Enquête sur le private label
Elles apportent une touche de poésie sur le rigoureux cadran de la montre. Sélection de phases de lune horlogères.....................................p.6
Avec plus d’entrées annuelles que la Tour Eiffel, le grand magasin genevois s’attaque de front au marché horloger!.....................................p.12
A la rencontre des horlogers de l’ombre, qui fabriquent les montres signées par d’autres, dans la plus grande discrétion.....................p.16
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Manor, géant du détail horloger DR
Les plus belles phases de lune
EUROPA STAR PREMIERE LE JOURNAL DE L’ÉCOSYSTÈME HORLOGER SUISSE
NO 5 (Vol.18) | 6.00 CHF € | GENÈVE, LE 30 NOVEMBRE 2016 | EUROPASTAR.COM
ISSN 297-4008
ÉDITORIAL
Apprendre à danser sous la pluie par Pierre
Maillard
Quand dans les années 1450 l’imprimerie commença à se diffuser, les libraires, qui vivaient de la vente des manuscrits, poussèrent des cris d’orfraie. On allait tuer leur commerce ! D’autres s’inquiétaient aussi des dangers que pouvait représenter la soudaine possibilité de diffuser à plus grande échelle les idées subversives. Le pouvoir politique chercha à surveiller l’imprimerie, notamment en ordonnant le dépôt légal de chaque livre auprès de la bibliothèque royale. Quant à l’Eglise, elle s’empressa de dresser son Index des livres interdits. Et là-dessus fleurissaient les ateliers clandestins et les contrefacteurs… Toute ressemblance avec la crise que vit aujourd’hui la presse ne serait-elle que le «fruit du hasard»? Ou l’Histoire serait-elle condamnée à se répéter sans cesse, sous autres formes mais mue par de semblables mécanismes économiques et sociaux? L’imprimerie est parvenue aujourd’hui à la fin d’un glorieux cycle au cours duquel elle a fortement contribué à transformer la face du monde. L’écrit reste mais glisse de son lourd support papier pour se dissoudre parmi mille écrans mobiles. Pour nous, Europa Star, qui depuis bientôt 90 ans nous consacrons entièrement au secteur horloger, le changement de paradigme est double. Celui qui affecte «l’imprimerie» ressemble furieusement à celui qui désormais touche l’horlogerie. Paraphrasons ce que nous avons dit à propos de l’imprimerie: «l’horlogerie, parvenue à la fin d’un glorieux cycle au cours duquel elle a fortement contribué à transformer la face du monde, voit désormais tous ses modèles fondamentalement remis en cause. La mesure du temps reste mais glisse de son support matériel – la montre - pour se
dissoudre parmi mille écrans mobiles». Et tout comme les libraires de 1450 s’effrayaient de l’arrivée de l’imprimerie, les détaillants horlogers s’effraient aujourd’hui de la dématérialisation de leur commerce. Toujours est-il qu’au jour d’aujourd’hui, il existe toujours des librairies et que sans doute, il en existera toujours. Le livre ne va pas mourir car l’homme est un être de matière, de toucher, d’odorat, de sentiment, d’affect et ne saurait se contenter en tout et pour tout que d’éphémère et de dématérialisé. Mais le livre va se transformer. L’espoir des horlogers est que la montre, au mieux, subisse en fait le même sort que le livre. La montre ne va pas mourir. Elle va se transformer, pour sûr, se raréfier sans doute, mais prendre d’autant plus de «poids» et de valeur. Mais pour parvenir à poursuivre ainsi sa route, encore faut-il accompagner le changement, en comprendre les ressorts, agir intelligemment en conséquence. Nous n’avons aucune leçon à donner aux horlogers mais quant à nous, «imprimeurs» confrontés au changement de paradigme de la presse, nous allons profiter pleinement de nos 90 ans pour changer à nouveau dans la continuité de notre indépendance, et proposer de nouvelles pistes, créer de nouvelles alliances, tisser de nouveaux liens, explorer de nouveaux possibles, matérialisés et dématérialisés. Nous sommes confiants que vous nous suivrez dans ces nouvelles aventures, qu’elles seront aussi les vôtres et que, comme le dit la phrase du philosophe romain Sénèque, devenue notre actuelle devise, «La vie n’est pas d’attendre que l’orage passe mais d’apprendre à danser sous la pluie. » Amis horlogers, amis lecteurs, rendez-vous le 18 janvier 2017. Une nouvelle page s’ouvre. Pour nous. Pour vous. Pour l’horlogerie.
Le point sur les montres connectées De A à Z Le moins que l’on puisse dire est que la montre connectée suscite peu d’enthousiasme de la part des marques suisses, qui se sentent «forcées» de s’y mettre, sans gros appétit (à part peut-être l’enthousiasme affiché par un Jean-Claude Biver mais l’a-t-on connu autrement?). Toujours est-il que ce marché zigzagant est en train de se constituer, parallèlement à la montre mécanique et directement sur les terres de la montre quartz. Les propositions les plus diverses se sont multipliées depuis l’an passé. L’heure est au bilan, intermédiaire bien sûr. (Suite en page 3)
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Le point sur les montres connectées
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Mais les modules connectés resteront-ils confinés aux montres, alors que l’on évoque de plus en plus les habits, les lunettes, les bracelets ou les écouteurs connectés, quand ce ne sont pas des puces intégrées directement sous la peau? La montre connectée s’intègre dans l’environnement plus large de l’Internet of Things, des frigos aux robots connectés. Selon IDC, le seul marché des wearables (en grande majorité des bracelets connectés pour l’heure) devrait atteindre quelque 110 millions d’unités d’ici la fin de l’année, soit près de 40% de croissance par rapport à l’an passé, et s’élever à 237 millions en 2020. Combien de «montres» parmi ces centaines de millions d’unités? C’est tout l’enjeu des embryons de montres connectées présentés depuis l’an passé.
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«Nous nous attendons à voir des évolutions majeurs dans les prochains temps: des smartwatches qui ressembleront vraiment à des montres, des interfaces plus faciles d’utilisation, des applications rivalisant avec celles de nos smartphones», estime Ramon Llamas, responsable de recherche chez IDC. Si l’expérience client peut s’avérer décevante sur les modèles actuels, la marge de progression reste importante pour les montres connectées. L’un des créneaux les plus prometteurs est sans doute celui des outils de monitoring de la santé: c’est tout le sens du rachat par Nokia de la marque française de montres connectés Withings. Après avoir manqué le tournant des smartphones, la compagnie finlandaise mise sur les technologies médicales. Une économie gigantesque dans nos sociétés vieillissantes, dont les montres connectées pourraient représenter l’un des outils les plus intéressants. Les assurances sont aux abois...
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Ce marché en décollage, qui représente pour l’heure seulement 1.5% de la production horlogère globale, affiche néanmoins une croissance logiquement très forte, de l’ordre de +224% en comparaison annuelle au premier trimestre 2016! Apple est le géant de cette catégorie, avec plus de la moitié des parts de marché, devant Samsung, Fossil, Casio, Garmin et... TAG Heuer. Son directeur Jean-Claude Biver a réussi un de ces tours de force marketing dont il est coutumier en profilant la marque historique suisse comme une alternative de qualité à l’Apple Watch, depuis le lancement en grande pompe de la Carrera Connected à New York (200'000 exemplaires prévus pour 2017, soit le tiers des ventes totales), en particulier dans l’esprit des consommateurs américains, un marché à haut potentiel où les ventes de montres connectées pèsent déjà sur les résultats des montres à quartz, suisses ou non.
Nokia se lance dans la bataille
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Pari marketing réussi pour TAG Heuer
Un facteur qui n’est pas étranger à la vaste offensive en la matière du Fossil Group, qui doit sentir le boulet passer et qui a annoncé une centaine de modèles connectés à Baselworld pour ses différentes marques sous licence. La production tout entière du quatrième groupe horloger au monde pourrait même être connectée dans un horizon de cinq ans, suite au rachat de la société hightech Misfit! Certaines marques haut de gamme, espérant séduire de nouvelles générations d’acheteurs, cherchent quant à elles à associer leur image à ce marché en devenir, malgré une obsolescence programmée inhérente en contradiction avec l’esprit de la montre mécanique. Montblanc avait marqué les esprits l’an passé avec son bracelet connecté présenté au SIHH mais celui-ci semble quelque peu sorti du radar. C’est cependant dans l’immédiat le segment des montres abordables traditionnelles à quartz (97.5% des montres produites dans le monde) qui se trouve sous la menace des nouveaux acteurs de la montre connectée. Contrairement au groupe Fossil, le Swatch Group n’a pas encore lancé de véritable offensive d’ampleur sur ce créneau ni de partenariat avec l’un des acteurs incontournables des écosystèmes connectés. Pour René Weber de Vontobel, il est probable qu’une partie importante des montres à quartz intégreront au moins un module connecté dans les années à venir.
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Le marché de la montre connectée, qui a connu son réel envol – tant en termes d’image que de ventes – avec le lancement de l’Apple Watch en avril 2015 après plusieurs années de frémissements, affiche un bilan contrasté une année et demi plus tard. On commence néanmoins à mieux en dessiner les contours. D’un côté, avec des ventes estimées à plus de 11 millions d’unités en 2015 par le cabinet d’études IDC (chiffre sujet à caution, Apple n’ayant pas dévoilé de chiffre précis pour sa montre «noyée» dans les résultats d’une catégorie mixte de produits), la firme de Cupertino se placerait en deuxième position mondiale en tant que marque «horlogère», directement derrière Rolex avec un chiffre d’affaires d’environ 4,5 milliards de francs, selon un classement un peu provocateur de la banque suisse Vontobel (voir tableau en encadré) et du dernier keynote speech de Tim Cook. Une autre marque connectée, Fitbit, (mais dont la plus grosse part des ventes est le fait de bracelets de fitness), se situerait quant à elle en cinquième position avec un résultat de 1.8 milliard, entre Cartier et Patek Philippe. D’un autre côté, l’engouement «émotionnel» – historiquement, l’une des clés du succès d’Apple – que l’on aurait pu attendre pour cette catégorie de produit, a été moins fort que prévu. L’iPhone ou l’iPad sont devenus de véritables icones technologiques de notre époque, même si les ventes du premier affichent pour la première fois un déclin; l’Apple Watch reste pour l’heure beaucoup moins mainstream et ses résultats demeurent confidentiels en comparaison avec les 231 millions de iPhone et 55 millions de iPad écoulés l’an passé (retenons tout de même que si certains n’hésitent pas à parler de «contre-performance», celle-ci ferait saliver bien des acteurs horlogers!). L’expérience client est souvent décevante et il y a fort à parier qu’un nombre considérable de montres connectées finissent dans un tiroir ou en revente après quelques semaines, sous le coup de la déception
ou de la lassitude engendrée par un produit qui reste une simple extension au poignet du smartphone et qui n’a pas encore trouvé sa killer app (l’auteur peut en attester). «Moimême, je n’ai conservé mon Apple Watch que deux semaines», confie René Weber, l’auteur du rapport de Vontobel. Un doublon au même prix que le smartphone? «Plus d’une année après la sortie de l’Apple Watch, les montres connectées posent toujours autant de questions et aussi peu de réponses. Pour l’instant, nous ne pouvons dire qu’elles aient eu un impact marqué sur le créneau de l’entrée de gamme, puisque c’est ce segment qui résiste le mieux en 2015», note Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse.
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Serge Maillard
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POINT DE VUE
Le regard connecté de Gerald Roden Gerald Roden, consultant,
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spécialiste du marché horloger et ancien directeur de Swiss Festina Group (Soprod), de Grisogono, Gérald Genta et Daniel Roth
«Il y a quelques années, j’aurais eu un discours assez négatif sur l’arrivée des montres connectées. Mais nous voyons le monde au travers de la lorgnette de l’horlogerie suisse, qui ne représente que 3% des volumes de l’horlogerie mondiale. En 2013, j’ai cependant compris le potentiel énorme de ce marché et concentré les investissements du motoriste Soprod sur les mouvements connectés. Le monde de l’objet connecté et le monde horloger, très ancré en Suisse dans le mécanique, restent fondamentalement différents. Les produits n’ont pas le même cycle de vie. C’est
une différence fondamentale. La montre Apple a un cycle de vie d’un à deux ans: c’est de l’obsolescence programmée, incompatible avec la notion de luxe. En rencontrant des acteurs de la Silicon Valley, je me suis rendu compte à quel point ils travaillaient sur des cycles de vie extrêmement courts, d’un an maximum. Le client, le marketing, la distribution ou les marges: tout est différent. Apple a voulu faire du TAG Heuer et TAG Heuer de l’Apple: tous deux font fausse route. D’ailleurs les derniers développements sur l’Apple watch 2 démontrent que Tim Cook a renversé la vapeur et l’approche «horlogère» est abandonnée. Par contre, le produit prend une connotation plus sportive via un partenariat avec Nike. Apple se concentre sur le monde du fitness et du wellness. Son concurrent est Samsung, pas Rolex. Quant à Jean-Claude Biver, il insiste sur la notion de vecteur de communication et de facteur de rajeunissement de la marque, qui lui apportent de la croissance. Le vrai levier pour
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TAG Heuer viendra d’une innovation horlogère fondamentale dans le mécanique. Le lancement de l’Autavia consolide plus la marque dans son segment que ne le fait la montre connectée. Je suggère d’ailleurs à vos lecteurs de rechercher les anciennes Autavia qui deviendront un hit dans les ventes aux enchères. Alors que l’électronique… A mon sens, il y a une troisième voie pour le connecté: celle des montres à aiguilles. Une montre autonome à énergie solaire mais qui peut se connecter. Nous devons répondre à des questions délicates. Comment faire des montres connectées tout en étant porteur de tradition et d’émotion? Comment garder son ADN, ne pas se trahir? Fossil l’a compris très tôt et ses derniers produits, lancés dans un délai extrêmement court grâce à l’acquisition de Misfit, démontrent une vraie compréhension de la mutation du marché horloger dans l’entrée de gamme. Je crois qu’il ne faut pas jouer dans le monde de l’électronique grand public si l’on est horloger. D’ailleurs, ce qui intéresse Apple en tant que tel n’est pas tant la montre que l’information, le Big Data. A terme, il est probable qu’ils proposent d’acheter le téléphone et la montre ensemble, puis uniquement la montre, car toute la technologie y sera concentrée. De manière générale, nous aurons de plus en plus de produits connectés autour de nous (ou en nous). Aujourd’hui, on porte deux objets connectés, demain on en portera cinq. Tout sera connecté. Cela n’empêchera pas de porter une montre mécanique suisse ou une montre suisse connectée à aiguilles avec une valeur ajoutée émotionnelle plus importante. Sp nto Suu n arta ra Ult
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L’industrie suisse fait face à une autre problématique: les moyens financiers à mettre en place pour la recherche; à part le Swatch Group, les Suisses n’ont pas les moyens des groupes américains ou coréens. Et derrière les produits connectés se dessine le vaste champ d’exploration de l’intelligence artificielle. Tout cet écosystème réside dans la Silicon Valley, pas en Suisse. Un projet de montre connectée à écran numérique se développe en Californie ou à Séoul. On ne peut pas créer un écosystème artificiellement. Par contre, la Suisse possède un vaste savoir-faire à Marin mais aussi à l’EPFL, à la Haute Ecole d'Ingénierie de la HES-SO, au Technopôle de Sierre, au CSEM de Neuchâtel et je ne cite pas les start-up qui sont très actives dans ce domaine. Tout cet ensemble de savoir-faire et d’expériences déjà probantes peut servir à développer une solution suisse originale, qui permettrait de renforcer la recherche en Suisse et la production sans pour autant nécessairement utiliser le Swiss made qui ne représente pas un facteur clef d’achat pour ce genre de produits. Il y a certainement beaucoup de dossiers de produits connectés dans les tiroirs du Swatch Group. Sa réticence à les sortir peut se comprendre: il se bat pour maintenir un savoir-faire industriel en Suisse. Des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu et il ne peut pas lancer un vent de panique en proclamant que l’avenir de l’entrée de gamme est dans la montre connectée. J’imagine qu’il ne souhaite pas non plus s’allier à un acteur plus puissant financièrement et issu de l’électronique: ils ont toujours eu une très forte volonté de maîtrise à l’interne. Je suis certain que le Swatch Group est lucide sur la situation et qu’il attend le moment opportun. Je suis par contre fatigué de lire les imprécations des oracles qui annoncent une catastrophe sans proposer de solutions stratégiques.
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Le ralentissement dont nous souffrons depuis de nombreux mois n’est pas dû qu’à l’arrivée des montres connectées: stocks excessifs dans les entreprises et les centres logistiques, situations géopolitiques difficiles, marché chinois bridé par les mesures anticorruptions. Ce ralentissement va provoquer un sacré ménage dans l’industrie horlogère, et pas seulement suisse. En même temps, l’électronique de masse et l’horlogerie vont rester deux marchés différents. Je crois à une segmentation. La photographie n’a pas tué la peinture, comme le m’a dit un ami, grand patron d’une marque horlogère. Il y aura toujours des artistes. Mais on ne pourra plus tricher sur la quintessence du produit comme par le passé. Il faut prendre du recul, l’horlogerie suisse ne va pas si mal! Elle a doublé son chiffre d’affaires en dix ans et les fondamentaux sont toujours là. Il est rageant cependant, de constater la chute de la créativité due au ralentissement des ventes et au manque de courage des marques de luxe. Pour l’heure, il y a une situation générale de blocage, des tentatives timides, mais surtout de l’attentisme en ce qui concerne la connexion. Soprod et MMT sont les seuls acteurs crédibles en Suisse aujourd’hui. A terme, je crois que plusieurs types de marchés évolueront en parallèle. La montre purement mécanique continuera d’exister et le marketing du luxe jouera un rôle plus important. La Suisse n’a exporté en 2015 «que» 21 millions de pièces sur un marché de 1,2 milliard de volume et cette part va se réduire et ne concernera que le milieu et haut de gamme. Le quartz traditionnel est quant à lui très sérieusement menacé de disparition. Les produits d’entrée de gamme à quartz de marques suisses ou japonaises vont souffrir de la place de plus en plus importante des montres connectées. Ce n’est pas un hasard si Ronda se relance dans le mécanique et si Citizen se diversifie. Il y aura d’autre part la catégorie des objets connectés: bracelets, montres, vêtements, lunettes, valises, frigos, voitures et même animaux de compagnie! Leur nombre devrait atteindre entre 25 et 28 milliards de produits en 2020, selon les estimations d’instituts de recherche spécialisés. Par ailleurs, je crois qu’il reste encore de vastes champs de développement pour l’innovation horlogère, au-delà de la seule montre connectée. Il existe de nombreuses possibilités au niveau de l’échappement, qui vont rendre obsolètes les échappements traditionnels si sensibles au magnétisme ou très fragiles comme le silicium. La lubrification est un autre axe d’innovation. Mon rêve serait également de concevoir un jour des mouvements mécaniques soutenus par de l’électronique. On pourrait ainsi régler véritablement l’échappement en fonction du porté. Regardez la part prépondérante de l’électronique dans un véhicule automobile: voici encore une voie d’innovation qui serait une véritable rupture, sans pour autant sacrifier nos traditions, tout en pérennisant l’emploi!»
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Ali&Co, payer du poignet
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Le serial-entrepreneur genevois Ali El Alej
La start-up genevoise a investi plusieurs millions pour développer des montres à paiement accessible et colorées, avec le constructeur Soprod. Dessiné par Eric Giroud, son modèle plus haut de gamme intègre un mouvement mystérieux. Sur le terrain de jeu de géants comme Swatch ou Apple, la société vise désormais les volumes en Suisse et en Afrique. Portrait. par
Serge Maillard
On se souvient de leur «cube» qui trônait dans la cour intérieure de la Halle 2 à Baselworld cette année. Ali&Co, initiée par le serial-entrepreneur genevois Ali El Alej, est une start-up qui se positionne sur un créneau d’avenir: celui de la montre de paiement. Colorés, axés sur une communication très jeune d’esprit, les modèles d’entrée de gamme Alicious (proposés à 79 francs) et les montres à cadran «transparent» Mysterali (385 francs et Swiss made), rappellent la fraîcheur des Ice-Watch tout en se positionnant en alternative directe à la montre de paiement Bellamy de Swatch. «Nous sommes une marque de volumes et voulons distribuer le plus largement possible», souligne Nathalie Veysset, responsable de la communication de la start-up. Ali& Co commence à lancer ses montres sur les marchés suisse et africain:
«Nous sommes en train de finaliser le système de carte de crédit et avons pris les commandes des premières montres. Nous souhaitons par ailleurs nouer des partenariats hors de l’horlogerie, pour donner des avantages aux utilisateurs. Par exemple vous aurez une réduction sur le prix d’une baguette ou d’une livraison à domicile en utilisant le système Ali&Co.»
«Tout est autofinancé» D’origine tunisienne, Ali El Alej est arrivé en Suisse il y a 20 ans. Il a travaillé dans l’immobilier et la décoration d‘intérieur, mais aussi l’événementiel. «Sa spécialité, c’est de s’intéresser aux projets dont personne ne veut!, poursuit Nathalie Veysset. Il est très créatif et ne regarde jamais les problématiques de front, il prend toujours d’autres
La collection Alicious d’Ali&Co
angles, des chemins de traverse. C’est un outsider dans le bon sens du terme.» Pourquoi l’horlogerie à présent? «Ali a toujours eu une passion pour les montres et il aime fabriquer, inventer. Il était intrigué par les pendules mystérieuses de Cartier, alors il a décidé de se lancer dans la production de mouvements mystérieux quartz à prix abordable.» Résultat: un mouvement périphérique logé dans le rehaut, qui entraîne des disques transparents. «Le R&D a pris quatre ans, en partenariat avec Soprod et avec des investissements financiers à plusieurs millions, à la hauteur de projets de Haute Horlogerie. Tout est autofinancé.» Outre Soprod, un autre visage connu de l’horlogerie suisse a participé au
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projet: le toujours prolifique designer Eric Giroud, qui a dessiné les produits. «Si les fondements horlogers sont solides dans ce projet, on peut presque considérer l’horlogerie comme un prétexte servant l’idée principale de concevoir des objets ludiques qui fassent rêver et surprennent les gens. De plus, la montre ne sera pas vendue dans des points de vente traditionnels, plutôt dans des kiosques, stations-service, grandes surfaces, restaurants. Et il n’y aura pas que des montres...», souligne Nathalie Veysset.
Entrer dans les mœurs Reste maintenant à ce que les clients potentiels s’habituent à payer avec leur poignet: en ce sens, l’équipe d’Ali&Co considère l’Apple Watch comme un soutien de poids dans l’«évangélisation» de cette pratique. De plus, la Suisse est déjà très bien équipée en terminaux de paiement: 90% des points de vente acceptent le paiement au poignet, selon
la marque. De manière générale, cet équipement se standardise aux EtatsUnis, en Europe et en Asie. Et demain en Afrique... Mais la marque genevoise tient en même temps à se distinguer des smartwatches. «Il y a deux manières de faire. Soit il s’agit d’une extension du téléphone portable au poignet, comme le proposent Apple ou Samsung, mais qui nécessite d’être toujours en lien avec celui-ci. Soit il s’agit d’un système autonome, une montre à quartz traditionnelle, comme les modèles d’Ali&Co ou la Swatch Bellamy.» La start-up tient aussi à se distinguer du géant suisse: «Swatch a travaillé avec Visa et Cornèr Bank. Le problème, c’est qu’ils n’ont pu lancer leur montre qu’en Chine et en Suisse car ils doivent à chaque fois trouver un accord local. Nous avons voulu au contraire une solution universelle, via une banque universelle et une carte de crédit qui fonctionne dans le monde entier et dans les devises locales. Par ailleurs, nous allons ouvrir notre solution à d’autres horlogers.»
Puces intégrées Ali&Co s’est alliée à Mastercard et les puces sont intégrées dans le passant des montres. «Ce système est compatible avec d’autres montres: on peut en effet glisser le passant (dont on peut choisir la couleur et la décoration) avec la puce sur un autre bracelet.» Le client, qui doit s’acquitter de 40 francs de frais annuels auprès de Mastercard, reçoit deux cartes de crédit: une carte «traditionnelle» et une puce. Nathalie Veysset précise: «Il s’agit d’une carte prépayée et anonyme Mastercard Ali&Co, pour laquelle il n’y a pas besoin d’avoir un compte bancaire. On la charge à l’avance soit via un transfert bancaire soit via un point de recharge dans un réseau mondial de kiosques. On peut également la coupler à une autre carte de crédit.» La limite annuelle en Suisse est de 2'500 francs, ce qui est peu: «Mais si le client s’inscrit sur notre site, il peut obtenir une autre carte sans restriction, dans la limite évidemment du crédit disponible.» Pour des raisons de sécurité, des limites de paiement ont été instaurées pour chaque paiement par puce, variant selon les pays: 40 francs en Suisse, 20 à 30 euros en Europe, 30 dollars aux Etats-Unis. «Si l’on dépasse ce montant, il faut entrer son code PIN.» D’autres solutions sont proposées, comme le transfert peer-to-peer pour envoyer de l’argent à ses proches via une application, par exemple. «Via notre application, on pourra aussi effectuer un paiement comptant où tous les participants sont débités par tranche, ce qui facilite les choses au restaurant. Et nous allons ajouter des services sur notre application, par exemple pour que les utilisateurs puissent dialoguer, sur le modèle de WeChat. A terme, notre idée est de constituer une vraie communauté Ali&Co.»
PHASES DE LUNE
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LUNES par
Pierre Maillard
COMBIEN DE LUNES… Que dire sur la Lune qui n'ait été déjà dit cent fois, mille fois, depuis l'aube des temps. La Lune est une horloge nocturne. La Lune est un calendrier. Mais la Lune est aussi – surtout – l'objet céleste le plus proche de nous, le plus facilement observable mais aussi le plus mystérieux. Que de fantasmes, que d'histoires, de contes, de légendes, de sagas, de voyages imaginaires, de rêveries, de représentations, de poèmes a-t-elle suscité ! L'horlogerie n'est pas en reste, loin s'en faut. Dès ses débuts, elle a cherché à transcrire son rythme, son cycle, ses saisons, sa régulière croissance et décroissance. Si le Soleil est l'horloge première, la Lune en est une autre qui ne nous dit point la flèche des heures, minutes et secondes, mais nous rattache à des cycles plus amples. Durant combien de lunes Ulysse a-t-il voyagé…? Et au-delà des prouesses mathématiques qui permirent à l'horlogerie de décompter le cycle lunaire, la Lune exerce sur elle sa magie poétique. La Lune est belle, mystérieuse, fascinante. Sa surface se transcrit en or, en pierre, en nacre, en laque, sa pâleur en diamants. Sur le rigoureux cadran de la montre, elle apporte une touche de poésie. La Lune: un supplément d'âme donné à l'horlogerie.
LUNES DE HAUTE PRÉCISION Le cycle, la «période synodique» de la Lune, est le temps mis par celle-ci pour revenir à la même configuration, c'est-à-dire à la même place dans le ciel par rapport au Soleil, vu de la Terre. La période synodique de la Lune, autrement nommée «mois lunaire synodique», soit la durée séparant deux pleines lunes ou deux nouvelles lunes, vaut très exactement 29,530588853 jours terrestres. Un vrai casse-tête mathématique pour l'horloger qui cherche à transcrire ce cycle en mécanique avec exactitude. Laissons la parole à un grand spécialiste de la Lune, l'horloger Andreas Strehler, récemment nominé au Grand Prix d'Horlogerie de Genève pour sa dernière pièce Lune Exacte. Auparavant, il avait déjà obtenu son entrée dans le Guiness Book of World Records avec sa Sauterelle à lune perpétuelle, dérivant d'un seul jour qu'après «approximativement» 2.045 millions d'années!
C'est dire si l'homme connaît son sujet: «Une indication des phases de lune dite de précision ou lune astronomique, dévie par rapport à sa période synodique d'un jour après 122 ans. Avec la Sauterelle à lune perpétuelle, cette déviation a été portée à un peu plus de 2 millions d'années. Mais toutes les indications de phases de lune ont le même problème: aussi précises soient-elles, on ne peut pas les lire avec précision. A part la nouvelle lune et la pleine lune, le porteur de la montre doit plus ou moins deviner quelle est la phase exacte ou l'âge de la Lune. De même, il doit attendre la nouvelle lune ou la pleine lune pour la régler correctement.» La nouvelle Lune Exacte d'Andreas Strehler corrige sérieusement cette approximation. Elle permet une lecture bien plus précise de l'âge de la Lune: en jours et, grâce à une échelle de vernier, en périodes de 3 heures. Partant du principe qu'il est plus facile de constater la coïncidence de deux traits plutôt que de mesurer de très petites valeurs, l'échelle de vernier permet d'améliorer considérablement la précision de la lecture analogique.
PHASES DE LUNES Un des attraits majeur de la représentation de la Lune en horlogerie tient à la beauté et à la régularité cosmique de ses phases cycliques. Lune nouvelle, premier croissant, premier quartier, lune gibbeuse croissante, pleine lune, lune gibbeuse décroissante, dernier quartier, dernier croissant. Cette lunaison offre à l'horloger une succession de formes croissantes puis décroissantes qui, comme des index d'ombre, permettent de lire le "temps lunaire" tout au long de son cycle. Ou tout au moins de l'estimer en contemplant son parcours. Depuis son apparition jusqu'à sa disparition. Avec la Lune, le temps se fait véritablement espace. Sur Terre nous pouvons lire la progression du temps – de la journée - au déplacement de l'ombre sur le sol. En levant le nez vers le ciel nocturne et en observant la portion de Lune illuminée par le Soleil, c'est exactement la même chose qui se passe. Mais sur la plus longue durée d'un cycle qui dure environ 29.5 jours. Pe r i g e e
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PREMIÈRES LUNES Un peu d'Histoire. Les premières horloges et sphères astronomiques apparurent en France et en Allemagne dès le XVIème siècle. Mais ce n'est semble-til qu'au début du XVIIème siècle que remontent les premières montres «à mouvement de lune», telles qu'on les dénommait alors. Julien Coudray, horloger établi à Blois en 1597, figurerait parmi ces précurseurs tout comme des horlogers lyonnais. Avec l'exil des Protestants français, Genève devint pleinement horlogère et se spécialisa notamment dans des «mouvements de lune». On retrouve ainsi dans les Archives de la Ville des documents qui attestent de cette spécialisation remarquable. Ainsi un acte notarié de 1671, précise la commande faite à l'horloger Abraham Arlaud de «cinquante pièces de montres à mouvement de lune de la grandeur entre eux convenus (…) Toutes les pièces dudit ouvrage devront être achevées et ajustées dans leur perfection soit coqs ou cliquets d'argent, cercles d'argent, plaque de dessous et dessus polies, piliers façonnés…Et ce pour et moyennant le prix de dix-neuf écus blancs par pièce.» Cinquante pièces, une belle commande haut de gamme pour un horloger capable d'en faire quatre par mois dans son atelier, avec ses compagnons horlogers. Mais la Lune n'a pas de prix. Une des plus belles de ces réalisations alors d'avant-garde, aujourd'hui conservée au British Museum de Londres, est sans nul doute celle de Jean-Baptiste Duboule (1615 – 1694) qui témoigne de l'excellence artistique et de la maîtrise astronomique dès lors atteinte.
LUNE EXACTE D'ANDREAS STREHLER Sur le cadran de la montre, on trouve une indication des phases de lune conventionnelle et une indication supplémentaire grâce à l'échelle de vernier positionnée à 6 h. Sur cette échelle de précision, une flèche indique l'âge de la Lune en jour. Deux marques rouges indiquent la pleine lune et la nouvelle lune. La bague intérieure de l'échelle de vernier permet d'augmenter encore la précision de lecture en la portant à 3 heures.
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L'échelle de vernier montre: 1. Nouvelle lune – Zéro heure 2. 5 jours, 18 heures (échelle jaune) 3. 27 jours, 3 heures (échelle bleue) 4. Pleine lune (les 2 indicateurs rouges face à face) Utiliser l'échelle de vernier est simple: 1. La flèche rouge indique l'âge de la lune en jours. 2. Si la flèche pointe sur un nombre dans le secteur bleu de l'échelle extérieure, la valeur exacte se lit dans la section bleue de la bague intérieure de l'échelle de vernier. L'âge de la lune, avec une précision de 3 heures, est indiquée là où la marque la plus proche sur l'échelle s'aligne avec une marque sur la bague extérieure. 3. On ajoute trois heures au jour indiqué sur la bague extérieure. De même, si la flèche rouge indique un jour sur le secteur jaune de l'échelle extérieure, on lit également les heures sur le secteur jaune de l'échelle de vernier.
JEAN-BAPTISTE DUBOULE MONTRE DE COCHER EN ARGENT AVEC SONNERIE DES HEURES, ALARME, PHASES DE LUNE ET INDICATIONS CALENDAIRES DATANT DE 1645 - 1655 Le cadran de droite, en haut donne la révolution synodique de la lune. L'anneau qui marque les divisions est fixe, mais en son centre tourne un disque richement gravé portant un index en forme de trèfle; il montre les jours de la lune. Dans l'ouverture de ce disque qui fait un tour en 29 jours et demi, paraissent les phases lunaires. L'anneau extérieur du cadran de gauche est divisé en trente parties et non en trente et une. Dans un guichet triangulaire à l'intérieur de ce cadran apparaît le soleil, puis la lune et, à tour de rôle dans l'ordre suivant, les cinq planètes connues dès l'antiquité: Mars, Mercure, Jupiter,
Vénus et Saturne, représentant les sept jours de la semaine; le dimanche étant consacré au Soleil, le lundi à la Lune, le mardi à Mars, etc. Le disque, portant ces noms avec des figurines, tourne au centre de la montre. A la partie supérieure du cadran, un guichet triangulaire permet de lire le mois de l'année, accompagné du signe du zodiaque correspondant. Dans les deux ouvertures inférieures à gauche et à droite, paraissent des figurines allégoriques: celles de gauche représentent l'aurore, le midi, le couchant et la nuit; ce disque fait donc un tour par jour. Celles de droite indiquent les quatre saisons et le disque opère un tour par an. Quant au cadran inférieur, il sert de réveil. Le cercle extérieur des heures est gravé en chiffres romains dans le sens habituel, c'est-à-dire à droite: mais le disque qui tourne intérieurement est gravé en chiffres arabes dans le sens inverse.
PHASES DE LUNE
LUNES OCÉANES Un des effets les plus spectaculaires de la Lune sur notre Terre est le rôle gravitationnel qu'elle joue dans le flux et le reflux des marées. Elle n'est pas la seule responsable de la mise en mouvement de cette «horloge» océane, la force de gravitation du Soleil et la force d'inertie de la révolution de notre planète y concurrent aussi. Mais la Lune, astre nocturne, semble régner sur les eaux et leurs mystérieux allers-retours. Les horlogers se sont tout naturellement aussi attaqués à transposer mécaniquement ces mouvements océaniques réguliers. Mais pour la première fois, un Christiaan van der Klaauw, grand spécialiste de pièces astronomiques et lunaires, propose une visualisation – précise – de cette mystérieuse influence de la Lune sur notre planète.
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LUNES ROUSSES Astronomiquement, la Lune rousse est un phénomène optique lié à la diffusion de la lumière. Quand la Lune est basse sur l'horizon, la lumière du soleil qui l'éclaire traverse l'atmosphère terrestre et lui donne cet aspect roux. Lune rousse, lune magique qui renvoie à autant de légendes. La Lune a aussi ses lunatiques. PARMIGIANI TONDA MÉTROPOLITAINE SÉLÈNE
CHRISTIAAN VAN DER KLAAUW REAL MOON TIDES
LUNES GIBBEUSES Le terme «gibbeuse» vient du latin gibbus qui signifie «bosse». La Lune est dite gibbeuse, croissante ou décroissante, lorsque sa surface éclairée visible occupe plus de la moitié de son disque. C'est alors que l'on perçoit visuellement le mieux qu'il ne s'agit donc pas d'un disque plat mais bien d'une sphère. L'horloger qui transcrit au mieux et le plus poétiquement cette «lune gibbeuse» est certainement De Bethune, avec ses superbes lunes tridimensionnelles. DE BETHUNE DB25 S JEWELLERY
LUNES COSMIQUES PATEK PHILIPPE 6104R-001 CELESTIAL GRAND COMPLICATION
LUNES GRAND-SIÈCLE ROTONDE DE CARTIER JOUR / NUIT PHASES DE LUNE RÉTROGRADES De gauche à droite, de l’aurore au crépuscule, l’astre solaire et son satellite se succèdent dans la partie supérieure du cadran. Cette lecture dynamique s’accompagne de la progression rétrograde d’une aiguille indiquant les phases de lune, du premier au dernier croissant, dans le bas du cadran. Pour sublimer cette double complication, Cartier a imaginé un cadran de laque bleu profond, illuminé de paillons d’or où les phases de lune sont pavées de diamants et de saphirs.
LUNES MÉTRONOMIQUES VACHERON CONSTANTIN PATRIMONY MOON PHASE AND RETROGRADE DATE
PHASES DE LUNE
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LUNES FABULEUSES Stepan Sarpaneva, émérite horloger finlandais, a créé une des Lunes les plus enchanteresses de l'horlogerie. Un monde proche des contes de l'enfance, des forêts nordiques, des nuits boréales. STEPAN SARPANEVA KORONA KOSMOS
LUNES DE NACRE Issue des profondeurs aquatiques, tirée de coquillages aux formes de lunes, la nacre, par sa pâleur moirée, sa surface inégale et doucement bosselée, sa lumière d'une douceur exquise était comme faite pour figurer la Lune sur nos cadrans. GLASHÜTTE ORIGINAL PANOMATIC LUNA
PHASES DE LUNE
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Louis Moinet, objectif Eclipse de Lune… par
Pierre Maillard
Quand Jean-Marie Schaller décida de réhabiliter Louis Moinet, grand horloger du 19ème siècle tombé dans l’oubli, et de donner son nom à la marque qu’il créa en 2003, il ignorait encore qu’il allait faire une découverte exceptionnelle et, en passant, tout simplement révolutionner l’Histoire de l’horlogerie. En retrouvant lors d’une vente aux enchères le «Compteur de tierces» de Louis Moinet, une pièce extraordinaire exécutée en 1816 qui mesure le 60ème de seconde, bat à 216,000 vibrations heure et est mu-
La Memoris est «le premier chronographe didactique de l’histoire horlogère». nie d’un retour à zéro, Jean-Marie Schaller se rendit graduellement compte qu’il tenait entre ses mains le tout premier chronographe au monde, ce dont personne n’était conscient jusqu’alors. Ce qu’il savait déjà, par contre, était le vif intérêt que Louis Moinet avait toujours porté à l’astronomie. Celui-ci n'avait-t-il pas déclaré, dans son très complet Traité d'Horlogerie, publié en 1848, que «la connaissance des principales lois des sciences physiques et mathématiques n'est point indifférente dans les recherches de haute horlogerie, c'est à dire de celle marine et astronomique.» Un intérêt et une fascination que Jean-Marie Schaller partageait pleinement et qu’il matérialisa à de nombreuses reprises en insérant dans ses montres des fragments de météorites rarissimes venues du fond de l’univers, en multipliant les références à l’astronomie, comme notamment avec la collection Astralis, et en proposant même un véritable planétarium, le Meteoris Solar System. Celui-ci matérialise en 3 dimensions l’ensemble du système solaire en représentant en mouvement Mercure, Vénus, la Terre, la Lune, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton gravitant autour du Soleil. De plus ce planétarium s’accompagne de quatre montres à tourbillon présentant chacune une météorite d’exception, en provenance de Mars, d’une comète, d’un astéroïde et de la Lune.
La Memoris Red Eclipse des Ateliers Louis Moinet
L’astronomie fut une des préoccupations majeures de Louis Moinet. Son «compteur de tierces» - qui pour être un chronographe capable de mesurer le 60ème de seconde, n’est pas une «montre» pour autant car il n’affiche par l’heure et la minute courantes – il l’a réalisé dans le but premier de pouvoir affiner ses calculs astronomiques et de parvenir à une précision encore jamais atteinte. Au moment de sa création, il y a 200 ans pile, ce «compteur de tierces» était sans doute un des instruments scientifiques d’avant-garde les plus évolués de l’époque. Avant de connaître une longue éclipse après la mort de Louis Moinet…
Memoris Red Eclipse Pour fêter avec éclat ce 200ème anniversaire, Les Ateliers Louis Moinet ont conçu une pièce exceptionnelle, la Memoris Red Eclipse, toute entière consacrée à la Lune. Chronographe-montre plutôt que montre-chronographe, la Memoris, présentée l’année dernière dans sa première version, est «le premier chronographe didactique de l’histoire horlogère», comme aime à dire Jean-Marie Schaller. Et de fait, contrairement à tous les autres chronographes, le mécanisme du chronographe est situé au premier plan de la montre et occupe presque tout l’espace du cadran. Il dévoile ainsi les
jeux de son fonctionnement, orchestré par une roue à colonnes située à 12h. Ni squelette ni module additionnel, ce mouvement est construit de façon inversée: le mécanisme horaire du mouvement automatique étant quant à lui visible au dos de la montre, sous la platine ajourée. La Memoris Red Eclipse est la version la plus prestigieuse de ce chronographe-montre anniversaire. Son boîtier est entièrement gravé main sur le thème de l’éclipse de lune, en employant une technique particulière et un style traditionnellement réservé à la gravure des fusils de chasse. Toutes les terminaisons du mouvement sont également réalisées à la main, et notamment les an-
glages du fond bleuté et étoilé, réalisés en couplant une guillocheuse traditionnelle et un burin fixe. Le résultat offre un ciel piqué d’étoiles qui s’allument et brillent selon les mouvements du porteur de la montre. Visible au dos de la montre, la masse oscillante finement guillochée est magnifiquement ornée d’une Lune rouge – couleur qu’elle prend notamment lors de ses éclipses – en émail parsemé de paillons d’or. Aux yeux de Jean-Marie Schaller, «Red Eclipse exprime la quintessence de notre collection Memoris. Par son caractère événementiel, sa limitation à seulement 12 pièces et sa finition de haut niveau, elle se destine aux collectionneurs les plus avertis.»
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…la tête dans les étoiles par
Marianne Bechtel
Dans son recueil d’essais autobiographique Terre des Hommes publié en 1939, Antoine de Saint Exupéry nous a livré un secret: «Les étoiles sont éclairées pour que chacun puisse un jour trouver la sienne.» Il fallait un horloger un peu magicien pour redonner à l’une des plus belles sciences de l’esprit humain* une dimension poétique avérée. Car il y a bien une certaine forme de magie poétique à vouloir se rendre maître du temps qui passe et fuit sans retour. Les Ateliers Louis Moinet ont été crées en 2003 à Saint Blaise. 100% indépendants, ils se développent en restant fidèles à la mémoire de Louis Moinet, horloger et peintre français, illustre inventeur du chronographe en 1816 - il y a donc tout juste 200 ans - à qui l’on doit également le fameux traité d’horlogerie, publié en 1848 et considéré comme le plus beau livre d’horlogerie de son siècle. Leur CEO et directeur artistique, Jean-Marie Schaller, conscient de la richesse de cet héritage a tenu à célébrer ce bicentenaire sous les étoiles, leur rendant ainsi la maternité de ce séquençage du temps qui obsède les hommes depuis l’aube de l’humanité.
à évaluer et noter la précision des chronomètres et chronographes . Il faut dire qu’au cours du temps, la Marine adoptant l’usage des instruments horlogers comme aide à la navigation, en a rendu la précision primordiale. C’est pour parfaire celle-ci que s’est développé un système d’évaluation astronomique au sein de plusieurs observatoires, dont ceux de Neuchâtel et Besançon.
La mesure du temps ne deviendra l’affaire des physiciens que beaucoup plus tard, dans le courant du 20ème siècle Aujourd’hui le télescope de Neuchâtel ne sert plus que comme instrument historique, le calibrage horloger étant désormais assuré par horloge atomique. Les invités à cette fête d’anniversaire peu commune ont eu tout le loisir de découvrir cette fonction-
nalité historique et de mesurer ainsi à leur échelle tout le chemin parcouru depuis. Ils ont aussi eu le privilège de découvrir, dans cet écrin sur mesure, la Memoris Red Eclipse, premier choronographe montre dont le fond étoilé bleu translucide évoque celui de la voie lactée et où chaque constellation, façonnée individuellement a sa propre capitation de la lumière: le ciel lui–même ne peut
prétendre atteindre un tel scintillement naturel! Louis Moinet, 200 ans plus tard, a donc illuminé le ciel pour le plus grand plaisir des passionnés et redonné au temps qui passe une certaine forme de légèreté avec en cadeau la pensée rassurante que pour chacun d’entre nous…il y a bien une étoile quelque part…! * Ainsi Louis Moinet qualifiait-il l’horlogerie.
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Il fallait un horloger un peu magicien pour redonner à l’une des plus belles sciences de l’esprit humain une dimension poétique avérée. Les 15 et 16 septembre derniers, c’est l’observatoire astronomique de Neuchâtel qui a servi de décor à la célébration de cet anniversaire. Fondé en 1858 par le département de l’économie publique du canton, il avait à l’origine pour mission de calibrer les horloges grâce aux observations astronomiques. Son rôle historique consistait donc
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MAISONS EXPOSANTES | A. LANGE & SÖHNE | AUDEMARS PIGUET | BAUME & MERCIER | CARTIER | GIRARD-PERREGAUX GREUBEL FORSEY | IWC | JAEGER-LECOULTRE | MONTBLANC | PANERAI | PARMIGIANI FLEURIER | PIAGET | RICHARD MILLE ROGER DUBUIS | ULYSSE NARDIN | VACHERON CONSTANTIN | VAN CLEEF & ARPELS CARRÉ DES HORLOGERS | CHRISTOPHE CLARET | GRÖNEFELD | H. MOSER | HAUTLENCE | HYT | KARI VOUTILAINEN LAURENT FERRIER | MB&F | MCT | RESSENCE | RJ-ROMAIN JEROME | SPEAKE-MARIN | URWERK
VENTE
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Manor, nouvel acteur de poids en horlogerie Avec plus d’entrées par année que la Tour Eiffel, Manor est le grand magasin emblématique de Genève. Alors, lorsque ce géant local décide de s’attaquer de front au marché horloger en proposant une nouvelle gamme de marques dans le luxe accessible, cela vaut la peine de s’y intéresser... Rencontre avec Cédric Noël, Merchandise Director Beauty de Manor. Propos recueillis par Serge Maillard
C’était d’une part une demande de notre clientèle et notre volonté de proposer une nouvelle offre de produits à toute une frange de clientèle qui vient nous voir au quotidien pour des produits de luxe, notamment la bijouterie mais aussi la parfumerie avec les counters de Chanel, Dior ou Estée Lauder. Cette clientèle trouvait ce qu’elle cherchait au niveau de la parfumerie mais elle n’avait pas accès à un équivalent en horlogerie. Justement, de quelle clientèle parlez-vous? Vous avez une clientèle à la fois très locale et très internationale. Nous avons en fait trois type de clients: une clientèle genevoise, une clientèle d’expatriés et une clientèle de tourisme d’achat, notamment des pays du Moyen-Orient et d’Asie, même si dernièrement ils étaient moins nombreux. Nous avons aussi beaucoup d’Américains ou de Britanniques. Mais nous ressentions une demande pour l’horlogerie surtout de notre clientèle quotidienne, genevoise, qui ne trouvait pas auparavant tout ce qu’elle cherchait chez Manor. En Swiss made, nous proposions déjà Tissot mais nous n’avions pas une offre plus étoffée d’horlogerie suisse: aujourd’hui, nous proposons également Raymond Weil, Alpina, Frédérique Constant, Baume PUBLICITÉ
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Manor propose de l’horlogerie entrée de gamme depuis longtemps. Pourquoi avoir mis en place un espace consacré au créneau du luxe abordable, baptisé Espace horlogerie prestige, à Genève en octobre 2014?
changent aussi en fonction des saisons: en été, la clientèle touristique s’intéresse aux modèles plus haut de gamme. La montre la plus chère que nous ayons vendue jusqu’à présent coûtait 50'000 francs. On n’attendait pas forcément Manor sur ce créneau!
Cédric Noël supervise le nouvel espace horloger de Manor
& Mercier, Rado, Ebel, Movado et Gucci. Il nous fallait acquérir une plus grande expertise horlogère. Qu’en est-il de la clientèle internationale? En ce qui concerne l’horlogerie, ils sont certes habitués à fréquenter les boutiques de la rue du Rhône mais ils viennent aussi chez nous, car nous sommes le plus grand magasin de Genève et de Suisse: nous enregistrons un trafic annuel plus important que celui de la Tour Eiffel, avec environ dix millions d’entrées! En même temps, ce n’est un mystère pour personne: les ventes de montres sont en baisse presque partout depuis un an et demi et le tourisme d’achat est moins important en Suisse. Donc le timing ne vous était pas forcément favorable. Quel est le résultat de cette opération? Nous sommes encore en phase d’apprentissage, vu que cela ne fait que deux ans que nous avons lancé cette
Au point de vous comparer à de grands magasins comme les Galeries Lafayette ou le Printemps (lire notre entretien avec Daphné de Jenlis, responsable horlogerie des Galeries Lafayette, dans l’édition de mars 2016 d’Europa Star)?
opération. Mais nous nous améliorons rapidement: nous travaillons sur l’assortiment et la communication mais aussi l’expérience que nous amenons aux clients. Pour nous, l’expérience client est vraiment importante. Il ne s’agit pas que du produit et du prix. Nous avons maintenant une équipe dédiée. Et nous allons réévaluer nos partenariats, pas uniquement en termes quantitatifs mais aussi qualitatifs. Nous sommes actuellement en négociations avec les marques. Il y aura des ajustements: après deux ans, c’est normal et nous avons le recul nécessaire à présent.
«La montre la plus chère que nous ayons vendue coûtait 50'000 francs.» Comment négociez-vous avec les marques horlogères? Nous les considérons comme des partenaires, pas des fournisseurs. Nous cherchons une situation winwin-win: pour nous, pour la marque et pour nos clients. Un salon comme Baselworld est aussi devenu très important pour nous, afin de «sentir» les tendances. Aujourd’hui, dans quelle gamme de prix travaillez-vous? En tant que généralistes, nous avons des produits pour tous types de clients: nous commençons à moins de 50 francs avec des montres très fashion, jusqu'aux marques de l’Espace horlogerie prestige. Nous avons un portfolio total de plus de 40 marques de montres. Les gammes
Non, car ils ont des espaces bien plus grands et évoluent aussi sur des prix plus élevés! De plus, la proportion de la clientèle touristique chez eux est bien plus importante que chez nous. Ce sont des must touristiques, que tout visiteur à Paris veut voir, des destinations incontournables. Pour nous, la clientèle locale genevoise est très importante. Quant aux boutiques horlogères, nous offrons un avantage par rapport à elles: nous sommes open door, les gens ne sont pas intimidés à l’idée d’entrer dans notre grand magasin. Nous sommes accessibles à tous, nous ajoutons une palette de produits et leur rendons ainsi l’horlogerie de luxe plus accessible. Proposez-vous aussi des montres connectées? Oui et nous avons remarqué des phénomènes fascinants à ce sujet. Certains de nos clients, intéressés d’abord par le high-tech, vont directement dans les rayons des produits numériques, pour trouver l’Apple Watch ou la Fitbit par exemple; d’autres se rendent instinctivement à notre rayon sport, par exemple pour acheter une Suunto; d’autres
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enfin viennent à notre rayon horlogerie, par exemple pour une Fossil, une Michael Kors, ou, dans un segment plus haut de gamme, une Frédérique Constant. En fait, chaque client se rend à un étage différent en fonction de l’idée qu’il se fait de la montre connectée!
possédons en Suisse. Genève est notre flagship store: je pense que nous sommes dans le top 3 de la ville aujourd’hui en terme de surface consacrée à l’horlogerie. Pour la parfumerie, nous sommes déjà numéro un en Suisse et numéro deux pour la bijouterie.
Allez-vous étendre le concept à d’autres magasins Manor que celui de Genève?
Comment gérez-vous vos stocks?
Pas pour l’instant. Mais nous proposons de l’horlogerie, notamment Tissot qui est un partenaire très important pour nous, dans près de la moitié des 64 magasins que nous
Nous évaluons nos inventaires quotidiennement, pas uniquement les montres bien évidemment. Nous avons mis en place des outils de monitoring très efficaces, afin d’être le plus réactifs possibles. Il n’y a rien de pire pour un détaillant qu’un client
«On se rend à un étage différent selon l’idée qu’on a de la montre connectée!» qui arrive avant Noël et ne trouve pas en stock le produit qu’il cherche. On en revient à l’expérience client... C’est un équilibre difficile: nous ne pouvons pas commander trop mais nous devons être vigilants quant à avoir un roulement suffisant. Par ailleurs, nous sommes très forts en ligne: un client peut commander une montre sur notre site de e-shop-
ping et venir la chercher en magasin. Par ailleurs, certaines marques fashion, comme Cluse qui a beaucoup de succès en ce moment, ne sont accessibles qu’en ligne. Car nous savons qu’elles attirent une clientèle très connectée.
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Et le service après-vente? Nous travaillons avec Hirsch, qui occupe un espace dédié dans notre magasin et fournit une palette étendue de services rapides de «premier secours», du changement de la pile à celui du bracelet. Si c’est plus compliqué, nous renvoyons la montre à la marque.
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Bracelet, lâchons-lui la bride! Le bracelet pour dames en a assez de jouer les petits bras. Il revient en force avec des propositions – de design, de matière, de concept – qui offrent des perspectives d’évolution moins anodines qu’il n’y paraît. par
Laurence Janin, fondatrice du Laur’loge, www.laurloge.com
blog
En matière de bracelets, les dernières décennies ont été dominées par la Sainte Trinité que constituent le cuir, l’acier et le caoutchouc. Ce dernier étant parfois remplacé par le satin, évocateur de robes et de chaussons de danse, lorsqu’il s’agit d’accentuer le registre féminin d’une pièce. Rares sont les maisons qui ont fait preuve d’intérêt envers cette partie anatomique de la montre, quand le visage (le cadran) et le cœur (le mouve-
ment) concentrent toute l’attention. Aussi c’est avec un réel intérêt que l’on a découvert la version XS de la J12, habilement dévoilée par Chanel sous forme d’un set de pièces uniques jouant de l’attache souple ou rigide. Ici, la mini-montre se greffe sur une manchette précieuse, là sur un poignet de force façon gladiateur, une bague, et même une mitaine en cuir au fort accent Lagerfeldesque. Ces propositions réalisées avec les artisans de Paraffection, l’entité métiers d’art de Chanel, créent une habile collusion entre le territoire haute
couture de la Maison et l’horlogerie du point de vue diachronique.
Quand le bracelet n’était pas au poignet Comment en effet ne pas penser à ces exquis objets horlogers qui, avant que l’armlet n’épouse le poignet de la très célibataire Elisabeth I d’Angleterre, se portaient au doigt et partout où bon semblait. A partir du Consulat et de l’Empire, la mode raccourcit les manches et la montre orne le bras dénudé. C’est l’avènement des bracelets joailliers, de l’utilisation du tissu, reps ou soie moirée, tandis qu’Abraham Louis Breguet imagine en 1810 pour la Reine de Naples une montre à répétition montée sur un bracelet en cheveux entrelacés de fils d’or. Bientôt, le bracelet joue de la maille (extensible) ou de l’émail. Il arbore
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l’entrelacs façon serpent. Vers 1950, sa version «marquise» abolit de la plus jolie des façons la frontière entre montre objet et bijou. Avec la production de masse, le gardetemps devient fonctionnel et le bracelet créatif devient une exception réservée aux joailliers. L’évolution que nous connaissons aujourd’hui dénue la montre de sa fonctionnalité première, mais lui en confère une nouvelle et non des moindres: exprimer un statut, une personnalité, une singularité. De jeunes marques l’ont bien compris, qui ont fait d’un simple bracelet tricolore en textile le palliatif – à moindre frais – d’un marché moribond. Il a donné le signal d’une décontraction certaine. Désormais le bracelet «s’éclate» pour mieux séduire une jeune clientèle. Le motif floral, tropical, végétal abonde (Laruze), l’imprimé Wax ou cachemire fructifie (Charlie Watch, Louis Pion), l’arty s’invite à la fête (Komono x Magritte). Et la flanelle – plébiscitée par les stylistes mode pour la collection automne-hiver 2016/17 – joue déjà des coudes pour se faire une place aux côtés du bracelet nylon ou coton.
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Le bracelet a enfin droit à sa part de storytelling. Il en est ainsi de la collaboration entre Fossil et Me to We, jeune entreprise de produits socialement responsables. Elle a donné naissance à des bracelets fabriqués «à la main avec amour par des artisanes ou «Mamas» du Kenya qui utilisent des formes d’art transmises de mère en fille depuis des générations», selon la communication de la marque. Même sublime et créateur de désirabilité, le bracelet ne peut pour autant venir seul au chevet d’une marque. On se souvient de l’émotion suscitée lors du dernier SIHH par Les Exceptionnelles, des brace-
lets conçus comme autant d’extension de la personnalité de trois femmes d’aujourd’hui dont ils accompagnaient les gestes de leurs longues franges. Ces variations sur le thème de la collection Promesse sont-elles vouées à rester lettre morte? Il n’a malheureusement pas été possible d’en savoir plus auprès de Baume & Mercier. Chez Poiray à contrario, le bracelet s’inscrit dans une vraie stratégie. L’exercice est sans cesse renouvelé, bracelet acier et gouttes de laque ou ruban brodé et pompons façon cordon brésilien. Mieux, le carré de soie à nouer «comme on veut» au poignet se positionne en osmose avec une contreculture dans laquelle l’attitude remplace le style. La marque parisienne inspire sans imposer de diktat, tout en créant de l’espace pour l’expression personnelle. Le système de boucles de Ma Première, explique Manuel Mallen, co-directeur général de la Maison, permet de prendre la cravate de son amoureux ou un morceau de sa robe de mariée pour se confectionner un bracelet chargé de sens. Une question demeure. Assimilée à un accessoire de mode, la montre pour femmes ne perd-elle pas de son âme et de l’intemporalité qui signe l’objet horloger? Pour éviter cet écueil, il serait souhaitable qu’une manufacture de Haute Horlogerie s’empare de cet espace pour y exercer son savoir-faire. Chez Vacheron Constantin, il nous a été répondu que, eu égard à la créativité de la Maison, on peut tout à fait imaginer que les métiers d’art puissent être déclinés sur le bracelet (des modèles féminins), comme ils l’ont été sur le cadran puis sur le boîtier. Affaire à suivre. Car la boucle est loin d’être bouclée. * Merci à Dominique Fléchon, expert auprès de la Fondation de la Haute Horlogerie, pour son aimable contribution à la partie historique de cet article.
Sous les projecteurs
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Autour du bracelet Alors que tous les regards se tournent généralement vers le cadran, la partie souvent la moins considérée de la montre reste un élément essentiel du garde-temps, qui peut nécessiter pas moins de 80 étapes de fabrication. Enjeux de ce marché et présentation d’une sélection d’acteurs. par Inès
Aloui et Serge Maillard
Comme les horlogers et tous les acteurs de la sous-traitance horlogère, les fabricants des bracelets de montres sont de facto touchés de plein fouet par la crise qui frappe en ce moment l’industrie. Moins de montres écoulées par les marques, stocks d’invendus, réduction du nombre de montres produites, donc moins de commandes de bracelets. La boucle est bouclée... Mais ce n’est pas le seul défi du moment: un autre enjeu délicat pour les acteurs de l’industrie du bracelet est une législation de plus en plus complexe, comme la convention «Reach» (pour Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals). Imposée par l’Union européenne depuis 2007 afin de mieux protéger la santé des consommateurs et l’environnement, elle intègre des normes qui se révèlent souvent coûteuses à mettre en application pour les fabricants de bracelets. Ainsi, le cuir des bracelets de montres doit subir des tests spécifiques afin de ne pas dépasser un certain seuil de substance chimique, qui peut s’avérer nocif pour le consommateur. Ce qui impacte le tannage et le traitement du cuir, et peut en affecter la qualité, au grand dam des fabricants. Il est cependant vrai que bien avant l’arrivée de Reach, le bracelet PRIX DE LA HAUTE MÉCANIQUE POUR DAME
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subissait déjà de nombreux tests: UV, frottements à sec et humide, salissures ou encore torsions-tractions… Difficile de déterminer précisément les coûts de ces tests mais en «off», certaines marques expliquent qu’il faut compter au minimum mille euros pour un test simple, qui ne garantira pas que l’ensemble de la production soit conforme. Une autre réglementation à laquelle les fabricants de bracelets sont tenus de se conformer est la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites). Cet accord a pour but de veiller à ce que le commerce des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent. Près de 34’000 espèces animales et végétales sont répertoriées. La Cites fournit un certificat prouvant que l’animal a été chassé en toute légalité et n’est pas issu du braconnage. Cette précieuse certification est de plus en plus demandée par les marques horlogères, qui cherchent à contrôler la provenance de chaque matériau utilisé. Une espèce de crocodile africaine, le Niloticus, prisé notamment pour les bracelets de montres, a défrayé la chronique il y a quelques années à la suite d’un reportage montrant sa capture et mise à mort violente, mettant à mal l’image de marque des grands groupes horlogers. Quand il s’agit d’alligator, les marques, soucieuses de leur image, s’approvisionnent plutôt aux EtatsUnis, où la régulation limite les possibles débordements. Les acteurs du secteur doivent donc jongler entre obligations légales, exigences des marques et conditions de marché difficiles. Europa Star est allé à la rencontre de plusieurs de ces artisans de l’ombre, qui réalisent un travail indispensable pour l’industrie horlogère et ses millions de clients, depuis que les humains ont décidé de sortir leur montre de leur poche et de l’enrouler autour de leur poignet.
Chanel: quand le bracelet sublime la montre D’ordinaire, le bracelet est considéré comme un «accessoire», simple prolongement de la montre. Avec sa nouvelle J12 XS, Chanel renverse la proposition. Ce qu’on remarque tout d’abord, c’est le bracelet ou, plus exactement, la manchette ou le bracelet de force sur lequel elle se présente. En elle-même, la J12 XS est, comme son nom l’indique, excessivement petite: 19 mm. Mais montée sur son bracelet de force ou sur sa manchette simple ou découpée en lanières, elle devient excessivement forte. A la fois excessivement féminine, et excessivement sportive. Comme le lui fait joliment dire Chanel, «je ne donne pas l’heure, je l’offre à ceux qui m’assument du regard». (PM)
INDUSTRIE
Vaucher Manufacture
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Remous dans le monde discret du private label Ce sont des horlogers de l’ombre, qui fabriquent les montres signées par d’autres. Europa Star est allé à la rencontre des principaux acteurs du private label en Suisse. Face à la concurrence asiatique, qui a terni l’image de leur métier, ceux qui servent généralement de porte d’entrée horlogère à des sociétés extérieures au «milieu» espèrent que le renforcement du Swiss made sera suivi d’un rapatriement effectif de la production... en Suisse. par
Serge Maillard
Le bureau de Walca, aux environs de Bienne, fait penser au siège de beaucoup de sociétés horlogères suisses: divisions administrative, technique, logistique, contrôle qualité. A une exception près: ici, on ne fabrique pas en nom propre. Mot d’ordre: la discrétion. La compagnie de private label, qui fête cette année ses 40 ans, ne livre pas les noms de ses clients. C’est une règle d’or respectée par tous les acteurs du secteur. «Nous sommes le bras armé de ces marques», résume Markus Zaugg, le directeur de Walca. Car l’explosion de la montre Swiss made, dont les ventes ont doublé en quinze ans (les exportations passant de 10 à 20 milliards de francs depuis 2001), a attiré bien des acteurs extérieurs à l’horlogerie: fabricants
d’habits, de stylos ou encore de lunettes. Tous se sont engouffrés dans la brèche, en partant généralement d’une feuille blanche horlogère. Les acteurs du private label sont là pour les accompagner dans leur entrée sur le marché horloger via une vaste palette de services, du simple design à la montre fabriquée de A à Z, sur une large gamme de prix, du quartz bon marché – Swiss made ou non – aux grandes complications mécaniques. Contrairement aux géants de la licence (comme Fossil Group, Movado Group ou Mondaine), ils se «contentent» en revanche de la réalisation des montres, laissant par la suite à leurs clients le soin de vendre leur production et d’en assurer le marketing. Si les principaux acteurs du private label ont longtemps été suisses, la porosité du Swiss made – certes en
cours de renforcement – a attiré sur ce créneau un grand nombre de sociétés asiatiques, généralement basées à Hong Kong, contribuant à la dévalorisation du label. Quand ce ne sont pas les horlogers en herbe eux-mêmes qui recourent à des composants chinois et se chargent de trouver les bons assembleurs au Tessin, sans même recourir à un intermédiaire actif dans le private label. Bref, ces dernières années, on a vu de tout... et surtout n’importe quoi, ce qui n’a bien évidemment contribué ni à la crédibilité du label Swiss made ni à celle des acteurs du private label en général.
Un profil similaire Pour la plupart basées à Bienne, de taille moyenne avec des équipes de 20 à 100 employés, les plus importantes sociétés de private label suisses se nomment RoventaHenex, Walca, Grovana, Timestar. Blanchefontaine ou encore Xantia. Toutes espèrent que le renforcement des critères du Swiss made (selon la législation Swissness qui entrera en vigueur au 1er janvier 2017, 60% de la valeur d’une montre devra désormais être suisse) leur sera profitable, face à la forte concurrence venue de Hong Kong. Une compétition qui leur a coûté des parts importantes de marché. Mais aussi l’impermanence inhérente aux aléas de
clients très fashionable, qui peuvent rapidement – et logiquement – passer de mode... «Dans les années 1990, notre client principal était la marque Sector, qui connaissait un véritable essor à l’époque. Nous produisions des quantités énormes», se rappelle Markus Zaugg. Durant la même décennie, «nous pouvions produire entre 800'000 et 1 million de montres quartz par an, surtout pour la marque Swiss Army, depuis lors reprise par Victorinox», se remémore quant à lui Jean-Pierre Loetscher, le patron de Xantia, une société fondée en 1962. Si elles ont signifié pour beaucoup d’acteurs une baisse des volumes en particulier du fait de la concurrence asiatique, les années 2000 ont néanmoins été très profitables pour les acteurs du private label basé en Suisse, avec l’arrivée d’une myriade de nouveaux venus attirés par les marges bienheureuses de l’horlogerie Swiss made, mais aussi par l’association possible entre leurs produits et les montres. Xantia a par exemple aidé Phonak, un géant suisse des appareils auditifs, à concevoir une montre pour régler ses instruments. «Ce sont des marchés de niche, de même que les modèles à fonctions spécifiques pour des clients «non-horlogers», comme par exemple des altimètres ou des montres d’alarme et de santé», souligne Jean-Pierre Loetscher.
Face à la verticalisation horlogère Le plus grand acteur du secteur en Suisse, Roventa-Henex, fondé en 1959, possède sa propre structure d’assemblage à Tavannes, alors
«Notre principale concurrence est le private label réalisé directement en Chine. Nous espérons que du private label sera rapatrié de Hong Kong vers la Suisse.»
Markus Zaugg Walca
que la plupart de ses confrères font appel à des «termineurs» externes, au Tessin ou dans le Jura. La société produit plusieurs centaines de milliers de pièces par an. «Nous comptons une quarantaine de clients dont une trentaine de réguliers. Certains nous sont fidèles depuis plusieurs décennies, relève Kurt Grünig, son directeur. Mais c’est quand une marque est reprise par un groupe qu’elle considère davantage une fabrication à l’interne.» Ajoutez à cette verticalisation le ralentissement horloger en cours... «Aujourd’hui, trop de régions connaissent des difficultés simultanément entre le prix du pétrole au Moyen-Orient, les attentats en France, la guerre en Ukraine, le ralentissement chinois et les stocks en surnombre presque partout, poursuit le responsable. Nous sommes des sous-traitants et nos clients sont beaucoup plus prudents.» Résultat: un ralentissement, notamment, dans les répétitions de commandes.
INDUSTRIE
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Vaucher, la «Rolls» du private label La manufacture du pôle horloger de la fondation Sandoz, établie à Fleurier, est surtout réputée pour la qualité de ses calibres, qu’elle livre aux plus grands noms de l’horlogerie, comme Hermès (qui détient une participation minoritaire dans la structure). Mais Vaucher Manufacture a lancé une activité de private label sur la montre complète il y a trois ans. Pourquoi cette décision? «D’une part il y avait de la demande, d’autre part il était logique de profiter de notre force, qui est de maîtriser tous les métiers à l’interne. Notre atout comparatif consiste également à proposer de petites quantités à certaines marques de petite taille. Nous avons élaboré une vraie palette de produits, de la montre trois aiguilles au tourbillon», explique Jean-Daniel Dubois, le directeur de Vaucher Manufacture. La société réalise quelque 2'000 montres par an en private label mais vise à doubler ce chiffre à terme. «Nous recevons tous types
Swissness, chance ou menace?
«C’est quand une marque est reprise Arrive à présent la nouvelle légis- par un groupe qu’elle lation Swiss made. Pour les acteurs considère davantage une suisses du private label: elle repré- fabrication à l’interne.» sente à la fois une opportunité et une menace. Opportunité, car le renforcement du sceau si vénéré pourrait signifier un rapatriement de la production, face à la concurrence asiatique. Menace, car qui dit augmentation de la valeur des composants dit renchérissement des coûts, une pilule difficile à avaler notamment pour les clients actifs dans l’entrée de gamme et la montre à quartz. «Notre principale concurrence est le private label réalisé directement en Chine. Nous espérons que du private label sera rapatrié de Hong Kong vers la Suisse. Car le Swiss made est notre force et nous avons la structure pour répondre aux nouvelles exigences législatives», déclare Markus Zaugg chez Walca. «Jusqu’à présent, un nombre important de clients potentiels ont réalisé le prototypage et le développement PRIX DE LA MONTRE HOMME
GRÖNEFELD 1941 REMONTOIRE
Kurt Grünig Roventa-Henex
en Asie et seulement l’assemblage en Suisse. Nous disposons de responsables de développement et de prototypage à l’interne et nous avons été pénalisés face à cette concurrence asiatique en raison de nos coûts plus élevés. J’espère que la nouvelle loi va nous aider. Certains vont arrêter de faire du Swiss made car ils ne rempliront plus les conditions mais d’autres viendront peutêtre chez nous», estime pour sa part Kurt Grünig de Roventa-Henex.
Pédagogie envers les clients Le responsable explique avoir commencé à discuter tôt des changements induits par la nouvelle loi avec ses clients et même «anticipé» l’augmentation de la valeur du Swiss made depuis les lancements de produits fin 2015. «Nous avons commencé à calculer ce que nous pourrons toujours nous permettre d’acheter en Asie en terme d’habillage de la boîte. Nous cherchons des solutions et prévoyons plus d’achats en Suisse. Mais il reste toujours plusieurs points à éclaircir au niveau de la loi.» De fait, 2017 et 2018 constitueront encore une «zone grise», précise
de demandes: une marque bien établie qui veut un mouvement, un produit clé en main, un réseau commercial, un designer freelance... Nous faisons de l’accompagnement poussé et ne sommes pas tributaires des contingences de tiers, y compris sur l’assemblage», poursuit le responsable. Contrairement à la majorité des acteurs sur le marché, Vaucher Manufacture travaille donc sur le créneau du private label très haut de gamme. «Cela a son prix mais rares sont les vrais mouvements manufacture! Nous prônons d’ailleurs le 100% Swiss made et proposons des certifications comme le label Qualité Fleurier.» Comment se porte cette activité, dans un environnement conjoncturel extrêmement difficile? «C’est sûr que l’horlogerie souffre mais nous travaillons beaucoup avec des petites marques créatives, souvent organisées autour d’une figure centrale: des indépendants, également des joailliers qui souhaitent créer une montre. Par ailleurs, nous sommes en train de mettre en place une structure de service après-vente pour les clients qui ne sont pas organisés eux-mêmes en la matière. L’activité de private label se défend donc relativement bien, mais notre métier principal reste et restera la production de calibres mécaniques.»
Markus Zaugg de Walca. «Le développement technique et toutes les boîtes stockées fin 2016 ne seront pas pris en compte dans le calcul. Selon la loi, les stocks de montres terminées et de boîtes pourront être encore vendus sous le label Swiss made durant deux ans. Certains peuvent avoir la tentation d’accumuler le plus de stocks possible, mais c’est une stratégie risquée, d’autant au vu de la conjoncture actuelle! Dès 2019, la situation sera plus claire: il faudra prouver que le développement est fait en Suisse.» Ce qui est sûr, c’est qu’avec le nouveau Swiss made, les prix de production vont augmenter. «Certains clients y sont prêts, d’autres pas, poursuit le responsable. Il faut faire beaucoup de pédagogie. Mais il est parfois difficile de concilier leurs demandes avec le prix réel. Nous cherchons des solutions ensemble. On peut trouver des boîtes en Suisse mais les clients ne seront pas forcément d’accord d’augmenter leurs prix...» Jean-Pierre Loetscher, chez Xantia, n’y va pas par quatre chemins: «L’augmentation de prix créera des problèmes pour certains clients. Soit ils devront réduire leurs marges soit ils devront revoir leurs collections. Nous faisons partie de la FH, mais la majorité de nos clients trouvent les délais d’adaptation trop courts, car le Conseil fédéral a fixé en juin dernier seulement l'entrée en vigueur de l'ordonnance révisée.»
pas que du bon marché, mais réalisons aussi une partie importante de notre production avec des pièces sophistiquées et à 100% suisses, souligne Kurt Grünig de Roventa. Par ailleurs, nous réservons chaque modèle à un client: ce ne sont pas des catalogues standard dans lesquels on vient «piocher» et que l’on retrouve
Jean-Pierre Loetscher Xantia
ensuite sur le marché sous des noms différents. Les acteurs asiatiques créent des modèles et les vendent relookés à plusieurs marques.» Markus Zaugg remarque, quant à lui, un marché horloger devenu déjà plus «sérieux»: «Nous sortons d’années où l’horlogerie a attiré beaucoup de nouveaux acteurs, dont des gens assez douteux. Aujourd’hui, nous disons aux clients potentiels: si vous désirez une étude technique, vous devez d’abord payer. Avant, on nous demandait des études puis on n’entendait souvent plus parler du mandataire. Et les sociétés intéressées par l’horlogerie réalisent que ce n’est pas si facile de produire elles-mêmes leurs montres en Chine, dans un environnement complexe. C’est une force que de disposer d’un maître d’œuvre en Suisse qui couvre le design ainsi que le support technique. Nous gérons aussi le SAV pour nos clients. Tout est à la carte. Espérons que nous allons revenir aux vraies valeurs du private label...»
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Une image à redorer Il n’empêche: le private label évoque spontanément, pour beaucoup, la notion de «montre promotionnelle». Son image va-t-elle s’améliorer avec le «nettoyage» du marché auquel pourrait conduire la nouvelle législation Swiss made? «Nous ne faisons
«L’augmentation de prix créera des problèmes pour certains clients. Soit ils devront réduire leurs marges soit ils devront revoir leurs collections.»
Manufacture Hautes Complications SA Chemin Franck-Thomas 80 CH-1208 Genève Tél. +41 22 700 61 21 www.mhcsa.com
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BUSINESS & TENDANCES
Les fabricants de montres suisses contraints de repenser leur stratégie N Coëtkswg!fw!Pqtf!cttkxg!gp!vìvg!fgu!octejëu!ngu!okgwz!pqvëu-! oìog!uk!ng!pqodtg!fg!uqpfëu!u cvvgpfcpv!â!wpg!etqkuucpeg!fg!nc!
GRAPHIQUE 2. RÉGIONS DE CROISSANCE
logers suisses mettent en œuvre des pratiques innovantes: 64% des sociétés interrogés ont déclaré déjà utiliser l’impression 3D comme outil de conception ou de fabrication de prototypes; cette technologie devrait permettre à un nombre croissant de fabricants de produire des pièces finies à l’avenir.»
Importance croissante des ventes en ligne
Autre évolution notée par l’étude: jusqu’à présent, les marques de montres suisses n’étaient pas très favorables aux circuits de vente en ligne. On observe désormais un vi rage vers le numérique: la distribu tion en ligne est considérée comme un circuit de vente plus important que les propres boutiques en ligne, fg!n Cukg! les distributeurs autorisés et les magasins mono-marques. La moi tié des dirigeants interrogés ont in diqué qu’ils placeront plus d’ac cent sur les réseaux de distribution en ligne dans les douze prochains mois, contre 19% l’an passé. Pqvg<!Gp!3126-!Jqpi!Mqpi!gv!nc!Ejkpg!p ëvckgpv!rcu!uwkxku!uërctëogpv/! Les ventes en ligne restent marginales pour le moment, mais cela pourrait les exportations de montres suisses ment non exploitées en dehors des «Même si les montres connectées être une bonne stratégie d’avenir ont commencé à décliner au deu- grandes villes chinoises, et des mar- devraient probablement dépasser pour l’industrie horlogère suisse, xième semestre 2015. Les exporta- chés comme les Etats-Unis et l’Inde les montres-bracelets suisses en vocar le comportement des consom tions s’inscrivent en baisse, en vo- constituent également un fort po- lume en 2016, elles demeurent loin mateurs a également pris un virage lume comme en valeur, au premier tentiel de croissance pour l’industrie derrière en valeur. Leur progresnumérique. L’étude sur la consomsion à si court terme est effective- Le lancement de nouveaux produits mation de Deloitte indique que les semestre de cette année, atteignant horlogère suisse.» ment impressionnante, mais rien demeure la principale stratégie com- médias sociaux et les blogueurs leur plus bas niveau depuis cinq ans ! n’indique actuellement que cette merciale de l’industrie horlogère pour exercent une très forte influence sur (voir graphique 1). catégorie en pleine croissance re- l’année à venir: 69% des dirigeants in- les décisions d’achat de montres chez Le principal facteur à l’origine de présente une menace importante terrogés considèrent l’innovation les jeunes (âgés de 18 à 29 ans) dans cette baisse est le repli de la demande pour l’industrie horlogère suisse. comme une priorité majeure, soit une tous les pays où l’étude a été menée, étrangère, notamment en provenance de marchés clés tels que Hong Quelque 79% des dirigeants inter- Les montres connectées devraient hausse de quatre points depuis 2015. sauf en Chine. Les horlogers suisses Kong et la Chine, entraîné par le ra- rogés indiquent la baisse de la de- plutôt être envisagées par certaines Se développer sur de nouveaux mar- se sont mis au rythme de la noulentissement économique de la ré- mande étrangère comme risque marques suisses comme une oppor- chés est également une préoccupa- velle génération, et la majorité des gion, les nouvelles lois de lutte contre principal pour leur activité dans les tunité leur permettant de se distin- tion fondamentale de l’industrie, tout dirigeants citent les médias sociaux guer et de capitaliser sur leur nom. comme réduire les coûts et miser sur comme le circuit de commercialisala corruption en Chine, et les modifi- douze prochains mois, contre 57%Nc!ukvwcvkqp!â!Jqpi!Mqpi-!octejë!f gzrqtvcvkqp!ng!rnwu! Fgrwku!3126-!n kpfwuvtkg!jqtnqiêtg!uwkuug!vtcxgtug!wpg!rëtkqfg! cations d’ e xigences en matière de visa tion le plus important qu’ils utilisent, Elles pourraient ainsi attirer de nou- la recherche et le développement. en 2015. La force du franc suisse de meure un problème, même s’il est veaux clients, peut-être plus jeunes, «Le fait que les dirigeants de l’in- suivi de près par les blogs et la créapour les touristes chinois. considéré moins préoccupant qu’en et espérer que ces consommateurs dustrie horlogère suisse soient nom- tion de communautés en ligne. )xqkt!Itcrjkswg!2*/!Egvvg!dckuug!ftcuvkswg!c!uwuekvë!n kpswkëvwfg! 2015: 50% cette année contre 69% se convertissent à une montre mé- breux à placer au cœur de leurs prio- Certains points positifs viennent donc f wp!tgvqwt!â!nc!etqkuucpeg!rnwu!nqpi!swg!rtëxw/ canique de haut de gamme une fois rités – à côte de la réduction des coûts éclaircir le tableau: le positionnement l’an passé. Il en va de même pour attachés à l’image de la marque.» – l’élaboration de stratégies tournées unique de l’industrie dans le segment les montres connectées, avec moins d’un quart (21%) des dirigeants Jusqu’à présent, les marques suisses vers l’avenir, telles que le lancement du luxe, la forte image de marque de L’industrie horlogère suisse pense qui y voient un risque. Pour la pre- n’ont pas joué un rôle très important de nouveaux produits et de nou- la plupart des acteurs suisses du sec- 3126-!rtkpekrcngogpv!gp!tckuqp!f wpg!hqtvg!dckuug!fgu!xgpvgu! Rqwt!nc!rtg marchés, est un signal positif, teur, l’attractivité du label Swiss made, Rqwt!nc!rtg que cette tendance va se mainte- mière fois depuis le lancement de sur le marché de la montre connec- veaux xgtu!n Cukg/!Cw!rtgokgt!ugoguvtg!3127-!nc!xcngwt!fgu!gzrqtvcvkqpu! n kpfwuvtkg!j Rqwt!nc!rtg nir. En effet, 57% des dirigeants l’étude Deloitte sur l’industrie hor- tée en termes de volume, mais elles estime Karine Szegedi. Leur orienainsi que de nouveaux marchés pour n kpfwuvtkg!j Rqwt!nc!rtg Rqwt!nc!rtg fg!oqpvtgu!xgtu!n Cukg!u ëngxckv!â!5-8!oknnkctfu!fg!htcpeu!uwkuugu! ng!vqr!6!fgu n kpfwuvtkg!j continue vers la recherche et raient ouvrir de nouvelles opportuni- ng!vqr!6!fgu interrogés dans le cadre de l’étude logère suisse, en 2012, la contrefa- gagnent cependant en visibilité: tation Rqwt!nc!rtg n kpfwuvtkg!j Rqwt!nc!rtg n kpfwuvtkg!j cnqtu!sw gnng!ëvckv!fg!6-5!oknnkctfu!fg!htcpeu!uwkuugu!cw!rtgokgt! tés pour les marques, les fabricants et est également enDeloitte s’attendent à ce que la de- çon se place dans les cinq princi-â!Jqpi.Mqpi!ng!vkvtg!fg!rtkpekrcn!octejë!f gzrqtvcvkqp!rqwt!ngu! l’étude sur la consommation en ligne le développement ng!vqr!6!fgu n kpfwuvtkg!j ng!vqr!6!fgu n kpfwuvtkg!j ugoguvtg!3126/!Fcpu!n gpugodng-!ng!rtgokgt!ugoguvtg!3127!c! ng!vqr!6!fgu mande de montres suisses conti- paux risques. Cela s’explique par le De plus en plus d’horles distributeurs de montres suisses. de Deloitte réalisée auprès de 3’000 courageante. ng!vqr!6!fgu ng!vqr!6!fgu nue de baisser à Hong Kong l’année fait qu’avec l’importance croissante personnes dans six pays indique Cxge!n korq Cxge!n korq GRAPHIQUE 3. PERSPECTIVES DE VENTES prochaine. Ils continuent de pen- des ventes en ligne, la distribution qu’Apple reste la marque la plus po Cxge!n korq Cxge!n korq ser que les Etats-Unis à court terme de contrefaçons est devenue plus fa- pulaire et que Swatch (comme en Cxge!n korq Cxge!n korq Cxge!n korq et l’Inde à long terme sont les mar- cile (voir graphique 3). 2015) et TAG Heuer (nouvelle place fg!311;-!ngu!gzrqtvcvkqpu!fg!oqpvtgu!uwkuugu!p qpv!eguuë!fg! chés qui affichent le plus de poten- Jules Boudrand, directeur chez)gp!oknnkqpu!fg!EJH*-!vqr!4!fgu!octejëu!f gzrqtvcvkqp en 2016) comptent parmi les trois tiel (voir graphique 2). Deloitte en Suisse et co-auteur de marques de montres connectées ftcocvkswg!swg!egnng!gptgikuvtëg!uwt!n cppëg!311;!swk!ceewuckv! f jcdknncig f jcdknncig «Même si la faible demande en prol’ é tude, tient lui aussi à nuancer: privilégiées par les consommateurs f jcdknncig f jcdknncig dans des pays comme la Suisse, l’Al f jcdknncig f jcdknncig GRAPHIQUE 1. EXPORTATIONS DE MONTRES SUISSES lemagne, l’Italie et le Japon. f jcdknncig Jules Boudrand ajoute: «Apple cesse ëicngogpv la production des versions or de sa ëicngogpv! ëicngogpv montre connectée (dont le premier ëicngogpv ëicngogpv prix s’établissait à 10'000 francs); le ëicngogpv ëicngogpv marché actuel des montres connec tées de luxe semble plutôt viser la fourchette de 1’000 à 2'000 francs. f wpg!cxcnc f wpg!cxcnc TAG Heuer et Frédérique Constant f wpg!cxcnc f wpg!cxcnc présents dans cette sont fourchette f wpg!cxcnc f wpg!cxcnc de prix, et d’autres marques suisses f wpg!cxcnc pourraient suivre. Le temps nous dira si davantage de modèles de fabrica tion suisse pourraient également se faire une place sur ce marché.»
Quelques pistes d’avenir pour l’industrie
Peur de la contrefaçon
Tendance baissière durable
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BUSINESS & TENDANCES
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«Nous parlons d’un fort ralentissement du marché» 5'278 personnes ont été concernées par le chômage technique l’an passé. Et ce sont 5'575 personnes cette année. A nouveau: il y a davantage de chômage technique qu’avant mais ce n’est pas encore une augmentation massive. Et cela permet de maintenir les talents.
Les annonces de suppression d’emploi se sont multipliées depuis le début de l’année dans l’industrie horlogère suisse, conséquence d’une situation de marché très complexe. Vincent Chevalley, directeur de Manpower Genève, refuse néanmoins d’y voir une situation comparable à la crise structurelle des années 1970 ou à la plongée conjoncturelle de 2008. Explications.
Vous avez publié votre dernier baromètre de l’emploi avec les perspectives générales pour la fin de l’année 2016. Vous annoncez notamment une prévision négative de -2% dans le secteur, certes très vaste, de l’industrie manufacturière. Est-ce notamment imputable à l’industrie horlogère? La situation varie fortement d’une industrie à l’autre et ce sont des projections mais l’on peut raisonnablement dire que l’horlogerie, comme le secteur de la machine-outil, produit un effet négatif sur ce chiffre global. A l’inverse, la pharmaceutique ou la chimie sont des créneaux qui marchent plutôt bien en ce moment. Les mauvaises nouvelles se succèdent pour l’emploi horloger en Suisse. Récemment encore, le Fossil Group annonçait près de 40 suppressions d’emploi sur ses différents sites. Pouvez-vous estimer les pertes subies depuis le début de l’année? Il faut souligner que ces dernières années, on était revenu à un nombre record pour l’emploi horloger (postcrise du quartz, ndlr) avec plus de 60'000 professionnels actifs dans ce secteur, dans environ 700 entreprises. Difficile à dire si l’on est rePRIX DE LA MONTRE CHRONOGRAPHE
passé sous ce chiffre symbolique, nous ne tenons pas ces statistiques. En proportion à ce total, le nombre de suppressions d’emploi reste néanmoins relativement faible. Ce sont toujours des drames humains pour les personnes concernées. Mais ce n’est en aucun cas comparable avec les effets de la crise du quartz dans les années 1970. En 2008, il y avait eu une véritable plongée, très rapide, de l’industrie; ce que l’on voit à présent est différent. Si vous ne parlez pas de «crise», comment qualifiez-vous la période que nous traversons? Nous parlons d’un fort ralentissement du marché, de manière globale. Tout le monde n’est pas touché de la même manière. La structuration du marché est différente d’une région à l’autre. Selon la région dès qu’il y a un resserrement, certaines manufactures sont durement touchées. Les entreprises qui comptent un faible nombre de clients sont très dépendantes de l’état de santé de ceux-ci et d’autant plus fragiles. Il faut aussi noter que les principaux concurrents des horlogers suisses... sont d’autres horlogers suisses. Donc la problématique du franc fort, par exemple, n’est pas réellement un élément différenciateur, puisque l’on «nage tous dans le même bain». C’est une distinction fondamentale avec les années 1970. Ce qui est vraiment déterminant aujourd’hui est l’exposition des entreprises horlogères suisses à l’international: sont-elles très dépendantes d’un seul marché ou bénéficient-elles d’une répartition équilibrée de leurs activités? Un autre facteur important est le segment dans lequel elles évoluent, avec des situations différentes de l’entrée de gamme au super-luxe. Le Swiss made va être renforcé dès l’an prochain. Est-ce que cela pourrait permettre de rapatrier certaines capacités industrielles en Suisse, avec un effet sur l’emploi à la clé?
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J’aurais tendance à dire que cela sera automatiquement le cas. Le Swiss
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Propos recueillis par Serge Maillard
Comment Manpower est-elle impactée par cette baisse de l’emploi?
made va rester attractif donc il faudra s’adapter. Je ne crois pas que beaucoup d’entreprises vont renoncer à ce label. En matière d’emploi, on observe des philosophies très différentes d’un groupe à l’autre. Par exemple entre un Richemont, qui a des origines plus financières et a tendance à engager beaucoup par beau temps et réduire d’autant l’emploi lorsque l’orage gronde, et un Swatch Group aux origines plus industrielles et proclamant son ambition de maintenir l’emploi... Il y a clairement des stratégies et des philosophies différentes. Mais en définitive, une manufacture voudra garder ses talents. L’investissement en formation est tellement important pour un certain nombre de profils et d’activités que les entreprises ne voudront pas repartir de zéro. Ce qui coûtera le plus cher à long terme, c’est de ne pas avoir les talents et compétences nécessaires au redémarrage de l’activité... Là, on peut perdre beaucoup. C’est pourquoi certaines marques transfèrent leurs collaborateurs à l’interne pour les garder. En même temps, il faut noter que l’on sort d’années record pour l’industrie et certaines entreprises ont peut-être un appareil de production
surdimensionné par rapport à la demande. Le nombre d’emplois correspond à une production beaucoup plus importante qu’en 2008. En fait, il y a une multitude de facteurs déstabilisants par rapport à la situation de l’époque: notre période est donc beaucoup plus difficile à appréhender. Nous ne sommes pas face à l’arrivée du quartz ou à une crise financière globale: plusieurs éléments se combinent pour créer une situation complexe. A chacun de se repositionner en fonction de ces éléments. Et le recours au chômage technique, un outil traditionnellement utilisé par l’industrie? Nous venons de sortir des statistiques à ce sujet et il n’y en a pas eu beaucoup plus qu’en 2015. Quelque
Nous enregistrons une diminution claire de la demande. Celle-ci est faible par rapport à l’an passé, car la priorité est donnée à l’interne. Cela ne veut pas dire que nous allons arrêter nos missions pour l’industrie horlogère. Mais souvent, on ne va pas nous demander un remplacement une fois la mission terminée. Et cela touche plutôt les métiers liés à la production, notamment les opérateurs. Toutefois, l’industrie horlogère reste importante pour nous: en août, elle était notre secteur d’activité le plus important sur Genève. En résumé, l’activité existe mais il n’y a pas de remplacements, on privilégie les transferts à l’interne et on ne remplace pas les départs naturels. On observe aussi des transferts d’emploi entre les industries, de l’horlogerie à la pharmaceutique par exemple. Les horlogers continuent néanmoins d’engager dans des métiers spécifiques: la production se poursuit et à un moment donné, la croissance va revenir. Par ailleurs, l’horlogerie fascine toujours beaucoup. C’est un domaine d’activité qui garde la cote. Encore récemment, vous parliez pourtant de pénurie de talents en horlogerie... Actuellement, avec le ralentissement, la pénurie ne montre pas ses effets. Mais elle existe et l’on sait qu’il n’y a pas assez de jeunes qui sortent des écoles pour garantir l’avenir: il y a un tournus naturel et certains profils vont manquer, notamment des mécaniciens. Malgré le ralentissement, nous devons continuer à recruter et former les talents de demain. Au moment où l’activité redémarrera, nos clients seront demandeurs!
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Hong Kong, la vérité si tu mens! En deux ans, les ventes de montres suisses à Hong Kong se sont effondrées de moitié, cédant, en juillet dernier, la première place du marché mondial aux Etats-Unis. En septembre, Europa Star s’est rendu à Hong Kong pour mener l’enquête dans le cadre de la 35e foire horlogère. Analyses, commentaires, interviews et confidences sont au menu! par Jean-Luc
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Flash back! En 2008, c’est l’explosion des ventes de montres suisses en Chine et surtout à Hong Kong où 80 à 90% des acheteurs sont chinois. La folie horlogère a duré 6 ans, les nouveaux millionnaires semblaient insatiables et les marques horlogères n’arrivaient ni à suivre dans la production, ni dans la vente et encore moins dans l’après-vente. Chaque année, les records se succèdent et l’Asie pèse la moitié de ses exportations mondiales! La petite Helvétie, portée par son secteur horloger, se paie même le luxe d’une balance commerciale excédentaire face à l’empire chinois des exportations. Mais le 14 mars 2013, Xi Jinping ac-
cède au pouvoir suprême et sonne la fin de la récréation: «Sa lutte contre la corruption en République populaire de Chine est passée par la stigmatisation des produits de luxe, en particulier horlogers», nous assure Esther Wong, présidente de la fédération horlogère de Hong Kong. En effet, en 2014, le nouveau jeu des internautes est de reconnaître et évaluer les modèles de montres au poignet des fonctionnaires de toutes les provinces – certains possédaient des collections entières! – tel un baromètre de la corruption. Résultat, quelque 1500 cadres du parti ont été accusés et plus de 200 reconnus coupables. Mais comme, entre-temps, la corruption s’est encore aggravée en Chine
(cf. Transparency International), on soupçonne «Tonton Xi» d’avoir surtout écarté ses adversaires réformistes afin d’éviter un potentiel effondrement du communisme, façon URSS…
Parler boutique Pour la filière horlogère, peu importe l’intention de Xi Jinping, le mal est fait et la chute affecte en particulier le segment du grand luxe comme l’a confirmé notre tournée des boutiques de Hong Kong. C’était prévisible, tous les vendeurs et ven-
«Nos clients chinois nous le disent franchement: ils ne veulent plus de modèles emblématiques.» deuses interrogés ont tenu à garder l’anonymat. Madame Tang travaille dans une boutique qui vend 32 marques de luxe, leur haut-degamme s’appelant HYT, Harry Winston ou Ulysse Nardin et leur «bas-de-gamme», Baume & Mercier
ou Oris: «Nos clients chinois nous le disent franchement, ils ne veulent plus de modèles emblématiques», déclare la vendeuse en chef. «Mais nous souffrons moins que les boutiques monomarques de luxe car nous pouvons toujours proposer l’alternative de modèles de niche ou de marques plus passe-partout», dit-elle en évoquant Rolex et TAG Heuer... Est-il vrai que les marques reprennent massivement leurs stocks en dépôt-vente? «Pas chez nous en tout cas, toutes les pièces ont été payées», répond-elle les yeux écarquillés. Et le marché gris a-t-il augmenté? «Il a toujours existé, nous avons de gros clients asiatiques, mais comme la demande a baissé, le marché gris a baissé, lui aussi», assure Miss Tang en précisant: «Et nous ne bradons pas non plus». Dans la plus «princière» des chaînes de Hong Kong, Miss Cheung admet un recul des ventes «qui serait dû à la baisse massive des touristes chinois» et déplore «ne pas voir davantage de jeunes entrer dans la boutique». Puis, nous poussons la porte d’un détaillant exclusif. Au milieu des montres en céramique de Longeau, David nous reçoit pétri d’optimisme: «Nos affaires marchent bien et notre stock n’est
pas renvoyé. De plus, nous profitons d’une récente baisse du loyer et nos charges ont été réduites d’un tiers». Cela inclut-il des suppressions d’emplois? «Pas chez nous, mais il paraît que certaines chaînes n’emploient plus que de simples vendeurs et un seul manager fait le tour de ses boutiques». Pourtant, les loyers ne baissent pas partout et cela pourrait même coûter le poste de la jeune Yoko qui tient un corner shop dans un centre commercial: «Même si je vends une marque fashion et bon marché, les charges PRIX DU TOURBILLON
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BUSINESS & TENDANCES seraient devenues trop chères». La baisse des ventes toucherait-elle également les montres en plastique? Yoko hausse les épaules: «Peut-être que les jeunes d’aujourd’hui préfèrent la montre Apple». Les autres détaillants visités ne nous en apprendront pas davantage ou refuseront tout dialogue par un courtois «no comment». Cependant, aussi instructive que fut la tournée des boutiques, nous restons sceptiques quant à l’objectivité des vendeurs et leur réelle connaissance de la situation. Une chose est sûre, les loyers exorbitants de Hong Kong (parmi les plus élevés au monde) représentent des charges rapidement insupportables si le commerce ralentit – ce qui est le cas depuis la «Révolution des parapluies» il y a deux ans, à la base de la disparition des touristes chinois. Sur les cessations d’activité, Esther Wong de la Fédération horlogère de Hong Kong nous répond: «Difficile à quantifier précisément, mais une dizaine de boutiques de montres ont fermé cette année à Hong Kong. Comme le phénomène touche tous les secteurs de la place, certains propriétaires ont accepté des baisses immédiates de loyer aux alentours de vingt pour-cent.» Du jamais vu…
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«Une dizaine de boutiques de montres ont fermé cette année à Hong Kong. Certains propriétaires ont accepté des baisses immédiates de loyer aux alentours de 20%.»
souvent plusieurs montres, chacune portée en fonction de l’activité. Par conséquent, la smartwatch n’exclut pas la montre traditionnelle, mais elle la complète», affirme Pasche. Avouons que le rechargement quotidien ainsi que l’appareillement à un smartphone (offrant davantage de fonctionnalités) font encore de la smartwatch un pur gadget et, en réalité, c’est elle (et par extension le smartphone) qui est menacée par l’arrivée des futures technologies telles les smartglasses, smartlenses, smarts implants, etc… Jean-Daniel Pasche enfonce le clou de la complémentarité de la smartwatch «car sinon, elle aurait directement af-
fecté le segment bas-de-gamme de l’horlogerie suisse. Or, c’est celui-ci qui a le mieux résisté sur le marché. Même s’il est baissier». La question qui, sans l’avouer, taraude nos présidents de fédérations horlogères bien plus que la smartwatch, c’est celle du symbole.
Symbole décadent? Longtemps, la montre-poignet était un symbole masculin aussi fort que la cigarette dans les années 60… Symbole de virilité, de pouvoir, d’élégance, d’individualité, d’intellectualisme, d’aventure, de rébellion
– les éléments de langage étaient les mêmes! Or fumer est devenu ringard, même Lucky Luke a troqué sa clope au bec par un brin d’herbe! Qu’en est-il de la montre? Les nouveaux consommateurs sont désormais de générations X, Y et Z. Or pour les parents des enfants de générations X et Y (nés entre 1960 et 1990), la montre-poignet était déjà un symbole en perte de vitesse. J’en fus personnellement témoin dans les années 80 car j’appartiens pile à la génération X et mon père, alors champion de tennis, a remporté tant de magnifiques montres de sponsors... A mes yeux, la montre de marque était un pro-
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Smartwatch, un faux débat
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Retour au célèbre «Hong Kong Convention and Exhibition Center» où, dans le cadre de la foire horlogère, se tient un forum réunissant les présidents des principales fédérations horlogères. Depuis deux ou trois ans, les mêmes intervenants y répètent le même discours sur les mêmes sujets et avec la même volonté de rassurer. Aucun d’eux ne veut croire à l’avènement d’une nouvelle crise horlogère dont la menace s’appellerait cette fois smartwatch. «Non», insiste Jean-Daniel Pasche, président de la puissante Fédération horlogère suisse, «la smartwatch est complémentaire et utilitaire, ne rivalisant donc pas avec l’horlogerie qui, elle, cherche à susciter l’émotion». Effectivement, avec son l’obsolescence rapide et son style imposé par l’écran, la smartwatch n’a aucune chance sur le plan statutaire face à une montre classique. «Nous savons aussi que les clients possèdent PRIX DE L'EXCEPTION MÉCANIQUE
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Les pères des générations X ont rêvé des «3 qui tournent» – bicyclette, machine à coudre et montre. veau d’accessoires masculins facultatifs. Or, fatalement, si les parents ne transmettent pas un symbole à leurs enfants, ce symbole meurt. On comprend désormais pourquoi les fédérations horlogères ne voient pas d’un si mauvais œil l’avènement de la smartwatch: réhabituer les jeunes générations à porter un objet au poignet pourrait être le meilleur moyen pour les ramener à l’horlogerie traditionnelle qui, pour sa part, fait aussi un pas vers eux en lançant les premiers modèles connectés. Etudier les Z, comprendre les Z, anticiper les Z… le spécimen est au centre de toutes les études marketings. Pourquoi? Car c’est la «digital native», autrement dit la première entièrement entourée de technologies et celle qui façonne l’avenir. Dans son nouveau monde de réseaux sociaux, les Z ont développé un sens aigu des valeurs communautaires, décloisonné la société, fait tomber la lutte des classes et l’inégalité des sexes. Mais attention, les Z sont imprévisibles, irrévérencieux, consuméristes et narcissiques! Un selfie? Très provisoire est leur fidélité à une marque et le moindre faux-pas de l’entreprise est aussitôt sanctionné. Surfant intuitivement sur les écrans tactiles, leur
cerveau a développé des capacités inédites et, en deux temps trois mouvements, les Z ont décelé l’inutilité de la smartwatch et listé l’ensemble de ses faiblesses sur le net. Les fabricants sont priés de revoir leurs copies…
L’exception parmi les Z En Chine, les pères des générations X et précédentes ont rêvé des «3 qui tournent» – bicyclette, machine à coudre et montre – mais ce rêve ne se réalisera que pour une infime minorité. Le symbole de la montre-poignet ne s’est donc pas transmis de père en fils. Même la smartwatch, à part pour quelques geeks atteints du syndrome éponyme, se trouve difficilement au poignet des jeunes générations. Soudain, dans les rues de Shijiazhuang, chef-lieu de la province du Hebei (300 km au sudouest de Pékin), apparaît un «Z» portant une Swatch Sistem 51! Pour Yunkai Qiu, étudiant chinois de 19 ans: «Une montre automatique abordable était un must». Et tes camarades? «Je fais figure de double exception: rares sont ceux qui portent une montre et encore moins mécanique. Les étudiants évitent les dépenses inutiles et ont déjà l’heure exacte sur leur smartphone». Mais une fois arrivés dans le monde du travail, achèteront-ils une Mido, Titoni ou même une Swatch? «J’en doute», répond Yunkai, «les jeunes ont pris l’habitude de consulter leur portable en permanence, même pour avoir l’heure. Moi, je suis atypique en Chine car j’aime la tradition. Je ne vous surprendrais donc pas en vous disant que j’étudie la médecine chinoise.» On comprend que les années folles de l’horlogerie en Chine ne concernaient pas les jeunes générations, mais justement les anciennes, celles qui en rêvaient autrefois et qui se sont enrichies… A la poussée des boutiques en Chine, il n’a donc pas succédé de véritable culture horlogère.
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longement de la personnalité! Mais avec surprise, je constatais que les pères de mes copains portaient de plus en plus souvent et sans complexe la première anti-montre suisse, alias Swatch. Triomphante, la montre en plastique jetable et impersonnelle «qui a sauvé l’horlogerie suisse» l’a également désacralisée. Deux générations plus tard, les pères des garçons de génération Z (nés après 1995) ont relégué la montre au ni-
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Le point sur le marché horloger italien
Le marché horloger italien est devenu, en 2015, le premier marché européen pour l'horlogerie suisse. 2016 s’annonçait plus difficile, mais pour autant l'engouement des Italiens envers l'horlogerie ne semble pas se démentir. Eléments d'analyse. Entretien avec Sylvain Rousmant, mazars italie
L’Italie est le premier marché européen pour l’industrie horlogère suisse, devant le RoyaumeUni, l’Allemagne et la France et devant des villes comme Londres ou Paris, alors que le pays compte moins d’habitants. Comment expliquez-vous cette force? Le culte du luxe et du style représente le facteur déterminant de la constante diffusion et expansion du Made in Italy et explique le succès de l’industrie horlogère suisse en Italie. Bien que n’occupant pas un rôle précurseur dans ce secteur, l’horlogerie italienne a néanmoins laissé des traces de ses compétences à travers des marques historiques comme Panerai et Bulgari, appartenant désormais respectivement aux groupes Richemont et LVMH. En 2015, le marché italien de l’horlogerie a connu une augmentation de son chiffre d’affaires de +11,9% à 1,41 milliard d’euros, malgré une légère diminution de 2,9% du nombre d’unités vendues, s’élevant au total à 7 millions. Ces résultats sont la conséquence des premiers signes de reprise enregistrés
en 2014 et de la croissance du secteur touristique. Cependant, cette tendance ne s’est pas confirmée au cours du premier semestre 2016, durant lequel l’Italie a vu un ralentissement du secteur horloger de -12,6%, se plaçant en deuxième position en Europe après la France (-14,8%). Cette contraction s’explique principalement par la décision du 15 janvier 2015 de la Banque nationale suisse d’éliminer le taux plancher Euro/Franc suisse introduit en 2011, qui a entrainé une augmentation du prix moyen des montres suisses d’environ 14%. Est-ce plutôt le fait de touristes ou de locaux ? Le bon résultat de 2015 est surtout attribuable à la recrudescence du tourisme, le nombre de visites ayant augmenté d’environ 10% en 2015 notamment grâce à l’Exposition Universelle et le Jubilé de la Miséricorde organisé par le Vatican. Malgré une diminution de la fréquentation russe, l’affluence américaine et chinoise confirme que le pays demeure une destination de choix pour les touristes extra-européens comme l’illustrent les données de Global Blue. Bénéficiant
d’un taux de change avantageux, les touristes chinois ont également pu satisfaire leur besoin de «Customer experience» notamment grâce aux efforts mis en place par les leaders du secteur dans ce domaine et ont continué à acheter dans le «Bel paese» malgré les mesures prises par le gouvernement chinois pour stimuler les achats locaux. Tendance confirmée par le fait que la majeure partie des montres soit vendue dans les principales villes d’art comme Rome, Milan, Florence, Vérone et Venise. Existe-t-il des «pics» de vente saisonniers, par exemple l’été touristique ou plutôt Noël et les fêtes de fin d’année? Les données du marché nous permettent d’affirmer raisonnablement que la période d’achat phare est le mois de décembre, durant lequel les ventes de montres représentent 24,9% du total annuel d’unités vendues et 19,5% en termes de valeur. Les mois d’avril et de juillet représentent également des mois d’activité intense durant lesquels 10% de la valeur annuelle totale est vendue. Le reste des ventes se trouve uniformément réparti sur les autres mois malgré une augmentation des achats impulsifs (34,3% en 2015 comparé à 26,6% en 2014). Quelles sont les marques préférées des Italiens (d’une part en volume, d’autre part en valeur)? Malgré la réticence des entreprises à communiquer leur nombre de montres écoulées, les données du
marché à disposition nous permettent d’affirmer que le groupe Swatch se place en première position, possédant un portefeuille de produits si complet qu’il couvre tous les segments, des montres bon marché avec Swatch et Flick Flack, au secteur du luxe avec Omega et Breguet. Richemont se trouve en deuxième position avec des marques phares telles que Cartier, Van Cleef & Arpels, Piaget et Panerai. La Division Montres de LVMH est guidée par des marques solides comme Bulgari, Hublot, Tag Heuer et Zenith. Nous avons également constaté une prédilection des consommateurs italiens pour les marques Rolex et Patek Philippe qui sont l’objet d’une véritable dévotion par les collectionneurs. Dans les années à venir, ces acteurs devront cependant considérer les exigences des «Millenials», pour qui la connectivité est devenue essentielle, lors de la création de nouveaux produits.
Historiquement, le commerce de détail horloger italien était très fractionné et familial, avec des petites boutiques dans chaque localité. Estce que cela est en train de changer?
Le marché horloger italien est-il majoritairement masculin ou équilibré entre montres masculines et féminines?
Qui sont les acteurs principaux du commerce de détail horloger italien?
En 2015, la vente de montres bracelet masculines représentait 48% des quantités vendues (44% en 2014) et 59% en termes de valeur (50% en 2014). En revanche, le segment féminin représentait 42% en termes de volume et 36% en termes de valeur. Un recul de 9% comparé à l’année 2014 qui s’explique en partie par une offre grandissante de montres unisexes habituellement classifiables dans le secteur masculin.
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Si les horlogeries et bijouteries demeurent les premiers points de vente dans le commerce de détail, représentant 58% en termes de volume, ces points de vente traditionnels ont connu une diminution de leur importance en termes de valeur ces trois dernières années passant de 74% en 2013 à 61% en 2014 pour finalement atteindre 53% en 2015, et ce en faveur des boutiques monomarques dans lesquels les acteurs principaux du marché investissent. Les ventes en ligne, capables de couvrir une gamme plus ample et diversifiée de consommateurs, sont également en constante augmentation et représentaient en 2015 16,3% du volume total (14,7% en 2014) et 11% en termes de valeur (8% en 2014).
Premièrement, le réseau de distribution italien a permis l’émergence de points de vente multimarques dans les pôles de la mode, au détriment des zones plus périphériques. Par ailleurs, les principaux acteurs du secteur inaugurent régulièrement des boutiques monomarques dans les rues dédiées au luxe afin d’attirer les touristes fortunés. Enfin, la croissance de l’e-commerce représente un autre thème stratégique qui marquera les années à venir.
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Métiers d’art, métiers rares Très en vogue, l’appellation «métiers d’art» est de plus en plus utilisée en horlogerie. Et de plus en plus de voix dénoncent le manque de relève. Enjeu essentiellement marketing autour de la notion de «rareté» ou menace réelle de disparition? Enquête. Aloui
Depuis plus de dix ans, les montres dites de «métiers d'art» connaissent un véritable succès. Au contraire des cadrans monochromes truffés d'indications fonctionnelles, les montres issues des ateliers de métiers d’art proposent des motifs minutieusement soignés à travers des techniques décoratives que seuls quelques artisans maîtrisent. La production est souvent limitée à quelques pièces par an (quand il ne s’agit pas d’une pièce unique), des modèles essentiellement mécaniques. Cet univers fortement mis en avant dans la communication des marques n’est pas statique: à cheval entre tradition et innovation, les techniques n’ont de cesse d’évoluer. Peu d’écoles en Suisse, a fortiori dans le monde, proposent des formations consacrées aux métiers d’art. L’une des plus connue est celle de la Chauxde-Fonds: public, l’établissement propose des formations en bijouterie, sertissage ou encore gravure. Il n’est pas le seul: les instituts de formation de la Vallée de Joux ainsi que de Genève dispensent également des formations en la matière. Cependant, nombreuses sont les spécialités pour lesquelles la transmission se fait encore du maitre à l’élève. C’est le cas, entre autres, de l’émaillage, de la marqueterie, de l’anglage main ou encore de la ciselure. L’artisan genevois Christophe Blandenier explique avoir du mal à trouver des personnes spécialisées dans les métiers d’art: «Les graveurs expérimentés se font rares. Chaque année, j’engage entre une et trois personnes issues de l’Ecole d’art de La Chaux-de-Fonds et je prends en charge le coût de la formation, afin qu’elles acquièrent de plus amples connaissances pour démarrer sur des pièces confiées.» Une fois la formation scolaire terminée, il faut encore de nombreuses années de pratiques avant de maitriser de manière autonome les spécificités de ces métiers atypiques.
Peintre sur œuf de caille Jaël, graveur dans une grande maison horlogère, donne sa définition de son activité: «Pour moi, exercer un métier d’art, c’est utiliser ses mains, partir d’une matière brute et en faire de l’art.» Pour Than, peintre dans une autre maison horlogère et spécialiste de
la peinture sur œuf de caille, exercer un métier d’art n’a pas réellement de définition propre: «Je pense que chaque artisan exerce au final un métier d’art. A partir du moment où cela nécessite une création manuelle, c’est un métier d’art. Il faut faire preuve d’imagination et de créativité: par exemple, c’est moi qui ai suggéré à la maison dans laquelle je tra-
La pérennité de ces métiers d’art est bel est bien remise en cause et les initiatives de «sauvetage» se multiplient. Mais posons la question autrement, dans une industrie qui mise une grande partie de son attractivité sur la notion d’exclusivité. Au fond, le manque de cohésion de la part des artisans pour transmettre leur savoir ne permet-il pas aussi de conserver un nombre restreint de personnes maitrisant les techniques ad hoc, manière pour elles de s’assurer une place de choix dans le secteur horloger et pour les marques de jouer de cette rareté d’un point de vue marketing? Question délicate!
tiers de la bijouterie), «on doit pouvoir prouver à la Confédération qu’on n’a pas besoin de 10 apprentis par année mais de seulement un ou deux tous les deux ans. Le but étant de s’assurer que ces jeunes trouvent un travail à l’issue de la formation.» Car un autre problème guette les apprentis: trouver des entreprises qui sont prêtes à former. Depuis la crise de 2008, les entreprises cherchent à faire des économies et limitent (voire arrêtent) de dispenser des formations. André Perrin dénonce: «Tout le monde dit qu’un apprenti coûte cher, mais c’est faux! Les coûts sont peut-être plus élevés lors de la première ou la deuxième année, mais par la suite un apprenti est très vite autonome et travaille facilement sur des pièces confiées.
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par Inès
Marketing de la rareté
Richemont au secours des métiers d’art
Le nouveau Campus Genevois de Haute Horlogerie à Meyrin dans le canton de Genève
vaille de tester les œufs de caille! J’ai imaginé des motifs que je leur ai montré, ils ont été convaincus. Depuis lors, c’est devenu ma spécialité. Et pourtant, il n’existe aucune formation en la matière...» En avril dernier, les dixièmes Journées Européennes des Métiers d’Art se sont déroulées dans une quinzaine de pays européens. Ce premier événement international dédié à ces spécialités a été l’occasion pour plus de 200 métiers d’art d’exposer leur savoir-faire. Des évènements de ce type servent à faire découvrir au plus grand nombre ces activités méconnues du grand public. Ils permettent également à ces professions de mieux se coordonner entre elles. Autre initiative pour préserver les savoir-faire artisanaux: le maître-horloger Philippe Dufour a, dans le cadre de son projet «Naissance d’une montre», formé un élève aux techniques anciennes de l’horlogerie, afin que ce dernier puisse transmettre son savoir à son tour. Certains artisans sont en effet disparus avec leurs secrets. Face à l’industrialisation massive, les traditions sont des valeurs refuge!
«Je peux m’imaginer que l’effet de raréfaction des métiers d’art est en même temps leur meilleur atout pour qu’ils soient pris en considération et préservés», commente Gianfranco Ritschel, consultant auprès de la FHH (Fondation pour la Haute Horlogerie). Christophe Blandenier poursuit: «Ce n’est pas un hasard si les artisans ne sont pas organisés. Il y a beaucoup de craintes par rapport à la concurrence, on a peur d’échanger. C’est une erreur selon moi mais il faut le comprendre, car on a connu de nombreuses années durant lesquelles il y avait peu de demande.»
Engouement paradoxal Depuis la popularité grandissante autour de ces activités dites «en péril», beaucoup se sont certes engouffrés dans le filon des métiers d’art et ont décidé de suivre une formation ad hoc. Avec un effet paradoxal dans une industrie aujourd’hui en ralentissement: il n’y a plus assez d’offres d’emploi à la sortie d’un CFC. Pour André Perrin, président de l’Asmebi (Association romande des mé-
Il finit par rapporter de l’argent à l’entreprise qui le forme.» Et lorsque les entreprises acceptent de former, peu sont celles qui embauchent par la suite, faute de budget. Après leur formation, certains apprentis mettent plusieurs mois, voire années, avant de trouver un emploi. André Perrin se bat avec son association auprès des autorités à Berne pour pérenniser la formation. Cependant, Gianfranco Ritschel tempère: «Des efforts sont en cours pour redonner une juste reconnaissance aux métiers d’art, par le biais d’artisans, de fondations ou de marques horlogères, mais la transmission reste il est vrai difficile et laborieuse.» A l’étranger, peu de formations existent pour les métiers d’art horlogers. L’école Boule, à Paris, est l’une d’entre elles. Mais selon certains professionnels, les apprentissages à l’étranger n’ont pas le même niveau que ceux dispensés en Suisse. André Perrin explique ainsi avoir refusé de délivrer des certificats de formation d’anglage à des apprentis en France, qui n’avaient reçu que quelques mois de formation, là où en Suisse quatre années étaient nécessaires.
Un géant horloger, bien connu pour ses activités dans le domaine des métiers d’art – sur lesquels il a basé une partie de sa croissance – a cependant décidé d’empoigner frontalement la question: le groupe Richemont. Le 24 mai dernier était inauguré le Campus Genevois de Haute Horlogerie (CGHH) à Meyrin. Initié par Richemont en 2010, ce lieu de transmission des savoirs vise à perpétuer les métiers de la Haute Horlogerie. Des formations initiales certifiantes (de type AFP et CFC) dans les domaines de l’horlogerie, de la micromécanique et des métiers d’art sont proposées. Près de 180 millions de francs suisses ont été investis et, à terme, près de mille personnes y travailleront quotidiennement. Le campus, ultra moderne et écologique, abrite certains services d’une dizaine de grandes maisons horlogères, telles que Roger Dubuis, Cartier, Vacheron Constantin, Jaeger-LeCoultre ou encore Van Cleef & Arpels pour ne citer que certaines d’entre elles. Quelque 36 apprentis sont actuellement formés au sein du campus, qui aurait les capacités d’en accueillir une cinquantaine. «Le but du Campus est de réunir des infrastructures de haut niveau entourées de grandes maisons et d’une école qui vise à pérenniser les métiers de l’horlogerie», explique son directeur Roland Hirschi. Les apprentis sont sponsorisés par les maisons présentes sur le site. Mais Roland Hirschi tient à souligner qu’il ne «demande pas à un apprenti de faire un assemblage de bracelet parce qu’il y a eu une commande de bracelets pour telle ou telle maison. Les apprentis vont toucher à tout durant leur formation. Dans notre école, les formateurs sont voués à 100% aux apprentis.» Toutes les formations sont reconnues et certifiantes. Par exemple, la formation de graveur, qui avait disparu de Genève il y a de cela une quinzaine d’années, a été réhabilitée grâce à l’école. La formation d’émailleur sera lancée l’année prochaine et des discussions sont en cours afin d’obtenir un CFC pour cette discipline. En effet, la Confédération exige un minimum de dix apprenPRIX DE LA MONTRE JOAILLERIE
CHANEL SECRET WATCH "SIGNATURE GRENAT"
SAVOIR-FAIRE
Impossible d’industrialiser les métiers d’arts Cependant, le responsable refuse l’idée selon laquelle il faudrait réduire le budget du secteur formation à cause du ralentissement horloger en cours. «Il faut arrêter de lier la formation à la conjoncture: du-
rant la crise de 2003, par exemple, on a interrompu les demandes de formation dès qu’on a vu que les ventes cessaient. Or, quand la crise s’est terminée, on a réalisé qu’il manquait de main d’œuvre! Cela serait une erreur selon moi que d’arrêter de former, car personne ne peut prédire dans quel état sera le secteur horloger d’ici cinq ans. Les métiers d’art vont de toute façon survivre, car on ne peut pas les industrialiser. C’est une vraie valeur. Par exemple l’émail ne peut qu’être travaillée par un humain, tant il s’agit d’un matériau fragile et délicat.» Quentin, formateur en gravure, admet avoir été quelque peu dubitatif au début, lors de la création de l’école: «J’étais méfiant mais j'ai vu qu’il n’y avait pas de faux-semblants. La formation proposée est de qualité et les apprentis sont réellement suivis. Transmettre est un besoin et un devoir pour moi. Je peux donner un peu de mon savoir à la nouvelle génération tout en restant indépendant. C’est cela qui m’a séduit.»
MichelangeloFoundation - S. Pozzoli
Michelangelo, nouvelle fondation internationale pour les métiers d’art
Lancée à l’initiative de Johann Rupert et Franco Cologni, qui se côtoient depuis longtemps au sein du groupe Richemont et partagent le goût de l’art et de l’artisanat, la fondation Michelangelo est une toute nouvelle organisation internationale à but non lucratif, ayant pour but de promouvoir la création et les métiers d’art. Basée à Genève, elle favorisera le dialogue entre les savoir-faire et le design afin d’assurer leur avenir. «Nous sommes à la veille d’un grand bouleversement. La mondialisation, la révolution numérique et les progrès constants de l’intelligence artificielle ont ouvert de nouveaux horizons très vastes, mais ils risquent aussi d’aggraver le chômage et les inégalités sociales. Notre fondation a pour but de compenser certains de ces déséquilibres inquiétants. De plus, ces forces menacent d’éclipser des compétences humaines extraordinaires et des siècles de culture et de savoir-faire, et nous voulons faire en sorte de sauvegarder ce précieux héritage», considère Johann Rupert. «En Italie, nous avons œuvré pendant deux décennies à la création d’un mouvement qui reconnaît et encourage le travail des maîtres artisans et qui offre aux jeunes la chance d’entrer dans cet univers de culture et de beauté. Je suis convaincu qu’un "humanisme artisan" est sur le point de naître et cette nouvelle fondation va rapprocher les acteurs essentiels pour constituer un réseau qui favorisera et soutiendra ce mouvement», souligne de son côté Franco Cologni.
Quelques métiers d’art LE GUILLOCHAGE Né au 16ème siècle, ce métier investit l’horlogerie seulement à compter du 18ème siècle. Vacheron Constantin est notamment connu pour utiliser cette technique dans bon nombre de ses montres. Le maître guillocheur tourne la manivelle qui entraîne la pièce à décorer. Avec l'autre main, il pousse le chariot qui porte le burin pour graver des traits fins et réguliers afin de réaliser des caractères très complexes. L’ÉMAILLAGE Inventé par des artisans orientaux il y a près de 4000 ans, c’est seulement avec l’avènement de l’horlogerie au 17ème siècle que Genève devient le fer de lance de l’émail. L’émailleur crée sur le cadran des dessins à l’aide d’un pinceau. Diverses techniques en découlent comme l’émail cloisonné qui consiste à utiliser des bandes d’or pour créer des cloisons et ainsi délimiter les contours de la chose dessinée. La cuisson est une étape cruciale qu’il faut parfaitement maîtriser pour avoir des dessins figés à vie. LE SERTISSAGE Maitrisant avec brio les pierres précieuses, le sertisseur les sélectionne avec minutie, puis choisit parmi les différentes techniques de sertissage (serti clos, à griffes, à grains, à clous et serti invisible) où la structure de métal devient invisible pour ne laisser apparaître que les pierres précieuses. Toute la difficulté réside dans les contraintes de fonctionnalité de la montre qu’il faut maitriser tout en ménageant les pierres et le métal. LA MARQUETERIE Cartier est réputée pour sa marqueterie de bois et de paille. Cette dernière par exemple consiste à sélectionner des tiges de paille puis à les teindre. Après avoir rangé chaque brin en botte, l’artisan fend avec une lame aiguisée les tiges pour réaliser un motif. Les brins de paille sont ensuite aplatis avec un lissoir en os dans le but d’obtenir des surfaces de couleurs identiques.
Van Cleef & Arpels: Perlée ou la joaillerie poétique
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tis pour délivrer le précieux sésame. Or, les exigences en la matière ne sont pas forcément en adéquation avec la réalité des besoins du secteur, comme l’explique Roland Hirschi: «L’Etat ne reconnaît une formation que s‘il y a un certain nombre d’apprentis. Or, nous sommes dans une optique de qualité et non de quantité. Il faut pérenniser les savoir-faire, repenser le modèle en terme d’investissement et de nombre de personnes à former. On ne peut pas appliquer une seule règle à tout le monde.»
EUROPA STAR PREMIÈRE | 25
par
Marianne Bechtel
Depuis toujours, Van Cleef & Arpels crée ses pièces de joaillerie en saisissant le mouvement et l’émotion. Cette année encore de nouvelles créations en pierres dures et diamants perpétuent l’esprit joyeux de la collection Perlée. On se souvient que la perle d’or appartient à l’histoire de Van Cleef & Arpels depuis les années 20 et a traversé les périodes en s’adaptant aux modèles nés de l’imagination et des voyages exotiques de la famille Arpels au fil des ans. Du fin filet de grains bordant les bijoux de style égyptien les perles d’or, à partir de 1948, deviennent une esthétique iconique de la marque à part entière. Les années 1960 voient naître la collection Twist qui, comme la danse du même nom, entremêle dans un rythme souple et cadencé torsades de perles d’or, boules de corail et perles de culture.
C’est en 2008 que naît la collection Perlée que la Maison ne cesse de réinventer depuis avec des créations au nom évocateur qui associe ce liseré de perles douces à plusieurs signatures emblématiques de Van Cleef & Arpels, tels que la Bague Entre les Doigts, ornement de main où deux cabochons, l’un en pierre dure l’autre en or serti de diamants sont liés par un anneau ouvert, ou encore des pendentifs ou puces d’oreilles réinterprétant le cabochon serti de diamants. Sur ces pièces, la mise à jour de l’or permet de laisser circuler la lumière et de rendre chaque diamant plus brillant. Après l’esprit de discernement, ce qu’il y a au monde de plus rare ce sont les diamants et les perles - disait joliment Jean de la Bruyère . L’esprit d’exigence de Van Cleef & Arpels et les critères de qualité requis pour chacune de ses créations leur confèrent l’émotion de pièces rares et à chacun d’entre nous la certitude que la poésie a bien trouvé ici sa tribune joaillière.
MARQUES
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Bovet & Pininfarina: quand horlogers suisses et designers italiens se rencontrent Brief ouvert, lignes précises
Bovet et les designers turinois de Pininfarina livrent un nouvel opus à leur collaboration surprenante: l’Ottantasei. Un quatrième tourbillon dont la ligne directrice était la suivante: plus léger, plus léger, plus léger! par
Serge Maillard
De prime abord, l’alliance semblait quelque peu contre-nature, entre la marque horlogère historique et néoclassique Bovet Fleurier du Valde-Travers, relancée par Pascal Raffy, et le designer italien Pininfarina de la région de Turin, connu pour ses dessins d’Alfa Romeo, de Ferrari, mais aussi d’immeubles, de bateaux, de stylos ou encore de machines à café. Et pourtant, un même esprit «familial» semble régner au sein des deux entreprises, incarné par Pascal Raffy d’un côté, Paolo Pininfarina de l’autre, représentant de la troisième génération au sein de l’entreprise transalpine – et qui tient à ce que cet esprit demeure malgré la reprise en cours de sa société par le groupe indien Mahindra.
Fruit de cette collaboration insolite, une série de montres rondes sportives ultra-designées, à la fois techniques et fluides, dont certaines intègrent le système convertible Amadeo® et la griffe futuriste de Pininfarina, détonnant dans l’univers horloger de la marque du Val-de-Travers: six à ce jour – l’Ottanta, l’Ottantadue, l’Ottantatre, la Cambiano, la Sergio, enfin la dernière-née, l’Ottantasei. «Aujourd’hui, nous lançons un quatrième tourbillon, qui n’est pas une évolution mais complètement nouveau pour nous deux, relève Paolo Pininfarina au siège de sa marque à Cambiano. Le défi était de combiner légèreté et robustesse. Il y a une différence d’échelle mais beaucoup de points communs entre design automobile et horloger, notamment un même soin des finitions et une re-
cherche de la performance.» Pour l’héritier de la dynastie Pininfarina, tout objet sortant de ses studios doit se transformer en «objet d’art», quelque soit le domaine d’action. C’est en cela, peut-être, que les ambitions de Paolo Pininfarina et Pascal Raffy se rejoignent.
Inspiré d’un cockpit d’avion «Nous sommes des artisans du temps et non dans une logique industrielle, lance Pascal Raffy. Nous sommes tous deux défenseurs de la tradition, nous respectons le patrimoine dont nous vivons aujourd’hui et préparons le futur. La clé pour réussir dans le luxe, c’est une identité claire, des séries limitées et un vrai travail artisanal. Mais aussi du bon goût, pas du show-off!» Pour lui, l’Ottantasei est le fruit d’une forme de maturité. Ce quatrième tourbillon offrant dix jours de réserve de marche respecte les codes de la collection mais s’organise autour d’un mot: «light», dont le doublesens en anglais signifie à la fois la lumière et la légèreté. Une ligne direc-
trice que l’on retrouve entre autres dans les quatre grandes glaces saphir qui occupent les principales surfaces du boitier et le système d’emboitage par le fond qui a permis de gagner d’avantage de transparence et de légèreté. Les poids nets de métal pour un boitier complet sont de 51.66 gr pour l’or et de 15.54 gr pour le titane... Organe moteur (et son indicateur de réserve de marche), affichage, organe régulateur. Trois cercles distincts définissent les fonctions essentielles du mouvement, là aussi dans un souci de clarté. Le barillet unique affiche des caractéristiques hors normes: 1.04m de longueur pour une force développée de 1kg lui permettant de dispenser 240 heures d’énergie. «Notre inspiration principale pour le design du boîtier était le cockpit d’avion, car cet espace demande une bonne visibilité pour le pilote qui doit tout avoir sous contrôle, relève Hugo Cicaré designer chez Pininfarina. Nous nous en étions déjà inspiré dans le passé pour des designs automobiles.» Le garde-temps a requis deux ans de développement. Le prix public est 165'000 CHF HT pour le modèle titane et 185'000 CHF HT pour le modèle or rose.
«Lorsque nous travaillons avec les designers de Pininfarina, le principe de base est que nous ne leur disons jamais que ce qu’ils proposent est impossible, explique Christophe Persoz chez Bovet. Tout est ouvert. Nous faisons des essais, qui débouchent souvent sur des solutions innovantes. Par ailleurs, ce sont des designers de métier, qui ont déjà l’habitude de travailler avec des contraintes techniques dans l’automobile. Et ce qui est très intéressant, c’est le contraste entre la tradition et l’aspect contemporain, amenant à un cadran high-tech et pur. De plus, il était important d’avoir une symétrie entre les éléments du design de la montre, comme sur tous nos garde-temps. Le soin du détail est extrême. Enfin, la montre est ultralégère: 66 grammes pour la version titane et 113 grammes pour celle en or rose. Le mouvement lui-même est d’ailleurs plus léger que le bracelet en caoutchouc!» Dix ans avant le partenariat avec Bovet, la marque italienne s’était déjà intéressée à l’horlogerie suisse. «Notre partenaire m’avait expliqué qu’il réalisait lui-même les montres: il fallait ensuite choisir les modèles commercialisés. Mais cela n’a pas abouti car c’était un concept réducteur, on choisissait juste entre A ou B, on ne construisait rien ensemble, se souvient Paolo Pininfarina. Avec Bovet, ce qui me fascine c’est le soin du détail à une échelle minuscule. On dessine et ensuite on réduit toutes les proportions!» Le but de ce projet n’était pas de renforcer à tout prix le chiffre d’affaires, insiste Pascal Raffy, même si la collection a particulièrement touché les collectionneurs asiatiques et américains. Il s’agissait d’abord de renforcer la respectabilité de Bovet: «Cela donne le signal que nous pouvons amener de l’innovation en même temps que de la tradition. Et cela, ça n’a pas de prix.» PRIX DE LA MONTRE À FUSEAUX HORAIRES
FABERGÉ VISIONNAIRE DTZ
CULTURE HORLOGÈRE
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Détonateurs, munitions ou encore tableaux de bord: la complémentarité entre les deux secteurs d’activité aura duré pas moins de huit siècles, durant lesquels les horlogers se sont progressivement transformés en acteurs économiques essentiels en temps de conflits. Presque toutes les grandes entreprises horlogères ont collaboré avec l’industrie militaire. Par Dominique Fléchon, expert auprès de la fondation de la haute horlogerie, genève
L’histoire partagée entre armuriers et horlogers commence avec l’apparition du régulateur. Connu sous le nom d’échappement à Strob, il est issu de la noix, une pièce mécanique chargée le moment venu de libérer l’énergie emmagasinée dans une arbalète. Alors qu’il n’existe pas encore d’horloger à proprement parler, la période comprise entre le 12ème et le 15ème siècle voit se constituer progressivement un métier réunissant les compétences du fondeur, du forgeron, du ferronnier, du serrurier et de l’orfèvre. Tous ont en commun le travail du métal. La production d’armes, de serrures puis d’horloges par les mêmes spécialistes génère des similitudes. Le vocabulaire en révèle quelquesunes: axe, coussinet, barillet, fusée, gâchette, détente, levier d’armage, bascule, platine, pont, plaque, ressort, ressort fouet ou de rappel, roue canon, vis. Un ressort de montre est armé au même titre qu’un fusil.
La polyvalence, force de l’horloger Au 16ème siècle, un artiste peut être à la fois horloger et fondeur de canons tel Kaspar Brunner, célèbre constructeur de l’horloge de la tour de Berne. Rapidement, spécialisation entre corps de métiers puis division du travail s’instaurent, sans pour autant rompre les liens entre armuriers et horlogers. Vers 1510, Giovanni Giorgio Capobianco fournit au cardinal Matteo Schiner un réveil capable d’allumer une bougie.
Fabriqué jusque dans le courant du 18ème siècle, ce genre d’horloge dite à pistolet concrétise l’union entre armes à feu et garde-temps. Son mécanisme d’alarme est complété d’un chien de pistolet, d’un bassinet à poudre et d’une bougie. Après avoir sonné à l’heure désirée, il désarme le chien provoquant la mise à feu de la poudre qui allume la chandelle. Au 17ème siècle, Marin Bourgeoys, considéré comme l’un des inventeurs de la platine à silex, fournit des armes aux rois de France Henri IV et Louis XIII, tout en construisant des sphères astronomiques mécaniques. Vers 1640, Pierre Bergier, armurier et horloger du roi à Grenoble, crée montres et armes de luxe. Dès le début du 19ème siècle, le canon-méridienne à déclenchement autonome connaît une grande vogue autant en ville que dans les campagnes. Inventé en 1785 par Rousseau, ingénieur en instruments de mathématiques et horloger parisien, l’appareil permet la mise à l’heure des montres, pendules et horloges d’édifices à midi vrai. Il se compose d’un canon miniature en bronze et d’une lentille montée sur un support réglable en fonction des variations de la hauteur du Soleil au cours de l’année. Au moment du passage de l’astre au méridien local, les rayons solaires concentrés par la lentille enflamment la poudre. En octobre 1804 les Anglais tentent de contrer une invasion de leur territoire par les vaisseaux de la flotte française mouillée dans le port de Boulogne et lancent des sortes de torpilles chargées de poudre dont l’explosion est déclenchée par des détonateurs à mouvements d’horlogerie.
«Une façon d’être neutre» Succédant aux armées professionnelles de l’Ancien régime, le service militaire obligatoire remonte à la Révolution. Pour faire face à l’accroissement des besoins qui en résultent, un décret de 1792 prévoit de nouvelles manufactures nationales d’armes. En attendant leur ouverture, la nation réquisitionne horlogers, bijoutiers et serruriers. Peu après, conséquence des guerres napoléoniennes, l’industrie de l’armement se développera dans l’ensemble de l’Europe. Au cours de la seconde moitié du 19ème siècle, la production, toutes activités confondues, se mécanise. Chemins de fer, paquebots, automobiles et avions apparaissent avec leurs instruments de contrôle pour corollaire. Des industriels tels Junghans ou Kienzle en Allemagne, Smith and Sons en Angleterre, Borletti en Italie conquièrent ces nouveaux marchés. Tous sont issus du monde horloger. Suite au déclenchement du premier conflit mondial, les fabriques de la Vallée de Joux cherchent en 1915 un moyen de pallier l’effondrement des commandes d’horlogerie fine. Certains, disposant de l’outillage nécessaire, se lancent dans les composants d’armes. Jacques David LeCoultre pour sa part se tourne vers la fabrication conjointe de munitions, de compte-tours selon des brevets d’Edmond Jaeger, et de tubes pour injections hypodermiques. Collaborant avec Edmond Jaeger, l’aviateur suisse Edmond Audemars est le premier à installer sur son propre aéronef un compte-tours né de la complémentarité entre les établissements de LeCoultre et ceux de Jaeger. Boites de réduction pour moteurs, flexibles, indicateurs de vitesse, compte-tours, compteurs pour avions, tableaux de bord de voitures munis d’un indicateur de vitesse et d’une montre 8 jours sont autant de diversifications dont les potentiels sont amplifiés par les conflits. A leur tour, LeCoultre et Compagnie d’une part et Jaeger d’autre part investissent dans ces nouveaux mar-
chés. L’ensemble du monde horloger sera amené au cours des deux conflits mondiaux à fabriquer pièces de munitions, instruments de contrôle et montres militaires. Les usines tentent dès lors de répondre à la demande. Entre autres exemples, Zenith fournit le Signal Corps, corps d’armée américain chargé de la gestion des communications interarmées, en même temps qu’Omega et Longines. Avec Ulysse Nardin et Vacheron Constantin, la marque locloise honore les commandes en chronographes, chronomètres et montres d’observation du Corps of Engineers (Génie civil américain). Enfin, Zenith approvisionne les armées de l’air anglaise et française, les services hydrographiques de la Royal Navy, l’armée allemande puis polonaise. Ainsi Fritz Huguenin, alors président de la Chambre suisse d’horlogerie, peut-il écrire dès le 2 novembre 1915 que «l’industrie suisse fournit indistinctement aux Alliés et aux Empires du centre, ce qui est pour la Suisse une façon d’être neutre».
La montre militaire moderne, née de la production industrielle Au cours des années 1930, le marché s’est structuré. De grands groupes industriels se sont dotés de filiales spécialisées dans les composants destinés à l’armement, les appareils para-horlogers de contrôle, ainsi que les montres militaires et grand public. La montre de précision est perçue comme un instrument à même de pallier les défaillances des appareils de bord. Certains horlogers, tel Officine Panerai, se sont dès leur création spécialisés dans les marchés militaires aux cahiers de charges particulièrement contraignants. Quatre catégories de montres occupent alors une position dominante: • Les chronomètres de marine, indispensables pour calculer position et direction des navires. L’US Navy les préférait aux signaux interceptables et falsifiables de la radio.
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Les liens historiques entre horlogers et fabricants d’armes
• Les montres d’observation connues sous l’appellation Beobachtungsuhr. D’un diamètre standard de 55 millimètres car munies d’un calibre de montres de poche, elles sont portées par les navigateurs d’avions. • Les chronographes de pilote (Fliegerchronograph). Dotés de la fonction flyback, ils permettent d’effectuer les points de virage, à savoir un changement de cap suite à la présence inopinée d’un obstacle: orage, zone de combat ou autres. • Les montres destinées aux soldats lorsqu’elles sont fournies par l’armée.
Afin de répondre aux besoins de l’armée américaine, Hamilton arrête ses productions grand public. Ceux de l’Allemagne sont couverts à partir de 1936 par des productions allemandes et suisses. Mais compte tenu de la demande considérable des belligérants, l’ensemble des marques horlogères de l’époque, de prestige ou grand public, spécialisées ou non, historiques ou méconnues, disparues depuis ou toujours en activité, livrent parfois simultanément des armées adverses. L’histoire est donc un éternel recommencement! La complémentarité entre horlogers et fabricants d’armement s’est achevée avec l’abandon du travail du métal au profit de l’électronique. Elle aura duré huit siècles, durant lesquels les artisans se sont progressivement transformés en industriels, acteurs économiques essentiels en temps de conflits. Restent au seul profit du monde horloger les rééditions constantes de modèles de montres militaires devenues autant intemporelles qu’emblématiques.
options, comme le nom Bulgari deux fois gravé dans la lunette du modèle «Bvlgari Bvlgari».
Fig. 06: Minuterie
D’un mécanisme relativement si un mouvement peut évoluer pour devenir une construction très co quée. Cela dépend directement d nombre de fonctions. En d’autres termes, un mouvement compren environ 150 composants pour un version standard. Les calibres le 28 | EUROPA STAR PREMIÈRE
CULTURE HORLOGÈRE
Tout sur l’horlogerie en 300 sobres pages Echelles de mesure
Les échelles de mesure sont indispensables pour afficher précisément certaines informations. La lisibilité des minutes,Avoir et même secondes, accès à lades connaissance horAlors qu’il était un jeune journaliste notamment, revêtimpliquait une grande ainsi pour le néobien décidé à se spécialiser en hor- logère logerie, Louis Nardin importance fit un constat phyte de parcourir un long –chesur certains modèles qui l’étonna: nulle part n’existait un min, fragmenté et dispersé entre particulier les chronographes. types de sources, dont livre qui réunisse l’een nsemble des plusieurs Certaines mesure certaines de encore purement de traconnaissances historiques, écono- échelles miques, techniques, esthétiques nédition orale. utilisent aussi des indications déjà cessaires à une compréhension glo- Devenu à force et au fil des anoffrir une information bale de l’horlogerie. existantes pour nées un spécialiste reconnu du dosupplémentaire. duainsi les horlogerle(ilcas exerça Certes, il existait nombre d’ouvrages, maine C’est de rédacteur en chef du souvent somptueusement illustrés, fonctions tachymètre par exemple qui indique historiques, techniques ou consacrés site worldtempus.com puis de la la mais vitesse grâce Thewatches.tv à l’aiguille web objet tv spécialisée à telle ou telle marque, nulle d’un desensecondes de chronographe à de nombreux et magapart on ne trouvait réunies un seul et collabora zines spécialisés), il décida de s’atouvrage les informations de base néd’une échelle dédiée et généralement cessaires à la compréhension exhaus- teler personnellement à combler le marquée sur la lunette. tive de cet art, de cette industrie et de manque qu’il avait éprouvé aux dé-
Fig. 07: Chemin de fer
Mouvement basique vs mouvement compliqué buts de sa carrière.
ses produits.
Fig. 08: Tachymètre
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La magie des montres
Minuterie La minuterie est l’échelle la plus commune. Elle est aussi utilisée sur les sous-cadrans. Elle s’impose quand il est nécessaire de lire l’heure à la seconde près.
C’est ainsi que naquit, sous le nom de La magie des montres, le projet de réunir enfin en un seul ouvrage «les clés indispensables pour comprendre et apprécier les montres et la belle horlogerie», comme il aime à définir son propre travail. Une lourde tâche qui l’occupa pendant plus de trois ans et qu’il mena seul, en toute indépendance. S’adressant aussi bien au néophyte, au simple curieux qu’au connaisseur, La magie des montres «est un objet physique – un livre de format réduit, tout le contraire d’un coffee table book – qui se veut utile, exhaustif, pratique mais qui, dans sa simplicité et sa rigueur graphique, soit aussi beau qu’une montre», explique Louis Nardin. En un peu plus de 200 pages qui se veulent d’un abord simple et direct, La magie des montres parcourt l’histoire de la mesure du temps et les différentes étapes de sa conquête, avant de se diviser en
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« Chemin de fer » Quand la minuterie est formée de 350 deux cercles concentriques reliés par 300 275 des traits pour marquer les minutes 250 on peut parler de «chemin de fer». 225 récieuses, belles, techniques, utiles Ce design facilite la aussi, lecture et est 200 c’est pour toutes ces raisons, et beaucoup particulièrement présent! sur les 190 d’autres, que les montres sont magiques 180 modèles scientifiques. 170 Évidemment, à notre époque nous lisons
500
Les rubis qui maintiennent les ax les plus fragiles, comme celui de la roue de balancier, se doublent la plupart du temps, d’un systèm d’absorption des chocs. 70
Magiques, les montres ? 400
75
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85
90
100
P
l’heure sur nos téléphones portables, nos ordinateurs ou sur d’autres écrans. 110 130 Le tachymètre 120 Nous n’aurions donc aucun besoin d’une Le tachymètre sert à mesurer la montre-bracelet pour nous l’indiquer. vitesse d’unmontre objet,fait comme un véhicule Paradoxalement, si une ¶¿´Àö ȱ¸Æö µ¶ ȱµë½¶ ´À¾Á²¸¿À¿ʁ ou un compétiteur. L’échelle de c’est justement parce qu’elle délivre cette information unique. Ceci conduit à un premier constat : la simplicité d’une montre. Peu importe les fonctions qu’elle comporte, elles n’égaleront jamais en nombre les multiples données délivrées par un ordinateur. Pour lire l’heure sur un gardetemps, nul besoin de fouiller un écran du regard, ni d’explorer les innombrables applications d’un smartphone. Avec une montre, cette information se transmet de façon aussi directe que simple et naturelle. Sans compter qu’en porter une au poignet vous évite une pénible angoisse: celle qui vous saisit aux tripes lorsque vous égarez votre téléphone portable !
½ ÄÆȲÅ µ¶ ¸½ºÄĶà ƿ IJº½ ǶÃÄ ÇÀÅö ÁÀº¸¿¶Å ÁÀÆà ´À¿¿²ĄÅö l’heure, même sans réseau ni électricité. De façon très pragmatique, ces avantages rendent ces objets pratiques et utiles, aujourd’hui encore. Vous pourriez d’ailleurs être très surpris de réaliser combien une montre devient vite indispensable. 160
140
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des rubis artificiels pour mainteni l’extrémité des axes. Ces rubis prennent la forme de minuscules disques légèrement creusés, ave ou sans trou central. Autrefois, il s’agissait de rubis naturels, alor qu’aujourd’hui ils sont synthétiqu et leur couleur peut aussi varier p rapport au rouge habituel. En gén le nombre de rubis est mentionné sur le mouvement. Talisman
Les montres font rêver. Elles peuvent même procurer une forme de bien-être ! Car ce petit objet représente bien plus que la somme de ses composants. Il permet d’exprimer goûts et personnalité. Une montre révèle beaucoup au sujet de celle ou celui qui la porte. Elle constitue aussi un accessoire de mode et relie les gens entre eux, de façon informelle, créant des sortes de tribus contemporaines. Précieuse, voire très précieuse, une montre peut aussi incarner une réussite personnelle.
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plusieurs chapitres aux titres qui parlent d’eux-mêmes: Choisir sa montre – les raisons de posséder une montre, le choix, les éléments clés, le marché de seconde main, vendre sa montre, la culture horlogère – Prendre soin de sa montre – le réglage, l’entretien, les révisions, les réparations, les voyages, les assurances – et Anatomie d’une montre – l’affichage, les indications, les fonctions et complications, le boîtier, les bracelets, les matériaux, le mouvement. En complément, quelques modèles iconiques du XXe siècle sont très sobrement présentés. Ouvrage pratique, aussi bien dans sa forme que dans la hiérarchisation de son contenu, La magie des montres comble certainement un vide et saura rapidement devenir un ouvrage indispensable à toutes celles et tous ceux que l’univers horloger passionne, intéresse ou intrigue. (PM)
CULTURE HORLOGÈRE
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Fig. 11: Clous de Paris Fig. 11: Clous de Paris
Fig. 12: TapisserieFig. 12: Tapisserie
Fig. 14: Grain d’orge Fig. 14: Grain d’orge
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Fig. 11: Clous de Paris Fig. 11: Clous de Paris
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Fig. 13: Flinqué
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Fig. 11: Clous de Fig. Paris11: Clous de Paris
Fig. 12: Tapisserie Fig. 12: Tapisserie
Fig. 13: Flinqué Fig. 13: Flinqué
Fig. 14: Grain d’orge Fig. 14: Grain d’orge
Fig. 13: Flinqué Fig. 13: Flinqué
Fig. 14: Grain d’orge Fig. 14: Grain d’orge
Fig. 15: Concentrique Fig. 15: Concentrique
Fig. 16: Lignes
Fig. 16: Lignes
Fig. 16: Lignes
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20 - 23 JUIN 2017
Rédaction: Pierre Maillard: pmaillard@europastar.com, Serge Maillard: smaillard@europastar.com, Contributeurs dans ce numéro: Gerald Roden, Jean-Luc Adam, Sylvain Rousmant, Laurence Janin, Inès Aloui, Marianne Bechtel, Dominique Fléchon
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Publicité, Marketing & Communication: Marianne Bechtel Croze (Bab-Consulting): mac@bab-consulting.com tél. +41 79 379 82 71 Nathalie Glattfelder: nglattfelder@europastar.com Véronique Zorzi: vzorzi@eurotec-bi.com Catherine Giloux: cgiloux@europastar.com Jocelyne Bailly: jbailly@europastar.com Graphisme: Alexis Sgouridis: asgouridis@europastar.com
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Impression: Musumeci S.p.A. Direction du groupe Europa Star HBM: Philippe Maillard Éditeur - CEO: Serge Maillard Les publications du groupe Europa Star HBM: Europa Star: Europe - International - USA Watches for China -Horalatina - ES Première Europa Star Jewels - Eurotec Bulletin d’informations
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N 1225 Octobre 2016 o
Retrouvez les articles suivants dans le numéro actuel du Bulletin d’informations (n°1225):
Construction mécanique
• Edito: une autre baffe américaine au secret suisse • Gvchiani, l’horlogerie XXL • UCS ou l’horlogerie sociale • 20ème Journée Internationale du Marketing Horloger • Leçons de la sous-traitance • Roxer: six décennies au service de la sous-traitance horlogère • Un leader du traitement de surfaces qui colore le temps • Outils de haute précision • Une machine-outil révolutionnaire en open source
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ERRATUM Dans le dernier numéro d’Europa Star Première (4/16), au sein de notre dossier sur les mouvements, il fallait lire en p. 5, dans les citations de Sébastien Gigon (Technotime): «Juste derrière, TAG Heuer est arrivé avec un tourbillon à 15'000 francs en montre terminée.»
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STROM Nidau www.stromwatch.ch STUHRLING ORIGINAL Bienne www.stuhrling.com SWATCH (Swatch Group) Bienne www.swatch.com SWISS MILITARY Moutier www.genuineswissmilitary.ch SWISS TIME Bienne www.swisstimeintl.com TALLER Bienne www.tallerwatch.ch THOMAS PRESCHER Twann www.prescher.ch TIFFANY & CO Bienne www.tiffany.com TRASER H3 Niederwangen www.traser.com UNION GLASHUTTE (Swatch Group) Bienne www. union-glashuette.com URBAN JÜRGENSEN Bienne www.ujs-chronometry.ch VASTO Tramelan www.vasto.ch VICTORINOX SWISS ARMY Bienne www.victorinox.com VOGARD Nidau www.vogard.com W. GABUS Bienne www.wgabus.com ZEITWINKEL St-Imier www.zeitwinkel.ch FRIBOURG BULOVA Fribourg www.bulova.com CARBON 14 Granges-Paccot www.carbon14.ch CARTIER (Richemont) Villars-sur-Glâne www.cartier.com CECIL PURNELL Belfaux www.cecilpurnell.com GUEPARD Fribourg www.guepard.ch JO SIFFERT Fribourg www.josiffert.com LINDE WERDELIN Fribourg www.lindewerdelin.com MAURON & MUSY Saint-Aubin www.mauronmusy.com SAINT HONORE Fribourg www.sainthonore.com VAN CLEEF & ARPELS (Richemont) Villars-surGlâne www.vancleefarpels.com GENÈVE AKRIVIA Genève www.akrivia.com ALAIN PHILIPPE Genève www.alainphilippe.com ALFRED DUNHILL (Richemont) Genève www.dunhill.com ALPINA Plan-les-Ouates www.alpina-watches.com ALTANUS Genève www.altanus.com ANDERSEN GENEVE Genève www.andersen-geneve.ch ANTOINE PREZIUSO Arare www.antoine-preziuso.com APPELLA Carouge www.appella.com AQUANAUTIC Genève www.aquanautic.com ARTYA Vésenaz www.artya.com ATELIERS DE MONACO Plan-Les-Ouates www.ateliers-demonaco.com BADOLLET Genève www.badollet.com BAUME & MERCIER (Richemont) Bellevue www. baume-et-mercier.com BEDAT & Co. Genève www.bedat.com BERTOLUCCI Genève www.bertolucci-watches.com BLACK BELT Vésenaz www.blackbeltwatch.com BLACKSAND Genève www.blacksandgeneve.com BOGH-ART Genève www.bogh-art.com BOVET Plan-les-Ouates www.bovet.com BREVA Genève www.breva-watch.com BURBERRY (Fossil) Genève www.burberry.com CHANEL Genève www.chanel.com CHARRIOL Genève www.charriol.com CHOPARD Meyrin www.chopard.com CLERC Genève www.clercwatches.com CVSTOS Genève www.cvstos.com CYRUS Versoix www.cyrus-watches.ch DA VINDICE Genève www.davindice.com DANIEL ROTH (Bulgari) Meyrin www.danielroth.com DAVID VAN HEIM Carouge www.david-van-heim.com DE BETHUNE Genève www.debethune.ch DE BOUGAINVILLE Plan-les-Ouates www.debougainville.com DE GRISOGONO Plan-les-Ouates www.degrisogono.com DELACOUR Genève www.delacour.ch DELALOYE Carouge www.garde-temps.ch DELANEAU Genève www.delaneau.com DEWITT Meyrin www.dewitt.ch EMILE CHOURIET Meyrin www.emile-chouriet.ch ENIGMA Genève www.gbenigma.com F.P. JOURNE Genève www.fpjourne.com FABERGE Genève www.faberge.com FRANC VILA / Genève www.francvila.com FRANCK MULLER Genthod www.franckmuller.com FRED (LVMH) Genève www.fred.com FREDERIQUE CONSTANT Plan-les-Ouates www.frederique-constant.com GERALD GENTA (BULGARI) Meyrin www.geraldgenta.com GIO MONACO Genève www.giomonaco.com GRAFF Genève www.graffdiamonds.com GRECO GENEVE Plan-les-Ouates www.greco-watches.com HARRY WINSTON (Swatch Group) Plan-les-Ouates www.harrywinston.com ICELINK Genève www.icelinkwatch.com JACOB & CO. Genève www.jacobandco.com JEAN DUNAND Plan-les-Ouates www.jeandunand.com JORDI Nyon www.jordiwatches.com LACOSTE Genève www.lacoste.com LADOIRE Genève www.ladoire.ch LAURENT FERRIER Plan-les-Ouates www.laurentferrier.ch LE RHONE Satigny www.lerhone.com LEBEAUCOURALLY Genève www.lebeaucourally.com LEONARD Genève www.leonardwatches.com LOUIS VUITTON Genève www.louisvuitton.com LUDOVIC BALLOUARD Meyrin www.ballouard.com M. STEPHANE Vésenaz www.m-stephane.com MAGELLAN Genève www.magellanwatch.com MAREMONTI Genève www.maremontiwatch.ru MATHEY-TISSOT Genève www.mathey-tissot.net MB&F Genève www.mbandf.com
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MECCANICHE VELOCI Genève www.meccanicheveloci.ch MOYA Genève www.moyawatch.com MYKRONOZ Genthod www.mykronoz.com PATEK PHILIPPE Plan-les-Ouates www.patek.com PETER TANISMAN Meyrin www.peter-tanisman.com PIAGET (Richemont) Plan-les-Ouates www.piaget.com PICARD CADET Genève www.picardcadet.ch PIERRE KUNZ Genthod www.pierrekunzgeneve.com PILO & CO Carouge www.pilo-watches.com QUINTING Genève www.quinting-watches.com RALPH LAUREN Plan-les-Ouates www.ralphlauren.com RATEL Genève www.cyrilratel.com RAYMOND WEIL Genève www.raymond-weil.com RJ - ROMAIN JEROME Genève www.romainjerome.ch ROBERT ET FILS 1630 Genève www.robertfils1630.com ROGER DUBUIS (Richemont) Meyrin www.rogerdubuis.com ROLEX Genève www.rolex.com SARCAR Vésenaz www.sarcar.com SNYPER Genève www.snyperwatches.com SPERO LUCEM Genève www.spero-lucem.com STEELCRAFT Carouge www.steelcraft.ch TECHNOMARINE Genève www.technomarine.com TF EST 1968 Carouge www.tfco.ch TUDOR Genève www.tudorwatch.com UNIVERSAL GENEVE Meyrin www.universal.ch URWERK Genève www.urwerk.com VACHERON CONSTANTIN (Richemont) Plan-les-Ouates www.vacheron-constantin.com VAN DER BAUWEDE Genève www.vdb.ch VENUS Genève www.montresvenus.com VOLNA Genève www.volna.ch YESLAM Genève www.yeslam.ch ZANDIDOUST Genève www.zandidoust.com JURA AEROWATCH Saignelégier www.aerowatch.com ANDRE MOUCHE Fahy www.andremouche.ch AVIATOR Porrentruy www.aviatorwatch.ch CATOREX Les Breuleux www.catorex.ch CLAUDE BERNARD Les Genevez www.claudebernard.ch EDOX Les Genevez www.edox.ch ERNEST BOREL Le Noirmont www.ernestborel.ch HEBE Alle www.hebewatch.com IKEPOD Bassecourt www.ikepod.com L'DUCHEN Saignelegier www.lduchen.com L'EPEE Delémont www.lepee-clock.ch LOUIS CHEVROLET Porrentruy www.louischevrolet.ch LOUIS ERARD Le Noirmont www.louiserard.ch MATTHEW NORMAN Delémont www.matthew-norman.ch PAUL PICOT Le Noirmont www.paulpicot.ch RICHARD MILLE (Horométrie) Les Breuleux www.richardmille.com RUDIS SYLVA Les Bois www.rudissylva.com SWIZA Delémont www.swiza.ch VALGINE Les Breuleux www.jic.ch/valgine VICENTERRA Boncourt www.vicenterra.ch WENGER Delémont www.wenger.ch LUCERNE CARL F. BUCHERER Lucerne www.carl-f-bucherer.com CHRONOSWISS Lucerne www.chronoswiss.com OCHS UND JUNIOR Lucerne www.ochsundjunior.ch NEUCHÂTEL 88 RUE DU RHONE La Chaux-de-Fonds www.88rdr. com AFFLUENCE Neuchâtel www.affluencewatches.com ALEXIS GARIN Les Verrières www.alexisgarin.ch ARNOLD & SON La Chaux-de-Fonds www.arnoldandson.com BALL WATCH La Chaux-de-Fonds www.ballwatch.com BLAULING Chézard-Saint-Martin www.blauling.com BLU Colombier www.blu.ch BOMBERG Neuchâtel www.bomberg.ch BOUCHERON (Kering) Cortaillod www.boucheron.com BULER La Chaux-de-Fonds www.buler.ch BULGARI (LVMH) Neuchâtel www.bulgari.com CATENA Corcelles www.montres-catena.com CERTINA (Swatch Group) Le Locle www.certina.com CHATELAIN La Chaux-de-Fonds www.chatelain.ch CHRISTOPHE CLARET Le Locle www.christopheclaret.com CHRISTOPHE SCHAFFO La Brévine CHRONOGRAPHE SUISSE CIE La Chaux-de-Fonds www.chronographesuisse.ch CORONA WATCH Neuchâtel CORUM (Haidian) La Chaux-de-Fonds www.corum.ch DIOR HORLOGERIE (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.dior.com DREYFUSS & CO La Chaux-de-Fonds www.dreyfussandco.com DUBEY & SCHALDENBRAND La Chaux-de-Fonds www.dubeywatch.com ELLICOTT 1738 La Chaux-de-Fonds www.ellicott.ch ENICAR La Chaux-de-Fonds www.enicar.com ETOILE Le Locle www.montres-etoile.ch FENDI Marin-Epagnier www.fendi.com FERDINAND BERTHOUD Fleurier www.ferdinandberthoud.ch FESTINA Bienne www.festina.com FLIK FLAK (Swatch Group) Cormondrèche www.flikflak.com FREDERIC JOUVENOT La Chaux-de-Fonds www.fjouvenot.com GAMIL WATCH La Chaux-de-Fonds GEBSON Neuchâtel www.gebson.com GERGE Neuchâtel www.gergeswiss.com
GIRARD-PERREGAUX (Kering) La Chaux-de-Fonds www.girard-perregaux.com GRAHAM La Chaux-de-Fonds www.graham-london.com GREUBEL FORSEY La Chaux-de-Fonds www.greubelforsey.com GUCCI (Kering) Cortaillod www.gucciwatches.com HAUTLENCE (Melb Holding) La Chaux-de-Fonds www.hautlence.com HERITAGE Neuchâtel www.hwm-watch.com HOROSWISS La Chaux-de-Fonds www.horoswiss.com HYT Neuchâtel www.hytwatches.com JAERMANN & STUBI Le Locle www.jaermann-stuebi.com JAMES C. PELLATON Le Locle www.jamespellaton.com JAQUET DROZ (Swatch Group) La Chaux-de-Fonds www.jaquet-droz.com JEAN D'EVE La Chaux-de-Fonds www.jeandeve.ch JEANRICHARD (Kering) La Chaux-de-Fonds www.jeanrichard.com JULIEN COUDRAY 1518 Le Locle www.juliencoudray1518.ch LOUIS MOINET Saint-Blaise www.louismoinet.com MAITRES DU TEMPS La Chaux-de-Fonds www.maitresdutemps.com MARATHON La Chaux-de-Fonds www.marathonwatch.com MARVIN Vaumarcus www.marvinwatches.com MCGONIGLE STEPHEN Neuchâtel www.mcgonigle.ie MCT Neuchâtel www.mctwatches.com METAL.CH Neuchâtel www.metalch.com MIDO (Swatch Group) Le Locle www.mido.ch MONTBLANC (Richemont) Le Locle www.montblanc.com MUREX Le Locle www.murexwatch.com NOBEL Neuchâtel www.nobelwatch.ch OPTIMA Le Locle www.optimawatch.com PARMIGIANI FLEURIER Fleurier www.parmigiani.ch PIERRE THOMAS La Chaux-de-Fonds www.pierrethomas.ch RAIDOX Le Locle www.raidox.ch RIBA MUREX Le Locle www.murexwatch.com ROD Neuchâtel www.rodwatches.ch ROTARY La Chaux-de-Fonds www.rotarywatches.com SCHWARZ-ETIENNE La Chaux-de-Fonds www.schwarz-etienne.ch SULTANA La Chaux-de-Fonds www.sultana.ch TAG HEUER (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.tagheuer.com TAUCHMEISTER La Chaux-de-Fonds www.michel-perrenoud.ch TEMPVS COMPVTARE Neuchâtel www.tempvscompvtare.ch TISSOT (Swatch Group) Le Locle www.tissot.ch ULYSSE NARDIN (Kering) Le Locle www.ulysse-nardin.com VOUTILAINEN Môtiers www.voutilainen.ch VULCAIN Le Locle www.vulcain-watches.ch WALTHAM Marin-Epagnier www.waltham.ch ZENITH (LVMH) Le Locle www.zenith-watches.com
DAMIANI Manno www.damiani.com DWISS Lugano www.dwiss.com GLAM ROCK Lugano www.glamrockwatches.com GUESS Bioggio www.guesswatches.com N.O.A Balerna www.noawatch.com ORA Locarno www.oraswisswatch.com SALVATORE FERRAGAMO (Timex Group) Manno www.ferragamotimepieces.com SEA-GOD Chiasso www.sea-god.ch TENDENCE Lugano www.tendencewatches.com TIMEX (Timex Group) Manno www.timexgroup.com TONINO LAMBORGHINI Chiasso www.lamborghini.it VERSACE (Timex Group) Manno www.versace.com ZITURA WATCH Magliaso www.zitura.com THURGOVIE ANDREAS STREHLER Sirnach www.astrehler.ch HANHART Diessenhofen www.hanhart.com VAUD
ADRIANO VALENTE Lausanne www.adrianovalente.com ALAIN SAUSER CRÉATION Chamby www.alainsauser.ch ALFRED ROCHAT - AROLA Les Bioux www.arola-alfred-rochat.ch ANONIMO Chavannes-de-Bogis www.anonimo.com AUDEMARS PIGUET Le Brassus www.audemarspiguet.com BLANCPAIN (Swatch Group) Paudex www.blancpain.com BREGUET (Swatch Group) L'Abbaye www.breguet.com C3H5N3O9 Gand www.c3h5n3o9.com CABESTAN L'Orient www.cabestan.ch CHAUMET (LVMH) Nyon www.chaumet.com CLAUDE MEYLAN L'Abbaye du Lac de Joux www.claudemeylan.ch DE HAVILLAND Yverdon-les-bains www.dehavilland-watches.com DODICI Montreux www.dodici.ch FRERES ROCHAT (Automates) Le Brassus www.freres-rochat.com HD3 COMPLICATION Luins www.hd3complication.com HUBLOT (LVMH) Nyon www.hublot.com HYSEK Lussy-sur-Morges www.hysek.com JAEGER-LECOULTRE (Richemont) Le Sentier www.jaeger-lecoultre.com JANVIER Ste-Croix www.vianney-halter.com LOISEAU St-Prex www.atelier-loiseau.ch LOUIS GOLAY Lonay www.louisgolay.com MANUFACTURE ROYALE Vallorbe www.manufacture-royale.com PHILIPPE DUFOUR Le Sentier www.philippedufour.com PIERRE DEROCHE Le Lieu www.pierrederoche.com REBELLION Lonay www.rebellion-timepieces.com REUGE (automates) Sainte Croix www.reuge.com REVELATION Lully www.revelation-watches.ch OBWALD ROMAIN GAUTHIER Le Sentier www.romaingauthier.com ANTOINE MARTIN Alpnach www.antoinemartin.ch SLYDE Luins www.slyde.ch SPEAKE-MARIN Bursins www.speake-marin.com SCHAFFHOUSE VALBRAY Lausanne www.valbray.ch VINCENT CALABRESE Morges A. LANGE & SOEHNE (Richemont) Schaffhouse www.vincent-calabrese.ch www.lange-soehne.com H. MOSER & CIE (Melb Holding) Neuhausen am Rheinfall www.h-moser.com ZOUG IWC (Richemont) Schaffhouse www.iwc.ch CIMIER Baar www.cimier.com DIETRICH Zoug www.dietrich-watches.com SCHWYTZ FAVRE LEUBA Zoug GC WATCHES (Timex Group) Zoug COINWATCH Pfäffikon www.coinwatch.ch LES www.gcwatches.com MILLIONNAIRES Pfäffikon www.millionnaires.ch PANERAI (Richemont) Steinhausen LUMINOX Pfäffikon www.luminox.com www.panerai.com MIRA Pfäffikon www.mirawatch.ch RAM Cham www.ram-watches.ch PHILIP ZEPTER Wollerau www.zepter.com RECONVILIER Zoug www.reconvilier.com SOLEURE ZURICH ARLEA Wolfwil AUREMA Grenchen ZASPERO Regensdorf www.zaspero.com BIJOUMONTRE Grenchen www.bijoumontre.com CAMEL ACTIVE Zurich www.mondaine.com BREITLING Grenchen www.breitling.com CORNAVIN Zurich www.cornavin-watches.ch CAT Solothurn www.catwatches.com HELVETICA Zurich www.mondaine.com COACH Grenchen www.coach.com JUSTEX Zurich www.justex.ch COVER WATCHES Solothurn LALIQUE Zollikerberg www.lalique.com www.coverwatches.com M-WATCH Zurich www.mondaine.com CYCLOS Dornach www.cyclos-watch.ch MARC JENNI Zurich www.marcjenni.com ETERNA (Haidian) Grenchen www.eterna.ch MAURICE DE MAURIAC Zurich FORTIS Grenchen www.fortis-watches.com www.mauricedemauriac.ch GENIE Grenchen www.genieswiss.ch MIKI ELETA (Pendules) Zurich www.eleta.ch HARWOOD WATCH CO. Grenchen MONDAINE Zurich www.mondaine.com www.harwood-watches.com MONTILIER Zurich www.montilier.com JOWISSA UHRE Bettlach www.jowissa-watches.com O&W Zurich www.chronotime.ch KIENZLE Egerkingen www.kienzleuhren.de PAUL GERBER Zurich www.gerber-uhren.ch MANJAZ Welschenrohr www.manjaz.ch PHILIP STEIN Kilchberg www.philipstein.com NORD ZEITMASCHINE Büsserach SEVENFRIDAY Zurich www.sevenfriday.com www.nord-zeitmaschine.ch SWAROVSKI Männedorf www.swarovski.com PORSCHE DESIGN Grenchen TORSO Zurich www.torsoswiss.ch www.porsche-design.com URBACH Zurich www.urbach.ch ROAMER Soleure www.roamer.ch XEMEX Zurich www.xemex.ch SWISS MILITARY-HANOWA Solothurn www.swissmilitary.ch TITONI Grenchen www.titoni.ch Liste non contractuelle ST. GALL LUNESA Sevelen www.lunesa.com TESSIN ADRIATICA Camorino www.adriaticawatches.ch ALFEX Manno www.alfex.com ARMAAN Agno BUCCELLATI Chiasso www.buccellati.com Pour des informations complètes sur CANOPUS Magliaso www.amanzoni.com toutes les marques suisses et internationales, CUERVO Y SOBRINOS Capolago consultez www.europastar.com/brand-index www.cuervoysobrinos.com
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