Europa Star Première 2/2016

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Carl F. Bucherer

Nouveaux calibres et modèles, identité visuelle repensée: la marque lance une vaste offensive pour Baselworld ....... p. 14

EUROPA STAR PREMIERE LE JOURNAL DE L’ÉCOSYSTÈME HORLOGER SUISSE

NO 2 (Vol.18) | 6.00 CHF € | GENÈVE, LE 17 MARS 2016 | EUROPASTAR.COM

ISSN 297-4008

ÉDITORIAL

par

Pierre Maillard

Assiste-t-on à la fin d’un modèle, le modèle qui, au cours des deux dernières décennies, a façonné le visage de l’horlogerie mondiale? On serait tenté de répondre par l’affirmative si nombreux sont les «paramètres» qui se conjuguent pour mettre à bas, ou sérieusement ébranler, les fondations de ce secteur si particulier de l’activité économique. Nul besoin d’épiloguer sur l’état inquiétant du monde partout abondamment commenté. Tous les CEOs que nous avons interrogés dans la grande enquête que nous avons menée (extraits à lire dans ce numéro) répètent en boucle le même constat: économie chinoise en berne, chute du rouble, Moyen-Orient à feu et à sang, Europe confrontée à l’afflux biblique de réfugiés, mise en danger de l’Espace Shengen, possible Brexit, montée des nationalismes et des inégalités sociales, dangers terroristes, sans même parler de l’effroi que provoquerait l’élection d’un Trump, ni, plus grave encore, menace d’une énorme crise environnementale qui entraînerait des chaos géopolitiques et des désastres humains qu’on peine encore à imaginer. Face à l’ampleur de toutes ces menaces, se pencher sur le cas particulier de l’industrie horlogère semble bien dérisoire. Et pourtant: comme nous l’avons souvent répété ici, l’horlogerie n’est pas horssol, elle ne vit pas isolée dans une bulle et peut aussi se lire comme un miroir de son époque. Confrontée donc à ces mêmes dangers, l’horlogerie doit aussi répondre par ailleurs à des menaces qui lui sont bien particulières et qui mettent à mal son ou ses «modèles». Tout arrive un peu en même temps: la montée en force des montres connectées brouille les hiérarchies et commence à redistribuer les cartes, tout particulièrement pour l’entrée de gamme voire le moyen de gamme (là-dessus nos CEOs interrogés, qui représentent pourtant toute la gamme des

produits horlogers semblent par contre quasi unanimement minimiser voire relativiser le danger). Cette montée en force, que semblent traduire les dernières statistiques de la FH, intervient au moment où les tiroirs des détaillants débordent de marchandises non écoulées. Le marché est saturé et pourtant chaque jour de nouvelles marques se lancent dans la mêlée. Toujours dans le même temps, le modèle des boutiques monomarques montre ses très sérieuses limites. Elles coûtent cher, très cher et sont souvent vides («Sans joaillerie, le monomarque est une ânerie», déclare crûment Davide Traxler, CEO de Corum à notre confrère Le Temps). Un retour au modèle multimarques semble inévitable (Richemont est en train de tester de nouveaux concepts multimarques en Chine, sous le nom de Time Vallée, ouverts à la concurrence). Certes, la montée en gamme effrénée de l’horlogerie suisse est une forme de réponse au fossé grandissant qui se creuse entre les hyper riches et une classe moyenne un peu partout en déliquescence. Mais cette fuite en hauteur accompagnée d’une verticalisation des moyens de production déchire et mite le tissu historique qui a permis la suprématie horlogère helvétique. Nombreux sont les sous-traitants touchés de plein fouet. Discrètement, puis de plus en plus ouvertement, les suppressions de postes se multiplient (Richemont a annoncé fin février la suppression de 350 postes sur ses 9’000 collaborateurs en Suisse – dont 2’000 engagés, il est vrai, depuis 2010). L’euphorie n’est plus du tout de mise. Que sera l’horlogerie dans dix ans? Bien malin qui saura répondre à cette question. Les résultats en hausse dont font part nos amis japonais – qui n’ont pas peur d’œuvrer à la fois dans la belle mécanique et dans l’électronique de pointe – font sans doute partie de la réponse. Baselworld qui s’ouvre nous en apprendra-t-il un peu plus?

Crédit Oculus Rift

Vers un nouveau modèle?

ANTICIPATION

BASELWORLD EN 2116 Baselworld, autrefois Foire de Bâle, autrefois MUBA, fête cette année sa centième exposition. Pour l’occasion, Europa Star s’est amusé à chroniquer le premier jour de la foire de Bâle... 2116, dans un siècle. Toute ressemblance avec des angoisses actuelles ou personnages vivants est purement volontaire! Olivier Müller, Delos Communications par

Vous souvenez-vous quand la BMC fêtait ses 100 ans? C'était en 2016. On finirait presque par l’oublier, mais le «B» de notre Baselworld Mobile & Connect actuelle renvoie à une petite

foire d’horlogerie mécanique installée en Suisse, dans le village de Bâle. Dans ses dernières années, bien avant qu’elle ne rejoigne le Mobile World Congress de Las Vegas, la foire de Bâle rassemblait un certain nombre de groupes industriels, tous privés. On y trouvait même de la joaillerie!

L’ère prénationalisation C’est lorsque l’or et le diamant ont quasiment disparu, tant par règlementation écologique que par rareté, que la partie joaillerie s’est éteinte. Côté horlogerie, les groupes privés qui la représentaient ont simplement suivi leur instinct de survie: lorsque les marchés africains et sud-américains sont devenus leurs principaux débouchés, tous ont cédé à leur exigence de nationalisation comme condition sine qua non pour pouvoir accéder à leurs clients.

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ANTICIPATION

2116, l’odyssée de Bâle (suite de la page une) Voilà comment l’ancien Swatch Group est devenu le SWAC, South WAtch Conglomerate, avec les actionnaires que nous connaissons aujourd’hui (Sénégal, Maroc, Congo), et que le groupe Richemont s’est mué en LTC (Latin Time Crafters), avec la Bolivie et le Pérou en actionnaires majoritaires. Si le montage parait aujourd’hui commun, il a à l’époque permis de sauver ces groupes d’une politique de prix et de rareté dont ils ont été leurs propres victimes.

Nano-débats et dinosaures horlogers Aujourd’hui, en 2116, l’industrie horlotronique semble confrontée à une nouvelle crise. Les plus anciens osent le parallèle avec feu la montre connectée il y a un siècle, que les dinosaures horlogers voyaient tomber sur eux comme une météorite qui allait anéantir leur univers!

Serait-ce une crise de cette ampleur qui va une nouvelle fois secouer l’horlogerie? La nanoseconde, car c’est d’elle qu’il s’agit, remue bien des méninges. Ses détracteurs n’y voient qu’une chimère de plus. «L’horlogerie a toujours gagné en précision, le passage de l’hexoseconde à la nanoseconde ne va pas nous tuer!», jurent les anciens.

Nucléo...rlogerie Sauf que cette fois, pour atteindre une précision de 10-9 seconde, l’horlogerie devrait troquer son bon vieux balancier optique (327 hertz) pour un modèle réso-sonique que seule l’industrie nucléaire maîtrise. La rupture n’est pas que technologique, ce serait aussi un changement de paradigme économique. Dans les allées de Las Vegas, tous les avis résonnent. «S’allier avec le nucléaire pour maîtriser l’atome, c’est le seul avenir de l’horlogerie», tonne Mike Branson, petit-fils du fondateur de Virgin Galactic, à

la tête d’un conglomérat nucléaire implanté sur Terre mais aussi sur la Lune. L’homme y voit donc son propre intérêt. «C’est un pas que nous ne devons jamais franchir, l’horlogerie serait dépendante d’une industrie nucléaire qui la dépasse complètement – tout ça pour obtenir une précision à 10-9 seconde, cela n’a aucun sens!», rétorque l’historien Marco Cologni du haut de ses 143 ans. Les débats s’annoncent houleux.

Train-train quotidien Pourtant, ils ne semblent nullement perturber les allées et venues des acheteurs. La BMC 2116 se déroule, à peu de chose près, comme celle de 2115: Omega continue d’emmener ses meilleurs clients sur la Lune; Rolex, la seule entreprise privée à avoir acheté un Etat (l’ex-Suisse, devenue Rolexuisse en 2099), sort une nouvelle collection, la Cellini; la petite Patek Philippe, inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité l’année der-

«L’horlogerie a toujours gagné en précision, le passage de l’hexoseconde à la nanoseconde ne va pas nous tuer!» nière, reste dans la confidentialité de sa production maison. Cette année encore, la maison devrait produire moins de 400’000 pièces. C’est déjà bien au-delà des 30’000 pièces de Mille & Cie, le consortium horlochimique qui annonce la création d’une nouvelle boîte de seulement 2 grammes, réalisée en trichobulrate de silure exo-azoté carbocryogénisé. En marge, Lange Original annonce l’invention d’un nouveau système d’échappement, dit «sauterelle». Il serait capable d’atteindre une fréquence très élevée. Quelques voix s’élèvent pour en contester la paternité, mais les brevets semblent confirmer l’originalité de l’invention de Lange Original...

Cosmos factory Pour les marchés émergents, les fameux LIST (Laponie, Islande, Swaziland, Tadjikistan), Swatch a décidé de frapper fort avec une montre simple et abordable, dotée de seulement 317 composants et proposée à 999 dollars! Dans une industrie horlotronique en plein questionnement, proposer une petite montre abordable, dotée de fonctions simples et que l’on pourrait remplacer tous les 10 à 20 ans seulement à sa guise, voilà un modèle économique totalement nouveau! Seule ombre à cet élan créatif: la récente découverte du système solaire Alpha-Penzel 1. Ce dernier pourrait modifier sensiblement la représentation du cosmos tel qu’il est gravé sur nos cadrans depuis des décennies. Faut-il ajouter Alpha-Penzel 1 aux cadrans de nos montres de voyage, quitte à les surcharger? Peu évident, surtout que la mode semble (enfin!) revenir aux petits diamètres, sous la fameuse barre des 65 mm. Réponse dans quelques jours, à la fin de la BMC 2116!

PiConsti@Flickr

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RETRO-PERSPECTIVES

6 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Jean-Claude Biver

Maximilian Büsser

Thierry Stern

Jean-Christophe Babin

Alain Spinedi

Paroles de CEOs En réponse à Europa Star, 50 CEOs de Suisse, d’Europe, du Japon et des USA dévoilent leurs stratégies pour affronter 2016, ses dangers et ses opportunités. par

Pierre

et

Serge Maillard

«A vos yeux, 2016, est-elle l'année de tous les dangers ou une année d'inédites opportunités? Voire de nécessaires et d'inéluctables transformations? Face aux ruptures technologiques, aux nouveaux usages, à l'état du monde, quelles sont vos attentes et vos stratégies?» En début d’année, Europa Star a interrogé une cinquantaine de CEO’s de l’horlogerie, petites et grandes marques très démocratiquement mélangées, en Suisse et ailleurs dans le monde, afin de recueillir leurs avis et d’ainsi pouvoir dresser à l’intention de nos lecteurs internationaux une «carte des humeurs» horlogères face à ce qui s’annonce comme l’année ou les années de tous les dangers. Si la grande majorité de ceux à qui nous nous sommes adressés ont répondu avec la plus grande transparence possible, certains n’ont pas souhaité nous donner leur avis. C’est notamment le cas des marques du Swatch Group qui, visiblement, ont choisi de ne pas dévoiler, ne serait-ce que très partiellement, leurs intentions. D’autres ont également décliné l’offre en nous disant que ce genre d’informations n’étaient pas destinées à être rendues publiques ou que leur politique générale était à l’abstinence médiatique (non pas en ce qui concerne leurs produits, bien entendu, mais en ce qui concerne leur politique).

Nous respectons leur choix même si nous le déplorons car, sans chercher à divulguer quoi que ce soit, notre intention est de mieux comprendre les «humeurs» de la branche horlogère, afin d’en dresser le panorama international le plus exhaustif à l’intention de toute la communauté horlogère. Mais ne dit-on pas que «les absents ont toujours tort»? Nous remercions d’autant plus vivement celles et ceux qui ont eu à cœur de nous répondre en pensant que le partage de leurs opinions ne saurait nuire à la marche de leurs affaires. Et, en passant, un coup de chapeau à Jean-Claude Biver, champion toutes catégorie de la réactivité, qui nous a répondu le premier, à la vitesse de la lumière.

Quels enseignements principaux tirer de cette enquête? Premier point, tous ou presque s’accordent pour dire que 2016 s’annonce comme une année bien difficile. En cause, le marasme mondial qui forme un cocktail détonnant, entre prix cassés du pétrole, MoyenOrient à feu et à sang, terrorisme, crise des réfugiés en Europe, bourses en capilotade, Chine en ralentissement, Russie en déroute économique… et on en passe. Malgré cette situation périlleuse, la plupart de nos CEOs restent «légèrement» optimistes. Les marques

suisses, qui ont vu leurs exportations baisser en moyenne de 3% à 4% en 2015, espèrent une légère reprise aux alentours du deuxième trimestre. N’est-ce là qu’un vœu pieux car, objectivement, les tiroirs des détaillants débordent et la visibilité quant à l’avenir est pour le moins brouillardeuse? Mais attention au tropisme helvétique! Nos interlocuteurs japonais en sourient: eux ont passé une très bonne année 2015. Ils ont vu leurs ventes très sérieusement augmenter au Japon (largement grâce aux touristes chinois) et de même leurs exportations. Ils l’expliquent par leur positionnement: des produits très qualitatifs mais moins onéreux, une horlogerie qui fait fi des «tabous» helvétiques et propose aussi bien de la belle mécanique que des montres-instruments multi-fonctions technologiquement avancées. Interrogés sur la montre connectée, tous nos CEO’s ou presque minimisent le danger. Non, l’horlogerie mécanique n’est pas menacée dans son existence, elle seule procure de l’émotion, rassure par sa non-obsolescence… nous disent-ils en cœur. Mais un petit bémol se glisse dans cette belle unanimité: attention aux montres d’entrée de gamme ou aux montres quartz simples, elles pourraient être mangées par l’ogre connecté! Et du coup, la belle horlogerie suisse pourrait s’en trouver fragilisée, son tissu de sous-traitants et de spécialistes pourrait se déchirer… Et du coup, l’horlogerie

helvétique de se retrouver dans la seule niche, certes très confortable, de l’hyper luxe. (A ce propos, découvrez dans nos colonnes l’analyse inédite et exclusive des statistiques helvétiques 2015, proposée par nos amis d’Opus Magnum, qui démontre chiffres à l’appui que la catégorie des montres de plus de 35'000.- CHF prix public, est devenue pour la première fois en 2015 le leader des exportations de montres suisses! A lire pages 20-21).

Stratégies Les dirigeants que nous avons interrogés représentent toute la diversité des produits horlogers. Il est donc bien normal que, selon le segment dans lequel ils oeuvrent et selon leur surface économique leurs stratégies diffèrent notablement. Néanmoins, un constat s’impose à tous: en période de gros temps, il convient de se concentrer sur ses points forts, d’avant tout raffermir ses positions, de clarifier le message plutôt que de se lancer tête baissée dans d’improbables nouvelles aventures. De même, rares sont ceux qui évoquent l’ouverture de nouvelles boutiques. La vogue semble retomber sérieusement: une boutique ça coûte cher, très cher, et sa fréquentation n’a rien de garanti. Une chose semble donc certaine: les détaillants, ces «chers détaillants» multimarques souvent méprisés, ignorés ou délaissés ces dernières années, vont être très sollicités en 2016! Surtout ceux qui oeuvrent aux USA. Face à la situation compliquée de la Chine, à celle tout aussi difficile de la Russie et à la catas-

trophe en cours au Moyen-Orient, tous les espoirs se tournent vers les Etats-Unis et vers les relais asiatiques. Si l’Europe semble «tenir» dans la bourrasque, on n’en attend cependant pas des miracles, loin de là, et on va aller chercher outre Atlantique ou du côté du Pacifique les indispensables relais de croissance. Embouteillages en vue! Enfin, nous avons interrogé nos CEOs sur l’importance qu’ils accordent à un salon comme Baselworld et sur sa pertinence dans un monde en interconnexion globale. Les affaires ontelles toujours besoin de cette plateforme physique pour se nouer? Malgré certaines légères réticences, il semble bien que oui. Presque tous jugent un salon comme Baselworld absolument central voire incontournable (de même, ceux qui sont au SIHH jugent leur propre salon également incontournable). En moyenne, les marques présentes réalisent de 50% à 80% de leurs affaires lors de ces salons. Mais on note aussi un intérêt nettement grandissant pour des événements plus locaux et plus modestes, à l’image du Salon QP de Londres, dont la cote est en train de monter en flèche. Quoiqu’il en soit, le constat de la nécessité de ces rassemblements est réjouissant. Dans le monde numérique qu’on nous prépare, toucher, rencontrer, parler entre quatre yeux, échanger directement, partager un verre ou une assiette conservent toute leur importance. Il y a là quelque chose de rassurant. Extraits des interventions des CEO (à retrouver exhaustivement dans nos éditions internationales et sur www.europastar.com).


RETRO-PERSPECTIVES

Marc Gaudreault

Jean-Claude Biver, TAG Heuer «Je suis assez optimiste pour 2016, surtout après l’ambiance générale du SIHH qui nous a montré que cet optimisme était partagé avec une grande part des détaillants présents. Etre optimiste ne veut pas dire que nous allons nécessairement enregistrer une croissance, mais avoir une seconde année consécutive à -2 ou -3% n’est en soi pas un mauvais résultat. Surtout si nous tenons compte de la tension politique, économique, financière et monétaire dans le monde. A cela vient s’ajouter les insécurités liées aux conflits dans le monde ainsi que le terrorisme et les difficultés de certaines grandes économies. Si je devais donner un pronostic pour l’évolution des exportations de 2016 je dirais que 2016 sera égal à 2015, voir atteindra un ou deux % de mieux.»

Maximilian Büsser, MB&F «L’année devrait être extrêmement difficile pour l’horlogerie en général. Jamais la situation géopolitique et économique mondiale n’a été aussi incertaine voire dans certains cas catastrophique. Malgré cela, un certain nombre de grands acteurs continuent de surproduire, et forcer trop de stocks dans les marchés, ce qui fragilise le cash flow des détaillants et engendre des guerres de prix. Une situation qui nuit à tout le monde.»

Thierry Stern, Patek Philippe «Notre stratégie reste inchangée, en effet celle-ci est inscrite sur le long terme, nous continuerons donc à travailler sur une distribution équilibrée sur les marchés au niveau mondial en soutenant nos marchés établis de longue date et plus particulièrement en les soutenant dans leur travail au niveau de la clientèle locale. Formation, contacts personnels, présence sur les marchés, je participe moi-même à de nombreux événements ce qui est essentiel pour nous en tant qu’entreprise familiale: rencontrer personnellement nos partenaires, les écouter et les informer et

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Viviane de Witt

Christophe Claret

Jean-Sébastien Bolzli

rencontrer leurs clients à chaque fois que c’est possible. Et bien sûr ce qui est essentiel c’est le produit, innover du point de vue esthétique et technique, travailler sans relâche sur la qualité et le service, en bref travailler dur quelle que soit la période, euphorique ou plus difficile, c’est sur le long terme que nous sommes jugés par les clients et nos partenaires.»

chés bien précis. Un développement dans ces marchés dits «à problèmes» pour notre marque va nous redonner une croissance qui nous a manquée en 2015.»

nouveaux dans le luxe ou dans la branche, aider à la création de nouvelles vocations de distributeurs de montres de luxe, beaucoup encadrer, former, expliquer. Un CEO aujourd'hui se doit d'être constamment en voyage, imitant en cela ceux qui l'avaient compris dès le début, deux réussites dans la profession, JeanClaude Biver et Richard Mille. En bougeant beaucoup, DeWitt a maintenu ses ventes mais grâce à l'ouverture de quantité de nouveaux micro-marchés un peu partout sur la planète sans prédominance d'une zone. En effet le monde est devenu global, et ceux qui peuvent voyager s'offrent souvent des montres lors de leurs voyages ou de leurs déplacements.»

Jean-Christophe Babin, Bulgari «L’horlogerie mécanique traditionnelle ne va pas disparaître, le fait est acquis. On ne peut opposer la mécanique aux montres dites connectées et autres «smarwatches». Je crois que nous parlons de deux marchés totalement différents, surtout dans des gammes de prix supérieures à 5000 CHF. Nous parlons donc de deux typologies de clientèle totalement différentes. La montre connectée touche des groupes de population très spécifiques tant dans leur âge que dans leur intérêts en relation avec les montres connectées: sportifs, génération nées avec les téléphones portables, etc. Je vois ce segment de produits high-tech avant tout comme un «plus», une addition à ce qui existe déjà dans l’horlogerie. Et ce n’est d’ailleurs pas de l’horlogerie, mais un objet de poignet fonctionnel alors que la montre mécanique a perdu ses valeurs purement fonctionnelles pour en acquérir d’autres au fil du temps, centrées sur l’émotionnel, le plaisir et l’hédonisme. Les montres connectées sont par conséquent des véhicules de croissance, ce qui ne signifie pas que la montre mécanique va stagner, bien au contraire!»

Alain Spinedi, Louis Erard «Je suis convaincu que la situation va rester très difficile au vu de ce qui se passe dans le monde. Mais je pense également que la situation peut énormément varier selon les marques. En ce qui concerne Louis Erard, après une année 2015 difficile, nous devrions connaître une amélioration de la situation car nous avons résolu certains problèmes inhérents à quelques mar-

Marc Gaudreault, Parmigiani «L’année 2016 sera très intéressante. Lorsque la conjoncture est moins porteuse la qualité des décisions et des actions est d’autant plus déterminante. Les prévisions sont assez prudentes pour 2016. Nous établissons un budget identique à 2015. Le climat géopolitique mondial est évidemment responsable d’une grande partie de la prudence affichée de la part des consommateurs. La grande accessibilité des informations sur la réelle valeur des produits est également un élément qui complique la démarche d’achat des clients finaux.»

Christophe Claret «Nos principaux objectifs de cette année sont de consolider nos marchés existants, l’ouverture de 6 nouveaux points de vente et surtout de nombreux évènements presse et collectionneurs, non seulement avec ces nouveaux points de vente mais également avec les points de ventes les plus actifs que nous avons à travers le monde. Notre présence à Baselworld n’a jamais été aussi peu déterminante pour nos affaires.»

Viviane de Witt, DeWitt «Nombreuses sont les causes à la frilosité des acheteurs professionnels: certaines structurelles à la branche, d'autres géopolitiques. Les quatre grand groupes, forts de leur nombre de marques, de leur puissance financière et de leur corrélative visibilité médiatique, ont saturé les points de vente ces dernières années asséchant les trésoreries des revendeurs. Le bruit court qu'il faudra deux ans pour absorber les surplus imposés aux canaux de distribution. Alors pour compenser ces obstacles, il faut beaucoup voyager, rencontrer des professionnels quelquefois

Jean-Sébastien Bolzli, Aerowatch «En quantité, l’horlogerie Suisse représentait 3% des montres vendues dans le monde à fin 2015, nous pouvons donc en déduire qu’il s’agit d’ores et déjà d’une niche exclusive. Malgré tout, je suis convaincu que l’horlogerie continuera à faire rêver et à vivre. L’arrivée des montres connectées est une réelle opportunité de croissance pour des marques suisses de gros volume dont le prix de vente public n’excéderait pas les CHF 1000.- En effet, l’obsolescence programmée de «ces gadgets technologiques», le service de maintenance à mettre en place, les questions de service après-vente ainsi que la commercialisation sont autant d’interrogations auxquelles seules des marques appartenant à de grands groupes peuvent répondre. En 2013, nous étions précurseurs et avions présenté une des toutes premières montres connectées en collaboration avec le géant japonais Toshiba. Finalement nous avions renoncé à lancer ce projet pour les diverses raisons évoquées ci-dessus.»

David Gouten, Manufacture Royale «2016? Belle et vaste question qu’on résumera simplement à: prudence, force et conviction, créativité et prix raisonnable. Mais il n’y aura pas de redressement des exporta-

David Gouten

Renaud de Retz

tions car depuis des années cellesci représentent des transferts de stock des sièges vers les filiales, donc les détaillants ont beaucoup de stock en général. Dès ses débuts, Manufacture Royale s’est efforcée de proposer des produits innovants, créatifs, de haute qualité et finition à des prix très raisonnables. Notre challenge est désormais de les faire mieux découvrir à une audience de clients amateurs, via des partenaires privilégiés. Ces ambassadeurs, détaillants ou autres, doivent être des passionnés, capables de présenter une proposition horlogère indépendante différente. C’est ce qui les rendra attrayants pour les clients finaux. La belle mécanique ne disparaîtra jamais, car elle est complexe, raffinée mais aussi très créative. Quand on achète un produit de luxe, on n’a plus envie d’être comme tout le monde.»

Renaud de Retz, Ernest Borel «L’horlogerie mécanique est et restera un refuge de qualité et d’émotions. Les montres connectées ouvrent un nouveau champ des possibles; une éventuelle porte d’entrée au monde de l’horlogerie avant de découvrir l’horlogerie traditionnelle et ses valeurs. La mutation et les risques sont plus sensibles entre les montres connectées et les modèles quartz des marques traditionnelles. Nous réfléchissons beaucoup en interne à une alternative sérieuse et durable tout en préservant notre identité.»


RETRO-PERSPECTIVES

8 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Yvan Arpa

Georges Brunet

François-Paul Journe

Vincent Perriard

Jean-Marc Wiederrecht

Barbara Monti

Aldo Magada

Elie Bernheim

Fabien de Schaetzen

Philip Klingenberg

et entre autres des outils de prise de commande. Nous avons développé un site BtoB en 2015 qui a fait 5% du chiffre l’année de lancement et nous avons pour objectif d’atteindre 10% de notre chiffre en 2016. Cette modernité est aujourd’hui une obligation. Accès aux données comptables et commerciales, stocks en ligne, suivi de commande, expédition traçabilité etc… D’ailleurs nos bracelets sont maintenant marqués d’un N° de série sous le passant libre qui permet de savoir quand il a été fabriqué ce qui est une 1ère dans le milieu. Au niveau des prix c’est un sujet hyper sensible dans le contexte actuel. Il faut bien écouter son marché et surtout ne pas chercher à lui imposer un prix inadéquat au péril de perdre très vite pied…»

époque, mes débuts auraient été autrement plus faciles.»

celui-ci. Des événements de plus petites dimensions, ciblant les clients finaux directement sur leur marché, permettent un échange plus authentique tant en matière professionnelle que personnelle.»

tons l’aventure fabuleuse de notre développement d’un calibre de notre cru. Nous mettons sur pied une expérience interactive pour chaque visiteur à notre stand. Comprendre comment marche un mouvement, jouer avec, le toucher, l’explorer à travers des écrans tactiles et entrer dans l’univers de la marque, voilà notre but. Transformer notre développement très technique qui se passe dans nos ateliers en une expérience didactique et ludique pour tous les visiteurs.»

Yvan Arpa, Artya «Je pense sincèrement qu’on va encore subir un tassement des ventes au niveau mondial. Pour moi, le business model de l’horlogerie traditionnelle a vécu. Il faut se réinventer. Une distribution qui ne rêve que de présenter avec des marges confortables les best-sellers prévendus des plus grandes marques – ces mêmes grandes marques qui veulent quant à elles réduire les marges et gagner du linéaire -, une distribution dont les vendeurs zappent d’une marque à l’autre sans états d’âme, c’est pour moi une distribution qui oublie l’essentiel: le client, l’acte d’achat, l’émotion. L’authenticité du produit, de la relation et de la marque doivent amener autre chose que du copié-collé, sous peine de se retrouver dans à peine une génération comme l’industrie du vinyle, qui ne s’adresse plus qu’à des aficionados de niche.»

Georges Brunet, ZRC «La consolidation du marché intérieur français, qui représente à ce jour 70% de notre chiffre, est une priorité absolue. Avec un gâteau qui diminue, les parts coûtent plus cher et il faut défendre ses positions. La dynamisation systématique des marchés par des opérations de «Push Marketing» devient une absolue nécessité en B to B pour se démarquer de la concurrence, mais également l’évolution des systèmes de communication

Hamdi Chatti, Louis Vuitton «2016? Nous sommes confiants, dans nos produits et notre réseau de magasins. Et restons agiles faces aux changements économiques et politiques internationaux. L'essentiel pour nous c’est d’être toujours plus proche de nos clients. Je vous invite à visiter l’un de nos magasins! Le marché a changé, nous n’exposerons pas à Baselworld, nos clients souhaitent les produits sans attendre trop longtemps entre leur présentation et leur disponibilité en magasins. Nous organiserons les présentations de nos nouveautés en conséquence, proche de cette date de disponibilité dans nos magasins.»

François-Paul Journe, Montres Journe Vianney Halter «Nous n’avons pas de stand à Baselworld puisque nous organisons notre salon annuel au mois de janvier en même temps que le SIHH mais par contre, nous organisons le jeudi 17 mars à Bâle, pour la seconde année consécutive, une conférence de presse pour la remise des Prix de la Young Talent Competition, dont je suis le parrain en partenariat avec l’AHCI. Cela confirme notre position de défendeur des valeurs de l'horlogerie dont une des priorités est la transmission du savoir faire ainsi qu’aider les jeunes horlogers de demain à être plus visibles. J’aurais aimé qu’un tel concours existe à mon

«Le marché est saturé par la proposition de beaucoup trop de montres mécaniques «de style», et aux complications trop variées et une partie des amateurs d’horlogerie et des collectionneurs a pris conscience d’un écart excessif entre le prix et la valeur. Depuis plusieurs années je ne participe plus à Baselworld. Nous vivons dans un monde moderne dans lequel les moyens de communication et de connexion entre les gens rendent obsolète ce type de foire. Pour mon type d’activité en horlogerie, il n’est plus opportun pour moi de participer à un événement tel que

Vincent Perriard, HYT «Nous sommes tous d’accord depuis des mois pour dire que la montre connectée prend des parts très importantes dans le segment 1001,500 CHF mais qu’au-delà, l’électronique ne pourra pas détrôner la magie ou l’art du mécanique. Qui veut porter une montre connectée à 30,000 CHF avec un circuit imprimé à l’intérieur? La montre mécanique est un statut qui provient de l’Art horloger, de la transmission de patrimoine. L’électronique ne pourra jamais bousculer cet univers au-delà de 2 ou 3,000 CHF… Certaines petites structures ne tiendront plus le choc. Après une année 2015 compliquée, 2016 sera l’année de trop pour certaines petites marques ou fournisseurs.»

Jean Depéry, Emile Chouriet «Baselworld est un tel investissement pour les marques, il faut qu’il soit utile. Sinon il faudrait, en effet, le remettre en question. Le salon nous permet de nous présenter à de nouveaux clients, à se faire connaître et développer nos réseaux et nos partenariats. Cette année, nous présen-

Jean-Marc Wiederrecht, Agenhor «Que cache l’incroyable «déstockage» qui doit avoir lieu pour alimenter un marché gris omniprésent. Le fait de pouvoir se faire livrer à domicile en quelques jours à peu près n’importe quelle montre avec certificat de garantie d’origine (!), en plus avec des discounts de plusieurs dizaines de pour cent et ce en juste quelques clics de souris ne présage pas d’un avenir serein. Comment dans ces conditions espérer vendre des montres dans des filières habituelles et au prix normal ? Après une vingtaine d’années d’industrialisation, de marketing agressif et de financiarisation de l’horlogerie, ayant, il faut le reconnaître, permis une croissance sans précédent de la branche, il me semble qu’il est temps de relever la tête et de repenser les «fondamentaux». Ne devrait-on pas réellement essayer d’appliquer les «valeurs» vantées par


RETRO-PERSPECTIVES le marketing en remettant l’homme au centre des processus de création et surtout de production?»

Barbara Monti, Eberhard & Co «Je ne pense pas que la baisse des exportations soit due à un problème spécifique de la Haute Horlogerie suisse, mais bien aux effets particulièrement inquiétants d'éléments extérieurs économiques et géo-politiques. A partir du moment où la communauté internationale sera en mesure d'intervenir pour une solution positive des grands problèmes actuels, je suis certaine que nous assisterons à une reprise rapide dans notre secteur, qui, ne l’oublions pas, fait l'objet d'un intérêt croissant chez les consommateurs du monde entier, même dans les zones relativement nouvelles pour ces produits.»

Aldo Magada, Zenith «2016 sera fortement «challenging», mais elle sera le reflet de ce que chaque marque est capable d'apporter aux consommateurs. Des années telles que 2015 ou 2016 doivent nous pousser à l'excellence et à la créativité. Pour Zenith, les objectifs restent les mêmes, nous voulons non seulement faire mieux connaître la marque et ses valeurs à un cercle plus large que les connaisseurs, mais également clarifier notre univers de marque. Ceci passe par une refonte dans tous les domaines.»

Fabien de Schaetzen, Raidillon «Nous avons pris la décision il y a quelques semaines de ne pas venir à Bâle en 2016. La raison déterminante est la réorientation de notre budget dans de nouvelles boutiques en propre. De plus, l’autre phénomène non négligeable qui a impacté notre décision est le coût: en trois ans de temps, pour une entreprise en zone euro, le coût de la foire de Bâle a augmenté à peu près de 50% (y inclus un impact de 20 à 25% de taux de change). Les budgets deviennent donc assez colossaux pour quelques heures de présence et des retours sur investissements trop hypothétiques pour nous. Nous injecterons ce budget dans l’ouverture d’une nouvelle boutique. Il n’est toutefois pas exclu que l’on revienne en 2017!»

Alain Marhic, March LA.B «En tant que petite marque indépendante, nous ne misons pas tout sur nos exportations comme le font la majeure partie des leaders de l’industrie horlogère. En misant tout sur le marché asiatique, véritable bulle à la croissance artificielle, toutes ces marques auront du fil à retordre pour trouver de nouveaux relais de

croissance dans un futur proche. De notre côté, nous espérons évidemment développer nos exportations mais à travers le monde entier. Notre gamme de produits va se développer avec des montres iconoclastes de qualité qui resteront dans la même gamme de prix plus abordable que la haute horlogerie.»

Elie Bernheim, Raymond Weil «Très sincèrement, il est difficile d’être optimiste si l’on tient compte du climat actuel plus que complexe qui cumule à la fois franc fort, chute du PUBLICITÉ

EUROPA STAR PREMIÈRE | 9

pétrole, incertitudes économiques, conflits mondiaux et ralentissement en Asie. Malgré cela, nous envisageons une faible progression de nos ventes en 2016 grâce à notre dynamisme actuel et les très beaux projets que nous allons officialiser tout prochainement. Notre objectif principal reste avant tout la consolidation de nos deux marchés les plus importants qui sont les Etats-Unis et le RoyaumeUni où nos parts de marché devraient croître de façon significative cette année encore. L’année 2016 marque les 40 ans de Raymond Weil et nous célèbrerons cet anniversaire à travers deux partenariats musi-

caux majeurs car la musique est plus que jamais au cœur de chacun de nos développements et le moteur de notre créativité.»

Philip Klingenberg, Century «Cette année nous fêtons nos 50 ans et notre histoire sera relatée dans un livre présenté lors de Baselworld. Nous continuons de nous concentrer sur l’essentiel: nos produits. Une belle brochette de créativité auxquelles l’accent est donné sur des montres en acier, plus accessibles, mais tout en maintenant des pièces

uniques haut de gamme. Notre développement nous a mené à breveter une nouvelle prouesse technique, celle de la Nacrilith. Ceci consiste à sceller de la nacre dans notre saphir Century pour la rendre éternelle. Notre énergie se concentre également sur nos points de vente et les opportunités d’ouverture peuvent être ciblées de manière différente, de manière plus créative. En effet, en tant qu’indépendant et marque de niche, il nous est parfois plus difficile de convaincre un détaillant à s’engager avec nous, alors qu’une marque d’un grand groupe aura certainement un pouvoir de négociation plus important.»


RETRO-PERSPECTIVES

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Xavier de Roquemaurel

Carlos-A. Rosillo, Bell & Ross «Nous sommes en train d’intégrer toute la distribution au Moyen Orient et en Asie en créant nos propres filiales. Nous développons aussi nos propres réseaux de distribution avec l’ouverture de nouvelles boutiques Bell & Ross dans le monde entier. Nous avons toujours eu une stratégie d’innovation pour nos produits, on ne reste jamais sur nos acquis! Comme vous le savez, notre axe majeur a toujours été l’aviation qui sera complétée cette année par l’automobile avec non seulement la Formule 1 mais également la création d’un superbe Concept Car entièrement réalisé par mon associé Bruno Belamich et qui sera dévoilé à Bâle. Dans un environnement peu

Philippe Dubois

Marzio Villa

Ricardo Guadalupe

François-Henry Bennhamias

propice, Bell & Ross par son mode de fonctionnement de «start up» est habituée à gérer ces moments de crise qui nous offrent des opportunités et nous permettent de gagner des parts de marché. En chinois, on a deux façons d’écrire le mot crise: l’une se lit «A time of danger» et l’autre se lit «A time of opportunity».»

avons débuté avec Chronopassion à Paris et espérons pouvoir trouver le même écho auprès des experts de la «belle horlogerie» qu’ils soient en Europe, au Moyen-Orient, aux Amériques ou en Asie. Pour le lancement de Czapek, nous avons opté pour un positionnement de prix raisonnable voire relativement bas pour l’acier, afin de donner l’opportunité au plus grand nombre de passionnés de faire partie de notre aventure en devenant propriétaire d’un de nos garde-temps.»

revendeurs et c'est notre objectif principal et prioritaire. D'autre part, nous allons continuer à participer à des manifestations pour augmenter la notoriété de la marque. Rebellion doit s'appuyer sur la notoriété de notre équipe Rebellion Racing, championne du monde FIA World Endurance pour la 4ème année consécutive.»

Je suis sûr que la montre mécanique restera toujours une ligne exclusive pour qui recherche un statut d'icône et le plaisir qui se trouve seulement dans le produit de haute horlogerie.»

Philippe Dubois, Rebellion

«2016? Compliqué. Nous ne pouvons plus vivre une vie insouciante, ça n’existe plus. Mais il y aura toujours une attitude positive envers les montres et un redressement de tendance envers les marques qui démontrent substance et crédibilité.

Xavier de Roquemaurel, Czapek «2015 a marqué le retour de Czapek sur la scène horlogère. 2016 sera l’année de notre arrivée sur les marchés avec notre première collection: Quai des Bergues. La distribution sera réalisée essentiellement par des détaillants partenaires. Nous

«Les objectifs pour Rebellion Timepieces pour l'année 2016 sont relativement simples. Nous devons impérativement étoffer notre réseau de

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Ricardo Guadalupe, Hublot «L’année 2016 se présente assez bien, mais il va falloir jouer assez serré. Dans un marché à fortes incertitudes, le choix produit est absolument fondamental. Pour moi, les nouvelles collections doivent prendre en compte les tendances du marché tout en restant fidèle à l’identité et à l’ADN Hublot. Il m’est difficile de m’exprimer pour les autres marques, mais peut-être qu’il va y avoir une érosion. On assistera probablement à une consolidation du marché avec un nombre d’acteurs réduits et une demande moins forte provenant d’Asie du Sud-Est.»

François-Henry Bennhamias, Audemars Piguet «Tout comme 2015, 2016 va être une année difficile pour l’industrie. Mais nous sommes armés pour l’affronter et c’est à mon avis le meilleur moment pour se démarquer de la concurrence. C’est quand les choses deviennent difficiles que c’est le moment d’investir et d’accélérer le pas pour prendre le maximum d’avance possible. Nous sommes confiants tout en restant prudents. Notre objectif est de continuer à appliquer la stratégie mise en place depuis 2012: consolidation des collections, consolidation de notre réseau de distribution, développement de nos boutiques mono-marques, renforcement des relations avec nos principaux détaillants, et bien sûr des produits de qualité résolument tournés vers le 21ème siècle. Le principal danger de notre industrie c’est ellemême. Notre défi est de rester pertinent auprès de la nouvelle génération de clients, et pour cela il faut trouver le moyen de communiquer avec eux et de parler le même langage. On ne s’adresse pas à un client de 20 ans de la même manière qu’à un client de ma génération.»


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RETRO-PERSPECTIVES

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Stephane Waser, Maurice Lacroix

(Managing Director) «L’objectif principal pour Maurice Lacroix est de poursuivre sa stratégie de positionnement dans une gamme de prix de 1000 à 5000.-CHF. Cette stratégie est soutenue en 2016 par de nouveaux modèles, tels que ceux de la collection Aikon. Cette collection quartz, revival de notre emblématique modèle Calypso, a fait le succès de la marque dans les années 90. Avec Aikon, Maurice Lacroix propose un garde-temps

qui allie design et une qualité exceptionnelle de finition à la hauteur de nos pièces haut-de-gamme. De plus, la marque effectue une transformation digitale pour être au plus près de ses consommateurs potentiels et augmenter, avec l’aide notamment de notre partenariat avec le FC Barcelona, la connaissance de la marque au niveau global.»

Vanessa Monestel, Laurent Ferrier «Laurent Ferrier est une marque jeune avec une production très exclusive donc les niveaux de ventes ne

suivent pas forcément les grandes tendances de l’industrie. En effet, nous avons encore de nombreux marchés à conquérir et de nombreux passionnés d’horlogerie ne connaissent pas encore nos créations. Avec 17 points de vente dans le monde, nous avons une marge de manœuvre intéressante et le SIHH nous a permis d’être identifié par des acteurs opérant sur de nouveaux marchés pour la marque. Pour 2016, Laurent Ferrier investira encore dans sa présence sur les réseaux sociaux plus particulièrement Instagram mais privilégiera aussi des rendez-vous exclusifs avec les amoureux de Haute Horlogerie.»

Akram Aljord, Hysek «Nous travaillons intensément pour proposer des produits extrêmement intéressants en termes de qualité et d’innovation. Nous avons verticalisé notre offre afin de proposer une palette de produits précisément adaptés aux demandes de nos différents types de clientèle. Nous avons également intégré, au sein de notre manufacture, l’ensemble des étapes de production de nos boîtiers et de nos mouvements. Nous contrôlons ainsi parfaitement la fabrication, les délais et la qualité, et

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restons indépendants sur nos choix techniques et esthétiques. L’avenir de l’horlogerie nous réserve très certainement des développements surprenants et radicaux.»

Christophe Musy, Mauron Musy «Mauron Musy a débuté ses activités en 2016 et ne peut engranger qu’une hausse de ses ventes. Le principal est de rester prudent et de péréniser notre petite entreprise. Les objectifs sont réalistes et sont fixés au vu de la situation mondiale actuelle. Mauron Musy devrait passer une année paisible et calme, à l’inverse des grosses structures qui devront faire face à d’inombrables dangers. Notre budget marketing étant considérablement limité, nous privilégions le web et son fort potentiel. Notre innovation nO-Ring, le fait que notre montre ne comporte plus aucun joint d’étanchéité, fait également beaucoup parler de Mauron Musy.»

Riccardo Monfardino, Meccaniche Veloci «Notre stratégie est claire: l’objectif consistant à centraliser en Suisse l’ensemble de la production et de l’assemblage de Meccaniche Veloci, et pas uniquement la recherche et le développement, a été atteint en 2015. Désormais l’étape suivante concerne le lancement de la nouvelle collection. Elle a été entièrement reconçue, tout en maintenant cette caractéristique du piston si distinctive. Tous nos nouveaux modèles seront dotés de notre mécanisme de manufacture MV8801, développé et fabriqué à Genève. L’engagement dont nous avons fait preuve pour développer le mécanisme et la qualité que nous visons justifie de légers ajustements de prix.»

Manuel Emch, RJ-Romain Jerome «La participation à Baselworld devient de moins en moins importante car ce n’est plus à cette occasion que la majorité des ventes se font. Certains partenaires ne s’y rendent même plus. Il y a un manque de vision quant à la composante clef de notre business: le client final. Nous déplorons le manque d’écoute de la part de l’organisation quant aux réalités des marchés aujourd’hui. Cependant, cela reste un événement significatif du point de vue de la presse; il permet de rencontrer les médias du monde entier en très peu de temps.»

Antoine Preziuso

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«Il y a 35 ans quand je visitais «la Foire de Bâle», il y avait une centaine d’horlogers! Aujourd’hui à Baselworld il y en a plus de 1600. Et deux nouvelles marques chaque semaine!!! Oui le marché est saturé et les marchés régressent. Mais je pense qu’un certain public reste et restera


RETRO-PERSPECTIVES

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Stephane Waser

Vanessa Monestel

Akram Aljord

Christophe Musy

Riccardo Monfardino

Manuel Emch

Antoine Preziuso

Aurélie Picaud

Samir Merdanovic

Mauro Ergemini

toujours passionné par des belles créations qui sont faites avec de la passion, de la patience et de la persévérance. Nous n’avons pas de stratégie marketing à proprement parler. Chaque région a ses propres codes, il y a aussi certaines affinités qui se font ou qui ne se font pas selon les pays. Ce n’est pas la quantité, mais la qualité que nous recherchons dans nos collaborations.»

Aurélie Picaud, Fabergé (directrice de l'horlogerie)

«La situation de Fabergé au niveau de l’horlogerie est probablement un peu différente de celle de d’autres marques car nos produits viennent seulement d’arriver sur les marchés. Je pense même que la situation actuelle peut presque devenir un tremplin pour nous qui nous devons de travailler sur de vraies nouveautés, afin de nous démarquer, alors que des marques plus établies seraient plus en mode de retrait pendant cette période chaotique.»

Samir Merdanovic, Eterna Movement «L’année 2016 sera une année très difficile dans l’industrie horlogère car les conditions de l’année précédente ne sont pas encourageantes. Nous partons du principe que les entreprises horlogères ne réussiront pas à atteindre les mêmes résultats qu’auparavant et qu’une restructuration se

fera dans le marché horloger suisse. Les petites entreprises indépendantes, qui ne font pas partie d’un grand groupe, seront les plus concernées. Heureusement, nous sommes dans une phase de croissance et nous pouvons suivre notre objectif à long terme et continuer de développer la production de nos mouvements. Nous apportons une contribution importante car nous offrons des mouvements personnalisables et abordables ceci dans le but de préserver l’héritage des montres suisses.»

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Mauro Ergemini, Schwarz-Etienne «Nous vivons actuellement la «renaissance» de la marque SchwarzEtienne. Le travail de fermeture et requalification des points de ventes a été effectué il y a moins de 2 ans. Nous relançons donc la marque sur de toutes nouvelles bases: mouvements manufacture développés et produits en interne; maîtrise de nos assortiments (via la société E2O innovations); designs plus contemporains et environnement produit qui nous démarque de la concurrence. Notre présence au niveau international étant très restreinte, nous cherchons bien entendu à ouvrir de nouveaux marchés assez mûrs pour accepter la philosophie ainsi que le haut niveau de nos produits. Je dois dire que je suis assez confiant sur ce point, notamment au vu de l’attirance que suscitent nos nouvelles collections auprès des importants acteurs horlogers que nous avons rencontrés depuis le début de l’année.»

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SOUS LES PROJECTEURS

14 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Carl F. Bucherer vise l'or

Li Bingbing

M. Carl F. Bucherer mais aussi aux influences baroques dans l’architecture de la ville de Lucerne. «Avec cette nouvelle ligne visuelle, nous réinterprétons nos racines, souligne Sascha Moeri. Carl F. Bucherer continue de nous inspirer: c’était un entrepreneur visionnaire et audacieux. Son talent artistique et son esprit pionnier ont posé les jalons qui font de la marque ce qu’elle est aujourd’hui: authentique tout en étant très liée au caractère cosmopolite et exubérant de Lucerne.»

Autres nouveautés 2016

Manero Peripheral

La marque lucernoise revoit complètement sa ligne visuelle et son identité, dévoile une nouvelle famille de calibres très prometteuse et renforce presque toutes ses collections. Pas de «business as usual» en 2016! par

Serge Maillard

Le Manero Peripheral n’est pas qu'un «simple» nouveau modèle pour Carl F. Bucherer. Ce gardetemps marque une évolution très importante pour la marque en mains familiales, dirigée par le très dynamique Sascha Moeri. Il s’agit en effet de la première montre intégrant la nouvelle famille de calibres CFB A2000, qui sera déployée dans les futurs modèles de Haute Horlogerie de la manufacture lucernoise. Un large horizon vient de s’ouvrir. Le mouvement CFB A2050 qui équipe le Manero Peripheral constitue l’une des déclinaisons possibles de

l’A2000, dont le développement discret a pris plusieurs années. Outre les aiguilles centrales des heures et minutes, le nouveau modèle intègre une petite seconde à 6 heures et une date à 3 heures. Le calibre vient s’insérer dans un boîtier de facture très classique, propre à la collection Manero, tout comme le design du cadran. Disposant d’une réserve de marche de 55 heures, le Manero Peripheral est lancé en six versions différentes: le boîtier de 40 mm en or rose ou acier peut s’accorder avec un cadran noir mat ou blanc porcelaine. Les versions en acier sont aussi disponibles avec bracelet dans la même matière et un double fermoir.

Révolution du rotor Observons de plus près la nouvelle série de calibres CFB A2000, qui donne des pistes sur les futures créations de la marque. Ce nouveau mouvement tire son énergie d’un mécanisme automatique à deux côtés avec rotor périphérique (d’où le nom du nouveau modèle Manero). Carl F. Bucherer a d’ailleurs été la première marque à adapter cet arrangement du calibre en production de série, via le premier mouvement maison CFB A1000. Sur la nouvelle ligne, les caractéristiques particulières sont un balancier-spiral entièrement «libre» et le recours à des masselottes pivotables pour la régulation du balancier, qui oscille à 4 Hz ou 28'800 vibrations par heure. Ce n’est pas tout. La société en profite pour redéfinir complètement sa brand identity. Lors de cette édition de Baselworld, la marque présente un nouveau design «doré», qui rend hommage à la personnalité de

Carl F. Bucherer ne vient définitivement pas les mains vides à Baselworld. Outre son Peripheral et sa famille de mouvements CFB A2000, la marque présente une série de nouveautés dans presque toutes ses collections. A commencer par le Manero Flyback. Ce chronographe tourne au calibre automatique CFB 1970, qui fournit par ailleurs la fonction flyback. Logé dans un boîtier classique de 43 mm de diamètre, le modèle est disponible en or rose ou en acier. Une autre nouveauté au profil sportif est le chronographe Patravi TravelTec Black à fonction GMT (trois fuseaux horaires), qui se distingue évidemment par sa tonalité noire profonde. Un design qui joue sur les contrastes entre le cadran noir et les indicateurs de la montre. Deux fuseaux horaires sont visibles sur le cadran. Le troisième fuseau est indiqué au moyen d’une aiguille rouge pointant la lunette pivotante. Dans la même collection, la Patravi TravelTec II présentée l’an dernier se pare aujourd’hui d’or rose et de titane. La combinaison vibrante entre le boîtier en or rose et le dos et les poussoirs en titane est renforcée par un cadran et un bracelet noirs. La fonction chronographe est associée à trois zones horaires. Parmi les villes de références des 24 fuseaux horaires,

on retrouve bien entendu... Lucerne, lieu d’origine de Carl F. Bucherer. Toujours dans cette famille, la Patravi ScubaTec est désormais disponible dans un boîtier de 36 mm. En fort contraste avec le noir profond du TravelTec, ce modèle opte pour un blanc très pur, qu’il s’agisse du bracelet caoutchouc, du cadran ou de la lunette en céramique; à souligner, cependant qu’un bracelet en acier, plus discret, est également proposé en option. Comme son nom le suggère, ce modèle peut soutenir des pressions jusqu’à une profondeur de 200 m. Egalement conçue pour une clientèle féminine, mais nageant dans des rivières de diamants plutôt qu’au fond des mers, la Pathos Swan met en avant l’expertise de longue date de l’horloger dans les créations de haute joaillerie. Pas moins de 922 diamants et saphirs ornent le boîtier, le cadran en nacre et le bracelet de ce modèle sophistiqué. Le cygne dont la montre tire son nom de baptême est vu dans beaucoup de cultures comme un symbole de pureté, d’élégance, d’amour ou de beauté; il est aussi emblématique de Lucerne et du lac des Quatre-Cantons.

Li Bingbing, nouveau visage de la marque L’actrice et chanteuse chinoise endosse le rôle de nouvel ambassadeur global de Carl F. Bucherer – une manière pour ce dernier de renforcer sa visibilité en Chine mais aussi dans le reste du monde. Car si Li Bingbing est l’une des stars de cinéma les plus connues en Chine, elle a aussi pris pied à Hollywood, en apparaissant dans des blockbusters comme Transformers ou Resident Evil. Par ailleurs, la Chinoise est très suivie sur les réseaux sociaux et Carl F. Bucherer espère pouvoir capitaliser sur son influence vis-à-vis des millions de fans qu’elle draine.


SOUS LES PROJECTEURS

Sous les projecteurs EUROPA STAR PREMIÈRE | 15

«Le nouveau calibre A2000 doit entraîner un cercle vertueux»

Vous est-il possible d’établir un profil du client-type de Carl F. Bucherer?

Sascha Moeri, le CEO de Carl F. Bucherer, explique ses principales stratégies pour 2016, détaille les relations avec ses réseaux de distribution et la gestion de la croissance en temps d’instabilité économique. par

Comme je l’ai dit, les clients américains ou chinois ont des préférences différentes. Il est surtout essentiel de suivre l’ADN de la marque. Ce qui attire aussi nos clients est le fait que nous sommes très exclusifs. Au fond, le cercle des détenteurs de nos montres est assez restreint, puisque nous allons livrer 30'000 personnes «seulement» en 2016. C’est cette exclusivité couplée à notre caractère qui comblent les désirs de nos clients en terme d’«individualité». Achète-t-on une Carl F. Bucherer aussi comme «première montre»?

Serge Maillard

Quelles sont vos prédictions pour 2016? Je pense que cela va être une année palpitante, après cinq années déjà exceptionnelles pour nous: nous avons quadruplé nos résultats depuis 2010! En même temps, cette année sera exigeante et coriace, en raison des conditions économiques actuelles, des conflits et d’un environnement de marché difficile dans des marchés-clés. Mais nous sommes prêts à relever le défi grâce au nombre considérable de nouveautés que nous lançons à Baselworld. La Patravi TravelTec Black présentée à l’automne n’était qu’un début... Le facteur clé est notre nouveau mouvement maison CFB A2000, qui consiste en réalité en une famille entière de calibres, faisant suite à la série des CFB A1000. Nous ne parlons pas là que d’un type de calibre mais d’un concept qui ouvre de nouveaux horizons: nous serons capables d’arriver chaque année avec des déclinaisons. Justement, quelle est la proportion de vos modèles actuellement équipés de vos calibres? Ce que je peux vous dire, c’est que nous ne cessons d’en augmenter le nombre... En même temps, nous sommes fiers de pouvoir également proposer des modèles d’entrée de gamme dans l’horlogerie mécanique de qualité. La nouvelle famille de calibres sera prioritairement intégrée

dans nos modèles haut de gamme et de luxe. En outre, elle nous permet d’étendre les calibres à rotor périphérique à nos modèles féminins. C’est un développement important pour nous, car nous croyons fermement que les modèles pour femmes séduisent aujourd’hui tant par leur design extérieur que par les éléments internes à la montre. Ce concept influe toutes nos créations. Et l’établissement de notre nouveau site de production de pointe à Lengnau renforce nos capacités techniques. Cela entraînera-t-il fatalement un accroissement de vos prix moyens – autrement dit, votre stratégie estelle de monter en gamme? En 2010, nous avons produit et vendus 6'500 pièces. L’an passé, nous en avons vendus plus de 25'000! Cette croissance exceptionnelle est entre

L’OBJET

Skis Zai

requiert d’énormes efforts et sacrifices, tant financiers qu’émotionnels. Nous n’adopterons jamais une attitude agressive vis-à-vis des partenaires qui nous ont tant aidés. Notre groupe est en mains familiales et a donc des valeurs familiales!

«Le producteur suisse de skis Zai est un partenaire avec lequel nous partageons l’amour des matériaux de haute qualité et de l’artisanat. Ils sont parvenus à incorporer de la pierre et du carbone dans leurs skis pour concevoir des produits exclusifs. Comme chez nous, la production est entièrement développée de la main de l’homme avec une volonté affichée de limiter les quantités. Et le sentiment que l’on a en descendant les pistes avec des skis Zai est tout simplement incroyable!» (Sascha Moeri)

autres due à la diversité des collections que nous proposons. Donc pour répondre à votre question: bien entendu, le segment luxe va croître considérablement du fait de nos investissements dans notre mouvement maison; mais nous avons aussi augmenté les productions au niveau de l’entrée de gamme. L’équilibre va donc demeurer et nous allons conserver nos prix de détail actuels. Etendez-vous le nombre de collections ou étoffez-vous les collections existantes? La deuxième option! Nous avons cinq collections et présentons des nouveautés dans presque chacune d’entre elles. La première montre intégrant le nouveau calibre est la Manero Peripheral, en référence à la masse oscillante périphérique, caractéristique de nos mouvements. Un Flyback sera aussi introduit dans la ligne Manero, un très beau chronographe d’un design de facture classique. Je suis particulièrement fier des développements en cours dans cette collection. Du côté des Patravi, outre la TravelTec Black déjà mentionnée, nous introduisons la TravelTec II, une variation audacieuse en or rose du modèle existant. Du côté des modèles féminins, nous dévoilons deux garde-temps de haute joaillerie dans la collection Pathos, baptisés Swan, qui soulignent nos capacités de longue date en la matière.

Quels ont été les bestsellers de Carl F. Bucherer en 2015? Nos modèles-clé figurent dans les collections Manero et Patravi. Cependant, chaque marché a ses préférences. En Asie, où l’on privilégie un goût classique, la Manero domine dans ses différentes versions, Perpetual, ChronoPerpetual ou Tourbillon. On retrouve cette tendance en Europe. Aux Etats-Unis cependant, tout comme en Russie et au Moyen-Orient, les Patravi TravelTec et ScubaTec ont le plus la cote. Vous avez récemment ouvert deux boutiques, l’une à Interlaken, l’autre à Dubai. Quelle est votre approche vis-à-vis des détaillants traditionnels? C’est un point très important de notre philosophie, que l’on ne soulignera jamais assez: nous n’ouvrirons jamais tout seuls une boutique en propre. Beaucoup de distributeurs et de détaillants nous ont aidés à construire notre marque durant ces dernières années et nous avons beaucoup d’estime pour eux. Nous n’allons pas les agresser en extirpant toutes leurs marges. C’est seulement s’il y a le bon emplacement et le bon partenaire local que la marque ouvrira une boutique – donc en partenariat: c’est le cas avec Rivoli à Dubai et avec Bucherer bien sûr à Interlaken. Construire une marque

Nous offrons certes des modèles à prix très intéressant et accessible, cependant quelqu’un qui cherche sa première montre mécanique va sans doute commencer par imiter ce que ses amis portent au poignet. C’est plutôt en devenant un aficionado, en en apprenant davantage sur les mouvements et la qualité d’une manufacture qu’on viendra vers nous. En cherchant quelque chose d’exclusif au poignet. Nous nous adressons à ces personnes: celles qui ne suivent pas les tendances mais développent leur propre style. Quelle est la proportion entre clients et clientes? Le ratio est aujourd’hui de 60 40. Les montres féminines ont toujours contitué une part importante de notre histoire puisque nous avons lancé notre première collection Art Déco pour dames en 1919 déjà! La récente collection Pathos renforce encore ce segment. Comment jugez-vous l’arrivée des montres connectées? Il s’agit d’un marché très important et je suis content de voir autant de marques suisses investir de manière importante dans le R&D. C’est de la sorte que l’industrie horlogère suisse restera forte, innovante et compétitive. Il existe certainement un marché et un besoin pour ces produits. Cependant nos clients sont à la recherche de valeurs différentes dans une montre, comme la durabilité, les détails réalisés à la main ou simplement la beauté du design. Peutêtre qu’il possèdent déjà une montre connectée mais il n’en attendront pas une de notre part! C’est même plutôt le contraire et ils seraient déçus que nous nous contentions de suivre la tendance. De plus, si nous décidions de nous lancer dans le monde connecté, il faudrait vraiment procéder de manière unique. Nous ne pourrions copier personne.


MARQUES

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Baume & Mercier: «Le critère du prix n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui»

Propos recueillis par Serge Maillard

L’an passé, Baume & Mercier avait surpris son monde en se lançant sur le créneau déjà surchargé de la montre automobile. La marque transforme l’essai aujourd’hui avec une nouvelle série de Capeland Cobra rendant hommage au coureur américain Carroll Shelby. Deux chronographes qui s’inspirent de la Cobra CSX2128, un roadster conçu pour les 12 Heures de Sebring de 1963. Allen Grant, l’un des coureurs de l’équipe de Carroll Shelby à cette époque, était présent au SIHH pour rappeler les vertus de ce modèle de la Cobra, comparé à d’autres voitures de course: «Le premier mot qui me vient à l’esprit est «explosif». L’accélération est vraiment très rapide

par rapport aux plus gros modèles. C’est une voiture au corps très léger: en raison de sa puissance, la voiture à tendance à partir de côté. Cela exige une conduite très particulière, avec une bonne maîtrise des freins, c’est presque du patinage artistique!» De son côté, le CEO de Baume & Mercier, Alain Zimmermann, a reçu Europa Star Première pour expliquer sa stratégie horlogère en une année 2016 où la tenue de route semble plus importante que jamais, dans un contexte global qui s’apparente à une gigantesque patinoire – et où les glissades sont fréquentes... Pourquoi avoir décidé de poursuivre le partenariat sur les Cobra, qui était un pari assez inattendu l’année passée sur le monde automobile?

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La marque accessible du groupe Richemont a une carte à jouer à l’heure où les portefeuilles se resserrent. S’adressant en particulier aux «primo-accédants» à l’horlogerie, elle poursuit son aventure automobile avec la Cobra et veut séduire un public féminin plus jeune avec son audacieuse Petite Promesse.

Nous n’étions pas dans une optique «éphémère». Pas forcément du long terme non plus, mais en tout cas sur une durée qui nous permette vraiment de bien exprimer ce partenariat, c’est-à-dire plus d’un an. C’est sûr qu’en sortant de notre zone de confort comme nous l’avons fait, nous n’étions pas certains que cette visibilité se traduise sur le plan commercial. Mais cela a été l’un de nos plus grands succès, dépassant largement ce que nous avions imaginé. La presse nous a conforté dans notre démarche et le succès commercial a été universel, alors que nous visions surtout le marché américain.

«Petite Promesse: une montre qui s’adresse à un public plus jeune, celui des millenials, de la génération Y, avec un porter qui rappelle celui des bracelets mantra, très tendance.» Nous vous accueillons dans notre lounge exclusif Fleet Center, où nous vous accompagnons pour le plaisir de conduire une voiture d’exception.

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Quand on démarre un tel partenariat, du point de vue stratégique, il est essentiel de savoir en amont quel pourrait être le chapitre deux. Si on ne le fait pas, on fera des erreurs en aval. C’est comme un blockbuster au cinéma: souvent, le deuxième film est beaucoup moins réussi parce que l’on est attendu au tournant et que c’est difficile de dupliquer le succès du premier si l’on est dans l’improvisation. Comme la Cobra a beaucoup de facettes, nous avions déjà pu identifier les différents chapitres. Episode un: Carroll Shelby le visionnaire; épisode deux: les coureurs de son

Capeland Shelby Cobra 1963

équipe, via une voiture qui a gagné la course des 12 Heures de Sebring en 1963. Parmi ces légendes, nous avons la chance d’avoir Allen Grant parmi nous et de continuer à miser sur ce qui a fait le succès de la première série: l’émotion. L’équation du succès, c’est un design subtil qui reprend des codes bien identifiés, une histoire authentique et un prix. Pour quelle clientèle? Une clientèle nouvelle. Jeune ou moins jeune, mais surtout à la recherche d’une belle horlogerie, normalement de montres bien plus chères que les nôtres, ce qui constitue une belle reconnaissance. Des aficionados de voitures, des rêveurs qui cherchent l’émotion mécanique. La grande surprise du SIHH chez Baume & Mercier reste néanmoins la Petite Promesse. Quelle était l’intention? Trois objectifs. Un: continuer à rappeler que nous avons une belle histoire dans l’horlogerie féminine. Depuis quelques années, on voit que de plus en plus de marques s’engagent sur ce créneau qui représente plus de 35% du marché horloger. Nous ne sommes pas dans la tactique, mais dans la continuité depuis plus d’un siècle, avec un design audacieux.

Deux: continuer à bien installer la collection Promesse, le grand lancement de 2014, qui est très importante pour nous. Trois: avoir un effet Cobra au féminin, c’est-à-dire chercher de la désirabilité en surprenant, avec une offre qui est à la fois très Baume & Mercier mais très différente par le choix de la taille, du double tour et surtout d’avoir une montre qui s’adresse à un public plus jeune, celui des millenials, de la génération Y, avec un porter qui rappelle celui des bracelets mantra, très tendance. Le secret de cette marque, c’est d’avoir toujours réussi à se remettre dans l’air du temps. Vous visez donc surtout les primo-acheteurs... Exactement. Notre offre commence à un peu plus de 1'000 francs. Nous avons noué des partenariats avec 14 grandes écoles du monde entier. Le «primo-accédant», c’est le fil rouge de notre stratégie, qu’il soit du reste jeune ou moins jeune. Pouvoir accéder à cette belle horlogerie, au prix juste, par exemple via des célébrations comme les mariages, les diplômes, le premier emploi. Nous savons que le prix est vraiment important aujourd’hui. Ce n’est pas le seul élément mais il est décisif. Je pense qu’il n’a jamais été aussi essentiel.


MARQUES

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Jaeger-LeCoultre: Reverso excentrique Confié entre autres à la griffe de Christian Louboutin, le modèle phare de Jaeger-LeCoultre a pris un sacré coup de jeune lors de la dernière édition du SIHH. Le directeur marketing de la marque, Stéphane Belmont, en retrace la genèse. Propos recueillis par Serge Maillard

Vous vous êtes attaqués à une icône à l’occasion des 85 ans de la Reverso. Comment s’y prend-on pour réinterpréter un «mythe»?

Avec la contrainte de marchés qui changent rapidement... Nous n’avons jamais fait un produit pour aborder une période de crise ou de boom économique. Les modèles doivent toujours être dans la ligne de la marque mais effectivement, il faut prendre des risques dans les dimensions ou les complications, car nous ne savons pas dans quel sens les tendances vont évoluer. L’autre point, c’est de savoir comment marquer le coup. Qu’est-ce qui va ressortir des nouvelles Reverso? Lorsqu’on les observe, on ne se dit pas forcément qu’il y a une nouveauté: elle n’est pas forcément «visible». Il y a deux moyens d’innover: infuser davantage de mécanique et de complications dans un modèle iconique ou raconter l’histoire autrement, sans se répéter, en attaquant l’icône sous un autre angle. C’est ce que nous avons fait avec Christian Louboutin. Tout à coup, il se passe quelque chose de fort et les gens viennent voir la Reverso via Christian Louboutin. Ils découvrent une facette de la Reverso qui est cette capacité à intégrer des couleurs ou des motifs extravagants sans se dénaturer. La Reverso est tellement forte sur le plan du design que l’on peut se permettre des petites excentricités. Mais cela ne remet pas en cause l’icône. Il faut en même temps toujours trouver quelque chose de différent: si l’on fait un partenariat avec un créateur tous les cinq ans, ce sera attendu.

Reverso Christian Louboutin

Puisque la Reverso a pour vocation de refléter une époque, qu’est-ce que ces nouveaux modèles disent de notre temps? Ils illustrent à quel point on peut tout de même résister avec des montres fonctionnelles, utilitaires, des critères qui priment sur l’esthétique show-off. Le propre de la Reverso est d’être une montre élégante et discrète, qui ne se remarque pas – même s’il y a une tendance à la démonstration. Globalement, le marché est à l’ostentation mais la Reverso peut traverser les âges avec sa pureté et son élégance. En même temps, vous allez vers plus de visibilité avec Christian Louboutin... C’est vrai mais la face avant de la montre reste très classique, alors que le dos de la montre peut être personnalisé et présenter un fort effet de surprise. C’est l’un des atouts de la Reverso: combiner élégance et surprise. Au-delà de la Reverso, quels sont les points forts de 2016 chez JaegerLeCoultre? La nouvelle collection Geophysic ajoute justement une petite touche de technicité dans un modèle classique. De loin, la montre a un aspect traditionnel mais elle présente une dose de masculinité que l’on ne retrouve pas dans beaucoup de

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Bien à l’avance! Cela prend plusieurs années. A chaque anniversaire de la Reverso, on se dit que tout a déjà été bien valorisé... Le dilemme sur ce que l’on pourrait encore faire d’autre se pose inexorablement. Le propre des modèles intemporels, c’est que l’histoire a déjà été racontée mille fois. Il s’agit alors de se projeter, de regarder quelles sont les tendances de fond en horlogerie, quel est l’état d’esprit des clients aujourd’hui mais aussi d’ici cinq ans. Une partie consiste donc à «sentir» les marchés – et à en conquérir de nouveaux: en Chine, par exemple, la Reverso plaît plus aux femmes qu’aux hommes. Il y a différents degrés de maturité horlogère et de connaissance du modèle et de la marque.

montres classiques aujourd’hui. Et la complication Seconde Vraie (aussi appelée «seconde morte», une aiguille se déplaçant d'un saut par seconde, ndlr) a déclenché une vraie réflexion: c’est une fonctionnalité qui parle à des amateurs d’horlogerie très pointus, mais qui sème un peu le doute chez les autres. Car cela rappelle les modèles à quartz, alors que cette complication existe depuis plus de deux siècles! Mais d’autres marques proposent des nouveautés avec des secondes mortes, comme A. Lange & Söhne. La seconde morte est une innovation très subtile, plus subtile que des tourbillons ou des calendriers perpétuels. Le propre de nos modèles est de susciter l’interrogation, de donner lieu à des réflexions, des débats... Est-ce que le profil de vos clients change? Je dirais qu’il y a une maturité plus grande chez beaucoup d’entre eux. Pour caricaturer un peu, les hommes

qui s’intéressaient essentiellement à la mécanique portent un regard de plus en plus pointu sur l’esthétique. Chez les femmes, on observe l’inverse, un intérêt grandissant pour la mécanique. Aujourd’hui, les frontières se brouillent entre hommes et femmes: tous deux recherchent surtout le bon équilibre entre esthétique et mécanique horlogère. Aujourd’hui, quelle est la proportion de clients masculins et féminins? Nous sommes à peu près à l’équilibre. C’est surtout le lancement de la collection féminine Rendez-Vous qui a permis d’atteindre cet équilibre. Elle a connu un succès au-delà de nos attentes. En quatre ans, cette ligne est devenue aussi importante que la Reverso dans le segment féminin. Nous avons doublé notre part de marché auprès du public féminin, mais pas au détriment de la Reverso. Elles sont complémentaires. Nous avons eu la chance de

trouver le bon produit au bon moment. Sans l’icône Reverso et notre expérience auprès des femmes, nous n’aurions sans doute jamais eu les compétences pour lancer la RendezVous. Ces quinze dernières années, très peu de lancements de montres féminines ont connu un vrai succès et se sont inscrits dans la durée. C’est un marché difficile, car c’est souvent tout ou rien: soit c’est un immense succès soit un échec total. Comment abordez-vous 2016? Avec sérénité car tous les fondamentaux sont bons, les produits sont rassurants. En temps de crise, généralement, Jaeger-LeCoultre est la marque que l’on a envie d’avoir, qu’il s’agisse des clients ou de nos partenaires détaillants. Ils ne prennent pas de risque avec notre marque. Nous sommes une valeur sûre. Cela ne nous empêche pas d’être à l’écoute, mais nous ne voyons aucun indicateur selon lequel nous ferions quelque chose de faux.


MARQUES

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Bulgari: «Ne pas tomber dans le produit de mode» centre de la marque. Nous avions déjà cette optique mais il l’a rendue exclusive, il a mise cette relation sur le devant de la scène. Rome, c’est notre âme. Le deuxième, c’est l’accélération, le dynamisme. Depuis deux ans, nous avons de bien meilleurs résultats sur les marchés, au moins 20% de croissance. Par exemple, au Moyen-Orient, nous sommes passés d’un système de franchise à une gestion directe, ce qui nous donne de gros avantages.

Depuis cinq ans, la marque romaine s’est lancée dans un grand exercice de «nettoyage» de ses collections. Une manière de répondre au goût particulier de sa clientèle, sans céder aux sirènes du fashion... Entretien avec Guido Terreni, le directeur de la division horlogère de Bulgari. Propos recueillis par Serge Maillard

Contrairement aux 2'500 ans d’histoire romaine, votre modèle connecté Diagono Magnesium regarde plutôt vers le futur. Où en êtes-vous dans ce projet?

Vous avez commencé à votre poste en mars 2009. Pas la meilleure période...

Serpenti Incantati

Depuis 2009 et le recentrage des lignes horlogères, quel a été le fil directeur de la création? La marque et les raisons d’achat d’une Bulgari. Nos clients ont un goût particulier, une sensibilité esthétique poussée. Nous touchons des codes contemporains mais éternels. On croirait la Bulgari Bulgari dessinée hier, alors qu’elle a 40 ans. Dessiner un produit contemporain mais qui dure dans le temps est un exercice suprêmement difficile et qui prend levier sur notre sensibilité italienne, notre goût. Les Suisses sont très forts sur les aspects techniques, nous sur les critères esthétiques et émotionnels. Il faut combiner ce savoir-faire avec une capacité d’exécution helvétique pour ne pas tomber dans le produit de mode, mais faire du vrai luxe. La barque Bulgari est romaine: quand on est inspiré par 2'500 ans d’histoire, par la ville qui était le centre du monde, on ne demande plus la «permission» de faire quelque chose. Un Romain le fait! La

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Certes mais cela a été l’occasion de procéder à un grand et important recentrage de la marque. Avant la crise de 2008-2009, l’industrie horlogère connaissait une forme d’inflation, avec des propositions parfois complètement saugrenues. Il y a eu une épuration nécessaire. A mon poste, j’ai réduit le nombre de références et de lignes afin de mieux les enraciner dans la marque. L’une des plus importantes a été la Serpenti pour la femme, qui a été relancée en 2010 et est aujourd’hui la première ligne en terme de chiffre d’affaires et la plus chère en terme de prix, un produit dont les femmes tombent forcément amoureuses! En 2014, nous avons lancé la Lucea, qui est devenue immédiatement un bestseller de la marque, la deuxième en valeur. Dans les deux collections, la gamme entre 9'000 et 15'000 francs est la plus vendue. Le grand classique de la marque, la Bulgari Bulgari qui existe depuis 40 ans, est aussi important. Chez l’homme, l’Octo est l’équivalent de la Serpenti en termes de visibilité, à côté de la Bulgari Bulgari et de la Diagono. Cela fait tout de même beaucoup, car certaines marques sont mono-produit... Nous avons plusieurs icônes. Pour la femme, nous sommes dans le top 5 des marques. Etant bijoutiers, nous pouvons nous exprimer de manières très diverses et nous ne servons pas la femme avec des déclinaisons de versions masculines, comme le font beaucoup d’horlogers.

Serpenti, par exemple, il faut avoir une personnalité forte pour la porter. Comment naît une montre chez Bulgari? Qui donne la première impulsion? La création, c’est l’activité la plus intime de la marque. J’ai commencé en 2000, le designer Fabrizio Buonamassa en 2001. Nous n’avons plus de brief, nous nous parlons d’une façon très libre. Nous savons la typologie de montres dont nous avons besoin. Cela commence aussi par le mouvement manufacture que nous avons développé depuis 2011. Le design interprète les élé-

ments de manière naturelle. Cela provient du fait que nous employons des gens qui connaissent profondément Bulgari. Nous essayons de faire le maximum à l’interne, en puisant dans nos symboles. Certaines montres sont d’abord nées en tant que bijoux avant d’être «traduites» par la division horlogère. Qu’est-ce que l’arrivée de JeanChristophe Babin a changé pour la marque? Il a amené deux éléments principaux, à mon sens. Le premier – et peut-être qu’il fallait un regard externe pour y parvenir – est d’avoir mis Rome au

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Nous avons fait un bon exercice intellectuel car la 4ème révolution industrielle est en cours dans le monde aujourd’hui, celle des objets connectés. Le thème de la cyber-sécurité deviendra de plus en plus pertinent. En même temps, on a vu avec les montres quartz que les hommes ne sont pas forcément intéressés par des modèles moins chers et plus précis, car il n’y a pas de valeur émotionnelle, pas de luxe. Mais si la révolution industrielle entraîne un changement d’habitude radical et que la cyber-sécurité devient importante au point qu’il faut en toutes circonstances une «clé d’accès» personnelle, la montre peut devenir la clé de ce monde sécurisé. Si le troisième millénaire s’organise autour de cela, il faudra parvenir à l’amener dans le vrai luxe. Nous avons réussi le défi technologique de la Diagono Magnesium, qui consistait à intégrer une puce NFC sans batterie, complètement mécanique. Physiquement, c’est un succès. Le problème, c’est l’interaction avec le monde des smartphones. Ce point n’est pas réglementé aujourd’hui et chaque marque peut mettre en place des évolutions qui empêchent la connectivité de la montre. Apple n’a par exemple pas ouvert son système aux puces NFC, car ils désirent concevoir leur propre écosystème. Déjà, la moitié du marché manque à l’appel. Par ailleurs, si la connexion était possible avec le Samsung S5, elle est très compliquée avec la version S6. On ne peut pas faire de la mécanique de luxe intemporelle et dépendre de la dernière évolution technologique. Il était important que nous montrions que nous sommes capables de réaliser la Diagono Magnesium; mais tant qu’il n’y aura pas une standardisation de la connexion des puces NFC, on ne pourra pas avoir un produit de luxe. C’était une concept watch, nous ne l’avons pas mise sur le marché. Nous l’avons industrialisée, mais nous ne pouvons pas garantir la pérennité de la montre en raison de ces incompatibilités. Il faut une universalité.


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BUSINESS & TENDANCES

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Exclusif – Exportations: la Suisse toujours plus dans sa niche En 2015, les montres de plus de CHF 15'000.- (plus de CHF 35'000.- en prix public) ont constitué pour la première fois la plus importante catégorie d’exportation en valeur. Le ralentissement est moins dur au sommet, mais les heureux élus sont de moins en moins nombreux. Décryptage. Caroline Buechler et FranMousin, cofondateurs de l’agence de stratégie marketing Opus Magnum par

çois-Xavier

Les exportations suisses de montres peuvent se répartir en quatre grandes catégories de prix, qui contribuent chacune à environ un quart de leur valeur totale, soit entre CHF 4,5 mil-

liards et CHF 5,5 milliards en 2015. Il s’agit des montres de moins de CHF 2'000.-, des montres entre CHF 2'000.- et CHF 5'000.-, de celles entre CHF 5'000.- et CHF 15'000.- et enfin de celles d’une valeur supérieure à CHF 15'000.-. Cette dernière catégorie, représentant des montres de plus de CHF 35'000.- en prix public, occupait encore la troisième place

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en 2008. Elle est devenue en 2015 le leader des exportations de montres suisses. La résilience des exportations de luxe en période de crise se confirme en 2015. La catégorie des montres de plus de CHF 15'000.-, qui avait particulièrement bien résisté durant la crise de 2009, a connu depuis une croissance exceptionnelle, atteignant en 2014 un record à CHF 5,62 milliards. En 2015, elle réussit à enregistrer un repli nettement moins marqué que les autres catégories, avec une baisse de 2,11% seulement. Sans elle, le bilan 2015 des exportations atteindrait une baisse de 4,33% au lieu de 3,77%, et même de 4,8% en excluant du total les pièces d’une valeur de plus de CHF 30'000.(CHF 75'000.- prix public).

Les pièces de plus de CHF 30'000.en croissance de 2,8% en 2015 La bonne santé relative de cette catégorie est tirée par l’extrême luxe. Les pièces de CHF 15'000.- à CHF 30'000.- enregistrent une chute de plus de 7,4% en valeur, alors que les pièces d’une valeur supérieur à CHF 30'000.- bénéficient d’une croissance de plus de 2,8%. Elles atteignent près de CHF 3 milliards, soit près de 15% de la valeur totale des exportations horlogères suisses en 2015. Une décorrélation qui se confirme d’année en année depuis 2012.

La valeur augmente, les quantités baissent Si la catégorie enregistre la moins forte baisse de sa valeur en 2015, la situation est inversée du point de vue des quantités. La chute des volumes représente un record à -5,38% contre, à l’autre extrême, seulement -1,57% pour les montres de moins de CHF 2'000.-. Il est à noter que cette chute ne représente que 10'000 pièces, contre plus de 400'000 unités dans la catégorie la plus basse. En effet, les pièces de plus de CHF 15'000.- constituent seulement 0,6% des volumes totaux exportés, avec 166'000 unités en 2015, contre plus de 26 millions d’unités pour la catégorie la plus basse des pièces de moins de CHF 2'000.-.

En 2015, la catégorie des montres de plus de CHF 15'000.- réussit à enregistrer un repli nettement moins marqué que les autres catégories, avec une baisse de 2,11% seulement.

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Comme pour l’évolution des valeurs, l’évolution des volumes confirme que les pièces de plus de CHF 30'000.performent mieux que les pièces entre CHF 15'000.- et CHF 30'000., même si cette évolution s’inscrit en baisse. En 2015, ce sont seulement 500 pièces de plus de CHF 30'000.en moins qui auront été exportées par rapport à 2014 contre 9'000 pièces entre CHF 15'000.- et CHF 30'000.-.

Après avoir doublé entre 2009 et 2013, le volume des pièces exportées d’une valeur supérieure à CHF 30'000.- semble se stabiliser autour de 40'000 unités. Il s’agit peut-être d’un indicateur fiable du pallier atteint par ce marché auprès de sa clientèle cible.

Même les extrêmes se raisonnent En 2015, les montres de plus de CHF 15'000.- sont la seule catégorie à enregistrer une augmentation de leur prix moyen, à CHF 48’522.-. Cette augmentation reste cependant dans la continuité des années précédentes et relativise la chute temporaire de 10% enregistrée en 2013. Une nouvelle fois, le prix moyen de la catégorie est fortement influencé par les pièces les plus chères, comme en témoigne l’évolution des montres de plus de CHF 30'000.-, qui atteignent un prix moyen de CHF 79'059.-. Par rapport à 2014, elles sont en légère hausse, mais restent en-dessous du record de CHF 80'673.- atteint en 2010. Les pièces entre CHF 15'000.et CHF 30'000.- enregistrent, quant à elles, une baisse de 0,64% à CHF 19'909.-, légèrement sous le record historique de CHF 20'039.- atteint en 2014.

Les principaux marchés d’exportations surperforment dans l’extrême luxe et compensent la chute de Hong Kong Sur le plan géographique, la chute de près de 25% des exportations de la catégorie vers Hong Kong a été largement compensée par les autres marchés phares. En 2015, Hong Kong représente cependant toujours 18,3 % des exportations de montres de plus de CHF 15'000.-, contre 23,8% en 2014. Alors que les 15 premiers importateurs mondiaux d’horlogerie ont enregistré une baisse globale de leurs importations de 4.8% en 2015, toutes catégories confondues, contre seulement 2,19% dans tous les autres pays, la catégorie des montres de plus de CHF 15'000.- a connu un phénomène exactement inverse, avec seulement 0,8% de baisse dans ces pays contre 8% dans tous les autres. Ceci témoigne une fois de plus de la résilience des montres de grande valeur sur les principaux marchés d’exportation.


BUSINESS & TENDANCES WRISTWATCHES EXPORT VALUE EVOLUTION (in billion CHF)

>CHF 15,000.- WRISTWATCHES EXPORT VALUE EVOLUTION (in billion CHF)

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Ainsi, sur les 15 premières destinations d’exportation de la catégorie des montres de plus de CHF 15'000.-, représentant à elles seules 83,5% de leur valeur totale, seules trois enregistrent une baisse. Outre Hong Kong, il s’agit des Emirats Arabes Unis et de l’Espagne. Les USA, deuxième marché de la catégorie, enregistrent une progression de leur chiffre d’affaire de 2,7%, tandis que l’Europe surperforme avec une progression de 38,1% au RoyaumeUni, de 6,1% en France, de 8,2% en Italie et de 1,6% en Allemagne. En Asie, Singapour affiche une croissance de 5,5%, le Japon de 13,5%, Taiwan de 5,8%, la Corée du Sud de 22,4% et même la Chine, avec 30,3%. Au Moyen Orient, le Qatar et l’Arabie Saoudite progressent respectivement de 23,4% et 23,8%. A l’inverse, les Emirats Arabes Unis – qui constituent une importante plateforme de réexportation – reculent de 7,6%, l’Espagne de 2,1% et Hong Kong de 24,8%.

WRISTWATCHES EXPORT AVERAGE PRICE EVOLUTION (in CHF)

Comme pour l’évolution des valeurs, l’évolution des volumes confirme que les pièces de plus de CHF 30'000.- performent mieux que les pièces entre CHF 15'000.- et CHF 30'000.-, même si cette évolution s’inscrit en baisse. En 2015, ce sont seulement 500 pièces de plus de CHF 30'000.en moins qui auront été exportées par rapport à 2014 contre 9'000 pièces entre CHF 15'000.- et CHF 30'000.-.

TOP 15 COUNTRIES > 15,000.- WRISTWATCHES EXPORT VALUE EVOLUTION (in billion CHF)

En ce qui concerne les montres de plus de CHF 30'000.- l’évolution atteint des records sur ces mêmes pays avec +10,3% aux USA, +44,4% au Royaume Uni, +10,5% en France, +13% en Italie, +3,7% en Allemagne, +13,1% à Singapour, +15,3% au Japon, +14,7% à Taiwan, +24,7% en Corée du Sud, +54,3% en Arabie Saoudite, et +67,42% en Chine, malgré les mesures anti-corruption largement entrées en vigueur dans ce pays.

WRISTWATCHES EXPORT UNITS EVOLUTION (IN THOUSANDS)

Perspectives Comme chaque année, ces données ne tiennent pas compte des réexportations intermarchés ni du marché suisse et de celui Lichtenstein, dont l’importance reste directement proportionnelle au volume des touristes, essentiellement asiatiques, qui y font arrêt, et en font probablement encore en 2015 l’un des 5 premier marchés mondiaux de l’horlogerie suisse. D’autre part, le système des réexportations continue à générer un biais important, comme en

L’horlogerie suisse est confrontée à un choix cornélien entre une approche de volumes et une approche de rareté, les données issues de notre étude offrent une perspective claire sur les grandes tendances actuelles du marché et sur la scission toujours plus forte entre deux tendances, chacune en pleine croissance: le marché de masse et le marché d’exception. témoigne l’évolution des exportations vers les Emirats Arabes Unis, où de nombreuses marques ont installé leurs hubs vers l’Asie. Il n’en reste pas moins que cette étude constitue l’une des seules sources de données fiables sur l’évolution d’un marché dont le développement est toujours plus tributaire de l’extrême luxe, que ce soit en période de croissance ou en période de ralentissement, voire même de crise généralisée comme celle qui a été vécue en 2009 ou celle qui affecte nos économies depuis 2015. A l’heure où l’horlogerie suisse semble confrontée à un nouveau choix cornélien entre une approche de volumes et une approche de rareté, les données issues de notre étude ne permettent pas de trancher de façon définitive, mais offrent une perspective claire sur les grandes tendances actuelles du marché et sur la scission toujours plus forte entre deux tendances, chacune en pleine croissance: le marché de masse et le marché d’exception. En complément des statistiques officielles de la Fédération horlogère suisse (FHS), qui considèrent en un seul bloc près des 2/3 de la valeur totale des exportations – la fameuse catégorie des montres de plus de CHF 3'000.-, l’agence Opus Magnum s’attache depuis plusieurs années, en collaboration avec l’Administration fédérale des douanes, à étudier ces exportations sous un angle plus représentatif de l’évolution et de la structuration du marché. Cette démarche a permis d’identifier quatre grandes catégories de prix, représentant chacune environ 25% de la valeur des exportations, ainsi que 7 sous-catégories complémentaires aux valeurs définies par la FHS dans les valeurs supérieures à CHF 3'000.. Il est ainsi désormais possible de dresser un tableau beaucoup plus fin et représentatif de l’évolution du marché, caractérisée depuis plusieurs années par la montée en puissance du segment luxe. Pour plus de détails, n’hésitez pas à contacter les auteurs de cette étude: analyse@opusmagnum.ch


BUSINESS & TENDANCES

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BITCOIN

La révolution Blockchain ne fait que commencer

BTC Keychain@Flickr

Rupture dans l’écosystème de l’horlogerie suisse traditionnelle à l’horizon.

Blockchain, la technologie au coeur du fonctionnement de Bitcoin – cette monnaie virtuelle, un peu sulfureuse, anonyme et en plein développement – va permettre aux marques de luxe de mieux lutter contre la fraude et la contrefaçon et optimiser la traçabilité des produits. Quelques start-up s’y attèlent. Les produits de luxe seront-ils un jour aussi connectés aux milliards d’autres? Que feront les marques des millions de dollars désinvestis de la lutte contre la contrefaçon? Christopher H. Cordey, Futuratinow par

Bitcoin (BTC) est une monnaie virtuelle (crypto-currency), un système de paiement sécurisé et anonyme entre particuliers. Inventée par Satoshi Nakamoto en 2009, cette monnaie peut être considérée comme la première devise complémentaire universelle (non-étatique) disponible sur internet. Elle sert à payer des biens dans le monde réel et est échangeable contre des devises sans pour autant être adossée à aucune institution financière ou bancaire; et ceci, au grand dam de certains gouvernements et de nombreuses organisations dont le modèle d’affaires est bâti autour du trading. Ses avantages sont indéniables: frais de transferts nuls, non falsification des registres, immédiateté du transfert, frais de paiement inferieurs à Paypal, transactions anonymes, stockage sécurisé, etc. Au niveau de ses inconvénients, citons une volatilité importante (avec un sommet a 979.35 $/BTC le 25 novembre 2013; le BTC se négocie ces jours à 420 $), irréversibilités des transactions, besoin de vigilance accrus (transferts et stockage), etc. Donc in fine, une monnaie virtuelle encore risquée certes, mais dont la technolo-

gie s’impose au niveau planétaire auprès des gouvernements, des banques centrales, des assurances, sociétés d’audit, compagnies financières, etc.
 La douce Helvétie s’active avec une association www.bitcoinassociation. ch ou même en attirant des développeurs de Bitcoin américains, qui préfèrent la neutralité, l’environnement légal et la sécurité de la Suisse à celle de la Californie.

La chaine des blocs et la contrefaçon Pour simplifier, le cœur de fonctionnement de Bitcoin est appelé la chaine des blocs (ou Blockchain en Anglais). C’est un registre public de toutes les transactions Bitcoin en ordre chronologique. Elle est partagée entre tous les utilisateurs du réseau Bitcoin qui utilise Bitcoincore www.bitcoin.org le portefeuille logiciel de référence. Et selon www.Bitcoin.fr cette technologie est utilisée pour vérifier le solde des adresses Bitcoin, assurer la traçabilité des transactions et empêcher la double dépense. Dont acte. La parade à la fraude et la contrefaçon dans l’industrie du luxe, risque d’être apportée par des start-up basées en Angleterre, Canada ou Finlande.

Car avec un «chiffre d’affaires estimé a 500 milliards de dollars et 40 millions de fausses montres produites par an contre 30 millions de vraies montres suisses» comme mentionné sur le site de la Fondation de la Haute Horlogerie, le fléau mondial qu’est la contrefaçon dans le luxe et l’horlogerie n’est plus à démontrer. L’International Anti Counterfeiting Coalition, estime même la valeur de la contrefaçon et du piratage des produits à $1.77 trillion de dollars US par an. Sans parler bien sur des millions de dollars investis par les groupes et marques de luxe.

Start-up sur le pied de guerre Du changement est dans l’air avec l’arrivée sur le marché de start-up opportunistes. La toute jeune start-up, www. blockchaintechltd.com planifie de donner le pouvoir de contrôle aux consommateurs et aux marques de luxe. Comme ses concurrentes, elle veut utiliser la chaine des blocs, pour créer des registres sécurisés à même de vérifier qui possède un produit de luxe. La start-up mentionnant même que «le système peut fonctionner comme un passeport à même de documenter le voyage d’un produit entre le moment ou il sort de la ligne d’assemblage, via le point de vente et finalement vers l’acheteur». Réjouissant. Quant à www.blockverify.io elle précise « qu’elle croit au potentiel de la technologie de chaines des blocs pour améliorer les mesures anti-contrefaçon dans les industries pharmaceutique, diamantaire, des produits de luxe et de l’électronique, en plus d’avoir un impact social positif». L’impact social reste à démontrer.

Quant à www.everledger.io elle commencerait à offrir des solutions à l’industrie diamantaire, en planifiant d’élargir ses services à des montres de luxe, sacs à mains, voire même au marché de l’art. Donc, meilleur traçabilité pour des biens de haute valeur dont la provenance est souvent liée à des certificats ou des reçus qui peuvent être facilement perdus voire falsifiés. La start-up prévoit pour les diamants de créer une empreinte digitale multi-niveau en y intégrant une multitude de meta-data. Et la retaille des diamants ? Pour finir dans l’industrie du sport, mentionnons www.chronicled.com, qui elle, via ses réseaux de sneakers experts, détaillants et partenaires, cherche a insérer des puces intelligentes (Smart Tag) dans les paires de chaussures de sports, leur donnant ainsi une présence digitale sur internet, donc la finalité est là aussi d’optimiser la traçabilité et de lutter contre la contrefaçon. Et in fine… de collecter des paramètres d’utilisation.

Et demain? Votre sac Hermès - fruit des mains d’Hermès www.lesmainsdhermes.com et du savoir-faire de ses artisans - sera-t-il, lui aussi connecté à l’internet des objets (IoT) ? Avec quel bénéfice et pour qui ? Quelle sera alors la réaction d’une clientèle aisée, de plus en plus discrète en ces temps d’hyper transparence et d’inégalités galopantes? Verra-t-elle d’un œil favorable, qu’en plus de son portable et de ses futurs habits connectés, ses biens de luxe soient traçables et … reliés aux 99 %?

Un peu de recul 1. La convergence du luxe et de la technologie n'est plus à démontrer: puce RFID associée aux diamants pour garantir leur origine; cartes NFC pour authentifier votre montre et vous donner accès a des clubs horlogers VIP; nouveau partenariat entre Mastercard et WIsekey pour faire des «luxury wearable des instruments de paiement»; l’émergence des Smartwatches (Apple, Samsung and Co) snobées (au début) par certains caciques du landerneau horloger helvétique; la mise en place de la Horological Smartwatch Open Platform par la Manufacture

Modules Technologies (MMT), la «Smart-surferisation» de certaines marques horlogères (Mondaine, Tag Heuer, Frédérique Constant, Alpina and Co), le 1er tourbillon imprimé en 3D www.laimer.ch, sans oublier un Luxury Hackaton organisé en novembre dernier par une marque française soucieuse d’anticiper les tendances du luxe grâce a «des applications combinant algorithme prédictif, machine apprenante (machine learning) et intelligence artificielle». Rupture dans l’écosystème de l’horlogerie suisse traditionnelle à l’horizon. 2. L’émergence de la technologie Blockchain dans l’écosystème du luxe n’en est qu’à ses débuts. L’expérience de la lutte contre la fraude et la contrefaçon de certaines start-up glanées dans l’industrie pharma ne sera pas de trop pour convaincre les marques de luxe de s’engager. L’intégration fort probable de cette technologie va mettre à mal les intérêts financiers et économiques de l’écosystème qui profite du business de la lutte contre la contrefaçon. 3. L’implication de certains groupes de luxe dans des projets liés a la technologie Blockchain est palpable. Attendons-nous à les voir investir, voire à racheter ces start-up; et pourquoi pas à développer leur propre monnaie virtuelle (Rolexcoin, Keringcoin, etc). L’une des questions est de savoir comment réinvestiront-ils les gains financiers engendrés par la technologie Blockchain? Tripleront-ils leurs investissements en matière de Responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE)? Mobiliseront-ils leurs employés et parties-prenantes, vers la contribution à la réalisation d'un ou plusieurs des 17 objectifs de Développement Durable des Nations Unies (United Nation Sustainable Development Goals 2030) sustainabledevelopment.un.org 4. Quelles opportunités pour les organismes de standards et de certifications, tels le Responsible Jewelry Council, avec la technologie Blockchain? 5. L’acceptation de Bitcoin dans l’écosystème de l’industrie du luxe – d’abord comme monnaie alternative - va s’accentuer. Actuellement, si vous souhaitez dépenser vos Bitcoin, commencez par en acheter chez www.bity.com, c’est à Neuchâtel, donc du local; puis suivant votre humeur et niveau de portefeuille, achetez vos diamants chez www.lieblingskapital.de; vendez votre maison de maitre ou votre propriété aux Iles Fidji, voire vos Rolex, Ferrari et consort sur www.bitpremier.com – «a Luxury Bitcoin-only marketplace»; ou plus simplement achetez des pièces d’or ou d’argent sur www. bitcoincommodities.com Et si une envie soudaine d’un vol suborbital vous titille, Richard Branson is back avec son tout nouveau Space Ship; il se fera un plaisir d’accepter vos 569.228422 BTC. La révolution Blockchain ne fait que commencer.


BUSINESS & TENDANCES

EUROPA STAR PREMIÈRE | 23

Corruption, dopage, infidélités: quel impact sur les sponsors?

par

Sebastian Chiappero, Sponsorize,

fondateur du cabinet

Genève

Les investissements sponsoring mondiaux constituent un marché immense: ils vont représenter quelque 55 milliards de francs cette année. Et à ce jeu-là, le sport remporte la part du lion, attirant environ 33 milliards de francs d’investissements par an. Or, les récents scandales ayant entaché la réputation de la FIFA (qui a engrangé sur la période 2011-2014 un chiffre d’affaires supérieur aux PIB du Libéria et du Burundi réunis, à savoir quelque 5,7 milliards de dollars!) démontrent que lorsqu’il y a une concentration de richesse et de pouvoir, les risques de corruption augmentent drastiquement...

Le dopage n’a pour l’instant pas eu d’impact significatif sur l’investissement des sponsors dans le cyclisme. Le feuilleton de la FIFA a fait (et continue de faire) les gros titres depuis des mois. Toutefois, on a moins parlé d’un point important: l’impact de ces affaires sur les sponsors. L’ensemble des marques qui se lancent dans le sponsoring le font pour des raisons d’image mais aussi et surtout afin d’augmenter leurs ventes. Comment gèrent-elles le «scénario du pire», lorsqu’elles peuvent se retrouver associées à des mauvaises pratiques, alors que l’attention publique scrute des organisations réputées corrompues? Le cas récent de l’horloger suisse Parmigiani est emblématique. Quel était son objectif en offrant 28 chronographes Pershing aux 28 membres du comité exécutif de la FIFA, aux représentants des 32 équipes qualifiées pour le Mondial 2014 au Brésil ainsi qu’aux 10 membres de la Confédération sud-américaine? Leur offrir des cadeaux? Etendre son réseau et ses contacts dans le monde du football ? Une chose est sûre: la frontière est ténue entre cadeaux, influences commerciales et corruption...

De la même manière, le cas de Nike, soupçonné par le FBI de corruption, résonne fortement à nos oreilles. Côté pile l’équipementier se dit inquiet des agissements de la FIFA et réclame de l’ordre et une transparence totale; côté face, la marque à la virgule est elle même impliquée dans un cas de corruption visant à obtenir le sponsoring de l’équipe du football du Brésil pour un montant d’environ 160 millions sur dix ans.

de manière aussi négative qu’en Occident; par conséquent, il a décidé de poursuivre son partenariat avec Tiger Woods jusqu’au terme de son contrat, continuant de tabler sur l’impact positif du sportif sur ses ventes en Chine.

Keith Allison@Flickr

La mauvaise réputation de la FIFA – et les scandales entourant l’organisation – a rejailli sur plusieurs de ses partenaires, dont Parmigiani. Cependant, le précédent de Festina dans le cyclisme casse certaines idées reçues sur le «bad buzz». Décryptage.

Des parrains devenus «parrains»? La notion d’éthique dans le monde des affaires est toujours très floue. La question fondamentale n’est pas celle du «bien» ou du «mal» mais des gains ou pertes liés à des scandales! En d’autres termes: quel est l’impact réel de ces cas de corruption, dopage ou d’infidélité d’am-

bassadeurs sur les ventes de leurs sponsors? Ainsi, il est intéressant de remarquer que le dopage n’a pour l’instant pas eu d’impact significatif sur l’investissement des spon-

sors dans le cyclisme. En outre, les gains générés par les parrains de la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques contrebalancent les effets de possibles ruptures de contrats de sponsoring liés à des cas de corruption ou de dopage. Enfin, il conviendrait d’analyser le rôle du troisième homme qui s’invite dans la danse: le fan, cette cible que fédérations sportives comme sponsors cherchent à atteindre. Loin d’être passif, il a de plus en plus de poids sur l’image des sponsors et des fédérations sportives, par son implication dans l’arène médiatique. Le digital bouleverse en effet la relation entre sponsors et consommateurs. Des marques telles que Red Bull ont anticipé le phénomène en contrôlant à 100% leurs sponsorings et les données qui y sont générées. L’entreprise au taureau a crée elle même ses propres plateformes et univers dans les domaines du sport, de la culture, du divertissement (Red Bull academy music, Red Bull flying illusion). Au fond, quelle meilleure garantie pour le sponsor que d’organiser luimême ses événements?

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L’effet inattendu de Tiger Woods Les pressions des actionnaires sur l’augmentation des ventes et la rentabilité engendrent forcément des pressions sur des opérations sponsoring de plus en plus directement corrélées à l’augmentation du chiffre d’affaires. Les sponsors ont établi des règles internes d’audit afin de réduire les risques de corruption. Toutefois, la problématique est complexe: lorsque, du côté des fédérations sportives, le pouvoir décisionnaire est concentré entre les mains de quelques individus seulement, il devient tentant de leur offrir des «faveurs» afin d’influencer leurs décisions. Quels peuvent être les effets de voir sa marque entachée par des cas de corruption? Disons le tout de suite: si l’image est fondamentale pour une entreprise, l’élément-clé reste de déterminer si une bonne ou mauvaise influence sur son image publique impacte directement ou non les ventes. Pas forcément dans le sens qu’on croit! De ce point de vue, le cas Festina est intéressant: la marque a vu son chiffre d’affaires bondir après les cas de dopage de son équipe pendant le Tour de France... En effet, l’exposition qui a été donnée à son logo a eu un effet bénéfique sur les ventes. Le cas de TAG Heuer et de son ambassadeur infidèle Tiger Woods est tout aussi révélateur. Après des révélations sur les multiples maîtresses du sportif, plusieurs sponsors ont mis un terme à leur collaboration avec le golfeur. L’horloger suisse à quant à lui choisi une autre option: très pragmatique il a remarqué qu’en Chine, le fait d’avoir plusieurs maîtresses était un signe de puissance, pas forcément vu

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BUSINESS & TENDANCES

24 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Horlogerie et haute couture, une stratégie cousue main Quand la plume relie les deux mondes

DR

La Dior VIII Grand Bal, dont les différents – et toujours réussis – traitements de la masse oscillante placée au-dessus du cadran évoquent une robe virevoltante.

Vous et Duoplan partagent agréablement le podium avec les fourreaux et robes smoking ou millefeuille de tulle survoltés du couturier. Alexis Mabille s’explique sur sa vision de la haute couture: «Son vrai visage, c’est un rapport intime, sensuel et passionné, un savoir-faire exceptionnel au service d’un individu, de la femme.» Une déclaration d’amour en forme d’avantage collatéral pour Jaeger-LeCoultre, qui réaffirme ainsi un attachement de toujours à sa clientèle féminine.

Injecter du rêve à tout prix: tel est le sentiment d’urgence qui se dégage de nombre de créations horlogères destinées aux femmes. Avec force décorum, les marques n’en finissent pas de sortir le grand jeu, multipliant les références à la haute couture. La tendance, parfois lourde, s’intensifie. Laurence Janin,

www.laurloge.com

La haute couture s’est construite sur une rupture. Entre l’«avant», époque où les femmes choisissaient un modèle que leur tailleur se chargeait d’exécuter, et l’«après», celui des collections présentées par des mannequins vivants, il est un homme, ambitieux et visionnaire: Charles Frederick Worth, qui crée à Paris la première entité destinée à entériner les codes de ce qui deviendra la «haute couture», une appellation juridiquement protégée émanant d’un décret de 1945. Cette sécession dans l’histoire du vêtement a changé pour toujours notre vision. D’un côté l’habit du quotidien, de l’autre le luxe, catalyseur de désir. Si certains (bien nommés) fashion shows cèdent aujourd’hui à la dictature de l’entertainment, la magie de la couture n’en demeure pas moins intacte. Et l’horlogerie s’en est inspirée, avec l’espoir de se hisser vers de nouveaux sommets.

Quand Jaeger-LeCoultre s’associe à Alexis Mabille qui fête alors les dix ans de sa maison, par exemple, la stratégie est doublement gagnante. Les montres précieuses de la manufacture de la Vallée de Joux sont présentées (et immortalisées dans l’ouvrage du photographe Matthew Brookes) sur un pied d’égalité avec des créations de haut vol. Rendez-

Dior, maître de l’exercice

DR

par

Tous deux étant voués à l’excellence, le rapprochement entre les deux univers constitue une manœuvre habile. Et parfois redoutable en diable. Qui, comme chacun sait s’habille en Prada: hélas, la maison milanaise s’en tient à ce jour à des montres très prêt-à-porter... Mais l’exercice d’association entre haute couture et horlogerie donne parfois lieu à d’extraordinaires réalisations. Chez Dior, légitimité oblige, il est parfaitement maîtrisé. J’en veux pour preuve la Dior VIII Grand Bal, dont les différents – et toujours réussis – traitements de la masse oscillante placée au-dessus du cadran évoquent une robe virevoltante. La mise en avant des savoir-faire d’une maison est une chose; c’en est une autre de savoir

La caution couture suffitelle par ailleurs à justifier le prix (élevé) d’une montre en dehors de la présence de diamants ou de complications? créer une réelle symbiose entre haute couture et horlogerie, de sorte qu’en un clin d’œil la filiation soit évidente. Pour Monsieur Dior, la soie représentait «la reine des matières, la plus ravissante, la plus féminine, la plus enchanteresse, avec toutes les qualités que la nature donne aux choses et que nous ne pouvons égaler» (Petit dictionnaire de la mode, paru en Angleterre en 1954 et traduit en français… en 2007!). La maison imagine alors une masse oscillante ajourée, habillée d’un délicat tissage de fil de soie travaillé du bout du fuseau par une dentellière du Puy, berceau de la dentelle française depuis le XVIème siècle. Le tissage de ce fil de soie d’un mètre cinquante réalisé en trois passages décalés a nécessité le développement d’une technique sur mesure, tandis que la masse invisible en or et tungstène a fait l’objet de 18 mois de recherche et développement et d’un dépôt de brevet. Magistrale démonstration.

La tendance lourde du moment est souvent légère comme une plume. Les plumassiers sont convoités, et parmi eux Eric Charles-Donatien, ancien directeur artistique de la maison Lemarié (Chanel Paraffection). Selon lui, la plume, matière animale et sensuelle à l’instar de la fourrure, est depuis toujours liée à la haute couture. Mais la vélocité que connaît cette industrie, tant dans le rendement qu’on lui impose que du fait de l’hégémonie des réseaux sociaux, a créé un engouement encore plus fort pour ce métier d’art spectaculaire. Il n’en fallait pas plus pour que l’horlogerie s’y intéresse. Nombre de cadrans en marqueterie de plume ont vu le jour. Eric Charles-Donatien salue la performance technique, mais pour lui, la difficulté du métier réside dans le fait de créer du vivant avec des animaux morts. A la plume, il insuffle du lyrisme à l’occasion d’une collection capsule pour la jeune marque horlogère indépendante FOB-Paris. Les rémiges juxtaposées sur un cadran? Très peu pour cet artiste. Il les imagine travaillées en écaille, sur des bracelets nerveux au lexique tant masculin que féminin. Cette association en bonne intelligence avec FOBParis, Eric Charles-Donatien l’envisage de façon pérenne, convaincu qu’on ne crée l’identité d’un produit qu’en l’inscrivant dans la durée.

Unions éphémères On s’interroge tout de même sur la portée du mariage entre horlogerie et haute couture, souvent esthétiquement réussi, mais qui ne saurait durer au-delà du temps imparti à toute union marketing. La caution couture suffit-elle par ailleurs à justifier le prix (élevé) d’une montre en dehors de la présence de diamants ou de complications? Enfin, le poids économique de la haute couture étant relativement faible, est-il vraiment judicieux de prôner l’analogie entre les deux univers ? L’exercice demeure intéressant, car à défaut d’incarner une industrie florissante, la haute couture reste un symbole, au sens défini par le sociologue Pierre Bourdieu, à savoir un haut lieu d’une sacralité tributaire suscitant une dévotion sans réserve. Une ferveur avec laquelle l’horlogerie souhaite instamment renouer...



CONFIDENCES À L'ARCADE

26 | EUROPA STAR PREMIÈRE

Artya: l’esprit du bushido

ment. C’est une discipline de fer. J’ai dû faire face à 34 procès dans ma vie, jamais je n’en ai intenté un moimême mais je réponds en mordant lorsqu’on m’attaque et je les ai tous gagnés. C’est aussi ce qui m’a permis de lancer Artya en 2010. Car il faut du courage pour lancer une marque indépendante, sans compromis certes mais aussi sans le sou au début... L’un des seuls qui m’ait soutenu alors était Jacob Arabo: je l’ai aidé à relancer sa marque. On a parfois du mal à «cerner» la marque Artya. Pouvez-vous nous en donner quelques repères? En tant que maison familiale et indépendante, nous ne bénéficions certes pas de la visibilité ni de la force de frappe des géants de l’horlogerie. Je travaille notamment avec mon épouse Dominique, qui a lancé des cadrans Butterfly – avant Harry Winston, je tiens à le souligner! Notre particularité est que nous couvrons toutes les gammes de prix, puisque nous proposons des montres allant de 3'000 à 800'000 francs. Du jamais vu chez un nouvel indépendant: les autres marques récentes font soit du volume dans de l’entrée de gamme, soit se concentrent sur la niche haut de gamme. Nos premiers modèles étaient «foudroyés» selon une technique particulière. C’est ce qui nous a fait connaître. Puis j’ai lancé la série des «Son of...» L’ADN de la marque, c’est la créativité. Cette année, j’ai deux objectifs: lancer des hautes complications et promouvoir la nouvelle ligne Race, qui a fait un démarrage en trombe. Quel est le profil de vos clients?

Il est connu comme le loup blanc. Craint par les uns, admiré aussi, haï par un certain nombre, Yvan Arpa, le fondateur d’Artya, une des marques horlogères les plus en rupture de notre décennie, ne laisse pas indifférent, avec un caractère très polarisant. On l’attend au tournant! par

Serge Maillard

Comment êtes-vous tombé dans le chaudron horloger? Mon parcours est assez atypique. J’ai commencé comme professeur de mathématiques. Après quelque temps d’enseignement, je suis parti en Thaïlande, où j’ai pu assouvir ma passion des arts martiaux en pratiquant des combats, dans une discipline que l’on pourrait qualifier d’ancien MMA. A l’époque, très peu d’étrangers pratiquaient cette discipline en Asie. Puis j’ai entrepris de traverser la PapouasieNouvelle-Guinée à pied, ce qui m’a pris un certain temps. Là, j’ai vécu un choc créatif: il y a des centaines d’ethnies, de formes d’art et de langues sur cette île. En rentrant en Suisse, j’ai décidé de me consacrer à une industrie «endémique» helvétique: la banque ne m’intéressait

pas, j’ai opté pour l’horlogerie... Chez qui avez-vous débuté? Au sein de la marque italienne Sector, où j’ai travaillé sur du marketing analytique, en particulier au lancement du concept «No limit», qui est devenu iconique de cette marque dévolue aux sports extrêmes. Richemont m’a alors proposé de rejoindre le groupe, ce qui m’a permis de me rapprocher du produit: la montre reste tout de même le nerf de la guerre de cette industrie! Chez Baume & Mercier, nous avons entre autres resserré à cette époque le nombre de références et lancé des lignes à succès comme la Catwalk ou la Hampton. Puis je suis passé chez Hublot à la grande époque de la Big Bang: j’appréciais aussi la démarche et les valeurs du propriétaire, qui reversait une partie de ses revenus à un orphelinat en Inde. En moyenne, je suis resté

quatre à cinq ans dans chacune de ces sociétés. Mais la limite de l’exercice est émotionnelle: à la fin, même si vous avez une approche rationnelle et des ambitions, c’est le patron qui décide, selon son instinct... Dans un groupe, c’est lorsqu’on a l’impression d’avoir tous les leviers en main qu’on ne les a plus! C’est en 2006 que vous vous lancez dans l’aventure Romain Jerome... Les propriétaires de cette jeune marque, qui s’était alors spécialisée dans les montres de golf, m’ont d’abord contacté pour un audit. Cette mission s’est transformée en un exercice de relance audacieuse de la marque. Ma condition était de bénéficier d’une vraie liberté créatrice. La première montre que j’ai lancée était la Titanic, une pièce provocatrice contenant des débris du navire. Puisque le nom de la marque n’était pas très connu, il fallait s’associer à une icône, avec en outre une «antimatière», de la rouille! Sans héritage séculaire, c’est le produit qui doit être la star. On me considère comme un «allumé» mais j’ai une approche rationnelle, des hypothèses de travail sérieuses... Au début, tout le monde m’est tombé dessus, sauf quelques journalistes avisés qui ont pris le temps de m’écouter. L’avenir a fini par confirmer la ligne créatrice que

j’avais initiée. Ce qui peut choquer les âmes les plus sensibles, c’est que je ne fais pas de compromis. II faut dire que ma philosophie repose sur les valeurs du bushido, la base conceptuelle des arts martiaux. C’est-à-dire? Respect, courage, bienveillance, loyauté. Je suis quelqu’un de «facial», je vais toujours dire les choses et je les exprimerai en face-à-face. Je ne vais pas prendre de voies détournées. C’est ce qui m’a permis de rebondir et de tenir le coup lorsque l’aventure avec Romain Jerome s’est terminée abruptement. J’aurais pu sombrer moralement et financière-

J’attire des gens ou des peuples qui cherchent un «supplément d’âme». Au fond, acquérir une montre reste un achat tribal. Je ne cible pas celui qui est fier d’avoir une montre de marque, mais le client qui cherche un produit plus pointu, hors norme, et qui en a assez de voir les mêmes modèles conventionnels aux poignets de ses amis. Je pourrais rester dans une prison dorée, par exemple me concentrer sur mon modèle Roulette russe qui a très bien marché et me contenter d’en faire des déclinaisons, mais cela ne me nourrit pas sur le plan créatif... Sur le plan financier peut-être. Mais la créativité, c’est mon exutoire, ma catharsis, mon moteur!

L’OBJET

Black Belt «Avant Artya, j’ai lancé une marque de montre destinée aux amateurs d’arts martiaux, nommée Black Belt Watch. Ce qui me plaisait dans ce concept était que l’argent ne pouvait acheter ce produit: pour l’acquérir, il fallait montrer sa ceinture noire. En même temps, c’est un gros marché: il y a 17 millions de ceintures noires dans le monde! A la base, il n’y avait qu’un seul modèle mais je ne voulais pas être sectaire, d’autant que le produit plaisait: désormais, pour pouvoir acquérir un modèle, il faut «simplement» s’engager à respecter les codes du bushido. C’est affaire d’éthique et d’exigence personnelle: si vous estimez être en accord avec ces valeurs, la montre est pour vous! Dans le cas contraire, vous serez seul face à votre conscience...» (Yvan Arpa)


CONFIDENCES À L'ARCADE

EUROPA STAR PREMIÈRE | 27

Pequignet, dernier rempart du Made in France Une manufacture peuplée d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur... Si les grandes maisons parisiennes ont toutes opté pour le Swiss made, Pequignet est le porte-voix de l’horlogerie enracinée en France. Entre calibre maison et modèles féminins accessibles, un parcours semé de créations mais aussi d’embûches. Rencontre avec l’un de ses sauveurs – et son directeur actuel – Laurent Katz. par

Entre ceux qui sont équipés de mouvements manufacture ou non, quels modèles sont les plus porteurs actuellement? Sur certains marchés, comme l’Allemagne, nous ne proposons pour l’heure que les modèles les plus haut de gamme, avec calibres maison. Mais nous voudrions introduire les autres collections. De manière générale, on sent en effet clairement un ralentissement sur les modèles manufacture, les plus chers, entre 4'000 et 7'500 euros. Ceux-ci ne représentent cependant que le tiers de notre production. Notre cœur de gamme reste en effet la montre entre 1'000 et 3'000 euros, avec le modèle Trocadero comme bestseller. A la reprise, nous ne voulions produire que des montres pour femmes. Nous avons tout de même lancé des modèles masculins, à raison: aujourd’hui ils constituent 40% de nos ventes!

Serge Maillard

Avec votre associé, tous deux externes au sérail horloger, vous avez investi une somme considérable à l’été 2012 pour sauver Pequignet, alors en faillite. Près de quatre ans plus tard, quelle est la situation? Nous revenons de loin! Mais je dois dire qu’en reprenant la société, je ne pensais pas que j’aurais autant à m’investir personnellement dans sa conduite et que je passerais toutes mes semaines à Morteau... Nous avons dû nous initier à grande vitesse à l’horlogerie. En 2012, Pequignet avait réussi un beau tour de force en sortant son mouvement maison, le Calibre Royal. Mais la marque s’était coupée de ses principales sources de revenus: les montres femmes moyen de gamme. Ce qui avait conduit au dépôt de bilan. Nous avons appris par voie de presse que Pequignet était en redressement judiciaire. Le coma était assez profond et le pari n’était pas gagné d’avance... Quelles mesures avez-vous alors engagées? La première était de résoudre les problèmes techniques et les délais de paiement qui portaient atteinte à la réputation de la marque et de restaurer ainsi la confiance vis-à-vis des fournisseurs, des détaillants et des clients. Nous avons ouvert un grand chantier, mis des règles en place, appris le métier sur le tas, grâce notamment au soutien

manufacture française, je dois dire que nous sommes un déçus que cet aspect ne change pas davantage la perception des consommateurs en France. Je garde tout de même espoir d’une plus grande reconnaissance, au moins dans nos frontières, car la France représente tout de même la moitié de nos ventes. Nous aimerions y connaître la même croissance qu’à l’étranger: les Japonais plébiscitent les produits français, nous enregistrons des signes encourageants à Singapour mais aussi dans les pays arabes. Au final, c’est surtout en Europe que le fait de ne pas être Swiss made peut être vu comme rédhibitoire; dans le reste du monde, le design est plus important que le label.

Quel bilan tirez-vous de 2015?

«Nous sommes une locomotive un peu malgré nous: j’aurais préféré que les maisons parisiennes se battent à nos côtés pour la reconnaissance du Made in France!» du directeur technique. Les équipes ont pu être maintenues. C’était passionnant mais assez âpre. Ce qui pêchait, c’était la gamme non-manufacture. Il était difficile d’établir une identité pour une marque qui oscillait entre l’entrée et le haut de gamme. Le pari précédent avait été de proposer une montre à complication à 5'000 francs. L’équation était ambitieuse. Il aurait fallu être une marque de volume pour réussir. Nous aurions certes pu opter pour une stratégie de monter encore da-

vantage en gamme, avec des prix correspondants. Nous avons préféré calmer le jeu. C’est-à-dire? Pendant six mois, nous avons arrêté la vente des modèles équipés du Calibre Royal et nous nous sommes concentrés sur le service aprèsvente, qu’il s’agissait de désengorger. Parallèlement, nous avons dynamisé les collections féminines. Mais les «temps horlogers» sont très longs: entre une décision et son application, il se passe généralement de 12 à 18 mois... C’était une surprise pour nous, qui venions du monde du hightech. Les mesures ont commencé à livrer leurs effets après l’édition 2014 de Baselworld: quelque chose frémissait à nouveau, notamment autour de la nouvelle collection Moorea. Cette même année, nous avons pu fêter les 40 ans de Pequignet, en présence de son fondateur, un autodidacte, Emile Pequignet. C’était un beau symbole.

Vous êtes le fer-de-lance du Made in France, alors que l’immense majorité des horlogers hexagonaux a traversé le Jura. Avec quel impact? Nous sommes une locomotive un peu malgré nous: j’aurais préféré que les maisons parisiennes se battent à nos côtés pour la reconnaissance du Made in France! Car en tant que

Une bonne progression, certes moins que prévue initialement vu les conditions de marché difficiles pour l’industrie. La production a été de 8'000 montres, nous visons plutôt les 10'000. Nous avons surtout ressenti une croissance des exportations vers l’étranger «lointain». L’Europe est restée stable. Au niveau des produits, le modèle qui a le mieux marché est une réédition de l’Equus, pour les 40 ans de la marque. Cela indique que nos clients ne se reconnaîtraient pas dans des produits «osés»: nous avons un riche patrimoine à exploiter; le risque, dans nos gammes de prix, serait de céder à la tentation de faire de la montre de mode.

L’OBJET

Clé USB «Avant de venir à l’horlogerie, mon associé et moi-même sommes à l’origine issus du monde du high-tech. J’ai notamment travaillé chez Microsoft. Lui-même a lancé la compagnie LaCie, à laquelle j’ai collaboré pendant 10 ans, et il a notamment conçu des clés USB, dessinées avec de grands créateurs comme Philippe Starck. Aujourd’hui, on a toute sa vie sur ces disques durs portables. Ils illustrent aussi le côté très nomade de notre civilisation. Personnellement, je suis toujours sur les routes, entre Morteau, Paris et l’étranger. C’est cela, aujourd’hui, la vie d’horloger!» (Laurent Katz)


CONFIDENCES À L'ARCADE

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Dans les coulisses horlogères des Galeries Lafayette Outre son grand magasin parisien, la société détient le plus grand réseau de distribution de montres en France, Louis Pion, ainsi que les magasins d’horlogerie de luxe Royal Quartz. Rencontre avec la nouvelle directrice de ces enseignes, Daphné Barré de Jenlis. par

Serge Maillard

Vous appartenez aux Galeries Lafayette, très connues pour leurs grands magasins à Paris et dans le monde. Comment vous inscrivez-vous dans cette galaxie? En 2007, les Galeries Lafayette ont racheté Louis Pion, après avoir déjà repris Goldy et EuropaQuartz en 2005 en France. Cela leur a permis de compléter leur portfolio horloger et de réorganiser ces entités pour arriver à la structure actuelle, qui est composée de deux branches. L’une, Royal Quartz, est active dans la distribution horlogère de luxe, avec des partenaires comme Rolex, Omega et Cartier. L’autre, Louis Pion évolue dans le créneau mode et lifestyle, avec un portefeuille de plus de 70 marques y compris les montres connectées les plus récentes. Les deux enseignes sont présentes partout en France, ainsi que dans les aéroports et bien sûr dans la plupart des magasins Galeries Lafayette. Nous avons une troisième fonction: nous nous occupons aussi directement des achats horlogers et de la vente de montres dans le grand magasin du Boulevard Haussmann, le plus connu parmi les Galeries Lafayette. Etes-vous le plus grand distributeur horloger en France? C’est le cas de Louis Pion, avec plus de 135 points de vente. Ce réseau dense et établi de longue date est l’un de nos atouts principaux. Avec 10 enseignes, Royal Quartz est beaucoup plus exclusif. Qui était Louis Pion? Le fameux Mr. Pion... (rires) Nous sommes justement en train de conce-

voir une identité masculine et féminine pour la marque, car il faut savoir que nous nous adressons tant aux hommes qu’aux femmes dans nos points de vente. Mais non, Mr. Louis Pion n’a pas existé! A l’origine, la marque s’appelait simplement Pion. Pour la rendre plus personnelle, le prénom «Louis» a été ajouté par la suite. Un prénom très important, très intemporel et qui revient à la mode d’ailleurs! Il y a une jolie reconnaissance de cette marque, notamment en région parisienne, où elle est connue autant comme distributeur horloger que comme marque de montres. Quelle gamme de prix couvrez-vous? Dans les enseignes Louis Pion, cela va de 35 à 1'500 euros. Et Royal Quartz part de 1'000 euros jusqu’à l’infini... En ce qui concerne cette deuxième enseigne, notre boutique historique est celle de la Rue Royale au centre de Paris. Nous sommes également présent dans les aéroports de Paris, via un partenariat exclusif. Enfin, nous avons racheté en 2012 Augis, qui est un horloger-joailler lyonnais, la référence dans cette ville.

Suisse est un pays que je connais bien depuis longtemps, car j’y ai une partie de ma famille.

Quand avez-vous repris la direction de ces marques?

Aux Galeries Lafayette, dans le magasin historique, on est surpris par les dimensions de l’espace horloger! Pourquoi tant d’importance?

En 2014. Auparavant, j’étais déjà dans les Galeries Lafayette depuis plusieurs années, où je me suis occupée notamment du planning stratégique pour le grand magasin, d’achats au sein des accessoires (maroquinerie et joaillerie), donc c’était un mouvement assez naturel de passer à la montre, qui est l’un des plus beaux accessoires! Je découvre un nouvel univers, constitué de beaucoup de légendes. Par ailleurs la

Plus de 37 millions de visiteurs se sont rendus dans le magasin l’an passé, ce qui en fait une destination touristique à part entière. Donc il faut s’assurer que chacun puisse y trouver son plaisir, que l’on soit Chinois ou Russe! Nous représentons presque tous les plus grands noms de l’horlogerie. Ce large spectre de marques, ainsi qu’une sélection important de modèles au sein de chaque marque, sont des atouts importants. Le reste

«Ce que je crois, c’est qu’un client multimarques aura toujours besoin d’un choix et d’un conseil juste et non biaisé. Il restera fidèle aux enseignes multimarques.»

de nos enseignes s’adresse principalement à la clientèle locale française, qui nous est très fidèle. Il doit y avoir une concurrence féroce entre les marques horlogères pour avoir le plus de visibilité pos-

sible au sein d’un espace aussi important que les Galeries Lafayette. Comment arbitrez-vous? Je vous confirme que les échanges sont nombreux et intenses avec toutes les marques que nous représentons! Pour moi, c’est important de venir les voir, de tisser des liens solides avec chaque marque, de bien se connaître. C’est essentiel. J’ai un dialogue avec les représentants des marques en France mais je viens aussi régulièrement en Suisse. Il faut surtout savoir se mettre à la place du client: au final, c’est lui qui décidera. Ce que je crois, c’est qu’un client multimarques aura toujours besoin d’un choix et d’un conseil juste et non biaisé. Il restera fidèle aux enseignes multimarques de qualité. Quelles sont les tendances de vente?

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Il est clair que l’environnement horloger est instable, tant en raison du climat sécuritaire en France que de la campagne anticorruption en Chine ou des variations du cours du pétrole en Russie et au Moyen-Orient. En revanche nous bénéficions de certains atouts, comme l’euro faible. Par ailleurs, nous avons renforcé nos efforts auprès de la clientèle locale ces 18 derniers mois et cela porte ses fruits. Sans titre-1 1

22.09.15 10:58


AILLEURS DANS LE MONDE

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«En France, le pouvoir d’achat a plus d’impact que le climat d’insécurité sur les ventes»

logers de luxe, fortement destinés à une clientèle étrangère fortunée, à la forte baisse de la fréquentation touristique, notamment à Paris. Le ralentissement horloger global se fait-il aussi sentir en France? La consommation de produits horlogers en France est, à l’image de la situation dans les autres pays frontaliers, en recul. Toutefois, ce recul (en volume) ne devrait être que de -1% sur 2014-2015 pour revenir à des niveaux similaires à ceux de 2009.

Baisse des volumes mais hausse de la valeur: le marché français suit les tendances globales, avec quelques particularismes hexagonaux, comme l’importance de la clientèle asiatique ou la volonté affichée par certains de reconstituer un pôle horloger national... sans oublier l’apparition de startup dynamiques. Entretien avec Simon Beillevaire, associé du cabinet Mazars en France.

Quel bilan global peut-être tiré de l’année 2015 sur le marché français de l’horlogerie? Le marché français de l’horlogerie en 2015 a de nouveau connu une légère baisse de la consommation, en volume. En effet, les produits horlogers traditionnels pâtissent de la concurrence de nouveaux produits comme les montres connectées et de la recrudescence des «supports horaires» utilisés par les consommateurs, tels les smartphones, les tablettes... Cependant, on constate que le niveau de consommation en valeur augmente progressivement: cela indique que les montres sont devenues un accessoire de mode à part entière et que le segment haut de gamme connaît un fort dynamisme. Du côté des fabricants, ceux-ci sont aujourd’hui soumis à une concurrence exacerbée sur le marché français avec une forte hausse des importations, notamment depuis la Suisse et l’Asie. En termes de segments, quelles gammes de prix ont le mieux ou le moins bien marché? Et quelles marques en particulier? Si la vente de montres de moins de 50€ domine encore le marché en

volume, à plus de 50%, la vente de montres de plus de 100€ augmente d’année en année, y compris sur le segment du luxe. Sur ce dernier créneau, la majeure partie des ventes revient aux grands acteurs horlogers (Swatch Group, Richemont, Rolex, LVMH) dont les marques (Longines, Tissot, Cartier, Rolex, Hublot, TAG Heuer,…) bénéficient d’une forte notoriété sur le territoire, tant auprès des Français qu’auprès des touristes fortunés. Les montres de milieu de gamme (environ 100€) sont également recherchées en France, portées par des marques telles que Morellato, Swatch ou Fossil. Enfin, on note aussi l’apparition de nouvelles marques françaises portées par de jeunes entrepreneurs tels que William L., des montres fabriquées en Chine qui allient design des grandes marques françaises et helvétiques, matériaux de qualité et prix bas (149€). Que pouvez-vous dire de l’impact des attentats et de l’insécurité sur le marché horloger français? S’il est encore difficile d’évaluer l’impact réel de l’insécurité sur le marché horloger français, certaines tendances de consommation peuvent nous donner quelques pistes de réflexion. Tout d’abord, plus de 50% des ventes de montres en France sont réalisées dans des bijouteries de centreville contre environ 25% en centres

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Où en sont des marques françaises comme Pequignet, Michel Herbelin ou Bell & Ross)? Le marché national est-il vital pour ces enseignes? La France rassemble encore de très belles maisons horlogères, pour la plupart actives sur le segment de la montre de luxe. Parmi les entreprises les plus importantes (en termes de chiffre d’affaires) en France, il faut citer Christian Bernard, Bodet, Montres Michel Herbelin, Montres Ambre et Pierre Lannier. À l’image de la marque Bell & Ross, près de 80% du chiffre d’affaires des horlogers français sont réalisés à l’export. Cependant, on note que le marché français reste un socle pour de nombreux horlogers. En 2011, le groupe Christian Bernard ne réalisait que 16% de son chiffre d’affaires à l’export. Pour ne citer qu’un autre exemple, les montres Michel Herbelin représentent aujourd’hui environ 30% du marché horloger français dans la gamme de prix s’étalant de 300€ à 2 000€.

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Propos recueillis par Serge Maillard

cières. Entre 2007 et 2008 puis entre 2012 et 2013, les ventes ont baissé d’environ 9%, reflet d’une situation économique instable en France. En revanche, on remarque que le prix moyen des montres et les ventes de montres (en valeur) n’ont eu de cesse d’augmenter, reflet d’une stabilité du côté des ventes de montres de milieu et haut de gamme – à part peut-être en 2015 où Paris, haut lieu du luxe mondial, a été plutôt déserté par les touristes fortunés.

«On note l’apparition de nouvelles marques françaises portées par de jeunes entrepreneurs tels que William L., des montres fabriquées en Chine qui allient design des grandes marques françaises et helvétiques, matériaux de qualité et prix bas.» commerciaux et grandes surfaces, une tendance plutôt stable depuis 2008. Par ailleurs, le e-commerce renforce chaque année son positionnement sur ce marché. Ainsi, alors que les consommateurs ont choisi de se tourner vers les commerces de proximité et internet pour leurs achats de fin d’année et compte tenu d’un conditionnement approprié des articles horlogers pour les envois, il y a fort à parier que la légère baisse du chiffre d’affaires des horlogers en France (de l’ordre de -2% en 2015) ne sera pas imputable à la hausse de l’insécurité. Toutefois, comme l’indique un récent communiqué de presse de Swatch Group, il sera intéressant de corréler les ventes de produits hor-

En ce qui concerne la typologie des clients, qui domine entre clientèle étrangère, notamment asiatique, et clientèle locale? Les Français restent encore fidèles aux produits horlogers mais ceuxci se concentrent surtout sur des montres à moins de 50€ et jusqu’à 100€. Les produits plus luxueux sont quant à eux fortement impactés par la fréquentation touristique à Paris. Si les Japonais et les Américains sont les clients historiques des boutiques haut de gamme françaises, on constate que les Chinois et, plus récemment, les Brésiliens, constituent des cibles de choix pour le marché du luxe. Concernant les exportations françaises de produits horlogers, les principaux marchés étaient, en 2014, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne et la Suisse. La faible croissance française a-telle un impact particulier sur le marché horloger local? Les articles horlogers étant devenus des accessoires de mode plutôt que des produits utilitaires à part entière, on remarque que leur consommation est quand même liée au niveau de vie des français. Si l’on reprend les chiffres du Comité Francéclat depuis 2005 sur le volume des ventes, on remarque que les ventes sont relativement corrélées avec les crises finan-

Est-ce qu’une «réindustrialisation» horlogère en France vous semble un scénario envisageable à moyen ou long terme? La «réindustrialisation» horlogère française est un scénario auquel adhèrent certains entrepreneurs chevronnés qui souhaitent promouvoir le made in France. On pourrait citer Alexandre Bianchi ou LIP qui s’est réimplanté dans le bassin franc-comtois. Toutefois, plusieurs éléments freinent ce mouvement. Sur le plan de la rentabilité en premier lieu, pour être en mesure de fabriquer des montres de milieu de gamme, il faut importer de nombreux composants, souvent en provenance d’Asie. Sur le plan des ressources, les métiers horlogers nécessitent des formations de haut niveau et pâtissent d’un manque de candidats à l’entrée des lycées professionnels. Quant à ceux qui sont formés, notamment en Franche-Comté, région frontalière avec la Suisse, ceux-ci sont souvent attirés par les entreprises suisses, où les salaires sont plus élevés et la reconnaissance internationale. Enfin, du côté social, le tissu d’entraide entre fabricants de composants, de bracelets ou de mécanismes s’est étiolé avec le temps, parallèlement à la fermeture des usines. Cependant, avec l’appui de grandes marques historiques telles que Pequignet, Younger & Bresson ou Michel Herbelin et l’arrivée de nouveaux acteurs portant hautes les valeurs du made in France et de l’innovation, on peut encore espérer un renouveau pour l’industrie horlogère française.


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Vraies, fausses ou vraies-fausses montres Désormais, les contrefacteurs s’attaquent aussi au marché des montres de collection, dont les prix ont explosé. Et parfois, il suffit d’un tout petit détail – si facile à imiter – pour faire tripler le prix d’une montre. Fabrice Guéroux

Le marché des montres de seconde main et de collection a vu sa configuration quelque peu changer ces quinze dernières années. Si dans les années 90 les revendeurs n’étaient que quelques-uns à se partager une place de roi, il en va différemment aujourd’hui. Et cela peut facilement se comprendre lorsqu’on constate les différences de prix affichées par la grande majorité des modèles horlogers entre 1990 et aujourd’hui. Ce marché est désormais sorti de sa petite niche de collectionneurs et autres amateurs d’économies pour venir jouer dans la cour des grands. Il n’est donc pas rare aujourd’hui d’assister à des ventes horlogères record pouvant parfois se targuer de faire de l’ombre aux performances enregistrées dans des ventes d’œuvres artistiques anciennes ou contemporaines. A la source de ce retournement, nous trouvons tout d’abord une recrudescence d’engouement de la part du public. Certaines pièces horlogères, déjà considérées comme onéreuses il y a quinze ans, sont aujourd’hui passées du côté des modèles inabordables ou ont simplement rejoint le panthéon des prestigieuses montres de collection à part entière. Plutôt que d’appréhender le seul côté spéculatif de ce phénomène, il est intéressant de se pencher sur la révolution ainsi engendrée. Même si certains jugent encore à ce jour que le marché de l’occasion et celui du neuf sont deux marchés distincts, il existe des indicateurs évidents qu’il n’en est rien. Prenons, pour étayer cette théorie, quelques modèles de collection qui ont vu leur cote grimper et regardons l’influence de ce facteur sur le marché du neuf.

L’exemple des Rolex «Red» ou «Cornino» En feuilletant des catalogues de maisons de ventes aux enchères, nous pouvons voir que ce qui était du «tout-venant» il y a une quinzaine d’années est aujourd’hui devenu un produit prisé. Prenons comme exemple les Rolex Submariner et GMT-Master. Ici, quasiment impossible de faire une bonne affaire, la cote est posée et scellée, voire d’une précision absolue. Au-delà de ce phénomène viennent se greffer des facteurs comme certains modèles spécifiques baptisés «Red» pour la Submariner ou encore «Cornino» pour la GMT-Master 1675.

Sans vouloir en rien blâmer le marché de la montre de collection ni même la «création» de modèles rares, force est de constater que dès lors qu’un simple détail sur un gardetemps produit en grande série peut faire toute la différence, la porte à la contrefaçon s’ouvre de plus en plus grande. En effet, il est très facile pour un contrefacteur de produire un faux spécifique et de tripler ainsi la mise:

Trouver aujourd’hui une authentique Tudor de la Marine Nationale relève quasiment de l’exploit. à partir d’une simple Submariner référence 1680 par exemple, dont la cote oscille actuellement entre 5’000 et 6’000 euros… Et si on la transformait en Submariner Red, voire même en Comex, ou encore en version produite pour le Qatar, particulièrement recherchée? Il n’y a tout simplement pas de limites. Un acheteur de vintage, pour ce type de modèle, aura presque toujours comme motivation à l’achat l’espoir de réaliser une plus-value. Il est aisé pour lui de constater que les prix de certains modèles ont doublé, triplé ou quadruplé entre 2005 et 2014… Qu’est-ce qui rend ces modèles si prisés? Le cadran par exemple. Mais il n’y a rien de plus facile que de contrefaire un cadran! Quid lorsque l’acheteur, d’ici cinq ans, apprendra que sa Rolex Submariner Red est tout simplement fausse? S’il souhaite lui redonner son authenticité, il va falloir retrouver un cadran d’origine, bien patiné et non repeint. Des cadrans de montres anciennes se monnaient aujourd’hui entre 1’000 et 15’000 euros. Réinvestir de telles sommes dans un cadran, et de surcroit faire baisser la valeur de la montre pour la rendre authentique (remplacement d’un cadran par un cadran dit «de service»), représente tout simplement une perte sèche. Quant aux moyens de se retourner contre ce type d’escroquerie… ils ajoutent encore une somme considérable à la facture. Il existe des dizaines d’exemples semblables à celui-ci. Beaucoup en ont déjà fait les frais, certains y ayant réellement laissé des plumes. Une arnaque sur une Submariner, on peut relativement s’en remettre, mais lorsqu’il s’agit d’une soi-disant Comex ou d’une Daytona Paul Newman, c’est autre chose… La facture peut très vite grimper.

Contrefaçon Rolex Daytona Ref. 6263

Une arnaque sur une Submariner, on peut relativement s’en remettre, mais lorsqu’il s’agit d’une soi-disant Comex ou d’une Daytona Paul Newman, c’est autre chose… La facture peut très vite grimper.

Le marché de la montre de collection est lui aussi touché par la contrefaçon Il est donc intéressant de constater que le monde du faux ne touche pas que la montre contemporaine. Les modèles prisés du marché horloger ont vu leur cote grimper de façon impressionnante pour certains et, au grand étonnement de tout le monde, certains modèles ne sont pas prêts de baisser. Mais le marché de la montre de collection a commencé à être pollué par des pièces contrefaites et le phénomène continue telle une marée noire. Trouver aujourd’hui une authentique Tudor de la Marine Nationale relève quasiment de l’exploit. De plus, suivre l’évolution du marché des montres de collection est devenu relativement complexe. Il suffit que tel ou tel modèle réalise un record de vente pour que sa cote soit entièrement faussée. Prenons un exemple bien connu: la Rolex

Jean-Claude Killy vendue près de 650’000 dollars chez Sotheby’s en 2013… Un prix plutôt élevé pour une montre qui oscillait auparavant dans les 160’000 euros, au mieux. Quelques semaines plus tard, plus moyen d’en trouver à moins de 250’000 euros. Un autre facteur, l’état de la montre, tend lui aussi à perdre de son importance. Certains acheteurs sont aujourd’hui prêts à sauter dans le vide pour une montre oxydée. Compliqué… certes. Mais comment faire une bonne affaire sur un marché où la contrefaçon s’implante de plus en plus facilement et rapidement? La solution est de changer de fusil d’épaule et de ne pas se jeter tête baissée dans un achat. Mieux vaut réfléchir et apprendre ce qui est aujourd’hui devenu un véritable métier. Certaines pièces horlogères sont relativement faciles à contrefaire. La raison en est simple car ce qui fait la rareté d’un modèle est très souvent un détail visible: typographie (caractères utilisés sur le cadran), erreur de production sur une année, couleurs, insertions de logos… De plus, comme une montre n’est constituée que d’un boîtier, un cadran, un bracelet, des aiguilles et un mécanisme, nous pouvons dire que nous avons vite fait le tour. L’exemple le plus banal que nous pourrions trouver serait le suivant: il semblerait que Rolex ait produit une série de modèles GMT-Master pour l’armée, aux dires des «experts». Quelle armée? Certains vont parler du Pérou, de l’Argentine, de l’Arabie Saoudite ou encore de l’Italie. Allez savoir, aucun registre ou document ne permet à ce jour de déterminer la provenance de

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par

ces modèles équipés de lunettes entièrement bleues. Si cela donne à la montre un look vraiment superbe, principalement lorsque les index sont recouverts d’une belle patine orangée, nous noterons évidemment que le modèle est rare, donc très cher. Aussi pouvons-nous voir aujourd’hui sur le marché des simples Rolex GMT-Master «Blue Bezel» (lunette bleue ndlr) vendues plus de 10’000 euros… Où est le problème, me demanderez-vous? La lunette est le seul facteur qui fait de cette 1675 une version très rare. Et une lunette bleue contrefaite se trouve sur le marché du faux pour moins de 50 dollars… Difficile dans ces conditions de faire la part des choses. Le problème est donc bien présent et il en serait tout autrement s’il concernait des détails d’horlogerie pure, à savoir le mécanisme ou encore telle ou telle complication. Mais il n’en est rien. Aujourd’hui, la «place du roi» se partage entre trois marques tout au mieux. Il est donc plus que jamais d’actualité d’en apprendre un peu plus sur le sujet avant de se lancer dans des achats irréfléchis et mieux vaut s'adresser aux professionnels les plus sérieux du marché de la montre de collection. Vous voulez en savoir plus sur ce marché, apprendre à connaître les modèles et vous aider de supports techniques? Le livre «Vraies et fausses montres» de Fabrice Guéroux est disponible aux éditions Watchprint – www.watchprint.com


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La copie: âge d’or et décadence Depuis toujours, l’industrie de la copie constitue un pan important de l’économie. Les amateurs d’autrefois étaient cependant plus prestigieux que ceux des contrefaçons actuelles. Emmanuel-Alfred Beurdeley, l’un des maîtres de la reproduction de la seconde moitié du XIXe siècle, mettait un point d’honneur à faire travailler «plutôt des artistes que des ouvriers». Aujourd’hui, la machine remplace les uns et les autres avec la volonté de tromper. Retour sur l’âge d’or méconnu de la copie. Dominique Fléchon, expert

auprès de la fondation de la haute horlogerie, genève

La copie: une nécessité En 1901, des pêcheurs d’éponges découvrent une épave au large de l’ile d’Anticythère, entre la Grèce et la Crète. Ce site archéologique connait depuis une renommée internationale grâce au mécanisme éponyme utilisé au deuxième siècle avant J.C. pour effectuer des calculs astronomiques et calendaires. Son importance scientifique a occulté les précieuses statues de marbre ou de bronze présentes à bord du cargo. Parmi elles se trouvaient des copies d’oeuvres grecques spécialement produites pour orner villas ou palais de riches Romains. Elles permettaient ainsi de répondre à une forte demande que ne pouvait couvrir la seule production d’originaux. Le navire d’Anticythère est ainsi le témoin d’un commerce d’art florissant développé au Ier siècle avant J.C. dans les territoires d’un bassin méditerranéen mondialisé. Jusqu’à l’ère industrielle, la copie manuelle a été l’unique moyen pour dupliquer œuvres et objets d’art. La reproduction de meubles royaux et de chefs d’œuvre du XVIIIe siècle français, dont de nombreuses pendules, est caractéristique du dernier quart du XIXe siècle. Certes, copier pour constituer des paires n’est pas une pratique nouvelle, mais porté par les Expositions universelles et le développement des moyens de transport, cet engouement couvre la période comprise entre 1878 et la Seconde Guerre mondiale pour atteindre son apogée dans les années 1900. Ces reproductions sans aucune intention frauduleuse et pas toujours identiques aux modèles constituent une démonstration du talent de leurs auteurs et révèlent souvent une volonté de surpasser l’original.

La reproduction: une vitrine artistique A partir de 1850 Richard SeymourConway, quatrième lord Hertford et père naturel de Richard Wallace dont la mémoire est perpétuée par la collection londonienne éponyme, joue un rôle majeur dans le développement des copies. Il commande

alors pas moins de dix reproductions de meubles célèbres dont celle de la pendule astronomique à sphère mouvante calculée par l’ingénieur Claude Siméon Passemant pour indiquer les phénomènes astronomiques durant 10’000 ans. Réalisée par l’horloger Louis Dauthiau, logée dans un cabinet de bronze doré dû aux éminents bronziers Jacques et Philippe Caffiéri, elle avait été présentée en 1749 au roi Louis XV qui en fit l’acquisition avant de la placer dans son Cabinet de travail au Palais de Versailles.

Des copies d’oeuvres grecques spécialement produites pour orner villas ou palais de riches Romains permettaient de répondre à une forte demande que ne pouvait couvrir la seule production d’originaux. Apprenant ultérieurement l’existence de cette reproduction, le roi Louis II de Bavière charge son horloger Karl Schweizer de réaliser une deuxième reproduction de la pendule de Passemant ainsi que les copies de la pendule astronomique dite la Création du monde du même ingénieur et de la Pendule à automates d’Antoine Morand, toutes deux également conservées à Versailles, sans compter des œuvres horlogères majeures du XVIIIe siècle français, telles, entre autres, la pendule aux Trois Grâces, celle à l’éléphant et celle à l’obélisque en lapis-lazuli ornée de l’effigie de Chronos. Les reproductions commandées par lord Hertford constituent le point de départ d’un engouement qui se traduira par le développement de plusieurs ateliers hautement spécialisés. Droits de reproductions, études graphiques et moules des bronzes qu’elles ont nécessité constituent un capital inestimable, principal fonds de commerce de leur détenteur. Par cession partielle ou totale, ce dernier passe d’un atelier à l’autre et va permettre la réalisation d’autres copies. Le modèle de l’horloge de Passemant pour Richard SeymourConway est attribué au sculpteur-fondeur Charles Crozatier. Au

fil du temps, il sera successivement dans les mains de Carl Dreschler, Henri Dasson, la Maison Millet et enfin, en 1906, dans celles de l’horloger-bronzier Dostal qui le cède la même année à François Linke. Cet artiste français, originaire de Bohême, est perçu comme l’un des plus grands ébénistes du vingtième siècle. Il réalise alors deux répliques de l’œuvre de Passemant, l’une vers 1900, la seconde entre 1910 et 1912, toutes deux ciselées par Goujon et dorées par la Maison Henri Picard. A Paris, Henry Dasson et Louis Beurdeley, actifs durant la seconde moitié du XIXe siècle, assurent à la fois les fabrications des bronzes et de l’ébénisterie. Ils représentent la première génération des grands spécialistes de la reproduction des chefs d’œuvre du mobilier du XVIIIe siècle. En parallèle, ils se consacrent à une production originale, déclinent ou s’inspirent des modèles reproduits. En cherchant à individualiser la copie, ils démontrent qu’ils sont capables de rivaliser voire de surpasser les maîtres du XVIIIe siècle. Le négoce de pièces anciennes leur permet de réaliser des reproductions d’objets passés entre leurs mains et celles de leurs confrères et d’enrichir leurs collections de modèles. En réDR

par

action contre le progrès industriel, tous travaillent des matériaux de grande qualité selon des principes traditionnels.

La copie: un vecteur de diffusion culturelle Le développement de la production de copies dans les années 1880-1900 prouve le rôle primordial joué par les collectionneurs fortunés (aristocrates, banquiers, industriels) et par celui consécutif à l’ouverture au public des Palais et musées (Versailles, Fontainebleau, Le Louvre, le Garde meubles de Paris). Toutefois, les autorisations accordées aux ébénistes-bronziers pour travailler dans les palais nationaux afin de procéder aux relevés, dessins, voire photographies des oeuvres à reproduire restent toujours d’actualité. Précédemment, Charles Crozatier avait obtenu «une autorisation unique de l’empereur Napoléon III» afin d’exécuter la copie du bureau de Louis XV commandée par le même lord. Toutefois, il est plausible qu’en fonction de l’importance des commanditaires, ces autorisations aient été obtenues avec plus ou moins de facilité, les surmoulages des bronzes restant exclus. La transposition, l’interprétation, l’adaptation de certains modèles pour répondre aux exigences de l’époque et de celles d’une richissime clientèle devenue internationale montrent que grâce aux Expositions universelles, la copie est devenue une référence prestigieuse, véritable vitrine du luxe et du savoir-faire français. Certaines de ces reproductions vont jusqu’à compléter les col-

lections généralistes de grands musées nouvellement créés comme celui des Arts décoratifs de Berlin. En parallèle, le désir de reproduire à moindre coût bijoux et pièces d’orfèvrerie séduit certaines institutions. Ainsi, Karl Haas, fabricant d’œuvres en métal auprès de la cour impériale de Vienne, crée en 1862 une fabrique de répliques selon la technique de la galvanoplastie. Quatre ans plus tard, il dirige les ateliers de galvanoplastie de l’Oesterreichisches Museum für Kunst und Industrie, connu depuis sous le nom de Kunsthistorisches Museum. A l’Exposition Universelle de Vienne de 1873, il présente entre autres une reproduction fidèle, à l’exception de son mécanisme, de la pendule de Jeremias Metzker de1564 au style propre à la Renaissance et tirée à 400 exemplaires. Certains se trouvent aujourd’hui présentés dans différents musées.

La copie: un fléau social et economique Les temps ont changé. La copie contemporaine, souvent sans rapport avec les originaux, est entachée d’intentions frauduleuses. Médicaments, pièces détachées industrielles, produits de luxe dont l’horlogerie, biens culturels, jouets, alimentation, et bien d’autres sont écoulés par le biais d’internet, canal de distribution privilégié de la contrefaçon. Moyen très efficace pour le blanchiment d’argent, son marché est estimé à plus de 300 milliards d’euros. Au lieu de faire travailler «plutôt des artistes que des ouvriers» comme le voulait Emmanuel-Alfred Beurdeley, elle contribue à des centaines de milliers de suppressions d’emplois.


OPINIONS

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Il faut nuancer le sombre tableau de l’emploi horloger!

par

Séverine Liardon, chargée de Manpower Suisse

communication,

Pression sur les prix. Réduction des marges. Chute de rentabilité. Perte de parts de marché. Si elles relaient une réalité tangible de l’industrie horlogère suisse en termes de chiffres d’affaires, les nouvelles que l’on peut entendre jour après jour ont tendance à forcer le trait de la morosité, alors que la situation semble se stabiliser. Ainsi, bien que la Fédération horlogère suisse souligne un recul supplémentaire des exportations en décembre 2015, elle relativise en même temps ces chiffres, car leur niveau reste très élevé. Certes, du côté de l’emploi, les réductions de l’horaire de travail aug-

mentent – elles touchaient 6,2% de personnes et 8,5% d’entreprises supplémentaires à fin novembre 2015, par rapport au mois précédent, selon le Secrétariat d’Etat à l’Economie (Seco). La même institution prévoit un taux de chômage annuel moyen de 3,6% pour 2016. Le Baromètre Manpower de l’Emploi affiche quant à lui un résultat stable pour le deuxième trimestre 2016, tant pour l’embauche au niveau national qu’au niveau de l’industrie manufacturière. Par rapport au marché et à la demande de personnel fixe et temporaire dans le secteur horloger, Vincent Chevalley, directeur de la région Genève-Neuchâtel pour Manpower, note un contraste: «D’un côté, des sous-traitants in-

Le paradoxe du manque de personnel qualifié Faut-il donc s’inquiéter pour l’économie suisse et plus particulièrement pour les personnes en recherche d’emploi? L’histoire l’a montré à plusieurs reprises: dans les périodes difficiles, les entreprises savent se montrer créatives et innovantes, et certains entrepreneurs ont su tirer

«D’un côté, des soustraitants indiquent des difficultés, de l’autre, des manufactures continuent d’engager du personnel et de solliciter des collaborateurs temporaires.»

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Dans l’industrie horlogère, les (mauvaises) nouvelles se suivent et se ressemblent: l’onde de choc qui a suivi l’annonce de l’abolition du taux plancher il y a un peu plus d’un an se poursuit. Entreprises exportatrices et postes de travail semblent menacés. La Suisse dispose pourtant de solides ressources pour faire face aux changements structurels. Des pistes du côté de l’emploi.

diquent des difficultés, de l’autre, des manufactures continuent d’engager du personnel et de solliciter des collaborateurs temporaires.»

profit du franc fort pour acheter et investir avant que les marges ne s’effritent. Par ailleurs, les entreprises savent très bien que sans personnel, les affaires et les commandes ne suivront pas. Du reste, les employés fixes et temporaires sont d’autant plus indispensables à l’heure où l’on ressasse la problématique de la pénurie de talents et du manque de personnel qualifié. En 2015, l’enquête annuelle sur la pénurie de talents de Manpower révélait que 41% des employeurs suisses rencontraient des difficultés à recruter le personnel dont ils ont besoin, et 50% d’entre eux mentionnaient le manque de savoir-faire des postulants comme obstacle à l’engagement. «Afin de ne pas se séparer de leurs talents, certaines entreprises ont choisi d’adopter la réduction de l’horaire de travail: ils poursuivent une activité restreinte le temps que de nouveaux débouchés se présentent», souligne Priscilla Garcia, responsable de la filiale horlogerie pour Manpower à Genève. Se séparer de personnes qualifiées, formées et dotées de compétences recherchées constituerait un sérieux manque-à-gagner, une fois le dynamisme revenu sur les marchés.

Faire face aux pénuries de talents horlogers Le secteur horloger continue de recruter, même si les entreprises de la branche ont parfois du mal à trouver le personnel adéquat. Dès lors, que faire pour disposer du personnel horloger et microtechnique nécessaire à la branche? La réponse est simple à énoncer: former et susciter des vocations. Elle est plus complexe à mettre en œuvre, même si de 08 Nuova pag Europa Star Première mm149x149.indd 1

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nombreux acteurs du marché aboutissent à la même conclusion. Un exemple concret. Il y a plusieurs années, face à la forte demande d’opérateurs disposant d’une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP), indisponibles sur le marché du travail à ce moment-là, acteurs de l’économie, du canton, d’instituts de formation ainsi que de manufactures se sont unis afin de trouver une solution à cette inadéquation de l’offre et de la demande. La démarche a permis de mettre sur pied un stage de requalification visant des chômeurs de longue durée pour leur permettre de retrouver un emploi fixe dans des manufactures en quête de personnel qualifié et opérationnel (lire Europa Star Première, numéro de mai 2015). La troisième volée de stagiaires est en cours et le modèle se transpose à d’autres métiers. Aujourd’hui, les entreprises ont besoin de praticiens en mécanique horlogère AFP, un métier qui rencontre peu d’engouement auprès des jeunes. Jugée moins artistique et moins «emblématique», cette profession qualifiée constitue pourtant l’une des clés de voûte de l’horlogerie. Alors, comment s’en sortir? Former les candidats présentant des prédispositions, proposer des perfectionnements aux collaborateurs montrant de bonnes aptitudes. Car c’est en multipliant le nombre de talents dans leur branche que les entreprises augmenteront la valeur future de leur secteur. Il faut faire preuve d’imagination, de souplesse et de créativité. Lors de son intervention au World Economic Forum de Davos, Jonas Prising, CEO de ManpowerGroup précisait: «Face à la pénurie de main-d’œuvre, employeurs et décideurs sont contraints de renouveler leur manière de dénicher des talents.» Au travail!


CULTURE HORLOGÈRE

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Sur le champ de bataille de la précision

Vincent Satiat Marc Montagne, par

et

fondateurs de toolwatch.io

Le magnétisme, l’étanchéité, les matériaux utilisés, la qualité des organes réglants ou encore le soin de son propriétaire: autant de facteurs qui influencent la précision de nos montres mécaniques. Les horlogers n’ont cessés de poursuivre la quête de la précision mécanique. Même dans notre univers entièrement numérisé, la montre mécanique s’efforce toujours de chercher à offrir l’heure de manière toujours plus précise et fiable. C’est cette quête, que d’aucuns jugeront vaine, qui nous semble être la mission première de l’horlogerie.

Un mouvement presque sans... fin Lors du dernier salon SIHH, nous avons été heureux de voir les horlogers de Parmigiani Fleurier sur le point d’aboutir à une innovation technique majeure: un nouvel organe réglant intégralement réalisé en silicium! Depuis des années, des marques pionnières telles que Rolex, Omega ou Patek Philippe testent et implémentent de nouveaux matériaux dans leur montre pour améliorer leur fiabilité ainsi que leur précision. Aujourd’hui, Parmigiani semble ouvrir la voie à de nouveaux procédés permettant davantage de précision au quotidien et ce plus longtemps, avec des réserves de marche qui se comptent en dizaines de jours quand la moyenne du marché atteint péniblement les deux jours. Alors que Rolex, Omega et Patek Philippe introduisent dans leurs montres des éléments en silicium afin d’améliorer de façon incrémentale les mouvements existants, Parmigiani semble avoir trouvé une toute nouvelle conception d’échappement. La Senfine Concept Watch revoit l’architecture de l’organe réglant pour

augmenter à la fois sa fréquence et réduire la demande en énergie. Cette démarche «intégrale» est extrêmement prometteuse et représente pour nous l’avenir de la recherche et du développement pour la précision des montres mécaniques. Nous attendons avec impatience d’en apprendre plus sur cette Concept Watch!

Résistance aux champs magnétiques En parallèle, nous trouvons extrêmement intéressant la démarche d’Omega d’introduire une nouvelle certification avec l’institut fédéral de métrologie suisse, le METAS. Pour obtenir cette certification ouverte à tous horlogers, les montres (et mouvements!) devront supporter des champs magnétiques supérieurs à 15'000 Gauss tout en conservant une précision entre 0 et +5 secondes/ jour. La réserve de marche ainsi que l’étanchéité sont également contrôlées. Cette certification METAS va ainsi contraindre les horlogers à offrir des garde-temps encore plus fiables et précis dans toutes les conditions d’utilisation. Cela change également des nombreux tests de qualités qui ne se concentraient que sur la précision des mouvements non emboités et dans un univers contrôlé, bien loin des contraintes réelles auxquelles sera soumise la montre au poignet de son futur propriétaire. Cette certification remet au goût du jour l’aspect pionnier de l’horlogerie et l’utilisation des montres comme outils et instruments de mesure avant toute chose. Nous revenons aux fondamentaux de l’horlogerie: créer des montres précises et robustes, auxquelles nous pouvons nous fier par tous les temps. Cette tendance de fond permet par ailleurs à certaines maisons horlogères de se démarquer dans l’univers

A propos Toolwatch.io est un site internet (et bientôt une application mobile) qui permet de mesurer la précision de ses montres mécaniques. Contrairement à la mesure instantanée que pourra donner un horloger, Toolwatch.io propose une mesure «vraie», qui suit la montre dans ses conditions réelles d’utilisation. Ainsi, à travers la mesure de précision de sa montre, un amateur ou collectionneur peut déterminer si celle-ci fonctionne correctement ou si elle nécessite une révision. Toolwatch.io propose également des dossiers pédagogiques sur l’entretien des montres mécaniques.

L’audacieux quartz de Piaget Dans cette course à la précision, nous souhaitons aussi louer la prise de risque de Piaget, qui remet au gout du jour un calibre hybride ayant fait ses preuves chez Seiko: l’oscillateur quartz. L’horlogerie traditionnelle cherche des solutions et teste de nouveaux procédés alliant tradition et technologie. Evidemment, s’il fallait comparer et en tant qu’amoureux de la tradition suisse, nous sommes encore plus sensibles à la démarche de Parmigiani, qui met en avant une recherche d’amélioration technique

DR

Dans la pléthore de nouveautés horlogères, quelles sont les innovations techniques qui donneront réellement à l’horlogerie davantage de précision et de fiabilité? Du révolutionnaire Senfine de Parmigiani Fleurier à la norme Metas utilisée par Omega, l’avis de deux experts.

ultra-concurrentiel actuel, la précision restant le facteur de comparaison le plus évident entre les différents calibres – et par extension entre les différentes marques horlogères.

en respectant la montre 100% mécanique... Car à l’heure de l’explosion de la smartwatch et du tout digital, l’horlogerie mécanique n’a pas dit son dernier mot et s’offre au contraire de nouvelles perspectives technologiques particulièrement intéressantes. La tradition horlogère

s’adapte à son époque et continue d’offrir des pièces exceptionnelles tant par leur technicité que leur fiabilité. La précision suisse a de beaux jours devant elle et nous nous réjouissons de voir ce qu’elle a encore à offrir aux passionnés de montres mécaniques!

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4e édition du 19 au 22 mai 2016

Les Folles Journées

J. S. BACH

de Lutry

(au Temple)

19 MAI 2016, 18H00

Conférence Gilles Cantagrel « L’héritage de J.S. Bach »

20 MAI 2016, 20H00

Ensemble à cordes Gyula Stuller Solistes: Fanny Monnet, piano, Yuuki Wong, violon Œuvres: F. Mendelssohn, J.S. Bach, A. Dvorãk

21 MAI 2016, 11H00

Camerata de Lausanne – Pierre Amoyal Soliste: Mauro lo Conte, piano Œuvres: J.S. Bach, J. Haydn

17H00

Récital Jean Rondeau, clavecin Victoire de la Musique 2015! Œuvres: J.S. Bach

20H30

Concerto Armonico de Budapest Solistes: Annamaria Barabas, soprano, Miklòs Spànyi, clavecin et direction Œuvres: C.Ph.E. Bach

22 MAI 2016, 10H00

Célébration œcuménique Chapelle vocale et instrumentale de Lutry Direction: Sébastien Vonlanthen Œuvres: J.S. Bach, Cantate BWV 129, « Gelobet sei der Herr, mein Gott »

12H30

Podium des jeunes artistes Ibolya, altiste et Màrton Vörösvàry, violon et piano Œuvres: J.S. Bach

17H00

Quatuor Rosamonde de Paris Istvàn Vàrdai, violoncelle (1er Prix Concours de Genève) Œuvres: Mozart, Haydn, Schubert

Billets vente: Hug Musique • Grand-Pont 4, CH • 1002 Lausanne • Egalement au Temple de Lutry 1h avant chaque concert. Réservations: Point Informations Touristiques «Point I» Quai Gustave Doret, CH • 1095 Lutry • tél.: +41 21 791 47 65 Abonnements: tél.: +41 21 616 92 09 • http://concerts-bach.lutry.ch


CULTURE HORLOGÈRE

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Swiss made, les origines d’une référence

par

Nadège Sougy, université de

fribourg et expert-intervenante à

la haute ecole de gestion de genève

Avant de devenir une référence reconnue sur le marché, n’oublions pas que l’horlogerie fabriquée à Genève ou à La Chaux-de-Fonds a d’abord été synonyme de «bas de gamme» sur les marchés parisiens et anglais au XVIIIe siècle. Nombreuses s ont alors les montres provenant de régions suisses signées complaisamment «de Paris» ou «de Londres» afin de faciliter leur vente. La référence au lieu de production relève ainsi d’une stratégie opportuniste pour gagner des marchés. Ce n’est que très progressivement, alors que s’affirme la notoriété des maisons horlogères suisses, que l’ancrage à la ville de fabrication devient un argument de vente. La référence au pays de fabrication suit une autre logique puisque c’est dans le cadre des politiques protectionnistes anglaises puis américaines que nait le Swiss made. En 1887, le «Merchandise Marks Act» britannique oblige à indiquer sur les marchandises importées le nom du pays d'origine et entraîne l’apparition des appellations «Manufactured in Switzerland», «Made in Switzerland», «Swiss made» ou simplement «Swiss». Trois ans plus tard, la législation américaine exige à son tour, avec les tarifs Mac Kinley, l'identification du lieu de provenance des marchandises en réclamant l'inscription du nom du pays dans lequel elles ont été fabriquées. Ces dispositifs protectionnistes anglais et américains, en rendant identifiables les montres exportées de Suisse, contribuent indirectement à placer l’horlogerie helvétique sous une même bannière sur leurs marchés.

«Sauvegarder le bon renom de l’industrie horlogère suisse dans tous les pays» Cette proposition de la Fédération horlogère suisse lors de la crise des années 1920 marque un tournant: la référence à la Suisse doit être un moyen de défendre et promouvoir l’identité de l’horlogerie suisse. Dès lors, les professionnels sont conscients de la nécessité de discipliner et d’organiser leurs pratiques pour donner une cohésion à leur fabrication sur le marché.

Au début des années 1960, la question de la qualité de l’horlogerie suisse revient à la faveur de la révision de l’arrêté sur l’origine du régime de l’autorisation d’exportation et de l’autorisation de fabrication. L’importance du «goodwill» dont profite l’ensemble des produits d’origine suisse est affirmée pour les montres. Le contrôle de la qualité devient un levier pour réformer les pratiques productives des entreprises. Parallèlement, la réglementation de l’usage du nom «Suisse» sur les produits industriels s’impose pour protéger les emplois. En 1971, à la suite du démantèlement du cartel horloger émerge l’ordonnance réglant l'utilisation du nom «Suisse» pour les montres, le Swiss made horloger, prescrivant ce qui doit être considéré comme une montre suisse.

Ancrer l’appareil industriel en Suisse Adopté en 2013, le nouveau règlement, plus restrictif, consiste à préciser un critère de valeur minimum sur la montre complète et non plus uniquement sur le mouvement. Selon cette proposition, non seulement 60% au moins des coûts de fabrication devront être générés en Suisse mais le développement technique de la montre ou de son mouvement devra également être réalisé nationalement. En concernant toutes les gammes de prix de montres, ce dispositif rehausse l’image portée par le Swiss made. Il contraint les fabricants de milieu de gamme à privilégier des fournisseurs suisses en délaissant les sous-traitants étrangers à plus bas coût. L’effort de révision des critères d’attribution du Swiss made vise à discipliner l’offre basse et moyenne gamme en exigeant de leurs fabricants une insertion plus forte en Suisse. En tant qu’indicateur de la renommé globale, générique qui transcende les gammes de qualité, le Swiss made réunit sur le marché sous une même identité d’origine l’ensemble des produits industriels suisses. Les efforts de la filière horlogère pour se réformer expliquent et confortent cette image évocatrice de tradition, d’innovation, de qualité et de fiabilité. C’est sur ce récit économique partagé que se cristallise la bonne réputation des produits suisses sur le marché. Le territoire génère autant qu’il consolide cette dynamique.

Le Swiss made: un allié du consommateur? Un des trois objectifs principaux motivant le renforcement du Swiss made est de «garantir la satisfaction du consommateur qui, en achetant une montre Swiss made, s’attend à ce que celle-ci soit fabriquée en Suisse». Mais comment expliquet-on que, dans une économie mondialisée, l’origine nationale d’un produit participe de la satisfaction du client? La réponse à cette question nécessite de comprendre l’image que le consommateur se fait d’un pays et de ses produits. L’effet du pays d’origine sur la perception des clients intrigue les experts du marketing depuis plus de 50 ans. Le point de départ est l’image

ryuuji@Flickr

La branche horlogère a décidé de renforcer les critères d’obtention du Swiss made pour ses montres. Une exigence qui témoigne de la force que conserve le label, certes mis à mal au cours des décennies. Retour sur son histoire, celle d’une montée en puissance.

Art. 1a1-Définition de la montre suisse Est considérée comme montre suisse la montre a. Dont le mouvement est suisse; b. Dont le mouvement est emboîté en Suisse etc. Dont le contrôle final par le fabricant a lieu en Suisse. Art. 2 Définition du mouvement suisse 1 Est considéré comme mouvement suisse le mouvement: a. Qui a été assemblé en Suisse; b. Qui a été contrôlé par le fabricant en Suisse etc. Qui est de fabrication suisse pour 50 % au moins de la valeur de toutes les pièces constitutives, mais sans le coût de l'assemblage Ordonnance réglant l’utilisation du nom Suisse pour les montres du 23 décembre 1971. qu’un pays véhicule aux yeux des consommateurs. Celle-ci correspond à l’ensemble des caractéristiques réelles ou imaginaires associées à un lieu. Dans le cas de la Suisse, elle évoquerait des associations à la fiabilité, la durabilité, la neutralité, la tradition mais aussi l’innovation. Une des composantes de l’image d’un pays est aussi celle de ses produits et c’est en cela que l’horlogerie, le chocolat, le fromage ou encore la micromécanique contribuent de façon conjointe à construire cette identité suisse. Pour comprendre la façon dont le Swiss made impacte le client, il est important de saisir comment cette notion agit dans son cerveau lorsqu’il décide de s’offrir une montre. Dans leur quotidien, les consommateurs sont touchés par un large panel d’informations sur les produits. Ces informations les aident à se former des avis sur les produits et, au final, décider ou non de les acheter. Le pays d’origine est en réalité une des composantes de cette information que le consommateur traite. Les informations sur le produit peuvent être analysées comme étant

des attributs physiques du produit tels que la taille ou la couleur ou des attributs intangibles tels que la marque et la publicité et… le pays d’origine. Ce dernier porte en lui des informations qui se substituent ou se combinent à d’autres afin de faciliter le choix.

Un produit à très forte «ethnicité» Les recherches marketing démontrent que lorsque les attributs tangibles sont difficiles à évaluer (ex. la fiabilité d’un mouvement), les consommateurs tendent à se focaliser plus fortement sur les attributs intangibles (ex. le pays d’origine). Suivant cette logique, la seule mention du pays d’origine pour une montre permettrait de faciliter la prise de décision d’un client en l’absence d’informations sur les spécifications techniques du produit. La force de cette association qui s’est créée à travers le temps entre le pays d’origine (Suisse = qualité, fiabilité) et le produit (la montre) a fait de la montre un produit que les experts mar-

keting qualifient de produit à très forte «ethnicité». Cet éclairage marketing nous permet de mieux comprendre une des facettes du tournant qui s’effectue dans les années 1960, lorsque l’industrie horlogère prend conscience du «goodwill» lié à son origine suisse. L’industrie découvre à cette époque la force de frappe commerciale acquise grâce aux associations sémantiques qui ont été créées par

Avant de devenir une référence reconnue sur le marché, l’horlogerie fabriquée à Genève ou à La Chaux-de-Fonds a d’abord été synonyme de «bas de gamme» sur les marchés parisiens et anglais au XVIIIe siècle. l’histoire. Le sigle Swiss made devient dès lors un outil non négligeable: ces deux mots à eux seuls renferment un discours publicitaire évocateur de qualité, de fiabilité et d’innovation. Dans cette perspective le relèvement des mesures de contrôle techniques et le renforcement de cette labélisation en préservant cette association «suisse-horlogerie-qualité» bénéficient aux entreprises pour promouvoir les ventes de leurs produits. Guider le consommateur, préserver les intérêts d’un secteur économique forment ainsi le cœur de la dynamique du Swiss made. La montée des exigences pour son attribution revêt une signification supplémentaire à l’heure de la mondialisation, où les tromperies sur la qualité érodent la confiance du consommateur.


CULTURE HORLOGÈRE

LE CHRONOGRAPHE DE POCHE SUISSE par Joël Pynson (part. Jean-Michel Piguet, Marco Richon) Des origines du chronographe à nos jours. L'auteur nous apprend qu'à partir de 1861, les grands noms de l'horlogerie comme Pouzait, Sarton, Moinet, Rieussec, Perrelet ou Jacob avaient mis en place toutes les technologies permettant de fabriquer des chronographes tels qu'ils sont définis aujourd'hui. Il passe donc en revue plus de 160 reproductions de calibres en explorant aussi les premiers lieux de production, à commencer par la Vallée de Joux et Genève. Par la suite, la production s'intensifie de manière plus industrielle au Locle, à La Chaux-de-Fonds et Saint-Imier. Le chronographe de poche n'avait jusqu'à ce jour jamais bénéficié d'une telle étude.

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l’Universal Tri-Compax, le Breitling Navitimer, le Zenith El Primero et bien d’autres sont présents avec leurs principales variantes. On découvrira aussi de nombreux autres classiques, souvent oubliés: par exemple le Mido Multi-Centerchrono, le Minerva 13/20, l’Excelsior Park 4, l’Index-Mobile de Dubey & Schaldenbrand, l’Eberhard Contodat, l’Enicar Jet Graph, et bien d’autres. On trouvera même des perles rares comme l’Invicta Chrono-Sport, la Blancpain Air Command ou l’Angelus ChronoDatoluxe. L’ouvrage permettra à l’amateur de découvrir toute la richesse et la variété des chronographes de collection. Au collection-

neur averti, il donnera de précieux conseils pour affiner ses connaissances et découvrir de nouveaux horizons. Il ne fallait pas moins de deux docteurs pour venir à bout d’une telle entreprise, qui a nécessité plus de trois ans de préparation: Joël Pynson, docteur en médecine et ophtalmologiste, est un spécialiste de l’histoire du chronographe. Il a écrit de nombreux articles sur le sujet dans la presse spécialisée et il est l’auteur de l’ouvrage de référence «Le Chronographe de poche suisse». Sébastien Chaulmontet, docteur en droit et avocat, est aujourd’hui l’un des créateurs de mouvements horlogers les plus doués de sa généra-

tion. C’est aussi un collectionneur averti dont les avis font autorité. 232 pages • Format: 24 x 28 cm • Prix: CHF 160 EN PHASE AVEC SON TEMPS DE LA FOIRE SUISSE D'ÉCHANTILLONS À MCH GROUP par Patrick Kury et Esther Baur La «Foire Suisse d'Echantillons» ouvre ses portes à Bâle en 1917. En un siècle, l'exposition des performances

de l'industrie suisse se transforme en entreprise nationale, puis en groupe international possédant un vaste portefeuille de salons et événements en Suisse et à l'étranger, dont le salon de l'horlogerie Baselworld ou encore Art Basel. D'année en année, les salons attirent des centaines de milliers de visiteurs et d'exposants, qui font des affaires et tissent des réseaux. Dans ce volume richement illustré, treize auteurs racontent l'audace des premières années, la mutation en une institution nationale et le succès des salons internationaux. 368 pages • Format: 24 x 28 cm • Prix: CHF 59

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Livre bilingue: français – allemand 240 Pages • 800 ill. coul. • Format: 25 x 32.5 cm • Prix: CHF 120 LE PAYS DES HORLOGERS par Jean-Pierre Viennet Cet ouvrage retrace plus de deux siècles de relations franco-suisses dans l'horlogerie. Un bon nombre de maisons prestigieuses ont disparu d'un côté de la frontière, tandis qu'elle se sont épanouies de l'autre. Mais le savoir-faire reste de part et d'autre, de Besançon à Neuchâtel. Ce livre retrace, à travers témoignages et écrits, sans ambition d'exhaustivité, l'aventure qui a transformé de rudes paysans en horlogers. 272 Pages • Coul. • Format: 21 x 28 cm • Prix: CHF 53

Pour la première fois, un ouvrage retrace l’histoire des chronographes qui ont marqué le 20e siècle. A travers 30 chapitres denses, et grâce à plus de 450 illustrations inédites, les montres sont détaillées, comparées et évaluées. Les chronographes mythiques comme l’Omega Speedmaster, l’Heuer Carrera, le Rolex Daytona, le Longines 13 ZN,

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EN SUISSE…

36 | EUROPA STAR PREMIÈRE

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Meridiano +41.313395245 www.kursaal-bern.ch Restaurant Essort +41.313681111 www.essort.ch Casa Novo +41.319924444 www.casa-novo.ch Bijoux Stadelmann 0313112457 www.bijouxstadelmann.ch Bucherer 0313289090 www.bucherer.com Gübelin 0313105030 www.gubelin.com Helen Kirchhofer 0313114684 www.helenkirchhofer.ch Hermès 0313120540 www.hermes.com Kurz 0313110422 www.juwelierkurz.ch Nicklès 0313113549 www.nickles.ch Omega 0313110975 www.omegawatches.com Sonderegger 0313117038 www.bijouterie-sonderegger.ch Uhrsachen 0313180118 www.uhrsachen.ch Zigerli & Iff 0313112367 www.zigerli-iff.ch

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Maverick Geneva 0223000555 www.maverick-geneva.com Montblanc 0223122770 www.montblanc.com Montres Prestige 0227318300 www.montresprestige.ch Moussaieff 0227312500 www.moussaieff.co.uk Moya 0227328380 www.moyawatch.com New Fashion 0227328764 www.espacetemps.ch O. Zbinden 0227325505 www.montre-geneve.ch Officine Panerai 0228186644 www.panerai.com Omega 0223192550 www.omegawatches.com Orfelis 0227862086 www.orfelis.ch Pastore-Nicolet 0227324781 www.pastore-nicolet.com Piaget 0228170200 www.piaget.com Pilo & Co 0223280112 www.pilo-watches.com Planet d'Or 0223400025 www.bijouterie-geneve.ch Queens Lane 0223166688 www.queenslane.ch Richard Mille 0227322022 www.richardmille.com Roger Dubuis 0223212828 www.rogerdubuis.com Simeto Joaillerie 0223103255 www.simeto-joaillerie.ch Swatch Group Shop Manor 0227329020 www.swatch.com TAG Heuer 0228187272 www.tagheuer.com Tiffany & Co 0227615550 www.tiffany.com Ulysse Nardin 0227401011 www.ulysse-nardin.com Vacheron Constantin /0223161720 / www.vacheron-constantin.com Van Cleef & Arpels 0223116070 www.vancleefarpels.com Van der Bauwede 0223120344 www.vdb.ch Victorinox 0223186340 www.victorinox.com Zenith 0223111865 www.zenith-watches.com

GRINDELWALD C und M +41.33338530710 www.cundm-grindelwald.ch Golden India +41.338535555 www.goldenindia.ch Bistro Memory +41.38543131 www.eiger-grindelwald.ch Restaurant Belvedere /+41.338889999 www.belvedere-grindelwald.ch Barry's +41.338543131 www.eiger-grindelwald.ch Kirchhofer 0338544020 www.kirchhofer.com

GSTAAD Restaurant Chesery +41.337442451 www.chesery.ch Posthotel Rössli +41.337484242 www.posthotelroessli.ch Megu +41.338889866 www.thealpinagstaad.ch Le Grand Gstaad Palace +41.337487000 www.palace.ch Restaurant Müli +41.337486363 www.gstaaderhof.ch

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INTERLAKEN

Hüsi Bierhaus +41.338232332 www.huesi-interlaken.ch Restaurant Tavern +41.338266868 www.hotelinterlaken.ch The 3 Tells Irish Pub /+41.338221825 www.irishpubinterlaken.com Restaurant The Verandah /+41.338227575 www.royal-interlaken.com Little Thai +41.338211017 www.mylittlethai.ch Bucherer 0338260202 www.bucherer.com Casagrande 0338224400 www.casagrande-beo.ch Christ 0338222941 www.christ-swiss.ch Gallery Metropole 0338267070 www.royalpresent.ch Kirchhofer 0338288893 www.kirchhofer.com Longines 0338267078 www.longines.com Omega 0338216688 www.omegawatches.com Silvia 0338267081 www.royalpresent.ch

LAUSANNE San Marino +41.213129369 www.san-marino.ch Obeirut Lebanese Cuisine /+41.213491010 www.obeirut.com Beau-Rivage Palace +41.216133339 www.brp.ch Eat Me +41.213117659 www.eat-me.ch La Table d'Edgard +41.213313131 www.lausanne-palace.com A L'Emeraude 0213129583 www.emeraude.ch Bijouterie Gonthier 0213121977 www.bijouteriegonthier.ch Bucherer 0213123612 www.bucherer.com Christ 0213290820 www.christ-swiss.ch Chronométrie Châtelain 0213235854 www.chronochatelain.ch Daniel De Guy 0213128091 www.danieldeguy.ch Guillard 0213126886 www.guillard.ch Hermès 0213123322 www.hermes.com Junod 0213128366 www.junod-lausanne.ch Louis Vuitton 0213127660 www.louisvuitton.com Ouranos 0213111188 www.ouranos-palace.ch Swatch Group Shop Manor 0213125659 www.manor.ch Tourbillon Boutique 0213235145 www.tourbillon.com Viceversa 0213239634 www.viceversa.ch

LOÈCHE-LES-BAINS Balmhorn +41.274702701 www.balmhorn.ch Restaurant Waldhaus +41.274703232 www.hotel-waldhaus.ch Pizzeria Giardino +41.275300584 www.pizzeriagiardino.ch

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Bodmen Stübli +41.274701484 www.bodmenstuebli.ch Lounge 1411 alt +41.274701411 www.thelounge1411.ch

LUCERNE Stern +41.412275060 www.sternluzern.ch La Cucina +41.412268888 www.lacucina-luzern.ch Wiederkehr +41.414104144 www.restaurant-wiederkehr.ch Grottino 1313 +41.416101313 www.grottino1313.ch Lounge Bolero +41.412268088 www.cascada.ch Bucherer 04136977 www.bucherer.com Cartier 041410850 www.cartier.com Casagrande 0414186060 www.casagrande.ch Corum 0412288818 www.corum.ch Embassy 0414182080 www.embassy.ch Goldgruber 0412109315 www.goldgruber.ch Gübelin 041417002 www.guebelin.ch Hermès 0414186080 www.hermes.com Hublot 0415443686 www.hublot.com Jaeger-LeCoultre 0414199900 www.jaeger-lecoultre.com Juwelia 0414105329 www.juwelia.ch Kurz 0414194020 www.kurzschmuckuhren.ch Langenbacher 0414100288 www.langenbacher.ch Les Ambasdeurs 0412271050 www.lesambassadeurs.ch Officine Panerai 0414181280 www.panerai.com Omega 0414107460 www.omegawatches.com Piaget 0413678888 www.piaget.ch Rado 0414186072 www.rado.com Ruckli 0412102180 www.ruckligold.ch Swiss Lion 0414106181 www.swisslion.ch Swiss Time Corner 0414104312 www.swisstimecorner.ch TAG Heuer 0412288886 www.tagheuer.com Vacheron Constantin /0414181288 www.vacheron-constantin.com Watches of Switzerland/0414105329/ www.watches-of-switzerland.ch Zenith 0412288888 www.zenith-watches.com

LUGANO Pizzeria Galleria +41.919222415 www.trattoriagalleria.ch Pasta e Pesto +41.919226611 www.pastaepesto.com Le Bucce di Gandria +41.912258833 www.facebook.com/Ristorantelebuccedigrandia Pizzeria Argentino +41.919229049 www.facebook.com/RistoranteArgentinoLugano La Cucina di Alice +41.919220103 www.lacucinadialice.ch Anghinoni 0919220980 www.anghinoni.ch Bieri 0919232416 www.bierigiorgio.ch Bucherer 0919231424 www.bucherer.com Bulgari 0919104141 www.bulgari.com Cartier 0919232344 www.cartier.com Christ 0919220075 www.christ-swiss.ch Ermidio Rezzonico 0919227607 www.gmt-rezzonico.ch Gold Time 0919237471 www.goldtime.ch Gübelin 0919237801 www.guebelin.ch Hermès 0919149220 www.hermes.com Les Ambassadeurs 0919235156 www.lesambassadeurs.ch Louis Vuitton 0919102080 www.louisvuitton.com Mersmann 0919235131 www.mersmann.ch Montblanc 0919228489 www.montblanc.com Rocca 1794 0919249065 www.rocca1794.com Rondina 0919232160 www.rondinagioiellieri.com Somazzi 0919233206 www.somazzi-orologeria.ch Swatch Group Shop Manor 0919127699 www.manor.ch Tourbillon Boutique 0919237171 www.tourbillon.com

MONTREUX Tango +41.219632698 www.facebook.com/Tango-Restaurante La Rouvenaz +41.219632736 www.rouvenaz.ch Montreux Palace +41.219621212 www.fairmont.com/montreux Restaurant le Museum +41.219631662 www.museum-montreux.ch Le Pont de Brent +41.219645230 www.lepontdebrent.ch Cad'Or 0219653145 www.cad-or.com Christ 0219634492 www.christ-swiss.ch Roman Mayer 0219633424 www.roman-mayer.ch Schaller 0219630588 www.schallermontreux.ch Tourbillon Boutique 0219651850 www.tourbillon.com Zbinden 0219639393 www.bijouterie-zbinden.ch

SAAS-FEE Steakhouse Central +41.279572545 www.central-saasfee.ch Restaurant Zur Muehle +41.279572676 www.moulin-saas-fee.ch dü saas-Fee +41.793564092 www.due-saasfee.ch The Dom Restaurant +41.279587700 www.domcollection.ch Don Ciccio +41.279574020 www.donciccio-saasfee.ch Herbort 0279572432 www.herbort.ch

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VERBIER Le Dahu +41.277782000 www.ledahu.ch La Channe +41.277711575 www.lachanne-verbier.ch Pub Mont Fort +41.277719062 www.facebook.com/pubmontfortverbier Restaurant La Grange +41.277716431 www.lagrange.ch La Table d'Adrien +41.277716200 www.chalet-adrien.com Jacot 0277716606 montres-bijoux-verbier.com Michaud 0277711109 www.michaud.ch

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Rédaction: Pierre Maillard: pmaillard@europastar.com, Serge Maillard: smaillard@europastar.com, Contributeurs dans ce numéro: Nadège Sougy, Séverine Liardon, Vincent Satiat, Marc Montagne, Dominique Fléchon, Fabrice Guéroux, Laurence Janin, Christopher H. Cordey, Sebastian Chiappero, Caroline Buechler, François-Xavier Mousin, Olivier Müller

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Direction du groupe Europa Star HBM: Philippe Maillard Éditeur - CEO: Serge Maillard Les publications du groupe Europa Star HBM: Europa Star: Europe - International - USA - Watches for China Horalatina - ES Première - Europa Star Jewels Eurotec - Bulletin d’informations

Les sites web & iPad du groupe Europa Star HBM: www.worldwatchweb.com, www. europastar.com, www. watches-for-china.com, www. watches-for-china.cn, www. horalatina.com www. europastar.es, www. europastarwatch.ru, www. watch-aficionado.com, www.europastarjewellery.com, www. cijintl.com, www. eurotec.ch Les propos exprimés par les auteurs n’engagent que ces derniers. UNE PUBLICATION BIMESTRIELLE D'EUROPA STAR HBM SA.


ANNUAIRE DES HORLOGERS

ARGOVIE AIGNER Wallbach www.aignerworld.com CONTINENTAL Möhlin www.continental-watches.ch CRUISER Möhlin www.cruiser-watches.ch EVERSWISS Möhlin www.everswiss.ch HANOWA Wallbach www.hanowa.ch MONTEGA Remetschwil www.montegauhren.ch POLICE Wallbach www.policelifestyle.com ROAMER Möhlin www.roamer.ch BÂLE ALEXORA Bâle www.alexora.com CHARMEX Bubendorf www.charmex.ch CHRISTIAN JACQUES Bâle www.christian-jacques.com CX SWISS MILITARY WATCH Liestal www.swiss-military.com EMKA Binningen www.emka-watches.com EMPORIO ARMANI (Fossil) Bâle www.armani.com FOSSIL (Fossil) Bâle www.fossil.com GROVANA Tenniken www.grovana.ch JAQUET&GIRARD Binningen www.jaquet-girard.com ORIS Hölstein www.oris.ch REVUE THOMMEN Tenniken www.revue-thommen.ch SWISS ALPINE MILITARY Tenniken www.swissalpinemilitary.com SWISS MILITARY WATCH Liestal www.swiss-military.com SWISSPACE Tenniken www.swisspace.it ZEITCENTRALE TIMM DELFS Bâle www.zeitzentrale.ch ZENO WATCH Bâle www.zeno-watch.ch BERNE A.B.ART Bienne www.abartwatches.com ANGULAR MOMENTUM Ittigen www.angularmomentum.com ARMAND NICOLET Tramelan www.armandnicolet.com ARMIN STROM Bienne www.arminstrom.com ATLANTIC Lengnau www.atlantic-watches.ch AUGUSTE REYMOND Tramelan www.augustereymond.ch AZIMUTH Bienne www.azimuthwatch.com AZZARO La Neuveville www.azzaro-watch.com BALMAIN (Swatch Group) St-Imier www.balmainwatches.com BISSET Lengnau www.bisset.ch BOEGLI Moutier www.boegliwatch.ch BREMONT Bienne www.bremont.com CALVIN KLEIN (Swatch Group) Bienne www.calvinklein.com CANDINO (Festina Group) Bienne www.candino.com CATENA Corcelles www.montres-catena.com CENTURY Nidau www.century.ch CLARO WATCH Bienne www.clarowatch.com CODEX Bienne www.codexwatches.com CONCORD (Movado Group) Bienne www.concord.ch DAVIDOFF Bienne www.zinodavidoff.com DAVOSA Tramelan www.davosa.com DE BORTOLI Bienne www.debortoliwatches.com DELANCE Macolin www.delance.ch DELBANA Lengnau www.delbana-watches.ch DELMA Lengnau www.delma.ch DOXA Bienne www.doxa.ch EBEL (Movado Group) Bienne www.ebel.com EBERHARD & Co Bienne www.eberhard-co-watches.ch EPOS Lengnau www.epos.ch FORMEX Lengnau www.formexwatch.com FRANK JUTZI Wichtrach www.frankjutzi.com GEORGE J VON BURG Bienne www.gjvb.com GEVRIL Tramelan www.gevrilgroup.com GLASHUTTE ORIGINAL (Swatch Group) Bienne www.glashuette-original.com GLYCINE Bienne www.glycine-watch.ch HALDIMANN Thun www.haldimann-horology.ch HAMILTON (Swatch Group) Bienne www.hamiltonwatch.com HERMES Bienne www.hermes.com HORAGE Bienne www.horage.com HUGO BOSS Bienne www.hugoboss.com HUGUENOT Bienne www.huguenot.com INDUCTA Gwatt www.inducta.ch JAGUAR (Festina Group) Bienne www.jaguarwatches.ch JOVIAL Bienne www.jovial.ch L.LEROY Bienne www.montres-leroy.com LEON HATOT (Swatch Group) Corcelles / www.leonhatot.com LONGINES (Swatch Group) St-Imier www.longines.com MARANELLO Bienne www.rotapmaranello.com MAURICE LACROIX Bienne www.mauricelacroix.com MILLERET Bienne www.milleret.ch MILUS Bienne www.milus.com MOVADO (Movado Group) Bienne www.movado.com OGIVAL Bienne www.ogival-watch.com OMEGA (Swatch Group) Bienne www.omegawatches.com PERRELET (Festina Group) Bienne www.perrelet.com PIERCE Bienne www.pierce1883.com PIERRE JUNOD Bienne www.pierrejunod.com RADO (Swatch Group) Lengnau www.rado.com RESSENCE Bienne www.ressence.eu RODANIA Koeniz www.rodania.com RSW La Neuveville www.rsw-swiss.com SCUDERIA FERRARI OROLOGI (Movado Group) Bienne www.store.ferrari.com SECULUS Bienne www.seculus.ch STROM Nidau www.stromwatch.ch

STUHRLING ORIGINAL Bienne www.stuhrling.com SWATCH (Swatch Group) Bienne www.swatch.com SWISS MILITARY Moutier www.genuineswissmilitary.ch SWISS TIME Bienne www.swisstimeintl.com TALLER Bienne www.tallerwatch.ch THOMAS PRESCHER Twann www.prescher.ch TIFFANY & CO Bienne www.tiffany.com TRASER H3 Niederwangen www.traser.com UNION GLASHUTTE (Swatch Group) Bienne www. union-glashuette.com URBAN JÜRGENSEN Bienne www.ujs-chronometry.ch VASTO Tramelan www.vasto.ch VICTORINOX SWISS ARMY Bienne www.victorinox.com VOGARD Nidau www.vogard.com W. GABUS Bienne www.wgabus.com ZEITWINKEL St-Imier www.zeitwinkel.ch FRIBOURG BULOVA Fribourg www.bulova.com CARBON 14 Granges-Paccot www.carbon14.ch CARTIER (Richemont) Villars-sur-Glâne www.cartier.com CECIL PURNELL Belfaux www.cecilpurnell.com GUEPARD Fribourg www.guepard.ch JO SIFFERT Fribourg www.josiffert.com LINDE WERDELIN Fribourg www.lindewerdelin.com MAURON & MUSY Saint-Aubin www.mauronmusy.com SAINT HONORE Fribourg www.sainthonore.com VAN CLEEF & ARPELS (Richemont) Villars-surGlâne www.vancleefarpels.com GENÈVE AKRIVIA Genève www.akrivia.com ALAIN PHILIPPE Genève www.alainphilippe.com ALFRED DUNHILL (Richemont) Genève www.dunhill.com ALPINA Plan-les-Ouates www.alpina-watches.com ALTANUS Genève www.altanus.com ANDERSEN GENEVE Genève www.andersen-geneve.ch ANTOINE PREZIUSO Arare www.antoine-preziuso.com APPELLA Carouge www.appella.com AQUANAUTIC Genève www.aquanautic.com ARTYA Vésenaz www.artya.com ATELIERS DE MONACO Plan-Les-Ouates www.ateliers-demonaco.com BADOLLET Genève www.badollet.com BAUME & MERCIER (Richemont) Bellevue www. baume-et-mercier.com BEDAT & Co. Genève www.bedat.com BERTOLUCCI Genève www.bertolucci-watches.com BLACK BELT Vésenaz www.blackbeltwatch.com BLACKSAND Genève www.blacksandgeneve.com BOGH-ART Genève www.bogh-art.com BOVET Plan-les-Ouates www.bovet.com BREVA Genève www.breva-watch.com BURBERRY (Fossil) Genève www.burberry.com CHANEL Genève www.chanel.com CHARRIOL Genève www.charriol.com CHOPARD Meyrin www.chopard.com CLERC Genève www.clercwatches.com CVSTOS Genève www.cvstos.com CYRUS Versoix www.cyrus-watches.ch DA VINDICE Genève www.davindice.com DANIEL ROTH (Bulgari) Meyrin www.danielroth.com DAVID VAN HEIM Carouge www.david-van-heim.com DE BETHUNE Genève www.debethune.ch DE BOUGAINVILLE Plan-les-Ouates www.debougainville.com DE GRISOGONO Plan-les-Ouates www.degrisogono.com DELACOUR Genève www.delacour.ch DELALOYE Carouge www.garde-temps.ch DELANEAU Genève www.delaneau.com DEWITT Meyrin www.dewitt.ch EMILE CHOURIET Meyrin www.emile-chouriet.ch ENIGMA Genève www.gbenigma.com F.P. JOURNE Genève www.fpjourne.com FABERGE Genève www.faberge.com FRANC VILA / Genève www.francvila.com FRANCK MULLER Genthod www.franckmuller.com FRED (LVMH) Genève www.fred.com FREDERIQUE CONSTANT Plan-les-Ouates www.frederique-constant.com GERALD GENTA (BULGARI) Meyrin www.geraldgenta.com GIO MONACO Genève www.giomonaco.com GRAFF Genève www.graffdiamonds.com GRECO GENEVE Plan-les-Ouates www.greco-watches.com HARRY WINSTON (Swatch Group) Plan-les-Ouates www.harrywinston.com ICELINK Genève www.icelinkwatch.com JACOB & CO. Genève www.jacobandco.com JEAN DUNAND Plan-les-Ouates www.jeandunand.com JORDI Nyon www.jordiwatches.com LACOSTE Genève www.lacoste.com LADOIRE Genève www.ladoire.ch LAURENT FERRIER Plan-les-Ouates www.laurentferrier.ch LE RHONE Satigny www.lerhone.com LEBEAUCOURALLY Genève www.lebeaucourally.com LEONARD Genève www.leonardwatches.com LOUIS VUITTON Genève www.louisvuitton.com LUDOVIC BALLOUARD Meyrin www.ballouard.com M. STEPHANE Vésenaz www.m-stephane.com MAGELLAN Genève www.magellanwatch.com MAREMONTI Genève www.maremontiwatch.ru MATHEY-TISSOT Genève www.mathey-tissot.net MB&F Genève www.mbandf.com MECCANICHE VELOCI Genève

EUROPA STAR PREMIÈRE | 39

www.meccanicheveloci.ch MOYA Genève www.moyawatch.com MYKRONOZ Genthod www.mykronoz.com PATEK PHILIPPE Plan-les-Ouates www.patek.com PETER TANISMAN Meyrin www.peter-tanisman.com PIAGET (Richemont) Plan-les-Ouates www.piaget.com PICARD CADET Genève www.picardcadet.ch PIERRE KUNZ Genthod www.pierrekunzgeneve.com PILO & CO Carouge www.pilo-watches.com QUINTING Genève www.quinting-watches.com RALPH LAUREN Plan-les-Ouates www.ralphlauren.com RATEL Genève www.cyrilratel.com RAYMOND WEIL Genève www.raymond-weil.com RJ - ROMAIN JEROME Genève www.romainjerome.ch ROBERT ET FILS 1630 Genève www.robertfils1630.com ROGER DUBUIS (Richemont) Meyrin www.rogerdubuis.com ROLEX Genève www.rolex.com SARCAR Vésenaz www.sarcar.com SNYPER Genève www.snyperwatches.com SPERO LUCEM Genève www.spero-lucem.com STEELCRAFT Carouge www.steelcraft.ch TECHNOMARINE Genève www.technomarine.com TF EST 1968 Carouge www.tfco.ch TUDOR Genève www.tudorwatch.com UNIVERSAL GENEVE Meyrin www.universal.ch URWERK Genève www.urwerk.com VACHERON CONSTANTIN (Richemont) Plan-les-Ouates www.vacheron-constantin.com VAN DER BAUWEDE Genève www.vdb.ch VENUS Genève www.montresvenus.com VOLNA Genève www.volna.ch YESLAM Genève www.yeslam.ch ZANDIDOUST Genève www.zandidoust.com JURA AEROWATCH Saignelégier www.aerowatch.com ANDRE MOUCHE Fahy www.andremouche.ch AVIATOR Porrentruy www.aviatorwatch.ch CATOREX Les Breuleux www.catorex.ch CLAUDE BERNARD Les Genevez www.claudebernard.ch EDOX Les Genevez www.edox.ch ERNEST BOREL Le Noirmont www.ernestborel.ch HEBE Alle www.hebewatch.com IKEPOD Bassecourt www.ikepod.com L'DUCHEN Saignelegier www.lduchen.com L'EPEE Delémont www.lepee-clock.ch LOUIS CHEVROLET Porrentruy www.louischevrolet.ch LOUIS ERARD Le Noirmont www.louiserard.ch MATTHEW NORMAN Delémont www.matthew-norman.ch PAUL PICOT Le Noirmont www.paulpicot.ch RICHARD MILLE (Horométrie) Les Breuleux www.richardmille.com RUDIS SYLVA Les Bois www.rudissylva.com SWIZA Delémont www.swiza.ch VALGINE Les Breuleux www.jic.ch/valgine VICENTERRA Boncourt www.vicenterra.ch WENGER Delémont www.wenger.ch LUCERNE CARL F. BUCHERER Lucerne www.carl-f-bucherer.com CHRONOSWISS Lucerne www.chronoswiss.com OCHS UND JUNIOR Lucerne www.ochsundjunior.ch NEUCHÂTEL 88 RUE DU RHONE La Chaux-de-Fonds www.88rdr. com AFFLUENCE Neuchâtel www.affluencewatches.com ALEXIS GARIN Les Verrières www.alexisgarin.ch ARNOLD & SON La Chaux-de-Fonds www.arnoldandson.com BALL WATCH La Chaux-de-Fonds www.ballwatch.com BLAULING Chézard-Saint-Martin www.blauling.com BLU Colombier www.blu.ch BOMBERG Neuchâtel www.bomberg.ch BOUCHERON (Kering) Cortaillod www.boucheron.com BULER La Chaux-de-Fonds www.buler.ch BULGARI (LVMH) Neuchâtel www.bulgari.com CATENA Corcelles www.montres-catena.com CERTINA (Swatch Group) Le Locle www.certina.com CHATELAIN La Chaux-de-Fonds www.chatelain.ch CHRISTOPHE CLARET Le Locle www.christopheclaret.com CHRISTOPHE SCHAFFO La Brévine CHRONOGRAPHE SUISSE CIE La Chaux-de-Fonds www.chronographesuisse.ch CORONA WATCH Neuchâtel CORUM (Haidian) La Chaux-de-Fonds www.corum.ch DIOR HORLOGERIE (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.dior.com DREYFUSS & CO La Chaux-de-Fonds www.dreyfussandco.com DUBEY & SCHALDENBRAND La Chaux-de-Fonds www.dubeywatch.com ELLICOTT 1738 La Chaux-de-Fonds www.ellicott.ch ENICAR La Chaux-de-Fonds www.enicar.com ETOILE Le Locle www.montres-etoile.ch FENDI Marin-Epagnier www.fendi.com FERDINAND BERTHOUD Fleurier www.ferdinandberthoud.ch FESTINA Bienne www.festina.com FLIK FLAK (Swatch Group) Cormondrèche www.flikflak.com FREDERIC JOUVENOT La Chaux-de-Fonds www.fjouvenot.com GAMIL WATCH La Chaux-de-Fonds GEBSON Neuchâtel www.gebson.com GERGE Neuchâtel www.gergeswiss.com GIRARD-PERREGAUX (Kering) La Chaux-de-Fonds

www.girard-perregaux.com GRAHAM La Chaux-de-Fonds www.graham-london.com GREUBEL FORSEY La Chaux-de-Fonds www.greubelforsey.com GUCCI (Kering) Cortaillod www.gucciwatches.com HAUTLENCE (Melb Holding) La Chaux-de-Fonds www.hautlence.com HERITAGE Neuchâtel www.hwm-watch.com HOROSWISS La Chaux-de-Fonds www.horoswiss.com HYT Neuchâtel www.hytwatches.com JAERMANN & STUBI Le Locle www.jaermann-stuebi.com JAMES C. PELLATON Le Locle www.jamespellaton.com JAQUET DROZ (Swatch Group) La Chaux-de-Fonds www.jaquet-droz.com JEAN D'EVE La Chaux-de-Fonds www.jeandeve.ch JEANRICHARD (Kering) La Chaux-de-Fonds www.jeanrichard.com JULIEN COUDRAY 1518 Le Locle www.juliencoudray1518.ch LOUIS MOINET Saint-Blaise www.louismoinet.com MAITRES DU TEMPS La Chaux-de-Fonds www.maitresdutemps.com MARATHON La Chaux-de-Fonds www.marathonwatch.com MARVIN Vaumarcus www.marvinwatches.com MCGONIGLE STEPHEN Neuchâtel www.mcgonigle.ie MCT Neuchâtel www.mctwatches.com METAL.CH Neuchâtel www.metalch.com MIDO (Swatch Group) Le Locle www.mido.ch MONTBLANC (Richemont) Le Locle www.montblanc.com MUREX Le Locle www.murexwatch.com NOBEL Neuchâtel www.nobelwatch.ch OPTIMA Le Locle www.optimawatch.com PARMIGIANI FLEURIER Fleurier www.parmigiani.ch PIERRE THOMAS La Chaux-de-Fonds www.pierrethomas.ch RAIDOX Le Locle www.raidox.ch RIBA MUREX Le Locle www.murexwatch.com ROD Neuchâtel www.rodwatches.ch ROTARY La Chaux-de-Fonds www.rotarywatches.com SCHWARZ-ETIENNE La Chaux-de-Fonds www.schwarz-etienne.ch SULTANA La Chaux-de-Fonds www.sultana.ch TAG HEUER (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.tagheuer.com TAUCHMEISTER La Chaux-de-Fonds www.michel-perrenoud.ch TEMPVS COMPVTARE Neuchâtel www.tempvscompvtare.ch TISSOT (Swatch Group) Le Locle www.tissot.ch ULYSSE NARDIN (Kering) Le Locle www.ulysse-nardin.com VOUTILAINEN Môtiers www.voutilainen.ch VULCAIN Le Locle www.vulcain-watches.ch WALTHAM Marin-Epagnier www.waltham.ch ZENITH (LVMH) Le Locle www.zenith-watches.com

DWISS Lugano www.dwiss.com GLAM ROCK Lugano www.glamrockwatches.com GUESS Bioggio www.guesswatches.com N.O.A Balerna www.noawatch.com ORA Locarno www.oraswisswatch.com SALVATORE FERRAGAMO (Timex Group) Manno www.ferragamotimepieces.com SEA-GOD Chiasso www.sea-god.ch TENDENCE Lugano www.tendencewatches.com TIMEX (Timex Group) Manno www.timexgroup.com TONINO LAMBORGHINI Chiasso www.lamborghini.it VERSACE (Timex Group) Manno www.versace.com ZITURA WATCH Magliaso www.zitura.com THURGOVIE ANDREAS STREHLER Sirnach www.astrehler.ch HANHART Diessenhofen www.hanhart.com VAUD

ADRIANO VALENTE Lausanne www.adrianovalente.com ALAIN SAUSER CRÉATION Chamby www.alainsauser.ch ALFRED ROCHAT - AROLA Les Bioux www.arola-alfred-rochat.ch ANONIMO Chavannes-de-Bogis www.anonimo.com AUDEMARS PIGUET Le Brassus www.audemarspiguet.com BLANCPAIN (Swatch Group) Paudex www.blancpain.com BREGUET (Swatch Group) L'Abbaye www.breguet.com C3H5N3O9 Gand www.c3h5n3o9.com CABESTAN L'Orient www.cabestan.ch CHAUMET (LVMH) Nyon www.chaumet.com CLAUDE MEYLAN L'Abbaye du Lac de Joux www.claudemeylan.ch DE HAVILLAND Yverdon-les-bains www.dehavilland-watches.com DODICI Montreux www.dodici.ch FRERES ROCHAT (Automates) Le Brassus www.freres-rochat.com HD3 COMPLICATION Luins www.hd3complication.com HUBLOT (LVMH) Nyon www.hublot.com HYSEK Lussy-sur-Morges www.hysek.com JAEGER-LECOULTRE (Richemont) Le Sentier www.jaeger-lecoultre.com JANVIER Ste-Croix www.vianney-halter.com LOISEAU St-Prex www.atelier-loiseau.ch LOUIS GOLAY Lonay www.louisgolay.com MANUFACTURE ROYALE Vallorbe www.manufacture-royale.com PHILIPPE DUFOUR Le Sentier www.philippedufour.com PIERRE DEROCHE Le Lieu www.pierrederoche.com REBELLION Lonay www.rebellion-timepieces.com REUGE (automates) Sainte Croix www.reuge.com REVELATION Lully www.revelation-watches.ch OBWALD ROMAIN GAUTHIER Le Sentier www.romaingauthier.com ANTOINE MARTIN Alpnach www.antoinemartin.ch SLYDE Luins www.slyde.ch SPEAKE-MARIN Bursins www.speake-marin.com SCHAFFHOUSE VALBRAY Lausanne www.valbray.ch VINCENT CALABRESE Morges A. LANGE & SOEHNE (Richemont) Schaffhouse www.vincent-calabrese.ch www.lange-soehne.com H. MOSER & CIE (Melb Holding) Neuhausen am Rheinfall www.h-moser.com ZOUG IWC (Richemont) Schaffhouse www.iwc.ch CIMIER Baar www.cimier.com DIETRICH Zoug www.dietrich-watches.com SCHWYTZ FAVRE LEUBA Zoug GC WATCHES (Timex Group) Zoug COINWATCH Pfäffikon www.coinwatch.ch LES www.gcwatches.com MILLIONNAIRES Pfäffikon www.millionnaires.ch PANERAI (Richemont) Steinhausen LUMINOX Pfäffikon www.luminox.com www.panerai.com MIRA Pfäffikon www.mirawatch.ch RAM Cham www.ram-watches.ch PHILIP ZEPTER Wollerau www.zepter.com RECONVILIER Zoug www.reconvilier.com SOLEURE ZURICH ARLEA Wolfwil AUREMA Grenchen ZASPERO Regensdorf www.zaspero.com BIJOUMONTRE Grenchen www.bijoumontre.com CAMEL ACTIVE Zurich www.mondaine.com BREITLING Grenchen www.breitling.com CORNAVIN Zurich www.cornavin-watches.ch CAT Solothurn www.catwatches.com HELVETICA Zurich www.mondaine.com COACH Grenchen www.coach.com JUSTEX Zurich www.justex.ch COVER WATCHES Solothurn LALIQUE Zollikerberg www.lalique.com www.coverwatches.com M-WATCH Zurich www.mondaine.com CYCLOS Dornach www.cyclos-watch.ch MARC JENNI Zurich www.marcjenni.com ETERNA (Haidian) Grenchen www.eterna.ch MAURICE DE MAURIAC Zurich FORTIS Grenchen www.fortis-watches.com www.mauricedemauriac.ch GENIE Grenchen www.genieswiss.ch MIKI ELETA (Pendules) Zurich www.eleta.ch HARWOOD WATCH CO. Grenchen MONDAINE Zurich www.mondaine.com www.harwood-watches.com MONTILIER Zurich www.montilier.com JOWISSA UHRE Bettlach www.jowissa-watches.com O&W Zurich www.chronotime.ch KIENZLE Egerkingen www.kienzleuhren.de PAUL GERBER Zurich www.gerber-uhren.ch MANJAZ Welschenrohr www.manjaz.ch PHILIP STEIN Kilchberg www.philipstein.com NORD ZEITMASCHINE Büsserach SEVENFRIDAY Zurich www.sevenfriday.com www.nord-zeitmaschine.ch SWAROVSKI Männedorf www.swarovski.com PORSCHE DESIGN Grenchen TORSO Zurich www.torsoswiss.ch www.porsche-design.com URBACH Zurich www.urbach.ch ROAMER Soleure www.roamer.ch XEMEX Zurich www.xemex.ch SWISS MILITARY-HANOWA Solothurn www.swissmilitary.ch TITONI Grenchen www.titoni.ch Liste non contractuelle ST. GALL LUNESA Sevelen www.lunesa.com TESSIN ADRIATICA Camorino www.adriaticawatches.ch ALFEX Manno www.alfex.com ARMAAN Agno BUCCELLATI Chiasso www.buccellati.com Pour des informations complètes sur CANOPUS Magliaso www.amanzoni.com toutes les marques suisses et internationales, CUERVO Y SOBRINOS Capolago consultez www.europastar.com/brand-index www.cuervoysobrinos.com DAMIANI Manno www.damiani.com


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