurs ou même au grand public lors de conférences. « Quand on est capable d’expliquer son travail à des enfants, c’est qu’on l’a bien compris, qu’on a pris de la distance par rapport à lui. On le tient dans sa main et là... on en fait ce qu’on veut ! »

* UMR 152 PHARMA-DEV - IRD / Université Paul Sabatier

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pécialiste des « gentils microbes qui font beaucoup », en particulier dans le domaine des produits alimentaires fermentés, Charlotte Beltramo est aujourd’hui chercheure chez Bongrain, groupe agroalimentaire français (fromages, produits laitiers). Elle s’attache à étudier les écosystèmes fromagers dans lesquels l’activité d’une multitude de microorganismes modifie la conservation, les bienfaits nutritionnels et le profil aromatique des fromages. Quand on lui demande ce que lui a apporté l’Expérimentarium, elle évoque sa rencontre avec d’autres doctorants pendant la phase d’entrainement programmée pour préparer les échanges avec le public. « J’ai côtoyé de jeunes chercheurs en sciences humaines et découvert qu’ils avaient une démarche scientifique très proche de la mienne ». À l’époque, elle étudie la réponse au stress de certaines bactéries du vin, celles qui « arrondissent » le savant breuvage en limitant son acidité. Mais Charlotte


insiste surtout sur un autre apport de l’Expé : la prise de recul par rapport à son sujet d’étude grâce aux rencontres avec « l’autre », que l’on pourrait qualifier de profane. « Ces moments où une dizaine d’enfants sont présents font un bien fou, assure-t-elle. Les remarques et les questions émergent spontanément. Durant ces échanges, on regarde son sujet autrement. Il prend du relief. Ces rencontres nous forcent à nous déplacer autour de notre objet d’étude, à modifier notre point de vue. Et ça, on ne peut pas le faire tout seul ou avec ses collègues ». Une séance de questions « naïves » peut-elle modifier la façon qu’a le chercheur de penser son objet d’étude ? Pour Charlotte, cela ne fait aucun doute. « Le public pose souvent des questions qu’on ne s’est jamais posées. Il devient en quelque sorte acteur de la réflexion. Quand des enfants me demandent « au tout début, tu l’attrapes où ton microbe ? » ou encore « vous en êtes bien sûre de votre modèle ? », ils m’obligent à justifier l’origine et la pertinence de mon modèle, une bactérie, sur lequel tous mes résultats reposent... alors que je l’ai pris « bêtement » dans le congélateur du labo sans me poser de questions ! Passer par l’Expérimentarium m’a aidée à devenir chercheur ».

Frédéric Naudon

L’Expérimentarium a fêté ses 10 ans...

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’art de la rencontre, voilà en résumé ce que l’Expérimentarium tente de développer en Bourgogne. Son objectif est d’organiser un dialogue entre scientiques et non scientifiques, et de faire en sorte qu’il soit fructueux pour les deux parties. Les scientifiques sont des jeunes chercheurs qui font leur thèse à l’université. Ils sont tous volontaires et s’engagent à respecter une règle simple : ne parler que de leur propre recherche. En mai 2011, à l’occasion des 10 ans de l’Expérimentarium, des chercheurs impliqués dans des actions de vulgarisation scientifique ont été invités à témoigner de leur expérience. Ces actions les ontelles aidés à façonner leur identité professionnelle ? Quelles analyses font-ils de leur expérience pratique ? Quels effets escomptent-ils en retour de leur engagement, en termes de carrière ou de satisfaction personnelle notamment ? Retrouvez tous les débats enregistrés à cette occasion sur le site : experimentarium.u-bourgogne.fr

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Carnet de route En thèse, Mohamed Haddad étudiait les principes actifs de plantes venues de pays lointains. Il ne quittait pas son labo. Aujourd’hui il est sur le terrain en Amazonie. Entre temps, il a parcouru une bonne partie du monde. Retour sur six étapes d’un voyage et d’une initiation. 2001-2004 : Dijon

Il apprend à isoler les principes actifs des plantes.

2005 : Rimouski (Canada)

Il évalue le potentiel «guérisseur» des substances naturelles.

2005-2006 : Bruxelles

Il combine l’isolement des substances contenues dans les plantes avec les tests de leur action sur des cellules cancéreuses.

2006-2009 : Toulouse

Il intègre l’IRD, la structure qui lui permet de mettre à profit ses compétences pour les pays du Sud.

2009-2012 : Lima (Pérou)

Au sein d’un laboratoire péruvien, il forme des étudiants et réalise des recherches contre la leishmaniose et certains cancers des pays du Sud.

2009-2012 : Oxapampa (Pérou)

En mission dans la forêt, il apprend à collecter les plantes avec les peuples natifs. 26

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Mission Culture Scientifique Université de Bourgogne 6 boulevard Gabriel 21000 Dijon

Sur le web

La MCS : http://www.u-bourgogne.fr (rubrique culture) L’Experimentarium : http://experimentarium.u-bourgogne.fr Retrouvez les chercheurs de ce carnet dans l’émission radio « Le microscope et la blouse » (en podcast sur le site de l’Expérimentarium, rubrique radio)

Contacts

Carnet découverte : Marion Lenoir (tél 03 80 39 91 55) Expérimentarium : Lionel Maillot (tél 03 80 39 90 97) Patrimoine scientifique : Marie-Laure Baudement (tél 03 80 39 90 98)

Carnet découverte (n°1)

Responsable de la publication : Eric Heilmann Rédacteurs : Marie Albessard, Lorette Faivre, Nicolas Gidaszewski, Delphine Gosset, Lionel Maillot, Frédéric Naudon. Crédit photographique : Valéry Maillot (sauf mention) Conception graphique et réalisation : Christine Michot Imprimeur : Imprimerie Coopérative Ouvrière (ICO Dijon) Tirage : 500 exemplaires 28

Carnet découverte n°1



Mission Culture Scientifique de l’Université de Bourgogne 6 boulevard Gabriel 21000 Dijon www.u-bourgogne.fr rubrique «Culture scientifique»


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